La Sentinelle 06/2024

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La Sentinelle

Novembre - Décembre 2024 - n° 06

Les militaires sont triplement perdants

Les militaires sont triplement perdants

Des dĂ©cisions concrĂštes concernant la rĂ©forme du systĂšme de pension des militaires ne sont pas encore prises, mais il semble dĂ©jĂ  certain que cela risque de tourner Ă  la catastrophe. En effet, les militaires risquent d’ĂȘtre triplement perdants.

Le point de dĂ©part de cette rĂ©forme des pensions est l’harmonisation des rĂ©gimes de pension des salariĂ©s, indĂ©pendants et fonctionnaires (et donc aussi des militaires). Pour les militaires, cela implique quatre mesures.

PremiĂšrement, il y aura une augmentation significative de l’ñge de la pension ; le niveau exact n'est pas encore connu. Ensuite, le systĂšme de « tantiĂšmes », qui permettait aux militaires d’obtenir une carriĂšre complĂšte plus vite qu’en 45 ans, sera supprimĂ©. De plus, il est prĂ©vu que la pension des militaires soit dĂ©sormais calculĂ©e sur une carriĂšre de quarante ans et non plus sur les dix derniĂšres annĂ©es (et donc les mieux rĂ©munĂ©rĂ©es). Enfin, le systĂšme de pĂ©rĂ©quation, qui permet d’ajuster les pensions en fonction des augmentations salariales, sera quasiment aboli.

Si ces propositions de la coalition dite Arizona sont mises en Ɠuvre, les consĂ©quences seront dĂ©sastreuses pour les militaires. En rĂ©sumĂ©, ils devront travailler sensiblement plus longtemps pour un montant de pension nettement infĂ©rieur. En outre, les militaires seront Ă©galement lĂ©sĂ©s dans un

domaine connexe. Les rĂ©gimes de pension doivent ĂȘtre harmonisĂ©s, mais une pension complĂ©mentaire pour les fonctionnaires (et donc aussi pour les militaires), appelĂ©e deuxiĂšme pilier et financĂ©e par l’employeur, nous est refusĂ©e. Pourtant, cette mesure est une condition indispensable pour harmoniser les rĂ©gimes de pension. Or, cette mesure implique des coĂ»ts : le gouvernement devra dĂ©penser de l’argent supplĂ©mentaire pour financer ce deuxiĂšme pilier. Et manifestement, cet argent n’est pas disponible. On prĂ©fĂšre donc continuer Ă  exploiter les militaires.

En parlant d’exploitation : en matiĂšre de rĂ©munĂ©ration, les militaires sont depuis toujours sĂ©rieusement dĂ©savantagĂ©s. Puisque le salaire sert de base pour le calcul des pensions, nous sommes Ă©galement pĂ©nalisĂ©s ici. Voici pourquoi : les militaires sont le seul groupe professionnel en Belgique Ă  travailler gratuitement en moyenne sept ans sur l’ensemble de leur carriĂšre. Ce « gratuit » est Ă  considĂ©rer littĂ©ralement : pour chaque tranche de 24 heures en exercice ou en mission opĂ©rationnelle, au moins 10 heures ne sont pas du tout rĂ©munĂ©rĂ©es, ni financiĂšrement

ni en temps de repos. Pendant la formation de base et lors du travail le week-end, une grande partie des prestations n’est pas non plus payĂ©e. Aucun autre groupe professionnel dans ce pays, pas mĂȘme la Police, les pompiers ou la Protection civile, n’est traitĂ© de maniĂšre aussi dĂ©favorable. Nous sommes donc triplement perdants : travailler plus longtemps pour une pension moindre, pas de deuxiĂšme pilier, et sept ans de travail gratuit.

Si nos dirigeants politiques veulent harmoniser tous les rĂ©gimes de pension, alors, pour le syndicat militaire ACMP-CGPM, les aspects connexes doivent Ă©galement ĂȘtre alignĂ©s. Cela inclut un deuxiĂšme pilier de pension pour les militaires et une rĂ©munĂ©ration financiĂšre compĂ©titive pour chaque heure prestĂ©e, comme pour tout autre travailleur dans ce pays.

Sinon, le message venant de la rue de la Loi aux militaires ne pourra ĂȘtre interprĂ©tĂ© que d’une seule maniĂšre : "Rejoignez le secteur privĂ© le plus vite possible et trouvez-y un emploi oĂč chaque heure travaillĂ©e sera rĂ©munĂ©rĂ©e et qui prĂ©voit en plus une bonne pension complĂ©mentaire. " ïź

Colophon

La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres.

Tirage : 9.600 exemplaires

Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR).

Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Jesse Arents et Concetto Bandinelli

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couverture : Daniel Orban

La Sentinelle

Novembre

- Décembre 2024 - n° 06

Les militaires sont triplement perdants

Le gouvernement indexe les cotisations syndicales 2 4 7 13 16 18

La mise à la retraite et la pension versus ‘Arizona’ : pas un Eldorado !

Décompression sensationnelle

Suicide dans les rangs

Chacun son métier


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Photo : Frank Crébas Blueline Aviation

La mise à la retraite et la pension versus ‘Arizona’ : pas un Eldorado !

Dans les premiĂšres semaines qui ont suivi le rĂ©sultat des Ă©lections fĂ©dĂ©rales du 9 juin 2024, une Ă©ventuelle coalition dite Arizona (N-VA, MR, CD&V, les EngagĂ©s et Vooruit) a vu le jour. Dans la foulĂ©e, un document, la ‘super note de De Wever’, a fuitĂ©. Depuis, plusieurs versions ont vu le jour. Et pour les militaires, en matiĂšre de rĂ©gime de retraite et de pension, c’est (hyper) catastrophique si les intentions de l’Arizona devaient ĂȘtre concrĂ©tisĂ©es !

Le menu des horreurs

Contrairement au menu d’un restaurant Ă©toilĂ©, les ‘libellĂ©s’ ne comportent pas dans le dĂ©tail ce qu’il en des ingrĂ©dients et de la maniĂšre dont ils ont Ă©tĂ© concoctĂ©s.

À ce stade, nous ne pouvons donc reprendre qu’une sĂ©rie de principaux ‘libellĂ©s’ des divers plats de ce menu, quelques Ă©lĂ©ments explicatifs et laisser votre imagination faire le reste 


- Des termes importants, mais quelle exacte concrĂ©tisation leur donner ? La progressivitĂ© et le respect des droits acquis sont les pierres angulaires des rĂ©formes Ă  mettre en Ɠuvre

- Il est prĂ©vu une harmonisation des rĂ©gimes de retraite pour les indĂ©pendants, les salariĂ©s et les fonctionnaires . Mais, la lecture complĂšte du document dĂ©bouche sur une constatation : pour les militaires, seulement les aspects nĂ©gatifs. Qu’en est-il des aspects positifs ? Un nivellement par le bas !

- Pas de pension complĂ©mentaire (‘2iĂšme pilier’) pour les militaires car ils sont des ‘fonctionnaires statutaires’. Pourtant c’est une condition sine qua non en cas de rĂ©forme.

- Il y aurait une rĂ©duction de la pension (un malus de x% par annĂ©e ) en cas de dĂ©part Ă  la demande (anticipĂ©) avant l’ñge lĂ©gal (66 ans Ă  partir de 2025 et 67 ans dĂšs 2030) pour la personne qui ne satisfait pas aux 35 annĂ©es de carriĂšre comptant au moins 156 jours de prestations de travail effectives et 7.020 jours de travail effectifs.

Augmentation de la pension (un bonus de x% par annĂ©e) en cas de dĂ©part aprĂšs l’ñge lĂ©gal, si la personne satisfait Ă  la condition des 35 annĂ©es de carriĂšre comptant au moins 156 jours de prestations de travail effectives et 7.020 jours de travail effectifs

Seules les périodes de congé de maternité et les interruptions/ réductions de carriÚre pour motif de soins seraient encore

assimilées à des prestations de travail effectives.

Quid pour les militaires ? Le qualificatif ‘effectif’ n’est pas identique Ă  ‘admissible’ (les 2 annĂ©es de bonification ; les 12 premiĂšres annĂ©es de pilote comptant double ; 
) ni Ă  ‘assimilé’ (absence due aux pĂ©riodes de 4/5, d’interruption, de œ temps, pĂ©riodes rĂ©gularisĂ©es, 
) ! Pour l’Arizona, c’est clair : des droits de pension si et seulement si des prestations professionnelles effectives !

- RelĂšvement de l’ñge de la retraite pour les catĂ©gories privilĂ©giĂ©es Aux yeux de l’Arizona, les militaires forment une catĂ©gorie privilĂ©giĂ©e (Quel qualificatif ! Il rĂ©sume Ă  lui seul comment les politiciens voient les militaires.)

Divers scĂ©narios circulent : au dĂ©but, Ăąge de la retraite des militaires portĂ© Ă  58 ans dĂšs 2025, ensuite Ă  56,5 ans en 2026 et maintenant cette annĂ©e de dĂ©part du relĂšvement n’est plus

clairement précisée. Mais, il y a maintien de son relÚvement progressif de 6 mois par an jusqu'à l'ùge légal (66/67 ans) avec le respect des attentes légitimes des personnes proches de leur ùge de la retraite et une période de transition suffisante.

Parallùlement, il y aurait la suppression de la mise à la retraite d’office des militaires.

- Disparition progressive des régimes préférentiels

A partir du 1er janvier 2025, le tantiĂšme prĂ©fĂ©rentiel de 1/50 serait remplacĂ© par le tantiĂšme ‘normal’, celui de 1/60.

Cela aura donc un impact lors du calcul de la pension (les euros).

Le ‘poids’ d’une annĂ©e de service n’est plus valorisĂ©e Ă  20% pour les militaires.

Actuellement, aprĂšs 37,5 annĂ©es Ă  1/50, le montant maximum est atteint (37,5/50 ou 45/60 (donc 75% du traitement de rĂ©fĂ©rence)). Dans le futur, il faudra compter 45 annĂ©es de service Ă  1/60 pour atteindre le montant maximum : 45/60 (75%) du traitement de rĂ©fĂ©rence. En d’autres mots, prester au moins 7,5 annĂ©es de plus (voire 9,5 annĂ©es de plus car les 2 annĂ©es

de bonification devraient aussi disparaĂźtre).

Auparavant, en entrant Ă  18 ans, Ă  56 ans et donc aprĂšs 38 ans de service, le montant maximum Ă©tait atteint. MĂȘme en entrant plus tard, par exemple Ă  20,5 ans, c’était encore le cas avec les 2 ans de bonification.

MomentanĂ©ment, on pourrait en dĂ©duire que les annĂ©es de service ‘avant le 1er janvier 2025’ resteraient au 1/50, mais rien n’est moins certain !

- Instauration d’une notion actuellement (quasi) peu connue des militaires : la durĂ©e de carriĂšre, son mĂ©canisme et ses consĂ©quences.

Pour rappel, exceptĂ© certains officiers dans une situation trĂšs particuliĂšre, actuellement, le militaire est d’office mis Ă  la retraite Ă  l’ñge de 56 ans et ce, quelle qu’ait Ă©tĂ© la durĂ©e de sa carriĂšre. En d’autres termes, il ne doit pas rĂ©pondre Ă  une condition de carriĂšre, uniquement Ă  une condition d’ñge, celle de 56 ans.

La coalition Arizona tiendrait à mettre (à la fin de la période de transition) les militaires sous le régime général de la mise à la

retraite des fonctionnaires : mise Ă  la retraite Ă  67 ans ou une mise Ă  la retraite anticipĂ©e si la condition d’ñge et la condition liĂ©e Ă  la durĂ©e de carriĂšre sont remplies. Aujourd’hui, selon son Ăąge et la durĂ©e de sa carriĂšre : Ă  60 ans avec 44 ans de carriĂšre, Ă  61 ou 62 ans avec 43 ans de carriĂšre, et de 63 Ă  65 ans (66 ans dĂšs 2030) avec 42 ans de carriĂšre.

L’Arizona laisserait toutefois entendre, un possible dĂ©part anticipĂ© Ă  60 ans avec seulement 42 ans de carriĂšre d’au moins 234 jours de travail effectif ! Mais, aussi qu’à partir du 1er janvier 2025, seules les annĂ©es civiles comptant 156 jours travaillĂ©s/assimilĂ©s seront prises en compte pour la condition de carriĂšre !? À vos calculettes ou un rendez-vous chez Madame Irma la voyante !

Cependant, l’Arizona prĂ©voirait un coefficient d'augmentation de 5% (1,05) Ă  partir du 1er janvier 2025 pour les services actifs des militaires

En d’autres mots, 1 annĂ©e en service actif comme militaire = 1,05 annĂ©es et, dĂšs lors, p. ex., une durĂ©e de carriĂšre de 40 ans en service actif, dĂ©bouche sur 42 ans (40 x 1,05). Une mise Ă  la retraite anticipĂ©e pourrait ĂȘtre effective Ă  60 ans avec 42 ans de carriĂšre (40 ans de carriĂšre comme militaire). Mais, rien n’est moins certain !

MAIS : attention au malus voulu par la coalition Arizona : sanctionner, en réduisant leur pension, les personnes qui partent anticipativement à la retraite.

- Prolongation de la période de la fixation du traitement de référence

La pension d’un fonctionnaire (et de facto d’un militaire) est calculĂ©e sur la base du traitement 

Photo : Pixabay

moyen des 10 derniÚres années de la carriÚre.

L’Arizona voudrait, sans fixer de date de dĂ©part Ă  ce stade, la suppression progressive des 10 annĂ©es pour atteindre 45 ans en 2050.

Mais, comme il est repris ‘
 progressivitĂ© et respect des droits acquis 
’, doit-on en dĂ©duire que le calcul pourrait se faire en deux parties : un traitement de rĂ©fĂ©rence sur 10 annĂ©es avant la

date du début de la progressivité et ensuite, progressivement, un traitement de référence sur plus de 10 ans ou dÚs la date du début de la progressivité, la nouvelle période (supérieure à 10 ans) ?

Ce qui est certain : la pension sera moindre et ce, alors que les militaires devront travailler plus longtemps !

Mais, au-delà du relùvement de l’ñge de la mise à la retraite,

le scĂ©nario le moins noir ferait apparaĂźtre, en fonction des grades, une rĂ©duction de la pension nette mensuelle allant de 60,00 € Ă  370,00 €. Si la notion de malus devait ĂȘtre appliquĂ©e aux militaires partant avant l’ñge lĂ©gal (66 ans et Ă  terme 67 ans), il faudrait certainement multiplier par 3 la perte, voire par 4 dans le pire des scĂ©narios.

Ce dossier est donc loin d’ĂȘtre clĂŽturĂ© ! Nous aborderons trĂšs certainement Ă  maintes reprises ledit dossier et ses Ă©volutions. À suivre 
 ! En tous les cas, le travail de lobbying de l’ACMP-CGPM a dĂ©bouchĂ© sur quelques avancĂ©es positives.

(Pour toute question Ă  ce sujet, il vous est toujours loisible de contacter notre SecrĂ©tariat permanent au 02/245.72.14 ou via srt@acmp-cgpm.be .) ïź

La péréquation

Ce mĂ©canisme permet d’adapter les pensions de retraite et de survie des fonctionnaires qui suivent l’évolution des rĂ©munĂ©rations des fonctionnaires actifs.

L'adaptation des montants de pension aux traitements des membres actifs du personnel se fait sur la base de corbeilles. Il y a donc une corbeille ‘Forces armĂ©es’ et les derniĂšres estimations du SPF Pensions donnerait un pourcentage de pĂ©rĂ©quation de quelque 9,40%

En d’autres mots, pour chaque pensionnĂ© ‘militaire’ ayant cette qualitĂ© au 31 dĂ©cembre 2024, le montant brut serait augmentĂ© de 9,40% au 1er janvier 2025 (quelque 5,50% en montant net). Le pourcentage est donc le mĂȘme et ce, indĂ©pendamment de sa catĂ©gorie, de son grade, de ses annĂ©es de service, du montant de la pension, 
 Toutefois, il y a un maximum de pension Ă  ne pas dĂ©passer : celui du maximum absolu de 46 882,74 € par an Ă  l’indice 138,01. Ce montant brut indexĂ© s’élĂšve Ă  97.548,92 € par an (Ă  partir du 01.05.2024 Ă  l’indice 2,0807), soit 8.129,08 € bruts par mois. Le maximum absolu pour une pension de survie s'Ă©lĂšve Ă  69.474,57 € brut par an (Ă  partir du 01.05.2024 Ă  l'indice 2,0807), soit 5.789,55 € bruts par mois.

MAIS : La coalition ‘Arizona’ tiendrait Ă  supprimer la pĂ©rĂ©quation et en faire un Ă©lĂ©ment de nĂ©gociation comme sous-partie de l’enveloppe liĂ©e au bien-ĂȘtre qui est un mĂ©canisme lĂ©gal qui permet de maintenir le niveau des revenus de remplacement en cas de retraite et Ă©viter que ledit niveau ne ‘dĂ©croche’ des traitements.

Photo : Pixabay

Décompression sensationnelle

Le « sĂ©jour de dĂ©compression » des militaires belges dans un hĂŽtel allemand dĂ©rape... C'est le titre d’un des nombreux articles de la presse Ă©crite nationale parus au lendemain de la relance de l'initiative permettant aux militaires de se dĂ©tendre entre la fin d’une longue mission et le retour Ă  la maison. De telles initiatives ne sont pas nouvelles, mais elles disparaissent souvent rapidement.

L'initiative prise par la Défense de mettre en place un sas de décompression sert pourtant une noble cause. Le syndicat militaire ACMP-CGPM la soutient donc pleinement. En effet, l'idée d'améliorer les soins de santé mentale dans le contexte des déploiements opérationnels figure dans son Programme général depuis des années. En outre, le syndicat militaire plaide en faveur d'un concept de soins intégrés dans le contexte d'un déploiement opérationnel, y compris l'insertion d'un outil de dépistage des plaintes liées au déploiement et d'un suivi pendant une période pouvant aller jusqu'à 18 mois aprÚs le déploiement.

Du sang sur le mur

Lorsque dans un Ă©lan impulsif vous Ă©crasez un vulgaire moustique sur un mur fraĂźchement peint, une tache y restera pour un bon moment. Pire, elle attirera tous les regards chaque fois que vous exhiberez fiĂšrement votre nouvel intĂ©rieur. Il en ira de mĂȘme pour cet incident qui aurait pu ĂȘtre parfaitement gĂ©rĂ© en interne, sans impliquer la presse. Un projet potentiellement bon est sali avant mĂȘme d'avoir pu faire ses preuves. Ou encore, comment une discussion entre quelques soldats excitĂ©s et influencĂ©s par l'alcool est amplifiĂ©e en une nouvelle Ă  sensation

qui se vend mieux reportage sur un 11 novembre calme oĂč l'on commĂ©more au petit matin les morts au champ d'honneur ? Non, pour continuer Ă  taper sur le clou quelques heures Ă  peine aprĂšs la commĂ©moration de l'Armistice, la presse doit faire bouillir le sang de presque toute la DĂ©fense. Au sujet de la dĂ©compression...

Stop au matraquage

On peut se demander si la presse n’est parfois pas trop pressĂ©e d’amplifier des incidents – qui ne devraient pas se produire. Il semble trĂšs frĂ©quent, ces derniers temps, de salir l'image de la DĂ©fense et de positionner le personnel militaire en marge de la sociĂ©tĂ©. Cela s'inscrit parfaitement dans l'agenda de ceux qui profitent d'une sociĂ©tĂ© civile qui n'a que peu de sympathie pour la DĂ©fense. Des modifications profondes dans le rĂ©gime

de pension des militaires alcoolisés passent plus facilement que des propos élogieux à l'égard de nos Forces armées.

Demain peut-ĂȘtre votre enfant ?

Et si demain la Défense ne parvenait pas à remplir ses rangs ?

Les missions Ă  l'Ă©tranger, voire les missions d'engagement territorial, s'arrĂȘteront-elles alors ? La Russie va-t-elle donc passer Ă  la vitesse supĂ©rieure et cesser de nous compliquer la tĂąche ? Non, bien sĂ»r. Et mĂȘme, faute d'Ăąmes volontaires pour risquer leur vie pour leur patrie, il faudra bien trouver une solution alternative.

La Défense travaille déjà actuellement à une expansion massive de sa capacité de réserve, mais supposons qu'elle soit insuffisante pour garder les futures zones démilitarisées aux frontiÚres

Photo : Adrien Muylaert

orientales de l'Europe ou mĂȘme pour Ă©teindre les feux qui couvent plus prĂšs de chez nous ? Supposons alors une rĂ©activation du service militaire, comme c'est dĂ©jĂ  le cas dans nos pays voisins. Ces appelĂ©s pourraient alors avoir au moins autant besoin d'une forme de dĂ©compression au retour d'un dĂ©ploiement opĂ©rationnel, voire d'un conflit armĂ©. C'est pourquoi le syndicat militaire ACMP-CGPM demande de ne pas jeter le bĂ©bĂ© avec l'eau du bain lors du lancement de ce projet prometteur...

Nécessité de décompression

Aujourd'hui plus que jamais, il est nĂ©cessaire de poursuivre le dĂ©veloppement de soins psychosociaux solides pour les militaires et mĂȘme les civils lors d'un dĂ©ploiement opĂ©rationnel. La situation de l'Europe en cette matiĂšre est plutĂŽt prĂ©caire, en partie Ă  cause du rĂ©sultat des rĂ©centes Ă©lections prĂ©sidentielles aux États-Unis. Compte tenu de la situation gĂ©opolitique actuelle, le tableau des risques n'offre que peu de perspectives positives pour une Europe dĂ©jĂ  trĂšs affaiblie. La probabilitĂ© d'une augmentation de l'intensitĂ© des tensions, voire des conflits, est presque une certitude.

De plus, notre société ne se porte pas trÚs bien non plus. La conjonction de ces facteurs additionnels et de ce que les militaires ont déjà constaté au cours de la mission peut constituer un cocktail explosif. Le besoin d'un soutien mental à un niveau basique devient donc de plus en plus important pour minimiser, voire éliminer, le nombre de bombes à retardement causées par le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Malgré l'évolution rapide des services de santé mentale, il faut encore

souvent se battre. Les effets d'un Ă©vĂ©nement dramatique vĂ©cu au cours d'une mission militaire ne sont pas immĂ©diatement visibles. Au contraire, ils remplissent souvent doucement un « seau Ă©motionnel » qui ne dĂ©borde pas tant qu'il n'est pas plein. Lorsque, au retour, la plus petite goutte s'avĂšre ĂȘtre celle de trop, il se joue parfois de vĂ©ritables drames qui auraient pu ĂȘtre Ă©vitĂ©s. Le syndicat militaire ACMP-CGPM estime qu'il est important que les militaires puissent dĂ©compresser avant mĂȘme leur retour. De cette maniĂšre, le militaire qui rentre au pays dispose au moins d'une petite marge de manƓuvre pour faire face aux premiĂšres dĂ©ceptions et aux premiers revers Ă  la maison.

Une nouvelle méthode de travail

La maniĂšre dont une telle semaine ou un tel week-end de dĂ©compression devrait se dĂ©rouler n'est pas en cause ici, car suffisamment de personnes compĂ©tentes et engagĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©es pour assumer cette tĂąche efficacement et avec le bagage de connaissances nĂ©cessaire. Il s'agit d'une question rhĂ©torique : « Cela ne va-t-il dĂ©gĂ©nĂ©rer, Ă  un moment ou un autre ? » Nous pouvons en ĂȘtre certains, car la DĂ©fense est en grande partie le reflet de la sociĂ©tĂ©. Toutefois, cela ne doit pas faire oublier l'utilitĂ© et la nĂ©cessitĂ© d'un sas de dĂ©compression. AprĂšs tout, il est vrai que le

retour Ă  la rĂ©alitĂ© beaucoup moins rigide du pays d'origine doit se faire avec prudence. Ici et lĂ , des voix s'Ă©lĂšvent en faveur du maintien de la tolĂ©rance zĂ©ro en matiĂšre d'alcool, mĂȘme pendant cette pĂ©riode de transition.

Le syndicat militaire ACMP-CGPM Ă©met toutefois quelques rĂ©serves Ă  ce sujet. En effet, lorsque l'ambition est ‘d'acclimater’ les personnes concernĂ©es, n'est-ce pas le moment idĂ©al pour commencer Ă  travailler sur un sujet tel que la ‘consommation raisonnable d'alcool’ ? La prĂ©vention par le biais de contrĂŽles plus stricts et, en cas de violation de la ‘rĂšgle des deux canettes’, d'une limitation appropriĂ©e, peut s'avĂ©rer utile. Ainsi, la consommation d'une biĂšre fraĂźche en toute camaraderie pendant la pĂ©riode de dĂ©compression ne doit pas disparaĂźtre. Parce que pouvoir conclure une mission dans l’esprit que « je repartirai volontiers en opĂ©rations avec mes frĂšres et sƓurs d’arme », c'est aussi cela la DĂ©fense !

Vous avez des problĂšmes de consommation d'alcool ? N'hĂ©sitez pas Ă  consulter le CMilA (CSM) au 02/755 57 20 ou la Cellule Addict (DG H&WB) au 02/264 44 88. Votre syndicat militaire ACMP-CGPM est bien entendu Ă©galement Ă  votre disposition 24/7 via le 02/245 72 14 ou srt@acmp-cgpm.be ïź

Photo : Défense

le syndicat militaire

JANVIER

FEVRIER

Suicide dans les rangs

Malheureusement, la Belgique, et donc peut-ĂȘtre la DĂ©fense, se situe dans le peloton de tĂȘte europĂ©en pour le nombre de suicides par 100.000 habitants. Les Forces armĂ©es prĂ©sentent des taux de suicide fondamentalement infĂ©rieurs grĂące Ă  un systĂšme de sensibilisation, de prĂ©vention et de suivi plus efficace. Mais pour les chiffres actuels, la DĂ©fense n'ose ou ne veut pas pour l'instant...

Un premier mythe qu'il convient de dissiper immédiatement est que le fait de parler du suicide ou de s'interroger sur ses pensées suicidaires donne l'impulsion nécessaire pour passer à l'acte final. Se sentir écouté est un premier pas pour réapprendre à vivre avec un surcroßt de sérénité.

Les chiffres à la Défense

(1) En Belgique, un décÚs de jeunes sur quatre est lié au suicide. Dans la tranche d'ùge des 15-45 ans, cet acte est la premiÚre cause de décÚs ! En effet, les hommes mettent fin à leurs jours 2,78 fois plus souvent que les femmes. Ce sont des facteurs qui entrent indéniablement en ligne de compte dans les chiffres de la Défense.

(2) La Défense n'est pas un reflet trop fidÚle de la société car la tranche d'ùge est comprise entre 17 et 60 ans et les femmes sont trÚs peu représentées dans la population militaire (10 %).

(3) La moyenne de 17 décÚs annuels pour 100.000 habitants est bien plus élevée au sein de la Défense belge : en 2010, lors d'une éniÚme transformation de la Défense, elle a

elle-mĂȘme atteint un pic de 53 pour 100.000 avec 19 suicides dans ses propres rangs. (Chiffres parus dans l'hebdomadaire Knack en 2014 – « Un nombre effrayant de militaires se suicident »).

(4) On ne dispose pas de chiffres précis, mais on estime que la Défense perd chaque année entre cinq et dix hommes et une femme par suicide, avec une population en baisse de prÚs d'un tiers par rapport à 2010 ! (5) En moins d'un an et demi, six suicides ont eu lieu dans une unité de la Composante Air !

Risque lié à la profession militaire

Les militaires partent généralement en mission à l'étranger bien préparés et dans un bon état d'esprit. Pourtant, un (premier) déploiement dans un environnement plein d'incertitudes et de sécurité instable porte parfois un coup au mental. La vigilance constante et la seule conscience de l'incertitude rongent une personne. Cela se manifeste entre autres par un manque de sommeil, le stress et l'irritabilité.

La confrontation avec la violence ou les victimes, les blessures

physiques ou l'exposition prolongĂ©e Ă  la routine laissent une trace immĂ©diate chez certains militaires, tandis que d'autres n'ont l'impression de rien, mais le compteur Ă©motionnel se remplit peu Ă  peu. C'est ainsi qu'une proportion importante de militaires subit des dommages psychologiques aprĂšs le retour Ă  la maison. La recherche montre que dans 90 % des suicides aboutis, un trouble psychiatrique est Ă  l'origine de l'acte. Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), le dommage moral et la dĂ©pression clinique sont frĂ©quents dans le contexte militaire en raison de la nature du travail. Il n'existe probablement pas d'opĂ©rateur des forces spĂ©ciales qui soit Ă  l'abri des troubles psychologiques. C'est pourquoi la prĂ©vention et les soins minimaux sont nĂ©cessaires, de prĂ©fĂ©rence avant mĂȘme que les dommages psychologiques ne commencent Ă  se dĂ©velopper, mais aussi pour intervenir au cas oĂč ils se manifesteraient dĂ©jĂ .

L'addiction, un facteur de renforcement

Les militaires, comme le reste de la population, n'échappent pas aux addictions. La tension

refoulée d'une mission et le trou noir soudain du retour créent parfois un fossé social avec la famille et l'environnement, dans lequel les problÚmes peuvent s'aggraver à la vitesse de l'éclair. Il arrive alors que le militaire se sente comme un étranger dans sa propre maison et qu'il se réfugie dans des substances nocives telles que l'alcool, les médicaments ou les drogues. Une personne sous influence est parfois confrontée à la violence

intrafamiliale, ce qui peut entraĂźner des problĂšmes avec l'employeur. Lorsque la mise Ă  pied, les problĂšmes de santĂ© ou mĂȘme le licenciement sont imminents, le risque de suicide s'accroĂźt encore.

Harcelé à outrance ou à mort ?

Un bout de voile mystĂ©rieux se lĂšve aprĂšs le suicide d’une personne. C'est alors l'Ă©cho d'un homme en dĂ©tresse qui n'a eu pour seule

compagnie dans sa derniĂšre heure, qu'une feuille de papier et un stylo. Ainsi, il n'est pas rare que le dĂ©funt mette en lumiĂšre une facette peu glorieuse d'une culture d'entreprise toxique. En effet, lorsqu'une personne joint littĂ©ralement le geste Ă  la parole, elle s'adresse parfois Ă  d'anciens collĂšgues. Parfois, une lettre d'adieu fait remonter Ă  la surface des questions douloureuses, car il arrive assez souvent que l'on y Ă©voque le comportement 

de ceux qui ont contribué à la décision fatale. Toutefois, une lettre d'adieu peut tout aussi bien renforcer le sentiment général que la personne en dépression profonde ou en burn-out s'est sentie totalement abandonnée par ses collÚgues et son employeur. Malheureusement, ce sentiment est plus souvent réel que théorique.

ReconnaĂźtre les signaux

Il n'est pas si aisĂ© de deviner qu'un membre d'une section ou d'une escadrille appelle au secours en interne. Ceux qui manifestent des difficultĂ©s mentales refusent souvent de l'aide par peur ou par honte d'ĂȘtre mal compris par leurs collĂšgues. C'est comprĂ©hensible, car le bien-ĂȘtre mental est encore stigmatisĂ©. Demander de l'aide est encore trop souvent – Ă  tort – considĂ©rĂ© comme un signe de faiblesse. Or, c'est le contraire qui est vrai : il faut la force et le courage d'un guerrier pour demander de l'aide.

Plusieurs services sont prĂȘts pour une sensibilisation adĂ©quate, mais la rĂ©sistance hiĂ©rarchique Ă  souligner l'importance de la prĂ©vention du suicide peut parfois en Ă©tonner plus d'un. Tout rĂ©cemment, par exemple, une session d'une demi-journĂ©e sur la prĂ©vention du suicide dans un centre de formation militaire a Ă©tĂ© annulĂ©e et reportĂ©e Ă  une date ultĂ©rieure cette annĂ©e « parce qu'elle n'Ă©tait pas compatible avec le calendrier ». À la question de savoir si des brochures sur la prĂ©vention du suicide pouvaient ĂȘtre distribuĂ©es dans les mess, la rĂ©ponse fut Ă©galement nĂ©gative. Le syndicat militaire ACMP-CGPM estime qu'il s'agit lĂ  d'une occasion

manquĂ©e de la part d'un supĂ©rieur, certainement informĂ© de l’existence d’une unitĂ© ayant connu cinq suicides en un an ! Comprenne qui pourra !

Ce que l'autorité militaire peut et doit faire

La loyautĂ© que la DĂ©fense exige de ses collaborateurs va dans les deux sens ! Nous rĂ©itĂ©rons notre inquiĂ©tude sur le fait que ce n'est qu'une question de temps avant qu'un autre « JĂŒrgen Conings » n'apparaisse quelque part et qui sait quelles en seront les consĂ©quences ?

La réintégration aprÚs la guérison doit devenir l'objectif de l'autorité militaire. Se contenter de révoquer les habilitations de sécurité ou de pousser les militaires souffrant de problÚmes de santé mentale vers la précarité de l'emploi relÚve tout simplement de la négligence. Ce n'est que lorsque la personne concernée aura suivi un trajet de soins et une réintégration digne de ce nom qu'elle osera faire part de ses préoccupations et que le nombre d'actes de désespoir diminuera. La sensibilisation manque sa cible si le tabou n'est pas brisé.

La carte sociale est souvent encore mĂ©connue au sein de la DĂ©fense. En tant qu'employeur, l'autoritĂ© militaire doit garantir qu'elle respectera et respecte correctement les aspects psychosociaux du travail, le troisiĂšme pilier de notre loi sur le Bien-ĂȘtre.

Les acteurs PSMR (Psychosocial, Moral et Religieux) ne peuvent pas s'engager dans une prévention efficace du suicide et des soins

curatifs tant que l'aide n'est pas suffisamment disponible. Les militaires n'obtiennent toujours pas d'aide dans un délai raisonnable. Une pénurie aiguë de personnel médical spécialisé crée de longues listes d'attente, de sorte que le collÚgue qui a des idées suicidaires et qui n'a pas (plus) la force de chercher de l'aide ailleurs devient finalement un oiseau pour le chat.

Votre rĂŽle

Avez-vous perçu des signaux indiquant qu'un collĂšgue Ă©voque, fasse ses adieux ou annonce (in) directement un suicide ? Si c'est le cas, prenez toujours cela au sĂ©rieux et essayez d'engager une conversation empathique. Contactez votre commandement pour lui faire part de vos inquiĂ©tudes et, s'il ne fait rien, faites appel aux services dĂ©crits ci-dessus. Le syndicat militaire ACMP-CGPM n'est pas un expert en prĂ©vention du suicide, mais sachez que nous sommes disponibles 24h/24 et 7j/7 au numĂ©ro 02/245 72 14 pour tout problĂšme auquel vous ĂȘtes confrontĂ©(e) en tant que militaire. Nous pouvons certainement vous aider davantage Ă  vous orienter vers l'aide ou la procĂ©dure adĂ©quate.

Si vous pensez au suicide et que vous avez besoin d'une Ă©coute, vous pouvez contacter la Centre de PrĂ©vention du Suicide au 0800 32 123 (gratuit et anonyme) ou via www.preventionsuicide.be ïź

Sources www.belgiqueenbonnesante.be et Service assistance morale et religieuse

Chacun son métier


Ce 21 octobre 2024, le syndicat militaire ACMP-CGPM a eu l’honneur d’ĂȘtre invitĂ© Ă  la journĂ©e des conseillers en prĂ©vention de la DĂ©fense afin d’y mener un workshop sur les rĂŽles respectifs des organisations syndicales et du service interne pour la prĂ©vention et la protection au travail (SIPPT). L’occasion d’élargir la vision entre acteurs du bien-ĂȘtre !

A l’origine, ce workshop s’intitulait « Collaboration avec les syndicats ». NĂ©anmoins, trĂšs vite notre organisation a saisi l’occasion de cette rencontre pour non seulement dĂ©velopper diffĂ©rentes notions des lois syndicales, rappeler des missions essentielles Ă  nos yeux des conseillers en prĂ©vention mais Ă©galement dĂ©crire - s’il le faut encore - la rĂ©alitĂ© Ă  laquelle sont confrontĂ©s diffĂ©rents acteurs. En effet, l’expertise et l’expĂ©rience de nos dĂ©lĂ©guĂ©s permettent de mettre en Ă©vidence des aspects parfois mĂ©connus de nos conseillers et pourtant trĂšs intĂ©ressants pour une rĂ©elle approche systĂ©mique.

Une vision globale ou rien

Dans le cadre du bien-ĂȘtre au travail, les comitĂ©s de concertation sont bien connus aux deux Ă©chelons : le haut comitĂ© pour les matiĂšres au niveau de la DĂ©fense et les comitĂ©s de base qui doivent rester proches des unitĂ©s. Nous insistons d’ailleurs souvent pour que les Chefs de Corps des unitĂ©s ainsi que les conseillers en prĂ©vention locaux soient enfin informĂ©s des dĂ©bats au plus haut niveau qui ont d’ailleurs une incidence pour tout militaire. Pour s’y positionner, l’ACMP-CGPM se base non seulement sur la lĂ©gislation mais Ă©galement sur son programme gĂ©nĂ©ral. C’est ici qu’il Ă©tait important d’expliquer succinctement les autres comitĂ©s existants par les lois syndicales, tellement essentiels pour l’exercice de nos prĂ©rogatives au profit de la collectivitĂ© en gĂ©nĂ©ral et de nos membres en particulier

car le SIPPT n’y siĂšge pas ou alors trĂšs rarement. Le comitĂ© de nĂ©gociation traite des textes lĂ©gaux liĂ©s au recrutement, aux droits, aux devoirs et Ă  l’avancement du personnel militaire tout comme les relations avec les organisations syndicales pendant qu’un autre haut comitĂ© de concertation traite entre autres des rĂšglements liĂ©s aux mĂȘmes matiĂšres. Heureusement, l’approche systĂ©mique qu’applique le syndicat militaire permet de faire le lien entre ces diffĂ©rents forums qui concernent souvent une mĂȘme matiĂšre. Le processus de rĂ©intĂ©gration en cas d’absence pour motif de santĂ© en est un bel exemple rĂ©cent entre un projet d’arrĂȘtĂ© royal Ă  nĂ©gocier, un rĂšglement Ă  rĂ©viser dans le futur et une procĂ©dure afin de soutenir nos militaires dĂšs le dĂ©but de cet absentĂ©isme. Lorsque nous jugeons qu’un litige existe au niveau de ces matiĂšres, il est frĂ©quent que le comitĂ© du contentieux soit saisi afin de remettre l’autoritĂ© sur le droit chemin si nĂ©cessaire. Autant vous dire que la majoritĂ© des conseillers en prĂ©vention Ă©taient satisfaits d’ĂȘtre informĂ©s sur cette vision globale !

Job is job !

La lĂ©gislation confĂ©rant des tĂąches Ă  chaque acteur du bien-ĂȘtre au travail, l’ACMP-CGPM se devait d’ĂȘtre honnĂȘte envers les participants Ă  ce workshop en insistant sur certaines de leurs missions essentielles. Les rĂŽles d’assistance et de conseil au profit de l’employeur Ă  travers sa ligne hiĂ©rarchique ainsi que des travailleurs forment la pierre angulaire de ce beau mĂ©tier dans l’optique non seulement de la loi du 4 aoĂ»t 1996, du code du bien-ĂȘtre au travail, des rĂšglements et directives de la DĂ©fense mais en tenant Ă©galement compte des lois syndicales et du fonctionnement interne des comitĂ©s de concertation. Trop souvent les mises en condition et en Ɠuvre des forces armĂ©es sont utilisĂ©es de façon erronĂ©e pour bypasser de nombreuses obligations au sein de notre DĂ©partement. Sans se laisser noyer dans une paperasserie mĂȘme

digitale, le suivi par les conseillers en prĂ©vention de la documentation lĂ©galement requise fait partie de la job description : les rapports entre autres de multiples contrĂŽles et inspections souvent difficiles Ă  saisir mais Ă©galement de leurs activitĂ©s trimestrielles et annuelles sont essentiels pour permettre une concertation constructive entre les partenaires sociaux que sont les organisations syndicales et l’autoritĂ©. Les « assistants en prĂ©vention » (souvent formĂ©s comme conseiller en prĂ©vention de niveau 3) prĂ©sents dans de nombreuses unitĂ©s de plus en plus Ă  temps plein ont une sĂ©rie de tĂąches Ă  exĂ©cuter mais n’ont pas la protection lĂ©gale des confrĂšres du SIPPT qui doivent agir en toute indĂ©pendance. Raison pour laquelle ces derniers doivent rester proches des travailleurs !

La réalité du terrain

Sans ĂȘtre exhaustif, il nous semblait important d’échanger quant Ă  certaines constatations qui ont un impact sur le travail quotidien. CĂŽtĂ© Chefs de Corps et ligne hiĂ©rarchique, le turn-over incessant du cadre additionnĂ© Ă  une formation malheureusement plus qu’insuffisante en matiĂšre de bien-ĂȘtre au travail complexifie fortement la mise en Ɠuvre d’une vraie politique Ă  long terme. Souvent, la premiĂšre expĂ©rience dans la concertation sociale est d’ailleurs liĂ©e Ă  la reprise d’un commandement, donc aprĂšs en gĂ©nĂ©ral vingt ans de carriĂšre. ParallĂšlement, la cĂ©lĂšbre approche « can do » du militaire belge toujours prĂȘt Ă  accomplir sa mission

malgrĂ© les multiples obstacles ainsi qu’une culture d’organisation toujours insuffisante pour la prĂ©vention et protection au travail ajoute une pression sur les conseillers compĂ©tents en la matiĂšre. Pourtant, chaque jour qui passe dĂ©voile le manque de personnel dans le SIPPT pour de multiples bonnes ou mauvaises raisons alors que l’employeur, le Chef de la DĂ©fense dans notre cas, est responsable de trouver toutes les solutions possibles pour la mise en place de ces spĂ©cialistes dont l’indĂ©pendance totale doit ĂȘtre assurĂ©e afin de pouvoir proposer des mesures de prĂ©vention dans de nombreux domaines en toute impartialitĂ©. Quand des membres de la hiĂ©rarchie en sont Ă  se demander quelle est la valeur ajoutĂ©e d’un tel service
 la messe est dite ! Finalement, en se regardant dans le miroir, la situation n’est pas toujours Ă©vidente au sein des organisations syndicales : nos dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux locaux, dĂ©vouĂ©s en cumul de leur job principal de militaire, sont Ă©galement soumis Ă  des obligations opĂ©rationnelles. Dans le mĂȘme temps, nous veillons Ă  essayer de les former au mieux en essayant de conserver l’expĂ©rience malgrĂ© la vague des pensions. Il appartient donc aux dĂ©lĂ©guĂ©s permanents, soumis Ă  une lĂ©gislation syndicale particuliĂšre, de jouer leur rĂŽle au service de chacun.

L’ACMP-CGPM salue l’initiative de cette journĂ©e constructive qui ne peut qu’engendrer la poursuite d’une collaboration objective et constructive.

Le gouvernement indexe les cotisations syndicales

Dùs le 1er janvier, le montant mensuel passera à 16,35 € (+ 90 centimes).

Nous aurions prĂ©fĂ©rĂ© garder l’ancien prix mais la dĂ©cision ne nous appartient pas... Selon l’ArrĂȘtĂ© royal du 30 septembre 1980, la cotisation syndicale des syndicats reprĂ©sentatifs doit ĂȘtre au moins Ă©gale Ă  0,74 % de la rĂ©munĂ©ration annuelle brute garantie indexĂ©e. Suite Ă  l’inflation nous sommes donc obligĂ©s d’adapter la cotisation pour 2025. Pour limiter l’impact sur le pouvoir d’achat de nos affiliĂ©s, le Bureau National a dĂ©cidĂ© d’adopter le tarif le plus bas pour toutes les catĂ©gories :

Militaire en service actif ou en PVE : 16,35 € par mois (196,20 € par an)

Militaire rĂ©serviste : 8,85 € par mois (106,20 € par an)

Militaires retraitĂ©s et sympathisants : 5,00 € par mois (60,00 € par an)

Veuve/Veuf : 2,50 € par mois (30,00 € par an)

Partenaire de militaire actif ou en PVE : 1,00 € par mois (12,00 € par an)

Les militaires rĂ©servistes versent une cotisation rĂ©duite parce qu’ils ne bĂ©nĂ©ficient pas de la prime syndicale

de 90 € remboursĂ©e chaque annĂ©e aux collĂšgues en service actif.

cher !?!

Paradoxalement, ĂȘtre membre du syndicat militaire ACMP-CGPM n'a jamais Ă©tĂ© aussi avantageux ! En limitant les cotisations et en optant pour un montant minimum absolu pour les militaires en service actif, en PVE ou du cadre de RĂ©serve, l'adhĂ©sion Ă  l'ACMP-CGPM reprĂ©sente un faible effort financier par rapport aux revenus. Les revenus de nos membres ont augmentĂ© de maniĂšre significative ces derniĂšres annĂ©es, en raison de l'augmentation des salaires. En janvier 2025, la pĂ©rĂ©quation de nos pensions sera un fait. Ces augmentations sont bien plus importantes que la simple indexation des cotisations syndicales. Compte tenu du large Ă©ventail d'avantages1 liĂ©s Ă  l'adhĂ©sion, nous pouvons dire que l’adhĂ©sion Ă  l'ACMP-CGPM demeure trĂšs abordable.

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SIMOENS Anthony et DEBELS

Cynthia (Zedelgem) (Par cohabitation légale)

19/10/2024

RETH Kévin et MITATY Alexia (Saint-Georges-sur-Meuse)

CORNET JEAN

1931 - … 29/09/2024 (Liùge)

NANDRIN RENÉ

1943 - … 19/08/2024 (Vielsalm)

TEMPELS JULIEN

1933 - … 03/10/2024 (Hasselt)

CLAEYS LUC

1974 - … 12/10/2024 (Roeselare)

BOURGEOIS NORBERT

1932 - … 26/07/2024 (Roeselare)

Indice des prix Ă  la consommation

- Octobre : 132,79 points

- Novembre : 133,01 points

- Décembre : 133,41 points

Indice santé

- Octobre : 132,96 points

- Novembre : 133,22 points

- Décembre : 133,63 points

L’indice santĂ© lissĂ© s'Ă©tablit Ă  130.39 points en septembre. L’indice-pivot pour la Fonction publique et les allocations sociales fixĂ© Ă  130,67 points n’est donc pas dĂ©passĂ©.

Le Bureau FĂ©dĂ©ral du Plan fixe l’indice-pivot Ă  130,67 points

Ce dernier ne devrait pas ĂȘtre dĂ©passĂ© avant janvier 2025.

Source : Statbel

Le syndicat militaire ACMP-CGPM vous remercie pour votre fidélité au cours de l'année écoulée.

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