La Satyagraha House

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UNE MAISON-MUSÉE

JOHANNESBURG – AFRIQUE DU SUD

LA SATYAGRAHA HOUSE

LA SATYAGRAHA House

UNE MAISON-MUSÉE

JOHANNESBURG – AFRIQUE DU SUD

UN PEU D’HISTOIRE

Gandhi et l’Afrique du Sud

Nichée dans le quartier d’Orchards, quartier résidentiel de Johannesburg, cette maison à la façade chaulée abrite sous son toit de chaume une part d’histoire sudafricaine. Bâtie en 1907 par l’architecte allemand Hermann Kallenbach, elle est inspirée du kraal, la ferme africaine. Au même moment, Kallenbach se lie d’amitié avec un jeune avocat indien : Mohandas Gandhi. Très tôt impliqué dans les problématiques de justice sociale, le futur Mahatma (qui passera plus de vingt ans en Afrique du Sud) est accueilli par son ami en 1908. Là, dans le jar-

din luxuriant, dans le calme de sa mezzanine, Gandhi façonne les bases de la satyagraha, littéralement “force de la vérité” en sanskrit, une philosophie fondée sur la résistance passive qui influencera le destin de l’Inde, mais aussi celui de l’Afrique du Sud, à travers Nelson Mandela.

Gandhi et son hôte se tournent rapidement vers une vie d’ascèse, basée sur la proximité avec la nature, le travail manuel, la méditation et une nourriture saine. Aujourd’hui, la Satyagraha House est un hommage à cette histoire.

Dans l’une des rondavelles, à l’entrée de la maison-musée, se trouve un rouet identique à celui sur lequel Gandhi tissait.

Gandhi (à gauche) et l’architecte

allemand Hermann Kallenbach (à droite). Au centre, Sonja Schlesin, secrétaire de Gandhi et gure du mouvement de contestation.

Sur la mezzanine, dans l’ancienne chambre de Gandhi où rien ne semble avoir bougé depuis son départ, se trouve une reproduction de son iconique paire de lunettes.

LA SATYAGRAHA HOUSE

L’esprit

des lieux

En 1909, Gandhi et Kallenbach quittent les lieux. Plusieurs propriétaires leur succèdent et entreprennent des transformations. Un siècle plus tard, Voyageurs du Monde se porte acquéreur du lieu avec la volonté de restaurer l’esprit d’origine en convertissant l’habitation en un musée-maison d’hôtes.

Aujourd’hui classée au patrimoine de la ville de Johannesburg et de la province du Gauteng, la Satyagraha House réunit objets, photos d’époque et correspondances.

Deux ans d’études impliquant l’historien Eric Itzkin, spécialiste de Gandhi, la curatrice Lauren Segal, l’architecte Rocco Bosman et les

décoratrices Christine Puech et Amit Zadok ont été nécessaires pour restituer dans le moindre détail l’atmosphère originelle. À la maison et au cottage, bâti en 1920, une aile de briques et de verre a été ajoutée en 2010, pour recevoir sept chambres, sans jamais perdre l’esprit de sobriété. Les lignes et la décoration des lieux, d’une pureté apaisante, offrent au voyageur de passage l’occasion d’éprouver une part de la philosophie de Gandhi. Ouverte aux visiteurs extérieurs en journée, la Satyagraha House donne à ses résidents le privilège ultime de vivre dans un musée intimiste.

Inspirée de la ferme africaine typique (kraal), la maison originelle fut bâtie en 1907 par l’architecte allemand Hermann Kallenbach, ami de Mohandas Gandhi.

L’aile la plus récente rompt avec le blanc immaculé du kraal. Le bâtiment compte trois chambres décorées avec sobriété.

Aux murs, photos et citations décrivent le quotidien de l’architecte Kallenbach et de Gandhi, qui n’est encore qu’un jeune avocat indien.

DORMIR dans un musée

Dès l’entrée, une première rondavelle (petite pièce circulaire) accueille un métier à tisser similaire à celui sur lequel travaillait Gandhi. Des pans de khadi (coton blanc tissé) sont imprimés de son portrait à différents stades de sa vie, et de citations en sanskrit qui résonnent comme des mantras. L’autre rondavelle est dédiée aux compagnons de route de Gandhi dans cette période sud-africaine : sa famille, ses amis, ses associés apparaissent sur des photos d’époque. Autour d’une cheminée, le salon rappelle sa fonction conviviale.

Aux murs, photos et citations décrivent le quotidien de Kallenbach et Gandhi. La pièce communique avec la salle à manger ouvrant sur le jardin dans laquelle se dresse une grande table en bois, chinée – comme l’ensemble du mobilier – en Inde, dans différents lieux où Gandhi vécut. Une échelle mène à la mezzanine, chambre de Gandhi qui semble ne pas avoir bougé : un simple matelas au sol, un rouet, un portelivre et une reproduction de l’iconique paire de lunettes rondes.

La sérénité est palpable et la frontière entre musée et lieu de vie semble s’effacer au maximum. Les sept chambres de la Satyagraha House sont réparties entre la maison originelle, le cottage et l’aile nouvelle.

Le salon et la cheminée de la maison historique. Un lieu convivial encadré d’ouvrages, de photos d’époque et de la correspondance entre Gandhi et Kallenbach que les hôtes peuvent consulter en buvant une tasse de thé.

“En vérité, c’est après être allé en Afrique du Sud que je suis devenu ce que je suis aujourd’hui.
Mon amour pour l’Afrique du Sud et ma compassion pour ses problèmes ne sont pas moindres que pour l’Inde.”
Mohandas Gandhi

La maison principale abrite la chambre Kasturba, nom et hommage à la femme de Gandhi. Baignée de lumière naturelle, d’une importante hauteur sous plafond, elle est dressée de mobilier chiné et possède une cheminée. Également située dans la demeure historique, la chambre Manilal Gandhi, deuxième fils du Mahatma, de petites dimensions, offre un accès direct au musée. Accolée à la maison originelle mais plus récemment bâtie, la Reverend Doke est dédiée au premier biographe de Gandhi qui écrivit notamment sur la table de la salle à manger de l’époque. Le cottage Hermann Kallenbach, quant à lui, se compose de deux chambres reliées par un salon doté d’une cheminée.

L’aile récente présente une architecture volontairement distincte. Ainsi, pour rompre avec le blanc immaculé du kraal, Rocco Bosman a joué avec la brique rouge de Johannesburg et le verre. Le bâtiment compte trois chambres, décorées avec sobriété. Dominée par le blanc des khadi, la décoration mêle teintes et matériaux naturels. Les salles de bains sont façonnées de béton ciré anthracite, de marbre noir et de murs blancs. On trouve ainsi la chambre Henry Polak, avocat et journaliste proche de Gandhi ; la Thambi Naidoo, l’un de ses principaux lieutenants et fils adoptif ; et la chambre Sonja Schlesin, secrétaire de Gandhi et figure du mouvement de contestation. Les chambres, vastes et lumineuses, sont pourvues de larges baies vitrées donnant directement sur le jardin et la maison originelle.

Sans prétendre à la vie ascétique menée par Gandhi, la maison entend respecter une certaine cohérence vis-à-vis des lieux et la partager avec ses hôtes. Ainsi, sont dispensés des cours de yoga et de méditation. Au-delà d’une nourriture plus spirituelle (une bibliothèque philosophique est à disposition), celle qui compose repas et collations est entièrement végétarienne avec des produits locaux et non transformés qui permettent de découvrir les saveurs d’Afrique du Sud. Les légumes proviennent en partie du potager de la maison, conçu selon les règles les plus récentes en permaculture, avec le soutien d’Une ferme du Perche qui a formé le jardinier à ces techniques. Les tables peuvent être dressées au choix dans la grande salle à manger, dans l’une des rondavelles, ou sous les branches d’un Pride of India. La Satyagraha House s’efforce par ailleurs d’être à l’avant-garde dans la gestion de l’énergie et des ressources. Une installation ambitieuse de panneaux solaires permet à la maison d’être autonome à hauteur de 75 % en termes d’électricité. Un engagement depuis l’origine exclut toute utilisation de plastique et favorise l’usage de produits écologiques pour l’entretien de la maison et du jardin. La Satyagraha House garantit également à ses employés des conditions sociales et salariales bien supérieures à ceux en vigueur en Afrique du Sud, gages d’un service d’une qualité unique et de l’éradication du système de pourboires.

Les chambres de l’aile récente, drapées de khadi blanc, ouvrent directement sur le jardin.

JOHANNESBURG

Une cité vibrante et artistique

Capitale économique et culturelle de l’Afrique du Sud, Johannesburg a longtemps été délaissée par les voyageurs. Un impair lorsque l’on connaît l’importance de la ville dans l’histoire du pays. Il suffit pour s’en convaincre d’égrainer les sites emblématiques tels Constitution Hill (l’ancienne prison devenue un lieu emblématique de la démocratie sud-africaine), l’émouvant Musée de l’apartheid, le quartier de Soweto (et la maison-musée de Nelson Mandela).

Surnommée Joburg ou encore Jozi, la ville offre également un visage contemporain et artistique. Les quartiers de Maboneng, Parkhurst, Melville ou encore 44 Stanley col-

lectionnent les boutiques de créateurs, les cafés branchés, les lieux pour dîner et danser, sans oublier de nombreuses galeries. Avec des incontournables, tels la Circa Gallery, la Joburg Contemporary Art Foundation, la Melrose Gallery et le Nirox Sculpture Park (aux portes de la ville), Johannesburg rappelle que l’Afrique du Sud est un immense territoire d’expressions artistiques.

La Satyagraha House s’inscrit dans cet univers en invitant régulièrement des artistes en résidence, en proposant des activités autour des arts et de la musique ou encore en permettant des rencontres inédites en son lieu.

Le quartier de Maboneng, parmi les plus animés de la ville, collectionne galeries, restaurants et ateliers de jeunes designers.

A BIT OF HISTORY: GANDHI AND SOUTH AFRICA

Nestled in the residential neighbourhood of Orchards in Johannesburg, this white-washed house with its thatched roof is home to a part of South African history. Built in 1907 by the German architect Hermann Kallenbach, it is inspired by the kraal, the African farm. Around the same time, Kallenbach befriended a young Indian lawyer: Mohandas Gandhi. The future Mahatma (who will spend more than twenty years in South Africa) was concerned about social justice issues at a very early age and was hosted by his friend in 1908. It is there that, in the lush garden and in his peaceful mezzanine, Gandhi conceptualises the basis of Satyagraha , literally “Truth Force” in Sanskrit, a philosophy based on passive resistance that will shape the fate of India, but also that of South Africa with Nelson Mandela. Gandhi and his host quickly adopt an ascetic life based on closeness to nature, manual work, meditation and healthy food. Nowadays, the Satyagraha House is a tribute to this story.

THE SATYAGRAHA HOUSE: THE SPIRIT OF THE PLACE

In 1909, Gandhi and Kallenbach vacated the property . Successive owners will undertake various transformations. A century later, Voyageurs du Monde acquired the place with the wish to restore the original spirit by converting it into a museum-guest house. Now listed in the heritage of the city of Johannesburg and Gauteng Province, the Satyagraha House is home to artefacts, period photos and correspondence. Two years of research involving the historian Eric Itzkin, Gandhi’s specialist, curator Lauren Segal, architect Rocco Bosman and interior decorators Christine Puech and Amit Zadok were necessary to restore the original atmosphere in every detail.

A brick and glass wing was added in 2010 to the 1920 house and cottage accommodating seven rooms, without ever losing the spirit of sobriety. The pure lines and relaxing decoration of the place give the short term traveller

the opportunity to experience a part of Gandhi’s philosophy. Open to outside visitors during the day, Satyagraha House gives its guests the ultimate privilege of living in an intimate museum.

SLEEPING IN A MUSEUM

The first rondavel, a small circular room at the entrance , showcases a loom similar to the one Gandhi worked on. Khadi curtains (woven white cotton) are printed with his portraits at various stages of his life and Sanskrit quotes which sound like mantras. The other rondavel is dedicated to Gandhi’s travelling companions in his South African experience: his family, friends, partners can be seen in period photos. The fireplace is a reminder of the friendly function of the living room.

Kallenbach’s and Gandhi’s daily life is captured on the walls with pics and quotes. The room connects with the dining room opening onto the garden in which stands a large wooden table, sourced – like all the furniture – in India, in different places where Gandhi lived. A ladder leads to the mezzanine, Gandhi’s bedroom that seems to have stood still: a simple mattress on the floor, a spinning wheel, a book rack and a replica of the iconic pair of round glasses.

Serenity is palpable and the border between museum and living space seems to be blurred to the maximum. The seven rooms of Satyagraha House are spread out around the original house, the cottage and the new wing.

The main house is home to Kasturba room in tribute to Gandhi’s wife. Bathed in natural light with a high ceiling, it is decked out with antique furniture and has a fireplace. Also located in the historic house is the small Manilal Gandhi room, the second son of the Mahatma, which offers direct access to the museum. Attached to the original but more recently built house, Reverend Doke is dedicated to Gandhi’s first biographer who, indeed, did his writing on the dining room table of the time. As for the Hermann Kallenbach cottage, it consists of two bedrooms connected by a living room equipped with a fireplace.

The recent wing has a deliberately different architecture. To break with the immaculate white of the kraal, Rocco Bosman played around with Johannesburg red brick and glass.

The building has three simply decorated rooms. The decoration, dominated by the white of the khadi, mixes natural hues and materials. The bathrooms are made of anthracite waxed concrete, black marble and white walls. There, we find Henry Polak room, a lawyer and journalist close to Gandhi, Thambi Naidoo, one of his main collaborators and adopted son and Sonja Schlesin room, Gandhi’s secretary and a figure in the protest movement. The rooms, spacious and bright, are equipped with large bay windows directly overlooking the garden and the original house. Without meaning to adopt the ascetic life led by Gandhi, the house intends to respect a certain coherence with the place and share it with its guests. Therefore, yoga and meditation classes are given. Besides a more spiritual food (a philosophical library is available), the one that composes meals and snacks is entirely vegetarian with local and unprocessed products that allow you to discover the flavours of South Africa.

The vegetables come partly from the home vegetable garden, implemented according to the most recent permaculture rules, supported by Une ferme du Perche who coached the gardener in these techniques. The tables can be set at your choice in the large dining room, in one of the rondavels or under the branches of a Pride of India. Satyagraha House also strives to be at the forefront of energy and resource management.

An ambitious installation of solar panels allows the home to be 75% self-efficient in terms of electricity. Satyagraha House has been committed since his creation to exclude any use of plastic and favours the use of ecological products for the maintenance of the home and garden. It also guarantees its employees social and wage conditions much higher than those in force in South Africa, making for a unique quality service and the abolition of the tipping system.

JOHANNESBURG:

A VIBRANT AND ARTISTIC CITY

Johannesburg, financial and cultural capital of South Africa, has long been neglected by travellers. A real misconception when one knows the importance of the city in the history of the country. The various iconic sites scattered around the city will be enough to convince oneself: Constitution Hill (a former prison complex that has become a symbolic place of South African democracy), the moving Apartheid Museum, the Soweto neighbourhood and Nelson Mandela’s house-museum). Colloquially known as Joburg or Jozi, the city also offers a contemporary and artistic edge. The neighbourhoods of Maboneng, Parkhurst, Melville, 44 Stanley are packed with designer shops, trendy cafes, spots to dine and dance, not to mention many art galleries. With its must-see places such as the Circa Gallery, the Joburg Contemporary Art Foundation, the Melrose Gallery and the Nirox Sculpture Park (just outside of the city), Johannesburg reminds us that South Africa is a huge breeding ground for artistic expressions. Satyagraha House is part of this universe by regularly giving residency to artists, offering activities around the arts and music or allowing unprecedented meetings there.

Crédits photo Manuel Zublena (p. 5, p. 9, p. 11, pp. 12-13, p. 14, p. 16, pp. 18-19) ; Olivier Romano (p. 7, p. 10, p. 15, p. 21, pp. 22-23, pp. 24-25) ; Julien

Mignot (p. 8) ; DR (p. 4, p. 6) ; Mario Hagen/Stock.adobe. com (p. 20)

LA VILLA BAHIA

Une maison dans le Pelourinho – Salvador de Bahia – Brésil

LA VILLA NOMADE

Une maison dans la médina de Marrakech – Maroc

LE STEAM SHIP SUDAN

Une maison sur le Nil – Rive Est – É gypte

LA FLÂNEUSE DU NIL

Une maison sur l’eau – Rive Ouest – Égypte

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