TA11: Dieudonné Mushipu Mbombe (Hg.). La théologie africaine :

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L‘ouvrage est publié avec le concours: du conseil de l‘Université de Fribourg (Suisse) de la faculté de théologie de l‘Université de Fribourg (Suisse) et du don de son Eminence Christoph Cardinal Schönborn, archevêque émérite de Vienne (Autriche)

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ISBN Livre imprimé 978-3-7965-5261-8

ISBN eBook (PDF) 978-3-7965-5369-1

DOI 10.24894/978-3-7965-5369-1

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Du même auteur Dieudonné MUSHIPU MBOMBO

- De la liberté ou des questions éthiques en éducation aujourd’hui. Ébauche de réponses par le truchement des modernes, Peter Lang, Berne et al., 2011.

- Le Récit du pèlerin de Saint Ignace de Loyola et son rôle formateur dans l’accompagnement spirituel. L’apport des sciences humaines par l’herméneutique et la psychologie culturelle dans la lecture pastorale d’un tel récit, Academic Press Fribourg, Fribourg, 2014.

- La théologie africaine. Le feu vert de Rome : une herméneutique des déclarations des souverains pontifes d’après le Concile Vatican II, L’Harmattan, Paris, 2016.

- La question de la scientificité de la théologie est-elle toujours actuelle ? Parole et Silence, Paris, 2016.

- L’Eucharistie, lieu du déploiement des récits de vie. Pour l’engendrement à une nouvelle identité en Jésus-Christ, Parole et Silence, Paris, 2017.

- La théologie africaine face aux sectes. Défi lancé à la société et aux grandes Églises africaines, L’Harmattan, Paris, 2017.

- La théologie africaine face à l’urgence écologique. Changement de paradigme ; vers la cosmothéandricité, Karthala, Paris, 2022.

- Les Églises africaines entre fidélité et innovation. Du synode romain aux défis du XXIème siècles (avec Ignace Ndongala), Karthala, Paris, 2022.

- L’herméneutique classique et son histoire. Vers une épistémologie interdisciplinaire avec les sciences humaines, Cerf, Paris, 2019.

- Seuls l’amour et la paix construiront le monde et l’humanité. Une lecture de quelques péricopes de l’Évangile, Paroles et Silence, Paris, 2023.

AXE 2. LA THÉOLOGIE AFRICAINE EN MARCHE

«Et il a habité parmi nous»:La christologie au cœur de la vie par Lambert Museka Ntumba .....................................................................141

«Dieu, Dieu, et après?»Questions aux théologiens africains par Ignace Ndongala Maduku ....................................................................170

Repenser la dignité humaine comme enjeu fondamental des droits de l’homme par Richard Ongendangenda Muya ...........................................................191

Mémoires blessées et idéal de vivre ensemble. De l’appartenance à la distanciation, dynamique d’une thérapie pour l’Afrique par Jean OnaotshoKawende .....................................................................219

Religion et libération, enjeux pour l’Afrique par Philémon Mukendi Tshimuanga ..........................................................241

AXE 3. BUJO, LE THÉOLOGIEN –QUELQUES ANALYSES DE SA PENSÉE

Africanité et Christianité du christianisme:Penser la théologie catholique avec BénezetBujo par Roland Techouet Yannick-Kevin Akpaoka ..........................................259

BénezetBujo, père du principe d’engendrement et d’enfantement mutuels par Théophile Elysée Mvondo ....................................................................279

Vers une Théologie africaine transhumante:la perspective de BénezetBujo par Alain Boubag .......................................................................................301

L’Africain face au Tourbillon de la confusion:Perspective pour l’agentivité personnelle et communautaire par Raphaël Okitafumba Lokola ................................................................326

AXE INTRODUCTIF

Il est un fait, la théologie africaine se fait à partir des réflexions conjointes des théologiens en diaspora et des théologiens vivant sur le continent. Beaucoup de recherches en théologie africaine sont écrites et éditées en diaspora. La plupart des ouvrages sont publiés dans les maisons d’édition installées en Europe, citons parmi elles : Présence africaine, Karthala, L’Harmattan… C’est ce lien non seulement éditorial, mais aussi incarné par des personnalités installées en Occident pour des raisons professionnelles – et c’est le cas de Bujo – que la théologie africaine continue à s’écrire et à se propager.

La théologie africaine : son émergence entre le continent africain et la diaspora. On pourrait définir en toute simplicité la vie de Bénezet Bujo ainsi : il a fait sa formation en Afrique et en Europe (Allemagne), et les lieux qui l’ont vu à l’œuvre dans ses efforts pour apporter sa contribution substantielle à la théologie africaine par ses importantes publications et par ses enseignements universitaires sont évidemment d’abord l’Afrique où il a commencé sa carrière en République Démocratique du Congo, pour la poursuivre au Kenya, avant de s’envoler vers d’autres cieux tout en restant fidèle à son Afrique comme son sujet de prédilection dans sa quête heuristique. En fait, il atterrit en Allemagne où il avait fait ses études, et devient par la suite professeur en Suisse à Fribourg où il sera même premier vice-recteur noir de l’Université de Fribourg au début des années 2000. Bujo est décédé en diaspora. Son itinéraire professionnel porte l’image réelle et diversifiée du théologien africain d’aujourd’hui. Nous voulons lui rendre hommage en montrant justement que la théologie africaine, dans ses déploiements actuels est le fruit d’un travail collatéral des théologiens africains sur place en Afrique ensemble avec des chercheurs africains en diaspora. Ce lien est fort et nous voulons le relever dans ce travail collectif. L’ouvrage commence par un éditorial.

En effet, l’éditorial voudrait montrer ici que la science se fait par l’examen continuel de ses concepts, de ses méthodes et de ses acquis. Et ce contrôle doit se suivre d’innovations et de renouvellements impérieux qui assurent l’évolution. C’est le cas en théologie africaine où nous proposons une base épistémologique nouvelle qui intègre comme objet de la théologie aussi bien Dieu, l’humain que la nature. C’est par la corrélation herméneutique entre ces trois données que devrait se construire notre théologie actuelle. L’expression nouvelle qui assume cette rationalité théologique est la cosmothéanthropocité, car

elle assume Dieu, l’humain portant l’homme et la femme, et la nature comme cosmos. Nous invitons les théologiens à s’habituer à ce nouveau néologisme qui répond aux défis actuels. Et l’ouvrage se poursuit par une structuration en cinq axes.

L’axe « La théologie africaine entre le continent et la diaspora », qui ouvre la première série d’articles, reflète l’orientation générale donnée à l’ensemble du livre et définit la connivence entre les chercheurs qui travaillent sur le continent et ceux qui produisent leur réflexion à partir de la diaspora. Cet axe a cinq contributions. La première intitulée « Le théologien africain entre formation en Occident et mémoire du Continent » est écrite de la plume de deux théologiens Jean-Claude Angoula et Alphonse Seck. Leur souci premier est de montrer que si l’histoire politico-ecclésiale de l’Afrique a contribué à faire de l’Europe le lieu de formation et/ou de séjour permanent d’une certaine élite intellectuelle des Églises africaines, elle ne l’a pas pour autant empêché de s’approprier quasi entièrement la responsabilité de rendre raison des dynamiques des Églises du continent noir au sein de l’Église universelle. Ils mettent en évidence ici le discours de deux théologiens africains – Jean-Marc Ela (1936-2008) et Léon Diouf (1935-2020) – qui, comme celui de Bénezet Bujo, intègre les segments de leurs Églises et sociétés d’origine dans leur démarche de recherche, laquelle ne peut être opératoire qu’à partir de l’articulation des paradigmes de terre, d’inclusion et d’intégration.

Dans la même veine d’idées, la deuxième contribution, en anglais, écrite par le professeur Roger B. Alfani renseigne sur la manière dont l’enseignement de la théologie africaine se fait en diaspora, et plus particulièrement en Amérique du Nord, donc aux États-Unis et au Canada. Roger Alfani décrit donc le contexte précis de cet enseignement de la théologie africaine dans le contexte nord-américain en partant de l’expérience académique de Bénezet Bujo et en incluant ses nombreuses contributions à la théologie (africaine) au-delà des frontières africaines. Sans se dépouiller de son essence et ce malgré des nombreux défis que cela implique, il indique que l’enseignement de la théologie africaine dans la diaspora (américaine) ne devrait ni se faire en silo ni n’intéresser que les Africain-e-s ou Afro-descendant-e-s. Elle devrait plutôt s’affirmer en tant qu’une identité autonome possédant ses propres valeurs et n’ayant pas besoin d’une médiation épistémologique occidentale pour être reconnue

Le deuxième article vient du théologien Ignace Ndongala, de l’Université de Montréal au Canada. Il pose cette question fondamentale : « Dieu, Dieu, et après? », à propos du discours sur Dieu qui sort des marges de l’histoire. Dans une démarche heuristique remarquable, il part de la question d’une femme kirdi à l’assemblée qui devise avec J.-M. Ela, pour dégager les réquisits d’un discours théologique marginal qui met en place les conditions d’une pensée décoloniale. Il tente ensuite d’appliquer ces réquisits à l’œuvre théologique de B. Bujo tout en s’inspirant de la pensée et des pratiques pastorales du Cardinal Malula. L’enjeu est de postuler une écriture théologique décomplexée, inventive qui bouscule l’ordre des discours et des savoirs théologiques, pour accoucher d’une théologie africaine repensée et s’ouvrir sur le Dieu qui libère. Lorsqu’on s’accroche au Dieu libérateur, plusieurs chemins peuvent être empruntés. Parmi eux, il y a la voie des droits humains. Le Professeur Richard Ongendangenda Muya, de l’Université catholique du Congo nous présente un travail intéressant sur ce sujet : « Droits de l’Homme comme lieu théologique aujourd’hui ». Il examine la question des droits de l’homme sous le prisme de l’affirmation biblique et dogmatique de l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Il relève qu’il y a quelque chose de fondamental qui alimente les revendications relatives aux droits de l’homme. Il s’agit de cet aspect total et fondateur : la dignité de l’homme. L’auteur dénonce les principales formes de bafouement de cette dignité humaine à travers l’histoire et dénonce un mépris diffus de l’homme encore présent, de nos jours, particulièrement sous les tropiques.

Là où les droits de l’homme sont bafoués, on peut bien se rendre à l’évidence, il y a des êtres et des mémoires blessés. Le professeur Jean Onaotsho Kawende nous en fait prendre conscience par sa réflexion intitulée : « Mémoires blessées et idéal de vivre ensemble. De l’appartenance à la distanciation, dynamique d’une thérapie pour l’Afrique ». Il fait un travail d’herméneutique sur l’enseignement social et l’engagement politique de l’Église en Afrique. D’après lui, la coexistence sociale expose les communautés humaines à des conflits d’intérêts, à des guerres qui compromettent l’harmonie du vivre ensemble. Cette situation s’explique généralement par le fait d’appartenance et les conflits d’intérêts qui en résultent. La résolution de ces conflits requiert un

compatibles ? Il s’agit clairement d’une volonté d’être soi, de s’affirmer tel et d’en être fier, remettant en cause les principes injustes de l’ordre établi. Cette transhumance consiste à donner une réponse africaine au dessein du salut de Dieu dans le milieu de vie de l’Africain marqué par les blessures quotidiennes, par la dialectique du combat entre la vie et la mort.

Le quatrième article n’annonce pas Bujo dans le titre, mais présente pourtant largement sa pensée. Il est du Professeur Raphaël Okitafumba Lokola, professeur à l’Université de Lodja en République Démocratique du Congo. Il porte ce titre tout aussi originale : « L’Africain face au Tourbillon de la Confusion : Perspective pour l’agentivité personnelle et communautaire ».

L’auteur y revisite l’enseignement de Bénezet Bujo sur le caractère distinctif de l’éthique africaine. Il montre comment sa redécouverte arrive à point nommé dans le contexte de confusion morale actuelle suscitée et entretenue par les circonstances de sécularisation des valeurs chrétiennes dans l’environnement de la dictature de la majorité. Il souhaite que sa relecture de Bujo soit capable de favoriser l’agentivité morale personnelle et communautaire dans les communautés africaines modernes. Se servant de la méthode praxéologique et s’articulant autour d’une structure tripartite, cet article tente de répondre aux attentes des Africains contemporains qui aspirent à une vie morale paisible en Jésus-Christ.

Le dernier article de cet axe est une réflexion originale du Professeur Jacob Onyumbe Wenyi, professeur à l’Université catholique Notre Dame de Thumbe au cœur de la République Démocratique du Congo. Le titre lui-même dit toute la nouveauté de son propos : « S’il vous plait, parlez-nous en araméen : ’impérialisme et la lutte pour la survie en Juda et en Afrique Subsaharienne ». L’auteur fait une analyse intéressante de théologie biblique qui part de l’histoire du peuple juif telle que relatée par des textes néo-testamentaires et en fait une herméneutique pour nos communautés africaines. Il montre comment l’expédition diplomatique des émissaires de Sen-parole) reçoit une attention particulière dans les Nevi’im, témoignant de l’impact de la domination assyrienne

Rois 18-19 met en lumière l’expérience d’une double domination subie par le juif ordinaire (domination assyrienne et exploitation locale par l’élite

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TA11: Dieudonné Mushipu Mbombe (Hg.). La théologie africaine : by Schwabe Verlag - Issuu