Emmanuel Dupraz, Antoine Viredaz (Hg.). Langues et institutions en Italie méridionale

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I. Introduction

Michel Aberson, Emmanuel Dupraz, Luis Silva Reneses et Antoine Viredaz: Langues et institutions en Italie méridionale. Les aires osques et messapiennes entre Grande-Grèce et Rome

II. Alphabétisation et graphies

Nicholas Zair: Primary and secondary models for Oscan writing systems

Rudolf Wachter: L’alphabet messapien dans la perspective plus générale des réformes de l’alphabet et de l’orthographe

María José Estarán Tolosa: Culture écrite et évolutions locales dans les régions osque et messapienne (du Ve siècle au Ier siècle av. J.-C.)

III. Contacts linguistiques

Reuben J. Pitts: Substrates and prehistoric language contact

Joachim Matzinger: Tria corda, oder die Sprachlandschaft des antiken Apuliens

Danilo Savić: Les emprunts en messapien. Vers un bilan

IV. Modèles philosophiques, littéraires et juridiques

Emmanuel Dupraz: Courants sapientiaux et littéraires. Deux inscriptions poétiques en osque et leurs modèles grecs

Roberto Fiori: Una lex publica presso gli Italici? Il bronzo di Rapino

V. Groupes humains et collectivités

Michel Aberson et Stéphane Bourdin: Ethnogenèse, politogenèse et dénomination des groupes humains en Italie centro-méridionale

Massimiliano Di Fazio: Le divinità dei popoli oscofoni. Problemi e prospettive

Luis Silva Reneses: Les relations entre communautés dans les aires osques et messapiennes de l’Italie méridionale

VI. Assemblées et magistrats

Loredana Cappelletti et Lucas Aniceto: Assemblee italiche. Terminologia e spazi nei territori sabellici – Assemblées italiques. Terminologie et espaces dans les territoires sabelliques

Antoine Viredaz: Les titres de magistrats osques. Interférences lexicales et emprunts institutionnels .

VII. Territoires

Paolo Poccetti: L’unità della toponomastica sabellica. Percezione e organizzazione culturale del territorio

Grazia Semeraro: Le vie di comunicazione nell’Italia meridionale preromana: osservazioni sui dati archeologici

Emmanuel Dupraz: Terminologie et catégorisation des voies de communication. Sur trois inscriptions osques

Olivier de Cazanove et Sylvia Estienne: Le temple et l’autel dans le monde oscophone. Les mots et les choses

VIII. Synthèse

Sylvie Pittia: Vivre ensemble dans la pluralité des mondes: voyage dans l’Italie oscophone et messapienne

Langues et institutions en Italie méridionale

Les aires osques et messapiennes entre Grande-Grèce et Rome

1. Formulation du problème: la concomitance de l’urbanisation et du développement de l’épigraphie au IVe s. av. J.-C.

Le présent volume, consacré aux régions de la péninsule italienne de langue osque et de langue messapienne entre le IVe et le IIe s. avant notre ère, est né des interrogations que suscitait la constatation suivante: c’est vers la même époque, en gros la seconde moitié du IVe siècle avant notre ère, qu’ont lieu plus ou moins simultanément, aussi bien dans les aires de langue osque que messapienne, deux changements importants. D’une part on assiste à l’épanouissement, documenté par l’archéologie, de formes d’habitat qui peuvent être considérées comme urbaines. D’autre part, c’est l’époque où l’épigraphie, notamment monumentale, c’est-à-dire exposée en public pour un lectorat indéfiniment vaste, commence à se développer.

Certes, dans les deux aires et sur les deux plans, des tendances s’étaient manifestées localement dès le VIe siècle. On peut citer par exemple, en Campanie, le premier essor du site bien documenté de Pompéi et les prémices de traditions épigraphiques étrusques et sabelliques dans la région. En pays messapien, c’est dès cette date haute que sont mis en place les premiers grands habitats munis d’enceinte, et les premiers textes en langue messapienne, qui semblent liés pour la plupart à des cultes de type funéraire, sont écrits à la même époque. Mais c’est seulement au IVe siècle que ce double mouvement reprend et se généralise, tant en pays osque qu’en pays messapien: le site de Pompéi connaît une nouvelle expansion après une période de stagnation voire d’abandon; les enceintes se multiplient en Messapie; l’épigraphie osque est illustrée à la fin de ce siècle, par exemple, par les premiers textes de Rossano di Vaglio; enfin, en pays messapien, l’épigraphie funéraire et publique s’étend alors très rapidement. Sans préjuger de synthèses sur l’ensemble des deux aires qui sont encore à réaliser, il nous a paru pertinent de proposer une recherche sur ce qui se passe en pays osque et messapien à partir du IVe siècle.

Nous avons souhaité étudier cette concomitance entre essor de ce qu’on peut appeler des villes et développement de véritables habitus épigraphiques sans a priori. Il nous semble qu’il vaut la peine d’examiner ce qui se passe, d’un côté, du point de vue archéologique, et, de l’autre, du point de vue épigraphique, entre la seconde moitié du IVe siècle et l’époque où les modèles romains commencent peut-être à se diffuser, à partir du IIe siècle, ce qui marque le début de phénomènes nouveaux. Nous ne présupposons nullement de relation causale entre l’écriture et l’urbanisation, ni dans un sens ni dans l’autre: nous désirons seulement élucider les modalités avec lesquelles les populations d’une aire vaste, que le pouvoir romain ne touche pas encore au début de la période, ont choisi de se donner vers la même époque à la fois de nouvelles formes d’habitat et de nouveaux moyens de communication collective. Il peut sembler évident que des changements dans la structuration politique de ces communautés sont

intervenus également à la même période et contribuent à rendre compte des deux évolutions que nous soulignons, mais c’est une évidence qu’il convient déjà d’interroger, et sur ce point nous laissons la place aux réflexions des différents contributeurs (voir § 3 ci-dessous), de même que sur les autres bouleversements sociaux, par exemple dans le domaine des sanctuaires et dans celui de la production, qui ont eu lieu lors de la période qui nous intéresse.

2. Une question de méthode: le rôle du contact culturel face à l a dynamique conservatisme-innovation dans les institutions des aires osques et messapiennes

Toutefois il y a encore une réflexion que nous souhaitons exposer dès cette introduction, car elle sous-tend, à des degrés divers, tous les chapitres du présent volume. Des trois facteurs explicatifs couramment invoqués dans les études historiques, conservation, contact, création, il nous semble certain que le second doit jouer un rôle important dans nos réflexions sur les aires osques et messapiennes entre IVe et IIe s. Un contact qui nous paraît a priori majeur est celui qui se fait entre les populations indigènes et l’hellénisme. Le contact avec Rome, cependant, peut aussi être pris en compte, puisque l’aire passe tout entière sous hégémonie romaine entre le milieu du IVe et le milieu du IIIe siècle, mais il importe de souligner que la période que nous avons choisi d’étudier commence avant la mise en place de l’hégémonie romaine. Voici donc les données qui encadrent la recherche que nous avons désiré mener: l’essor de phénomènes de type urbain, celui de l’écriture monumentale, dans deux aires très liées au monde grec et progressivement soumises à l’hégémonie romaine. Cela ne veut pas dire que le premier et le troisième facteur, le conservatisme et la créativité, soient sans importance. Il est frappant, par exemple, que la tradition épigraphique osque de Rossano di Vaglio soit, du moins pour les données que nous possédons présentement, un phénomène strictement limité à ce sanctuaire. Les auteurs de ces inscriptions ayant développé un usage de l’écriture qui leur est spécifique, il n’est pas possible de renvoyer celui-ci à un simple phénomène de contact, de diffusion de l’écriture par ondes à partir d’un ou de plusieurs centres qui auraient servi de modèles. Cela ne veut pas non plus dire que d’autres sanctuaires, peut-être à d’autres niveaux d’importance sociale, seraient plus conservateurs: ces sanctuaires peuvent avoir été le théâtre d’innovations dans d’autres domaines que l’écriture. Ainsi, il nous semble a priori nécessaire de prendre en compte plusieurs échelles géographiques emboîtées les unes dans les autres (liées éventuellement à des communautés de différents niveaux, sur le plan politique par exemple), et des modèles explicatifs qui font place à la nouveauté radicale, à l’invention locale, au-delà des problématiques importantes, mais peut-être surévaluées, liées aux contacts.

En tout état de cause, il peut sembler certain qu’il y a des différences nettes entre l’aire osque et l’aire messapienne, mais sur ce point aussi la prudence s’impose: ces différences relèvent en partie d’un biais de nos études, à savoir la séparation très étanche entre spécialistes d’osque et de messapien, pour la langue et même pour l’archéologie. Dans quelle mesure ce biais a des conséquences sur nos analyses, c’est un des enjeux du présent volume.

3. Plan du volume

Autant que possible, nous avons souhaité étudier ensemble ou du moins dans les mêmes termes la très vaste aire osque et la bien plus petite aire messapienne, dont la position, cependant, est intéressante, puisqu’elle oriente vers des liens encore plus étroits avec le monde grec et vers un éloignement plus grand par rapport à Rome, peut-être pas seulement géographiquement. À cette fin, nous avons défini six axes d’études autour desquels nous avons articulé dix-sept chapitres individuels destinés à éclairer, par un dialogue interdisciplinaire entre linguistique, histoire, épigraphie et archéologie, les principaux aspects de l’histoire institutionnelle des communautés de langues osque et messapienne. Ces six axes sont définis comme suit: alphabétisation et graphie (chapitres 1–3), contacts linguistiques (chapitres 4– 6), modèles philosophiques, littéraires et juridiques (chapitres 7–8), groupes humains et collectivités (chapitres 9–11), assemblées et magistrats (chapitres 12–13), territoires (chapitres 14–17).

Dans la partie intitulée «alphabétisation et graphies» sont discutés les modèles et processus qui président au développement des traditions alphabétiques et des habitus épigraphiques propres aux communautés de locuteurs osques (N. Zair, chapitre 1 et M. J.  Estarán Tolosa, chapitre 3) et messapiens (R. Wachter, chapitre 2). La partie «contacts linguistiques» recherche les traces de contacts linguistiques entre langues sabelliques et messapienne établis antérieurement aux premières attestations écrites de ces langues (R. Pitts, chapitre 4). Cette étude de la situation préhistorique est complétée par une description synthétique du paysage linguistique de l’Apulie à l’époque historique (J. Matzinger, chapitre 5) et par un examen détaillé des lexèmes messapiens susceptibles de trouver leur origine dans des emprunts lexicaux aux langues italiques (D. Savić, chapitre 6). Cette première moitié du volume, d’orientation surtout philologique et linguistique, est complétée par deux études élargissant le champ de recherche au vaste domaine de la circulation des courants intellectuels. Sous l’étiquette de «modèles philosophiques, littéraires et juridiques» sont rassemblés deux chapitres portant sur les modèles grecs employés pour la composition d’épitaphes poétiques en osque (E. Dupraz, chapitre 7) et sur la question du droit osque, abordée à travers l’examen du bronze de Rapino (R. Fiori, chapitre 8).

La suite du volume se tourne vers l’histoire des institutions politiques, comprise dans ses aspects administratifs, diplomatiques, religieux et territoriaux. Dans la partie consacrées aux «groupes humains et collectivités», nous étudions les processus historiques de formation des collectivités et leurs reflets dans la formation des ethnonymes (M. Aberson et S. Bourdin, chapitre 9), la constitution des panthéons propres aux groupes sociaux de langue osque (M. Di Fazio, chapitre 10) et le cadre conceptuel des relations diplomatiques entre les communautés en Italie méridionale depuis les premiers témoignages jusqu’à la guerre des Alliés (L. Silva Reneses, chapitre 11). Les deux contributions de la partie «assemblées et magistrats» portent sur les organes politiques des communautés de langue osque, l’aire messapienne étant laissée de côté faute de documentation. Les témoignages épigraphiques et archéologiques concernant les assemblées et leurs lieux de réunion sont d’abord passés en revue (L. Cappelletti et L. Aniceto, chapitre 12); puis les attributions des magistratures individuelles et collégiales sont répertoriées et mises en relation avec l’origine de leurs noms dans le but de mettre au jour les emprunts institutionnels au modèle romain dans l’aire osque (A. Viredaz, chapitre 13). Enfin, les dernières études du volume sont consacrées à la structuration conceptuelle et spatiale des territoires occupés par ces communautés. Après une description détaillée des principaux traits sémantiques et morphologiques de la toponymie sabellique (P. Poccetti, chapitre 14), le

Primary and secondary models for Oscan writing systems

1. Introduction

At different times and in different places, Oscan was written using several different alphabets, including all four of the most widespread alphabets in Ancient Italy: Etruscan, Greek, Roman, and what I will call the Oscan alphabet (also sometimes known as the Native or National alphabet), as well, perhaps, as the much more localised alphabet of Nuceria. The purpose of this chapter is to lay out the ways in which these alphabets and their orthography were adopted and adapted to write Oscan. This involved a number of different processes in different contexts: the Etruscan, Greek and Roman alphabets had already been used to write other languages before Oscan-speakers adopted them, whereas the Oscan alphabet was – as far as we know – created specifically to write Oscan (but see fn. 9). As we shall see, the main basis for the Oscan alphabet was the Etruscan alphabet, but the existence of certain other letters is due to knowledge of, and influence from, another alphabet (or other alphabets). However, even the writing of Oscan in the other alphabets often shows signs of influence from other writing systems.

1.1 Primary and secondary models

This fact underlies the distinction I make between ‹primary› and ‹secondary› models, which is inspired by Lejeune’s influential observation that «les créateurs de l’écriture osco-étrusque se sont inspirés d’un modèle principal étrusque, mais ils ont completé […] par recours à un modèle accessoire grec […]. Les créateurs de l’écriture osco-grecque se sont inspirés d’un modèle principal grec, mais ils l’ont complété […] par recours à un modèle accessoire oscoétrusque».1 As I will go on to show, in my view the secondary effect of the Oscan alphabet on Oscan written in the Greek alphabet is much more limited than Lejeune supposed, but the distinction between ‹modèle principal›/primary model and ‹modèle accessoire›/secondary model is a helpful one that I will be using throughout. However, it should be established at the outset that the primary / secondary distinction can refer to two different processes in the development of a writing system.

The first is the creation of an alphabet, strictly defined as the development of individual letters and the phonemes associated with them. In this case, the primary model will be the alphabet which provides all or the majority of the letter shapes of the abecedary and (perhaps

1 Lejeune 1970, p. 272. Lejeune’s ‹osco-étrusque› corresponds to what I am calling the ‹Oscan› alphabet, and ‹osco-grecque› to what I am calling the ‹Greek› alphabet (when used to write Oscan).

to a lesser extent) the association between them and the phonemes of the language which the alphabet is being adopted to write, while the secondary model will be the alphabet that provides fewer letters and / or which has an effect on the phonemes associated with some letters. The second process is the development of the orthography of a writing system, rather than its alphabet, that is to say the rules surrounding the relationship between (one or more) letters and the phoneme(s) they represent.2 Distinguishing between the primary and secondary model is not always easy.

The Roman alphabet and its orthography provide a good example of both these processes.3 That the primary model was Etruscan is strongly suggested by the value of /k/ for <c>, which reflects the non-existence of phonemic voiced stops in Etruscan, since <c> is descended from Greek <γ> /g/. For the orthography, evidence is provided first by the so-called ‹rule› that <c>, <k>, and <q>, all representing /k/ in the Etruscan alphabet of the late eighth or early seventh century BC , were used according to whether followed by <e> or <i>, <a>, and <u> respectively.4 And, secondly, by the carrying over from Etruscan of the digraph <vh> originally used to represent /f/, a phoneme absent from Greek.

However, the use of the letters <b> and <d> to represent the voiced stops /b/ and /d/, along with the restoration of <o> for /ɔ/, all phonemes absent from Etruscan, are due to influence from the Greek alphabet – the secondary model. Although Etruscan abecedaries at the time that the Roman alphabet was invented did include <b>, <d>, and <o>, these were ‹dead› letters since Etruscan did not possess voiced stops or a non-high back vowel. The assignment of the letters to the correct phoneme reflects knowledge of the Greek alphabet on the part of the early adopters of the Roman alphabet. The Greek alphabet also acted as a secondary model several centuries later, when the Romans started (re-)using the Greek letters <y> and <z>.

As these examples show, the effect of a secondary model on the alphabet or orthography of a writing system can be more or less contemporary with the primary model, or it can take place significantly later. A primary model’s alphabetic and orthographic effects, by definition, occur first at the very beginning of the adoption / adaptation of an alphabet; but if users of the primary model remain in, or re-establish, contact with the users of the new alphabet, new developments in the primary model can continue to have effects on the new alphabet and its orthography.

1.2 Identifying alphabets

Some further methodological issues arise around the question of identifying the writing systems used for Oscan. Given the interrelationships between the Greek, Etruscan and Oscan alphabets, it is not always possible to identify which one is in use in a particular inscription which happens to lack letters or orthography which can be used as a diagnostic criterion;

2 For instance, using Latin as an example, the questions in the Classical period of whether to write /ks/ as <x> or <xs>, /ae/ as <ai> or <ae>, /kausa/ as caussa or causa. The combination of orthographic rules, letter shapes and order of letters etc. is referred to as the ‹corpus dottrinale› by Prosdocimi in Pandolfini, Prosdocimi 1990, p. 188 –189.

3 Wallace 2011, p. 10–12.

4 A rule, however, followed more in the breach than the observance in early Latin (Hartmann 2005, p 424– 425; Sarullo 2021).

As expected, the version of the alphabet is that characteristic of Southern Etruria, with �� for <s> and <c> for /k/ except, surprisingly, in kanuties (Saticula 4), which may be in the Oscan alphabet, or reflect Oscan-alphabet influence.

3. Alphabet of Nuceria

The alphabet of Nuceria is also known as the ‹Opic› or ‹Ausonic› alphabet.17 Three Sabellic inscriptions of the sixth century BC are found in this alphabet from Nuceria Alfaterna, Surrentum and modern Vico Equense, of which one (Surrentum 3) could be Oscan; the others are unlikely to be, on the basis of esum ‹I am› (Surrentum 2, Nuceria Alfaterna 3).18 Unfortunately, the reading of this inscription, consisting of two names, is highly debated. Russo’s original publication gave the possibilities rufieis pafieis or urufieis pafieis, depending on whether the initial symbol is meant to be a letter or a marker of the beginning of the inscription (two vertical strokes follow both words).19 Imag. Ital. prints urugieis pagieis but translates ‹Orcius son of Pacius›. La Regina argues instead for quite a different reading, loukieis pakieis. 20

Any of these readings would be consistent with Oscan; if urufieis or urugieis were correct, this would be strong evidence in favour of the language being Oscan (or, in principle, Paelignian), since only these of the Sabellic languages undergo anterior epenthesis, i. e. the insertion of a vowel into a sequence of /l/, /r/ or /n/ followed by another consonant with a different place of articulation.

The primary model for the alphabet is generally supposed to be either the Euboean alphabet from Cumae, or that of the Ionic dodecapolis from Velia, founded by the Phocaeans around 535 BC 21 The development of the ‹Christmas tree› symbol (see Fig. 2) for /s/ may point to the latter, since it seems more likely to come from the Ionic form of xi with side openings (��) than from the Euboean boxed version (��), which is also the form found in early Etruscan abecedaries. Alternatively, Rix sees the alphabet of Nuceria as identical to or closely related to the South Picene alphabet (which itself was based on Etruscan and Greek models).22

Nuceria Alfaterna 6 (c. 500 BC); Nuceria Alfaterna 7 (475–450 BC); and Capua 35 (450–400 BC; which is called ‹Palaeo-Oscan› by Cristofani 1993 but is probably in another Sabellic language).

17 On which see Maras 2020, p. 955–956.

18 Both (probably: see Poccetti 2010, p. 91) also have genitive singulars in -es, by comparison to the -eis in Surrentum 3.

19 Russo 2005. The argument for a non-letter analysis of the first sign rests on the existence of an initial sign in Nuceria Alfaterna 3, which is described in Imag. Ital., p. 909 as a «long stroke, bifurcated at the bottom, […] clearly a demarcator, not a letter»; like Surrentum 3, this inscription also has the two vertical strokes after each word. The initial sign of Surrentum 3 is also bifurcated, although much smaller, and the longer stroke runs horizontally rather than vertically, as in Nuceria Alfaterna 3. It seems to me impossible to adjudicate between a mark of punctuation and a letter other than by what produces the most plausible reading. Surrentum 2 also begins with a vertical (but not bifurcated) stroke, not reaching down as far as the bottom as the other letters. Editors have varied as to whether to take this as a marker of the start of the inscription or an <i>.

20 La Regina 2019.

21 Imag. Ital., p 16; Maras 2020, p. 995.

22 Rix 2005. It is not clear to me exactly what relationship between the alphabets Rix envisages; he states that the alphabet of Nuceria (which he calls ‹opikisch›) «stimmte […] weitgehend» (Rix 2005, p. 324) with

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