








« À l’aube de cette nouvelle année, l’ensemble de l’équipe de Expresso Business se joint à moi pour vous souhaiter nos meilleurs vœux.
Puisse 2022 être l’année de la résilience, de l’impact et de l’utile.
Plus d’impact orienté vers vos entreprises
Un impact centré sur le soutien à la compétitivité de vos entreprises avec des offres spécifiques.
Nous démarrons 2022 avec des offres attractives, des terminaux robustes, des solutions innovantes, des liaisons spécialisées à une vitesse grand V, un réseau mobile de
Conscients des mutations de nos sociétés modernes, sachiez que nous sommes résolument tournés vers la transformation digitale pour une expérience client simplifiée.
Cette année 2022 sera marquée, par cette double exigence d’innovation produits et de support client le long du , le tout porté par une ambition d’être un levier de croissance pour les entreprises.
Que 2022 soit l’année des succès et de la réalisation de tous
Directrice Commerciale Pôle Entreprise.
PAR ZYAD LIMAM
Le football a des vertus magiques. Le 6 février, dans la nuit chaude de Yaoundé, pour cette finale au bout du suspense, au bout des prolongations, au bout des tirs au but, Sadio Mané n’aura pas tremblé. Le Sénégal est champion d’Afrique de football ! Un moment unique de rédemption triomphante après les échecs douloureux du passé. La victoire fut belle et la fête fut énorme. Avec des millions de gens dans les rues de Dakar, des autres villes et des villages, des éclats de joie dans toutes les diasporas à travers le monde. Comme s’il fallait se retrouver uni, autour de cette nouvelle « sénégalité » nationale, marquée par la victoire. Comme si les Sénégalais avaient besoin d’« être ensemble ». Comme pour dépasser, juste un temps, juste un moment, les tensions et les déchirements de la scène politique, les débats électoraux. Comme aussi pour souligner les nouvelles ambitions d’une nation souvent montrée en exemple, mais dont le dynamisme économique et l’émergence semblaient comme contraints, freinés, en attente.
La symbolique du foot, celle des Lions de la Teranga, et la réalité se rejoignent. Après de très longues années de croissance en dents de scie, le Sénégal s’est engagé depuis 2012 dans une politique d’investissements, de grands travaux, de réformes pour se montrer plus compétitif. Le secteur privé est appelé à croître et à y croire. L’objectif est d’aller plus vite, plus loin et se poser enfin comme l’un des champions du continent, un hub incontournable. Les chemins de cette émergence sont exigeants. Nous sommes ici dans l’une des économies les plus dynamiques du monde sur le plan de la croissance, mais l’on vient de loin. La 21e du continent et la 4e de la sous-région ouest-africaine, après le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Ghana, doit se moderniser à marche forcée. C’est le rôle du Plan Sénégal Emergent. Et c’est la ligne directrice du président Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019. Il faut gérer de front tous les sujets : compétitivité, croissance, exportations, équipements, changements
climatiques, développement durable, inclusion sociale, protection des plus modestes… Le Sénégal aura aussi subi de plein fouet la crise du Covid-19, cette disruption stupéfiante à l’échelle planétaire, l’impact sanitaire et social, la fermeture des frontières, le tarissement des échanges et des financements. Dans cette période particulièrement difficile, douloureuse, le pays a su se montrer résilient. Et aussi innovateur. L’une des premières usines de vaccins d’Afrique francophone ouvrira dans les mois à venir à Dakar. Et symbole d’une ambition à plus long terme, en 2026 devraient se tenir à Dakar les 4es Jeux olympiques de la jeunesse, une première historique pour le continent !
Tout se retrouve. Le Sénégal, c’est aussi cette formidable vivacité culturelle, littéraire, musicale, cette « empreinte » qui va loin, celle d’un véritable soft power quasiment inégalé en Afrique. C’est la terre des contradictions créatives entre la tradition et le changement, celle de sociétés civiles actives, d’une jeunesse engagée et revendicative.
Ce numéro d’Ensuite, collection de horsséries d’Afrique Magazine, vous emmène donc à Dakar et au-delà, à la rencontre d’un pays ambitieux, en mouvement. À la découverte de cette nation complexe, multiple, sahélienne, et déjà ouverte sur les tropiques, à la fois orientée vers le cœur du continent et vers le grand large de l’Atlantique, marquée par l’histoire tragique de la traite négrière, celle des révoltés du camp Thiaroye et des poèmes de Senghor, de ce Sénégal tout à la fois mystique, religieux et laïc. Ensuite s’intéresse au monde qui vient, à ce qui change, à ce qui évolue, à ces frontières de l’émergence, où se jouent une grande partie de l’avenir de l’humanité. Chaque parution se dirige vers une ville, un pays, ou s’empare d’un thème, qui incarne les défis auxquels nous faisons face, les changements que nous devons comprendre et les opportunités auxquelles nous pouvons prétendre.
Le Sénégal se trouve sur ces lignes de crête.
Bon voyage ! ■
2022 Un hors-série
3 ÉDITO
Champion d’Afrique par Zyad Limam
6 ZOOM
DES GRANDS ANGLES ET DES IMAGES
POUR VOUS RACONTER par Zyad Limam
14 COMPRENDRE
TENDANCES, CHIFFRES ET ÉVOLUTIONS par Zyad Limam
22 MELTING-POT
LES GENS, LES LIEUX, LES SONS ET LES COULEURS Mohamed Mbougar Sarr, Goncourt du pays sérère
130 PORTFOLIO
L’art du portrait par Alexandra Fisch
154 POUR CONCLURE
Nangadef ! par Emmanuelle Pontié
TEMPS FORTS
38 Sortir renforcé de la crise par Jean-Michel Meyer
46 Abdou Karim Fofana : « L’industrialisation se trouve au cœur de nos ambitions » propos recueillis par Emmanuelle Pontié
52 Dakar vise l’avenir par Jérémie Vaudaux
60 Baïdy Agne : « Lorsque les entreprises s’unissent, tout est possible » propos recueillis par Zyad Limam
66 Sahid Yallou : « Vous pouvez investir en toute con fiance » propos recueillis par Jérémie Vaudaux
70 Moustapha Sow : « L’heure de l’aide au développement est révolue ! » propos recueillis par Emmanuelle Pontié
74 À l’épreuve de la donne climatique par Djiby Sambou
80 Dakar s’échauffe à quatre ans des JOJ par Jérémie Vaudaux
86 Mamadou Diagna Ndiaye : « Les JOJ donneront à voir la richesse et la diversité de l’Afrique » propos recueillis par Zyad Limam
FONDÉ EN 1983 (38e ANNÉE)
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Zyad Limam
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION DIRECTEUR DE LA RÉDACTION zlimam@afriquemagazine.com
Assisté de Laurence Limousin llimousin@afriquemagazine.com
RÉDACTION
90 L’âge des rêves et de l’action par Estelle Ndjandjo
98 Pour un voyage new-look par Jérémie Vaudaux
102 Samir Rahal : « Nous avons tout ce qu’il faut pour réussir » propos recueillis par Emmanuelle Pontié
104 La belle musique de Saint-Louis par Olivia Marsaud
110 Jean-Pierre Langellier : « La qualité du débat démocratique au Sénégal doit beaucoup à Senghor » propos recueillis par Cédric Gouverneur
116 Le flow des dames par Sophie Rosemont
120 Felwine Sarr : « Il faut sortir la francophonie de son carcan institutionnel » propos recueillis par Astrid Krivian
124 Sénégal design par Luisa Nannipieri
137 LE TRAVELER GUIDE LE VOYAGE, LES SPOTS, LES GENS ! par les voyageurs de la rédaction P.90
ANNONCEURS
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Expresso p. 2 – APIX p. 20-21 - CBAO p. 27 - Ellipse Projects p. 36-37 - Port Autonome de Dakar p. 58-59 - Plan Sénégal Emergent p. 72-73 – CSE p. 85 – Senegal Supply Base p. 96-97 – Ageroute p. 136 - Ecobank p. 155 - Port Autonome de Dakar p. 156
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Des grands-angles et des images pour vous raconter présenté par Zyad Limam
ELLE EST CONSUBSTANTIELLE À DAKAR, cette fameuse corniche, bordée par l’océan Atlantique, chaussée spectaculaire, parfois chaotique, souvent encombrée, objet des convoitises immobilières et champ de lutte avec associations de riverains et protecteurs de la nature. La corniche, c’est aussi un renouvellement permanent. Le nouveau projet prévoit une réhabilitation sur plus de 9 kilomètres, avec une remise à niveau des équipements sportifs, du marché de Soumbédioune, la revégétalisation de l’ensemble, la lutte contre l’érosion. Et face à la fameuse Université Cheikh Anta Diop, un forum tout à la fois symbolique et efficace qui pourra accueillir près de 200 étudiants par jour, et même une fois le soleil couché. ■
FINALE DE LA COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS, à Yaoundé, 6 février 2022. Un ultime tir au but, tout en puissance, pour crucifier l’infranchissable gardien égyptien. Sadio Mané, capitaine triomphant des Lions de la Teranga, n’a pas tremblé, portant son équipe au sommet du football africain. Une enthousiasmante revanche après l’échec de 2002 et celui de 2019. Le Sénégal s’est libéré d’une ombre envahissante, celle d’une équipe de toutes les promesses, qui rentre sans trophée. Ce fut donc une fête magnifique pour tout un pays, et pour toutes les diasporas disséminées aux quatre coins du monde, soudées dans ce moment de gloire. ■
ICI, À TOUBA, résonnent toujours les mots de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie mouride, à la fin du xixe siècle. Particulièrement implanté au Sénégal et en Gambie, le mouridisme ne cache pas sa forte influence sur la vie sociale, économique et religieuse. Incarnation de ce rayonnement, la Grande Mosquée, l’une des plus vastes d’Afrique, dont les minarets peuvent se voir à des kilomètres de la ville. La construction, décidée en 1926 par le premier fils d’Ahmadou Bamba, fut épique, entre crise économique mondiale, manœuvres coloniales françaises et Seconde Guerre mondiale. Le voyage de Touba est à faire à l’occasion du grand Magal, stupéfiante fête religieuse qui peut rassembler près de 3 millions de pèlerins. ■
IL N’IMAGINAIT PAS SCULPTER AILLEURS qu’au Sénégal. Il travaillait sur des armatures de fer, en utilisant une alchimie quasi secrète de matières, donnant vie à des personnages à la fois monumentaux et fragiles. Ousmane Sow nous a quittés le 1er décembre 2016 et reste probablement le plus grand artiste contemporain du pays. Lui et une multitude d’autres talents incarnent une étonnante modernité artistique, un foisonnement et une rare liberté créative qui fait souvent contrepoids au conservatisme social. Une dualité tout à fait sénégalaise. ■
Sculptures faisant partie de la série « Peul » (1993) : de gauche à droit, Scène de jeu amoureux
L'Adolescent et le bélier, Scène familiale, Scène de tressage et Scène du sacrifice
Tendances, chiffres et évolutions par Zyad Limam
CE N’EST PAS SIMPLE, c’est le moins que l’on puisse dire, les débats sont souvent vifs, excessifs, la tension sociale accentue les clivages et l’opportunisme de certains, la presse ne ménage personne, et souvent le fond cède la place au « verbe » et à la forme. Mais le Sénégal reste une démocratie, même en construction. Un exemple dans une région où les reculs sont frappants. Un pays où les élections ont encore du sens. Comme celles toutes récentes, municipales et départementales, qui ont eu lieu le dimanche 23 janvier. Et qui ont souligné la vigueur des oppositions, le caractère frondeur des grandes villes, comme Dakar et Ziguinchor, dont le premier édile est désormais Ousmane Sonko, ténor de l’opposition, pressenti pour être l’un des principaux candidats à l’élection présidentielle de 2024. Macky Sall sait que le chemin est ardu, avec comme prochaine étape des élections législatives en juillet 2022.
L’enfant de Fatick, né le 11 décembre 1961 dans une grande famille du Fouta-Toro (région de l'extrême nord et nord-est), élu président une première fois en 2012 contre le supposé indéboulonnable Abdoulaye Wade, va vite prendre ses marques dans une société politique particulièrement compétitive et imposer son autorité. Macky Sall est un « omniprésident », impliqué dans tous les dossiers, avec un agenda chargé du matin au soir. Il suit avec attention les projets qui lui tiennent à cœur, et ceux qui le côtoient dans le travail retrouvent le sens du détail propre à sa formation d’ingénieur géologue. Les ministres sont « marqués » de près, et tout ce qui compte ou presque remonte vers un arbitrage présidentiel. Il navigue avec habileté dans les différents Sénégal, à l’aise à l’intérieur du pays, attaché aux traditions, au confrérisme, à la culture religieuse, tout en étant décidé, dans une forme de « en même temps », à réformer le pays, à le moderniser vraiment sur le plan économique. Macky Sall aime la politique, le contact, il ne craint pas le rapport de force. Mais il veut être avant tout le président de l’émergence.
Il prend le temps d’« écouter » une scène en constante évolution, mais on sent un chef de l’exécutif dans une forme d’urgence, urgence de faire avancer les réformes, les projets, de contrôler l’avancement, de conclure les travaux, d’aller plus vite dans la mise en place des infrastructures, des réalisations, dans la concrétisation des promesses. Il faut que ça bouge dans un pays où les résistances peuvent être multiples. Et le président est jeune. Il aura 62 ans en 2024 à l’échéance de son mandat, on ne sent pas une personnalité usée par le pouvoir, bien au contraire.
Il y a bien sûr le débat sur le possible troisième mandat présidentiel qui agite la classe politique. Macky Sall réserve sa décision, tout en soulignant, malgré les vives oppositions, que le droit lui ouvre cette possibilité (avec la mise en place de la réforme constitutionnelle de 2016). Et tout en martelant que le moment n’est pas venu, que la priorité, c’est le travail. Macky Sall connaît son pays, mesure l’importance de cette décision. Trop tôt ou trop tard, et tout peut basculer. Trop tôt ou trop tard, et la substance de son pouvoir pourrait lui échapper au profit d’une classe politique où les ambitions ne manquent pas. Il mesure aussi son influence sur la scène internationale, de Paris à Washington, il sait qu’il fait partie des éléments clés, stabilisateurs d’une région aux prises avec la menace djihadiste et la résurgence des coups d’État. Le mandat qui s’ouvre à la présidence de l’Union africaine (UA) lui permettra de s’investir à l’échelle continentale, de prendre du champ. Et le poste de Premier ministre supprimé au lendemain de l’élection présidentielle de 2019, devrait être très bientôt rétabli. L’échéance est dans un peu plus de deux ans, Macky Sall prend son temps, les transitions et les successions sont toujours complexes, et la décision sera historique. En attendant, il restera fermement au centre du jeu, chef d’État et chef politique.
EN PRENANT SON MANDAT à la tête de l’Union africaine (UA), Macky Sall hérite de multiples dossiers particulièrement brûlants. Coups d’État au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, transition dynastique au Tchad, crise des processus démocratiques, menaces terroristes au Sahel, crise sanitaire et économique liée au Covid-19… L’organisation panafricaine ne peut pas faire de miracle. Mais la présidence annuelle reste pourtant une précieuse occasion de porter un message fort, de tracer des lignes directrices. D’« énergiser » et de rassembler l’Afrique à un moment particulièrement critique. Macky Sall se prépare depuis des mois à cette quatrième présidence sénégalaise de l’UA. L’Éthiopie, pays hôte de l’Union, géant multiethnique, champion de la croissance, est confrontée à une crise véritablement existentielle. Et la tenue d’un sommet à Addis-Abeba semble encore incertaine au moment où ces lignes sont écrites. Sommet menacé également par les nouvelles vagues de Covid-19, et le variant à haute transmission Omicron. La vaccination du continent reste un enjeu majeur, et il faudra certainement une voix déterminée pour souligner l’égoïsme des pays riches qui accumulent les doses, alors que 10 % de la population africaine seulement est entièrement vaccinée. La souveraineté vaccinale du continent s’impose comme une priorité. Dans cette affaire du siècle, le Sénégal est en avance. À Dakar, l’Institut Pasteur doit commencer d’ici fin 2022 une production locale avec un objectif de 300 millions de doses. Derrière la crise sanitaire se profile aussi l’urgence d’une relance économique massive pour une Afrique frappée de plein fouet. L’Afrique aura fait la preuve d’une relative résilience sanitaire, mais elle aura connu la pire crise économique depuis un demi-siècle. Pour Macky Sall, l’enjeu est réel. Il faudra pousser les pays riches, qui croulent sous les liquidités, à transformer leurs promesses en apports réels.
Cette question d’une plus grande justice pour le continent pourrait également motiver le président sur un dossier qui lui tient particulièrement à cœur : la représentation de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Depuis des années, elle demande deux sièges de membres permanents, représentatifs de sa population. Il est temps que ce dossier bouge.
Un soft power à la recherche de son nouvel équilibre
L’IMAGE, LA PERCEPTION, la résonance Sénégal dépasse largement ses frontières. Le monde entier ou presque connaît le nom de Sénégal, le pays de l’île de Gorée et de sa maison des esclaves, le pays africain d’une démocratie relative mais durable, le pays de Léopold Sédar Senghor, incarnation du mouvement de la négritude. Le pays de Saint-Louis aussi, ville des confins du Nord, tout aussi puissante dans l’imaginaire que Dakar, le pays de l’aéropostale et des tirailleurs sénégalais, le pays de la tragédie de Thiaroye, presque fondatrice des premiers mouvements anticolonialistes. Le pays aussi de cette étonnante mixité religieuse, où se croisent islam et chrétienté, syncrétisme et confrérie. Ce pays d’Afrique, phare de la francophonie, où pourtant l’on parle plus souvent wolof que français. C’est le pays du ParisDakar, le vrai et le seul, avec l’arrivée sur le lac Rose. C’est le pays du mbalax, la première des musiques globales africaines, le pays de Youssou N’Dour. Le pays de l’immense Ousmane Sow, sculpteur de la matière aux secrets inviolés. Le pays d’une nouvelle génération d’artistes, de musiciens, de photographes, de peintres, d’écrivains, comme le tout récent prix Goncourt, Mohamed Mbougar Sarr, qui tentent tous de fusionner tradition et audace contemporaine. Le pays aussi d’une diaspora impliquée, soucieuse du retour permanent. Ces fulgurances, cette diversité, cette profondeur sont souvent remises en question par les conservatismes, le poids des traditions et des dogmes religieux. Le Sénégal est encore dual, mais la lutte pour son centre de gravité est réelle, sans concession.
Macky Sall a pris la tête de l’Union africaine le 5 février, pour un an. Ici, le siège de l'organisation, à Addis-Abeba, en Éthiopie.
Le défi de la croissance et de l’inclusivité
ENTRE 2014 ET 2019, le Sénégal a enregistré une croissance annuelle supérieure à 6 %. L’arrivée au pouvoir de Macky Sall en 2012 aura enclenché un véritable processus d’ambition économique après de longues années de performances en dents de scie, soumises aux aléas de la climatologie et des cours de l’arachide. Avec la mise en place du Plan Sénégal Emergent (PSE), le pays se dote dès la fin 2012 d’une vision à long terme. Avec des projets novateurs dans le domaine des infrastructures, des services, des transports, de l’agriculture… Objectif : accéder au statut d’économie émergente d’ici 2035. Les jeunes entrepreneurs, femmes et hommes, bousculent l’ordre établi et se montrent audacieux dans des secteurs d’innovation comme la tech ou les télécommunications. Pour le Sénégal, le positionnement affiché est de s’imposer comme le hub principal de l’Afrique de l’Ouest. Un véritable changement de paradigme.
La pandémie de Covid a donné un coup de frein brutal à ce cycle prometteur. Elle a souligné aussi les faiblesses structurelles du pays. Avec un PIB global de 25 milliards de dollars et un revenu par habitant de 1 500 dollars par an, l’économie demeure contrainte par la pauvreté. La crise sanitaire est venue assécher les capacités budgétaires de l’État, les ressources du tourisme, et impacter frontalement le secteur informel. Les événements de mars 2011 ont montré à quel point la rue pouvait être réactive à ce cocktail détonnant de précarité économique et de discours populistes d’une partie de l’opposition.
Le pays a su se mobiliser autour du programme de résilience économique et sociale et d’une réorientation des objectifs du PSE vers des secteurs plus inclusifs de l’économie. La sortie de crise s’organise : 2022 devrait être une année de reprise de la croissance. L’espoir à plus long terme est réel, à condition que le rythme des réformes, l’impératif d’inclusivité et la stabilité politique restent les clés de ce nouveau modèle sénégalais.
Un pays jeune aujourd’hui et demain
PRÈS DE 54 % DE LA POPULATION A MOINS DE 19 ANS (et plus de 40 % moins de 14 ans). Les taux de fécondité restent élevés (avec toujours 4 à 5 enfants par femme) dans un pays où la limitation des naissances et le débat sur la contraception restent des tabous puissants. En 2030, le Sénégal pourrait compter plus de 22 millions d’habitants (dont l’âge médian sera d’un peu plus de 20 ans). Et atteindre les 35 millions d’habitants en 2050. Cette jeunesse est à la fois une formidable opportunité, une source de créativité, d’énergie, la possibilité aussi de développement d’un marché intérieur plus dynamique [voir pp. 90-95]. Ils et elles croient en l’avenir, ont confiance, selon des études récentes. Mais cette jeunesse, c’est aussi une formidable pression sur l’appareil social et politique. Il faut former et éduquer ces centaines de milliers d’enfants, créer les emplois nécessaires, aménager les règles sociales sur les relations amoureuses, le mariage, mettre fin au « grand frérisme » dans les sphères publique et privée, favoriser l’autonomie. Leur (re)donner confiance dans le système politique, les faire adhérer durablement au processus démocratique. Et les éloigner des tentations mortifères, celle de la violence ou de l’exil, quel que soit le danger. Pour le Sénégal, comme pour l’Afrique, l’enjeu de la jeunesse est essentiel. Sans emplois, sans perspectives, sans enthousiasme, le risque de dérapage social est immense.
C’est dans ce pays intrinsèquement jeune qu’auront lieu, en 2026, les 4es Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) [voir pp. 80-89]. Une première historique et olympique pour l’Afrique. Un symbole pour le Sénégal. Un véritable défi logistique, financier, humain également. Le défi aussi justement de mobiliser autour de cet événement hors norme. Il reste quatre ans pour que la fête commence et qu’elle soit réussie. ■
Le futur stade de Diamniadio accueillera les Jeux olympiques de la jeunesse de 2026.
Accompagner les investisseurs étrangers et nationaux au Sénégal
Promouvoir l'image économique et l'attractivité de la Destination Sénégal
Participer à l'effort national de mise à niveau des infrastructures
Fournir des services aux investisseurs
Améliorer l'Environnement des Affaires
Co-construire l'Administration de demain
Promotion des investissements
Plateforme de l'investissement
Guichet unique
Grands travaux
Environnement des affaires
Rigueur
Efficacité
Confidentialité.
Assurer le secrétariat permanent du CPI et piloter le programme des réformes
Mise à niveau des infrastructures
La maitrise du cadre fiscal, législatif et réglementaire
La documentation adéquate en 48h chrono
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L'assistance à la libération d'emprises
Les services décentralisés
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PHÉNOMÈNE
Le romancier de 31 ans, à la discipline d’ascète, a obtenu, en novembre 2021, la PLUS PRESTIGIEUSE DISTINCTION LITTÉRAIRE française.
Portrait intime signé Elgas, un autre jeune talent de la scène sénégalaise.
PARIS, quartier des Grands Boulevards, le 3 novembre 2021, 19 heures. Dans ce bar-restaurant de la rue Rougemont, à quelques pas du siège de l’éditeur Philippe Rey, la fête commence. On y attend dans l’effervescence l’homme du jour. L’émotion est palpable, la joie contagieuse. Domine plus encore le sentiment de vivre une soirée déjà historique. Ne manque que le bouquet final : l’homme lui-même, happé, pour l’heure, par le tourbillon médiatique. C’est d’abord le plateau du Journal de 20 h, La Grande Librairie en direct ensuite, après l’après-midi au restaurant Drouant. Amis, proches, collègues du Paris littéraire, tous sont là pour le féliciter. Vers 22 heures, il arrive, sous les vivats. Sa silhouette longiligne domine l’assistance. Embrassades, accolades, mercis en rafales, il improvise sur les marches un discours, où la pudeur émue le dispute à l’humilité. Une certaine candeur le sauve de la gloire ivre. Mohamed Mbougar Sarr vient, à 31 ans, d’accrocher le plus prestigieux prix littéraire français à son palmarès : le Goncourt. Toujours dans ce même quartier des Grands Boulevards. Cette fois, tout près du Rex. Un soir de juin 2012. Le décor est tout autre, l’ambiance moins survoltée. Dans ce petit bar
où nous avons rendez-vous, c’est un post-adolescent timide, frêle, qui s’avance. La tête dans les nuages, le pas lent, l’allure rêveuse. Pourtant, déjà, derrière lui, une sacrée réputation. Meilleur élève du Sénégal en 2009, lauréat de plusieurs prix au Concours général – fabrique de la crème de la crème du pays –, plume remarquée de La Voix de l’étudiant, journal du Prytanée militaire de Saint-Louis, lycée d’excellence. Ce parcours prodigieux lui a ouvert les portes de la prépa du lycée Pierre d’Ailly, à Compiègne. Il y passera trois ans d’apprentissage, nouant des liens forts avec des professeurs d’exception, devenus mentors. Des honneurs, il en a à revendre, lui qui, pourtant, n’en fait jamais trop. L’écriture s’affirme comme sa vocation. Comme enseignant ou écrivain ? Le rêve est-il déjà là, silencieux ? Après un échec à l’École normale supérieure (ENS), c’est l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) qui l’accueille, et avec lui, Paris, ses mythes, ses mirages. Ce jour de 2012, dans ce café, la discussion roule sur Balzac, notre premier amour commun, l’un des premiers modèles du jeune Sérère. Chez lui, on dissèque, on commente, avec toujours l’exigence de la parure. Puis le football et l’Euro sont à l’ordre
Il a été récompensé le 3 novembre dernier pour son roman La Plus Secrète Mémoire des hommes.
du jour. Quand nous nous quittons, je gagne un camarade, mieux, un complice.
Quelques centaines de textes lancés sur un blog – au titre repris de Victor Hugo, Choses revues –, et c’est la première grande folie du jeune homme : un manuscrit sur le djihadisme au Mali en 2013. Un coup d’essai et un coup de maître : Terre ceinte paraît à la fin de 2014 et conquiert le jury du prix Kourouma, bluffé par l’âge de l’auteur et l’épaisseur philosophique du texte. Il y fait dialoguer le Bien et le Mal, dans une ode à la résistance. Le propos est nuancé, mesuré, mature, et entre en écho avec l’actualité, en cette année du triomphe du film Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako. S’ensuivront d’autres récompenses (le prix du roman métis, celui de la Porte dorée, le prix Littérature-monde du festival Étonnants voyageurs…), pour quasiment tous ses livres. La toile de sa belle réputation se tisse sous des honneurs qui en appellent d’autres. Il est décoré par le président Macky Sall. Il suscite l’admiration et, fait plus rare, l’unanimité, sans jamais tomber dans la connivence ou la complaisance. Malgré cette besace pleine, le Paris littéraire le méconnaît. Il est encore dans le « ghetto ». Trois livres ne l’ont pas encore affranchi de son statut de promesse africaine ou francophone. Pour ce forgeron de l’écriture, ce n’est qu’une question de temps. Le talent est une donnée comme une autre chez lui, pas un privilège qui dispense de travailler. Seul, il est vain. Il faut donc lire, beaucoup, jusqu’à l’obsession, faire allégeance aux maîtres. Seulement après, peut-être, essayer de marcher sur leurs pas. L’écriture sera vie, malgré la précarité de la vocation et les angoisses alimentaires. Il s’y adonne corps et âme, en théoricien et en praticien. La thèse de doctorat qu’il commence sur trois livres de l’année symbolique de 1968 – Le Devoir de violence, du Malien Yambo Ouologuem, La Plaie, du Sénégalais Malick Fall, Les Soleils des indépendances, de l’Ivoirien Amadou Kourouma – attendra. Il finira par la suspendre, mais un tel corpus, celui de la désillusion, de la disparition, n’est pas anodin dans sa trajectoire. Étape décisive pour comprendre sa charpente littéraire et son rapport à la littérature africaine,
Il suscite l’unanimité sans jamais tomber dans
la complaisance.
tant ces figures ont incarné à la fois la solitude, le retrait, la gloire la plus établie, mais aussi l’opprobre. C’est donc en lecteur qu’il se pose d’abord, en vrai lecteur qui tient les livres pour sacrés. Ce regard de chercheur sur son objet de cœur, cette immersion étofferont son regard et son approche. La lumière du vocatus ainsi allumée se fera de plus en plus vive au long de l’apprentissage. Silence du chœur (2017), son deuxième livre, séduit aussi en plein drame migratoire, ses héros siciliens confortent sa fibre humaniste. Il peaufine son style. Les rares critiques pointent une écriture « khâgneuse », sage et gentiment classique, il leur tord le cou dans De purs hommes (2018), audacieuse confrontation avec le tabou ultime de la société sénégalaise : l’homosexualité. Il devance les critiques. S’arme contre les flèches à venir, immanquables, quand la gloire arrive et qu’elle suscite la malveillance. Ce n’est donc rien de moins qu’une rentrée littéraire dans laquelle il se lance en août 2021, donnant une saveur épique au défi. Se dépatouiller dans la forêt des 600 livres promis à l’oubli. Et ce, sans grand réseau derrière. Un pari fou, gagné haut la main. Avec une presse dithyrambique et des éloges, qui l’ont vu en bonne place sur les prix littéraires d’automne. Demeure, en trame de fond, cette candeur du refuge au pays de la littérature, malgré les urgences. Pour ce footballeur intermittent et doué, fan de Zidane, amateur de passements de jambes et de tacles fulgurants, bon vivant et rigolard, amoureux fou du mafé – moins du chou –, les rues de Paris sont autant de tableaux sociologiques, de livres, des sources ouvertes. Dandy sans le sou, il en a goûté les errances, souvent nocturnes et solitaires. Il les a pourtant embrassées, sans la folie propre des héros balzaciens, avec mesure, patience, en stratège, comme sûr que son heure était à l’horizon. Ses romans, son application d’ascète, lui ont pavé la voie à des rencontres fondatrices, mentors, amis, toujours séduits par son génie et sa personnalité. L’ancrage en pays sérère est un élément fondateur de son identité. Né en 1990, Mohamed Mbougar Sarr est l’aîné d’une fratrie de sept garçons. Père médecin et maman au foyer. Il grandit entre Diourbel, Mbour et Saint-Louis. Il s’est nourri d’une langue, de mythes, de valeurs, qui sont devenus chez lui des marqueurs. Point un hasard si La Plus Secrète Mémoire des hommes, le livre de la grande consécration, puise une partie de son histoire au cœur de ce pays sérère, ce berceau où il va souvent en pèlerinage. Si sa tête a toujours côtoyé les nuages du haut de son cérémonial mètre 91, les pieds, eux, sont restés bien sur terre, enracinés. Il doit cette humilité, entre autres, à son tempérament d’une naturelle pondération. Laquelle, sur les Grands Boulevards, est restée presque imperturbable malgré le fracas. Tout gagner à l’aube de la vie est bien désarmant, il faut survivre au Goncourt pour tutoyer d’autres sommets. Et s’il est un écrivain capable de s’ouvrir à de nouveaux horizons, c’est précisément celui-là. ■ Elgas
Une rétrospective des œuvres de tissu du plasticien Abdoulaye Konaté (à droite) est annoncée.
Après son annulation en 2020, Dak’Art, principale biennale d’art contemporain du continent, fait un RETOUR EN BEAUTÉ.
L’ENGOUEMENT EST REVENU, la 14e édition aura bien lieu en 2022, du 19 mai au 21 juin. Le thème, « Indaffa#/ Forger/Out of the Fire », a été conservé. « La biennale se fixe pour objectif de refuser la forme telle qu’elle est donnée et de forger les sens qui sont encore informes », explique le directeur artistique, Malick Ndiaye. Homme du sérail – il est conservateur du musée Théodore Monod d’art africain et enseignant-chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) de Dakar –, il porte l’orientation artistique et scientifique de la manifestation. La sélection initiale des 59 artistes visuels (individuels ou collectifs) a été gardée, mais le choix des œuvres a évolué. « La pandémie a marqué tout le monde, y compris les artistes. On ne pouvait pas l’ignorer. Cela se traduit dans leurs créations », explique-t-il, avant de préciser : « Par rapport au thème d’origine “Indaffa”, nous avons ajouté le hashtag pour montrer que des expériences ont été traversées et que le glissement vers une nouvelle ère s’est fait. » Une nouvelle ère qui se ressent aussi dans l’invitation faite à quatre femmes commissaires d’expositions : la Sud-Africaine Greer Odile Valley, la Canadienne Lou Mo, la Ghanéenne Nana Oforiatta Ayim et la Marocaine Syham Weigant. Pendant un mois, Dakar va vivre au rythme des
vernissages, débats et autres festivités. Certains temps forts sont annoncés, comme « Doxantu » (« promenade » en wolof), une exposition de sculptures, d’installations et de design prévue sur la corniche ouest d’artistes reconnus à l’international, avec un mot d’ordre : monumental. Pour Malick Ndiaye, « exposer l’art dans les lieux de déambulations » est une façon de le partager plus largement, de toucher surtout d’autres publics. Instaurer l’art dans l’espace public est une volonté de la biennale, financée en majorité par l’État. Le « in » prendra place dans plusieurs lieux emblématiques : le musée des Civilisations noires, le musée Théodore Monod, ou encore l’ancien palais de Justice sis au cap Manuel (le maître malien Abdoulaye Konaté doit y être exposé). Des projets spéciaux sont prévus, comme une exposition du collectif des Ateliers de troubles épistémologiques sur le dialogue entre collections muséales et art contemporain, un projet porté par la résidence Black Rock, ou encore l’installation monumentale composée de 343 pièces d’Ousmane Dia, plasticien sénégalo-suisse. Quant au « off », la programmation est plus libre, avec des centaines de manifestations essaimées sur un territoire plus large, grâce aux galeries, hôtels ou centres culturels régionaux de Saint-Louis, Mbour ou Ziguinchor. ■ Alexandra Fisch
MÉCÉNAT
Ndokette Session, Untitled, Ibrahima Ndome, 2019.
Quand ELLIPSE PROJECTS, entreprise de construction présente en Afrique et en Asie, décide de créer une fondation, cela donne un nouveau prix qui impulse la jeunesse artistique émergente.
PENDANT LE CONFINEMENT PARISIEN de mars 2020, Laura Picard et Victoria Jaunasse pensent une façon de « nouer des liens autres » que ceux qui unissent l’entreprise aux pays qu’elle équipe. Leur mantra : « Utiliser l’art comme expression du dialogue entre les cultures. » L’idée prend rapidement forme en un prix décerné chaque année dans un pays différent. Une façon de soutenir les jeunes artistes, de leur donner accès au circuit international de l’art contemporain. La première édition s’est tenue au Sénégal en juin 2021. La fondation a rassemblé un jury de grands noms du milieu. Parmi eux : Wagane Gueye, commissaire d’exposition, Ken Aïcha Sy, fondatrice de la plate-forme
Wakh’Art, ou encore Bénédicte Alliot, directrice de la Cité internationale des arts, à Paris. Une soixantaine de candidats ont répondu à l’appel à candidatures, dont Ibrahima Ndome, du collectif Atelier Ndokette, l’heureux lauréat. Avec ses deux acolytes, Safi Niang et Souleymane Bachir Diaw, il a remporté une résidence de trois mois à Paris et l’exposition de son travail à la foire d’art contemporain africain Akaa en novembre 2021. Une impulsion bienvenue pour le jeune designer-costumier qui cherche, à travers le stylisme et la photographie, à « initier une remise en question chez les gens, les amener à questionner leur présent ». Pour la prochaine édition, rendez-vous en 2022 en Côte d’Ivoire. ■ A.F.
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