COSY CITY#56

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d’énergie

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Architecture de vie.

À UNE ÉPOQUE OÙ NOS INTÉRIEURS parlent autant de nous que nos choix de vie, où l’architecture devient un manifeste et où les objets de notre quotidien prennent une valeur émotionnelle, le design s’installe plus que jamais au cœur de nos modes de vie.

Ce numéro est une invitation à parcourir le monde de la création sous toutes ses formes. D’André Paccard, qui fut architecte décorateur du roi marocain Hassan II, à une église du XVIe siècle transformée avec audace, en passant par le retour en grâce de la cabane, ce refuge originel devenu tendance, nous explorons dans ce numéro les multiples visages de l’habitat. La décoration intérieure, elle, s'y fait introspective : que racontent nos maisons de nous ? Comment une cuisine devient-elle le nouveau centre névralgique d’un foyer ? Et que dire de ce triplex apaisant, cocon de calme et d’élégance en pleine ville ?

À travers des artisans comme Volpon, ou des entreprises visionnaires comme Materica et Bluecycle,

l’innovation se mêle à l’héritage, le durable se conjugue avec le beau. Même le minimalisme, revisité avec humour par Superlife, n’échappe pas à cette quête de sens.

Dans la section Design, dix ans après Bon Jour Unplugged, Starck continue d’inspirer, tandis que le travail sensible de Paola Paronetto ou de Marion Roffino prouve que la matière, entre les mains des passionnés, devient poésie.

L’esprit du Salone del Mobile plane aussi sur nos pages avec des sélections coups de cœur, où se croisent lignes pures italiennes, bois français réinventé et manifestes d’un design habité.

Riche et foisonnant, ce numéro rend hommage à celles et ceux qui façonnent les espaces, dessinent les objets et sculptent nos rêves pour une célébration de l’art de vivre. Le vôtre. Le nôtre.

Cosy City Magazine

L’art de partager le beau. contact : contact@cosy-editions.com

Couverture

Lampe SuperWire pour Flos par Formafantasma

Directeur de publication

Claude Borrani — claude@cosy-editions.com

Contributeurs de ce numéro

Textes : Patricia Parquet, Yannick Mougel, Claude Trinidad, Nicolas Chatelus

Direction artistique

Studio Space Homies — Nicolas Chatelus

Publicité et développement

Olivia Gontharet - directrice commerciale & Développement - olivia@cosy-editions.com

Fanny Marguet - Chargé de dévelopmment Senior - fanny@cosy-editions.com

Yannick Mougel - Chargé de développement Senior - yannick@cosy-editions.com

Impression

Estimprim – ZI La Craye 25510 Autechaux

N°ISSN : 2418-0297

Parution : Octobre 2025

Diffusion : Coyote diffusion

Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce soit des pages publiées dans le présent magazine, faite sans l’autorisation de l’éditeur EDITIONS COSY est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’oeuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L.122-4, L.122-5 et L.335-2 du Code de la propriété intellectuelle).

Une publication de la société EDITIONS COSY SARL au capital de 48 000 euros 18, allée du Lac Saint-André 73370 Le Bourget-du-Lac — CEDEX RCS Chambéry SIRET 4443716

ALPINE RESORTS, ALPINE COLLECTION, ARTÉPY, ARTISHOK, ATELIERS 3S, AGENCE AMEVET, ATELIER FORGE ET BRONZE, ATOUT FRANCE, AZUR CONFORT, ARCHITECTURE ENERGIE, BARBEYER ARCHITECTES, GROUPE BASE CAMP LODGE, CABINET HAYS, CARPET SOCIETY, C'EST BIEN FAIT, CAISSE D'EPARGNE RHÔNE ALPES, CASSINA, PIERRE & VACANCES / CENTER PARCS, CCB GREENTECH, CGH RESIDENCES, CIMALPES, CIMES INGENIERIE, CÎMEHÔTEL, CLUB CHIC, CLUSTER ECO-BATIMENT, CLUSTER MONTAGNE, CONCEPTION FLUIDES, CREADESIGN, PEUTZ, DISCOVER GROUP, ECOMATIC, EDIFIM, ASSOCIATION ENFIN! RÉEMPLOILA MATÉRIAUTHÈQUE, ENGIE SOLUTIONS - CHEVALIER ENERGIE SERVICES, ESKIS - DESIGNERS HOTELS & RESTAURANTS, ETABLISSEMENT CHEVALIER / LA FEUILLE BLANCHE, FOCUS CRÉATION, FOGO, FRANCE DÔMES, FRIENDLY HOTELS, GROSSET JANIN, GROUPE DESCHAUMES, GENERALI / ASSUREURS CONSEILS DE SAVOIE, GONTHIER PISCINES, GROUPE BANJI / YAUTE IMMO, HASAP AGENCEMENT, SHANA HOTEL & RÉSIDENCE, ICE INGENIEURS, GALERIE JANE GRIFFITHS, JMV RESORT ARCHITECTES, LA FOLIE DOUCE, LA MAISON DE JADE, LAURENCE BARBASTE, LITO SIGNATURE, MAEVA HOME / MY HOME IN THE ALPS, MAKEPROPS, MATIÈRES & MONTAGNES, MG SPACE DESIGNER, MOECO INGENIEURIE, MOHO HOSPITALITY, MOUNTAIN COLLECTION, MORGAN SICARD STUDIO, MOSA FRANCE, MYOSOTIS, NATURAL BREAK, NEPTUNE INTERNET SERVICES, NET & YOU, OPERA ENERGIE, OVO NETWORK, PORCELANOSA, PISCINE TALYA, GROUPE PELLETIER / LA CASCADE PROMOTEUR – CONSTRUCTEUR, BATI.P, R2K ARCHITECTES, RÊVES D'EXTERIEUR, TEC HÔTEL / CONSULTANT, SAVEC - GROUPE ODICE, 2 SAVOIEVENTS, SDCH, SETEC HOSPITALITY, SG ARCHITECTE, SOCOTEC, STEP BUY STEP, STUDIO SPACE HOMIES, SUNSTYLE INTERNATIONAL, SAS QUATRE SAISON – PEAUSSERIE DÉCORATIVE, TEC HOTEL, TEXAA, TIGNE LAKE LODGE / SOCIÉTÉ TOUBKAL, MMV, GROUPE YAK & YÉTI / VAL THORENS IMMOBILIER, WATSON'S.

Le bonheur à tous les étages

TRAVAUX EN COURS

Dernières opportunités du 3 au 5 pièces

Proximité de l’hyper-centre d’Annecy

En co-promotion avec Priam’s

PROCHE HYPERCENTRE DE CHAMBÉRY

Du 2 au 4 pièces

Quartier de la Moutarde

Rue Jean Girard Madoux

Généreuses terrasses d’angle ou grands balcons

Belles vues sur les massifs environnants

RÉSIDENCE DE STANDING

Dernières opportunités 4 pièces

Hyper-centre d’Aix-les-Bains

Espaces extérieurs

Rooftop partagé

Prestations de qualité

AUX PORTES DU GOLF DE BOSSEY

Du 2 au 4 pièces

À seulement 20 minutes de Genève

Double orientation pour des appartements lumineux

Vues dégagées sur le Jura

Prestations de très grand standing

Renseignements & vente :

Le sommaire

SUPERFLUX

Ni futile, ni accessoire.

ARCHITECTURE

Portrait

Architecte décorateur du Roi Hassan II du Maroc, Retour sur la carrière de l’annécien André Paccard.

Renaissance

Une église du XVIe siècle est devenue le terrain d’un

Tendance

Autrefois conçue pour se protéger des éléments, la cabane retrouve aujourd’hui une nouvelle vie à travers le monde.

DÉCORATION

48 Histoire

Les années folles de l’architecture habitée.

Visite

Réédition

Sandra, le canapé tout mousse et tout doux depuis 50 ans.

Artisanat

Volpon, l'ébénisterie en héritage.

Inspiration

Materica présente sa collection iconique à travers dix interprétations exclusives de designers.

Réemploi

Bluecycle, le mobilier 3D à base de déchets marins.

Minimalisme

Superlife, objets minimalistes revisitant Memphis et l’antiquité avec humour.

Sélection

Notre sélection coup de cœur de retour du Salone del Mobile, entre rééditions iconiques et innovations audacieuses.

Photo Milano Cortina / Luca Mosconi

* COUP DE POUCE VÉHICULES PARTICULIERS ÉLECTRIQUES 4 200€ DÉDUITS, SOUS CONDITIONS DE REVENUS.

(1) EX30 Single Start, LLD 49 mois, 40 000 km, 1 er loyer 4 200€ ramené à 0€ après déduction du coup de pouce Véhicules Particuliers Électriques de 4 200€*, sous condition de revenus, puis 48 loyers de 295€. *Montant de la Prime « Coup de pouce » par Économie Énergie SAS (Détails : https://www.ecologie.gouv.fr). Réservé aux particuliers dans le réseau participant si accord Volvo Car Finance pour toute commande du 01/09 au 31/12/2025 et livraison avant le 30/06/2026. Détails : volvocars.f r . Modèle présenté : EX30 Single Extended Range Ultra avec options, 1 er loyer de 0€ (coup de pouce déduit) puis 48 loyers de 419€

Cycle mixte : Consommation (kWh/100 km) : 17 - 17.7. CO2 en phase de roulage (g/km) : 0. Autonomie (km) : 335 - 476.

Pensez à Covoiturer. #SeDéplacerMoinsPolluer

VOLVO ANNECY

110, rte du Moulin - Gillon

EPAGNY METZ-TESSY

Tél. 04 50 22 63 50

VOLVO ANNEMASSE

11, rue de la Californie VILLE-LA-GRAND Tél. 04 50 84 59 59

DESIGN

Anniversaire

Il y a 10 ans, Philippe Starck révolutionnait la lampe portable.

Musique

Depuis son atelier de Theys, l’ébéniste designer Jérôme Fort réinvente le meuble Hi-fi.

Vannerie

Marion Roffino, une artisane passionnée par l’osier.

Retail

Funky Ramen, quand l’âme d’un animé se déguste à Düsseldorf.

STORIES

Genius Luc Reversade, une certaine idée de la folie.

LIFESTYLE

Style & Héritage 5 boots iconiques.

Horlogerie française

L'élégance audacieuse à portée de main.

Showroom Cinna Chambéry , 265 rue de la Françon — 73420 Chambéry / Voglans

DISTILLERIE

C’est au Bourget-du-Lac que la distillerie Aprilis a ouvert ses portes il y a quelques mois, un pari porté par un duo passionné : Juliette, designer venue du Luberon, et François, ingénieur du son originaire de Challes-les-Eaux.

Leur ambition ?

Créer un gin 100% savoyard à partir de génépi, l’arquebuse ou encore de menthe bergamote. Le tout en bio.

Texte La Rédaction – Photos Aprilis

L’ESPRIT DU PRINTEMPS

Au cœur de leur atelier trône un objet d’exception : l’un des fameux alambics Müller, façonné à la main en Allemagne, un bijou qui peut coûter jusqu’à 100 000 €. Entièrement en cuivre, il marie tradition artisanale et technologies de précision, avec sa colonne de concentration, son déflegmateur et son panier aromatique. C’est lui qui permet de révéler toute la complexité des arômes récoltés sur les pentes de Savoie. Le nom Aprilis, déniché dans un ancien manuel de botanique, évoque le renouveau du printemps. Un clin d’œil à la nature, à l'apéritif... et à ce nouveau départ pour les deux fondateurs.

Un gin 100% savoyard tout droit sorti d'un alambic qui peut coûter
jusqu’à 100 000 €.

POLISSAGE

RÉFLEXION(S) D’UN CRÉATEUR EN MOUVEMENT.

Originaire de la jolie région lyonnaise, le Romarimontain de 30 ans JeanBaptiste Anotin développe depuis l’adolescence un langage plastique singulier, forgé par la récupération et la transformation. Il débute en customisant d’anciens vélos avec des techniques issues de la peinture automobile, avant de détourner des objets de contrefaçon pour les rendre uniques, presque ironiques. Très tôt, il comprend que c’est la création – l’expérimentation, l’invention, l’exploration de nouveaux matériaux – qui guide sa démarche. C’est dans cet élan qu’il fonde Waiting for Ideas.

No Seat Belt

Required, un siège artisanal réalisé à partir de vieilles tôles de voiture.

REFLETS TRANCHANTS

D’abord attiré par le textile, il propose une première collection imprégnée de ses souvenirs d’adolescence. Mais face à l’éphémère de la mode, il choisit un medium plus pérenne : le mobilier. Avec Self Reflection, il conçoit une série de miroirs en aluminium aux lignes aigües et aux angles tranchants, comme une mise en abîme de nos replis intérieurs. Découpe laser, polissage, traitement de surface : chaque étape est précise, chaque trou dans la matière a son utilité, sa nécessité fonctionnelle. Dans Through The Dark, l’artiste poursuit cette exploration du reflet. Miroir aux apparences froides, la pièce absorbe son environnement, révélant en creux nos zones d’ombre. Un design introspectif, radical, où la forme rejoint toujours le sens.

Texte La Rédaction – Photo Spacejunk
conçu en France fabriqué en France
Showroom Ligne Roset Chambéry, 265 rue de la Françon – 73420 Chambéry/Voglans

SOUS LA BELLE ÉTOILE, LES JOUETS PRENNENT VIE.

C'est à quelques kilomètres d’Albertville que Romain et Mathilde fabriquent des jouets en bois à la main.

C'est à quelques kilomètres d’Albertville, dans un atelier aux airs de cabane, que Romain et Mathilde fabriquent des jouets en bois à la main, avec patience, depuis plus de dix ans. De la découpe du bois jusqu’au ponçage, à la peinture et à l’assemblage, tout se fait artisanalement, à la main. Une méthode qui inclut l’usage de bois de hêtre PEFC, des peintures et vernis non toxiques, et des pièces numérotées produites en petites séries.

DU BOIS, DU SENS, ET DE L’ENFANCE

L’aventure a commencé quand leur fille a reçu un robot imaginé par Romain,

dessinateur de BD. Depuis, l’Atelier de la Belle Étoile invente des jeux et des jouets pensés pour durer : lignes épurées, couleurs douces, matériaux sûrs. Aucune distinction de genre, plusieurs coloris par modèle, une garantie à vie : ici, pas de compromis sur le sens. Loin du jouet jetable, leurs créations accompagnent les enfants et facilitent le quotidien des parents, sans oublier d’être belles. Un carnet de voyage, un jeu pour ranger sa chambre… autant d’objets qui trouvent leur place dans la vie comme dans la déco.

Et si c’était ça, le vrai luxe à leur offrir cet hiver ?

L’E-SNOW, UNE ENVIE DE POUDREUSE.

Bonne nouvelle pour les amateurs d'innovation : l' e-snow , le véhicule électrique tout-terrain imaginé par le Mauriennais Fabien DamascenoSobral, est bien en bonne voie pour faire son entrée sur les pistes.

Après avoir remporté le coup de cœur du jury au concours Artinov 2024, cet engin hybride entre dameuse et kart a attiré l'attention des professionnels du secteur. Plusieurs stations de ski ont exprimé leur intérêt pour l'e-snow, tant pour

des usages récréatifs que pour des applications utilitaires, comme le transport de personnel ou le ravitaillement de refuges.

MADE IN MAURIENNE

Actuellement, Fabien DamascenoSobral et son équipe travaillent activement sur le développement de prototypes supplémentaires et sur la recherche de financements pour lancer la production en série. La levée de fonds visée est de 300 000 euros, afin de concrétiser le projet et de le rendre disponible pour les stations dès la fin de l'année 2025. L'e-snow se distingue par

sa maniabilité, sa sécurité accrue par rapport aux motoneiges, et son respect de l'environnement, répondant ainsi aux enjeux actuels des stations de ski. Avec une vitesse maximale de 30 km/h et une autonomie adaptée aux besoins des utilisateurs, l’engin a des atouts. Le tout-terrain imaginé par le Mauriennais Fabien DamascenoSobral sera bientôt sur les pistes.

Restez connectés pour suivre l'évolution de ce projet prometteur qui pourrait bien redéfinir la manière dont nous explorons la montagne.

INNOVATION
Texte La Rédaction – Photo Fabien Damasceno-Sobral

LE DESIGN ITALIEN DE MILANO CORTINA 2026

PILOTÉE PAR RAFFAELLA PANIÈ, directrice de la Marque et du Look des Milano Cortina 2026, une équipe pluridisciplinaire a imaginé des médailles au style minimaliste et épuré, ancrées dans la tradition avant-gardiste italienne. Leur design mêle élégance et modernité, en écho à la flamme « Essential » créée par Carlo Ratti, renforçant l’esthétique raffinée de toute l’identité visuelle de Milano Cortina 2026.

LA MÉDAILLE COMME SYMBOLE D’UNITÉ

Conçues comme deux moitiés complémentaires, ces médailles symbolisent le lien indissociable entre l’athlète et son réseau de soutien — entraîneurs, familles, coéquipiers, fans — soulignant que la victoire est le fruit d’un effort collectif. Sur leurs surfaces, deux textures se rencontrent, racontant ce parcours complexe et humain.

UNE ŒUVRE D’ART À PORTER

« Nous célébrons la force des différences réunies, un message d’unité porté par la rencontre de ces textures et symboles olympiques et paralympiques », explique Raffaella Paniè. Ces médailles deviennent ainsi des œuvres d’art portables, mêlant pureté formelle et charge émotionnelle.

Pour en savoir plus sur le design et l’identité visuelle de Milano Cortina 2026, rendez-vous sur : www.milanocortina2026.org.

Texte La Rédaction – Photos Milano Cortina 2026

Dans une présentation empreinte de lyrisme, l’architecte évoque une "forêt verticale aux balcons ondulants"

Les appartements d’angle, naturellement ventilés et chauffés par le sol via la géothermie, promettent un haut niveau de confort.

CHANTIER

ANCIENS THERMES

D’AIX LES BAINS : BIENTÔT

LA FIN DU SAUNA

ADMINISTRATIF.

Texte La Rédaction

APRÈS

plus d’une décennie d’attente, le vaste chantier de réhabilitation des anciens thermes nationaux d’Aix-les-Bains est entré dans sa phase concrète. Porté par Bouygues Immobilier et la Société d’Aménagement de la Savoie, le projet transformera ce site emblématique en un quartier mixte de 30 000 m² mêlant logements, commerces, bureaux et espace culturel.

BAIN DE MODERNITÉ

La démolition de la tour Mabileau, finalisée en mai 2025, a marqué le point de départ des travaux. Suivront le terrassement à l’automne, puis la construction principale de mi2026 à fin 2028. À terme, le programme baptisé L’Écume des Ondes accueillera 219 logements, 12 000 m² de surfaces tertiaires et commerciales, un musée valorisant les vestiges romains, ainsi qu’un parking souterrain.

L’architecture, signée Vincent Callebaut, s’inspire de formes organiques et intègre une végétalisation importante des façades. Une nouvelle place GeorgesIer sera aménagée sur la toiture du socle historique pour relier les deux futurs îlots d’habitation et intégrer l’ensemble dans le tissu urbain du centre-ville. Livraison prévue fin 2028. Si les eaux ne changent pas de courant.

QUAND LA MIXOLOGIE S’INVITE DANS LA CUISINE.

QUAND ON DÉCOUVRE le poste de travail

Mixology d’Elleci, le regard est immédiatement attiré par ses lignes épurées et sa surface d’un noir profond, presque velouté. Ce poste de travail, pensé pour mêler cuisine et barman, invite à la fois au toucher et à la créativité. Sa matière, le Keratek, un composite high-tech, surprend par sa douceur et sa résistance.

DES ACCESSOIRES QUI FONT LA DIFFÉRENCE

Pensé pour accueillir deux utilisateurs simultanément, Mixology propose deux vasques séparées, une double gestion de l’eau et trois niveaux de travail qui facilitent la manipulation d’ustensiles variés. On imagine aisément le plaisir d’utiliser ses accessoires colorés (planches, passoires, petits récipients en silicone) parfaitement adaptés à chaque geste, qu’il s’agisse de préparer un cocktail ou de cuisiner un plat raffiné.

LA NOUVELLE ÈRE DES ESPACES HYBRIDES

Récompensé par les prestigieux Red Dot et iF Design Awards 2025, ce poste de travail répond à une demande grandissante : celle d’espaces hybrides où convivialité et fonctionnalité s’entrelacent, notamment dans les logements partagés ou les projets résidentiels innovants. Comme si cuisine et mixologie ne faisaient plus qu’un.

Texte La Rédaction – Photo Mixology d’Elleci

A l’entrée Est de Savoie

Technolac la maquette du futur immeuble Cobra attire déjà les regards. Ce programme porté par Abamo & Co prévoit 1 625 m² d’ateliers surmontés de 5 779 m² de bureaux, dans un ensemble innovant qui doit normalement voir le jour d’ici 2027, le tout dessiné par l’atelier Inex-A Architectes.

UNE RÉPONSE À LA PRESSION FONCIÈRE

Fondée en 2012, Abamo & Co devient maître d’ouvrage pour la première fois avec ce projet de 25 millions d’euros, et cherche un partenaire financier pour mener à bien ce chantier ambitieux. Cobra répond aux besoins d’agrandissement des entreprises locales confrontées à la rareté du foncier. Le projet s’élèvera à 20 mètres, avec des ateliers en rez-de-chaussée et des bureaux modulables sur quatre étages. L’entrée des bureaux, située à l’avant autour d’un parvis piéton, sera agrémentée d’un café-restaurant, pour créer un espace convivial.

VERS UN BÂTIMENT DURABLE

Les bâtiments, certifiés Bepos, combinent performances énergétiques et confort grâce à des brise-soleil orientables et une centrale photovoltaïque couvrant une part des consommations. Le stationnement voiture et vélo est également prévu. La commercialisation est déjà lancée, et l’immeuble devrait accueillir aussi bien des sociétés installées que de nouveaux acteurs, promettant une nouvelle dynamique pour Savoie Technolac.

France Dômes

Savoie Technolac – Le Bourget-du-Lac

contact@france-domes.fr

Tél. : 06 28 59 17 02

france-domes.fr

ÔDE ANNECY, L’ESSENCE DU LAC DÉSORMAIS DISPONIBLE EN SPRAY.

APRÈS SES PARFUMS par capillarité, Ode Annecy décline ses senteurs en version spray. Une nouveauté pensée pour celles et ceux qui veulent retrouver, en un seul geste, l’atmosphère singulière d’un instant au bord du lac. Derrière ce format nomade de 30 ml, une ambition : faire du parfum un lien direct entre paysage et mémoire. Fabriqué en HauteSavoie, composé à 95 % d’ingrédients d’origine naturelle, le spray contient une goutte d’eau du lac, signature poétique de la marque. Chaque fragrance – prin-

temps, été, automne ou hiver – évoque une saison autour d’Annecy, ses ambiances, ses lumières.Le spray des souvenirs, objet discret mais pensé avec soin, le spray s’invite partout : à la maison, dans la voiture ou en voyage. Quatre pressions suffisent pour embaumer l’espace durant près d’une heure. Distribué autour du lac et en ligne, ce petit flacon s’inscrit dans une démarche locale et durable. Ode Annecy, membre de 1% for the Planet, fait du territoire un vecteur d’émotions autant qu’un engagement.

Texte La Rédaction –
Photos Ode Annecy

AbOnNeZ-VoUs

naturellesmagazine Le mAgAzInE NaTuRo

Pour recevoir NATURELLES chez vous et être certain de ne pas manquer un numéro

La santé au naturel passée en revue...

BULLETIN D’ABONNEMENT NATURELLES

oui, je m’abonne à Naturelles pour 1 an (5 numéros) et je joins mon règlement de 44 euros (f rais de port inclus) par chèque bancaire à l’ordre de PRESSE TIME. A renvoyer à : PRESSE TIME - 3203 Route du LAC - 73 370 BOURDEAU. Pour la Suisse, la Belgique, le Luxembourg et les pays d’Europe mon règlement est de 44 euros ou 44 CHF pour la Suisse (f rais de port inclus) Identification international : IBAN FR76 3000 3009 9400 0206 1711 891

Exemple d'un bureau réalisé sur mesure. En démonstration dans le showroom Cosentino.

MOBILI REGINA EN VISITE

CHEZ LE GÉANT COSENTINO.

Invités à Almeria par Cosentino, leader mondial des surfaces minérales durables, Francis et Sébastien de Mobili Regina ont découvert un site industriel unique au monde, où technologie, design et respect de l’environnement s’unissent pour imaginer les architectures de demain. Une expérience à vivre qu’ils ont tenu à nous raconter…

Texte La Rédaction

Le voyage n’était pas une simple visite professionnelle, mais une immersion au cœur de l’esprit Cosentino : une entreprise familiale devenue une référence mondiale, sans jamais perdre ses valeurs humaines. Dès notre arrivée à Almeria, en Andalousie, nous avons été chaleureusement accueillis comme des partenaires privilégiés. Bien que Cosentino opère dans plus de 120 pays et soit numéro un mondial des surfaces minérales, l’entreprise cultive un profond respect de ses clients, même les plus modestes en volume, dès lors qu’ils partagent les mêmes exigences de qualité et de satisfaction du client final. Plus qu’un détail pour nous…

RIEN NE SE PERD, TOUT SE TRANSFORME

Le site de production impressionne par son immensité : 4 millions de mètres carrés, une véritable ville industrielle entièrement dédiée

à la transformation de la matière. L’usine de fabrication du Dekton, longue de 1,2 kilomètre, témoigne d’une maîtrise technologique spectaculaire : lignes robotisées, process automatisés, précision millimétrée. Mais au-delà de la performance, c’est la vision durable de Cosentino qui marque les esprits : un parc photovoltaïque de plus de 48 000 panneaux solaires, recyclage à 100 % de l’eau, réutilisation de tous les déchets minéraux. Ici, rien ne se perd, tout se transforme. Ce qui nous a le plus frappé, c’est l’infinité des possibilités offertes par ces surfaces innovantes. Connues pour les plans de travail ou les salles de bain, elles peuvent également habiller les sols, les murs, les façades de bâtiments, voire devenir des éléments architecturaux à part entière. Grâce à un procédé d’encrage en profondeur, tel un tatouage minéral, les pigments naturels pénètrent la matière pour créer des décors d’un réalisme et d’une intensité exceptionnels. Chaque dalle devient

une œuvre, à la croisée de l’innovation industrielle et de l’expression artistique.

MATIÈRE PREMIUM

La visite s’est achevée par la découverte de la Galerie des pierres naturelles, un espace fascinant où sont exposés des blocs extraits du monde entier : marbres, granits, quartzites… Chacun révèle ses couleurs, ses veinages, ses profondeurs, comme autant d’histoires géologiques que l’on rêve déjà d’intégrer dans nos projets. Si notre enseigne a été conviée à cette découverte, c’est parce que 50 % de nos réalisations intègrent des surfaces Cosentino. Cette invitation reconnaît le positionnement Premium du magasin et la qualité de sa relation avec le groupe espagnol. Ce voyage a ainsi renforcé une conviction profonde : chez Cosentino, la matière n’est pas seulement transformée. Elle est magnifiée. Elle devient émotion, architecture, art de vivre.

ANDALOUSIE MINÉRALE
Certaines pierres naturelles peuvent être rétro éclairées pour révéler toute leur magie.

ARCHITECTURE

Portrait

Architecte décorateur du Roi Hassan II du Maroc, mais pas que ! Retour sur la carrière de l’annécien André Paccard.

Renaissance

Une église du XVIe siècle, vidée de son essence au XXe siècle, est devenue le terrain d’un défi architectural audacieux.

Histoire

Les années folles de l’architecture habitée.

Tendances

Autrefois conçue pour se protéger des éléments, la cabane retrouve aujourd’hui une nouvelle vie à travers le monde.

PORTRAIT

Texte La Rédaction – Photos Dominique Gay / Studio DGC

ARCHITECTE-DÉCORATEUR DU ROI HASSAN II DU MAROC... MAIS PAS QUE.

Retour sur la carrière d’André Paccard, architecte-décorateur annécien dont le talent inonda sa ville, mais dont la réputation dépassa largement ces frontières.

ANNÉCIEN DE NAISSANCE (février 1929) et de cœur, André Paccard s’installe en tant que décorateur dès 1952, date à laquelle il crée l’ Atelier 74 – André Paccard . Une base d’où il conçoit de multiples projets, à Paris (1968), Rabat (1973), New-York (1983) Riyadh en Arabie Saoudite (1987). C’est surtout en tant que décorateur attitré du roi Hassan II du Maroc jusqu’au milieu des années 1980 que l’architecte de talent connaîtra un succès d’envergure. 15 ans durant il travaillera sur de nombreux palais, activité éminemment fructueuse qui l’amènera à passer des commandes à de nombreuses sociétés de la région d’Annecy, près de 600 dit-on. Une époque bénie pour les artisans de sa garde rapprochée tant ce visionnaire prônait la qualité et n’hésitez pas à mettre tous les moyens pour accéder à la perfection.

DES RIVES DU LAC À LA MAMOUNIA

La rencontre entre les deux hommes se fit par hasard alors que l’architecte vivait encore

modestement à Saint Jorioz. Une chance qui lui vaudra la confiance totale du Roi qui, paraît-il, rêvait secrètement d’être architecte lui aussi. L’ascension du cabinet d’André Paccard devient vertigineuse, dans un contexte très faste. Les grandes entreprises anneciennes se mondialisent, son maire Bernard Bosson devient ministre, l’industrie touristique est en plein essor et Annecy devient, selon les témoins de l’époque, la « base arrière » du Maroc. Ignorant la demi-mesure et porté par un talent hors du commun, ses chantiers s’illustrent à travers la sélection de matériaux et de mobilier d’exception, des marbres les plus précieux aux bois d’ébénisterie. Les meilleurs artisans sont alors recrutés à prix d’or, répondant à des cahiers des charges de la plus haute exigence. Les réalisations menées pour le compte d’Hassan II, à l’image du fameux chef d’œuvre la Mamounia à Marrakech, valent à André Paccard une renommée sans conteste, mais pour autant, son altruisme le pousse à œuvrer activement pour sa ville à laquelle il est très attaché.

Une grande dame, aussi unique qu’incomparable sur

laquelle le temps, quoiqu’on en dise, ne saurait avoir de prise.

ANDRÉ PACCARD

PACCARD

ENTREPRENEUR ET VISIONNAIRE

Fervent de culture et ayant à cœur de développer l’attractivité touristique de sa région, il se positionne comme mécène d’évènements phares comme les journées internationales du cinéma d’animation. Président de la compagnie des Bateaux du lac d’Annecy, il créée en 1984 l’imposante Libellule, véritable emblème du Lac, qui devient le lieu flottant des soirées les plus en vue du moment. Il met également en place le pratique et novateur service des Taxis du Lac. Visionnaire, André Paccard imagine des projets d’aménagement de sites incroyablement avant-gardistes, qui pour diverses raisons, ne verront jamais le jour. Ainsi, il propose, lors du projet de rénovation du téléphérique du Mont Veyrier, l’implantation à son sommet d’un restaurant circulaire tournant qui aurait permis de profiter d’une vue tantôt face au Lac tantôt face au Mont Blanc. Il réalise une maquette des Nouvelles Galeries sur 7 niveaux, dont le toit aurait été occupé par 7 villas avec piscine, toutes vendues sur plan !

Aujourd’hui encore, on peut reconnaitre le style Paccard dans certains quartiers de la ville, comme une fontaine ornementale au détour d’un jardin public au cœur de la ville ou dans certaines somptueuses maisons privées à Veyrier, au caractère architectural exceptionnel et singulier. Cette même passion et cet amour de la belle ouvrage se retrouvaient également dans ces demeures particulièrement soignées et réussies, entre autres sa splendide ferme installée à Thorens-Glières et l’immeuble – dit Immeuble Paccard –Quai Perrière à Annecy. Grâce à lui, bien des rêves sont devenus réalité et il aimait à se qualifier de chef d’orchestre et à se rappeler que le résultat de sa réussite était dû à la somme des cerveaux qui l’entouraient, ses collaborateurs avec qui il entretenait des relations paternelles. Parfois sulfureuse mais profondément généreuse, cette personnalité haute en couleurs et au parcours hors normes ne laissait personne indifférent et aura indéniablement marqué sa ville de sa patte virtuose.

En haut à droite, l'immeuble dit "Immeuble Paccard" Quai Perrière à Annecy et au-dessous sa splendide ferme installée à Thorens-Glières.

1984, inauguration et coupure de ruban pour le MS Libellule, imposante embarcation conçue par Paccard et qui deviendra l'une des emblèmes les plus fameux du lac.

Aujourd’hui encore, on peut reconnaitre le style Paccard dans certains quartiers de la ville, au détour d’un jardin public ou dans certaines somptueuses maisons privées à Veyrier.

Le minimalisme prôné par Didea accueille plutôt qu’il ne dicte.

NOUVELLES LUMIÈRES.

En Italie, au centre-ville d’Alcamo, une église du XVIe siècle, vidée de son essence au XXe siècle et réduite à ses murs périmétriques, est devenue le terrain d’un défi architectural audacieux. Studio Didea a transformé cette structure fragmentée en bureaux lumineux et ouverts, un défi majeur vu l’absence totale de fenêtres au premier étage.

Texte La Rédaction – Photos Anna Positano

La nouvelle organisation intérieure est définie par le contraste et la légèreté, évitant délibérément toute intervention maçonnée supplémentaire.

Le projet Prior Ecclesia est né de la volonté de reconquérir l’espace par la lumière. La suppression d’un plafond a permis d’exploiter pleinement la hauteur, tandis qu’un puits de lumière généreux est devenu l’épicentre d’une nouvelle spatialité. « La lumière est l’élément le plus précieux dans tous nos travaux, toujours associée à ce que nous appelons le minimalisme méditerranéen » , explique Nicola Andò, cofondateur et directeur créatif de Studio Didea

L’ÉLOQUENCE DE LA BEAUTÉ

La lumière naturelle, filtrant depuis la toiture, se diffuse dans l’ensemble du volume, révélant la texture volcanique des murs laissés bruts qui deviennent un arrière-plan architectural saisissant. La nouvelle organisation intérieure est définie par le contraste et la légèreté, évitant délibérément toute intervention maçonnée supplémentaire. La structure en béton armé

existante est réinterprétée pour accueillir une colonne centrale qui structure l’espace sur deux niveaux, organisant l’espace en quatre sections distinctes où bois et verre se relaient avec finesse.

UN ESPACE À HABITER, À RACONTER

À l’image des pages vierges d’un carnet raffiné, les bureaux de Prior Ecclesia invitent à l’écriture de récits individuels, prêts à être remplis par ceux qui habitent l’espace, le rendant unique. L’aménagement offre polyvalence et ouverture. Des espaces de travail flexibles pour les utilisateurs d’ordinateurs portables s’écoulent vers des zones calmes de concentration et des espaces dynamiques pour les réunions et les interactions informelles. Le design comprend également des bureaux administratifs, une spacieuse salle de réunion et un espace de détente à ciel ouvert autour du puits de lumière.

Le choix des matériaux est raffiné et naturel. Le béton et le bois s’harmonisent pour créer une atmosphère contemporaine qui résonne

avec l’histoire du bâtiment, offrant une continuité avec les anciens murs de pierre. Les éléments de séparation associent transparence et fonctionnalité : des modules en chêne sur mesure font office à la fois de cloisons, de rangements et de points d’ancrage visuel, assurant flexibilité et ordre.

UNE ARCHITECTURE ESSENTIELLE ET RAFFINÉE

Le minimalisme prôné par Didea accueille plutôt qu’il ne dicte. Son essence méditerranéenne émerge dans le choix des matériaux, une palette de couleurs chaudes et subtiles, et la façon dont il façonne l’espace par la lumière. Il s’inspire également du design, de l’art et de la photographie. « Plusieurs influences ont guidé notre processus créatif pour Prior Ecclesia », conclut Nicola Andò. « La sensibilité de Luigi Ghirri à l’espace et à la lumière, le langage architectural essentiel de John Pawson, et l’utilisation évocatrice de la lumière comme élément architectural transformatif par James Turrell. »

“ Le choix des matériaux est raffiné et naturel. Le béton et le bois s’harmonisent pour créer une atmosphère contemporaine qui résonne avec l’histoire du bâtiment.”

Les années folles de l’architecture habitée.

DANS LES DÉCENNIES 1960 À 1980, UNE GÉNÉRATION D’ARCHITECTES VISIONNAIRES A RÉINVENTÉ L’HABITAT COMME UNE ŒUVRE D’ART IMMERSIVE. CES MAISONS SINGULIÈRES, TROP RARES AUJOURD’HUI, TÉMOIGNENT D’UN MOMENT SUSPENDU.

Texte La Rédaction

PALAIS BULLES – ANTTI LOVAG (THÉOULE-SUR-MER, FRANCE)

À flanc de falaise, face à la Méditerranée, le Palais Bulles déploie ses alvéoles rosées comme un organisme futuriste. Conçue entre 1975 et 1989 par l’architecte iconoclaste Antti Lovag pour Pierre Bernard, puis rachetée par Pierre Cardin, cette résidence sculpturale rejette la ligne droite au profit du cercle, qu’elle érige en manifeste de liberté. Lovag définissait l’architecture comme un « jeu, un combat, une explosion » , et cette maison en est la plus pure traduction. Chaque bulle, chaque ouverture semble improvisée, mais répond à une logique organique, presque instinctive. Ici, l’habitat devient extension du corps : un lieu à habiter par le mouvement, la lumière, la sensation tactile des courbes et des creux. Le Palais Bulles n’est pas qu’une maison — c’est une utopie à vivre, une œuvre d’art totale où nature, design et architecture fusionnent en une expérience esthétique absolue.

Nichée sur la côte volcanique de Big Island, l’Onion House est un ovni architectural, tout en sensualité organique et transparence spirituelle. Imaginée en 1962 par l’architecte visionnaire Kendrick Bangs Kellogg pour une héritière excentrique, cette maison défie les conventions du bâti : pas de murs pleins, pas de pièces closes, mais une structure ouverte sur l’extérieur, où la nature pénètre littéralement l’espace de vie. Les toitures nervurées en forme d’oignon, réalisées en fibre d’Alsynite

translucide, filtrent la lumière tropicale comme des ailes d’insecte. Les murs sont faits de roches volcaniques locales, ancrant la maison dans sa terre originelle. À l’intérieur, les vitraux dessinés par l’artiste James Hubbell, les mosaïques artisanales et les meubles sculptés renforcent l’impression d’une œuvre d’art habitée. L’Onion House est moins une maison qu’un sanctuaire vivant : une expérience esthétique immersive, entre nature brute, lumière filtrée et architecture sculpturale en mouvement.

ONION HOUSE – KENDRICK BANGS KELLOGG (HAWAÏ, ÉTATS-UNIS)
Symphonie de lumière et de pierre : l’Onion House, chef-d’œuvre organique de Kendrick Bangs Kellogg, se fond dans la nature volcanique de Big Island, entre transparence spirituelle et architecture sculptée par la lumière.

Dans une rue paisible de Holland Park, The Cosmic House explose les frontières entre art, science, philosophie et habitat. Conçue à partir de 1978 par l’historien et théoricien de l’architecture Charles Jencks, cette maison est une œuvre manifeste du postmodernisme, pensée comme un “livre à habiter”. Chaque recoin, chaque meuble, chaque moulure raconte une autre histoire : des escaliers symbolisant le temps cosmique, des plafonds peints comme des constellations, des cheminées ironiques aux formes anthropomorphes. La bibliothèque centrale, surnommée la “City of Books” , organise les savoirs comme une ville miniature. Les éléments classiques cohabitent joyeusement avec des symboles scientifiques, des motifs ésotériques ou des clins d’œil kitsch. Au cœur de cette scénographie domestique, le fameux “Solar Stair” mène du sol au cosmos, dans une spirale à 52 marches représentant les semaines de l’année. Véritable manifeste en trois dimensions, The Cosmic House transforme l’habitation en parcours philosophique, rendant chaque pièce habitée par l’idée d’un monde en constante expansion.

THE COSMIC HOUSE – CHARLES JENCKS (LONDRES, ROYAUME-UNI)
La Salle d'Hiver, avec sa cheminée conçue par Michael Graves et le buste d'Héphaïstos de Celia Scott dominant la pièce. La dynamique solide des Rochers du Savant Chinois remplace les flammes du feu.

CASA ORGÁNICA – JAVIER SENOSIAIN (NAUCALPAN, MEXIQUE)

Sous une colline végétalisée de la banlieue de Mexico, la Casa Orgánica semble avoir germé du sol. Conçue en 1985 par l’architecte mexicain Javier Senosiain, figure pionnière de l’architecture organique, cette maison semienterrée épouse les formes naturelles d’une coquille marine. Aucun angle droit, aucune rupture visuelle : la structure suit les courbes du terrain, comme un prolongement de la terre elle-même. Deux volumes ovales — jour et nuit — sont reliés par un tunnel sombre, créant une véritable narration spatiale où le corps du visiteur circule entre ombre et lumière, intériorité et ouverture. Les matériaux naturels, les murs lissés à la chaux, les ouvertures ovoïdes filtrant la lumière verte du jardin composent une atmosphère sensorielle, presque utérine. Plus qu’un lieu à habiter, la Casa Orgánica propose une immersion poétique dans un monde biomimétique, où l’homme réapprend à vivre dans une continuité esthétique avec la nature.

« Lorsque ma fille aînée était en primaire, l'école a demandé à chaque élève de dessiner sa maison. Ma fille a vécu toute sa vie à la Casa Orgánica, vous pouvez donc imaginer son dessin... L'enseignante, choquée, a souhaité nous rencontrer.

Lorsque ma femme s'est rendue à l'école pour le rendez-vous et qu'elle a compris de quoi il s'agissait, elle a commencé à rire et a dit que c'était peut-être moi qui devait venir expliquer la situation. » Javier Senosiain

Photos Leandro Bulzzano

La maison Caracol est construite à partir de calcaire local et de béton mélangé à des coquilles d'escargots de mer.

CASA CARACOL - EDUARDO OCAMPO –(ISLA MUJERES-YUCATAN)

Construite dans les années 1990 par Eduardo Ocampo, cette “Seashell House” est une sculpture architecturale inspirée d’un coquillage géant. Les parois et aménagements intérieurs sont entièrement arrondis et sculptés à partir de béton et de matériaux naturels : coquillages collés à même les murs, robinets en corail, poignées de porte en nacre. Chaque espace est organisé autour d’une cour centrale et d’une piscine privée, pensés comme une immersion intime dans la nature caribéenne. Vivre ici, c’est habiter une métaphore plastique de l’océan : un habitat organique où chaque détail dialogue visuellement avec l’environnement marin.

CABANE FEVER.

Autrefois conçue pour se protéger des éléments, la cabane retrouve aujourd’hui une nouvelle vie à travers le monde, portée par un engouement international pour le tourisme de nature. Devenues des refuges contemporains, ces abris modernes permettent de se reconnecter à l’essentiel. Petite sélection de résidences écotouristiques, situées dans des contextes géographiques différents, qui incarnent cette tendance globale.

Photo Daniel Cota

VERRE 20,87 MEXIQUE

SITUÉ À UNE HEURE DE L'AÉROPORT de Cancún et à 35 minutes de Puerto Morelos, au cœur de la jungle, le projet Verre 20,87 propose des expériences uniques en pleine nature. Le lieu préservé de toute influence humaine, loin de toute civilisation, a été choisi pour éviter toute pollution environnementale, lumineuse et sonore. L'architecture proposée est contemporaine, cherchant à se fondre dans le paysage plutôt qu'à se démarquer. Ouverte et transparente, elle privilégie l'intégration de l'intérieur avec l'extérieur et vice-versa, tout en privilégiant le confort de l'utilisateur. Être 100 % durable ne signifie pas sacrifier le confort.

Le complexe se compose de huit maisons de verre distinctes, espacées de 20 à 25 mètres, offrant une intimité totale grâce à la jungle

dense ; personne ne vous voit, et vous ne voyez personne, un principe fondamental du projet qui comprend une piscine et un temazcal (sudation), les seuls espaces communs.

Les maisons de plain-pied comprennent un salon, une salle à manger, une cuisine, une chambre et une salle de bain. Tous les espaces s'ouvrent sur la faune et la flore luxuriantes de la jungle maya, facilitant ainsi la ventilation transversale. Même la salle de bain est entièrement ouverte, intégrant la douche à l'extérieur. Chaque maison dispose d'un toitterrasse équipé de deux baignoires à bois ressemblant à des jacuzzis, d'un coin repas et d'un barbecue. Depuis cet espace, la vue donne sur la cime des arbres, donnant l'impression d'être dans une cabane.

Photos Daniel Cota

L’EXTENSION DE JACH BELGIQUE

Cette extension bioclimatique à l’esprit cabane est un cube de 7 mètres de côté implanté en zone forestière. Le projet est facilement adaptable à court, moyen et long terme. Son programme actuel se définit comme suit : une chambre et une salle de bain connectées au rez-de-chaussée du logement existant, et un espace polyvalent (bureau, salle de jeux, etc.) connecté à la forêt. Cette configuration permet le développement futur de divers usages, par exemple, un logement indépendant connecté à la maison existante en transformant l'espace polyvalent en salon ;ou

encore un co-habitat intergénérationnel en transformant l'espace polyvalent en un petit studio. Le volume est accessible soit par la maison existante, soit indépendamment par un accès extérieur. L'extension est recouverte d'acier Corten en façade et d'une toiture entièrement végétalisée, interagissant ainsi parfaitement avec les couleurs naturelles de la forêt et la pierre de couverture du logement existant. Une passerelle vitrée relie les deux entités de manière légère et transparente. La nature environnante est laissée à l'état sauvage afin de respecter le sous-bois.

Photos
Crahayjamaigne
Photos Crahayjamaigne

AQUATREE RESORT CHINE

LA COMBINAISON DU CONCEPT « d'architecture paysagère » et de la fonction de guérison naturelle, complétée par des stratégies durables, a permis d'installer la cabane sur le talus en terre formé naturellement par l'étang supérieur. Face à l'étang en contrebas, une baie vitrée de 6,8 mètres de large, du sol au plafond, offre une vue sur les arbres majestueux.

La structure principale de la maison en bois est une structure en acier, enveloppée de planches de cèdre noir brûlé à l'extérieur, et isolée en laine minérale au milieu. Sur le plan, un couloir central divise le bâtiment en deux moitiés : face à l'étang supérieur se trouve un bain thermal, et la maçonnerie en briques forme un mur. Face au bassin inférieur se trouve la salle de

soins, dont les murs intérieurs et extérieurs sont en planches de bois, surmontés de panneaux de laine de bois et remplis de laine minérale isolante thermique dans la structure centrale en acier. L'entrée de la salle de soins et des bains est volontairement inspirée du triangle « redondant » formé par l'hypoténuse et les côtés droits. Les deux entrées sont suspendues de part et d'autre du talus et disposent d'un balcon en forme d'oreille.

Les planches de cèdre noir brûlé utilisées pour l'extérieur confèrent au bâtiment un aspect retiré. Le périmètre de la cabine est pavé uniquement de gravier. Les différentes saisons du site confèrent au bâtiment des expressions différentes selon les saisons.

chemin des

04 79 63 19 70

183,
Teppes – Drumettaz-Clarafond
Tél.
Luminaire

DÉCORATION

Psycho

Ce que nos maisons disent de nous.

Visite privée Le triplex apaisant.

Réédition

Sandra, le canapé tout mousse et tout doux depuis 50 ans.

Art(isanat)

Visite de la Maison Volpon, ébéniste rhônalpin depuis 1946.

Inspiration

Materica, une entreprise spécialisée dans la métallisation filaire des surfaces, présente sa collection iconique à travers dix interprétations exclusives de designers.

Réemploi

Bluecycle, le mobilier 3D à base de déchets marins.

Minimalisme

Superlife, objets minimalistes revisitant Memphis et l’antiquité avec humour.

Sélection

Notre sélection coup de cœur – de retour du Salone del Mobile –navigue entre rééditions iconiques et innovations audacieuses.

Ce que nos maisons disent de nous.

Les murs ont des oreilles, dit-on. Mais si, au lieu d’écouter, ils parlaient ? Et si les choix esthétiques de nos intérieurs trahissaient nos besoins profonds bien plus sûrement qu’un questionnaire de personnalité ? En vérité, nos maisons parlent pour nous, souvent sans que nous en ayons conscience.

ALLÉGER L’ESPACE, C’EST ALLÉGER L’ANGOISSE

Car à bien y regarder, l’espace domestique est un miroir silencieux. Il reflète nos rapports au monde, au temps, au contrôle — et surtout à nous-mêmes. L’essor fulgurant du minimalisme en est un parfait exemple : derrière les murs blancs et les canapés bas, il ne s’agit pas seulement de « faire le vide » au sens esthétique. Il s’agit de reprendre la main. Alléger l’espace, c’est alléger l’angoisse nous dit le spécialiste. Dans un monde saturé d’informations, de stimuli, d’objets et de tensions, vivre dans un intérieur minimaliste devient une manière de revendiquer un ilot de calme mental. Une discipline plus qu’un style, un repli nécessaire.

BESOIN DE SE RACONTER

À l’opposé, certains optent pour l’inverse : un maximalisme coloré, vibrant, texturé, à mi-chemin entre cabinet de curiosités et cocon anti-normatif. Ces intérieurs qui mélangent imprimés fleuris, portraits vintage, vaisselle ancienne et canapés fuchsia ne sont pas seulement « tendance ». Ils sont des bulles d’affirmation de soi, souvent nourries par une volonté de se libérer des modèles dominants. Derrière les murs turquoise et les bibliothèques pleines à craquer, se cache parfois un besoin de se raconter, de se démultiplier, d’exister autrement que dans les cases.

EN QUÊTE DE RACINES

Et puis, il y a le retour du bois — pas celui, verni et lissé, des années 90. Mais le bois brut, noueux, chaleureux, imparfait. Celui qui évoque la cabane, le refuge, le feu. Ce choix de matériau va bien au-delà de l’effet Pinterest. Il exprime une quête de racines, un besoin de tangibilité dans un monde de plus en plus dématérialisé. À l’heure du cloud, des IA, du télétravail et des

relations virtuelles, le bois nous ramène au vivant. Il reconnecte au geste, à la matière, à la mémoire sensorielle. Et ce n’est pas un hasard si les jeunes générations l’adoptent massivement, en rupture avec les intérieurs impersonnels du début des années 2000.

“ Nos maisons sont devenues nos confidents. Elles parlent de nos désirs d’ordre ou de chaos, de contrôle ou de lâcherprise, d’affirmation ou de disparition. Elles sont le théâtre de nos contradictions.

CHANGER POUR SE RESSEMBLER

Nos maisons sont devenues nos confidents. Elles parlent de nos désirs d’ordre ou de chaos, de contrôle ou de lâcher-prise, d’affirmation ou de disparition. Elles sont le théâtre de nos contradictions. Elles montrent ce que l’on aspire à devenir, autant que ce que l’on fuit. Et si elles changent si souvent, ce n’est pas parce que la mode va vite : c’est parce que nous aussi, nous évoluons — anxieux, rêveurs, stratèges ou nostalgiques, et que, dans ce va-et-vient entre l’intérieur et l’intime, l’espace que l’on habite finit toujours par nous ressembler. Mais ce que nos maisons racontent de nous ne se limite pas à un duel entre minimalistes anxieux et maximalistes libérés. Il existe toute une palette d’autres postures intérieures, souvent plus ambivalentes, qui disent à la fois notre époque et nos contradictions.

L’IMPERFECTION ASSUMÉE

Prenons par exemple l’obsession actuelle pour les matières naturelles et patinées : lin froissé, terre cuite, pierre calcaire, enduits à

la chaux. On les retrouve aussi bien dans les rénovations de vieilles bâtisses que dans des appartements neufs « à l’âme retrouvée ». Ce goût n’est pas seulement une affaire de style méditerranéen chic : il parle d’un besoin de lenteur, d’imperfection assumée, d’une volonté de revenir à des choses qui vivent et vieillissent avec nous. Ce choix est souvent porté par une génération urbaine qui a grandi dans l’univers plastique des années Ikea, et qui, par contraste, aspire aujourd’hui à du vrai, du rugueux, de l’authentique.

ADEPTE DE PRAGMATISME EXISTENTIEL

Autre phénomène éloquent : la montée des intérieurs ultra-fonctionnels, modulaires et connectés, où chaque objet a une fonction précise, un double usage, parfois une intelligence intégrée. Dans les grandes villes, où les mètres carrés se font rares, ces espaces deviennent des petits laboratoires d’optimisation. Mais ils révèlent aussi une forme de pragmatisme existentiel : vivre avec moins, mais mieux pensé. L’habitat devient une interface, une extension technologique de nous-mêmes. Certains y voient une avancée, d’autres une dépossession du rapport sensible à l’espace.

RECONSTRUIRE UN MONDE STABLE

À l’autre bout du spectre, une nouvelle vague d’intérieurs dits “nostalgiques” se développe — papiers peints floraux façon grand-mère, vaisselle ancienne, boiseries sombres, rideaux lourds. Ce n’est pas juste un effet de mode vintage : c’est souvent une tentative de reconstruire un monde stable dans un contexte perçu comme incertain. Ces intérieurs rassurants — parfois kitsch, parfois beaux — sont des refuges mentaux autant que physiques. Ils parlent d’un besoin de consolation.

REFUSER D’ÊTRE LU

Enfin, il y a les espaces délibérément neutres, ces maisons qui semblent avoir été vidées de toute personnalité, entre tons grège, textures mates et mobilier discret. Ce n’est pas toujours par goût du silence : parfois, cela dit aussi le refus d’être lu. Une forme de protection. Comme si, à force d’être scrutés (par les réseaux, par les écrans, par soi-même), certains choisissaient l’effacement comme ultime acte d’intimité.

LE TRIPLEX APAISANT.

La palette de couleurs de ce triplex est inspirée des tons du Pacifique, avec des verts, des bleus, des gris profonds et des lambris en chêne blanc. Un peu de nature dans un monde qui chauffe.

Texte La Rédaction –Photos Gieves Anderson
Au mur,“Icarus” d'Andrew Zimmerman
Table basse sur mesure
Canapé de Benchmade Modern
Tapis de Hatsu
Chaise Compass d'Industry West
Table d'appoint
Slit de Hay
Table d'appoint Disco de Basta

LA

simplicité n’est jamais l’ennemie du premium et ce triplex cossu en a fait sa devise, quelle que soit la pièce visitée. Le salon à l'avant est centré autour d'une cheminée fonctionnelle, tandis que des étagères en chêne blanc entourent les fenêtres donnant sur la rue, jeu de matières brute et lisse. Une salle d'eau recouverte de papier peint présente une scène de bord de mer, un meuble-lavabo en pierre et des carreaux de faïence bleu-vert, tout se fond sans fausse note. Une banquette à tambour en chêne blanc, une table en bois noir et des chaises en chêne blanc créent une salle à manger ouverte, éclairée par deux luminaires en forme de cloche de Normann Copenhagen. Le chêne blanc réapparaît dans la cuisine, où l'îlot en chêne est recouvert d'une dalle de terrazzo, ça matche ! Simple on vous dit, raffiné on ajoute.

CONFORT ET SÉRÉNITÉ

Un escalier en chêne blanc mène à une deuxième salle familiale au niveau inférieur, vers l'arrière. Là, un mur bleu sarcelle s'enroule autour du plafond pour définir le coin salon, qui est flanqué d'un bar revêtu de terrazzo, ça matche encore ! Le sol est recouvert de carreaux de terrazzo qui enveloppent les murs pour fournir une surface durable et imperméable au-dessous du niveau du sol. A ce niveau une splendide baignoire japonaise en cuivre jouit d'une vue sur le ciel grâce à des portes menant au jardin. La chambre d'amis située à l'arrière est tapissée d'un papier peint mural représentant une scène ludique de la forêt.

Meuble lavabo en terrazzo sur mesure, Appliques de précision de Kelly Wearstler, Carreaux de porcelaine Bedrosian, Baignoire en cuivre de Signature Hardware, Au mur " Enter Stage
Left " par Karin Schaefer
Papier peint de Rebel Walls, Tables d'appoint fendues par Hay, Luminaire en arc de cercle par Hay
“ Le chêne blanc réapparaît dans la cuisine, où l'îlot en chêne est recouvert d'une dalle de terrazzo. Ça matche !

COULEURS NATURE

Le mur de verre à cannelures dissimule l'escalier d'entrée, qui mène à un espace de travail à domicile au niveau inférieur. Là, un papier peint mural représentant une voûte d'arbres enveloppe la pièce, tandis que dans la salle de bains, un robinet vert vif ponctue les murs blancs et bleu marine, on aime l’idée. En montant l'escalier depuis le rez-de-jardin, un salon de type loft comprend un espace de jeu tapissé du sol au plafond d'une scène sousmarine dissimulée derrière des volets bleu-gris. Une pieuvre y a d’ailleurs élu domicile...

Au mur, " Inclination" de Karin Schaefer, Table de Lulu et Georgia, Chaises Buddy de BluDot, Luminaires en forme de cloche de Normann Copenhagen.
Veronese Multicolore Terrazzo par Artistic Tile, Armoires de cuisine sur mesure.

RÉÉDITION

SANDRA, LE CANAPÉ TOUT-MOUSSE ET TOUT DOUX DEPUIS 50 ANS.

Avec ses contours organiques, ce canapé a quelque chose de très féminin, associé aux assises des années 1970 qui incitent à “se vautrer”, pour rompre avec la rigidité de la banquette Louis XV des parents.

Texte Claude Trinidad

Photos Ligne Roset

QUAND ANNIE HIÉRONIMUS, tout juste sortie des Arts Appliqués, rejoint le bureau d’étude de Cinna en 1976, elle ne se doute pas que sa première création va entrer dans l’histoire du design. Avec le canapé Sandra, elle signe une pièce emblématique, devenue au fil du temps l’une des icônes les plus durables du mobilier contemporain. Entièrement conçu en mousse, le Sandra rompt alors avec les codes du salon traditionnel. Ses lignes arrondies, ses proportions accueillantes traduisent l’air du temps, celui d’une génération avide de confort, de liberté et de modernité. Avec ses formes douces, Sandra enveloppe, protège, accueille, exactement ce que son nom suggère en creux, comme un clin d’œil discret au prénom Sandra très répandu dans les années 70, qui étymologiquement signifie « celle qui protège ».

SANDRA FOR EVER

Réédité aujourd’hui pour ses 50 ans, le canapé Sandra reste fidèle à cet esprit pionnier.

Ses courbes sobres et raffinées s’intègrent à tous les intérieurs. Sans artifices, il revendique une esthétique pure et un confort optimal. L’assise enveloppante épouse le corps, le pouf vient prolonger la flexibilité, tandis qu’un assemblage de mousses de densités variées garantit soutien et douceur. Le cale-rein intégré assure un maintien parfait, pour un bien-être durable. Matelassage délicat, piqûres simple aiguille précises, finitions soignées : chaque détail reflète le savoir-faire artisanal de Cinna et l’élégance intemporelle du modèle. Léger, modulable, il s’adapte aux espaces et aux époques avec une facilité désarmante.

Depuis Annie Hiéronimus, chacun des designers qui ont enrichi la collection Cinna, d’une certaine manière, glissé un confort sensible, protecteur et universel dans ses créations. Erwan Bouroullec, Christian Werner, Noé Duchaufour-Lawrance, Constance Frapolli, Marie-Christine Dorner, Éric Jourdan, Marie-Aurore Stiker-Métral… tous sont un peu Sandra.

d'un canapé qui ne prend pas une ride.

Archive

“ Le cœur battant de l’atelier Volpon, l’âme de la Maison, c’est la cave à bois. Un espace unique, hors du temps, où patientent 13 000 m² de feuilles de placage.

Volpon, l’ébénisterie en héritage.

À SAINT-FONS, AUX PORTES DE LYON, LA MAISON VOLPON PERPÉTUE DEPUIS QUATRE GÉNÉRATIONS UN SAVOIRFAIRE D’ÉBINISTERIE. REPORTAGE DANS UN ATELIER DISCRET OÙ LES PLACAGES SE DÉGUSTENT COMME DES GRANDS CRUS ET OÙ LES ESSENCES RÉVÈLENT L’IMAGINAIRE DES HOMMES.

Ilfaut connaître l’adresse, ou se la transmettre entre initiés. Derrière une façade sans prétention, au cœur de Saint-Fons, se cache un monde à part. Un monde de bois, de gestes précis, d’intuition artisanale. C’est ici que s’est écrite, depuis près de quatre-vingt ans, l’histoire d’une famille guidée par une seule passion : le travail du bois.

L’histoire commence dans l’après-guerre, en 1946, lorsque Ernest Volpon fonde l’atelier familial. Il succède à Antoine, pionnier discret, et précède Robert et Gilbert, les bâtisseurs d’un savoir-faire qui traversera les décennies. En 1964, la famille s’installe à Saint-Fons, dans les anciens locaux d’un tonnelier. Une nouvelle adresse, un nouveau départ, et une fidélité intacte à la matière.

Aujourd’hui et depuis plus de 25 ans, c’est Frédéric Volpon, représentant de la quatrième génération, qui tient les rênes. L’homme est aussi discret que son atelier est vibrant. Le 1er juillet dernier, il célébrait ses 42 années dans la maison familiale. Une vie entière à écouter, rêver, comprendre le bois.

Texte La Rédaction – Photos Eric Saillet
“ Plus que la matière, c’est l’intention qui guide Frédéric Volpon.

Un artisan, c’est un professionnel de son métier, avec un sens artistique.

LE BOIS COMME UNE MÉMOIRE VIVANTE

Dès notre arrivée, Frédéric nous embarque dans un voyage, celui des métiers du bois. Sur le mode de ce qui se conçoit bien s’énonce bien, il pose les bases : « Il y a le charpentier, le menuisier… et l’ébéniste, c’est lui que j’ai toujours aimé, expose-t-il humblement pour éviter toute confusion à propos de notre visite.

A la manière d’un érudit, le dernier des Volpon nous embarque assez facilement sur les traces de sa passion, de l’Egypte antique où l’on retrouve déjà « des formes de mobilier très élaborées, à base d’ébène et d’incrustations d’ivoire » ; jusqu’à Louis XIV qui grâce à ses commandes, mit en

lumière des talents comme André-Charles Boulle, inséparable de la marqueterie de cuivre et d'écaille qui fit son succès et sa réputation, là où « l’on parle d’un vrai tournant artistique, d’un moment où le meuble est devenu œuvre », selon notre hôte du jour.

Le cœur battant de l’atelier Volpon, l’âme de la Maison, c’est la cave à bois. Un espace unique, hors du temps, où patientent 13 000 m² de feuilles de placage. « On les apprécie comme de bons crus » , dit Frédéric en déroulant une feuille d’érable ondé, aussi fine que du papier. Certaines sont là depuis des décennies.

D’autres arrivent par surprise, comme ce jour où un fournisseur lui apporte, comme un secret, un eucalyptus moiré exceptionnel. “Magnifique”, se souvient-il, sourire en coin.

Mais l’histoire la plus fascinante reste celle du chêne des marais, un bois vieux de 4 000 ans, préservé dans les glaces et les sédiments, noirci naturellement par le tanin. Frédéric en a acquis une bille de 1 000 m² : « Ce bois a traversé les âges. C’est presque de l’archéologie. » Il servira à un chantier prestigieux à Genève, preuve que l’ancien et le contemporain peuvent se conjuguer dans un même geste.

L’ALCHIMIE DU MÉTAL AU SERVICE DU

DESIGN.

Texte La Rédaction – Photos Materica

MATERICA

dévoile Superfici Venice, une collection emblématique de panneaux muraux née de la rencontre entre son savoir-faire unique en métallisation filaire et la créativité de designers d’exception. Sous la direction artistique de Tiziano Guardini et Luigi Ciuffreda, chaque création incarne une vision singulière du matériau, explorant textures, reflets et procédés innovants pour donner vie à des surfaces architecturales

modulaires, durables et hautement personnalisables. La modularité du système offre une polyvalence exceptionnelle, avec des panneaux qui s’étendent aussi bien verticalement qu’horizontalement pour s’adapter à toutes les configurations spatiales. La flexibilité de la collection s’étend également aux applications extérieures. Les finitions métallisées, hautement résistantes, peuvent être associées sur demande à des supports spécialement conçus pour l’extérieur, permettant ainsi la création de panneaux sur mesure pour sublimer terrasses, patios et espaces ouverts.

Le style érudit de Draw s'exprime dans le projet Magic Mirror, qui interprète la boiserie comme une œuvre d'art contemporain. Sur la surface métallique, matérielle et réfléchissante, apparaît un cercle créant une géométrie alternée de concave et de convexe. Les formes qui se plient et se reflètent à l'intérieur des surfaces donnent vie à une danse d'illusions optiques et de suggestions, dans une invitation à la contemplation et à la découverte de nouveaux points de vue et perspectives. Chaque reflet, chaque courbe, chaque détail transforme l'espace en un scénario de magie et d'émerveillement. Les matériaux sont le zinc, le laiton, l'or rose, l'alpaca et l'étain, tous dans une finition brillante. Pour amplifier les effets prospectifs, la partie concave centrale peut être réalisée dans un matériau différent de celui du reste du panneau.

MAGIC MIRROR by Draw

PATH

Des motifs graphiques et bidimensionnels parcourent les surfaces de la boiserie Path, apportant à chaque espace une synthèse originale et sophistiquée entre rigueur et dynamisme. Avec ce projet, StorageMilano trace des formes et des parcours toujours différents, presque labyrinthiques, dans lesquels se perdre du regard. Des jeux élégants de lignes droites et courbes gravées au laser sur les modules individuels, librement associés, génèrent de grands dessins géométriques selon une logique de composition fluide et ouverte. La surface métallique, habilement creusée et travaillée par Materica, semble pulser d'une énergie vitale propre. Minimale et en même temps magnétique et imprévisible dans ses effets décoratifs, Path est interprétée dans différents matériaux : étain, alpacca, zinc, laiton et cuivre, dans les variantes brillante ou satinée.

LEVANTINA

par Tiziano Guardini et Luigi Ciuffreda avec Tessitura Luigi Bevilacqua

Sur les traces des mille fils qui unissent l’Orient et l’Occident prend forme Levantina. Tiziano Guardini et Luigi Ciuffreda s’inspirent de la riche production de la célèbre Tessitura Luigi Bevilacqua, créant une mosaïque tridimensionnelle de précieux velours de soie vénitiens. Une architecture dans l’architecture, avec des volumes dynamiques. Les panneaux de la boiserie associent des inserts de tissu laissé au naturel à des tissus finement métallisés, dans une alternance d’opacité et de brillance qui confère une profondeur sensorielle extraordinaire aux surfaces. Levantina traduit une tradition séculaire en luxe contemporain. La boiserie utilise le Velours Senatori dans les deux tons de Blanc Gardenia et Rouge Hibiscus. Le dessin arabesque du tissu reprend les décorations d’un costume masculin du XVIIe siècle, très important pour l’histoire de Venise : la toge des Sénateurs de la Sérénissime, comme en témoignent les peintures de Tiepolo et de Domenico Tintoretto. Les modules en tissu métallisé sont proposés en zinc, laiton, cuivre et étain, tous dans une finition brillante. concave centrale peut être réalisée dans un matériau différent de celui du reste du panneau.

À la frontière entre réalité et illusion, Matteo Cibic imagine et crée un grand Sipario aux reflets métalliques. Un trompe-l'œil fait de superpositions optiques entre les tissus, dans une tridimensionnalité qui renvoie à l'infini et stimule l'imagination. Avec son esprit éclectique et visionnaire, Cibic raconte, décrit et, en même temps, évoque et suggère. Le designer mélange diverses inspirations, s’inspirant des bas-reliefs antiques et de l’art de la Renaissance qu’il réinterprète avec son style pop sophistiqué qui lui est propre. Grâce à la maîtrise des matériaux, chaque drapé semble prendre forme à partir de la lumière et donne la sensation d’être animé par le vent ou par les comédiens eux-mêmes, prêts à commencer le spectacle. Dans chaque espace, une atmosphère d'attente et d’émotion se crée. Que se cache-t-il derrière le rideau ?

Sipario par Matteo

RÉEMPLOI

Quand la mer devient matière.

BLUECYCLE TRANSFORME LES DÉCHETS PLASTIQUES ISSUS DE L’INDUSTRIE MARITIME EN MOBILIER DESIGN. UNE DÉMARCHE QUI MÊLE INNOVATION TECHNOLOGIQUE, EXIGENCE ESTHÉTIQUE ET CONSCIENCE ENVIRONNEMENTALE.

Texte La Rédaction – Photos Bluecycle / Materica

À ATHÈNES, dans les anciens docks du Pirée, BlueCycle explore une voie singulière de l’économie circulaire : celle qui relie la pollution marine au design d’intérieur. Fondée pour répondre à l’urgence des déchets plastiques, notamment ceux issus de la pêche et du transport maritime, la jeune entreprise collecte, trie, puis transforme cette matière résiduelle en mobilier fonctionnel.

DU MEUBLE POLITISÉ

L’atelier de BlueCycle s'appuie sur des technologies d'impression 3D à grande échelle. Le plastique recyclé devient filament, utilisé pour façonner des formes fluides, souvent inspirées des éléments naturels — algues, galets, coraux. La collection Second Nature, présentée récemment au salon Maison&Objet à Paris, incarne cette esthétique organique, tout en assumant la rugosité de la matière recyclée. Les pièces, chaises, tabourets, objets d’appoint, sont pensées pour un usage intérieur comme extérieur, et surtout pour durer. Traçabilité des matériaux, circuits courts et recyclabilité intégrale s’imposent comme principes fondateurs. BlueCycle ne se contente pas de détourner le plastique de l’océan : il le repolitise en en faisant un support de réflexion sur notre rapport aux objets et à la matière.

Mobilier mutant

cun

pour la vie. Solide, fonctionnel et élégant, il s’intègre parfaitement dans tout type d’intérieur et évolue avec vos besoins.

Fabriqué en Suisse avec un souci du détail, Babar est
compagnon

ntre objets inutiles.

Depuis 2014, Superlife défie la surconsommation avec un design durable, modulable et engagé.

Texte La Rédaction

A(37 ans) et Cyrille Verdon (34 ans) se transforment chaque jour en véritables héros pour défendre les valeurs de Superlife. Leur mission ? Combattre la surconsommation, le gaspillage et la multiplication d’objets sans utilité réelle. « Nous sommes convaincus que créer du mobilier doté de qualités exceptionnelles, c’est participer à un avenir plus responsable et esthétique », explique Edrris. Pour eux, chaque pièce doit raconter une histoire et surtout être pensée pour durer.

DESIGN FLEXIBLE

Leur nouvelle collection, Flow, incarne parfaitement cette vision : trois tables aux formes organiques, inspirées par la nature et les ondulations de l’eau, qui apportent une sensation de

Cyrille. Fabriquées à partir de matériaux recyclés et conçues selon des principes durables, ces tables sont aussi une réponse concrète aux enjeux environnementaux actuels.

UNE TABLE, MILLE USAGES

Le produit phare de la gamme, la table Flow, se distingue par ses lignes douces et sa capacité à se transformer : on peut facilement passer d’une table basse à une console, ou encore combiner plusieurs unités pour créer une grande surface multifonctionnelle. Grâce à ce design intelligent, Superlife encourage à repenser notre rapport à l’objet, en favorisant la qualité et la longévité plutôt que l’achat impulsif. « Chaque création est pensée comme un engagement », conclut Edrris, « pour un futur où design rime avec responsabilité. »

Eddris Gaaloul (à droite) et Cyrille Verdon se sont rencontrés lors de leurs études de bachelor en design industriel à l'Ecole cantonale d'art de Lausanne.

Le lampadaire Mooma se distingue par un tube lumineux en silicone placé à l’intérieur d’un bloc en verre acrylique, où lumière et formes interagissent dans une danse subtile.

Superlife encourage à repenser notre rapport à l’objet, en favorisant la qualité et la longévité plutôt que l’achat impulsif.

Le Sac à Sapin finance à hauteur de 2€ les missions humanitaires de Handicap International.

Le Petit Prince® © Succession
Antoine de Saint-Exupéry

LUCEPLAN, ENTRE RIGUEUR ET POÉSIE LUMINEUSE.

Chez Luceplan , la lumière trouve un juste équilibre entre design architectural et légèreté visuelle. Avec Markis, Daniel Rybakken propose une suspension aérienne composée de trois tiges en aluminium habillées d’un textile recyclé modulable, pour une lumière douce et sans éblouissement. Alessandro Zambelli, avec J-us, revisite quant à lui le lustre classique : une structure en aluminium supporte un enchevêtrement de bras en cuivre et fibre de verre, accueillant jusqu’à 36 sources LED. Deux pièces sculpturales pensées pour sublimer aussi bien les intérieurs privés que les espaces professionnels audacieux.

LAMBERT & FILS MISE SUR LA JUSTESSE.

Le studio montréalais dévoile Ipoli, une collection épurée où chaque détail sert la fonction. Pensée comme un retour aux fondamentaux, elle allie justesse formelle et usage instinctif. La pièce maîtresse, IPO 07, repose sur une tige élancée et une tête orientable à variateur tactile, pour une lumière fluide et modulable au gré des besoins. Conçue à partir de composants existants, Ipoli traduit une approche durable et agile du design, entre sobriété architecturale et liberté de mouvement.

SÉLECTION

COUP DE CŒUR 2025.

Texte La Rédaction – Photos Salone del Mobile

POLIFORM TIRE

LES FICELLES.

Cette saison, Poliform repense l’espace domestique comme un paysage d’architecture intérieure, où chaque pièce dialogue avec les autres. Les tables Reef se distinguent par leur silhouette organique, taillée dans un béton brut aux accents minéraux, évoquant des galets polis par le temps. En contraste, le fauteuil Ponte d’Emmanuel Gallina joue la carte de la légèreté structurée : inspiré de l’univers nautique, il adopte les lignes d’un pont suspendu, tendu entre finesse et stabilité. Un équilibre maîtrisé qui incarne avec justesse l’esthétique Poliform, entre matière, forme et fonction.

FLOS, ENTRE HÉRITAGE ET INNOVATION.

Flos joue les contrastes avec deux nouvelles créations lumineuses. Jam Session, signée Piero Lissoni, revisite la torche antique dans une version modulable et graphique : une base en béton accueille jusqu’à trois tiges coiffées de diffuseurs, à assembler librement. Plus aérienne, Luce Cilindrica de Ronan Bouroullec explore la délicatesse du verre borosilicaté dans une composition suspendue et presque immatérielle. Deux visions opposées mais complémentaires d’une lumière pensée comme langage. Et que dire de la Maap imaginée par son frère Erwan, aussi radicalement simple qu’intrinsèquement complexe. Par son motif éminemment graphique et son système de fixation magnétique, Maap donne libre cours à la créativité humaine, transformant le mur en toile lumineuse. Façonnée par la main, sa surface imprévisible diffuse une lumière douce et immersive, comme un nuage filtrant les rayons du soleil.

Nos coup de cœur de retour du Salone del Mobile navigue entre rééditions iconiques et innovations audacieuses. De la Spider d’Oluce au canapé modulable de Knoll, en passant par la lumière engagée d’Artemide, la couleur structurante de Boffi ou le futur poétique de Kartell, ces créations incarnent l’excellence et l’avant-garde du design contemporain.

CASSINA CÉLÈBRE 60 ANS DE DESIGN ICONIQUE.

Pour les 60 ans de la Collection Le Corbusier®, Pierre Jeanneret®, Charlotte Perriand®, Cassina réédite quatre pièces majeures, dont le célèbre petit Fauteuil Grand Confort. Proposé en trois nouveaux coloris mêlant velours mohair, cuir pleine fleur et structures métalliques brillantes, ce classique moderniste de 1929 conserve son allure rationnelle et confortable. Repensé avec des matériaux durables, il reste une référence du design intemporel, grâce à un travail étroit avec la Fondation Le Corbusier et les ayants droit.

KNOLL TISSE SON RÉCIT DESIGN À MILAN.

Knoll investit Via Palermo avec un showroom repensé par Ippolito Fleitz, où cordes et jeux d’ombre traduisent la créativité en filigrane. Pièces maîtresses de cette scénographie : le canapé Molamisa d’EOOS, modulable à l’envi, et la table d’appoint Sooso, sculpturale et fonctionnelle. Un duo qui illustre la force d’un design en perpétuelle évolution.

ARTEMIDE, LUMIÈRE DURABLE ET MANIFESTE.

Cette saison, Poliform repense l’espace domestique comme un paysage d’architecture intérieure, où chaque pièce dialogue avec les autres. Les tables Reef se distinguent par leur silhouette organique, taillée dans un béton brut aux accents minéraux, évoquant des galets polis par le temps. En contraste, le fauteuil Ponte d’Emmanuel Gallina joue la carte de la légèreté structurée : inspiré de l’univers nautique, il adopte les lignes d’un pont suspendu, tendu entre finesse et stabilité. Un équilibre maîtrisé qui incarne avec justesse l’esthétique Poliform, entre matière, forme et fonction.

OLUCE REMET LA SPIDER DE JOE COLOMBO EN LUMIÈRE.

Pour 2025, Oluce célèbre la longévité de ses icônes, à commencer par la Spider de Joe Colombo. Conçue en 1965, cette lampe au look pop et au réflecteur orientable sur tige chromée incarne toujours une modernité saisissante. À ses côtés, la minimaliste Agnoli (1954) revient en version table. Deux rééditions qui confirment la vision d’Oluce : le design intemporel ne se démode pas, il s’affirme.

FRATELLI BOFFI EXPLORE L’ESPACE PAR LA COULEUR.

Avec Cromatica, Fratelli Boffi et Storagemilano font de la couleur une véritable structure architecturale. Le canapé Platea, modulable et posé sur un socle en eucalyptus laqué, invite à la convivialité. La table Arcano, avec son plateau coulissant, cache un miroir et des rangements raffinés. Ensemble, ces pièces sculptent l’espace par le jeu des formes et des teintes, donnant au salon une nouvelle grammaire visuelle.

KARTELL, DESIGN FUTURISTE ET POÉSIE LUMINEUSE.

Au Salone del Mobile, Kartell mêle innovation et classiques emblématiques. La collection Lepid de Patricia Urquiola séduit par ses bibliothèques et consoles aux lignes épurées, jouant sur emboîtements et légèreté graphique. À côté, la lampe Aura de Tokujin Yoshioka déploie ses ailes translucides, diffusant une lumière douce et changeante, transformant l’objet en véritable sculpture lumineuse. Une vision résolument tournée vers l’avenir.

THONET, JIL SANDER ET SA VISION DE DEUX ICÔNES.

La créatrice allemande Jil Sander revisite deux icônes du design : la célèbre chaise cantilever S64 de Marcel Breuer et les tables d’appoint B97. Elle nous surprend en les sublimant avec talent. Cette collaboration exceptionnelle est d’une élégance décontractée irrésistible – et ce, dans les deux versions de la collection. La version « Nordic » séduit par ses tons clairs et chaleureux associés à une finition nickel argent mat ; la version « Serious » s’impose par ses teintes sombres et profondes, portées par une structure tubulaire couleur titane brillante.

KETTAL, VICO MAGISTRETTI ET SON FAUTEUIL LODEN.

Du 20 au 22 mai, Kettal a présenté son Milano Pop-Up au showroom de Londres, situé au cœur de Clerkenwell. L'événement de trois jours a mis en avant les dernières créations de la marque révélées lors de la Milan Design Week. Les points forts ont inclus la réédition de l'emblématique canapé Loden par Vico Magistretti, l'intégralité de la collection extérieure Tilos par Antonio Citterio, le nouveau canapé Insula par Patricia Urquiola, les ajouts récents à Passage par Ronan Bouroullec, ainsi que le lancement du système de bureau Pi, parmi d'autres.

DESIGN

Anniversaire

Il y a 10 ans, Philippe Starck révolutionnait la lampe portable.

Musique

Depuis son atelier de Theys, en Isère, l’ébéniste designer Jérôme Fort réinvente le meuble HiFi.

Collection

Marion Roffino, une artisane passionnée par l’osier.

Retail

Quand l'âme d'un animé se déguste à Düsseldorf.

Event

De retour de Milan.

ANNIVERSAIRE

Il y a 10 ans, Philippe Starck marquait le début du concept de lampe portable.

« Subversif, éthique, écologique, politique, drôle... C’est ainsi que je vois mon travail de designer », aime à dire notre Philippe Starck national, dont la vision audacieuse continue de redéfinir le design contemporain. Il y a dix ans, il bouleversait les codes avec Bon Jour Unplugged, une lampe portable devenue icône, alliant élégance et innovation. Aujourd’hui, cette création emblématique revient dans une nouvelle édition enrichie d’une palette inédite de finitions raffinées et dotée d’une couronne transparente intégrée de série. Si le design reste fidèle à l’original, la technologie progresse avec l’ajout de Color Tune, qui permet d’ajuster précisément l’intensité lumineuse tout en améliorant les performances. Bon Jour Unplugged confirme ainsi sa place à la croisée de l’esthétique, de la fonctionnalité et de l’engagement, fidèle à l’esprit de son créateur.

Texte La Rédaction

Le bois comme langage.

DEPUIS SON ATELIER DE THEYS, EN ISÈRE, L’ÉBÉNISTE DESIGNER JÉRÔME FORT RÉINVENTE LE MEUBLE HIFI.

Texte La Rédaction

MUSIQUE
“ Des lignes sobres, des volumes justes, ses créations évoquent l’élégance du design nordique des années 50.

DANS

un ancien atelier de montagne longtemps resté silencieux depuis plus de trente ans, le bois retrouve sa place. À Theys, au cœur du massif de Belledonne, Jérôme Fort conçoit des meubles sur mesure, à la croisée du design contemporain et du savoir-faire traditionnel. Formé chez les Compagnons du Tour de France après une première vie dans le marketing, l’ébéniste est revenu s’installer sur ses terres d’origine pour y développer une pratique sensible, exigeante, ancrée dans l’éco-conception.

UN GESTE LOCAL, DURABLE ET ENGAGÉ

Spécialisé dans les meubles HiFi et vinyle, il imagine des pièces conçues pour accueillir platines, amplis ou disques, en alliant équilibre acoustique et exigence esthétique. Lignes sobres, volumes justes : ses créations évoquent l’élégance du design nordique des années 50, tout en répondant aux besoins concrets de chaque espace. À 700 mètres d’altitude, son atelier privilégie les circuits courts : bois locaux certifiés, colles limitées, finitions naturelles, et même les chutes de bois qui chauffent l’espace. Une approche artisanale où chaque meuble devient instrument. en conservant l’essence du design original.

Jérôme Fort dans son atelier qui s'attèle à la confection d'un piétement d'un meuble bas.

L’osier à fleur de mains.

MARION ROFFINO, VANNIÈRE INSTALLÉE EN SAVOIE, MÊLE SAVOIR-FAIRE TRADITIONNEL ET CRÉATION CONTEMPORAINE. DE L’OSIER QU’ELLE CULTIVE ELLE-MÊME NAISSENT MEUBLES, INSTALLATIONS ET ŒUVRES VIVANTES QUI RACONTENT UNE RELATION PROFONDE AU VÉGÉTAL ET AU LIEU.

Texte La Rédaction

VANNERIE

2009

sur une place de Sinop, en Turquie, Marion Roffino découvre le tressage. Le geste, la matière, le rythme lent : l’instant déclenche une vocation. En 2010, elle intègre l’École nationale d’osiériculture et de vannerie de Fayl-Billot, en Haute-Marne. Elle y apprend la maîtrise du geste, la culture de l’osier, et développe peu à peu un langage propre, à la croisée de l’artisanat d’art et de la création contemporaine. « Créer et modeler des formes et des matières, mon cœur se remplit de joie et d’élan lorsque les brins se composent sous mes doigts », confie-t-elle. « Des petits objets contenants jusqu’aux structures monumentales vivantes d’osier bouturé, je me délecte de ces instants passés à construire une relation entre le végétal, le lieu de la réalisation et moi. »

UN ATELIER ENRACINÉ EN SAVOIE

Installée à Entrelacs, en Savoie, Marion Roffino cultive ellemême une partie de son osier sur des terrains alentour. Dans son atelier au pied du col de la Chambotte, elle tresse chaque pièce à la main, avec une attention particulière portée aux volumes, aux lignes et à la manière dont les formes interagissent avec l’espace. « Sélectionner des variétés, les voir grandir, les récolter brin à brin en rêvant aux futurs tressages… Quel bonheur ! Et choyer les étapes de la bouture au tri ! », racontet-elle, soulignant l’importance du cycle végétal dans son processus de création.

TISSER DES FORMES ET DES HISTOIRES

Son travail a donné lieu à plusieurs réalisations marquantes. À Mens, dans le Trièves, elle participe au Village Végétal : cinq vanniers, une tonne d’osier, et un dédale vivant né d’une semaine de tressage collectif. Les formes y sont rondes, ovales ou ogivales, conçues pour accueillir l’imaginaire des enfants comme des adultes. À Annecy-le-Vieux, elle signe La Gloriette, une voûte d’osier qui invite à la pause, à l’ombre des brins tressés. À Paris, Le Couloir Volubile, tunnel végétal et structure vivante, propose une respiration au cœur de la ville, un espace en croissance permanente qu’il faut re-tresser chaque année, au rythme des pousses nouvelles. Elle est également sollicitée dans des univers plus feutrés : au Clos Vauban, le restaurant du chef triplement étoilé Laurent Petit, elle a conçu des éléments décoratifs sur mesure de toute beauté qui emplissent l’univers du chef. Parmi ses pièces emblématiques, on compte aussi cette biche grandeur nature née d’une collaboration avec le ferronnier d’art Bernard Duchesne à Saint-Germain-laChambotte : oreilles dressées, museau tourné vers le vent, elle incarne la puissance silencieuse de la présence, entre tension du métal et souplesse de l’osier.

TRANSMETTRE L’ÉLAN DU GESTE

Avec le temps, Marion Roffino a aussi trouvé sa place dans la transmission. Elle accueille dans son atelier des personnes venues découvrir ou approfondir les gestes de la vannerie. « J’ai mis quelques années à me sentir légitime de transmettre ce que Jean-Pierre Bénetière et Jean-Paul Bavoillot, tous deux Meilleurs Ouvriers de France et enseignants à l’école nationale, m’ont offert. Bien que n’ayant pas la possibilité d’offrir autant à celles et ceux qui viennent à l’atelier en quête de savoir-faire, je me réjouis de transmettre ma part du gâteau, et ma joie à tresser l’osier, le saule… »

Qu’elle intervienne dans l’espace public, dans des lieux culturels ou dans des commandes privées, Marion Roffino construit une œuvre à la fois concrète et poétique. Elle rêve d’une ville où les racines prennent corps, où les structures poussent, respirent, changent. Chaque pièce est pensée comme une invitation à ralentir, à observer, à habiter autrement les lieux et les matériaux. À l’heure des urgences climatiques et de la saturation urbaine, ses entrelacs apparaissent comme autant d’espaces de répit, de jeu et de réinvention.

Sculpture d’un cervidé à la Chambotte composé de viminalis, de purpurea et de triandra.

Dans une ville où l’éclectisme culinaire se réinvente chaque saison, un lieu s’impose déjà comme manifeste d’un art de vivre nouveau. Funky Ramen n’est pas seulement un restaurant : c’est une mise en scène, un voyage sensoriel, un hommage à la fois aux traditions japonaises et à la culture urbaine contemporaine. Son fondateur, un chef aguerri passé par l’exigence des tables étoilées, s’est laissé guider par une passion singulière : l’animé culte Samouraï Champloo. De ce récit foisonnant, il a tiré un concept spatial et gustatif inédit réalisé par Kidz Studio.

FUNKY RAMEN, QUAND L’ÂME D’UN ANIMÉ

SE DÉGUSTE À DÜSSELDORF.

Texte La Rédaction – Photos Ruben Movsisian

RETAIL

À une époque où nos intérieurs traduisent nos émotions, où la gastronomie devient spectacle et où l’architecture s’écrit comme un manifeste, certains créateurs choisissent de brouiller les frontières entre disciplines. À Belgrade comme à Düsseldorf, deux aventures singulières témoignent de cette quête d’expériences totales : Kidz Studio, laboratoire d’architecture aux racines européennes, et Funky Ramen, restaurant thématique qui réinvente l’art culinaire par le prisme d’un anime culte. Tous deux partagent une même conviction : l’espace n’est pas seulement un cadre de vie, il est une narration, une scène où l’on joue, où l’on ressent, où l’on s’émerveille.

L’ART DE L’IMPERFECTION

Le cœur du concept réside dans la division du lieu en trois zones, chacune façonnée par l’esprit d’un personnage de l’animé.

Jin, samouraï stoïque et mesuré, insuffle une ambiance bleue, tempérée, où le bois massif et les briques apparentes composent une atmosphère sereine, presque méditative. Ici, le sushi se savoure dans une bulle de calme, comme une calligraphie exécutée avec lenteur et maîtrise. Mugen, guerrier indomptable, incarne la zone rouge, brute et vibrante. Les blocs de béton, les pierres irrégulières et les coussins peints à la main traduisent son énergie brute. C’est l’endroit du lâcher-prise, de la convivialité sans codes, où les ramen fumants réchauffent autant les corps que les esprits. Fuu, la jeune héroïne qui relie les deux mondes, devient la force d’équilibre. Son espace neutre, blanc et épuré, respire la simplicité. Rideaux de lin, assises minimalistes, lumière douce : un lieu d’accueil et de respiration, où l’essentiel reprend ses droits.

Le projet ne se contente pas de juxtaposer des styles. Il orchestre un dialogue, une tension féconde. Les cordes bleues qui traversent la zone rouge, les lignes rouges qui s’immiscent dans le bleu rappellent que l’unité naît du contraste, que l’harmonie est toujours une rencontre.

“ Alors, à Belgrade comme à Düsseldorf, entre un bâtiment et un bol de ramen, souvenons-nous de cette invitation universelle : Soyez juste des enfants.

KIDZ STUDIO, L’ENFANCE RETROUVÉE

Fondé en 2013, installé à Belgrade mais rayonnant de Paris à Amsterdam, Kidz Studio défend une vision singulière de l’architecture. Leur approche, baptisée kid-vision, revendique le regard de l’enfant comme moteur de créativité. Dans leurs projets, rien n’est figé : les murs se veulent matières à rêver, les détails se font déclencheurs d’émotions, les espaces deviennent invitations à explorer. Chez eux, l’imperfection est célébrée : un pan de mur brut, une lumière décalée, un contraste inattendu viennent rompre la rigidité pour mieux réveiller la sensibilité. Loin des manifestes froids, leurs projets respirent le jeu, l’étonnement, et redonnent à l’architecture sa dimension humaine et poétique. Qu’il s’agisse d’une maison, d’un showroom ou d’un espace public, chaque réalisation est pensée comme une expérience : vivre, habiter, ressentir, explorer.

DES VISIONS PARALLÈLES

Ce qui relie Kidz Studio et Funky Ramen, c’est cette manière de concevoir l’espace comme un terrain d’aventure. Ni l’un ni l’autre ne s’enferme dans les codes établis. Tous deux osent l’inattendu, cultivent l’authenticité, et placent l’émotion au centre de leur démarche. Là où Kidz Studio imagine des architectures qui nous reconnectent à notre regard d’enfant, Funky Ramen transforme un repas en immersion narrative. Dans ces deux projets, on retrouve la même envie de brouiller les frontières : entre sérieux et jeu, entre design et poésie, entre rigueur et imperfection.

L’ART DE VIVRE COMME TERRAIN DE JEU

Dans un monde où l’on cherche souvent la perfection, Kidz Studio et Funky Ramen rappellent que la vraie richesse réside dans l’inattendu, dans la surprise, dans le plaisir de se laisser étonner. L’un construit des espaces qui sont autant de manifestes sensibles, l’autre invente un restaurant où l’on mange autant qu’on voyage.

Leur message est limpide, et il dépasse les murs qu’ils érigent ou les tables qu’ils dressent : l’art de vivre, pour être sincère, doit garder une part de spontanéité et de jeu. Alors, à Belgrade comme à Düsseldorf, entre un bâtiment et un bol de ramen, souvenons-nous de cette invitation universelle : Soyez juste des enfants.

Un pan de mur brut, une lumière décalée, un contraste inattendu viennent rompre la rigidité pour mieux réveiller la sensibilité.

“Leur approche, baptisée kid-vision, revendique le regard de l’enfant comme moteur de créativité.

MILANO

EVENT Matchs créatifs à Milan : les collaborations à retenir.

Cette année encore, le Salone del Mobile a été le théâtre de rencontres inattendues et de dialogues féconds entre créateurs, marques et artisans. Certaines collaborations ont su dépasser le simple exercice de style, voici celles qui nous ont surpris, séduits ou interrogés.

FLOS & FORMAFANTASMA.

Le duo de designers Formafantasma avait signé une installation immersive autour de leur projet SuperWire, exposée dans le showroom Flos de la rue Corso Monforte. Pensée en résonance avec l’architecture du lieu, l’intervention joue avec les volumes du portique d’entrée pour instaurer un dialogue subtil entre espace intérieur et environnement urbain.

À l’intérieur, une série d’arches structure l’espace d’exposition. Chacune met en lumière des éléments essentiels de lampes SuperWire, entre pièces physiques et extraits vidéo issus du film The Light of the Mind, prolongeant ainsi l’exploration du design au-delà de l’objet.

Texte La Rédaction
Photo
Flos

MILANO

TACCHINI & FAYE TOOGOOD.

À travers une toute nouvelle collaboration avec l’éditeur italien

Tacchini, la designer britannique

Faye Toogood dévoile Bread and Butter, une collection qui fait le pari de la simplicité et du quotidien.

Cette série de pièces rend hommage aux fondements du foyer et aux gestes élémentaires de la vie domestique. Pain et beurre : deux éléments aussi familiers que symboliques, que Toogood traduit ici en langage mobilier.

Pièce maîtresse de la collection, le Butter Sofa se distingue par ses volumes amples et ses lignes douces, presque fondantes. Son design évoque la texture onctueuse du beurre frais, avec des coussins généreux qui semblent avoir été façonnés à la main. À mi-chemin entre design utilitaire et sculpture organique, ce canapé incarne une forme de confort émotionnel, proche du cocon.

Faye Toogood est une artiste britannique travaillant dans un large éventail de disciplines, de la sculpture au mobilier, des intérieurs à la mode.

BENI RUGS & STUDIO KO.

Née d’une exploration approfondie des objets du quotidien, journaux annotés, archives effacées, croquis esquissés, la collection « Intersection », signée Studio KO pour Beni Rugs, réinterprète ces fragments de mémoire collective à travers l’art du tissage marocain traditionnel. Alliant réflexion conceptuelle et savoir-faire artisanal, cette série se compose de dix tapis, réalisés selon cinq techniques de tissage, dont deux développées spécialement pour l’occasion : le Rabat weave, au motif structuré et délicat, ainsi que les Hand-Embroidered Flatweaves, entièrement brodés à la main. Chaque pièce s’impose comme un récit textile, une trace contemporaine où l’abstraction graphique résonne comme une écriture ancienne oubliée.

Photo Matthieu Salvaing
Karl Fournier (à gauche) et Olivier Marty, fondateurs de Studio KO , sont assis dans leur bureau de Marrakech.

MONDE SINGULIER & GARANCE VALLÉE.

Avec « 2093 », Garance Vallée imagine sa toute première collection de mobilier pour Monde Singulier, une série inspirée du futur proche et centrée sur la chambre, envisagée comme un sanctuaire intime. Elle y mêle douceur tactile et rigueur industrielle, croisant matières organiques et éléments métalliques, entre savoir-faire traditionnel et esthétique futuriste. La grâce du bois effleure l’aluminium, la lumière sculpte les volumes aux lignes franches. Chaque pièce dissimule tiroirs, alcôves ou niches, autant d’ouvertures vers d’autres espaces, réels ou imaginaires, où le temps semble suspendu.

Photo
Garance Vallée, Artiste & Designer.

MILANO

USM & HUMANRACE.

À l’occasion de la Milan Design Week 2025, Pharrell Williams explorait une nouvelle dimension de Humanrace, sa marque dédiée au soin et au bien-être, en la traduisant dans l’univers modulaire de USM. Une rencontre aussi surprenante que naturelle, où l’univers du rituel corporel s’entrelaçait avec la rigueur formelle du design suisse. De cette collaboration naît une collection de meubles adaptables – lavabos, rangements, pièces hybrides –conçus pour accompagner les gestes du quotidien, à mi-chemin entre l'efficacité clinique et le confort de l’intime. Le soin devient structure, le mobilier devient rituel.

Pharrell Williams est un auteur-compositeurinterprète, réalisateur artistique, musicien, styliste, rappeur producteur américain, et récemment directeur artistique de Louis Vuitton.

LORO PIANA & DIMORE MILANO.

C’est à travers La Prima Notte di Quiete, une installation immersive présentée dans la cour du Cortile della Seta, siège de Loro Piana à Milan, que s’est manifesté l’élan créatif des deux entités. Inspirée de l’esthétique d’un ancien cinéma, elle explorait la frontière entre réalité et fiction à travers un décor feutré mêlant velours rouge, moquette léopard et appliques en laiton. L’espace accueillait des meubles signés Emiliano Salci et Britt Moran, des pièces de Dimoremilano revêtues de textiles Loro Piana Interiors, ainsi que des antiquités et œuvres d’art. Des créations inédites comme les tables Quarona ou le lit Varallo côtoyaient des matériaux nobles (cachemire, laine, velours) dans une mise en scène à la fois tactile et cinématographique. La bandeson, signée Nicola Guiducci, ponctuait l’ambiance de sons familiers comme la pluie ou quelques notes de piano. À cette occasion, Loro Piana avait également lancé sa première collection d’art de la table, Punti a Maglia, en porcelaine de Limoges, décorée à la main d’un motif doré inspiré du fil textile.

Dimorestudio a célébré deux décennies d'une créativité extraordinaire lors du dernier Salone del Mobile. Emiliano Salci (à droite) et Britt Moran (à gauche) sont devenus des figures emblématiques du design.

Une capsule temporelle nommée Range Rover.

POUR SA PREMIÈRE PARTICIPATION À LA MILAN DESIGN WEEK, RANGE ROVER S’ASSOCIE AU STUDIO CALIFORNIEN NUOVA POUR UNE INSTALLATION IMMERSIVE CÉLÉBRANT 50 ANS DE DESIGN AUTOMOBILE.

MILANO

DANS

l’écrin du Palazzo Belgioioso, joyau néoclassique du XVIIIe siècle, Range Rover fait son entrée remarquée à la Milan Design Week avec Futurespective: Connected Worlds, une expérience immersive conçue en collaboration avec NUOVA. Ce studio créatif basé à Los Angeles s’est imposé ces dernières années par ses installations à la croisée de l’art, de la scénographie et du design expérientiel. Pour Range Rover, NUOVA orchestre un véritable voyage sensoriel et temporel, reliant deux époques clés : 1970, année de naissance de la marque, et 2025, incarnation de son futur. L’installation, construite autour d’un monolithe doré de 25 mètres, agit comme un portail entre ces deux temporalités. La première capsule, hommage aux années 70, recrée une concession automobile d’époque. En son centre trône le tout premier Range Rover de pré-production, le mythique YVB 151H, exposé dans un décor boisé, aux teintes chaudes, où se mêlent mobilier sur mesure, objets d’archives et lumière tamisée. On y retrouve des pièces emblématiques de Nuova, comme une version circulaire de leur table Enzo en marbre de Carrare, ou encore un canapé rouge profond, qui dialogue avec les lignes robustes du véhicule d’origine. La seconde capsule projette le visiteur dans un futur sensoriel. Entre jeux de lumière, bande-son immersive et parfums exclusifs créés par Aeir — marque de haute parfumerie à bilan carbone négatif, lancée par NUOVA — l’expérience réinterprète l’ADN de Range Rover à travers une esthétique épurée, contemporaine, mais toujours luxueuse. Pour Gerry McGovern, directeur de la création chez JLR, cette « confrontation poétique entre passé et futur » illustre l’évolution constante d’un design iconique, sans jamais trahir ses origines.

Luc Reversade, une certaine idée de la folie.

GENIUS
Texte La Rédaction
La Folie Douce, une histoire qui s'écrit maintenant à quatre.

Parfois, la révolution commence par un plat de pâtes. Ou par une table bancale au milieu de la neige, dans un restaurant d’altitude à moitié enseveli, que personne ne remarque vraiment. Nous sommes à Val-d’Isère, au début des années 1980. Il n’y a ni eau courante, ni chauffage, ni toilettes. Juste un garçon un peu fou, un peu rêveur, qui a décidé qu’ici, à 2 400 mètres, il ferait autre chose que de servir de la soupe en fin de journée. Ce garçon, c’est Luc Reversade. Un nom désormais indissociable d’un concept qui a bousculé les règles du tourisme alpin : La Folie Douce. Une expérience autant qu’un lieu, où les pistes deviennent scènes, où les danseurs tutoient les sommets et où la fête surgit en plein jour, en moonboots et lunettes miroir. Mais derrière le décor surchauffé, il y a l’histoire d’un homme, d’une famille, et d’une idée tenace : faire de la montagne un théâtre joyeux, vivant, accessible – sans renier ce qu’elle est vraiment.

LE FILS DU SILENCE ET DE LA NEIGE

Luc Reversade naît dans une famille modeste, sans folklore ni fortune. Ses parents sont instituteurs, mutés dans des villages d’altitude. Il grandit dans un environnement rude mais doux, au cœur des saisons. L’hiver est une évidence, pas une destination. Il apprend le ski comme on apprend à marcher, puis le goût du travail dans les petites pensions de montagne. Très tôt, il sait qu’il ne rentre pas dans les cases : l’école ne le passionne pas, les règles encore moins. Il s’agite, rêve ailleurs. Bien plus tard, un diagnostic de TDAH viendra mettre des mots sur cette énergie brute qui l’anime. À 17 ans, il organise des soirées pour se faire un peu d’argent. L’idée n’est pas de faire la fête, mais de financer sa première aventure : un petit hôtel à Autrans, acheté avec rien, tenu avec tout. Il est moniteur de ski, restaurateur, barman, et parfois même veilleur de nuit. Il apprend. Surtout, il observe. Un jour, dans une station, il croise un hôtelier venu d’Israël. Ils discutent. L’homme l’écoute, le pousse. « Si tu veux faire quelque chose de grand, va à Val-d’Isère. » Luc part sans plan, sans modèle, mais avec un instinct : il veut son endroit à lui.

MONE, LA NEIGE ET LE FEU

En 1981, il reprend une fruitière à la Daille. Un local inaccessible, battu par les vents, trop haut, trop froid. Peu importe. Il installe un self-service rudimentaire. Le bâtiment gèle la nuit, l’eau s’arrête, la cuisine est un défi. Il dort parfois sur place, dans un sac de couchage. Il ouvre quand il peut. Il ferme quand il doit. Le déclic, il le doit à une femme : sa mère, Corinne, que tout le monde appelle Mone

Elle prend sa retraite d’institutrice et vient l’aider. Elle ne connaît rien à la restauration, mais beaucoup à la générosité. Elle découpe, mijote, invente. Peu à peu, ils transforment le lieu en restaurant. Plus tard, sa femme Corinne rejoint elle aussi l’aventure. La cuisine devient l’âme du projet, et l’équipe, une famille au sens large. Puis vient La Fruitière, version revisitée de la table d’altitude. Décoration vintage chic, nappes à carreaux, fromages affinés, vin choisi. On mange bien, on est bien. Mais Luc sent qu’il manque encore quelque chose.

UN MONDE À INVENTER

En 2007, sur un coup de tête, il installe une platine sur la terrasse. Un DJ mixe quelques sons. Les gens se lèvent, dansent, hésitent, s’embrasent. Le jour décline, les skieurs restent. Quelque chose est en train de naître. Luc observe, note, ajuste. Il engage des danseurs, fait venir des chanteurs lyriques, des circassiens. Il veut un show vivant, coloré, élégant, jamais vulgaire. Il s’inspire d’Ibiza, du cabaret, du cirque. Et la neige devient scène. La Folie Douce est née. Le succès est immédiat. Val Thorens ouvre en 2009, puis Méribel, l’Alpe d’Huez, Megève, Avoriaz, Les Arcs. Partout, le même esprit : célébrer la montagne autrement, sans la dénaturer. Les performances se jouent en plein jour, entre deux descentes. Le spectacle ne prend jamais le pas sur le lieu. Luc insiste : ce n’est pas une boîte de nuit, c’est une

EMOTION.

UNE ENTREPRISE FAMILIALE, UN RÊVE PARTAGÉ

Au fil des années, ses fils César et Artur rejoignent l’aventure. Ils ont étudié, voyagé, travaillé dans la finance. Ils apportent une rigueur, une vision. Mais jamais ils ne trahissent l’ADN du projet. Le cœur, c’est la famille. C’est Mone qui cuisinait les premières daubes. C’est Luc qui a fait la vaisselle à la main sous la neige. Ce sont les équipes, restées fidèles depuis vingt ans, qui montent chaque matin les produits par les remontées mécaniques. 800 personnes travaillent pour La Folie Douce, dont beaucoup logées, nourries, intégrées comme dans une grande troupe. Les établissements font jusqu’à 2 000 couverts par jour, dans des conditions extrêmes. Mais Luc veille. Il veut que tout reste vivant, humain, sincère. Pas de standardisation. Pas de compromis.

« NOUS SOMMES LES DERNIERS DES MOHICANS » Aujourd’hui, il regarde l’avenir avec un mélange d’enthousiasme et de lucidité. Il sait que la montagne change. Le climat, les attentes, les coûts, tout bouge. Mais il reste convaincu qu’un

autre modèle est possible. Il refuse les rachats, les fonds d’investissement, les projets aseptisés. « Nous sommes les derniers des Mohicans », dit-il. Et peut-être les seuls à croire encore qu’on peut danser à 2 400 mètres sans perdre son âme. Il imagine de nouveaux projets, à Aspen, au Japon, peut-être. Mais toujours avec cette même exigence : respecter le lieu, respecter les gens. Il parle d’écologie, de circuits courts, de transmission. Il s’émerveille encore devant une assiette bien dressée, un client qui sourit, une équipe qui improvise un pas de danse. Luc Reversade n’a jamais cherché la lumière. Mais il a su en mettre dans la vie des autres. En haut des pistes, là où tout pourrait être silence et solitude, il a créé un espace de chaleur, de partage, de fête. À 2 400 mètres, là où la montagne impose le silence, Luc Reversade a préféré faire entendre la musique des corps en fête, des cœurs qui vibrent — et rappeler qu’on peut vivre haut, mais toujours à hauteur d’homme.

LA FÊTE EN HAUT DES CIMES

Il faut grimper à plus de 2 400 mètres, là où l’air se fait rare et le silence plus épais que la neige, pour voir s’ouvrir, sur fond de DJ set, de danseurs perchés et de champagne qui fuse, l’un des lieux les plus détonants de la montagne française. La scène est irréelle : au beau milieu d’un domaine skiable, au pied des pistes, une foule en doudounes design, lunettes miroir et moonboots dorés chaloupe au son d’une techno festive, un verre à la main. C’est ici, à La Folie Douce, que Luc Reversade a réinventé l’après-ski. Et avec lui, une idée du plaisir, de la liberté, et peut-être même du bonheur en altitude.

L’INSTINCT DU MONTAGNARD

Luc Reversade n’est pas un homme pressé, ni un homme de mode. Il est de ceux qui avancent à pas sûrs, lentement peut-être, mais toujours avec une longueur d’avance. Né dans une famille d’instituteurs, dans les années d’après-guerre, il grandit en Savoie, entre deux écoles de montagne et des hivers où le ski est moins un loisir qu’un moyen de déplacement. Ce décor brut, fait de neige et de travail, façonne en lui un goût profond pour les choses simples : l’accueil, le feu qui crépite, les repas copieux. Il n’aime pas l’école, préfère la débrouille et l’action. Il dira plus tard, sans amertume, qu’il a mis des années à comprendre pourquoi il ne rentrait pas dans les cases : le diagnostic de TDAH (trouble de l’attention avec hyperactivité) ne tombera que bien plus tard. À 17 ans, il monte sa première boîte de nuit, pour se payer l’achat d’un petit hôtel à Autrans. Puis il devient moniteur de ski, court le monde, voyage en Israël, puis revient aux Alpes avec une idée fixe : vivre à la montagne, mais autrement.

UN CABANON DANS LA TEMPÊTE

C’est en 1981 qu’il reprend un vieux restaurant d’altitude à Val-d’Isère, isolé, sans eau courante, ni toilettes, ni chauffage correct. Il l’appelle modestement « La Petite Folie ». Le bâtiment est à moitié enseveli chaque hiver, les livraisons se font à ski, et la clientèle, rare. Mais Luc s’obstine. Il cuisine des plats du jour, sert des pâtes, lave les casseroles à l’eau fondue. Il dort parfois sur place, coincé par la tempête. Ce n’est pas rentable, mais c’est vivant. Quelques années plus tard, il appelle sa mère, Corinne – qu’on surnomme Mone –, à la rescousse. Elle prend sa retraite d’institutrice et vient l’aider aux fourneaux. Elle fait entrer dans les assiettes la générosité savoyarde : tartiflettes, daubes, plats mitonnés qui réchauffent le cœur autant que le corps. Ensemble, ils transforment le refuge en restaurant. Plus tard, sa femme Corinne les rejoint aussi, dans cette aventure où la cuisine, la famille et l’audace se mêlent au quotidien. Mais Luc sent que la montagne change. Les touristes viennent de plus en plus loin, mais cherchent autre chose que le vin chaud à 16 h. Ils veulent des émotions. Du style. De la surprise.

IBIZA EN DOUDOUNE

En 2007, c’est un disque vinyle posé sur une platine installée à la va-vite sur la terrasse qui déclenche l’étincelle. Quelques enceintes, un rayon de soleil, un ou deux clients qui se lèvent pour danser… et Luc comprend. Ce n’est pas qu’un restaurant qu’il faut faire ici. C’est un cabaret. La Folie Douce entre alors dans

une nouvelle dimension : musiciens, chanteurs lyriques, acrobates, DJs, danseurs en costume font irruption sur les tables, dans la neige, au cœur du jour. Le cabaret se mêle à la station de ski. Les pistes deviennent des allées de spectacle. On n’est plus à Val-d’Isère, mais sur une planète où la fête ne dort jamais.

Le succès est fulgurant. En 2009, une deuxième Folie ouvre à Val Thorens. Puis viennent Méribel, l’Alpe d’Huez, Avoriaz, Les Arcs, Megève, Chamonix. Chaque site a sa particularité, mais tous gardent l’ADN initial : une cuisine de qualité, une ambiance spectaculaire, une accessibilité qui n’exclut personne. Le style est délibérément festif, mais jamais vulgaire. Tout est chorégraphié, travaillé, et, derrière les paillettes, c’est une machine logistique redoutable qui tourne : plusieurs tonnes de provisions par jour, acheminées en altitude ; plus de 800 salariés à loger, nourrir, former ; des installations techniques capables de résister à −15°C en plein vent. La fête est une mécanique de précision.

UNE ENTREPRISE FAMILIALE

Luc Reversade n’a jamais dirigé seul. Il a bâti un modèle où la famille est au centre. Sa mère, Corinne, est restée aux fourneaux jusqu’à ses 90 ans. Son épouse, elle aussi, a veillé à maintenir la cohérence d’ensemble. Et aujourd’hui, ses deux fils, Artur et César, diplômés de grandes écoles et passés par la finance, ont repris le flambeau avec une vision internationale. À Chamonix, ils ont ouvert un hôtel de 250 chambres, avec bar festif et spa. À l’horizon : les États-Unis,

La Folie Douce c'est aussi un peu elle, Mone, la maman de Luc qui, après avoir pris sa retraite d’institutrice, viendra l’aider aux fourneaux pour faire entrer dans les assiettes la générosité savoyarde.

la Suisse, l’Asie peut-être. Mais toujours, la même idée : mêler le feu de la fête à l’authenticité de la montagne. Luc, lui, continue de veiller. Il ne dirige plus, mais il inspire. Il circule, passe, observe, conseille. Il refuse les appels des grands fonds d’investissement. « Nous sommes les derniers des Mohicans » , dit-il souvent, un brin fataliste. Il tient à cette indépendance, à cette liberté de dire non. Pour lui, La Folie Douce n’est pas une marque, mais un lieu de vie. Une communauté. Une aventure de lien, de création, de joie.

AU SOMMET, RESTER HUMAIN

Aujourd’hui, alors que les stations se battent pour réinventer leur modèle face au dérèglement climatique, Luc Reversade croit encore à l’avenir de la montagne. Mais pas n’importe comment. Il milite pour un tourisme plus doux, plus lent, plus proche. Il investit dans des projets durables : circuits courts, réduction des déchets, suppression des plastiques, formation des jeunes. Il pense que le vrai luxe est là : dans l’émotion sincère, dans la convivialité, dans la transmission. Il a fait danser les Alpes. Il a apporté à la montagne un supplément d’âme, un grain de folie qui n’efface pas la tradition, mais la fait vibrer autrement. Il a prouvé qu’à 2 400 mètres, on pouvait encore rêver, créer, rassembler. Il n’a jamais cherché à être un gourou ni un patron charismatique. Il est resté ce qu’il a toujours été : un montagnard sensible, un homme de feu, un artisan de l’instant.

LIFESTYLE

Style & Héritage

5 Boots Iconiques.

Horlogerie française

L'élégance audacieuse à portée de main.

STYLE & HÉRITAGE

5 BOOTS ICONIQUES.

L’AUTOMNE ARRIVE, ET C’EST LE MOMENT IDÉAL POUR RESSORTIR SA COLLECTION DE BOOTS EN VUE DE L’HIVER ET DU STYLE QUI VA AVEC. MAIS AU-DELÀ DE LA SIMPLE TENDANCE, CERTAINES PAIRES PORTENT EN ELLES UNE HISTOIRE, UNE ÂME, UN HÉRITAGE. LES BOOTS NE SONT PLUS SEULEMENT UN ACCESSOIRE PRATIQUE : ELLES SONT DEVENUES UN STATEMENT. QUE VOUS SOYEZ ATTIRÉ PAR L’HÉRITAGE STREETWEAR DE TIMBERLAND, L’AUTHENTICITÉ ALPINE DE GALIBIER ET PARABOOT, LE LUXE DISCRET DE BRUNELLO CUCINELLI OU L’INNOVATION TECHNIQUE DE NIKE, VOTRE CHOIX RACONTE UNE HISTOIRE. CELLE DU TRAVAIL BIEN FAIT, DE L’AVENTURE, DU STYLE OU DE L’INNOVATION. À VOUS DE CHOISIR LA VÔTRE. PETIT TOUR D’HORIZON DE CINQ PIÈCES CULTES, VÉRITABLES PILIERS D’UN DRESSING INTEMPOREL.

Texte Yannick Mougel

IMPOSSIBLE D’ÉVOQUER L’AUTOMNE sans penser à la Yellow Boot. Née en 1973 dans le New Hampshire, elle était à l’origine conçue pour résister aux conditions extrêmes des ouvriers américains. Son cuir nubuck épais, ses coutures étanches et sa semelle crantée en ont fait un véritable must-have. Son destin bascule dans les années 1980, lorsqu’elle est adoptée par la scène hip-hop new-yorkaise. Érigée en icône streetwear, la "Timber" devient le symbole d’une robustesse assumée et d’un style audacieux.

Aujourd’hui, elle incarne parfaitement cette alliance unique entre un héritage workwear indéniable et une influence lifestyle mondiale. La pièce idéale pour un look urbain qui ne transige pas sur l’authenticité.

TIMBERLAND L’URBAINE NÉE DU WORKWEAR.

C’EST EN ISÈRE QU’UNE AUTRE HISTOIRE S’ÉCRIT.

Dans les années 1920, Rémy-Alexis Richard découvre aux États-Unis le caoutchouc naturel et les semelles en latex. Inspiré par le port de Pará, en Amazonie, il associe ce matériau à la robustesse du cuir et fonde la marque Paraboot en 1927. La marque séduit d’abord ouvriers et montagnards en quête de confort et de solidité. Puis viennent les modèles iconiques : la Michael, derby intemporel, et l’Avoriaz, chaussure de montagne devenue citadine.

Paraboot, c’est l’assurance d’un savoir-faire artisanal préservé, maintenu en France, et d’un style qui navigue avec une élégance discrète entre la randonnée et les pavés parisiens. Une pièce racée, synonyme de confort absolu, idéale aussi bien pour les week-ends à la campagne que pour les journées de bureau.

PARABOOT L’ARTISANAT FRANÇAIS L’ÉPREUVEÀDU TEMPS.

TOUJOURS DANS LE BERCEAU ALPIN FRANÇAIS, à Voiron, Galibier voit le jour en 1927. Son nom, emprunté au célèbre col, est un programme à lui seul : effort, performance, sommets. Équipant les guides et alpinistes dès les années 1930, puis l’armée française, Galibier écrit sa légende pied après pied sur les parois les plus redoutables.

La Super Guide est ainsi entrée au panthéon des modèles mythiques.

Après une éclipse, la marque connaît un renouveau bien mérité, portée par un public en quête d’authenticité et de patrimoine. Porter des Galibier, c’est arborer un morceau de l’histoire alpine française : un objet robuste, chargé de récits d’ascensions héroïques — parfait pour affronter les premiers frimas avec un style vintage assumé.

(Et pour info, la Super Rando Low fait un carton au Japon chez les connaisseurs pointus.)

ALPINE.

CHANGEMENT DE REGISTRE pour ceux qui voient la botte comme un objet de raffinement ultime : Brunello Cucinelli en offre une interprétation magistrale. Depuis 1978, le "magicien du cachemire teint" imprègne sa maison ombrienne d’une philosophie de luxe humaniste et artisanal. Ses boots, produites en Italie par des maîtres bottiers, sont de véritables merveilles de noblesse. Elles marient avec grâce l’élégance urbaine et les inspirations montagnardes, dans des cuirs patinés, travaillés à la main. Les finitions sont impeccables, les détails raffinés — mais l’ostentation est absente. Ici, la botte incarne un luxe discret, durable, éthique, pour une clientèle en quête de beauté intemporelle autant que de valeur profonde.

BRUNELLO CUCINELLI LE LUXE À L'ITALIENNE.

PREUVE QUE L’HÉRITAGE peut aussi être résolument moderne, la ligne SFB (Special Field Boot) de Nike apporte une touche d’innovation technique au vestiaire automnal.

Conçue en 2008 par le légendaire designer Tinker Hatfield, elle réinvente la botte militaire en la rendant légère, agile et performante.

Le modèle SFB Field 2 8” allie cuir résistant, nylon respirant et semelle adhérente pensée pour la vitesse.

Adoptée aussi bien par les forces spéciales que par les amateurs de streetwear, elle est devenue une pièce culte. Elle incarne l’esprit du mouvement : une botte protectrice et dynamique, capable de traverser la ville comme les sentiers — avec agilité et un style résolument contemporain.

HORLOGERIE FRANÇAISE

L’élégance audacieuse à portée de main.

SI LA SUISSE RÈGNE SUR LE MARCHÉ DU LUXE HORLOGER, INCARNANT TRADITION ET PRESTIGE, LA FRANCE CULTIVE, ELLE, UNE APPROCHE PLUS ACCESSIBLE SANS JAMAIS RENIER SON PATRIMOINE. NÉE À BESANÇON, CAPITALE HISTORIQUE DE LA MESURE DU TEMPS, L’HORLOGERIE FRANÇAISE ALLIE SAVOIR-FAIRE ARTISANAL, DESIGN AUDACIEUX ET PRIX SOUVENT PLUS ABORDABLES. LOIN DES CODES PARFOIS INTIMIDANTS DU LUXE HELVÉTIQUE, ELLE INCARNE UN ART DE VIVRE ÉLÉGANT ET DÉCOMPLEXÉ, PORTÉ PAR DES MARQUES ANCRÉES DANS L’HISTOIRE ET RÉSOLUMENT TOURNÉES VERS LA MODERNITÉ.

Texte Yannick Mougel

ZRC, DE BESANÇON À ANNECY.

Née à Besançon, ZRC a forgé sa légende en équipant les militaires, les chemins de fer et l’aviation avec des montres d’une robustesse exceptionnelle dès les années 1920. Preuve de son esprit d’innovation, la marque brevète dans les années 1930 un système révolutionnaire de « coussinets antichocs ». Mais le chapitre le plus glorieux s’écrit en 1964 : la Marine nationale adopte officiellement le modèle Grands Fonds comme montre réglementaire de ses nageurs de combat. Son design unique, avec une couronne protégée à 6 h, devient une référence. Après l’ère du quartz, la marque, alors en sommeil, est rachetée en 2008 par le groupe Alfex, basé à Annecy. Sa mission ? Redonner vie à ce patrimoine horloger unique. Aujourd’hui, c’est depuis Annecy, nouveau « cerveau » de la marque, que ZRC écrit sa renaissance, alliant héritage historique et modernité.

BUCI, L’ÉLÉGANCE INTEMPORELLE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.

Buci est bien plus qu’une marque de montres : c’est un fragment de Paris que l’on porte à son poignet. Inspirée par l’esprit chic et artistique du mythique marché Buci, elle capture l’essence même de l’élégance parisienne : discrète, raffinée et intemporelle. La marque est née d’une campagne de financement participatif, et son design minimaliste et ultra-épuré séduit immédiatement les amateurs sensibles à la différence. Mais sa véritable particularité réside dans les détails personnalisables : des gravures poétiques peuvent être inscrites à l’intérieur ou sur le bracelet, faisant de chaque pièce un objet unique. La montre est livrée dans un écrin original en forme de « livre », accompagné d’un recueil poétique. Pourquoi on l’aime ? Pour son histoire qui fait rêver, nous transportant dans le Paris le plus artistique, et pour son design puriste qui s’accorde avec toutes les tenues tout en restant discret. C’est l’accessoire parfait pour affirmer un style décontracté mais toujours soigné. La classe parisienne à l’état pur.

Modèle présenté : Garde-temps Brique numéroté

BEAUBLEU, LA POÉSIE DE L’INSTANT CAPTURÉE AU POIGNET.

Et si le temps devenait une émotion ? C’est le rêve audacieux porté par Beaubleu, marque horlogère fondée en 2017 par Nicolas Pham et Emmanuel Georgy. Son nom, fusion évocatrice de « beau » et de « bleu » (l’infini), résume à lui seul sa promesse : transformer

la mesure du temps en une expérience sensorielle et poétique. Ici, pas d’aiguilles traditionnelles, mais une véritable chorégraphie mécanique. Des aiguilles dites « folles » et une boule rétrograde dansent avec grâce sur un cadran guilloché main au motif « Vortex » envoûtant. Beaubleu a osé réenchanter l’horlogerie avec une iden-

tité visuelle forte. Derrière la poésie se cache un savoirfaire français exigeant, alliant innovation mécanique et finitions précieuses. Ces garde-temps s’adressent aux esprits libres, à ceux qui voient dans une montre bien plus qu’un accessoire, mais une extension de leur personnalité.

YEMA, L’AVENTURE À LA FRANÇAISE.

Yema, c’est l’histoire d’un savoirfaire horloger français né en 1948 dans le petit village de Morteau. C’est la marque des pionniers, des explorateurs et de ceux qui croient en une horlogerie robuste mais chargée d’histoire. Yema a équipé les plus grands aventuriers français : de la mission polaire Paul-Émile Victor aux pilotes de l’Armée de l’air (avec la Navygraf), et même l’astronaute Thomas Pesquet dans l’espace (avec la Superman Heritage).

La marque est célèbre pour ses modèles cultes. Elle conçoit et produit ses propres mouvements mécaniques dans ses ateliers de Franche-Comté, affirmant une véritable indépendance technique.

Pour qui ? Pour l’amateur qui cherche une montre chargée d’histoire, qui valorise le savoir-faire français et qui apprécie le design vintage authentique et les montres robustes faites pour l’action.

LIP, 666 MÈTRES SOUS LES MERS. LA PEUR RESTE À LA SURFACE.

Lip est une marque iconique française, née à Besançon, capitale de l’horlogerie. Elle est profondément liée à l’histoire sociale française (notamment les luttes ouvrières des années 70). Elle symbolise l’audace, la résilience et le savoir-faire horloger populaire.

Mais chez LIP, au-delà des icônes de la marque, il y a la Nautic 666… Et ce n’est

pas qu’une montre, c’est une déclaration. Elle réveille l’ADN rebelle de la maison et s’adresse à une clientèle qui cherche à affirmer sa différence avec un objet exigeant et charismatique. Conçue dans les années 60, Fred Lip a eu l’audace d’apposer ce chiffre, évoquant 666 pieds (soit environ 200 mètres) pour l’étanchéité, et des performances « diaboliques » pour ce garde-temps. En 2025, la montre est

relancée avec le premier mouvement automatique maison depuis l’époque de Fred Lip. Le slogan de lancement est tout aussi radical : « Cette montre est certifiée pour résister à une pression diabolique. Saurez-vous résister à la tentation ? » En tout cas, c’est la seule montre de plongée professionnelle au monde qui assume son côté obscur, alliant patrimoine horloger français et audace résolument moderne. Brrrr.

Ici, une version plus marine.

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