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Le Bois des Ours
LIVRAISON 1ER TRIMESTRE 2026
Quartier du Rond-Point des Pistes
Résidence de prestige
Skis aux pieds
Espace bien-être
Dernières opportunités
4 et 5 pièces
Les Jardins de Juliette
TRAVAUX EN COURS
Résidence intimiste
Appartements spacieux
Vue dégagée sur le village et les sommets
Du 4 au 6 pièces
Sinaya
NOUVELLE RÉSIDENCE
À l’orée des jardins de la Jaÿsinia
Centre du village à quelque pas
Vue panoramique pour tous les appartements
Du studio au 5 pièces

« La laideur se vend mal », disait Raymond Loewy, célèbre designer franco-américain disparu en 1986
Italie
Bienvenue au pays des montagnes pâles ! Les Dolomites, destination retirée que Le Corbusier décrivait comme « la plus belle architecture au monde »
Chine
La forêt comme maison, la montagne comme refuge Niché dans les hauteurs boisées du Henan.

Japon
Les toits qui prient
Au pied des montagnes de la préfecture de Gifu.
Tibet
Entre pierre et prière
En périphérie de Lhassa, le Tibetan Thangka Art Museum a été conçu par l’agence française AND Studio.
Pologne
Dans les nervures du style Zakopane
Au cœur des montagnes des Tatras.
Suisse
Chalet 1936, l’élégance d’un passé revisité
Le 1936, un ancien hôtel transformé en résidence privée.
France
Chalet Sarto, une icône revisitée !
Le dernier chalet signé Iconic
House
Italie
Le chalet manifeste de Lucas
Beltrame
Quand minimalisme et modernité se rejoignent.


Finlande
Noir sur blanc
Une résidence secondaire pensée pour accueillir trois générations sous un même toit.
France
Un designer face aux paysages
Patrick Jouffret façonne des objets à la croisée de l’ingénierie, du design et des éléments… dont la montagne !
France
Poétique de la ligne claire
Née d’un rêve de haute altitude, l’Alpine Alpenglow mêle lignes futuristes et inspiration alpine.
France
La lumière au bout des doigts
Guillaume Bouvet signe un luminaire tactile en bois naturel.
États-Unis
Ralentir, réparer, régénérer
Une approche radicalement régénérative, Common Object
Studio redéfinit la mission du design.
Suisse et ailleurs
L’esprit montagne au patrimoine immatériel de l’humanité ?
Dans cet hôtel historique suisse de 1850, tout est montagne...
Argentine
Casa Gallareta
Cabanes paysagères de luxe en Patagonie argentine !
France
Courchevel, 80 ans d’éclat sur la piste aux étoiles
Il y a 80 ans, la station naissait dans la simplicité d’un village savoyard.
Mode
Quand la couleur prend le dessus sur le grand blanc !
ALPINE RESORTS, ALPINE COLLECTION, ARTÉPY, ARTISHOK, ATELIERS 3S, AGENCE AMEVET, ATELIER FORGE ET BRONZE, ATOUT FRANCE, AZUR CONFORT, ARCHITECTURE ENERGIE, BARBEYER ARCHITECTES, GROUPE BASE CAMP LODGE, CABINET HAYS, CARPET SOCIETY, C'EST BIEN FAIT, CAISSE D'EPARGNE RHÔNE ALPES, CASSINA, PIERRE & VACANCES / CENTER PARCS, CCB GREENTECH, CGH RESIDENCES, CIMALPES, CIMES INGENIERIE, CÎMEHÔTEL, CLUB CHIC, CLUSTER ECO-BATIMENT, CLUSTER MONTAGNE, CONCEPTION FLUIDES, CREADESIGN, PEUTZ, DISCOVER GROUP, ECOMATIC, EDIFIM, ASSOCIATION ENFIN! RÉEMPLOILA MATÉRIAUTHÈQUE, ENGIE SOLUTIONS - CHEVALIER ENERGIE SERVICES, ESKIS - DESIGNERS HOTELS & RESTAURANTS, ETABLISSEMENT CHEVALIER / LA FEUILLE BLANCHE, FOCUS CRÉATION, FOGO, FRANCE DÔMES, FRIENDLY HOTELS, GROSSET JANIN, GROUPE DESCHAUMES, GENERALI / ASSUREURS CONSEILS DE SAVOIE, GONTHIER PISCINES, GROUPE BANJI / YAUTE IMMO, HASAP AGENCEMENT, SHANA HOTEL & RÉSIDENCE, ICE INGENIEURS, GALERIE JANE GRIFFITHS, JMV RESORT ARCHITECTES, LA FOLIE DOUCE, LA MAISON DE JADE, LAURENCE BARBASTE, LITO SIGNATURE, MAEVA HOME / MY HOME IN THE ALPS, MAKEPROPS, MATIÈRES & MONTAGNES, MG SPACE DESIGNER, MOECO INGENIEURIE, MOHO HOSPITALITY, MOUNTAIN COLLECTION, MORGAN SICARD STUDIO, MOSA FRANCE, MYOSOTIS, NATURAL BREAK, NEPTUNE INTERNET SERVICES, NET & YOU, OPERA ENERGIE, OVO NETWORK, PORCELANOSA, PISCINE TALYA, GROUPE PELLETIER / LA CASCADE PROMOTEUR – CONSTRUCTEUR, BATI.P, R2K ARCHITECTES, RÊVES D'EXTERIEUR, TEC HÔTEL / CONSULTANT, SAVEC - GROUPE ODICE, 2 SAVOIEVENTS, SDCH, SETEC HOSPITALITY, SG ARCHITECTE, SOCOTEC, STEP BUY STEP, STUDIO SPACE HOMIES, SUNSTYLE INTERNATIONAL, SAS QUATRE SAISON – PEAUSSERIE DÉCORATIVE, TEC HOTEL, TEXAA, TIGNE LAKE LODGE / SOCIÉTÉ TOUBKAL, MMV, GROUPE YAK & YÉTI / VAL THORENS IMMOBILIER, WATSON'S.
Cosy Mountain Magazine
L'art de vivre à la montagne
Contact : contact@editions-cosy.com
En couverture
Chalet Sarto - © Mr Tripper
Directeur de publication
Claude Borrani — claude@cosy-editions.com
Contributeurs de ce numéro
Textes : Patricia Parquet, La rédaction
Direction artistique
Studio Space Homies — Nicolas Chatelus
Graphisme / Maquette
Pauline Lebeau
Publicité et développement
Olivia Gontharet - olivia@cosy-editions.com
Fanny Marguet - fanny@cosy-editions.com
Yannick Mougel - yannick@cosy-editions.com
N°ISSN : 2418-0297
Parution : Octobre 2025
IMPRIME EN France : ESTIMPRIM
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce soit des pages publiées dans le présent magazine, faite sans l’autorisation de l’éditeur EDITIONS COSY est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’oeuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L.122-4, L.122-5 et L.335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
Une publication de la société EDITIONS COSY SARL au capital de 48 000 euros 18, allée du Lac Saint-André 73370 Le Bourget-du-Lac — CEDEX RCS Chambéry SIRET 4443716

MAGAZINES FRANÇAIS • TRIMESTRIEL
La montagne n’a pas de passeport. Elle s’élève, immuable, aux quatre coins du monde, inspire partout une culture, des valeurs, une manière d’habiter et de vivre qui lui sont propres. C’est cette universalité que nous avons voulu explorer dans ce numéro spécial international.
Des Dolomites italiennes aux forêts profondes de Chine, des Tatras polonaises aux massifs sacrés du Tibet, en passant par les villages du Japon ou les cimes argentines de Patagonie, l’art de vivre en montagne se réinvente sans jamais se renier. À chaque latitude, elle raconte une histoire singulière, un rapport intime entre l’homme et la nature, entre l’architecture et le paysage.
On y (re)découvre des traditions préservées, comme les toits de chaume de Shirakawa-go, mais aussi des audaces architecturales qui défient les codes établis, du minimalisme de Henan à la modernité radicale des chalets signés Luca Beltrame ou Marianne Tiegen. La montagne se nourrit de ses héritages tout en osant la métamorphose.
À travers ce voyage, COSY MOUNTAIN #65 célèbre une évidence : la montagne est un langage universel. Elle dit le besoin de refuge, l’équilibre fragile entre respect et créativité, entre protection du patrimoine et élan vers l’avenir.
Puissiez-vous, au fil de ces pages, ressentir cette respiration internationale des sommets. Elle nous rappelle que, si les montagnes diffèrent par leurs formes et leurs cultures, elles portent toutes en elles une même promesse : celle d’inspirer, d’élever et de rassembler.
Bonne lecture et bon voyage au(x) sommet(s) du monde.

La suspension Cloud, c’est comme avoir un petit nuage au-dessus de la tête ! Prenez-la entre les mains, modelezla entre vos doigts et elle devient unique. Ce matériau non tissé recyclable, semblable à du papier froissé, peut prendre plusieurs formes.
Vous aimez la version suspension ? Sachez qu’elle existe aussi sous la forme de lampadaire et d’applique murale. Suspension Cloud, design Margje Teeuwen & Erwin Zwiers — Proplamp
Sélection – Patricia Parquet

La montagne s’invite au salon avec la lampe alpine Floor Lamp, en bois. Elle reprend les formes naturelles de la montagne et évoque l’altitude des forêts de l’Utah aux Etats-Unis où elle est fabriquée. On personnalise l’éclairage à l’aide du bouton en laiton qui atténue la lumière du lampadaire et de la lampe de table.
Alpine Floor Lamp, @ Astraeus Clarke


Si l’essor du ski indoor en Chine soulève de sérieuses questions environnementales, cela ne freine en rien l’ambition du pays de faire de ce loisir un levier touristique. Dernier exemple en date : un projet spectaculaire à Wuhan, pensé par le cabinet CLOU Architects. Il s’apparente à une station urbaine hybride qui entremêle sport, consommation et loisirs. Culminant à 100 m, une imposante masse inclinée abrite six pistes indoor de 500 m, avec un dénivelé de 73 m. Reste à savoir si cette fusion entre station de ski et parc à thème urbain, sous climat subtropical, relève de l’innovation touristique… ou de l’artifice à haute intensité énergétique. Devinez !
Wuhan Snow World par CLOU architects. © CLOU Architecture

C’est une mini architecture de table, au style concis et élégant. Cette cafetière espresso, composée de formes géométriques simples, est la première du designer Aldo Rossi. Passionné de poésie, le designer s’inspire des édifices italiens pour créer en 1984 cette cafetière pensée comme un monument miniature.
Cafetière espresso, La Conica, design Aldo Rossi, @ Alessi

Dans sa nouvelle collection, Arpin Maison habille ses tissus de rayures graphiques et de motifs épurés.
Ils évoquent l’évasion, avec notamment un motif de rose des vents, aperçu sur le coussin Embrun, dont les lignes rappellent la délicatesse d’un flocon de neige. Le tissu est entièrement confectionné en laine des alpages, dans l’atelier historique de la filature à Séez, en Savoie



Quel drôle d’objet ! En 1957, les frères Castiglioni réinventent le tabouret avec Sella : la rencontre entre une selle de vélo, de l’acier laqué rose et une base en fonte. Résultat : un design radical, devenu iconique et désormais exposé dans les musées du monde entier. Pensé pour être à mi-chemin entre assise et mouvement, le tabouret invite à ne jamais rester en Tabouret haut, Sella de Achille et Pier Giacomo Castiglioni —Zanotta
avoir quitté l’atelier de Le Corbusier et séjourné au Charlotte Perriand décide de du mobilier en bois plus léger et économique. Elle prolonge ainsi de sa chaise longue en réalisant versions en bambou et en hêtre. sera la Chaise longue Tokio. Chaise 522 — Cassina
Pensée pour affronter la montagne avec élégance, cette nouvelle montre automatique est une réinterprétation de la première montre de sport de la marque Seiko en 1959. Le cadran bleu s’inspire de la couleur du ciel la nuit audessus du mont Cervin. Dotée d’une boussole, d’une étanchéité jusqu’à 200 m, d’un verre saphir anti-reflet, elle accompagne sans faille les aventuriers.
Montre Prospex Land Alpinist automatique. @ Seiko

À Gelephu, face à la chaîne himalayenne, le futur aéroport international du Bhoutan ne cherche pas à s’imposer dans le paysage : il le prolonge. Signé Bjarke Ingels Group (BIG), le projet s’appuie sur une structure modulaire en bois, en losanges répétés, dont la trame reprend le rythme et la ligne des sommets en arrière-plan. Une géométrie diagrid qui n’est pas qu’un clin d’œil : elle permet aussi une flexibilité du bâti, pensée pour l’extension progressive du programme. Livraison prévue pour 2029. @ Gelephu International Airport par BIG.



Rouge corsaire, c’est la couleur d’origine choisie par Jean Prouvé, designer et ingénieur français, pour la chaise
Antony, l’une des pièces les plus iconiques des années 50. C’est la première chaise ayant intégré la collection du Vitra Design Museum. Elle est rééditée en édition limitée, jusqu’à fin 2025. Un bel hommage à Jean Prouvé.
Antony Limited Edition — © Vitra.

Avec leurs bâtonnets torsadés en laine de bois naturelle, les allume-feux de la Maison Pechavy réenchantent l’art d’allumer la cheminée, le barbecue et le braséro. Présentés dans un coffret coloré et accompagnés d’une boite de 35 allumettes assortie, ils se transforment en compagnons d’hiver indispensables.
Coffret allume-feux naturels, issus de forêts certifiées FSC et 35 petites allumettes, @ Maison Pechavy


Dans le nord de l’Italie, là où les Alpes revêtent des allures de cathédrales minérales, les Dolomites osent des architectures contemporaines qui font corps avec le paysage. En témoignent ces bâtiments, hôtels et refuges singuliers.


Musée Lumen, Plan de Corones. Aménagé par l’architecte Gerard Mahlknecht dans l’ancienne station du Plan de Corones, Lumen est dédié à la photographie de montagne. Le projet valorise l’existant tout en lui donnant une force contemporaine, avec de vastes plateaux modulables et des ouvertures panoramiques. Sobriété des matériaux et clarté des volumes offrent un écrin puissant aux images exposées. © Paolo Riolzi

Si dans l’imaginaire collectif, l’architecture alpine reste souvent associée aux chalets en bois, dans les Dolomites, territoire classé au patrimoine mondial de l’Unesco, un autre langage s’impose peu à peu. Ici, au fond d’une vallée perdue ou au détour d’un village reculé, se dévoile une architecture particulièrement innovante offrant une vision surprenante de la modernité alpine : élégante, épurée et profondément enracinée dans le paysage. Porté par des agences comme Noa, Pedavilla, Modus, Martin Gruber, Tage Architect ou encore Zaha Hadid et des commanditaires qui n’ont pas peur d’oser, ce mouvement se nourrit de la radicalité des sommets dolomitiques, que Le Corbusier décrivait comme « la plus belle architecture au monde ».
L’ARCHITECTURE COMME LEVIER TOURISTIQUE
Débarrassée de tout folklore, cette architecture montagnarde avant-gardiste est devenue partie prenante de l’offre touristique de la destination. Comme dans la province de Bolzano, où la Cantina Bozen redéfinit l’architecture viticole par un bâtiment monumental en bronze, partiellement enterré dans le vignoble et la maison-atelier de l’artiste Hubert Kostner, qui elle émerge du village Castelrotto au bâti traditionnel. À Vierschach, dans la lointaine vallée de la Pusteria proche de la frontière autrichienne, c’est une caserne de pompiers minimaliste signée Pedavilla Architects qui surprend le visiteur. Plus spectaculaire, sur le Plan de Corones, à 2 275 mètres d'altitude, le Messner Mountain Museum imaginé par Zaha Hadid surgit de la roche comme une excroissance minérale. Autre expérience d’immersion dans cette même ancienne station, le Lumen Museum de l’architecte Gerard Mahlknecht qui a transformé l’ancienne station du téléphérique en un bâtiment muséal d’une élégance sobre. Cette audace architecturale s’exprime aussi sur le domaines skiable d’Obereggen où l’Oberholz Mountain Hut s’avance en porte-à-faux dans le vide. Plus haut, le Rifugio « Sasso Nero » adopte la forme d’une tour verticale, minimisant son empreinte et affirmant une silhouette sculpturale à 3 000 mètres d’altitude.
Les hôtels constituent l’autre terrain privilégié de cette avant-garde alpine. Forestis, perché au-dessus de Bressanone, propose une hospitalité radicale avec ses tours élancées en bois fondues dans la forêt ; Anders Mountain Suites, conçu par Martin Gruber, se compose de cabanes raffinées tournées vers le panorama et Como Alpina Dolomites à l’architecture profondément contemporaine parfaitement intégrée dans le paysage comme My Arbor, signé Armin Sader, un bâtiment sur pilotis suspendu entre ciel et forêt évoquant une cabane monumentale.
Ce foisonnement architectural démontre que les Dolomites s’affirment comme un laboratoire où se réinvente l’architecture montagnarde, pour le plus grand plaisir des architectes comme des voyageurs.


Hôtel Forestis, Bressanone.
Perché à 1 800 mètres d’altitude, l’hôtel Forestis, signé NOA Concept et Armin Sader à la direction architecturale locale, se distingue par ses trois tours élancées en bois qui s’élèvent comme des troncs dans la forêt. À l’intérieur, les espaces épurés privilégient lumière naturelle et vues panoramiques. L’ensemble incarne une hospitalité alpine contemporaine, où la nature devient partie intégrante de l’expérience hôtelière.
© Forestis
Ce mouvement se nourrit de la radicalité des sommets dolomitiques, que Le Corbusier décrivait comme « la plus belle architecture au monde.
Anders Mountain Suites, Bressanone
L’architecte Martin Gruber a conçu six suites indépendantes tournées vers le panorama, comme autant de cabanes raffinées. Bois brut, lignes pures et baies vitrées intégrales plongent les visiteurs dans une expérience de contemplation totale. Chaque suite devient un poste d’observation intime, où architecture et paysage s’unissent sans artifice.
© Anders




À Bolzano, ce domaine viticole contemporain imaginé par le cabinet d’architecture Dell’Agnolo Kelderer illustre comment un bâtiment agricole peut devenir manifeste culturel. Sa structure linéaire, partiellement enterrée, se fond dans les collines plantées de vignes tout en abritant caves et espaces de dégustation. © Dell’Agnolo Kelderer

Caserne de pompiers, Vierschach.Les frères Pedavilla signent à Vierschach une caserne de pompiers minimaliste, aux volumes clairs et compacts, véritable repère identitaire du village.
L’édifice combine fonctionnalité et sobriété esthétique, avec une façade en béton strié qui dialogue avec les montagnes environnantes et une couleur rouge qui signe de la fonction du bâtiment.
© Gustav Willeit

Como Alpina Dolomites, Compatsch Implanté sur l’un des plus hauts plateaux d’Europe, l’Alpe di Siusi dans le Val Gardena, l’hôtel Alpina Dolomites a été imaginé par l’architecte Gerhard Tauber. Conçu selon des critères de durabilité écologique, parfaitement fondu dans le paysage, le bâtiment aux lignes résolument contemporaines se pare, en façade, de quartzite et de bois, et d’un toit avec une structure en bois, dont la forme rappelle les mouvements naturels du terrain et des montagnes. © Presse




Refuge du Sasso Nero, vallée de l'Ahrntal
Structure autonome implantée à 3 026 mètres d’altitude, le refuge du Sasso Nero a été conçu par le duo d’architectes Stifter + Bachmann pour réduire au minimum la surface exposée aux vents et l’empreinte dans le paysage. Il en résulte un bâtiment élancé de six niveaux qui se présente comme un solide géométrique monolithique et irrégulier poétiquement enveloppé de cuivre extrait des mines voisines.
© Cactus
My Arbor, Bressanone. Érigé sur pilotis par Tage architect, My Arbor prend des allures de cabane monumentale suspendue entre ciel et forêt. Les façades en bois et les volumes généreux affirment une modernité assumée, tout en s’intégrant à la pente boisée. L’hôtel propose une immersion sensorielle unique, combinant confort contemporain et proximité directe avec la nature.







Messner Mountain Museum Corones Surgissant de la roche comme une excroissance minérale, le musée imaginé par Zaha Hadid Architects s’impose comme une œuvre organique. Les galeries souterraines s’ouvrent sur de spectaculaires baies vitrées offrant des panoramas saisissants sur les Dolomites. L’architecture, à la fois futuriste et enracinée, traduit la volonté de Reinhold Messner d’offrir une immersion totale dans la montagne. © IDM SüdtirolAlto Adige/Harald Wisthaler

Niché dans les hauteurs boisées du Henan, en Chine, ce projet hôtelier minimaliste défie les standards du tourisme de montagne avec une ambition rare : ne pas déranger un seul arbre.


Àplus de 1 500 mètres d’altitude, au cœur des forêts profondes du massif de Dongmingshan, province du Henan, un sentier de montagne mène à un lieu hors du temps. Pas de routes bétonnées, pas de vastes parkings, pas de station de ski. Juste une forêt de métaséquoias, un ruisseau qui glisse entre les pierres, et des constructions légères, presque invisibles. Bienvenue au Dongmingshan Forest Language, un complexe d’hébergement qui murmure plutôt qu’il ne parle. Ici, l’architecture ne domine pas le paysage, elle s’y soumet.
L’idée : aménager un site naturel sans en briser l’équilibre. Une « chirurgie mini-invasive » de la montagne, comme le disent les architectes. À la place d’un complexe hôtelier traditionnel, le Forest Language propose un centre d’accueil et trois types de chambres d’hôtes, disséminées entre arbres et pentes, sans aucune coupe ni terrassement lourd.
Les anciennes cabanes en bois, trop abîmées, ont été démontées. À leur place, des structures sur pilotis surgissent parmi les troncs, ajustées à la topographie, construites en éléments préfabriqués pour éviter les gros chantiers. Pas un seul métaséquoia -une espèce endémique- n’a été abattu. Pas un.
UNE IMMERSION, PAS UNE INTRUSION
Dès le centre d’accueil, le ton est donné : grandes baies vitrées, vues croisée s sur la forêt de métaséquoias au sud, les bambous moso au nord. L’intérieur se confond avec l’extérieur. Le bâtiment, légèrement rétréci vers le haut, semble pointer vers les prochaines étapes du voyage : les cabines Pinecone , nichées plus loin dans la vallée. Ces cabanes en forme de pomme de pin, montées sur pilotis, flottent entre les arbres. Leur structure hexagonale s’adapte aux moindres interstices de la forêt. Fonctionnelles, modulables, elles respectent le terrain au millimètre près. Là encore, tout est préfabriqué, transporté à dos d’homme ou en petite machine, puis assemblé sur place.


TROIS AMBIANCES, UNE MÊME PHILOSOPHIE
Le Forest Language décline sa vision en trois typologies. Aux cabines Pinecone, compactes et cosy, répondent les Metasequoia Wood Cottages, plus spacieux, toujours surélevés, avec lucarnes plongeantes sur les cimes. Et face à eux, de l’autre côté du vallon, les cabines en bambou, reconstruites sur le modèle des maisons d’origine : simples volumes carrés, toits à double pente, mursrideaux en bambou tressé. Épure et localité.
Chaque logement offre une vue unique, sans jamais gêner celle du voisin. La lumière filtre à travers les feuillages, les oiseaux chantent au lever du jour. Rien n’est spectaculaire ici… et c’est exactement le but.
Le projet a été long. Plusieurs années de repérages, d’essais, d’ajustements sur site. La topographie abrupte, l’humidité, la végétation dense… autant de contraintes acceptées, jamais contournées. Et le résultat est là : une architecture discrète, respectueuse, presque effacée, qui laisse la forêt parler. Le Dongmingshan Forest Language ne cherche pas à attirer les foules. Il s’adresse à ceux qui veulent écouter le silence, voir la brume s’enrouler autour des troncs, sentir la montagne telle qu’elle est : brute, vivante, apaisante. Un luxe rare : ne rien déranger ! LE SPOT
Perdues dans les Alpes japonaises, les maisons Gasshōzukuri défient la neige et le temps. Héritage vivant, ce village est un trésor d’architecture populaire qui fascina l’architecte Bruno Taut au début du 20ème siècle et qui continue d’émerveiller les visiteurs d’aujourd’hui.
Par Larbi Melka



Nichés au cœur des Alpes japonaises, les villages de Shirakawa-gō et Gokayama forment un tableau à la fois paisible et spectaculaire. Cernées par les montagnes, les maisons aux toits de chaume vertigineusement pentus évoquent les chalets suisses, mais leur structure est profondément locale, façonnée par des siècles de traditions rurales et de résilience climatique. Appelées Gasshō-zukuri, ces constructions tirent leur nom de leur silhouette : deux pans de toit inclinés comme des mains jointes en prière. Le climat rigoureux de la région a imposé cette forme, à la fois poétique et purement fonctionnelle.
Dans les années 1930, l’architecte allemand Bruno Taut, alors en exil au Japon, découvre ces maisons lors de ses pérégrinations à travers l’archipel. Subjugué, il les décrit dans son ouvrage Maisons et peuple du Japon comme une « forme d’architecture primitive maîtrisée, évoquant les huttes de l’humanité ancienne, mais portées à un niveau d’équilibre et de finesse inégalé ». Il admire la sobriété, la logique constructive, l’ingéniosité sans ostentation. Les photos qu’il rapporte à l’époque montrent un village encore dispersé, avec peu de maisons. Nombre d’entre elles ont depuis été déplacées pour éviter d’être englouties par les eaux du barrage de Miboro. Rassemblées, elles forment aujourd’hui un ensemble architectural cohérent, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1995. Ce regroupement est devenu un lieu de pèlerinage pour des millions de Japonais, et un site en pleine montée de notoriété auprès des touristes étrangers.
VIE RUDE, ARCHITECTURE DOUCE
Ces maisons n’ont jamais été de simples abris. Elles sont le reflet d’une vie communautaire rude, fondée sur l’entraide et l’adaptation à un environnement extrême. Le foyer central, dont la fumée noire imprègne lentement les murs et les plafonds, avait pour mission de renforcer les cordages qui lient la structure. L’intérieur se révèle vaste et fonctionnel. Les étages supérieurs, accessibles par des escaliers étroits, servaient autrefois à la sériciculture, l’élevage de vers à soie, profitant de l’ambiance feutrée et sèche du grenier Certains témoignages rapportent que ces fermes abritaient jusqu’à plusieurs dizaines de personnes, 30 ou 40 membres d’une même famille. Certaines maisons sont aujourd’hui ouvertes au public. Elles permettent de découvrir de l’intérieur les conditions de vie d’autrefois, les objets agricoles, les outils de la sériciculture, et la structure impressionnante de ces toits refaits tous les 30 à 40 ans, à la force des bras, lors d’un chantier collectif. Le village tout entier est encore habité et les habitants prennent plaisir à raconter leur quotidien et la beauté austère de l’hiver, quand la neige isole Shirakawa-gō du reste du pays.
L’EXPÉRIENCE D’UN JAPON
FIGÉ DANS LE TEMPS
Depuis la plateforme panoramique qui domine le village, la vue est à couper le souffle. Le décor est saisissant, notamment en hiver, lorsque la neige transforme le hameau en un paysage féérique. Le printemps et l’automne offrent d’autres merveilles : floraisons légères, érables en feu, rizières dorées. Certains voyageurs choisissent de prolonger l’expérience en dormant dans une auberge traditionnelle, comme le gîte Hisamatsu, où l’on déguste le délicieux bœuf de Hida et le fameux hōba miso sur feuille de magnolia. Là encore, l’accueil est simple, chaleureux, sans artifice. Tout ici semble hors du temps. Peut-être est-ce pour cela que Bruno Taut, presque un siècle plus tôt, fut si profondément marqué par ces maisons. Comme lui, on quitte Shirakawa-gō avec le sentiment d’avoir touché à quelque chose d’essentiel : une beauté brute, née de la nature, du climat… et de la sagesse humaine.


LES GASSHŌZUKURI TIRENT
LEUR NOM DE LEUR SILHOUETTE : DEUX PANS DE TOIT INCLINÉS COMME DES MAINS JOINTES EN PRIÈRE.


périphérie de Lhassa, le Tibetan Thangka Art Museum a été conçu par l’agence française AND Studio, fondée par Duccio Cardelli et Ning Wang, formés chez Christian de Portzamparc. Le projet propose une architecture contemporaine profondément enracinée dans les traditions culturelles et spirituelles locales, un mélange qui fait tout son sel.
Il y a deux ans, le principal détenteur mondial d’art Tangkha a sollicité l’agence AND Studio pour réfléchir à la création d’un musée au Tibet. L’agence mène depuis plusieurs années une série de projets sur le continent asiatique. Parmi eux, on compte notamment le Yangtze River Delta Roadshow Center à Shanghai (sélectionné au Grand Prix AFEX 2020) et le Centre Culturel de Chengdu, projet qui a valu à l’agence le Grand Prix AFEX 2025.
Avec le Musée d’Art Tangkha, c’est une approche encore plus immersive et sensible
que l’agence a développée.
Pour comprendre en profondeur cet art et la culture tibétaine, l’équipe a entrepris un voyage initiatique à travers le territoire. Ils se sont immergés dans les formes traditionnelles, les compositions architecturales, les rituels spirituels. L’expérience du Palais du Potala a fortement influencé sa conception : plutôt qu’un volume unique, le musée se compose ainsi d’éléments dissociés, imbriqués dans la pente, à l’image des monastères tibétains.
Le parcours proposé dans le projet reprend les étapes spirituelles d’un pèlerinage : une ascension vers le toit, fragmentée, marquée par des séquences spatiales, à l’instar du cheminement vers le Nirvana.

LE PAYSAGE COMME FORCE FONDATRICE DU PROJET
La puissance du paysage, des montagnes, omniprésentes, s’est imposée comme élément structurant du projet. Le bâtiment s’y adosse avec humilité. « Le site attribué, au cœur d’un futur village d’artistes, offrait une opportunité de créer un repère culturel discret mais symbolique » , précise Duccio Cardelli.
Six volumes distincts forment l’ossature du musée, connectés dans la pente comme les cellules d’un monastère. Ce choix permet une inscription douce dans le territoire, tout en respectant la morphologie du lieu. Le chantier a également été l’occasion d’une démarche écologique affirmée. L’équipe a convaincu le commanditaire de ne pas importer de matériaux, favorisant au contraire la maind’œuvre et les ressources locales. Une contrainte logistique devenue moteur de conception.
La tour principale joue un rôle central : elle accueille des expositions, offre un point de vue panoramique sur le
paysage, et fonctionne comme une tour à vent, permettant la ventilation naturelle du bâtiment pendant les périodes chaudes.
Les carrières étant désormais interdites dans la région, les architectes ont fait le choix de réinterpréter les murs en pierre traditionnels par un système de double paroi en béton ventilé, garantissant une isolation thermique efficace, une réduction de 30 % de la consommation énergétique, et l’intégration discrète des équipements techniques.
Conçu comme un lieu de transmission et de contemplation, le musée met en valeur les peintures Tangkha grâce à une lumière naturelle finement maîtrisée, entre zénithales, claustras et ouvertures ponctuelles dans les murs ou toitures.
Le projet se déploie selon deux parcours complémentaires : le parcours extérieur s’inspire des cheminements monastiques, une montée progressive entre les volumes mène à une esplanade
haute ; et le parcours intérieur qui, lui, suit la progression symbolique du croyant en quête d’illumination, structurant les espaces d’exposition comme autant d’étapes initiatiques.
Ce double itinéraire a été conçu en collaboration étroite avec un conservateur et un moine local. L’ensemble du projet est guidé par l’usage de la lumière naturelle comme matière architecturale.
Certains détails ornementaux sont inspirés de motifs traditionnels. Le bronze, matériau sacré dans la culture tibétaine, a été utilisé pour certains éléments clés, symbolisant prospérité et spiritualité. Des artistes locaux ont également contribué à la réalisation de sculptures et peintures sur bois. Pour les sols, c’est une technique ancestrale d’argile compressée qui a été privilégiée.
À travers cette réalisation, AND Studio propose un lieu profondément ancré dans la réalité culturelle et spirituelle de Lhassa, où art et spiritualité fusionnent dans une architecture contemporaine respectueuse et engagée.



Pologne
Entre
tradition montagnarde et Art nouveau, le style Zakopane incarne l’âme des Tatras polonais. Né à la fin
du XIXe siècle sous l’impulsion de Stanisław Witkiewicz, ce courant architectural allie savoirfaire local et ambition
Par Paul Kaminski
Au cœur de la région de Podhale, aux confins sud de la Pologne, est né un courant architectural unique : le style Zakopane. Son origine remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque Stanisław Witkiewicz, peintre et théoricien de l’art, découvrit l’architecture traditionnelle de cette région montagneuse. Bien qu’il ne soit pas luimême un homme du cru, il fut profondément fasciné par les formes simples et expressives des maisons en bois des Tatras. Installé à Zakopane en 1890, il entreprit de transformer cette esthétique vernaculaire en une expression artistique à part entière, en y intégrant des influences de l’Art nouveau et en s’appuyant sur les motifs ornementaux propres à l’art populaire de Podhale. Ce style, selon Witkiewicz, devait dépasser la simple architecture régionale pour devenir une forme d’art national, une manière d’affirmer l’identité polonaise à une époque où le pays était encore morcelé entre plusieurs puissances étrangères.
artistique. Explications…
ARCHITECTURE DE BOIS, ORNEMENTATION & SAVOIR-FAIRE MONTAGNARD
L a maison typique du style Zakopane, telle que pensée par Witkiewicz, repose sur une structure en bois massif posée sur des fondations en pierre, surmontée d’un toit pentu conçu pour affronter les hivers rigoureux des Tatras. Les murs sont constitués de rondins sciés, souvent décorés de motifs floraux sculptés directement dans le bois, témoignant de l’influence de l’Art nouveau et de la richesse artisanale locale. Les avanttoits étendus abritent des annexes appelées vérandas, tandis que les encadrements de fenêtres sont agrémentés de lamelles disposées en rayons, surnommées « soleils ». Le toit lui-même devient une œuvre d’art, orné de fenêtres en œil-de-bœuf, de brèches et de pazdura — ces éléments verticaux décoratifs en bois, souvent en forme de tulipe ou de lys, qui ornent les extrémités du faîtage. Ce soin apporté aux détails traduit l’idée maîtresse de Witkiewicz : embellir la vie quotidienne tout en restant fidèle aux savoir-faire traditionnels.

VILLAS EMBLÉMATIQUES & RAYONNEMENT AU-DELÀ DES TATRAS
L’expérimentation du style Zakopane prend forme dans des réalisations concrètes, dont la plus célèbre demeure la Willa Koliba, achevée en 1893, aujourd’hui transformée en musée dédié au style. La Willa Oksza, construite en 1896, abrite désormais une galerie d’art du XXe siècle, tandis que la Willa Pod Jedlami, érigée pour la famille Pawlikowski, fut un lieu de vie pour la poétesse Maria PawlikowskaJasnorzewska. La Willa Rialto, construite en 1898, fut transformée en établissement pour tuberculeux, tout comme la Willa Konstantynówka, construite en 1902, qui abrite aujourd’hui une maison d’hôtes. Le style ne s’est pas limité à l’habitat : les chapelles de Jaszczurówka,
Kalatówki et Płazówka, également signées Witkiewicz, témoignent de son application à l’architecture religieuse. Au-delà de Podhale, le style Zakopane s’est exporté à Gdynia avec la Willa Orla, à Augustów dans le Dom Drzewiarza, et jusqu’aux territoires de l’actuelle Biélorussie, à Brasław, Berezwecz ou encore près de Grodno, preuve de son influence bien au-delà de son berceau montagnard.
L’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE
Si la Première Guerre mondiale marque la fin de l’âge d’or du style Zakopane, son esprit continue de vivre dans l’architecture contemporaine de la région. Des architectes comme ceux du studio Karpiel Steindel s’en inspirent pour concevoir des bâtiments modernes qui conservent
Ce soin apporté aux détails traduit l’idée maîtresse de Witkiewicz : embellir la vie quotidienne tout en restant fidèle aux savoir-faire traditionnels.
l’âme du style originel, à travers des références explicites : murs en bois, toits inclinés, fondations en pierre, et parfois même des éléments sculptés rappelant les pazdura. Des projets comme le Bachleda Resort, la Maison dans les Tatras, la Villa Kipiel ou encore les maisons de la vallée de Strążyska illustrent cette réinterprétation contemporaine qui conjugue modernité des formes et respect des traditions. Cette capacité à réinventer un langage architectural ancien dans un contexte actuel témoigne de la vitalité du style Zakopane, et plus largement, du pouvoir durable des cultures régionales à inspirer le design. En puisant dans le passé avec intelligence, on construit ainsi des espaces qui, loin d’être figés dans le folklore, continuent de dialoguer avec leur temps et leur territoire.



Cet ancien hôtel de Verbier s’est métamorphosé en résidence privée. Déployé sur 1 000 m2, le Chalet 1936 est un repère élégant, romantique avec une pointe d’extravagance. Il abrite un fabuleux mélange de pièces de collection, d’objets détournés et de matériaux récupérés. Cette approche de design circulaire est signée par l’architecte d’intérieur Marianne Tiegen.
Texte Patricia Parquet. Photos J. Wilson


Une lampe américaine des années 70 côtoie un meuble ancien patiné par le temps. Une authentique gouttière parisienne en zinc se transforme en suspension au-dessus de la table de la salle à manger. La table basse, elle, est fabriquée à partir d’un ancien réservoir. Quant à ces accessoires en forme de main posées sur la table, ils proviennent d’une ancienne usine de gants. Dans une chambre, un canapé de style Louis XV retapissé rencontre un lit ancien en lin, un miroir conçu à partir d’une fenêtre d’orangerie et une baignoire en cuivre. De quoi s’émerveiller en déambulant car dans toutes les pièces de cet ancien hôtel, chaque objet révèle une belle histoire. « L’idée est de proposer des pièces qu’on ne voit pas ailleurs. Les hôtes doivent se sentir englobés par une atmosphère. L’œil des invités est porté par des détails qui surprennent », explique l’architecte d’intérieur Marianne Tiegen, qui a travaillé avec l’architecte Patrice Coupy, chargé de la réhabilitation.



Marianne Tiegen


À gauche. Dans la suite, la baignoire en cuivre côtoie le canapé Louis XV retapissé, le miroir fabriqué à partir d'une ancienne fenêtre d'orangerie.
À droite. Dans le salon, on aperçoit le canapé en lin belge sur mesure, le tapis en fourrure, la table basse en bois recyclé sur mesure et la cheminée ancienne.

Les hôtes doivent se sentir englobés par une atmosphère.
En Suisse, en France et aux Etats-Unis où elle partage sa vie, Marianne Tiegen conçoit des lieux intemporels en privilégiant le « design circulaire ». Depuis la création de son agence il y a 15 ans, cette Franco-Américaine achète antiquités, mobilier iconique des années 50 à 70 et pièces alpines. « J’ai toujours aimé chiner pour insuffler une atmosphère unique à chaque lieu. Le design circulaire, la récupération des textiles et les matériaux anciens donnent du sens à nos projets, loin du neuf standardisé », confie-t-elle.
De l’ancien hôtel, dont la date de construction 1936 a donné son nom au chalet, ne subsistent que les murs et l’enseigne, désormais réinstallée dans l’espace piscine. Il a fallu adapter la structure aux besoins des nouveaux propriétaires ; une famille londonienne venue chercher un refuge de montagne pour recevoir proches et amis. Huit grandes chambres en suite remplacent les petites chambres d’hôtel, complétées par un bureau, un espace de vie spacieux avec cheminée, une grande cuisine, une salle de sport et un espace bienêtre. Les teintes apaisantes rappellent les couleurs de la nature montagnarde. Comme dans les fermes d’autrefois, les murs sont enduits à la chaux. Dans tous ses projets, Marianne Tiegen fait appel aux meilleurs artisans (suisses et belges) qui utilisent des pigments naturels et maîtrisent les techniques ancestrales. Ce qui n’est pas ancien est dessiné et fabriqué sur mesure. « J’aime tellement la montagne qu’elle me donne envie de la gratifier et la retranscrire dans les intérieurs » conclut Marianne Tiegen, qui confie venir régulièrement à Verbier pour y puiser son énergie créative. Dans la piscine, chaises longues sur mesure, en bois ancien et lin d’autrefois.





Construit dans les années 40 à Megève par l’architecte Henry Jacques Le Même, le chalet Sarto retrouve son éclat sous l’impulsion d’Iconic House. Rénové par l’agence Claves, il se réinvente en maison hôtelière, entre héritage et modernité.


De leur première visite, Laure Gravier et Soizic Fougeront, co-fondatrices de l’agence d’architecture intérieure Claves se souviennent avoir été impressionnées par l’ampleur du lieu. Elles passent des heures aux archives départementales d’Annecy, s’imprègnent des plans, des photos d’origine, des dessins géométriques et des croquis. Il fallait avant tout comprendre la démarche de l’architecte Henry Jacques Le Même* (1897-1997) qui allait jusqu’à concevoir l’aménagement intérieur, avec un goût prononcé pour l’ornementation des murs et des sols. « Nous avons essayé de poursuivre sa démarche. Son travail était à la croisée de plusieurs mouvements, avec un héritage Art déco fort, mais aussi une influence moderniste, plus épurée », raconte Soizic Fougeront.
(*) Henry Jacques Le Même a inventé « le chalet du skieur » dans les années 20 à la demande de la baronne de Rothschild. Il a conçu plus de 900 projets en France dont plus de 200 chalets.


ON S’ÉMERVEILLE EN DÉCOUVRANT LES FRESQUES CONTEMPORAINES, PEINTES.

Fresque réalisée par l'atelier Au Soli, à partir d'une oeuvre du peintre Paul Charlemagne.


HÉRITAGE RÉINVENTÉ
Le chalet avait connu plusieurs transformations, au gré des propriétaires. L’ambition des architectes d’intérieur est de retrouver l’esprit d’origine de ce patrimoine, tout en l’adaptant aux codes d’une maison contemporaine à partager. Le chantier révèle de véritables trésors : rampe d’escalier spectaculaire, boiseries et mobilier d’époque, vestige de tapis de grès cérame… Le travail minutieux de restauration a redonné de l’éclat et de la cohérence à ce chalet de 650 m². Chaque pièce évoque des savoir-faire artisanaux : commodes et bureaux restaurés, fauteuils tapissés, mobilier dessiné sur-mesure, pièces chinées
avec soin. Certains meubles sont confiés à un maitre ébéniste, fin connaisseur du travail de l’architecte. « Intervenir sur ce chalet, 82 ans après sa création, n’a pas été un exercice facile. Nous avons été heureuses de lui redonner vie, en allant loin dans les décors, les couleurs et les motifs. Rien n’a été laissé au hasard », nous confient les architectes d’intérieur. La plus profonde modification a consisté à construire une annexe. Reliée au chalet par un couloir en soussol, elle abrite une salle de sport dans la partie immergée avec de grandes baies vitrées offrant la vue sur le chemin du Calvaire et en sous-sol une piscine intérieure avec sauna et hammam.
Les motifs géométriques rythment les intérieurs, à la manière d’Henry Jacques Le Même, qui s’inspirait des mouvements de la sécession viennoise et de De Stijl.

L’ART COMME FIL ROUGE
Comme souvent, dans la collection de maisons d’Iconic House, l’art rythme les lieux. On s’émerveille en découvrant les fresques contemporaines, les dessins de fleurs et d’animaux sur la bibliothèque, peints par une céramiste, sans oublier les œuvres d’art imaginées pour le lieu. Partout, l’humour et la poésie, chers à Le Même et partagés par le duo Claves, retrouvent un écho. « Ce qui nous plaît, c’est de repartir de l’histoire du lieu, de l’époque de la construction, de l’environnement et s’adapter aux envies et besoins des nouveaux propriétaires. Le Même avait apporté une touche de fantaisie avec des fresques folkloriques, des couleurs vives. Nous voulions retrouver cet esprit, » ajoute Soizic Fougeront. Bois patiné, pierre de lave, grès émaillé, fer forgé, laiton, textiles offrent une atmosphère chaleureuse et élégante. Le Sarto est devenu une maison hôtelière, avec un grand salon à vivre, un bar, une cuisine pensée pour accueillir un chef, un espace cheminée, mais aussi un spa, une salle de cinéma et 7 chambres pensées comme des suites. Une maison de caractère avec l’exigence d’un hôtel cinq étoiles. En redonnant vie à ce chef d’œuvre, Iconic House offre une nouvelle adresse d’exception à Megève.

A gauche. Dans la kids room, tapis inspiré des feux de camps, réalisé sur mesure par Maz. A droite. Le salon télé est peint d’un vert forêt, des murs au plafond.

Suspendu entre ciel et sapins, ce refuge futuriste repense les codes de l’architecture alpine. À Tarvisio, à la frontière de l’Autriche et de la Slovénie, l’architecte Luca Beltrame livre une œuvre singulière : un manifeste en bois, intime et audacieux, qui célèbre à la fois la nature et l’innovation.


mille lieues du chalet frioulan traditionnel, l’édifice conçu par Luca Beltrame (Studio Beltrame), épaulé par Saba Nabavi Tafreshi, se dresse comme un totem géométrique au cœur de la forêt. Son profil élancé rappelle la pointe d’un pin, ses trois niveaux superposés une ascension sensorielle. Formé à Vienne auprès de Zaha Hadid et Kazuyo Sejima, l’architecte revendique ici une approche personnelle de la montagne, mélange de rigueur formelle et de poésie contemplative.
TROIS ÉTAGES POUR UNE EXPÉRIENCE IMMERSIVE Sur seulement 45 m², l’architecture déploie une étonnante verticalité. Le rez-de-chaussée, intime et protecteur, accueille la cuisine et la salle de bains. Le niveau intermédiaire, modulable, se transforme en salon, espace de lecture ou salle de yoga. Enfin, la chambre perchée au sommet s’ouvre par de larges baies vitrées sur le massif du Mangart, offrant une vue spectaculaire au-dessus des cimes. L’escalier central, véritable colonne vertébrale, relie ces univers successifs et conduit à une expérience émotionnelle de plus en plus intense.
CONSTRUIRE AVEC LÉGÈRETÉ ET RESPECT
Ici, pas de machines lourdes ni de chantiers invasifs : tout a été pensé pour limiter l’impact sur l’écosystème. La structure en ossature bois a été assemblée en huit semaines, chaque pièce transportée à la main puis hissée à l’aide de cordes jusqu’aux étages. Les trois toitures à double pente, identiques et préfabriquées en atelier, ont été portées par quatre personnes avant d’être assemblées sur site. Sapin, cèdre rouge, mélèze : les essences locales rythment l’ouvrage, du bardage extérieur jusqu’au mobilier intégré.

Étage surélevé : salon avec système de canapé et tapis Patricia Urquiola (Kettal), vases Terrae, couverture en cachemire Society Limonta, lampe portable Linealight, par le Studio Beltrame.
Vue arrière du chalet depuis la forêt avec panorama sur le massif du Mangart.

Dans la chambre : lit COCO-Mat, linge Society Limonta, table de chevet « Falling Cubes » de
À rebours des clichés rustiques, l’intérieur conjugue chaleur et sobriété. Cuisine sur mesure vert mousse signée Altacucina, mobilier textile de Patricia Urquiola, tapis Navajo vintage, lit naturel COCO-Mat, objets artisanaux slovènes ou italiens : tout concourt à une atmosphère contemporaine et apaisante. Les céramiques de Daniela Daz Moretti et d’Ivana Petan, les vases de l’atelier Terrae et les sculptures colorées dialoguent avec la pureté des lignes architecturales. L’espace se fait tour à tour cocon, lieu de méditation ou cadre de contemplation.
Les immenses baies vitrées transforment chaque étage en tableau vivant de la forêt. « Nous voulions une cabane qui se fonde dans la nature », explique Luca Beltrame. Pari réussi : le projet devient manifeste d’un nouvel art de vivre en altitude, où l’architecture accompagne le paysage au lieu de le dominer. Plus qu’un simple chalet, c’est un refuge spirituel, une manière de renouer avec le temps long et de retrouver le rythme apaisé des montagnes..


Conçue par l’architecte Tuomas Toivonen pour sa propre famille, cette maison de villégiature se distingue autant par son apparence -noire à l’extérieur, blanche et lumineuse à l’intérieurque par son esprit : un lieu de vie pensé pour accueillir grands-parents, enfants et petits-enfants sous un même toit. Dans cet entretien, Leena Karo et Seppo Toivonen, les heureux résidents à l’origine du projet, racontent comment cette maison ouverte, minimaliste et chaleureuse est devenue leur refuge toute l’année.



Leena et Seppo, votre résidence secondaire est noire et architecturale à l’extérieur, blanche éclatante et géométrique à l’intérieur. L’espace semble être une seule et grande pièce. Comment avez-vous eu l’idée d’un tel aménagement ?
Nous voulions construire une maison de vacances pour notre famille, une villa où trois générations pourraient passer du temps ensemble. Comme nous nous retrouvons souvent en groupe, un espace ouvert était essentiel pour nous. Seules les chambres et la salle de bains sont des pièces séparées ; tout le reste forme une grande pièce unique. Le long de l’un des murs du salon, nous avons aménagé deux pièces de type tatami, qui peuvent se transformer en chambres supplémentaires grâce à des cloisons coulissantes. Nous passons aussi beaucoup de temps ici juste tous les deux — et dans ce cas, nous profitons de tout cet espace ouvert rien que pour nous.
À quelle fréquence vivez-vous dans votre résidence secondaire ?
Leena : Nous y vivons toute l’année. Le chauffage géothermique permet de rendre la maison confortable en toutes saisons. En hiver, nous passons parfois le début de la semaine dans notre appartement en centre-ville d’Helsinki, où nous profitons d’événements culturels comme le théâtre, l’opéra ou des concerts. Nous souhaitons aussi participer à la garde de nos petits-enfants, c’est pourquoi il nous paraît important de rester proches d’eux une partie de la semaine. Mais au plus tard le jeudi, nous montons en voiture pour prendre notre trajet habituel jusqu’à la villa. L’été, nous nous installons ici en permanence, ne passant presque plus qu’occasionnellement par notre appartement en ville.


L’espace repas est adjacent à la cuisine. La table est signée Ronan et Erwan Bouroullec, les chaises Kartelli. Le tapis rouge vient du Maroc.

Quels éléments avez-vous pris en compte dans le processus de conception ?
Seppo : Ce projet était destiné à toute la famille. Notre fils, l’architecte Tuomas, a conçu la maison avec sa femme, la designer Nene. Ensemble, nous avons listé nos souhaits. Nous avons tous une expérience des maisons de vacances, et voulions réunir le meilleur de ces idées. Au départ, nous avions pensé à un autre terrain et à un type de maison différent. Mais dès que nous avons eu ce terrain, le projet final a pris forme rapidement. J’ai vécu à Paris pendant quatre ans pour le travail, et notre famille avait été charmée par notre logement là-bas. Cette maison et ses pièces portent un peu de cette atmosphère parisienne.
Avez-vous réussi à réaliser tous les souhaits des membres de la famille ?
Leena : Je voulais une vue sur le lac depuis la cuisine. Celle-ci a donc été déplacée dans les plans originaux pour s’installer le long du mur vitré côté lac. Une fenêtre occupant toute la hauteur du mur a été créée au-dessus du plan de travail, exactement comme je l’avais souhaité. En cuisinant, je peux ainsi observer le paysage changeant de la forêt et de la cour. Je trouve que l’ensemble fonctionne bien, et que chacun peut y avoir son propre espace.
Après dix ans passés ici, y a-t-il quelque chose que vous auriez fait différemment ?
Leena : Je suis très satisfaite de toutes les décisions que nous avons prises, ainsi que du design intérieur minimaliste de la maison. Des meubles intemporels et épurés traversent bien les années et les décennies. Avec peu d’objets visibles, il est facile de nettoyer et de ranger avant de partir. Ce type d’aménagement demande cependant une grande pièce pour les vêtements et d’autres espaces de rangement. Je ne vois rien que je changerais.
Quel est le meilleur aspect de votre résidence secondaire ?
Leena : Nous passons beaucoup de temps ensemble, juste tous les deux, et en famille au complet. La maison permet de se réunir tout en offrant aux enfants et leurs familles un espace à eux dans les chambres tatami. Chaque mètre carré a été optimisé, y compris les annexes. À côté de la maison, nous avons construit une petite maison d’amis, et un sauna au bord du lac.

TOUT

Comment fonctionne en pratique la division des chambres tatami en pièces supplémentaires grâce aux cloisons mobiles ?
Leena : La femme de notre fils Tuomas, Nene, est japonaise. Ensemble, ils ont apporté une touche de culture japonaise à la maison avec ces chambres tatami. Le salon est un grand espace ouvert, mais sur un mur se trouvent deux chambres tatami dont les grandes cloisons mobiles s’ouvrent et se ferment pour créer des pièces fermées. Les matelas et le linge de lit sont rangés dans une étagère construite derrière le mur, prêts à être installés. Ainsi, la chambre se transforme rapidement en espace nuit.
En plus des chambres tatami, vous avez aussi construit une maison d’invités à côté de la maison principale, parlez-nous un peu de cet espace ?
Leena : Surtout en été, beaucoup d’amis viennent nous voir. Nombre d’entre eux ont leur propre chalet dans la région, mais nous recevons aussi des visiteurs qui viennent de loin et restent ici. Les beaux-parents de notre fils viennent régulièrement du Japon, et les amis de nos enfants y séjournent aussi. Nous voulions offrir un espace privé, et cette petite maison d’amis remplit parfaitement cette fonction. Par une belle matinée d’été, nos invités peuvent sortir directement de leur chambre pour rejoindre la table du petit-déjeuner que je prépare sur la terrasse ensoleillée entre les deux maisons.
Les assiettes supplémentaires, serviettes en tissu, casseroles, poêles, ustensiles électriques, machine à glace, raclette, etc., sont rangés dans les placards blancs du cellier attenant à la cuisine.
Il faut des rangements cachés, surtout à notre âge, avec tout ce que nous avons accumulé. Derrière notre chambre, nous avons un grand dressing et deux « rangements supérieurs », au-dessus du dressing et de la salle de bain. On y garde notamment les lettres des générations passées, d’anciens journaux intimes, toutes sortes de souvenirs de nos vies, ainsi que les dessins et bricolages de nos enfants et petitsenfants. En hiver, les vêtements d’été y sont stockés, et inversement en été. On y trouve aussi tous types de chaussures, des bottes en feutre aux sandales de plage. Quand la saison de la navigation commence, je vais y chercher les gilets de sauvetage pour toute la famille.
Le minimum d’objets visibles dans le salon et les chambres. Ranger les petits objets hors de portée, les livres sur les étagères, les magazines dans des sacs en papier ou au débarras extérieur. J’ai une faiblesse pour les magazines internationaux, qui finissent souvent en piles dans la maison d’invités l’hiver. Chaque objet doit avoir sa place. Je passe environ 15 minutes à ranger et aspirer avant de partir. C’est plus agréable de revenir dans une maison bien ordonnée.
Détergents, cosmétiques et shampoings ont tous leur place dans le cellier attenant.
Que ce soit au chalet ou en ville, nous avons beaucoup de classiques anciens, conçus il y a plusieurs décennies. Ils nous ont bien servis dans nos maisons en Allemagne, France et États-Unis, où nous avons vécu pendant dix ans. Je me demande parfois depuis combien de temps certains meubles nous accompagnent encore, et ils continuent de satisfaire mon goût esthétique.






À Toulon, dans un atelier discret mais résolument tourné vers l’innovation, Patrick Jouffret façonne des objets à la croisée de l’ingénierie, du design et des éléments. Vélo carbone, instruments médicaux, mobilier, remontées mécaniques ou voilier de compétition : son œuvre, plurielle, poursuit un même idéal, celui de l’harmonie entre forme, usage et territoire.
Par Claude Trinidad
L’harmonie, c’est notre boussole », lance sans round d’observation Patrick Jouffret, fondateur et dirigeant depuis 2006 de son atelier éponyme, discret mais bouillonnant de créativité. Deux permanents dont lui, une quinzaine de sous-traitants et une philosophie : dessiner des objets utiles, innovants, beaux sans être démonstratifs, enracinés dans leur usage et leur environnement. Dans l’univers du design alpin, un projet a récemment marqué les esprits : la refonte complète du funiculaire des Arcs, mis en service en 2019. L’ancien modèle, « l’Arc-en-Ciel » de 1989, a laissé alors place à un engin repensé de fond en comble. C’est l’atelier Jouffret qui a signé cette mue, en partenariat avec POMA, le spécialiste des transports par câble bien connu. « Au début, on a mal joué », reconnaît
le designe r. « On a répondu à l’appel d’offres sans se déplacer. On n’avait pas encore vu la montagne. » L’erreur est vite réparée. Quelques jours passés sur place, et la direction du projet bascule. « J’ai été saisi par le paysage. Alors on a décidé d’ouvrir le funiculaire. Littéralement. » La silhouette du nouveau funiculaire tranche : toiture entièrement vitrée, baies panoramiques, pilotage central. Le poste de conduite pivote à 180° à chaque trajet, « comme Actarus dans Goldorak ! », sourit Patrick Jouffret, amateur de ce dessin animé qui fit un carton au début des années 80. « Ce design, c’est une invitation. Une mise en scène de l’ascension. » L’habitacle s’adapte aux saisons, les assises sont modulables et les espaces d’embarquement ont été dégagés pour fluidifier le parcours. Mais surtout, les passagers ont enfin une vue à couper le souffle sur les sommets. L’objet devient un moment.







VERSANT MER – VERSANT MONTAGNE
Si le funiculaire des Arcs a marqué un tournant dans l’histoire de l’atelier Jouffret, il n’est pas un coup d’éclat isolé. À Toulon, quelques années auparavant et à quelques kilomètres de l’atelier, le téléphérique du Mont Faron ainsi que les gares de départ et d’arrivée, avaient fait eux aussi l’objet d’une transformation ambitieuse. En ligne de mire : moderniser sans trahir, révéler sans imposer. « Une cabine de téléphérique est un objet merveilleux », confie le designer. « C’est une promesse de voyage. » À l’instar du projet des Arcs, la transparence guide ici encore le travail. Les surfaces de vitrages sont doublées pour offrir aux enfants le même spectacle qu’aux adultes. Une innovation qui nécessita l’aval du constructeur POMA, avec qui l’atelier collabore étroitement depuis. Derrière ces projets, une constante : sortir des codes. « On veut dépasser les clichés », explique Patrick Jouffret. « Mer ou montagne, l’environnement appelle des objets sincères, durables, ancrés. »
Loin de se limiter aux transports, le travail de l’atelier embrasse des domaines très divers, toujours guidé par une même recherche d’équilibre. On lui doit notamment le vélo de route Look 795, référence en matière de performance et de design intégré ; un VTT avec potence intégrée pour la même marque ; un casque de vélo pliant pour la marque française Overade ; ou encore des clubs de golf pour Inesis, la marque dédiée du groupe Decathlon. Dans un tout autre registre, l’atelier a également conçu un tensiomètre pas banal et une ligne de trois stéthoscopes pour la marque médicale Spengler ; le cuiseur vapeur Grand chef signé Marion Kaplan ; ainsi qu’une bouée de mesure océanographique pour MetOcean, véritable support flottant pour capteurs de haute technologie. À cela s’ajoutent entre autres du mobilier divers et varié -lampes, tables et même porte-manteaux-, un radiateur, une planche à découper innovante « qu’aucune cuisine n’avait encore vue » ; un banc en béton ; ou encore un système d’étriers à détachement automatique, toujours pour la marque Look. « Ce qui m’anime, c’est la justesse de la proposition », explique Patrick Jouffret. « Chaque objet, qu’il soit technique, médical ou mobilier, doit exprimer son usage sans emphase, avec discrétion et efficacité. Dans tous nos projets nous recherchons l'harmonie. On ne veut surtout pas être en dissonance.»



J’ai toujours été fasciné par les objets qu’engendrent la mer et la montagne. Ce sont des formes radicales, fonctionnelles, pures.
LE PAYSAGE POUR FIL CONDUCTEUR
Né du côté de Nancy, mais profondément marqué par les décors naturels, l’homme nourrit un lien intime avec les éléments. « J’ai toujours été fasciné par les objets des univers de la mer et de la montagne : piolet, mousqueton, crampon, voiliers, bouées, foil… Ce sont des formes radicales, fonctionnelles, pures. Elles inspirent notre travail. » Dans ses projets liés à l’outdoor, pratique éminemment liée aux horizons divers et autres reliefs en tous genres, l’atelier cherche aussi à s’émanciper des codes esthétiques dominants, comme cela é été le cas avec la mission menée pour Béal récemment, l’un des learders français du matériel d’escalade. « Nous évitons les tendances ou les effets de style. »
Un voilier futuriste pour la Coupe de l’America figure aujourd’hui parmi les projets en cours, ainsi qu’un nouvel engin de mobilité avec POMA, preuve que l’exploration esthétique du studio ne connaît pas de frontières. « Le design est pour moi un autre accès au beau », conclut Patrick Jouffret qui se souvient avoir eu ses premières émotions esthétiques en s'intéressant, enfant, à l'univers de la science-fiction. Ainsi va son design, comme un vaisseau entre deux mondes : les lignes du possible et les formes du rêve.
Dans les bureaux de l'atelier Patrick Jouffret


Le Sac à Sapin finance à hauteur de 2€ les missions humanitaires de Handicap


Inspirée par la lumière et la pureté des montagnes alpines, l’Alpine Alpenglow Hy6 combine design avant-gardiste et technologie hydrogène. Ce concept-car, véritable manifeste esthétique, célèbre la légèreté et la puissance dans un écrin qui évoque l’aube d’un monde nouveau. Mais gare à ne pas la prendre pour une voiture de montagne….
Par la rédaction – Photos : © Alpine Design
Chez Alpine, la montagne n’est pas qu’un souvenir de virées sur les routes sinueuses des Alpes au volant d’une A110 Berlinette. Elle devient ici le cœur même de la réflexion stylistique. Avec son concept-car Alpenglow Hy6, la marque française livre une vision de l’automobile inspirée par les sommets et la lumière d’altitude. Un parti pris poétique, mais solidement ancré dans une démarche de design et d’innovation. Le nom Alpenglow fait référence à un phénomène lumineux rare : cet instant où les reliefs s’embrasent d’une teinte rose-orangée avant l’apparition du soleil. Un symbole choisi pour représenter l’aube d’un nouveau cycle – celui de la mobilité décarbonée. Cette lumière devient le fil rouge d’un design où transparence, légèreté et puissance maîtrisée sont les maîtres-mots.
UN INTÉRIEUR PENSÉ COMME UN REFUGE D’ALTITUDE
Les designers ont voulu traduire cette sensation d’élévation dans les lignes mêmes du concept. Le moteur V6 à hydrogène, nouvelle pièce maîtresse du projet, est mis en scène dans une baie vitrée teintée de bleu, comme un pic rocheux sous un manteau de glace. L’aileron arrière, translucide, évoque les arêtes neigeuses, tandis que le souffle sortant des échappements -uniquement de la vapeur d’eau- semble figer l’air autour de lui, comme un givre. « Dessiner la légèreté est toujours un challenge », confie Antony Villain, directeur du design Alpine. Le pont entre les ailes arrière a été supprimé, laissant ces dernières flotter, libérant la vue sur le moteur. La carrosserie, en carbone couleur Specular Blue, capte la lumière comme un glacier au petit matin. Dans l’habitacle aussi, l’inspiration alpine est présente. Le triangle lumineux au centre du cockpit évoque une ligne de crête ; les sièges, habillés d’un textile aux reflets changeants, imitent les variations de lumière sur la neige. Les matériaux choisis, l’aluminium, le carbone ou l’Alcantara, forment un paysage intérieur brut, presque minéral. Alpenglow Hy6 n’est pas conçu pour gravir les cols enneigés, mais il en capture l’esprit. Et si un jour l’idée venait à quelqu’un de la faire rouler en haute montagne… espérons simplement qu’il n’y aura pas trop de neige.

Le moteur V6 à hydrogène, nouvelle pièce maîtresse du projet, est mis en scène dans une baie vitrée teintée de bleu, comme un pic rocheux sous un manteau de glace.

Tél.
france-domes.fr
Guillaume Bouvet signe un luminaire tactile en bois naturel, alliance subtile entre technologie discrète et artisanat d’exception.

Dans le paysage du design français, Guillaume Bouvet poursuit un travail d’équilibriste entre innovation sensorielle et matière brute. Sa dernière création, Luminessence, s’inscrit dans cette démarche sensible et exigeante. Ce luminaire en châtaignier, dont l’éclairage se déclenche au simple toucher, invite à repenser notre relation aux objets du quotidien. « J’ai voulu créer une lumière qui ne se commande pas, mais qui se ressent, explique le designer. Le bois est un matériau vivant, chaleureux, et l’idée de le faire réagir à un geste doux m’est apparue comme une évidence. »
COMME
Avec Luminessence, la technologie s’efface derrière une esthétique sobre et épurée. Aucun interrupteur visible, aucun câble ostentatoire : seul le bois, travaillé dans ses moindres détails, capte l’attention. La surface lisse, presque satinée, dissimule un capteur tactile intégré, permettant d’allumer ou d’éteindre la lumière d’une simple caresse.
« J’ai toujours été fasciné par l’instant où un objet cesse d’être simplement fonctionnel pour devenir émotionnel, confie le créateur. Ici, la lumière n’est pas qu’un flux lumineux. Elle devient presque un prolongement du geste, un dialogue silencieux entre la main et la matière. »
L’ARTISANAT DU SENSIBLE
Fabriqué en atelier, Luminessence valorise le savoir-faire artisanal français. Le bois, choisi pour sa texture, sa densité et sa chaleur, est travaillé manuellement, dans un souci de durabilité et d’élégance intemporelle. Le résultat ? Un luminaire qui s’intègre avec naturel dans des intérieurs contemporains, tout en apportant une dimension sensible et apaisante. Avec cette pièce, Guillaume Bouvet poursuit sa recherche d’un design émotionnel, où l’objet ne se contente pas de remplir une fonction, mais raconte une histoire, éveille les sens, et tisse un lien intime avec celui qui l’utilise.

Ici, la lumière n’est pas qu’un flux lumineux. Elle devient presque un prolongement du geste, un dialogue silencieux entre la main et la matière.
Dans la réserve de Willow Creek Farm, fournisseur de laine pour certains produits imaginés par Common Object Studio, comme ici le rembourrage d’une banquette recyclée.© Kal Skye
Etats-Unis

À travers une approche radicalement régénérative, Common Object Studio redéfinit la mission du design. Un design qui soigne, relie et s’inscrit dans le vivant.

Pour Fernando Ramirez et Justin Beitzel, les deux co-fondateurs de Common Object Studio, le design ne se limite plus à la forme ou à la fonction. Ils ont beau être « fondamentalement des designers industriels », leur expériences diversifiées en design environnemental et en ingénierie les poussent à dépasser les processus traditionnels. Chaque projet débute par des questions fondamentales : comment un objet interagit-il avec son environnement ? Quel impact a-t-il sur ceux qui le fabriquent, l’utilisent, ou sur les ressources qu’il mobilise ? Cette approche pousse le studio à dépasser la simple durabilité pour embrasser une régénération à la fois écologique et sociale.
Des formes accueillantes, des matières brutes, une célébration de l’imperfection : les objets naissent du dialogue entre processus et matière, avec une part assumée de jeu et de poésie. Le résultat : des créations qui questionnent les normes de beauté tout en ancrant le design dans le vivant. La fonctionnalité est pensée pour durer et évoluer. Réparabilité, modularité et circularité guident la conception. Le projet Strata, par exemple, redonne vie à du mobilier délaissé via un système de revêtement adaptable. OkaTerra, de son côté, développe des chaînes locales pour une production plus résiliente.
Le studio transforme les déchets -agricoles, urbains ou industrielsen ressources performantes, explorant laine régénérative, bois récupéré ou résines biosourcées. Une manière de repenser la valeur, en s’éloignant des modèles linéaires et extractifs. Pour Common Object Studio, la régénération ne concerne pas que les matériaux. Elle implique aussi les humains. En collaborant avec des artisans, agriculteurs ou communautés locales, et en créant des espaces de transmission, comme des ateliers de co-création, le studio construit un réseau de pratiques éthiques et ouvertes. Enfin, chaque objet interroge sa propre temporalité : doit-il durer ou se désagréger ? Être transmis ou composté ? C’est dans cet équilibre entre longévité et retour à la terre que s’invente un nouveau paradigme du design. Common Object Studio ne propose pas simplement des objets : il initie un mouvement où la création rime avec réparation, soin et transformation.

Détails clairs pour le démontage du fauteuil Terra Lounge, conçu à partir de bois de noyer tombé localement.© Justin Timothy Temple


NOV. 2025






DES AFFAIRES
AU PIED DES





NODO STOOL… LE TABOURET BIODÉGRADABLE
Chez Common Object Studio, l’exploration matérielle est un dialogue entre tradition et technologie.
Le tabouret Nodo incarne cette approche, alliant structure biodégradable imprimée en 3D à des textiles naturels régénératifs. La structure, composée de poussière de bois et d’un composite à base de maïs, présente une forme en treillis inspirée des coraux, conçue pour allier résistance et fluidité. Les tubes rembourrés, 100 % biosourcés, sont fabriqués avec de la laine Kvadrat et remplis de laine recyclée, une innovation développée en interne.
Investissez dans un bien d’exception au cœur des Alpes
15 Résidences Hôtelières 5* - 19 Résidences Hôtelières 4* - 62 Chalets Privés
28 Spas & Espaces Bien- Ê tre - 35 Stations de Ski - 16 Domaines Skiables








Découvrez notre sélection d’appartements neufs et à la revente dans des résidences hôtelières 4 et 5 étoiles Alliez plaisir et investissement avec des prestations haut de gamme et une gestion locative clé en main, forte de 20 ans d’expertise alpine.

NUMERO… TABLE ET TABOURET EN MÊME TEMPS
Pensée pour la polyvalence, la ligne Numero passe facilement d’un tabouret à une table, s’adaptant aux besoins des espaces divers. Sa structure en bois tombé issu de sources durables s’inspire de l’élégance des chiffres romains, créant une esthétique à la fois intemporelle et contemporaine. Le coussin en laine régénérative incarne l’engagement de l’agence envers l’environnement et l’artisanat.
Table « Numero » avec feutre en laine entièrement naturelle. © Emma Mattson


acoustique Understory :
HAWORTH UNDERSTORY…
100 % BIOSOURCÉ & BIODÉGRADABLE Haworth Understory réinvente l’espace avec une collection de tabourets et de paravents fabriqués à partir de matériaux régénératifs. Chaque élément est conçu à partir de ressources locales, laine usagée, branches de saule, bois récupéré et chènevotte mélangée à de la chaux sodée. Ces matériaux ont été choisis pour leur capacité à retourner à la terre, incarnant l’engagement des créateurs envers le design régénératif.


NOUS FAÇONNONS VOS PROJETS DE VIE.
Chez Artis, depuis 1989, nous sommes les bâtisseurs de vos histoires. Pour la tranquillité, Pour une vie entière.
Entre lacs et montagnes, des pays de Savoie au Pays de Gex, nous construisons vos maisons.
Petits ou grands projets, nous imaginons des espaces performants, durables et optimisés, dans le respect de notre région et de la tradition.
Au-delà des murs, vivent nos convictions.
De la recherche foncière à la conception et à la réalisation, nous n’avons qu’une seule préoccupation : l’engagement de nos équipes pour un accompagnement intègre, total et rassurant.
Nous œuvrons tous ensemble au service du "bien bâti" fait avec cœur, qualité et transparence.
Du premier coup de crayon aux dernières finitions, Nous sommes à vos côtés.
Depuis plus de 35 ans et pour encore longtemps.
Cet esprit montagne s’incarne à travers un patrimoine culturel, des rituels, des savoir-faire, un usage du monde alpestre. Un jene-sais-quoi différent d’ailleurs. Le fond du décor : sommets, pentes et pâturages, toits de lauze du village en bas dans la vallée. On aspire à le trouver quand on pousse la porte d’une simple auberge comme d’un grand hôtel en montagne. Il perd tous ses effets quand il est plaqué, surajouté, sorti tel quel des catalogues de déco ou des soi-disant « tendances ». Fait avec amour, il se lit avec le cœur. Il joue sur les souvenirs olfactifs, la mémoire visuelle, les images, les parfums, les sons, le toucher … Espérons qu’un jour ces trésors vivants rejoignent le patrimoine immatériel de l’humanité !
Par Noëlle Bittner



Donner une échappée à ses rêves de montagne avec une vision de sommets enneigés, d’une clairière où se retrouvent les biches dans un rayon de soleil à l’aurore… c’est la magie des papiers peints panoramiques. Le XIXe rêvait de grands espaces, les artistes les ont imaginés. Autrefois, ils étaient imprimés à la planche. Aujourd’hui, les plus beaux sont reproduits à partir des documents des grandes Manufactures d’impression, les Dufour, Desfossé, Zuber et autres. A consommer sans modération. Le BellaTola en a même couvert les murs de sa piscine ! © Panoramique l'Eden / Le Grand Siècle

Le livre d’or raconte l’histoire de votre maison et en partage les souvenirs avec vos hôtes. En 1860, le Bella Tola ouvrait son premier Livre d’Or. Il s’appelait le Livre des Voyageurs. Il est vrai que c’était une expédition pour atteindre l’hôtel ! A pied, depuis Sierre. Les bagages suivaient à dos de mulet. Au fil des saisons, les pages s’égayent d’anecdotes, de dessins humoristiques. On y écrit en vers, en rimes et en chansons. On croque les départs à dos de mulet, fusil en bandoulière. On moque le bavarois harnaché en parfait alpiniste…
© David André


La cuisine de montagne, ce devrait être toujours très simple et très savoureux. Ce qui n’exclut pas d’être original, voire surprenant… comme par exemple, ce beurre fumé, juché sur son rocher tel un Cervin miniature. Dans un petit fumoir, déposez des écailles détachées d’une écorce de mélèze, allumez, plongez le tuyau de fumée dans une coupe où vous avez déposé le beurre. Fermez hermétiquement. Le beurre va s’imprégner de la fumée de mélèze. Ajoutez du sel et fouettez la motte de beurre. Prenez un joli caillou de rivière et déposez d’un coup de spatule une petite montagne de beurre fumé.
© Bella-Tola

On a tous en mémoire, comme une mouillette de parfumeur, une trace de l’odeur d’une maison aimée. Imaginez mettre en flacon l’odeur de la neige, des feux de bois, de résine et de pignes brûlées… Un parfumeur peut vous créer un sent-bon qui deviendra la mémoire olfactive de la maison. Comme la Senteur Haute Montagne de l’Auberge de la Maison, présentée dans un très beau flacon godronné noué d’un foulard de soie, à reclasser en bracelet noué ou en bijou de sac.
Un prisonnier natif du village de Saint-Luc se trouva un passe-temps : sculpter des chaises gravées aux armoiries des familles inscrites à la bourgeoisie locale.

J’ai de la peine pour ces beaux outils qui ont fait leur temps aux champs, à l’étable ou à l’atelier et que l’on retrouve accrochés au mur des chalets. C’est tout différent quand l’objet est à sa place d’origine et toujours en usage. Comme « les chaises nommées » du Grand Chalet Favre. Dans les années 1920, un prisonnier natif du village de Saint-Luc se trouva un passe-temps : sculpter des chaises gravées aux armoiries des familles inscrites à la bourgeoisie locale. Les chaises se retrouvèrent à la pension Favre, qui venait d’ouvrir comme cantine pour les ouvriers qui travaillaient à la construction de la route. Aujourd’hui encore, il arrive qu’en réservant une table, la personne précise « avec ma chaise ! » © Chalet Favre
Essayez de donner l’esprit montagne à un placard… c’est comme vouloir mettre des ailes à une marmotte ! Mais prenez une petite armoire en bois d’arole comme on en fabriquait en nombre pour les chambres des hôtels de montagne autrefois. Haute, étroite, tellement modeste, si peu profonde que les cintres entrent de biais (à l’époque, on suspendait les vêtements à des crochets). La porte grince, les noeuds du bois dessinent comme le pelage d’un léopard des neiges. Ouvrez, inspirez, vous sentez ce parfum boisé caractéristique du pin d’arole ? © Bella-Tola

J’adore explorer les bibliothèques d’hôtels. Certes, je me satisfais d’y trouver les dernières éditions impertinentes d’Assouline, les albums maousses d’architecture de montagne, mais ce qui m’enchante – et c’est toujours inattendu-, c’est de tomber sur une vieille édition brochée d’un roman de montagne, ou comment se faire des frayeurs sous la couette avec « La Grande Peur dans la montagne », de Charles-Ferdinand Ramuz (1926). Et quand on y découvre de vieilles photos entre deux pages, on passe du fantastique au réel… © Bella-Tola


Dans le kitsch il y a de l'humour. L'idée, quand on a le bonheur de posséder des meubles de montagne anciens, c'est de les disposer sans tomber dans le musée d'art populaire. C'est là qu'une pointe de kitsch donne un twist réjouissant à un décor alpestre classique. Comme ces coussins brodés au point de croix. Les canevas brodés au point de croix étaient vraiment les mal aimés des brocantes et vide-greniers il y a encore une dizaine d'années. Jusqu'à ce qu’on ait l'idée de sortir de leur cadre et de réintroduire dans le décor ces chevreuils au soleil couchant dans la forêt et autres clichés alpestres auréolés de neige. © Bella-Tola

Et si les Spas qui affichent de célèbres marques internationales passaient à côté de l’esprit montagne ? Alors que les Alpes ont des trésors de petites marques originales bourrées d’ingrédients alpestres. Comme les produits Höbepergh, produits sur le plateau d’Asiago, à 1000m, aussi bons et agréables que durables, à découvrir au Spa de l’Auberge de la Maison. Ainsi que le Rituel du Berger, un bain de foin bio dans une baignoire en bois, ou un doux sauna au foin et des massages sur lit de foin aux infusions de plantes alpestres. Quant au Bella-Tola, il remonte carrément à la source… dans le petit lac qui se forme au pied du Glacier de Moiry, dont il récolte la boue glaciaire aux vertus vivifiantes et anti-inflammatoires. La boue argileuse verte est séchée au soleil, réduite en poudre et réhydratée pour des enveloppements rituels. Quant aux pochons de massage, ils sont remplis de pétale d’églantier, pensée sauvage, plantain, anthyllide vulnéraire… Peut-on imaginer plus botanique ?
© Noëlle Bittner

Et si on exploitait à la lettre l'expression toute faite et rebattue : "faire entrer la nature dans la maison" ? On irait par sentiers et taillis cueillir de grandes brassées de fleurs, branchages, graminées, baies... dont on ferait des bouquets généreux et parfumés. Et qui ne coûtent que le plaisir de les faire.
© David André
LE GRAND HÔTEL
BELLA-TOLA
www.bellatola.ch et le Grand Chalet Favre www.grandchaletfavre.ch, en Suisse, à Saint-Luc, dans le Val d'Anniviers. En Italie, à Entrèves, près de Courmayeur, l’Auberge de La Maison www.aubergemaison.it.

PAPIER PEINT PANORAMIQUE
A partir des collections du Musée des Arts Décoratifs et de la BNF, Vanessa Hahusseau, fondatrice du Grand Siècle, édite des papiers peints à motifs et des panoramiques. Ceux-ci apparaissent au tournant du XIXe siècle qui rêve d’aventure et de voyages lointains. A découvrir le somptueux Eden, créé par la Manufacture Jules Desfossé en 1861. Sur le site www.legrandsiecle.com
LA SURPRISE DU CHEF
Recette du beurre fumé à l'écorce de mélèze imaginée par Osbaldo pour le chef Mathieu Hericotte, au Grand Hôtel Bella-Tola,

COUSSINS AU PETIT POINT
Dagmar est autrichienne et vit en France. Chiner est sa passion. Chiner puis transformer. Comme ces anciens ouvrages de tapisserie au petit point sur le thème de la montagne. Montés en coussins, ces "ouvrages de dames" sont doublés d'un lin vieilli assorti. @villastamboul

Cabanes paysagères de luxe en Patagonie argentine…
Par la rédaction


Juan Segundo Díaz Dopazo a grandi en Patagonie, puis a étudié l’architecture à Buenos Aires, où il a rencontré María Ayelén Olivieri Martinez. Il a toujours su qu’il retournerait un jour dans le Sud, un endroit véritablement unique au monde, aux paysages vierges qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Ce qu’il n’aurait jamais imaginé, c’est qu’ils auraient un jour l’occasion de concevoir des cabanes pour ses propres parents, en plein cœur d’une forêt d’Arrayanes.
Le défi consistait à réaliser un complexe touristique de petite échelle (250 m²), implanté dans une forêt native de Coihues et d’Arrayanes, sur un terrain en forte pente, avec vue, et situé en bordure du lac Correntoso, un lieu à la fois extrêmement naturel et paisible.
DES CABANES PENSÉES
COMME DES FRAGMENTS DE
Les architectes ont proposé des modules de « cabanes paysagères » destinés à accueillir deux à trois personnes. Ces constructions s’intègrent au paysage comme un élément de plus dans la forêt, se fondant en elle avec une apparente maîtrise de l’aléatoire. Elles partagent une même grammaire architecturale, tout en présentant de légères différences entre elles. Les cabanes ont trouvé leur place dans les vides naturels, là où il n’y avait pas de végétation arborée, évitant ainsi l’abattage d’arbres. De cette contrainte est née l’intention première du projet : une architecture en harmonie avec la forêt, qui coexiste avec elle plutôt que de la dominer. Les architectes ont ainsi réussi à générer une spatialité captivante, immersive, qui abolit les frontières entre intérieur et forêt native — dans un espace pourtant réduit.
Chaque cabane est conçue comme un espace unique, structuré en demi-niveaux, avec de grandes fenêtres stratégiquement orientées. Ces ouvertures amplifient l’espace vers l’extérieur et permettent à la canopée basse et feuillue des myrtes d’apporter à la fois une immersion totale dans le paysage et une intimité naturelle entre les volumes et les espaces communs du complexe.


Ces constructions s’intègrent au paysage comme un élément de plus dans la forêt, se fondant en elle avec une apparente maîtrise de l’aléatoire.

Les pièces d’eau sont spacieuses et confortables.
La plus grande des cabanes comprend une baignoire autoportante avec vue — invitant à profiter d’un bain chaud tout en observant la neige tomber à travers la fenêtre.
La réalisation du projet représentait un véritable défi logistique : un terrain étroit, en pente, densément boisé. Les architectes ont opté pour une construction sèche sur fondations en béton armé, nécessitant une planification minutieuse et une exécution précise.
À l’extérieur, les volumes affichent une morphologie rocheuse, habillée selon la technique japonaise ancestrale du Shou Sugi Ban. Cette méthode consiste à brûler la surface des planches de bois (ici, de l’eucalyptus), afin de leur conférer une texture singulière ainsi qu’une meilleure résistance à l’eau, au feu, et une durabilité accrue.
La couleur noire obtenue offre un fond qui fait ressortir le vert intense des arbres et le blanc pur de la neige. À cela s’ajoutent, en moindre mesure, du bois de Lapacho



Spécialisée dans les projets résidentiels et d’hôtellerie, OJA (Organic & Joyful Architecture) redéfinit le luxe contemporain en plaçant la nature et l’essence au cœur du processus créatif, comme éléments fondamentaux qui enrichissent et élèvent l’architecture.

À l’extérieur,
(une essence dure de couleur cannelle, semblable à celle des Arrayanes), du verre, de la zinguerie noire et du béton apparent.
À l’intérieur, un unique matériau domine : le bois de Guatambú. Clair, sans nœuds, il contraste avec l’extérieur sombre et renforce la sensation d’espace. Utilisé en grands panneaux, ce bois noble a également permis d’accélérer les phases de chantier. L’ensemble du mobilier intérieur est fabriqué dans ce même bois, créant un aspect épuré, monolithique et très sobre, qui efface presque les limites entre les parois et le mobilier.
Aujourd’hui encore, les architectes se disent fiers de ce projet, qui a su toucher le cœur de toutes les personnes ayant séjourné dans les Cabanes paysagères. L’œuvre a également été reconnue à travers de nombreuses nominations, prix et publications à l’échelle internationale.


Il y a 80 ans, la station naissait dans la simplicité d’un village savoyard. De ces humbles racines, elle est pourtant devenue une étoile montante…
En ce mois de septembre, une cinquantaine de grues strient le ciel de Courchevel. Hôtels rénovés, résidences hôtelières en chantier, chalets en pleine construction : la station se prépare comme un théâtre avant la première représentation. La gigantesque fourmilière disparaitra à l’ouverture, en décembre. Ici, plus qu’ailleurs, on rénove, on agrandit, on surélève afin « d’offrir le meilleur ». Station de tous les superlatifs et de tous les excès aussi, Courchevel ne peut pas se réduire à ses hôtels de luxe, ses restaurants étoilés, ses palaces et ses folles soirées. « Ce n’est pas une station de milliardaires, mais une station familiale et sportive que le monde nous envie », insiste Claude Pinturault, figure hôtelière de la station. Ici, débutants et champions olympiques se croisent sur les mêmes pentes, dans un ballet parfaitement orchestré.



ÉLAN DES FAMILLES
Dans les années 60, encouragées par le Plan Neige, des familles venues de toute la France construisent hôtels, commerces et restaurants.
« C’était vraiment l’aventure ! Mes parents construisent en 1961 l’hôtel Les Sherpas au Jardin alpin, puis ils décident de bâtir l’Annapurna en 1974, sur le point le plus haut de la station. Je les rejoindrai dix ans plus tard », raconte Claude Pinturault.
L’hospitalité familiale donne son âme à la station. Dans les années 70, les hôtels de luxe 4* se développent et avec eux la clientèle internationale.
Pour sauver l’hôtellerie, le maire Michel Ziegler encourage la rénovation et l’extension des hôtels, dans les années 80. Courchevel adopte, petit à petit, un style inspiré des villages autrichiens. Le Byblos des Neiges, mythique palace de Saint-Tropez, s’installe, puis Raymonde Fenestraz transforme les Airelles 3* en palace ouvrant la voie au luxe international.
La station part séduire le monde entier. « Au retour de ces voyages de promotion, quand un pays nous disait être intéressé, les problèmes arrivaient. Nos hôteliers ne parlaient pas souvent de langues étrangères et se demandaient ce qu’ils allaient faire de ses touristes avec lesquels ils ne pouvaient pas communiquer. Certains préféraient fermer quinze jours en plein mois de janvier. Puis tout le monde s’est mis à l’anglais. Nous sommes allés prospecter partout dans le monde. Les premiers russes débarquent à Noël 1993. Ce n’était pas gagné au départ, mais cela a fonctionné », se souvient Michel Giraudy, ancien directeur de l’office de tourisme. Les Jeux olympiques de 1992 achèvent de donner à Courchevel une aura planétaire.


AUDACE DES PIONNIERS
À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil général de la Savoie mise sur un site vierge à 1850 mètres, pour rivaliser avec les stations suisses et autrichiennes, avec l’objectif de développer le tourisme social. Une équipe visionnaire, formée autour de l’architecte-urbaniste Laurent Chappis, l’architecte Denys Pradelle et l’ingénieur Maurice Michaud, dessine une station intégrée où le paysage guide l’urbanisme. Toits papillon, façades vitrées, chalets pensés pour le ski : Courchevel invente un style qui fera école.
Dès 1954, l’ancien champion de ski Émile Allais structure le domaine skiable, du damage aux secours, imposant un savoir-faire encore étudié aujourd’hui. « À la montagne, sans revenus, nous nous sommes lancés comme moniteurs. La richesse, c’était de rencontrer ces gens de la ville qui découvraient la montagne », se souvenait Noël Pachod, pionnier de l’École de ski français.

HÉRITAGE ET MODERNITÉ
Au Jardin Alpin, le palace Le Cheval Blanc du Groupe LVMH et ses nouveaux chalets incarnent l’ultra-luxe.
À l’opposé, certains hôteliers veulent rester accessibles. « J'ai envie que toutes classes sociales puissent profiter de Courchevel », confie Aurore Charvin-Maitre, petite-fille de Maurice Charvin, l'un des premiers moniteurs de la station. Elle a repris le bâtiment créé par son grand-père et ouvre l'hôtel familial
Les Monts Charvin 3*, « pas trop cher pour ne pas faire comme les autres », souhaitant « recréer ce que j'ai connu de Courchevel quand j'étais petite ». Elle vient de confier la gérance à un couple d’amis de Saint-Bon qui partage sa philosophie.
Au-delà de l’hôtellerie de luxe, Courchevel reste fidèle à ses origines : un terrain de jeu exceptionnel fruit d’une audace collective, où luxe et authenticité continuent de dialoguer.
J'ai envie que toutes classes sociales puissent profiter de Courchevel

n jour, je deviendrai une des reines de la montagne ». Raymonde Fenestraz n’a que 16 ans quand elle prononce cette phrase à la ferme familiale de Moûtiers. Fille d’agriculteurs, elle observe les voitures chargées de skis filer en montagne et rêve d’un autre destin. Avec l’argent de la vente d’une vache, elle part en Angleterre pour apprendre l’anglais. De retour, elle travaille dans une agence immobilière à Courchevel avant de la racheter. Elle rencontre son mari et ensemble ils achètent les Airelles, alors un modeste hôtel 3*.
Lorsque Courchevel est désignée pour accueillir des épreuves sportives et le Comité olympique dans le cadre des Jeux olympiques d’Albertville en 1992, elle s’exclame : « Je veux avoir le plus bel hôtel des Alpes pour recevoir les têtes couronnées et les plus hautes personnalités ». Après trois ans de voyage d’inspiration en Suisse, en Autriche, en Italie, le couple Fenestraz transforme les Airelles en un palace mythique.
L’ÉLÉGANCE COMME EXIGENCE
Surnommée « La Castafiore », Raymonde Fenestraz sillonne la planète pour promouvoir Courchevel. « Elle portait sa dirndl (ndlr. robe tyrolienne), venait avec du beaufort, du blanc de Savoie et du saucisson. Du Brésil au Japon, en passant par les Etats-Unis, elle expliquait que Courchevel est la plus belle station au monde et présentait son hôtel. Sa force de travail et de conviction étaient incroyables », se souvient son fils Raoul Fenestraz. Visionnaire, elle pressent très tôt l’arrivée des Russes, nouveaux clients décisifs pour la station. Perfectionniste et excentrique, elle veillait à l’élégance de ses hôtes. « Le soir, s’ils n’étaient pas assez élégants au restaurant, elle leur disait : Ça me ferait plaisir si vous faisiez un petit effort », sourit son fils aujourd’hui à la tête du Groupe Maison Fenestraz. « Ma maman a bâti son rêve dans le luxe à Courchevel. Avec mon épouse et dans un style plus sobre, nous perpétuons l’hospitalité des hôtes du monde entier en Argentine, au Brésil et dans le sud de l’Italie où nous vivons désormais », conclut Raoul Fenestraz, qui a construit il y a 20 ans El Colibri, une authentique Estancia en Argentine « leurs petites Airelles » à eux.



































Construction bois, Intérieurs contemporains, & Rénovation


