INDĂPENDANCE
Le monde change, le continent doit
Vite. par Zyad Li ma m
LâAfrique du Sud face Ă la tempĂȘte Trump
Interviews
SOPHIE BESSIS

â DOUNIA HADNI
BUSINESS
Terres rares : lâAfrique, champ de bataille








































Le monde change, le continent doit
Vite. par Zyad Li ma m
LâAfrique du Sud face Ă la tempĂȘte Trump
Interviews
SOPHIE BESSIS
â DOUNIA HADNI
BUSINESS
Terres rares : lâAfrique, champ de bataille
Ce l a fa it a pp roxi ma ti ve me nt s oi xa nt e an s, plu s ou moins , qu e lâAfriqu e est ind Ă©p endante (et pour certains, comme la Namib ie, un peu plus de trente an s) Câest pe u au re ga rd de lâ hi stoi re mu ltim ill Ă©n aire du conti n e nt et de lâhu ma ni tĂ©, et câest nettement moins que les deux siĂšcles dâoppression de « lâhomme blanc ». Pour tant, en soixante ans, malgrĂ© la di ff ic ul tĂ© de con st ruire de s nation s com me de ssin Ă©e s su r un co in de ta ble, malgrĂ© lâ hĂ© ri ta ge so cio -Ă© con omiq ue dĂ© sa st re ux de lâ Ăšre co lonial e, mal grĂ© l e p oids d e l a p au vretĂ© et l a p er m an en ce des conflits, lâAfriqu e a changĂ© Elle se transform e, ani mĂ© e par de s fo rc es pu is sa nte s et st ru ct urell es Une rĂ©alitĂ© nettement plus complexe que la perception com pl ais ante et car ic at ural e dâun contin ent immobile et mal gouvernĂ©. Quâon le veuille ou non, lâAfrique immense est en mouvement.
Au dĂ©but des annĂ©es 1960, nous Ă©tions Ă peine 30 0 millions dâAfricains. Aujourdâhui, nous sommes un peu plus de 1,5 milliard (x5), et demain, Ă lâhorizon 2050, probablement aux alentours de 2 milliards. Un continent marginal, dĂ©peuplĂ© (en par ticulier par lâesclavage et la traite), se retrou ve en un peu plus de deux gĂ©nĂ©rations dĂ©mographiqu ement au centre du mo nd e. De ma in , un hu main su r qu atr e se ra af ri ca in LâAf ri qu e com ptera pl us dâ hab itants qu e lâEurope, lâAmĂ©rique latine et lâAmĂ©rique du Nord rĂ©unies Cette jeunesse sera source dâoppor tunitĂ©s, de modernisation, mais aussi de ruptures, de tensions.
Elle exigera une mobilisation des Ătats pour la formation, lâemploi, la santĂ© La dĂ©mographie fait lâhistoire. LâAf riqu e, vi eu x contin ent pe up lĂ© de ce ntai ne s de millions de jeunes, sera au cĆur des enjeux du siĂšcle
Pour le meilleur ou pour le pire, ou pour les deux en mĂȘme temps probablement
Nous Ă©t ion s tr Ăšs , tr Ăšs pa uvres . Nous sommes to uj ou rs pa uvr es , mai s ne tt em ent moi ns , et la dynamique est diffĂ©rente Notre richesse a Ă©tĂ© multipliĂ©e par 50 Nous sommes passĂ©s dâun PIB estimĂ© de 50 milliards de dollars Ă un PIB de 2 60 0 milliards de dollars (constant) Des pays enchaĂźnent des taux de croissance Ă©levĂ©s sur de longues pĂ©riodes [voir notre DĂ© couver te CĂŽte dâIvoi re, pag es 48 -78] Ce rta in s pe uvent prĂ©ten dre Ă lâ Ă©m erge nc e rĂ© el le En accentuant des politiques vertueuses de croissance, lâAfrique pourrait toucher la barre des 5 000 milliards en 2030. Et viser, en projections « modĂ©rĂ©es », un seuil de 10 000 milliards en 20 50. Et un seuil de 15 000 milliards de dollars en projections « optimistes ». Soit le niveau de la Chine aujourdâhui.
Cette progression nâempĂȘche pas la prĂ©caritĂ© ni sur tout les in Ă©g ali tĂ©s. Ce rtai ns Af ri ca in s vivent littĂ©ralement au XXIe siĂšcle, dans le monde global, et dâautres, nombreux, sont pris au pi Ăšge dâun Moyen Ăg e Ă©c onomi qu e et so ci al. Entre 35 % et 40 % de s Af ric ain s vi ve nt en cor e av ec moin s de de ux do lla rs pa r jo ur. Ma is 35 0 mi llio ns so nt entrĂ© s dan s le pĂ© rim Ăšt re, ce rtes im prĂ©c is et frag il e, de la « cla ss e moye nn e ». Le s ta ux de mor ta litĂ© in fa nt il e ont Ă©tĂ© rĂ©duits de plus de 70 % depuis les annĂ©es 1960, malgrĂ© lâexplosion dĂ©mographiqu e. Il y a encore de la marge (43 dĂ© cĂšs pour 1 000 naissances en Afriqu e po ur un e mo ye nn e mon dial e de 27 po ur 1 000 ). Mais câest tout de mĂȘme une grande victoire. Nous viv io ns Ă lâ Ă©p oqu e mo in s de 40 an s. No us vivon s aujourdâhui en moyenne 65 ans. Hier, moins de 10 % de s Af ricain s po uvai ent se prĂ©val o ir de sa vo ir li re, com pter, Ă©c ri re Aujo urdâhu i, nou s at te ig non s de s ta ux dâalp h ab Ă©t is ati on de 60 % (a ve c de s po inte s Ă 90 % en Afriqu e du Nord et en Afriqu e australe).
Ce continent, autrefois largement rural, sâurbanise Ă la vitesse grand V. 45 % des Africains vivent aujourdâhui en ville. Dâimmenses mĂ©galopoles appara is se nt (K in sh asa, Jo burg, Le Ca ire, Na irob i, Casabl an ca , Ab id ja nâŠ), av ec dâ im me nses prob lĂš me s, mais aussi dâimm enses oppo rt unitĂ©s Ces ci tĂ©s so nt des accĂ©lĂ©rateurs de croissance, de modernisation, de mixitĂ©, dâĂ©mancipation Câest aussi ici que naissent des ar tistes, des crĂ©ateurs, des cultures, des sons, des Ćuvres Ă la portĂ©e globale, qui transforment lâimage qu e lâAf riqu e a dâel le -m ĂȘm e et lâ imag e quâe ll e projette ve rs le mond e ex tĂ© ri eu r. Cu lturel le me nt, nou s nou s lib Ă©ron s, sa ns compl exe Et no us bĂ© nĂ© fi cion s des rĂ©volutions technologiques En 1960, les Africains nâavaient pas ou presque de lignes de tĂ©lĂ©phone fixe. Aujourdâhui, on estime quâils sont plus de 50 0 millions Ă pouvoir bĂ©nĂ©ficier dâun accĂšs Internet Avec 1 milliard de connexions mobiles actives
Ph ys iq ue me nt , le s ch an ge me nt s se vo ie nt , lâAf rique est di ffĂ©rente. Elle se construit malgrĂ© tout, malgrĂ© sa difficultĂ© Ă mobiliser les financements. Beaucoup reste Ă fa ire, ma is ceux qu i so nt su ff isam me nt ĂągĂ©s pour avoir voyagĂ© dans les annĂ©es 1970 et 1980 peuvent en tĂ©moigner Le dĂ©cor, la dynamique ne sont plus les mĂȘmes. Nous avons changĂ© dâĂ©poque
LâAfrique change, se transforme, mais le rĂ©alisme compte. Le phĂ©nomĂšne est fragile, la rĂ© gression est toujours possible, les conflits sont beaucoup trop nombreux et dĂ©vastateurs. La croissance est lĂ , mais il faut viser plus, plus durablement. Pour briser le paradigme de la pauvretĂ© Ă©tern ell e, pour exister vraim ent, pour entrer dans des processus de dĂ©veloppement Ă lâasiati qu e, nou s devo ns all er bea uco up pl us vite (a prĂšs to ut, lâAf ri qu e to ut enti Ăšre dâau jo urdâ hu i pĂš se Ă©c onomiquement autant qu e la France), et de maniĂšre plus au daci eu se Se conce ntre r su r ce qui com pte : la crĂ©ation de richesses, la libĂ©ration des Ă©nergies, la promotion de lâentreprise et de la crĂ©ativitĂ©, lâinclusivitĂ© so cial e, lâintĂ© grati on, et la co nst ructi on de lâ Ă©tat de droit, chemin nĂ©cessaire vers le pluralisme
Cette exigence dâaccĂ©lĂ©ration, de dĂ©multiplication , de paci fication intĂ©rieure devrait nous engager tous, collectivement. Parce que le monde est lui aussi en train de changer. Avec la montĂ©e des populismes en Europe, aux Ătats-Unis, le ralentissement de la Chine. Avec la crise durable du climat, ses impacts et les replis illusoires quâelle gĂ©nĂšre Donald Trump, incarnation presque caricaturale de lâ Ă©poque, ne cache
pas son dĂ©dain pour le continent Et pour le codĂ©veloppement. Le prĂ©sident et son alliĂ© Elon Musk ont lit tĂ©ralement oblitĂ©rĂ© lâUSAID, lâagence amĂ©ricaine dâaide, premier donateur mondial (40 % du montant global).
Washington veut Ă©galement bouleverser le commerce mondial avec la remise en place de tarifs douaniers Y compris trĂšs probablement avec lâAfrique. Le systĂšme prĂ©fĂ©renti el de lâAG OA , mi s en pl ac e pa r Bi ll Cl into n en mai 20 00, est menacĂ© Lâaf faire nâest pas quâĂ©conomique Lâassaut politico -Ă© conomique sur lâAfrique du Su d [v oi r pag es 32 -3 9] mo nt re Ă qu el po in t le tru mpi sm e est au ssi un e vo lo nt Ă© de domin at ion Pretoria est « coupab le » Ă plus ieur s de grĂ©s : pour sa supposĂ© e politique « anti -Blancs », pour le « wokisme » con su bs ta nt ie l Ă la na tio n ar c- en -c ie l, po ur so n appr oc he mu lti ra cial e, po ur so n po siti on ne me nt pro-Palestiniens (et ce depuis les annĂ©es de combat de Nelson Mandela et de lâANC) et sa politique internationale relativement indĂ©pendante.
Face Ă lâampleur de la turbulence, une Afrique sans rĂ©action, recroquevillĂ©e, comme si cela ne la concerna it pa s vraiment, une Afrique oĂč certaines Ă©l ites ne cachent pas, par ai ll eur s, un e fa sc ina ti on pour tant stĂ©rile pour les homm es forts, le trumpisme ou le poutinisme, cette Afrique- lĂ aurait beaucoup Ă perdre de ce nouvel ordre mondial. De cette nouvelle sĂ©quence, oĂč le chacun pour soi va devenir la norme. Et oĂč les plus fragiles vont sĂ©vĂšrement trinquer Lâaide va baisser fortement et structurellement. Câest aussi la fin dâun long cycle de mondialisation Ă lâorigine de la chute spectaculaire de la pauvretĂ© dans les pays du su d. Les pays riches, dĂ©jĂ peu pa rtag eurs, fragilisĂ©s par les crises, vont se concentrer sur eux- mĂȘmes.
Le choc Ă court terme sera rude pour lâAfrique. Mais nous devons voir au -delĂ de ce systĂšme moura nt. Il fa ud ra com pe nse r par des fo rc es et des ressources intĂ©rieures Ne plus accepter que notre santĂ©, que notre humanitarisme dĂ©pendent presque exclusivement de donateurs ex tĂ©rieurs Nous devrons crĂ©er plus de richesses, en Ă©tant plus compĂ©titifs, et repenser notre commerce ex tĂ©rieur. Nous devons levrager mieux encore nos arguments, en augmentant notre pouvoir de nĂ©gociation avec les uns et les autres, les nouveaux acteurs, les nouvelles puissances, les nouvelles entreprises En projetant aussi, câest impor tant, un e im ag e pl us crĂ©d ib le de no us -m ĂȘm es En no us dĂ©barrassant des slogans creux sur lâanti -impĂ©rialisme ou le nĂ©ocolonialisme La souverainetĂ© vraie se base
Au si Ăšg e de lâUn ion af ricain e (UA), Ă Ad dis -A be ba
su r un e r ich esse autonom e et un reg ard rĂ©a liste su r ce qui nous entoure et sur nos intĂ©rĂȘts. Le monde nouveau est ce quâil est. Ă nous dây prendre notre place. Tout cela est, bien sĂ»r, facile Ă Ă©crire⊠Cette nouvelle indĂ©pendance, cette indĂ©pendance 2.0 sera longue Ă construire. Lâune des clĂ©s du reset, lâune des mĂ©thodes pour survivre et prospĂ©rer serait paradoxalement de revenir Ă lâorigine, de proposer un modĂšle moderne de panafricanisme, de redonner du contenu Ă la notion dâintĂ©gration, de penser et promouvoir un futur collectif, celui par exemple dessinĂ© par lâagenda 20 63 de lâUA (« Af ri ca we wa nt ») No us avon s bea ucoup en commun. Sur le plan historique et dans notre relation au monde. Nous avons un grand projet, complexe, de marchĂ© uniqu e. Nous avons des richesses en hydrocarbures, des ressources minĂ©rales, fluviales, agricoles Et pour tant, nos divisions lâempor tent PlutĂŽt que de mettre nos forces en commun, nous nous combattons. PlutĂŽt que de prĂ©senter un front uni lors des
discussions internationales, nous arrivons fragmentĂ©s, avec un faible pouvoir dâinfluence et de nĂ©gociation. Ă la merci dâune donation, dâune « faveur » rendue par une grande puissance. Les sujets ne manqu ent pas sur lesquels nous pourrions rechercher des positions commun es et ef ficac es : cl imat, AG OA , di scu ssio ns commerciales, nouvelle architecture financiĂšre internationale, G20, Nations unies, prĂ©sence au Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations uniesâŠ
Fa ce Ă ce tt e ex ige nc e dâun e no uv el le indĂ©pe nd an ce, de ce n o uvea u pa na fr ic an ism e, fa ce au x ex ig ences de cette jeu ne sse nom breu se, pu issa nte et Ă©r uptive, le s fe mm es et le s ho mm es dâĂta t por tent un e im me nse resp onsabilitĂ©. Câest Ă eu x de bie n go uv erner la re s pu bl ica, la ch ose pu bl iqu e, câest Ă eux de sâĂ©manciper des pratiques archaĂŻques du po uvoi r, de trac er un che mi n de mod ernitĂ©, de crĂ©ativitĂ©, de liber tĂ©s, afin de rĂ©pondre Ă la promesse africaine â
P.08 P.32
N° 463 AV RI L 20 25
Indépenda nce 2.0 par Zyad Limam
8 ON EN PARLE
CâEST DE LâA RT, DE LA CU LT UR E, DE LA MODE ET DU DESIGN Fusion, hybr idation
28 PA RCOURS
Sarah Lélé par Astr id Kr ivian
31 CâEST COMMENT ?
Une intelligence afr icaine ? par Emmanuelle Pontié
114 VINGT QU ESTIONS Ă⊠Chadia Chaibi Loueslati par Astr id Kr ivian
TEMPS FORTS
32 LâA fr iq ue du Sud face Ă la tempĂȘte Tr ump par CĂ©dr ic Gouver neur
40 « Sortir de la civilisation judéo-ch rétien ne » par Fr ida Dahmani
80 « Le Coran vu dâailleu rs » Ă Tu nis par Fr ida Dahmani
86 Max Lobe : « Jâai fait le pari de ne pas rester spectateu r » par Catherine Faye
92 Dounia Hadni : « Il faut sâaccorder le droit de dĂ©cevoir » par Astr id Kr ivian
98 Jean-Claude Barny : « à Blida, avec Frantz Fanon » par Astr id Kr ivian
Afrique Magazine est interd it de diffusion en AlgĂ©r ie depuis mai 2018. Une dĂ©cision sa ns aucu ne just i cation. Cette grande nation africaine est la seule du continent (et de toute notre zone de lect ure) Ă exercer une mesure de censure dâun autre temps.
Le maintien de cette interd iction pĂ©nalise nos lecteu rs algĂ©riens avant tout, au moment oĂč le pays sâengage dans un grand mouvement de renouvellement. Nos am is algĂ©r iens peuvent nous retrouver su r notre site Internet : www.afriquemagazine.com
DĂCOUVERTE
47 CĂTE DâIVOIRE : UNE ĂMERGENCE Ă 360 ° par Zyad Limam, avec Emmanuelle PontiĂ©, Philippe Di Nacera, Jihane Zorkot , AmĂ©lie Monney-Maurial
48 Changements dâĂ©poq ue
53 Parcou rs chiffrés
56 Ămergence, mode dâemploi
60 Ăa, câest la CĂŽte dâIvoire !
78 Babimania
104 Terres rares : lâAfrique, champ de bataille
108 Fran k Dixon Mugyenyi : « La géologie ne connaßt pas de frontiÚres »
110 Quelles alternatives pour se passer de lâUSAID ?
111 Lâaq uacult ure africaine en plein essor
112 Les promesses de lâĂ©nergie solaire « hors rĂ©seau »
113 Les MassaĂŻs sâopposent aux crĂ©dits carbone par CĂ©dr ic Gouver neur
FONDĂ EN 1983 (41e ANNĂE)
31 RUE POUSSIN â 75016 PARIS â FRANCE
TĂ©l. : (33) 1 53 84 41 81 â Fax : (33) 1 53 84 41 93 redaction@afriquemagazine.com
Zyad Limam
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION DIRECTEUR DE LA RĂDACTION zlimam@afriquemagazine.com
Assisté de Lau re nce Lim ou si n llimousin@afriquemagazine.com
RĂDACTI ON
Em manu el le Po nt iĂ© DIRECTRICE ADJOINTE DE LA RĂDACTION epontie@afriquemagazine.com
Isabella Meomartini DIR ECTR ICE ARTISTIQUE imeomartini@afriquemagazine.com
Camille LefĂšvre PREMIĂRE SECRĂTAIRE DE RĂDACTION sr@afriquemagazine.com
Amanda Rougier PHOTO arougier@afriquemagazine.com
ON T CO LL ABO RĂ Ă CE NU MĂ RO
Jean- Marie Chazeau, Frida Dahmani
Philippe Di Nacera, Catherine Faye, Cédric Gouverneur Dominique Jouenne, Astrid Krivian, Amélie Monney-Maurial, Luisa Nannipieri, Sophie Rosemont, Jihane Zorkot
VE NT ES
FRANCE Destination Media
66 rue des Cévennes - 75015 Paris
TĂL. : (33) 1 56 82 12 00
ABO NNE M EN TS
OPPE R SERVICE S 20, rue Rouget de Lisle
92130 Issy-Les -Moulineaux
Tél. : (33) 1 40 94 22 22
Fax : (33) 1 40 94 22 32 afriquemagazine@cometcom.fr
CO MMU NI CATI ON ET PU BL ICI TĂ regie@afriquemagazine.com
AM International
31 rue Poussin - 75016 Paris
4
Tél. : (33) 1 53 84 41 81
Fax : (33) 1 53 84 41 93
AF RI QU E MAGA ZI NE
ES T UN ME NSU EL ĂD ITĂ PA R
31, rue Poussin - 75016 Paris
SAS au capital de 768 20 0 euros
PRĂSIDENT : Zyad Limam.
Photogravure : Philippe Martin
Imprimeur : Léonce Deprez, ZI
Secteur du Moulin, 62620 Ruitz.
Commission paritaire : 0229 D 85602
DépÎt légal : avril 2025
La rĂ© daction nâest pas re sponsable des te xt es et des phot os re çus Les indications de mar que et les adr esses figurant dans les pages rĂ© dactionnelles sont donnĂ©es Ă titre dâinformat ion , sans au cun but publ icit air e. La re pr oduct ion, mĂȘme par tielle, des ar ticles et illustrations pris dans Afrique Magazine est strictement interdite, sauf accord de la rĂ©daction. © Afrique Magazine 2024.
Câest ma in te na nt , et câest de lâar t, de la cu ltu re , de la mo de , du de si gn et du vo ya ge
LA FONDAT ION H accuei lle Ă Anta na na rivo un solo show majeur de lâar t iste br itan nico-n igĂ©r ia n YI NK A SHON IBAR E : une grande prem iĂšre su r le cont inent.
YINK A SHONIBA RE CBE RA (1962) est un artiste britannico-nigĂ©rian connu dans le monde entier pour son travail interdisciplinaire sur des sujets liĂ©s Ă lâidentitĂ© culturelle, au postcolonialisme et Ă la mondialisation Ses Ćuv res font partie des collections de la Tate de Londres
ou du MoMA Ă New York et ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es Ă la Serpentine Galler y ou Ă la Biennale de Venise. La Fondation H lâinvite aujourdâhui Ă dĂ©ployer dans ses locaux dâAntananarivo une exposition monographique inĂ©dite sur le continent. Parmi les Ćuvres choisies pour retracer ses vingt ans de carriĂšre
ressort lâĂ©tonnante Af rican Librar y (2018) Une installation monumentale constituĂ©e de 6 000 livres reliĂ©s en wax, estampillĂ©s des noms des personnalitĂ©s qui ont façonnĂ© lâAfrique postcoloniale. Une interface digitale permet dâen savoir plus sur chacune dâelles. IntitulĂ©e « Safiotra » â un mot
malgache qui dĂ©finit lâhybridation de deux Ă©lĂ©ments pour crĂ©er une nouvelle entitĂ©, tout en prĂ©ser vant leurs caractĂ©ristiques distinctes â, lâexpo prĂ©sente Ă©galement une sĂ©rie de sculptures emblĂ©matiques de lâartiste et est enrichie dâune sĂ©lection dâĆuv res majeures de la collection de la Fondation H, sous le commissariat de Shonibare. Un projet curatorial qui explore la construction de lâhistoire africaine depuis les indĂ©pendances â Luisa Nannipieri
« SAFIOTRA [HYBRIDITĂS/ HYBRIDITIES] », Fondation H, Anta na na rivo (Madagascar), du 11 avril au 28 fĂ©vrier 2026. fondation -h.com
RE NDE ZVO US
Ăl âI MA,u ne collection except ionnel le constituĂ©e de piĂšces de grande va leu r SAUV ĂESDUDĂSASTR E.
OASISCON VOITĂEpoursapositionstratĂ©giquedansles enjeux Ă©g ypto-perses, port desrichesses de lâOrient, de lâArabie,delâA frique et de la MĂ©diterranĂ©e,GazarecĂšlequantitĂ©desites archĂ©ologiques de toutes lesĂ©poques, depuis lâĂągedubronze. Depuis le dĂ©butde la guerre IsraĂ«l-Hamas en octobre 2023,lâUnesco observe, en se basant surdes images satellitaires,des dommages sursoixanteneuf sitesculturels gazaouis,dĂ©truisantchaquejourunpeu plus le patrimoinedeceterritoire. En partenariat avecleMusĂ©e dâart et dâhistoire de GenĂšve (M AH), devenu le musĂ©e-refuge dâune collection deprĂšsde529 Ćuv resappartenant Ă lâAutoritĂ©nationale palestinienne,lâInstitutdumonde arabemet en lumiĂšrelarichesse et la fragilitĂ©deces tĂ©moignagesdes civilisationsĂ©gyptienne, nĂ©oassyrienne, grecqueouromaine. UnesĂ©lection de 130chefsdâĆuvre, issusdes fouilles franco-palestiniennesdĂ©marrĂ©es en 1995,dont la spectaculairemosaĂŻquedâAbu Baraqeh, ainsi quedes artefactsprovenant de la collection privĂ©e de Jawdat Khoudary,prĂ©sentĂ©s pour la premiĂšre fois en France, attestentainsi de cinqmilleans dâhistoire menacĂ©spar la guerre et la prĂ©dation. Plusencoredepuisque Donald TrumpaannoncĂ© vouloiren prendrelecontrĂŽle et crĂ©er la «Riviera du Moyen-Orient».Ă travers un patrimoinetrĂšsfragilisĂ© mais encore bien vivant,câest une rĂ©flexion surleprestigieux passĂ©delâenclave palestinienne,sur sa mĂ©moireetson identitĂ©.BrĂ»lant et nĂ©cessaire. â Catherine Faye
«TRĂSORS SAUVĂS DE GAZA.5 000 ANSDâHISTOIRE», IM A, Paris(France), jusquâau 2novembre2025. imarabe.org/fr
ĂĂ©couter maintenant !
Florence Adooni
A.O. E. I.U.,Phi lophon /Modulor
La grĂącemĂȘlĂ©e Ă la dextĂ©ritĂ©: surcenouvel album, A.O.E.I.U. (pour« An Ordinary ExerciseinUnity »),la chanteuse ghanĂ©enne incarneson fraf ra-gospel et rappelle sonamour pour le highlife. PleindâĂąme mais aussidansants, se jouant des ry thmiques et desvariationsvocales, lessept morceaux sont instantanĂ©ment intemporelstoutensâinscrivantdans lâair du tempsartistiquedeKumasi.
Ki nâGongoloK in iat a Ki ni at a,Hel ic oMusic/Aut re di st ribut ions
SuperbeentrĂ©e en matiĂšre, Kiniata exploreles possibilitĂ©s tant organiques que sy nthĂ©tiques de la pop made inKin shasa.Silâon se laisse porter parlegrooveimparable de ce groupe,son discours nâen estpas moins engagĂ©,dâautantque sesinstruments ont Ă©tĂ©fabriquĂ©s parlesoindes musiciens, utilisantdumĂ©tal ou du plastique. Du pur DI Ymixantafropop,Ă©lectro et punk !
Pier re Kwenders
Te ars on th eD an ce oor,Moonshine .
NĂ© Ă K inshasa, ce multiinstrumentiste surdouĂ© basĂ© Ă MontrĂ©al, et fondateurducollectif poly-artistique Moonshine, rev ient avec un EP oĂč il inv iteaussibienla chanteusenigĂ©riane Lady Donlique le producteur ghanĂ©enGafacci.Ces Tears on theDancefloor tĂ©moignent toujours de sonĂ©patantehybriditĂ© musicale, mĂȘlant lessonoritĂ©s dâoĂč quâelles viennent,aussibienenanglais quâen tshiluba et kikongo. â SophieRosemont
Le «NelsonMandela du Proche-Orient» poursu it sonCOM BAT POUR LA PA IX,sei ze ansaprĂšs le bombardement israĂ©l ienq ui at uĂ© troisdeses fi lles et sa niĂšce da ns leu rmaisondeGazaâŠ
«JâA ILECHOIX DâĂTRE en colĂšre,tellement de gens sâattendent Ă ceque je haĂŻsse. Je leur rĂ©pondsque je ne haĂŻrai pointcar il yaencoredelâespoir. »Ainsi parleledocteur Izzeldin Abuelaishdanscedocumentairefranco-canadien quiraconte le parcours exemplairedecet homme, dont le noma Ă©tĂ©citĂ©plusieurs fois pour le prix Nobel de la paix Gy nĂ©cologue obstĂ©tricien rĂ©putĂ©,nĂ©dansuncampde rĂ©fugiĂ©s de Gaza il yasoixante-dixans,ilaĂ©tĂ© le premier mĂ©decin palestinien autorisĂ© Ă exercer dans un hĂŽpital israĂ©lien.Maisunsoirdejanvier 2009,alorsquâil se trouve chez lui, dans la bandedeGazaenproie Ă une opĂ©ration militairedeTsahal, un char tire un obus sursamaison, tuanttrois de sesfilles :Bessan,Mayar et Aya, ainsique sa niĂšceNoor. SĂ©quence fortedufilm :ilpar vientĂ joindreun amijournaliste israĂ©lienqui se trouve alorsendirectsur un plateautĂ©lĂ©etqui va faireentendre, viason mobile,la voix de ce pĂšre criant sa douleur et dĂ©crivantses enfants touchĂ©sĂ latĂȘte. Quinzeans plus tard,leDrAbuelaish se souvient :« Leurs cervellestapissaient lesmurs de leur chambre⊠»DâautresimagesdelâĂ©poque le montrenten survĂȘtement, tachĂ©dusangdeses enfants, accompagnant dans un hĂŽpitalisraĂ©lien uneniĂšce de 12 ansgriĂšvement
UN MĂDECINPOU RLAPAIX (Canada, France), de TalBarda. Avec le Dr Izzeld in Abuela ish. En sa lles blessĂ©e puis,passĂ© lâĂ©tat de choc, continuant Ă parlerde« la coexistence» entreIsraĂ©liensetPalestiniens. Aucune volontĂ© de vengeanceâ« la haineest destructrice », dit-il â, mais un long combat juridiquepourobtenir,en vain,des excusesdelâĂtatdâIsraĂ«l. RĂ©fugiĂ©auCanada, Ă Toronto, avec sescinqenfants survivants,ilpublie en 2010 un livre traduiten23langues (Je ne haĂŻrai point,RobertLaffont), dontsâest inspirĂ©e la cinĂ©aste francoamĂ©ricaineTal Barda,nativede JĂ©rusalem, pour raconter ce parcours hors du commun. ElleadĂ»ajouter unesĂ©quenceaprĂšs lesattaquesduHamas du 7octobre 2023,car plus de 50 membres de la famille du praticien sont mortsdepuisĂ Gazasousles bombes israĂ©liennes.Unnouveau degrĂ© dans la tragĂ©die quinefait queconforter la conviction du Dr Abuelaish: «Lâavenirdes Palestiniensetdes IsraĂ©liens estprofondĂ©mentliĂ©.» â J.-M.C
Câestdansu ne cham bred âhĂŽtel japona iseq ue le lĂ©gendai re CH AN TEUR MA LI EN aenreg istrĂ©cenouvela lbum cĂ©lĂ©brant
sona mour de la guita re.Rencont re.
BLOUSE BL ANCHEbrodéededoré, lunettes noires,humilitésouriante.
SalifKeita estfaceĂ nous, dans les loges de RadioFrance. Il se prĂ©pare Ă interprĂ©ter quelques titres de son nouvel album, So Kono,oĂčilreprend, en plus dâunepoignĂ©e dâinĂ©dits, des chansons dĂ©jĂ bienconnues :« Tassi», «Soundiata »ouencore« Laban» Sa voix yrĂ©sonne au plus prĂšs des cordes,parfois accompagnĂ©edeBadiĂ© Tounkaraaungoni et de Mamadou KonĂ© auxpercussions.Cette approche Ă©purĂ©e fait toutelaforce de ce disque quiconfirmelecharismedu chanteur, descendantdelâillustresouverain mandingueSoundiata Keita. AM : So Kono,« danslamaison» en mandingue,est en ef fet trĂšs intime.Pourquoi le choix decet enregistrement en solitaire, ou presque?
SalifKeita : On mâasouvent demandĂ© de montrer commentje composais mes morceaux,qui naissent quandjesuis seul avec ma guitare. Et câestune fois quejâaitrouvĂ©mes mĂ©lodies queles
parolesmev iennent⊠Je lâai toujours dit, la guitareest ma premiĂšre femme. Ma moitiĂ© !Cette complicitĂ©,câest ce quejevoulais partager avec So Kono. RĂ©interprĂ©terces morceaux mâaaussi rappelĂ©les momentsdurantlesquels je lesai composĂ©s,les Ă©motions qui mâanimaient souvent,chezmoi,dans monv illageauMali, au bord du fleuve Cetalbum,vousl âavezenregistrĂ© et produitdansune chambre dâhĂŽtelĂ Kyoto,villehautement spirituelleâŠ
Nousavons visitĂ© destemples, avonsdĂ©couvert lâoriginalitĂ©dela culturejaponaise, quiĂ©lĂšve lâĂąme, invite Ă lamĂ©ditation. Dâautant que, lorsque je compose, je suis vraiment habitĂ© parlaspiritualitĂ©hĂ©ritĂ©e de mesancĂȘtresmandingues. Quand on estalbinosetquâon estostracisĂ© dĂšsleplusjeune Ăąge, ce quiaĂ©tĂ© mon cas, cettecroyance-lĂ est prĂ©cieuse. MĂȘme si lesalbinossont moinspersĂ©cutĂ©saujourdâhuietque desassociationssesont créées pour lutter contre cettediscriminationâŠ
SALIFKEITA, So Kono, NĂž FĂžrmat.Sor tiele11avr il En concer tauTrianon le 21 ma i.
La musique, câestvotre maison Ă vous?
Oui,ellemâa prouvĂ© queje nâĂ©taispas venu au mondepar hasard.Que je devais assumerma destinĂ©e.EtmĂȘmequand je suis loindechezmoi,ellemepermet de ne pasmesentirseul. â propos recueillispar Sophie Rosemont
Madeleine,d âaprĂšs M.- G. Benoist «ModĂšle noir », 2024.
MI VEKA NN IN revisite leschefs-d âĆuv re du Louv re.
CâESTdanslePavillon de verre, dans lequel la nature et le paysagesâinvitent, quelâartiste,dâabord forméà lâĂ©bĂ©nisterie et Ă lâarchitecture, expose son travail,consistantici en une rĂ©interprĂ©tation dâĆuvres cĂ©lĂšbres dont il se saisit. CettedĂ©marche politiqueinterroge noshĂ©ritages,collectifs et intimes,etpropose unerelecture Ă contresens de lâhistoire. La techniquedecet arriĂšre-petit-filsdeBĂ©hanzin(r. 18891894), dernierroi du DahomeyetopposantĂ lacolonisation françaiseauBĂ©nin,sâinspire du vaudou,dont il utilisedes Ă©lixirs issusdepratiques rituelles. Il en imbibe destissusrĂ©cupĂ©rĂ©s quâilcoudensembleetsur lesquels il repeintles toiles quâil reproduitenyinsĂ©rantson autoportrait.Parmi lesĆuvres choisies,le Radeau de la MĂ©duse âlenaufragedâune frĂ©gate en partance pour lescolonies,aularge de la Mauritanie â, oĂč RomĂ©oMivekannin se glisse dans la peau de lâhomme noir quiagite le drapeaudelâespĂ©rance, figure hĂ©roĂŻque que GĂ©ricaultavait reprĂ©sentĂ©epoursâinsurgercontre lâesclavage, au sommet du tableau. ExceptĂ©quâici, lâhommeregarde le spectateur.Tel un clin dâĆil. Telleune revanche. â C.F.
«ROMĂO MIVEKA NNIN,LâENV ERSDUT EMPS », Louv re-Lens, Lens (Fra nce),jusquâau2jui n. louvrelens.fr/
Un POLA RSOCIA L percutant, oĂč policiers et ma lf rats cava lent dâAbidja nĂ AngoulĂȘme.
LE TROISIĂMEvolumedes aventures du commissaireKouamĂ©sâinspire desnombreux voyagesdeMargueriteAbouetenCĂŽte dâIvoire.Elley aobser vĂ© la montĂ©e en puissancedes rĂ©seaux criminels et la rĂ©alitĂ© amĂšre dâunejeunessequi,cherchant Ă fuir, tombedansladrogueousejette dans lesmĂ©andresdelâĂ©migration clandestine. AccompagnĂ©edeDonatienMar ypour le dessin,lascĂ©naristedelaBDculte Aya de Yopougon proposedanscetroisiĂšme tome unehistoire plus sombre,plusbrutale queles prĂ©cĂ©dentes. DĂšslacouverture, on retrouve lâincorruptibleetintraitable Marius KouamĂ© et sonfidĂšleadjoint ArsĂšne,assaillispar des silhouettesmenaçantes,presque zombifiĂ©es. LâintriguedĂ©bute parune affairedetraficde drogue international,Ă Abidjan, oĂč un caĂŻd sâĂ©chappedeprison, laissant derriĂšre lui lescadav resdedeuxpoliciers corrompus EllesâĂ©tend ensuiteautrafichumain, Ă A ngoulĂȘme, oĂč unejeune Ivoirienne adisparu,enlevĂ©e parunrĂ©seaudetraite de personnes. Deux affaires redoutables, quimĂšnentversunfinal haletant. â C.F.
MARGU ER IT EABOUETETDONATIEN MARY, Commissaire KouamĂ© âTome3 : On ne fait pasdefeu sous un arbre en fleur, Gallimard, 102pages,22 âŹ
FI LM
AprĂšsu nBIOPICA LGĂR IENrestĂ© trop conf identiel lâan dern ier, uneproduct ionf ra nçaise vientĂ©clai rerlav ie de FR AN TZ FA NON, dont on cĂ©lĂšbrelecentena iredelanaissance.
IL EX ISTE PEUDEPHOTOSdelâauteurdes DamnĂ©s de la terre,penseur du colonialisme et du racisme, inspirateurdes BlackPanthers. Sonparcours Ă©clair (ilest mort Ă 36ans,en 1961)sâest fait en partie dans la clandestinitĂ©, auxcĂŽtĂ©sdes indĂ©pendantistes algĂ©riens. Centans aprĂšssanaissance en Martinique, le cinĂ©astedâorigine guadeloupĂ©enne JeanClaude Barny(Le Gang desAntillai s)lui redonne chair sous lestraitsdelâimpeccable comĂ©dien franco-camerounaisA lexandre Bouyerdansunfilm efficace, mais parfois rĂ©ducteur :raccourcisbiographiques, personnagessecondaires esquissĂ©s, musique surlignant lepropos⊠Lâan dernier, le cinĂ©aste algĂ©rien Abdenour Zahzah avait prĂ©sentĂ© Ă Berlinuntoutpremierbiopic*, sortifin novembre2024dansles salles
algĂ©riennesâmaistoujourspas en France â, oĂč ledocteur Frantz FanonĂ©tait incarnĂ©par le subtil Franco-HaĂŻtien AlexandreDesane. Un film en noir et blancassez figĂ©,mais peut-ĂȘtreplusauthentique,tournĂ©dans leslocauxmĂȘmes de lâhĂŽpitaldeBlida oĂč le praticienavait exercĂ©(alorsque JeanClaude Barnysâest repliĂ© en Tunisie, pays quiavait accueilliFanon aprĂšssaf uite de lâAlgĂ©riefrançaise). On se demandeceque pourrait donner un troisiĂšmeFanon,annoncĂ© cesderniĂšresannĂ©espar RaoulPeck, le rĂ©alisateurde IAmNot Your Negro⊠â J.- M.C.
*Son titrec om pl et est Ch roniques fidĂš le s su rvenue sausiĂšcleder nier Ă lâhĂŽpita lpsych iatrique Bl ida- Joinvi lleautemps oĂč le Dr Fr antz Fa non Ă©t aitc he fdelac inqu iĂš me divi sion entre1953 et 1956 .P ri xd elaSemaine de la cr it ique au Fe spac ol e1er ma rs de rnier
FA NON (France), de Jean-ClaudeBar ny. Avec Alexandre Bouyer,Débora h François,Mehdi Senoussi. En sa lles
« LA COULEUR PARLE TOUTES LES LANGUES ».
Ćuvres choisies de la collection Al Than i, HĂŽtel de la Mari ne, Paris (France), jusquâau 5 octobre 2025 hotel- de -la-marine.paris/
TĂTE DE RELIQUAIRE en bois, fer et laiton (Gabon), amphorisque en cristal de roche et os (Empire romain), figure royale en jaspe rouge (Ăgypte), perle en forme de chouette en or (PĂ©rou), coupe en lapis-lazuli et coquillage (MĂ©sopotamie), hache-ostensoir en jade nĂ©phrite, fibre de coco et poils de chauve-souris roussette (Nouvelle-CalĂ©donie) Chacun de ces trĂ©sors de la prestigieuse collection Al Thani, couv rant la pĂ©riode nĂ©olithique jusquâĂ lâĂ©poque contemporaine, fait Ă©cho Ă lâune des quatre couleurs et des deux nuances qui constituent les six sections du parcours de lâexposition Ă lâHĂŽtel de la Marine : noir cosmique, blanc lumiĂšre, rouge vital, jaune dâor, bleu prĂ©cieux et vert vĂ©gĂ©tal. Quelque 80 Ćuvres de civilisations diverses, issues des cinq continents (A frique, AmĂ©rique, Asie, Europe, OcĂ©anie), y sont ainsi prĂ©sentĂ©es avec des interprĂ©tations sur la signif ication de leur teinte, dans le contexte oĂč elles ont Ă©tĂ© créées Pour les historiens de lâar t, regarder les Ćuv res sous lâangle de la couleur revient Ă sâinterroger sur le lien entre leur matĂ©rialitĂ© et leur sy mbolique. Le choi x dâun matĂ©riau, la technique utilisĂ©e pour le transformer en une production ar tistique, lâusage Ă©ventuel dâune crĂ©ation et son Ă©volution au cours du temps interagissent avec la signification des tonalitĂ©s dans une culture, selon une temporalitĂ© donnĂ©e Ă lâaune de la richesse de lâinventiv itĂ© humaine et du pouvoir universel de lâar t Ă travers les Ăąges â C.F.
AL BU M
Câest un bijou inclassa ble, entre ja zz et psychĂ©dĂ©lique, que propose le POĂT E ET MUSICI EN ANGL AIS or ig inai re de Tr in idad.
DES TE XTES ULTR A-POĂTIQUES tout en Ă©tant narratifs, parcourant les tragiques traumas et la magie des hĂ©ritages, une trame musicale dâune grande richesse, concoctĂ©e par le producteur et multiinstrumentiste Dave Okumu. Bienvenue dans le voyage sonore de Rowing up River to Get Our Names Back EnroulĂ© autour du spoken word trĂšs performant dâAnthony Joseph, des chĆurs Ă se damner, des cordes funky, des cuivres en fusion, des Ă©chos dub, du psychĂ© distillĂ© çà et là ⊠Nâen jetez plus ! De « Satellite » à « Milwaukee & Ashland », tout suit le fil rouge dâun rĂ©cit afro-futuriste passionnant, nĂ© dâune nouvelle Ă©crite il y a deux dĂ©cennies, The Af rican Origins of UFOâs â S.R
ANTHONY JOSEPH, Rowing up River to Get Our Names Back, Heaven ly Sweetness.
NC ON TR E
La jour na liste, autrice et dessinat rice belged âorigi ne gui nĂ©en ne signe Wa xParadoxe,u ne ba ndedessi nĂ©e
pa ssionnante et docu mentĂ©e su rLâH ISTOIR EET
LESENJ EU XACT UELS DE CE TISSUCHATOYA NT,
pa rcou rued âu ne quĂȘteident it ai re de son hĂ©roĂŻne.
AM : Quelssontles paradoxesduwax ?
Justine Sow: DĂ©couv rirses multiples facettes rĂ©vĂšle plusieurs cont radictions. Câestunproduit cult urel dotĂ© dâunelourde charge identitaire: despersonnes revendiquentleurappartenance, leur relation affective Ă cetissu,t ypiquement africain Ă leurs yeux.Maisil estaussitrĂšscommercial, utilisĂ©pour gĂ©nĂ©rer du profit demaniĂšre dĂ©sincarnĂ©e. Lâapport de lâAfrique dans sonsuccĂšsest indĂ©niable.PerçucommeemblĂ©matique despersonnes quiĂ©taient sous le joug colonial, il aĂ©tĂ© créé au XIXe siĂšcle pardes colonshollandais, quisesont emparĂ©s dâunetechniquedeteintureĂ la cire en IndonĂ©sie. Ăt ravers le mouvement No Wa x, certains ref usentde porter du waxpourmettreenavant le st is su st radition ne ls af rica in s. Indi s so ciable du cont inent, il est africain sans lâĂȘtre.J âaiprofitĂ© de ces pa radoxesdansunbut constr uc tif pour raconter lâhistoire de ce tissu, mais aussilâhistoire humaineâles
dĂ©placements de populations, lesinspirations, la culture.Aux Pays-Bas,lâusine historique de Vlisco proposeunproduit de luxe ;câest unefaçon pour lesĂ©litesdesedistinguer. Mais elle rivalise difficilement aveclewax confectionnĂ© en Asie,moins cher,parfois de bonnequalitĂ©,qui inonde le marchĂ© africain ParfoisinspirĂ©s de lâiconographieafricaine, les motifs de ce tissu auxcouleursĂ©clatantespossĂšdent un sens,une histoire, un message,une symbolique. LescommerçantesenAfrique les ontbaptisĂ©s, parexemple:« Monmaricapable », «LâĆil de ma rivale », «Lafamille », «Fleursdemariage»,« Ouvrir son cĆur », «ChĂ©rinemetourne pasledos »âŠ
LesA fr icaines ontinvest ilewax de touteleur culture, ellesenont fait un produitvivantenlâinsĂ©rant dans desmoments de vie, tels queles naissances,les mariages,les ritesfunĂ©raires,lepassageĂ lâĂąge adulte, etc. Le nometlesensdecertainsmotifsvarient dâun pays Ă lâautre,enfonction du tempsaussi. Cetobjet a sa propre vie.
En menant son Ă©tude surlewax,votre hĂ©roĂŻne belgo-congolaise, qui vitĂ Bruxelles,effectue aussiune quĂȘteidentitaireetrenoueavec sesoriginesafricaines.Pourquoi ?
Lâex plorationdecetissu se mueenexplorat ion dâelle-mĂȘme, de sonh istoirefamil ia le,deson af rica nitĂ© Ă elleetĂ son pĂšre, et de sonhĂ©r it age. JâĂ©t abli s un pa ra llĂšleent re la comple xitĂ© cu lt urel le du wa xet lesparadoxes identita ires dâun per sonnagemĂ©t issĂ© et af rode scenda nt.Viv re da ns le rega rd de lâautredev ient in suppor table, il faut trouverson propre chem in.Dâaucu ns considĂšrent queles facettes plur ielles de nosidentitĂ©sgĂ©nĂšrent destiraillementsintĂ©rieurs,alorsquâon le vitavecune harmonie personnelleauquotidien. â propos recueillispar AstridKrivian
JUSTIN ESOW, WaxParadoxe, Baya rd Graphic, 136pages,22 âŹ
Emm anue l Ag grey Ti eku ,
A Nati on Und er S iege, 20 24
Le ju ry du pr ix El lipse a dĂ©voilĂ© les fi na listes de sa 5e Ă©d it ion dĂ©diĂ©e au Ghana : ils exposent ce mois-ci leu rs Ćuvres au MI X DESIGN HU B, Ă Accra. PR IX EL LI PS E
DEPUIS 2021, le prix Ellipse met Ă lâhonneur les scĂšnes artistiques Ă©mergentes du continent et de ses diasporas. Cette annĂ©e, il a impliquĂ© les artistes rĂ©sidant au Ghana et les GhanĂ©ens rĂ©sidant sur le continent sur le thĂšme « Effet Papillon ». Le jury a dĂ©pouillĂ© 82 candidatures et sĂ©lectionnĂ© cinq finalistes qui, du 11 au 27 avril, prĂ©senteront leur travail lors dâune exposition collective Ă Accra. Le Mix Design Hub, lieu polyfonctionnel emblĂ©matique de la scĂšne artistique locale, accueillera dans sa galerie de 1 000 m2 des piĂšces qui touchent Ă la photo, Ă la peinture ou encore Ă la composition plastique et texturĂ©e. Dela Anyah crĂ©e ses Ćuvres abstraites Ă partir de pneus, chambres Ă air et plaques dâimmatriculation usĂ©es. Il rĂ©investit les techniques de vannerie et fait de la dĂ©gradation des matiĂšres son langage expressif. Emmanuel Aggrey Tieku utilise, quant Ă lui, des textiles abandonnĂ©s quâil revalorise Ă travers des techniques de teinture et dâassemblage pour composer des ovnis, entre sculptures et canevas, interrogeant le spectateur sur
Ci -c ontre, De la A nya h, El em enta ry
Re bir th, 20 23 Ci -d essous , Nana Fr im po ng
Od uro, Atte ntio n See ki ng, 20 24
Se na Bu rg un dy, Dave Ri sing, 20 23.
lâidentitĂ©, la surconsommation et lâhĂ©ritage colonial. CĂŽtĂ© peinture, les paysages oniriques de Sena Kofi Appau, alias Sena Burgundy, mettent en scĂšne des figures bleues, symboles dâune introspection universelle.
Son univers, nourri par le cinĂ©ma et la musique, et inspirĂ© par la philosophie nosce te ipsum (connais-toi toi-mĂȘme), offre un aperçu de sa quĂȘte dâidentitĂ©.
Tous les deux photographes, Reginald Boateng et Nana Frimpong Oduro ne pourraient avoir une esthĂ©tique plus diffĂ©rente. Si le travail du premier est axĂ© sur la richesse des textures et des couleurs inspirĂ©es par le tissu Kente et veut offrir un regard contemporain sur la vie quotidienne et lâhĂ©ritage ghanĂ©en, le deuxiĂšme puise ses inspirations dans le surrĂ©alisme Il crĂ©e une poĂ©sie visuelle en tonalitĂ©s sombres, oĂč lâhomme Ă©merge de lâeau, incarnant fluiditĂ©, Ă©motion et profondeur. Le laurĂ©at du prix sera annoncĂ© le 4 juin. Il bĂ©nĂ©ficiera dâune bourse de production et exposera Ă la foire internationale AKAA, Ă Paris, en octobre. â L.N
Une chronique familiale Ăąpre et colorĂ©e dans un pays est-africain plus connu pour ses guerres que son cinĂ©ma⊠Ce film, dâune grande puissance visuelle, VIENT DâĂTRE RĂCOMPENSĂ AU FESPACO.
C.F.
Lâex pĂ©dition palpitante de lâĂ©crivain bourlingueur au x mille vi sages. RĂCIT LĂGENDAIRE, ce roman de Henr y de Monfreid (1879-1974) est inspirĂ© par sa vie dâaventurier. PrĂ©facĂ©e par LoĂŻc Finaz, amiral et spĂ©cialiste de la traque des sous-marins, cette réédition de lâextraordinaire Ă©popĂ©e du commerçant et auteur français, publiĂ©e pour la premiĂšre fois en 1931, est un brĂ©v iaire pour la libertĂ©. « LibertĂ© face aux Ă©lĂ©ments (mer ou dĂ©sert) et leurs tempĂȘtes, [âŠ] face aux Ă©vĂ©nements et leurs palinodies, [âŠ] face aux hommes (dont les pires ne sont pas toujours les ennemis officiels) et leurs trahisons ou mesquineries, [âŠ] face au sort qui alors nâest pas toujours un destin » EncouragĂ© Ă Ă©crire par Joseph Kessel, lâ« Ă©crivain-corsaire » y narre ses pĂ©ripĂ©ties sur la mer Rouge, qui le retiendra sa vie durant ArrivĂ© Ă trente-deux ans Ă Djibouti, il devient commerçant en cuirs et cafĂ©s, mais cette existence le lasse vite Il achĂšte un boutre, se lance dans la pĂȘche aux perles dâabord, puis dans le commerce des armes. Entre espionnage, bagarres et poursuites, un voyage passionnĂ©. â
HENRY DE MONF REID,
Les Secrets de la mer Rouge, Grasset, 400 pages, 24 âŹ
UN VILL AGE de pĂȘcheurs nommĂ© Paradis, sur la cĂŽte somalienne DrĂŽle de nom quand tout autour sâĂ©tend un dĂ©sert de sable frappĂ© par les vents et les attaques de drones Depuis la mort de sa femme, Mamargade y Ă©lĂšve seul son petit garçon, le malicieux Cigaal, quand Araweelo, sa sĆur tout juste divorcĂ©e, vient vivre avec eux. Commence alors une cohabitation pleine de non-dits, chacun essayant de sâen sortir comme il peut MĂȘme sâil sâagit dâhabitants trĂšs pauv res de cette rĂ©gion, le cinĂ©aste nâen fait jamais des victimes. Natif de Mogadiscio, oĂč il a grandi avant dâĂ©migrer en Autriche, Mo Harawe a tenu Ă tourner avec une Ă©quipe 100 % africaine : une gageure, dans un pays sans industrie cinĂ©matographique (le tiers des techniciens vient dâĂg ypte et du Kenya). Premier film somalien sĂ©lectionnĂ© au Festival de Cannes lâan dernier, il sâest vu dĂ©cerner le 1er mars Ă Ouagadougou, dans le cadre du Fespaco, lâĂtalon dâargent de Yennenga, remis par le jury que devait prĂ©sider feu Souley mane CissĂ©, lequel nâaurait probablement pas reniĂ© ce film dâune grande force visuelle â J.-M.C
LE VILLAGE AU X PORTES DU PARADIS (Aut riche, Somalie), de Mo Harawe. Avec Ah med Al i Fa ra h, Anab Ah med Ibra hi m, Ah med Moha mud Sa leba n. En sa lles
Quat re femmes af rica ines, leurs amou rs, leurs aspi rations, leurs dési rs. Un récit transcenda nt de CH IM AM ANDA NGOZI ADICHI E, écriva ine majeure de la scÚne littérai re contempora ine.
ENTR EMĂL ANT des flash-back de leur enfance et de leur dĂ©but dâĂąge adulte avec des Ă©pisodes se dĂ©roulant dans le prĂ©sent â pendant la pandĂ©mie de Covid-19 â, LâInventaire des rĂȘves raconte les destins croisĂ©s de quatre femmes immigrĂ©es aux Ătats-Unis. Chiamaka, Ă©crivaine de voyage, Zikora, avocate, et Omelogor, ancienne banquiĂšre devenue Ă©tudiante diplĂŽmĂ©e, sont nigĂ©rianes ; Kadiatou, femme de chambre dâhĂŽtel, est guinĂ©enne. DĂšs les premiĂšres phrases, la narration Ă la premiĂšre personne de Chiamaka donne au roman un ton mĂ©lancolique : « Jâai toujours rĂȘvĂ© dâĂȘtre connue par un autre ĂȘtre humain telle que je suis vraiment, dĂ©clare-t-elle Parfois, nous vivons durant des annĂ©es avec des dĂ©sirs intenses que nous ne pouvons nommer. Jusquâau jour oĂč une fissure apparaĂźt dans le ciel, sâĂ©largit et nous rĂ©vĂšle Ă nous-mĂȘmes [âŠ]. » Seule, en plein confinement, elle se souv ient de ses anciens amants, se dĂ©bat avec ses choix et ses regrets. Zikora, sa meilleure amie, a tout rĂ©ussi, jusquâĂ ce quâelle se retrouve abandonnĂ©e par le pĂšre de son enfant. Omelogor, la cousine de Chiamaka, effectue une brillante carriĂšre, mais commence Ă se questionner sur sa propre valeur Le rĂ©cit est ensuite dĂ©chirĂ© par la tragĂ©die de lâhistoire de Kadiatou, agressĂ©e sexuellement par un client influent de lâhĂŽtel de luxe amĂ©ricain oĂč elle travaille â une histoire inspirĂ©e du cas rĂ©el de Nafissatou Diallo et de Dominique Strauss-Kahn. Vingt-deux ans aprĂšs la publication dâAmericanah (2013), succĂšs planĂ©taire, Chimamanda Ngozi Adichie raconte la vie de ces femmes, une par une, sous diffĂ©rents angles, et reconstitue progressivement le puzzle du parcours Ă©motionnel des personnages. Revenant sans cesse Ă une question centrale : est-il possible dâĂȘtre vĂ©ritablement connu(e) par un autre ĂȘtre humain ? Traduite dans plus de cinquante-cinq langues, lâauteure de LâHibi scus pourpre (2003) et de LâAutre MoitiĂ© du soleil (2008) aborde ici la nature mĂȘme de lâamour. Sans jamais cesser dâĂ©lever la voix contre toutes les formes de discrimination et de pensĂ©e unique â C.F.
CHIM AM ANDA NGOZI ADICHIE, LâInventaire des rĂȘves, Ga lli ma rd, 656 pages, 26 âŹ
Le Louv re Ă©m irat i, en pa rtenar iat avec le MUSĂE DU QUAI BR AN LY, consacre la prem iĂšre exposition dâar t af rica in de la rĂ©gion
AU X ROIS ET REIN ES DU CONT IN EN T.
Sc ulptu re de co q, Ed o, roya um e du BĂ© ni n, Nig er ia
EN PR ĂSENTA NT plus de 350 objets issus des collections du musĂ©e du quai Branly et de plusieurs institutions africaines, la premiĂšre exposition dĂ©diĂ©e Ă lâart du continent aux Ămirats arabes unis se penche sur le rĂŽle central que lâexpression artistique a eu dans la formation des concepts dâautoritĂ©, dâidentitĂ© et de pouvoir en Afrique subsaharienne. Les piĂšces, qui comprennent notamment des tenues royales dâune grande finesse et des figures spirituelles importantes, ont Ă©tĂ© rĂ©parties sur trois sections. Celle consacrĂ©e Ă lâAfrique de lâOuest met en lumiĂšre lâhĂ©ritage artistique dâIfe, du BĂ©nin, du Dahomey, et des peuples Akan et Yoruba, explorant le rĂŽle de lâart dans la formation du pouvoir et de lâidentitĂ© La section dĂ©diĂ©e Ă
lâAfrique centrale prĂ©sente les royaumes Kongo, Luba et Teke, et tĂ©moigne du lien entre art, spiritualitĂ© et autoritĂ©.
Celle sur lâAfrique australe et orientale se penche sur les royaumes zoulous et Ă©thiopiens, Ă travers des objets qui cĂ©lĂšbrent les riches traditions artistiques de la rĂ©gion. Le voyage sâachĂšve avec une section Ă part, consacrĂ©e au pop art, Ă la bande dessinĂ©e contemporaine et aux jeux vidĂ©o. Rappelant la richesse et la diversitĂ© du patrimoine du continent, depuis lâantiquitĂ© Ă nos jours. â L.N.
« ROIS ET REINES DâAFRIQUE : FORMES ET FIGURES DU POUVOIR », Louv re Abu Dhabi (Ămirats arabes unis), jusquâau 25 mai. louvreabudhabi.ae
Lâ Ă©lĂ©gance essent ielle de NEW TA NGIER exalte la ligne des ha bits fa it s ma in et invite Ă se les approprier, mĂȘme lorsquâelle fa it son ci nĂ©ma.
Ă LA TĂTE DE NEW TA NGIER DEPUIS 2014, Kenza Bennani revendique une vision de la mode Ă©loignĂ©e des codes de lâindustrie occidentale. DĂšs 2020, elle Ă©largit son champ dâaction de la maroquinerie textile au prĂȘt-Ă -por ter, et propose des crĂ©ations intemporelles qui trouvent leur raison dâĂȘtre dans les formes et les st ruct ures traditionnelles maghrĂ©bines et du continent. Ses silhouet tes contredisent lâimaginaire orientaliste et opulent quâon tend Ă associer au x vĂȘtements marocains, et Ă©v itent aussi le piĂšge dâune mode qui impose son idĂ©al au x corps. DâoĂč le choi x de ne produire que de confor tables modĂšles taille unique, personnalisables, que lâon peut aussi bien porter au quotidien avec des baskets que sublimer avec des accessoires pour une grande occasion. Le but est de mett re en avant la fonctionnalitĂ© et la st ruct ure des habits, plutĂŽt que leur cĂŽtĂ© or nemental, tout en valorisant le savoir-faire ar tisanal local. « Les techniques de base sont les mĂȘmes, mais on sâen sert autrement »,
explique la designeuse. « Prenons le point de crochet randa, quâon utilise pour crĂ©er des dĂ©corations st yle dentelle sur les kaf tans et les djellabas. Nous, on sâen sert pour des finitions qui nous Ă©v itent de recourir au x doublures. »
La marque sort une collection par an et joue avec les couches et les matiĂšres pour proposer des tenues que lâon peut porter Ă©tĂ© comme hiver. Les tissus sont sourcĂ©s dans les fins de stocks et ils sont le point de dĂ©part du processus crĂ©atif Cette annĂ©e, les trouvailles ont inspirĂ© une collection marquĂ©e par le rouge vermillon. Une couleur trĂšs prĂ©sente dans les films dâAlmodĂłvar. Kenza Bennani, qui Ă ses dĂ©buts Ă©tait costumiĂšre, a saisi lâoccasion pour faire de cette capsule-lĂ une lettre dâamour au cinĂ©ma et Ă son esthĂ©tique Elle y Ă©voque des films qui lâont marquĂ©e, comme De grandes espĂ©rances, et des icĂŽnes de notre inconscient collectif. Comme une robe dâElizabeth Taylor dans ClĂ©opĂątre ou la statuette des Oscar, qui se dĂ©gage de cet Ă©tonnant boubou dorĂ©. newtangier.com â L.N.
DE SI GN
Le crĂ©ati f TA REK SH AM MA propose trois piĂšces lu xueuses et modernes fa ites Ă pa rt ir de matiĂšres profondĂ©ment Ă©g yptien nes, comme LâAL BĂTR E ET LE CA LCAI RE.
DESIGNER et architecte, lâĂg yptien Tarek Shamma vient de dĂ©voiler son dernier projet : la « FLIP collection ». Cette capsule se compose de trois meubles sculpturaux, inspirĂ©s par la simplicitĂ© intemporelle des blocs de construction des enfants. Les premiers jouets de ce ty pe ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s dans des tombes Ă©g yptiennes datant dâil y a quatre mille ans. Jouant sur le contraste entre lâalbĂątre et le calcaire, Shamma transforme le cylindre, le triangle, le rectangle et le carrĂ© en objets Ă la fois fonctionnels, versatiles et artistiques. La console Dnats (stand), la table basse Tesni (inset) et la table dâappoint Tsiwt (twist) ref lĂštent sa volontĂ© de crĂ©er des objets ref lĂ©tant les traditions, la culture, les matĂ©riaux et lâhistoire de son pays, tout en rĂ©imaginant leur potentiel Ă travers des compositions audacieuses et ludiques Le but du crĂ©atif, qui vit entre Le Caire et Londres et a travaillĂ© aux cĂŽtĂ©s des architectes Zaha Hadid et David Chipperfield, avant de lancer son propre studio et de captiver Christian Louboutin, est de prĂ©ser ver la mĂ©moire et le savoir-faire dâune culture ancestrale avec des piĂšces tout Ă la fois rĂ©solumment Ă©g yptiennes et universelles tarekshamma.com â L.N.
Ch ez Boudou po ur un th ieb inoub liabl e et dans le re sto dâOte pour de ri ch es saveur s rĂ©unionnaises
Lâenvie de partager LES SAVEURS DE LEURS SOUV EN IRS les a poussĂ©s Ă tenter leur chance Ă Paris, pour le bonheur de nos papilles.
SON HISTOIRE est devenue virale : le Mauritanien Bakar y Boudou avait transformĂ© la chambre de son foyer en resto Ă emporter et son talent de cuisinier, notamment pour le thieb, avait conquis des stars comme Kaaris, Fary ou Omar Sy Dans la foulĂ©e de son succĂšs, il vient dâouvrir son premier resto Ă Paris, Chez Boudou. Une cantine conv iv iale dâune vingtaine de places, avec un espace VIP dĂ©corĂ© de tapis et de coussins pour se sentir comme chez soi. En plus de son cĂ©lĂšbre thieb, composĂ© et serv i Ă sa façon, avec alloco maison et sauce Boudou, dont il garde le secret, il peut maintenant proposer des accras ou des pastels et, cĂŽtĂ© lĂ©gumes, du gombo et de lâattiĂ©kĂ©. La carte comprend aussi du mafĂ© et du yassa, Ă base dâagneau, poulet, bĆuf, poisson ou vĂ©gĂ© Plus de choix, donc plus de bonheur. OtĂ©, interjection crĂ©ole de stupeur, est le projet de trois
amis qui ont laissĂ© leurs papilles sur lâĂźle de la RĂ©union et qui veulent partager la richesse de ses recettes mĂ©tissĂ©es et solaires avec la mĂ©tropole. On y sert la gastronomie de lâĂźle Intense, conf luence dâAsie et dâAfrique, comme les emblĂ©matiques bouchons au poulet et le rougail saucisse. Lâambiance est pop, aux couleurs du drapeau rĂ©unionnais, la vaisselle Ă©maillĂ©e fait un clin dâĆil aux parcours de randonnĂ©e autour du volcan et la carte, pĂ©dagogique, invite au voyage culinaire entre tradition et modernitĂ© (voir les burgers rev isitĂ©s), misant sur la valeur ajoutĂ©e gustative des ingrĂ©dients. De la vanille IGP exceptionnelle, du thĂ© et des Ă©pices, mais aussi les arrangĂ©s maison et les rhums de la distillerie rĂ©unionnaise Savanna Un vrai rĂ©gal. @bakar yboudou / ote -restaurant.com â L.N.
Da ns le sud du Ma roc, LE PROJ ET DE SA MA met la trad it ion au serv ice dâun pĂŽle universitai re moderne, qu i revend iq ue son identitĂ© loca le.
LA FACULTĂ de mĂ©decine et de pharmacie de LaĂąyoune, dans le Sarah occidental marocain, a fait peau neuve. Lâintervention avait Ă©tĂ© imaginĂ©e dĂšs 2015, dans le cadre du projet de dĂ©veloppement des prov inces du Sud. Le cabinet Sama Architectes, basĂ© Ă Rabat, a remportĂ© le concours pour sa construction grĂące Ă un projet qui dialogue avec lâidentitĂ© et lâenvironnement de la rĂ©gion, en sâinspirant des oasis. Les volumes Ă©purĂ©s et gĂ©omĂ©triques des bĂątiments principaux, inaugurĂ©s lors de la derniĂšre rentrĂ©e, donnent sur une grande esplanade plantĂ©e dâessences locales, qui est le cĆur battant de la facultĂ©. Les allĂ©es sont protĂ©gĂ©es par des panneaux ajourĂ©s suspendus, qui permettent tant de filtrer la lumiĂšre du jour Ă lâintĂ©rieur que de protĂ©ger les piĂ©tons du soleil Ă lâextĂ©rieur. Ces derniers Ă©voquent les moucharabiehs et ont Ă©tĂ© dĂ©corĂ©s avec les motifs gĂ©omĂ©triques ty piques des ksour du sud-est du pays Le choix des matĂ©riaux est un autre clin dâĆil Ă lâarchitecture traditionnelle : le travertin donne un charme particulier au projet grĂące Ă ses textures variĂ©es et Ă ses lignes ondulĂ©es qui marquent les murs ocre, en contraste avec le ciel bleu de la ville. Les trois pĂŽles de la facultĂ© sont reliĂ©s par une trame de routes et de cours intĂ©rieures ombragĂ©es qui canalisent le flux des visiteurs RĂ©affirmant la modernitĂ© et la praticitĂ© du lieu sans renier les liens Ă la tradition samaarchitectes.com/ â L.N.
LâHUMORISTE BELGO-CAMEROUNAISE, Ă 22 ans, est un talent du stand-up prometteur. Avec sa verve, ses punchlines et son naturel, elle parle dans son premier spectacle de double culture, de football, de fĂ©minisme, de colonisation. propos re cueillis par Astrid Krivian
Clin dâĆil Ă lâalbum dâanthologie The Mi seducation of Laur yn Hill de son idole du mĂȘme nom, La Mauvaise Ăducation est lâoccasion pour lâhumoriste belgo-camerounaise dâexplorer les contradictions liĂ©es Ă sa double culture, avec un regard aiguisĂ©, mordant et des punchlines dĂ©capantes. Sarah LĂ©lĂ© puise matiĂšre Ă rire dans ce dĂ©calage, cette opposition, parfois, entre les valeurs camerounaises inculquĂ©es par ses parents, celles transmises Ă lâĂ©cole et son expĂ©rience en tant que femme de la diaspora dans une rĂ©alitĂ© europĂ©enne. De ce tiraillement, elle fait un atout. « Mon Ă©ducation europĂ©enne nuance mon Ă©ducation africaine, et vice versa. Elles me dĂ©finissent, font ma force. Je les assume. Jâaccepte ce conf lit intĂ©rieur : en perpĂ©tuel dĂ©bat, mes deux cultures me permettent de questionner, dâĂ©voluer, dâĂȘtre tolĂ©rante », confie lâhumoriste, qui a grandi Ă Bruxelles et sâest rĂ©cemment installĂ©e Ă Paris. Parmi les traits culturels hĂ©ritĂ©s du Cameroun, elle reste attachĂ©e au respect des aĂźnĂ©s, Ă la valeur travail et Ă cette confiance en soi, souvent perçue par les autres comme de lâarrogance. « Savoir ce que lâon vaut et le mettre en avant, câest trĂšs camerounais. » On veut bien la croire, au vu du talent et de lâaisance scĂ©nique de cette artiste de 22 ans au naturel dĂ©sarmant, Ă la verve pertinente, pleine de fraĂźcheur. Sur les planches, elle raconte ses vacances dâenfance passĂ©es dans le pays des origines familiales, oĂč on lâappelle « la Blanche », quand en Belgique elle est « la Noire ». Elle parle de football, sa passion : « Les compĂ©titions internationales rĂ©vĂšlent des rĂ©alitĂ©s sociales et politiques comme le racisme, lâhomophobie », dit-elle De colonisation aussi : « Lâhistoire coloniale permet de comprendre les sociĂ©tĂ©s actuelles. » Enfin de fĂ©minisme. Elle regrette que le rire soit encore un apanage masculin, surtout dans les relations amoureuses « Ătre drĂŽle nâest pas un atout fĂ©minin. Beaucoup dâhommes veulent que lâon rie Ă leurs blagues, mais nâacceptent pas quâune femme ait de lâhumour » Sarah LĂ©lĂ© a le stand-up en elle depuis toujours En classe, au collĂšge, ses professeurs apprĂ©cient peu son sens de la repartie, sa tchatche, sa volubilitĂ©, et lâincitent plutĂŽt Ă monter sur scĂšne pour un one-woman-show en fin dâannĂ©e. Ă lâadolescence, elle parcourt les scĂšnes ouvertes des comedy clubs. Ses parents ne sây opposent pas, Ă condition quâelle poursuive ses Ă©tudes en droit et en science politique aprĂšs le bac, et quâelle vise lâexcellence. Aujourdâhui adoubĂ©e par Gad Elmaleh, elle sâinspire beaucoup de lui. « ModĂšle pour les autres gĂ©nĂ©rations, il reprĂ©sente le haut niveau Câest mon but. Je veux serv ir lâart du stand-up, mâinscrire dans lâhistoire de cette discipline, contribuer Ă ce cercle vertueux Ătre une star ne mâintĂ©resse pas. » Moment unique de partage, de connexion, le show est aussi un prĂ©cieux temps dâĂ©coute. « Ă travers les rires, jâentends quelles rĂ©pliques touchent le public, le font rĂ©flĂ©chir, lesquelles prennent du temps Ă ĂȘtre encaissĂ©es. » Elle compose son spectacle Ă lâoral, teste et dĂ©veloppe ses idĂ©es sur scĂšne, face aux rĂ©actions directes du public ; ses vannes Ă©mergent spontanĂ©ment dans lâĂ©change. « Je nâai pas lâesprit mathĂ©matique de la blague. Mon spectacle est un prolongement de moi-mĂȘme. » â
La Mauva is e Ăd ucati on, le s mardi s Ă 21 h, au Th éù tre Le Contresc ar pe Pa ri s Ve
«En perpĂ©tuel dĂ©bat, mes deux cultures me permettent de questionner, dâĂ©voluer, dâĂȘtre tolĂ©rante.»
Lâ in te llig en ce ar ti fi ci ell e et ses pr o me sses rĂ© vo lu ti on nair es po ur le mon de, et su rtou t po ur lâAf ri qu e, sâ invitent par to ut Au So mm et po ur lâac tion su r lâIA , en fĂ© vri er de rni e r Ă Pa ri s, Ă un e ta bl e ro nd e dĂ© di Ă©e Ă lâAf riqu e Ă lâUn es co et au fo rum Af rica AI V il la ge dan s le mĂȘ me te mp s⊠Ou en core en ce to ut dĂ© bu t avri l Ă Ki ga li , au Rw and a, au So mm et mond ia l s ur lâ inte lli ge nc e ar ti fici ell e, av ec po ur thĂš me « LâIA et le di vi de nd e dĂ© mograp hi qu e de lâAf riqu e ».
Dan s la fo ulĂ© e do it se lanc er le Co nse il af ricain de lâIA , ann onc Ă© pa r
Sm ar t Af rica , un e all ia nc e dâun e qu aranta in e dâĂtats qui sâat te ll e Ă promo u vo ir lâuti lis at ion de s no uv el le s te ch no logi es su r le con ti ne nt Le bu t : fo urni r un e plate- fo rm e pe rm et ta nt au x nat ion s de tirer pa rt i du no uv el ou til po ur t ra ns fo rm er le urs Ă©c on omi es , le urs indu stri es et le urs so ci Ă©tĂ©s
Ca r il es t bie n lĂ , lâen je u de de main . Lâ IA po urrait bie n sĂ» r pall ie r bo n no mbre de caren ce s en ma ti Ăšre de sa ntĂ©, dâ Ă©d ucat ion , dâagr ic ultu re, de ge stion , etc. El le es t dâores et dĂ© jĂ con si dĂ© rĂ© e comm e un e so urce d e prog rĂš s ve rt ig in eu x.
Bi en sĂ»r, le co n ti ne nt nâes t pa s en co re as se z « fo rma tĂ© » po ur la dĂ© ve lopp er et lâut ilise r. La fa ib le dispo nib il itĂ© dâInte rn et, so n co Ă»t qu i de me ur e Ă©l evĂ© et le s mau va is es co nn ex ion s so nt un rĂ© el ob stac le. Ai ns i qu e la pĂ© nu ri e de da ta ce nt er s nĂ© ce ss ai re s au trai te me nt de s mass es de don nĂ© es qu i ap prov isi on ne nt le s ap pl ic ati on s ba sĂ© es su r lâIA .
Se me tt re Ă la pag e ent ra Ăźn er ai t, au -d el Ă dâun e vo lon tĂ© fo rt e, de gr os fi na nc em en ts . Po ur aut an t, sa ns ima gin er dĂš s de mai n un e IA mad e in Afric a, on pe ut es pĂ© re r qu e de s te chn olo gi es pe rformante s, créée s ai ll eurs , pu iss ent ĂȘt re im p or tĂ© es su r le contin ent af in q uâ il en profi te En at te nd ant qu e le se cteur privĂ©, au -d el Ă de s so uti en s de s Ătats , sâemp ar e du suj et et inve st iss e.
Po ur qu oi pa s ? LâAf riqu e re go rg e de jeun es , ca pa bl es de se fo rm er ra pide me nt au x se rv ic es nu mĂ© ri qu es no uvea ux et ro dĂ© s au dĂ©ve lopp em ent dâapp lis ad ap tĂ© es au x be so in s du q uoti di en af ricai n. Le s in cu ba te urs et pĂ© pi ni Ăšr es de star t- up se dĂ© ve lopp en t, su rtou t en Af riqu e angloph on e. Le vivi er de ta le nt s et lâap pĂ© te nc e so nt lĂ Et il es t fo rt prob ab le qu e, con trair em en t au x stat is ti qu es ch agri ne s qui pr Ă©d is en t dĂ© jĂ qu e le co nt in en t se ra de rni er de la cla sse en ma ti Ăšre dâIA , lâAf riqu e su rprenn e le mond e⊠â
Profitez de nos offres d'abonnements pour accéder à la totalité de nos magazines et bien plus encore