3RVE SPÉCIAL AMÉRICANA 2023, Vol.19 No.2

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Une occasion Ă  saisir pour le secteur des CRD

Un changement d’échelle pour un QuĂ©bec circulaire

Économie circulaire : des outils pour se mettre en action

Convention de la poste-publications n o 41122591 Le magazine des matiĂšres rĂ©siduelles au QuĂ©bec SPÉCIAL AMERICANA2023, vol. 19 n o 2 www.magazine3rve.cc REPORTAGE EXCLUSIF 16 19
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« Le transfert complet du systĂšme aura lieu le 1er janvier 2025, dans moins de deux ans. Nous avons beaucoup de livrables Ă  trĂšs court terme. Il y a de la fĂ©brilitĂ© et des apprĂ©hensions, mais je dis Ă  mon Ă©quipe : “Yes, we can!” Je sais que nous allons rĂ©ussir. »

chroniques

Éditeur et rĂ©dacteur en chef

André Dumouchel adumouchel@maya.cc

Coordonnatrice Ă  la direction de l’édition Maude Champagne coordination@maya.cc

Direction artistique

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Impression

Carpe diem

Le magazine des matiĂšres rĂ©siduelles au QuĂ©bec SPÉCIAL AMERICANA2023, vol. 19 n o 2 reportage SOMMAIRE CETEQ UNE OCCASION À SAISIR POUR LE SECTEUR DES CRD 16 8 RÉSEAU ENVIRONNEMENT UN CHANGEMENT D’ÉCHELLE POUR UN QUÉBEC CIRCULAIRE 18 CTTÉI ÉCONOMIE CIRCULAIRE : DES OUTILS POUR SE METTRE EN ACTION 19 ÉCONOMIE CIRCULAIRE FAISONS DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE LA COLONNE VERTÉBRALE DE LA STRATÉGIE GOUVERNEMENTALE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE 2023-2028 20 GESTION HUMAINE DES RESSOURCES MAIN-D’ƒUVRE FÉMININE DANS LE SECTEUR DE L’ENVIRONNEMENT : LE CHEMIN EST TRACÉ, IL FAUT MAINTENANT L’EMPRUNTER ! 26 ©Tous droits rĂ©servĂ©s. Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit ĂȘtre acheminĂ©e Ă  MAYA communication et marketing aux coordonnĂ©es ïŹgurant ci-dessus. Les opinions et les idĂ©es contenues dans les articles n’engagent que leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicitĂ©s ne signiïŹe pas que le magazine 3Rve recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications n 41122591. Retournez toute correspondance ne pouvant ĂȘtre livrĂ©e au Canada aux coordonnĂ©es ïŹgurant ci-dessus. DĂ©pĂŽt lĂ©gal : 1 trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine 3Rve
publié
LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 19N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 4
Ce magazine est imprimĂ© sur papier Ă  contenu recyclĂ©. 28 LES AMIS DE 3RVE 24 SUR LE RADAR L’EURÊKA D’ÉCO-CAPTATION 14 EN LIEN AVEC LE MINISTRE LE QUÉBEC SUR LA VOIE DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE S LESBONS CONTACTS

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Modernisation du systĂšme de collecte sĂ©lective L’HEURE EST À LA MOBILISATION

Contenu de bacs de recyclage qui ïŹnit par ĂȘtre brĂ»lĂ© en Asie, centres de tri aux pratiques douteuses, voire frauduleuses : les scandales se sont accumulĂ©s dans le domaine du recyclage dans les derniĂšres annĂ©es au QuĂ©bec. RĂ©sultat ? La population et les entreprises ont perdu conïŹance dans le systĂšme. Bien sĂ»r certains font un travail admirable, mais un coup de barre Ă©tait nĂ©cessaire et c’est ce qu’a fait Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Évidemment, rien n’est jamais parfait. Je ne suis toujours pas convaincu du bien-fondĂ© de l’élargissement de la consigne - je le dis depuis 15 ansqui fait partie de la stratĂ©gie du ministre. À mes yeux, cela augmentera d’une couche la complexitĂ© de la gestion des matiĂšres pour les citoyens qui risquent de continuer Ă  tout mettre dans leur bac de recyclage de toute façon. De plus, cela multipliera les camions sur la route, sans parler du chaos apprĂ©hendĂ© aux diffĂ©rents points de dĂ©pĂŽts.

Mais, laissons la consigne de cĂŽtĂ© et concentrons-nous sur la grande rĂ©volution en cours dans le systĂšme de collecte sĂ©lective. Comme vous le dĂ©couvrirez plus en dĂ©tail dans notre reportage principal, le gouvernement provincial a confiĂ© l’automne dernier Ă  Éco Entreprises QuĂ©bec (ÉEQ) la tĂąche gargantuesque de gĂ©rer la collecte sĂ©lective sur tout le territoire de la province. Actuellement, ÉEQ se contente de faire un chĂšque et la gestion est assurĂ©e par pas moins de 560 organismes municipaux. Le modĂšle d’affaires sera complĂštement changĂ©.

ÉEQ devra s’entendre avec chacun des organismes municipaux : il souhaite qu’ils se regroupent pour aller chercher des contrats plus avantageux de service de collecte et de transport de la matiĂšre vers les centres de tri. Une fois triĂ©es, les matiĂšres seront reprises par ÉEQ et grĂące au volume, elle tentera d’aller chercher de meilleurs dĂ©bouchĂ©s.

Cette rĂ©volution doit se faire dans un temps record : moins de deux ans pour rĂ©aliser le transfert des responsabilitĂ©s et cinq ans pour arriver Ă  un systĂšme mature. Pour y arriver, ÉEQ devra doubler son personnel alors que la pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre frappe toujours.

La femme de la situation

La tĂąche est donc colossale. Mais, je crois qu’ÉEQ pourra relever le dĂ©fi. En grande partie parce que Maryse Vermette, la PDG, est aux commandes. Elle connaĂźt le monde municipal et le milieu de la collecte sĂ©lective sur le bout de ses doigts. Et, vous le lirez dans le reportage, elle m’apparaĂźt ĂȘtre une femme investie d’une mission. Elle veut faire de cette modernisation son legs. C’est une leader forte, inspirante et c’est ce dont son Ă©quipe – et les personnes qui la joindront - a besoin pour rĂ©aliser ce projet plus grand que nature.

MunicipalitĂ©s, centres de tri, entreprises productrices de matiĂšres Ă  recycler, citoyens : il est temps de se rallier et de ramer tous dans le mĂȘme sens. Le statu quo n’était plus une option. Et comme le rĂ©vĂ©lait l’an dernier le rapport L’état des lieux et la gestion des rĂ©sidus ultimes du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), l’enfouissement de dĂ©chets dans la province a connu une nette augmentation depuis 2015, et ce, mĂȘme si les bacs de recyclage n’ont jamais Ă©tĂ© aussi pleins.

Vous apprendrez aussi dans la chronique de Daniel Normandin, directeur du Centre d’études et de recherche intersectorielles en Ă©conomie circulaire, que la circularitĂ© de l’économie de la planĂšte aurait chutĂ© Ă  7,2 % l’an dernier alors qu’elle Ă©tait Ă  9,1 % en 2018.

De son cĂŽtĂ©, le gouvernement du QuĂ©bec souhaite toutefois mettre le pied sur l’accĂ©lĂ©rateur dans le domaine de l’économie circulaire ces prochaines annĂ©es. Est-ce que la modernisation du systĂšme de collecte sĂ©lective pilotĂ© par ÉEQ pourrait avoir un impact positif ? Certainement ! En Ă©largissant le mandat d’ÉEQ, le gouvernement provincial met toutes les chances de son cĂŽtĂ© pour voir Ă©merger une rĂ©elle transformation des pratiques. Je pense par exemple Ă  la rĂ©duction du suremballage, mais aussi, Ă  la rĂ©utilisation des matiĂšres pour rĂ©duire au maximum ce qu’on envoie au centre de tri.

Qui sait, le QuĂ©bec pourrait mĂȘme rĂ©aliser de petits miracles et devenir un exemple citĂ© dans le monde en matiĂšre Ă©conomie circulaire. Chose certaine, il est temps d’avancer ensemble. n

ÉDITORIAL
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André Dumouchel adumouchel@maya.cc

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En raison du grand nombre d’organismes municipaux (il y en a plus de 560), qui se chargent de la collecte sĂ©lective chacun Ă  sa façon, de la qualitĂ© quelquefois douteuse des matiĂšres recyclĂ©es et de l’absence de reddition de comptes des centres de tri, la confiance de la population quĂ©bĂ©coise envers le systĂšme de recyclage et de rĂ©cupĂ©ration ne cesse de diminuer. En parallĂšle, l’insatisfaction des entreprises mettant en marchĂ© des contenants, des emballages et des imprimĂ©s continue d’augmenter, puisqu’on leur demande de financer un systĂšme sans leur permettre de veiller Ă  son rendement. AprĂšs des annĂ©es de tergiversations, le gouvernement du QuĂ©bec souhaite maintenant renverser ces tendances en confiant Ă  Éco Entreprises QuĂ©bec (ÉEQ) le mandat de gĂ©rer le systĂšme sur tout le territoire de la province. Sa PDG, Maryse Vermette, nous parle de son « projet de vie ».

Le 24 octobre 2022, ÉEQ a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© comme organisme de gestion dĂ©signĂ© (OGD) pour mener la modernisation du systĂšme de collective sĂ©lective, au terme d’une importante rĂ©flexion du gouvernement et d’une Ă©tude commandĂ©e au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) par le ministre provincial de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette.

Pourquoi cette organisation plutĂŽt qu’une autre ? Parce qu’elle collabore Ă©troitement avec les producteurs depuis 2005. « Cette annĂ©e-lĂ , la Loi sur la qualitĂ© de l’environnement avait instituĂ© un principe voulant que les producteurs, soit les

entreprises que nous reprĂ©sentons, Ă©taient financiĂšrement responsables du systĂšme de collecte sĂ©lective au QuĂ©bec, explique Maryse Vermette. Depuis, ÉEQ joue un rĂŽle de percepteur auprĂšs de ceux-ci : nous percevons les sommes nĂ©cessaires pour indemniser les municipalitĂ©s en ce qui concerne les coĂ»ts du systĂšme de collecte sĂ©lective. Nous sommes les financiers du systĂšme. C’est notre rĂŽle premier. »

Assez rapidement, un problĂšme est apparu : les producteurs ont l’impression de signer des chĂšques en blanc. « Ils paient un systĂšme sans avoir droit de regard sur la façon dont celui-ci est exploitĂ©, gĂ©rĂ© et encadrĂ©. Il n’y a pas de reddition de comptes sur

les taux de rĂ©cupĂ©ration ni sur les taux de recyclage. AprĂšs toutes les crises de recyclage qu’on a connues au cours des derniĂšres annĂ©es, cela devenait un enjeu. Les entreprises voulaient encadrer le systĂšme qu’elles ïŹnancent. »

Ce dĂ©sir de saine gestion est nommĂ©, expliquĂ© et rĂ©pĂ©tĂ© depuis une dĂ©cennie. « Depuis 2005, j’ai vu toutes les dĂ©marches rĂ©alisĂ©es auprĂšs des diffĂ©rents gouvernements et ministres qui se sont succĂ©dĂ©, afin de les sensibiliser Ă  notre vision, pour que les entreprises puissent avoir le contrĂŽle du systĂšme et pas seulement signer un chĂšque une fois par annĂ©e. »

REPORTAGE
LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 8
Par Samuel Larochelle

AprĂšs avoir Ă©tĂ© entendu et avoir assistĂ© aux changements lĂ©gislatifs et rĂ©glementaires au cours des deux derniĂšres annĂ©es, Éco Entreprises QuĂ©bec a Ă  l’automne 2022 Ă©tĂ© dĂ©signĂ© par RECYC-QUÉBEC comme leader du nouveau systĂšme. En entrevue, Maryse Vermette parle d’un aboutissement. On pourrait quasiment dire que c’est un soulagement pour celle qui a menĂ© le projet Ă  bout de bras.

Écolo avant l’heure

Ouvrons une parenthĂšse sur son parcours pour mieux comprendre son attachement Ă  la protection de l’environnement. « Dans ma jeunesse, j’étais membre des jeunes naturalistes, se souvient-elle avec un sourire dans la voix. À une Ă©poque oĂč on parlait peu de protection de l’environnement, ça m’animait dĂ©jĂ . Toute ma vie, j’ai Ă©tĂ© prĂ©occupĂ©e par la mise en place de mesures pour Ă©viter la pollution, pour protĂ©ger les terres agricoles et pour bien gĂ©rer nos dĂ©chets. »

Elle a Ă©tĂ© tĂ©moin de premiĂšre ligne en Ɠuvrant pendant quinze ans Ă  l’amĂ©nagement urbain du territoire pour la municipalitĂ© rĂ©gionale de comtĂ© (MRC) de Marguerite-D’Youville. « C’est un passage important dans ma vie professionnelle. Comme une MRC est un lieu de regroupement de services, j’ai travaillĂ© Ă  mettre en place diffĂ©rents types de services publics, comme le transport adaptĂ©, une cour municipale rĂ©gionale et l’uniïŹcation des services de police sur la Rive-Sud de MontrĂ©al. J’ai aussi travaillĂ© dans le domaine du dĂ©veloppement Ă©conomique, mis en place un conseil local de dĂ©veloppement et contribuĂ© Ă  la protection du territoire agricole. »

Par-dessus tout, elle a instaurĂ© le premier systĂšme rĂ©gional de collecte sĂ©lective du QuĂ©bec au dĂ©but des annĂ©es 1990. « Nous Ă©tions des prĂ©curseurs ! » Durant cette pĂ©riode, elle a Ă©tĂ© nommĂ©e reprĂ©sentante de la FĂ©dĂ©ration quĂ©bĂ©coise des municipalitĂ©s sur le conseil de Collecte sĂ©lective QuĂ©bec, plus ou moins l’ancĂȘtre d’ÉEQ, alors que l’organisation gĂ©rait des fonds privĂ©s pour appuyer les municipalitĂ©s dans l’implantation de la collecte sĂ©lective. « À cette Ă©poque, les entreprises qui contribuaient Ă  ce fonds trouvaient que ce n’était pas Ă©quitable, car certaines y contribuaient sur une base volontaire tandis que d’autres n’y contribuaient pas. Nous avons donc travaillĂ© pour faire en sorte que les producteurs deviennent ïŹnanciĂšrement responsables du systĂšme. »

L’industrie lui a alors demandĂ© si elle voulait mettre sur pied la nouvelle organisation afin de gĂ©rer le rĂ©gime de compensation. Non seulement at-elle dit oui, mais elle n’est jamais partie. « Pour moi, c’est un projet de vie ! Ce qui se passe actuellement, la transformation que nous allons vivre au cours des prochaines annĂ©es, c’est l’aboutissement d’une vision que j’ai personnellement portĂ©e. »

UN OGD À TRANSFORMER

En effet, elle a rĂ©ussi Ă  susciter l’adhĂ©sion de son conseil d’administration, des entreprises, du gouvernement et de diverses parties prenantes du milieu municipal. « C’est un gros changement pour les municipalitĂ©s. C’est un transfert de responsabilitĂ© vers les entreprises. Il fallait que les municipalitĂ©s deviennent des partenaires et non des opposants. »

En plus de tenir Ă  la cohĂ©sion entre les intervenants, Maryse Vermette veut redonner au public conïŹance envers le systĂšme de collecte sĂ©lective et l’encourager Ă  rĂ©cupĂ©rer encore plus et mieux. « Il y a encore beaucoup de travail Ă  faire. Nos taux de rĂ©cupĂ©ration stagnent depuis des annĂ©es. Il faut redonner une deuxiĂšme vie Ă  la matiĂšre que l’on met dans les bacs pour favoriser la circularitĂ©. »

Ne comptez pas sur elle pour baisser les bras. « C’est mon legs Ă  la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise. Il me reste encore quelques annĂ©es avant la retraite, et je veux bien ancrer le projet. »

La nomination d’Éco Entreprises QuĂ©bec comme OGD du nouveau systĂšme a suscitĂ© des rĂ©actions plus que positives. Toutefois, les membres de l’équipe sont conscients de la montagne Ă  gravir pour opĂ©rer ce changement de paradigme.

« Nous serons en transition organisationnelle. MĂȘme si nous connaissons bien la chaĂźne de valeur du recyclage et que nous avons plusieurs experts Ă  l’interne, nous devons nous assurer que l’équipe suivra. Comme nous devrons crĂ©er une Ă©quipe de vendeurs des matiĂšres recyclables que l’on retrouve dans les bacs, l’organisation va grossir. »

Peu Ă  peu, ÉEC passera de cinquante Ă  prĂšs de cent employĂ©s pour bien s’occuper d’un marchĂ© d’au moins 300 millions de dollars. MalgrĂ© la pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre, la PDG ne croit pas avoir du mal Ă  pourvoir les postes Ă  venir. « Nous sommes attractifs grĂące Ă  notre mission : “De la collecte sĂ©lective Ă  l’économie circulaire, ensemble pour un monde durable”. Nous voulons changer

les choses et amĂ©liorer le systĂšme. Les gens ont envie de donner un sens Ă  leur carriĂšre et de faire partie de quelque chose de plus grand qu’eux, pour se sentir satisfaits au travail et pour avoir l’impression de contribuer Ă  amĂ©liorer le domaine. »

Si la planification de la modernisation avait commencé avant que les changements

REPORTAGE
LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 9

rĂ©glementaires soient terminĂ©s, le rythme s’est accĂ©lĂ©rĂ© depuis. « Le transfert complet du systĂšme aura lieu le 1er janvier 2025, dans moins de deux ans. Nous avons beaucoup de livrables Ă  trĂšs court terme. Il y a de la fĂ©brilitĂ© et des apprĂ©hensions, mais je dis Ă  mon Ă©quipe : “ Yes, we can!” Je sais que nous allons rĂ©ussir. »

ÉEQ se donne jusqu’en 2030 pour arriver Ă  un systĂšme mature. Pour ce faire, l’organisation pourra miser sur l’industrie qui a exercĂ© une pression positive en faveur de sa dĂ©signation. Si certains observateurs pourraient affirmer que cela relevait de l’évidence, Mme Vermette prĂ©fĂšre nuancer la situation. « Je crois que c’est l’une des premiĂšres fois, au QuĂ©bec, qu’on enlĂšve une responsabilitĂ© au monde municipal pour la donner au privĂ©. Ça

demandait beaucoup de courage de la part du gouvernement. AprĂšs toutes les crises du recyclage, le statu quo n’était plus une option et il fallait aller ailleurs. »

Elle Ă©tait loin d’ĂȘtre seule Ă  vouloir revoir le systĂšme opaque. « Les recycleurs nous disent depuis des annĂ©es qu’ils achĂštent de la matiĂšre avec un taux de contamination important. Les centres de tri, qui sont soumis Ă  un processus d’appel d’offres public, Ă©taient choisis selon le plus bas soumissionnaire. Les meilleures pratiques n’étaient pas nĂ©cessairement appliquĂ©es partout. Il nous faut une approche systĂ©mique, l’encadrer avec les mĂȘmes rĂšgles du jeu pour tout le monde, et nous soucier de la qualitĂ© et de la traçabilitĂ© de la matiĂšre. »

RALLIER LES PRODUCTEURS EN AMONT

Pour rallier tout le monde, la gestionnaire et son Ă©quipe ont menĂ© l’équivalent d’une campagne Ă©lectorale
 sans grande opposition. « C’était un passage obligĂ© en vertu du rĂšglement. Nous devions dĂ©poser notre candidature Ă  RECYCQUÉBEC et recevoir un appui formel des producteurs. C’est pour ça que nous avons mis en place une campagne d’appui. »

Les entreprises devaient signiïŹer leur appui de façon formelle dans une pĂ©riode assez courte, en plein Ă©tĂ©. « Nous avons obtenu plus de 2000 appuis. Nous en sommes trĂšs ïŹers. C’est une belle marque de conïŹance. On parle d’entreprises du QuĂ©bec et d’ailleurs. Pour elles, il allait de soi que ce rĂŽle nous revenait. »

Si l’opposition Ă©tait faible, voire inexistante, c’est entre autres parce qu’Éco Entreprises QuĂ©bec s’impliquait depuis longtemps auprĂšs des intervenants de la collecte sĂ©lective : une façon de prĂ©parer le terrain.

« Nous nous Ă©tions donnĂ© le sobriquet d’optimisateurs de la collecte sĂ©lective sur une base volontaire, souligne la PDG Maryse Vermette. Nous faisions de l’accompagnement. Nous donnions des conseils. Il y a eu de belles rĂ©alisations. Ces dĂ©marches faisaient en sorte que nous Ă©tions en mesure de dĂ©montrer que nous avions la capacitĂ© d’aller plus loin et que nous serions capables d’assumer les responsabilitĂ©s pleines et entiĂšres du systĂšme. »

Tout au long du processus, l’organisation s’est assurĂ©e de consulter les entreprises. « Nous avons fait des reprĂ©sentations et tenu des webinaires avec les producteurs malgrĂ© la pandĂ©mie, en plus d’organiser plusieurs activitĂ©s de sensibilisation. Nous reprĂ©sentons les producteurs. Nous avons portĂ© leur voix. »

Le nouveau rĂšglement gouvernemental impose certaines obligations de gouvernance. « Le conseil d’administration de notre organisme Ă  but non lucratif doit ĂȘtre formĂ© de reprĂ©sentants des

producteurs, ce qui était déjà le cas, et de représentants de la chaßne de valeur, des experts. Le gouvernement est venu préciser certains critÚres portant sur la composition de notre CA, mais nous étions déjà une organisation regroupant des producteurs. »

Pendant la transition, Éco Entreprises QuĂ©bec portera deux chapeaux : celui d’organisme agréé pour le rĂ©gime de compensation jusqu’en 2025 et celui, tout rĂ©cent, d’organisme de gestion dĂ©signĂ© du nouveau systĂšme.

« Je crois que c’est l’une des premiĂšres fois, au QuĂ©bec, qu’on enlĂšve une responsabilitĂ© au monde municipal pour la donner au privĂ©. Ça demandait beaucoup de courage de la part du gouvernement. AprĂšs toutes les crises du recyclage, le statu quo n’était plus une option et il fallait aller ailleurs. »
REPORTAGE LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 10
— Maryse Vermette PrĂ©sidente-directrice gĂ©nĂ©rale Éco Entreprises QuĂ©bec

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UN IMMENSE DÉFI APRÈS L’AUTRE

Quand on lui demande quels sont les plus grands obstacles qui se dresseront sur la route de son organisation, Maryse Vermette répond sans hésiter : convaincre les 560 organismes municipaux (MRC, villes, petites municipalités et autres) de se regrouper pour faciliter la collective sélective.

N’allez pas croire qu’ÉEQ souhaite tasser les municipalitĂ©s. Au contraire. « J’ai travaillĂ© dans le monde municipal pendant quinze ans, rappelle-t-elle. Je sais que les municipalitĂ©s sont les mieux placĂ©es pour offrir un service de premiĂšre ligne Ă  leurs citoyens. Ça fait partie de leur ADN. Il est important qu’elles jouent un rĂŽle nĂ©vralgique dans cette modernisation. »

Elle veut donc faire des municipalitĂ©s des fournisseurs de services – bien qu’elle prĂ©fĂšre le mot partenaires – dans la collecte et le transport de la matiĂšre. « Il faut contracter des ententes avec elles qui comprendront un devis type qu’elles devront utiliser pour lancer des appels d’offres de collecte. Pour ce faire, il faut que les municipalitĂ©s se regroupent. »

Le regroupement n’est pas une suggestion ni un caprice. « L’optimisation passe par une masse critique, afin de nous assurer que le systĂšme de collecte soit performant. Je sais que certaines municipalitĂ©s n’aiment pas se regrouper pour offrir des services, mais nous allons uniquement signer des ententes avec des organisations reprĂ©sentant des municipalitĂ©s ayant une masse critique suffisante. »

Maryse Vermette rappelle que les municipalitĂ©s n’auront plus aucune responsabilitĂ© financiĂšre dans le secteur. « Elles recevront un chĂšque d’ÉEQ pour ĂȘtre dĂ©dommagĂ©es et elles n’auront plus Ă  taxer leurs citoyens pour ce volet. L’OGD paiera l’entiĂšretĂ© des dĂ©penses. En rĂ©sumĂ©, nous leur disons : “Regroupez-vous, et vous ne subirez aucun impact financier.” »

Éco Entreprises QuĂ©bec souhaite collaborer avec environ 200 organismes municipaux. Et pour bien expliquer les nombreux changements Ă  venir, l’organisation fera une tournĂ©e des municipalitĂ©s. « Nous avons dĂ©jĂ  commencĂ© la tournĂ©e, puisque j’ai rencontrĂ© les prĂ©fets des MRC au dĂ©but dĂ©cembre, mais je souhaite maintenant me promener Ă  travers le QuĂ©bec. Nous ne voulons pas gĂ©rer cela en direct de notre bureau Ă  MontrĂ©al. Nous voulons rencontrer les gens chez eux et prendre le temps de jaser avec eux. »

L’objectif : dĂ©mystifier le systĂšme et leur faire comprendre l’obligation de rĂ©sultat. « Notre but est d’avoir le meilleur rapport qualitĂ©-prix. Le systĂšme est sous-capitalisĂ©. Il manque d’investissements. Il faut investir dans un systĂšme de traçabilitĂ© de la matiĂšre et dans nos centres de tri pour avoir

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une matiĂšre de meilleure qualitĂ©. Ensuite, les revenus de revente de cette matiĂšre pourraient ĂȘtre supĂ©rieurs. »

La mise en commun des ressources municipales permettra certainement d’autres Ă©conomies. « En regroupant les municipalitĂ©s, il n’y aura plus de camions Ă  moitiĂ© vides qui vont se promener sur les routes. Il y aura une optimisation des coĂ»ts de collecte et de transport. Dans un horizon de cinq ans, cela donnera des rĂ©sultats positifs sur le plan financier. »

Horizon 2030

Les marqueurs temporels ne manquent pas. ÉEQ veut commencer les transferts de responsabilitĂ© en 2024 et terminer la transition en 2025. Parla

suite, la modernisation du systĂšme de collecte s’étendra Ă  tous les secteurs d’activitĂ© de la sociĂ©tĂ©. « Le gouvernement nous donne l’obligation d’encadrer un programme de collecte dans les lieux publics, dans les commerces, dans les industries, dans les hĂŽpitaux et dans les universitĂ©s. Ce sera un Ă©norme dĂ©fi ! »

Ce n’est pas tout. ÉEQ aura Ă©galement la responsabilitĂ© de collaborer avec les communautĂ©s Ă©loignĂ©es et celles du Grand Nord quĂ©bĂ©cois. « Nous travaillons avec les communautĂ©s autochtones pour nous assurer qu’elles pourront elles aussi avoir accĂšs Ă  un service. Nous ne pouvons pas aborder la gestion de ce service avec une communautĂ© innue du Grand Nord comme avec une municipalitĂ© qui gĂšre ce service depuis trente ans. Ça aussi, ce sera un gros dĂ©fi. » n

LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 13
« On nous demande de faire en cinq ans ce qu’on n’a pas fait dans les trente derniĂšres annĂ©es. Mais j’y crois. »
REPORTAGE
L’an 2030 sera un moment nĂ©vralgique.
— Maryse Vermette

LE QUÉBEC SUR LA VOIE DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, ministre responsable de la rĂ©gion des Laurentides

Dans ses efforts pour protĂ©ger l’environnement et lutter contre les changements climatiques, notre gouvernement s’est consacrĂ©, au cours des derniĂšres annĂ©es, Ă  amĂ©liorer la gestion de nos matiĂšres rĂ©siduelles, et ce, Ă  tous les niveaux de la hiĂ©rarchie des 3RV-E.

La Politique quĂ©bĂ©coise de gestion des matiĂšres rĂ©siduelles a pour objectif fondamental de faire en sorte que la seule matiĂšre rĂ©siduelle Ă©liminĂ©e au QuĂ©bec soit le rĂ©sidu ultime. Cela signiïŹe qu’il faut utiliser au maximum le potentiel de valorisation de tous nos produits de consommation, et celui des matiĂšres rĂ©siduelles qui en dĂ©coulent.

C’est pourquoi nous avons notamment annoncĂ© la modernisation du systĂšme de consigne, de maniĂšre Ă  amĂ©liorer le tri Ă  la source, ainsi que la modernisation du systĂšme de collecte sĂ©lective des contenants, des emballages et des imprimĂ©s, aïŹn de rĂ©cupĂ©rer plus, mais surtout de recycler mieux.

Le systĂšme modernisĂ© de collecte sĂ©lective entrera graduellement en vigueur. D’ici novembre 2023, nous dĂ©ploierons la consigne modernisĂ©e pour les contenants de boissons « prĂȘtes Ă  boire » de 100 millilitres Ă  2 litres, et d’ici novembre 2025, nous ajouterons les contenants multicouches.

Je tiens Ă  remercier les organismes de gestion dĂ©signĂ©s par RECYC-QUÉBEC – l'Association quĂ©bĂ©coise de rĂ©cupĂ©ration des contenants de boissons pour la consigne et Éco Entreprises QuĂ©bec pour la collecte sĂ©lective – ainsi qu'Ă  souligner les excellents partenariats amorcĂ©s avec eux. Ce sont eux qui reprĂ©sentent les producteurs dans leur obligation d’élaborer, de

mettre en Ɠuvre et de ïŹnancer chacun des systĂšmes qui seront modernisĂ©s.

Comme vous le savez, la responsabilitĂ© Ă©largie des producteurs (REP) vise Ă  reconnaĂźtre les producteurs qui commercialisent, mettent en marchĂ© ou distribuent des produits, de leur conception jusqu’à leur ïŹn de vie. L’objectif de la modernisation des deux systĂšmes est d’assurer la prise en charge efïŹcace de l’ensemble des contenants, des emballages et des imprimĂ©s au QuĂ©bec. Ceux-ci seront dirigĂ©s vers des ïŹliĂšres performantes de rĂ©cupĂ©ration et de valorisation dans une perspective d’économie circulaire.

En faisant plus avec moins, en rĂ©duisant Ă  la source et en modiïŹant fondamentalement notre perception des dĂ©chets pour les considĂ©rer comme des ressources, nous avançons dans la bonne direction.

L’économie circulaire est une avenue que nous devons continuer d’explorer et de dĂ©velopper comme sociĂ©tĂ©. C’est d’ailleurs l’un des pans de notre Plan pour une Ă©conomie verte 2030, qui jette les bases d’une Ă©conomie sobre en carbone, rĂ©siliente face aux changements climatiques et plus prospĂšre Ă  l’horizon 2030.

Je suis ïŹer de voir que partout au QuĂ©bec, les initiatives en ce sens se multiplient sous l’inïŹ‚uence de l’État, mais aussi sous celle des multiples autres agents de changement. Il s’agit lĂ  d’une belle occasion pour les QuĂ©bĂ©coises et les QuĂ©bĂ©cois de dĂ©montrer leur capacitĂ© Ă  s’adapter et Ă  innover.

Benoit Charette
EN LIEN AVEC LE MINISTRE LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 14

Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) kmorin@ceteq.quebec

Le 25 janvier 2022 est une date importante pour les entreprises qui Ɠuvrent dans le secteur des rĂ©sidus de construction, de rĂ©novation et de dĂ©molition (CRD). En effet, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) publiait alors son rapport d’enquĂȘte sur L’état des lieux et la gestion des rĂ©sidus ultimes, dans lequel les commissaires formulaient des avis afin de rĂ©duire la quantitĂ© de rĂ©sidus de CRD Ă©liminĂ©s annuellement. Par ailleurs, en dĂ©but d’annĂ©e 2023, RECYC-QUÉBEC publiait le Bilan 2021 de la gestion des matiĂšres rĂ©siduelles au QuĂ©bec , qui confirme une fois de plus que ces matiĂšres sont en augmentation et constituent la deuxiĂšme plus grande catĂ©gorie de matiĂšres Ă©liminĂ©es.

POURQUOI EN SOMMES-NOUS LÀ ?

C’est parce que recourir Ă  l’élimination est plus simple et moins coĂ»teux que rĂ©cupĂ©rer, trier Ă  la source, rĂ©employer, recycler et valoriser ces rĂ©sidus. Cette situation est exacerbĂ©e par des appels d’offres publics qui favorisent le plus bas soumissionnaire conforme. Si le donneur d’ordres n’exige pas que les rĂ©sidus de CRD soient recyclĂ©s, il y a fort Ă  parier que celui qui remportera l’appel d’offres public soit celui qui Ă©liminera les rĂ©sidus plutĂŽt que celui qui les recyclerait.

QUE FAIT LE CETEQ POUR INVERSER CETTE TENDANCE ?

Quand on veut que les choses changent, il faut apporter sa contribution, et c’est ce que nous faisons. Le CETEQ joue un rĂŽle clĂ© dans le secteur des CRD, notamment en coordonnant les rencontres du comitĂ© d’experts du projet-pilote de traçabilitĂ© des rĂ©sidus de CRD de Stratzer visant Ă  documenter son application sur le terrain. La traçabilitĂ© sera l’outil par excellence pour s’assurer que les matiĂšres seront acheminĂ©es aux bons endroits.

L’une des contributions les plus importantes du CETEQ au dossier est sans aucun doute sa participation au comitĂ© d’experts de RECYC-QUÉBEC, dont l’objectif Ă©tait de faire des propositions concrĂštes et applicables afin de favoriser l’adoption de meilleures pratiques pour gĂ©rer les rĂ©sidus de CRD.

L’automne dernier, le CETEQ et RECYC-QUÉBEC ont par ailleurs amorcĂ© des visites sur le terrain afin de mieux comprendre les besoins des entreprises. Plus celles-ci seront outillĂ©es, plus vite elles participeront aux succĂšs du secteur des CRD.

QUE RESTE-T-IL À FAIRE ?

Pour bĂątir une filiĂšre CRD forte, plusieurs actions devront ĂȘtre posĂ©es, mais parmi celles-ci, deux mĂ©ritent une attention plus particuliĂšre.

Dans sa StratĂ©gie de valorisation de la matiĂšre organique annoncĂ©e en 2020, le gouvernement du QuĂ©bec Ă©nonçait son intention d’introduire, au

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CETEQ Ce texte vous fait rĂ©agir ? Faites-nous part de vos commentaires en Ă©crivant Ă  info@magazine3rve.cc LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 16
UNE OCCASION À SAISIR POUR LE SECTEUR DES CRD
enviroemplois.org

L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE EN ACTION

moyen de modifications au RĂšglement sur les redevances exigibles pour l’élimination de matiĂšres rĂ©siduelles, des pĂ©nalitĂ©s pour les rĂ©sidus de CRD qui sont Ă©liminĂ©s sans avoir Ă©tĂ© prĂ©alablement acheminĂ©s Ă  un centre de tri reconnu. L’objectif Ă©tait d’augmenter la demande et l’offre en matiĂšre de services de ces centres de tri, tout en amĂ©liorant leur compĂ©titivitĂ© par rapport aux lieux d’élimination. L’industrie a saluĂ© cet engagement et souhaite toujours son implantation.

Comme dans tous les secteurs d’activitĂ©, des entreprises font le choix de ne pas respecter les rĂšgles, notamment en faisant de l’accumulation excessive de rĂ©sidus de CRD dans leurs installations. Ces entreprises nuisent Ă  l’image de l’industrie et font une concurrence dĂ©loyale Ă  celles qui respectent les rĂšgles. Le ministĂšre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a mis en place plusieurs mesures visant Ă  Ă©viter de tels comportements, mais le CETEQ est d’avis que celles-ci atteindront leur pleine portĂ©e lorsque l’application sur le terrain sera renforcĂ©e.

Nous souhaitons donc une intervention rapide sur trois fronts. D’abord, il faut plus d’inspecteurs sur le terrain pour dĂ©masquer les entreprises dĂ©linquantes. Il faut aussi imposer des pĂ©nalitĂ©s dissuasives aux entreprises qui font manifestement preuve de mauvaise foi dans l’application des rĂšglements environnementaux. Enfin, il faut accĂ©lĂ©rer les dĂ©marches judiciaires afin que, rapidement, ces entreprises rentrent dans le rang ou cessent leurs activitĂ©s qui, globalement, font plus de tort Ă  l’environnement.

PrĂ©sentement, non seulement ces entreprises peuvent agir en toute impunitĂ©, mais pour les rares qui se font contrĂŽler, la lenteur du processus, combinĂ©e au faible montant des pĂ©nalitĂ©s, ne les incite mĂȘme pas Ă  cesser leurs comportements. De surcroĂźt, si elles ne paient pas les pĂ©nalitĂ©s, ces entreprises ne subissent pas de vĂ©ritables consĂ©quences.

ET POUR L’AVENIR ?

Au CETEQ, nous invitons les entreprises qui Ɠuvrent dans le secteur des CRD Ă  joindre nos rangs afin de consolider l’ensemble de la chaĂźne de valeur que nous reprĂ©sentons et de dĂ©terminer les prochaines actions les plus structurantes pour dĂ©velopper la filiĂšre des CRD, qui offre tout un potentiel de croissance. L’expression « seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin » rĂ©sume exactement l’approche que nous devons adopter dans notre secteur. n

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Le 26 janvier dernier, RECYC-QUÉBEC a diffusĂ© les rĂ©sultats du Bilan2021delagestiondesmatiĂšresrĂ©siduellesauQuĂ©bec1, qui Ă©tablit la quantitĂ© de matiĂšres Ă©liminĂ©es Ă  716 kg par habitant cette annĂ©e-lĂ . Non seulement ces rĂ©sultats montrent que notre production de dĂ©chets par habitant augmente lĂ©gĂšrement plus rapidement que notre population, mais ils nous Ă©loignent encore un peu plus des objectifs inscrits dans le plan d’action 2019-2024 2 de la Politique quĂ©bĂ©coise de gestion des matiĂšres rĂ©siduelles. Autant dire que pour atteindre l’objectif de 525 kg ou moins de matiĂšres Ă©liminĂ©es par habitant en 2023, il nous faudra bien plus qu’un bac de compost ! Il nous faut un changement d’échelle de prioritĂ©s.

Pour RĂ©seau Environnement, il va de soi que les actions entreprises pour rĂ©duire la gĂ©nĂ©ration de « dĂ©chets » au QuĂ©bec passeront par l’ouverture Ă  de nouvelles approches technologiques nous permettant de mieux traiter les matiĂšres rĂ©siduelles avant d’éliminer celles qui doivent l’ĂȘtre. Mais ces gestes devraient aussi s’inscrire dans le respect des principes des 3RV-E : rĂ©duire Ă  la source, rĂ©employer ce qui peut l’ĂȘtre, recycler ce qui devrait l’ĂȘtre, valoriser ce qui peut nous ĂȘtre utile ailleurs dans la chaĂźne de production et, en dernier recours, Ă©liminer ce qui se rend au bout de la chaĂźne de consommation sans rĂ©pondre Ă  l’une ou l’autre de ces possibilitĂ©s Ă©cologiques.

Le 16 dĂ©cembre 2020, le ministre Benoit Charette a mandatĂ© le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour qu’il tienne une enquĂȘte sur la gestion des rĂ©sidus ultimes. Dans son mĂ©moire 3 prĂ©sentĂ© au BAPE, RĂ©seau Environnement recommandait de prioriser les actions et les investissements des gouvernements et des entreprises privĂ©es en fonction de la hiĂ©rarchie des 3RV-E: « Ainsi, les mesures visant la rĂ©duction devraient donc ĂȘtre mises en place en premier et accaparer la plus grande part des efforts des parties prenantes. Viendraient ensuite les mesures permettant le rĂ©emploi, puis le recyclage et la valorisation Ă©nergĂ©tique. »

Un exemple Ă©vident d’action Ă  la source concerne le suremballage de nos produits de consommation. RĂ©glementer la mise en marchĂ© afin de rĂ©duire l’emballage et d’interdire progressivement les produits faits de matiĂšre non recyclable et non valorisable reprĂ©sente une politique concrĂšte et en parfaite cohĂ©rence avec le premier « R » des principes du 3RV-E. Qui ne s’est jamais senti mal Ă  la vue de fruits et de lĂ©gumes Ă©troitement recouverts de pellicule de plastique Ă  l’épicerie, ou encore en ouvrant Ă  la maison un colis rempli de carton et de plastique sous toutes leurs formes ?

La mĂȘme logique s’applique dans plusieurs positions prises par RĂ©seau Environnement, comme notre position 4 sur la prĂ©sence de substances

perfluoroalkylĂ©es et polyfluoroalkylĂ©es (PFAS) dans les biosolides destinĂ©s Ă  l’épandage agricole. Nous produisons tous des biosolides, et leur « Ă©limination » n’est pas une solution viable. Leur recyclage reprĂ©sente toutefois un excellent modĂšle d’économie circulaire. La qualitĂ© des matiĂšres demeure primordiale pour le succĂšs de cette filiĂšre : c’est pourquoi nous croyons ĂȘtre en mesure d’exiger des normes de qualitĂ© rehaussĂ©e pour le recyclage de matiĂšres biosolides et, par consĂ©quent, de rĂ©duire Ă  la source la prĂ©sence de PFAS dans ces derniĂšres.

Ici encore, il nous est possible d’agir Ă  la source en visant l’interdiction de l’utilisation des PFAS – conformĂ©ment Ă  l’échelle de priorisation des 3RV-E – tout en nous assurant que les produits de remplacement ne seront pas aussi nĂ©fastes pour la santĂ© humaine et l’environnement. Mais pour concrĂ©tiser de tels choix et mettre en Ɠuvre des politiques cohĂ©rentes avec les principes des 3RV-E, il faut non seulement de l’audace de la part de nos dĂ©cideurs publics, mais un vĂ©ritable changement de culture dans la maniĂšre dont nous consommons au quotidien. En rĂ©alitĂ©, c’est de la cohĂ©rence pure et simple.

Les rĂ©sultats du Bilan 2021 de RECYC-QUÉBEC font Ă©cho Ă  un rĂ©cent rapport 5 de l’organisme nĂ©erlandais Circle Economy, qui dĂ©montre un recul de la circularitĂ© dans le monde. En effet, l’indice de circularitĂ© de l’économie mondiale, qui Ă©tait dĂ©jĂ  faible, est passĂ© de 9,1 % en 2018 Ă  seulement 7,2 % en dĂ©but d’annĂ©e 2023. Et ce n’est pas tout : le QuĂ©bec se situe actuellement bien en dessous de cette moyenne mondiale, avec un taux de circularitĂ© 6 de seulement 3,5 % ! En comparaison, les Pays-Bas ont un impressionnant indice de circularitĂ© de 24,5 % et visent Ă  rendre leur Ă©conomie pleinement circulaire d’ici 2050.

ConcrĂštement, ces chiffres signifient que pas moins de 96,5 % des ressources consommĂ©es au QuĂ©bec ne sont pas rĂ©intĂ©grĂ©es dans notre Ă©conomie et revalorisĂ©es. Il ne faut pas non plus oublier les consĂ©quences que cela entraĂźne sur notre systĂšme de gestion des matiĂšres rĂ©siduelles. Mais comme nous le montrent la hiĂ©rarchie des 3RV-Eet les principes de l’économie circulaire, un autre modĂšle est Ă  notre portĂ©e. Nous pouvons adopter de meilleures pratiques pour que les rĂ©sidus ultimes le soient vĂ©ritablement ! n

RĂ©seau Environnement recommande d’exiger que toute matiĂšre rĂ©siduelle acheminĂ©e comme « dĂ©chet » et non triĂ©e au prĂ©alable – par exemple, les ordures mĂ©nagĂšres, dans le secteur des industries, des commerces et des institutions (ICI), ou encore les rĂ©sidus de construction, de rĂ©novation et de dĂ©molition (CRD) – fasse l’objet d’un tri en bonne et due forme avant d’ĂȘtre Ă©liminĂ©e.

L’objectif est clair : extraire toute matiĂšre valorisable et n’éliminer que les rĂ©sidus vĂ©ritablement ultimes. Mais le chemin pour s’y rendre nĂ©cessitera un mouvement collectif : pour passer Ă  la vitesse supĂ©rieure, RĂ©seau Environnement croit que la concertation de l’ensemble des parties prenantes du secteur de la gestion des matiĂšres rĂ©siduelles et des milieux utilisateurs est nĂ©cessaire.

1 RECYC-QUÉBEC. (2023). Bilan 2021 de la gestion des matiĂšres rĂ©siduelles au QuĂ©bec. https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/actualite/recyc-quebec-diffuse-les-resultats-du-bilan-2021-de-la-gestion-des-matieres-residuelles-au-quebec-bilan-gmr/

2 RECYC-QUÉBEC. (2019). Politique quĂ©bĂ©coise de gestion des matiĂšres rĂ©siduelles : plan d’action 2019-2024. https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/ïŹles/documents/plan-action-2019-2024-pqgmr.pdf

3 Réseau Environnement. (2021). Pour que les résidus ultimes le soient véritablement. https://reseau-environnement.com/wp-content/uploads/2021/05/RE_Memoire_V2_BAPE.pdf

4 RĂ©seau Environnement. (2022). Position de RĂ©seau Environnement concernant la prĂ©sence de SPFA dans les biosolides destinĂ©s Ă  l’épandage. https://reseau-environnement.com/position-de-reseau-environnement-concernant-la-presence-de-spfa-dans-les-biosolides-destines-a-lepandage/

5 Circle Economy. (2023). circularity gap report: 2023. https://www.circularity-gap.world/2023

6 Circle Economy et RECYC-QUÉBEC. (2021). Rapport sur l’indice de circularitĂ© de l’économie du QuĂ©bec. https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/ïŹles/documents/rapport-indice-circularite-fr.pdf

RÉSEAU ENVIRONNEMENT UN CHANGEMENT D’ÉCHELLE POUR UN QUÉBEC CIRCULAIRE
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Directrice générale

Centre de transfert technologique en Ă©cologie industrielle (CTTÉI)

claude.maheuxpicard@cttei.com

OUTILLER LES ENTREPRISES ET LES ORGANISATIONS

« Lorsque souffle le vent du changement, certains construisent des murs, d’autres des moulins. » J’aime ce proverbe qui illustre bien l’engagement constant du CTTÉI en faveur de la transition vers l’économie circulaire.

À titre de centre de transfert technologique affiliĂ© au CĂ©gep de SorelTracy, nous documentons des actions territoriales en Ă©conomie circulaire, nous diffusons des trucs et astuces pour donner plus de valeur Ă  vos rĂ©sidus et nous publions des outils gratuits visant Ă  aider les organisations Ă  s’engager dans la nĂ©cessaire transition socioĂ©conomique. Ces outils sont pour vous. N’hĂ©sitez pas Ă  les utiliser, Ă  les partager et Ă  nous faire connaĂźtre vos besoins.

COMBIEN COÛTE RÉELLEMENT LA GESTION DES RÉSIDUS ?

Le guide RĂ©aliser une analyse des coĂ»ts des flux de matiĂšres (ACFM) , Ă©laborĂ© avec le Centre de recherche en comptabilitĂ© et dĂ©veloppement durable (CerCeDD) de l’UniversitĂ© Laval, explique la maniĂšre de mesurer la valeur rĂ©elle de la gestion des dĂ©chets, qui va bien au-delĂ  du coĂ»t de levĂ©e d’un conteneur.

GrĂące Ă  cet outil qui prĂ©sente la dĂ©marche Ă©tape par Ă©tape, les gestionnaires peuvent mieux estimer les rĂ©percussions Ă©conomiques associĂ©es Ă  la gestion de leurs rĂ©sidus. Ils trouveront des occasions de rĂ©duire les dĂ©penses, d’optimiser leur chaĂźne de valeur et de rĂ©duire leur empreinte environnementale.

TROUSSE POUR UNE FEUILLE DE ROUTE RÉGIONALE EN ÉCONOMIE CIRCULAIRE

RĂ©alisĂ©e sous l’égide de RECYC-QUÉBEC et avec la collaboration du Conseil rĂ©gional de l’environnement et du dĂ©veloppement durable de l’Outaouais (CREDDO) et du Conseil rĂ©gional de l’environnement – rĂ©gion de la CapitaleNationale, cette trousse guide les municipalitĂ©s et les autres chefs de file rĂ©gionaux Ă  chaque Ă©tape de l’élaboration et de la mise en Ɠuvre d’une dĂ©marche rĂ©gionale d’économie circulaire.

La trousse est constituĂ©e d’un guide mĂ©thodologique et d’outils personnalisables : grille budgĂ©taire, Ă©chĂ©ancier, configuration de structure organisationnelle.

CARACTÉRISER LES MATIÈRES RÉSIDUELLES

Pour s’amĂ©liorer, il faut d’abord se mesurer ! C’est l’objectif de ce guide de caractĂ©risation des matiĂšres rĂ©siduelles Ă©laborĂ© avec la collaboration de Stratzer et de RECYC-QUÉBEC. Il fournit aux entreprises et aux organisations une mĂ©thodologie permettant de dresser le portrait quantitatif et qualitatif des matiĂšres rĂ©siduelles gĂ©nĂ©rĂ©es, rĂ©cupĂ©rĂ©es et jetĂ©es, et ce, par catĂ©gorie de matiĂšres.

L’organisation obtient la base nĂ©cessaire pour amĂ©liorer sa gestion des matiĂšres rĂ©siduelles, entreprendre de nouvelles dĂ©marches ou obtenir une certification comme ICI on recycle ! de RECYC-QUÉBEC. Avec ces chiffres en main, vous pouvez confirmer l’impact de vos mesures de rĂ©duction des dĂ©chets. Un incontournable !

ADOPTER LES MEILLEURES

PRATIQUES DE TRI DU BOIS DE CRD ÉlaborĂ© avec Stratzer pour le 3R MCDQ, ce guide rĂ©pertorie les meilleures pratiques Ă  implanter en centre de tri de rĂ©sidus de construction, de rĂ©novation et de dĂ©molition (CRD) pour permettre une valorisation maximale du bois post-consommation au QuĂ©bec.

Il dĂ©montre que poser quelques gestes simples peut augmenter la qualitĂ© des diffĂ©rentes catĂ©gories de bois et les revenus qu’on peut en tirer.

RECUEIL DES SYNERGIES

Les symbioses industrielles maillent des entreprises pour Ă©changer des ressources (rĂ©sidus, Ă©nergie, expertise, etc.) dans un rayon de proximitĂ©. Ces « synergies » permettent de dĂ©tourner de l’enfouissement des tonnes de rĂ©sidus et reprĂ©sentent autant d’économies pour les participants. Ce sont les membres de la communautĂ© de pratique Synergie QuĂ©bec qui, partout sur le territoire quĂ©bĂ©cois, concrĂ©tisent ces Ă©changes.

Des exemples chiffrĂ©s sont publiĂ©s depuis trois ans par le CTTÉI sous forme de recueils tĂ©lĂ©chargeables, prĂ©sentant les matiĂšres, les modalitĂ©s d’échange et de partage des ressources, les secteurs d’activitĂ© et les types d’entreprises, ainsi que les retombĂ©es probantes pour les organisations et leurs collectivitĂ©s de rattachement.

Ce service-conseil en économie circulaire est-il offert dans votre région ? Consultez le site www.synergiequebec.ca pour le savoir.

Tous les outils sont disponibles et téléchargeables gratuitement, sur notre site Internet : https://www.cttei.com/publications n

ÉCONOMIE CIRCULAIRE : DES OUTILS POUR SE METTRE EN ACTION
CTTÉI LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 19 Ce texte vous fait rĂ©agir ? Faites-nous part de vos commentaires en Ă©crivant Ă  info@magazine3rve.cc

ÉCONOMIE CIRCULAIRE

FAISONS DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE LA COLONNE VERTÉBRALE DE LA STRATÉGIE GOUVERNEMENTALE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE 2023-2028

Centre d’études et de recherches intersectorielles en Ă©conomie circulaire (CERIEC)

Dans l’ombre du conflit russo-ukrainien et de la menace inflationniste, pour ne nommer que ces enjeux-lĂ , la nouvelle n’a malheureusement pas fait grand bruit, mais la circularitĂ© de l’économie mondiale s’est encore dĂ©tĂ©riorĂ©e en 2022. En effet, lors du Forum Ă©conomique mondial de Davos, en janvier dernier, l’organisme nĂ©erlandais Circle Economy diffusait son cinquiĂšme rapport, lequel rĂ©vĂ©lait une statistique alarmante : la circularitĂ© de l’économie de la planĂšte aurait chutĂ©, l’an dernier, Ă  7,2 %. Rappelons que la premiĂšre mesure, effectuĂ©e en 2018, indiquait dĂ©jĂ  un taux prĂ©occupant de 9,1 %. Faut-il s’inquiĂ©ter de cette dĂ©tĂ©rioration ? La rĂ©ponse est sans Ă©quivoque : oui !

Alors qu’en 1972, la quantitĂ© de matiĂšres qui entraient dans l’économie mondiale Ă©tait de l’ordre de 28,6 milliards de tonnes, celle-ci franchissait, en 2019, la barre des 100 milliards de tonnes pour s’établir Ă  101,4 milliards de tonnes en 2021. Toujours selon le rapport de Circle Economy, si la tendance se maintient, cette quantitĂ© de matiĂšres nĂ©cessaires Ă  soutenir l’embonpoint de notre Ă©conomie pourrait se situer entre 170 et 184 milliards de tonnes en 2050. Lorsque l’on rĂ©alise que les ressources planĂ©taires sont fixes (y compris, en bonne partie, les ressources renouvelables, car celles-ci rĂ©pondent Ă  des cycles) et que la demande pour ces ressources augmente non seulement avec l’accroissement de la population, mais Ă©galement avec l’élargissement des besoins individuels, cela annonce une tempĂȘte parfaite.

En effet, l’humanitĂ© a franchi, en silence, la barre des huit milliards d’individus en novembre dernier. CombinĂ©e Ă  un recul de la circularitĂ©, cette statistique Ă©voque un impact encore plus important sur la biodiversitĂ© et, par effet domino, sur les changements climatiques. Ainsi, comme on le sait, le lien entre la nature et la mitigation des changements climatiques n’est plus Ă  faire 1. En consĂ©quence, la hausse de l’exploitation des ressources naturelles vierges Ă  grande Ă©chelle aura forcĂ©ment des rĂ©percussions sur la capacitĂ© de la nature Ă  attĂ©nuer les changements climatiques. Autre consĂ©quence, le UN Environment Programme estime que 50 % du PIB mondial est liĂ© Ă  la nature 2, entre autres par l’intermĂ©diaire des services Ă©cosystĂ©miques. Si une part importante de ces services rendus par la nature devait ĂȘtre remplacĂ©e par des technologies, cela entraĂźnerait inĂ©vitablement une ponction supplĂ©mentaire de ressources vierges. Je vous laisse imaginer la spirale


DĂ©cembre 2022 fut marquĂ© par la COP15 sur la biodiversitĂ©. Le constat parle de lui-mĂȘme : un million d’espĂšces sont menacĂ©es d’extinction, 85 % des zones humides (essentielles, entre autres, Ă  la reproduction de

1 UN Environment Programme (PNUE). (2020). Six ways nature can protect us from climate change https://www.unep.org/news-and-stories/story/six-ways-nature-can-protect-us-climate-change

2 PNUE. (2021). Becoming #GenerationRestoration: Ecosystem restoration for people, nature and climate. https://www.unep.org/resources/ecosystem-restoration-people-nature-climate

3 Stockholm Resilience Centre. (s. d.). The nine planetary boundaries. https://www.stockholmresilience.org/research/planetary-boundaries/the-nine-planetaryboundaries.html

4 United Nations. (2022). UN conference concludes with ‘historic’ deal to protect a third of the world’s biodiversity. https://news.un.org/en/story/2022/12/1131837

nombreuses espĂšces d’oiseaux, de batraciens et de poissons) ont disparu, et 75 % de la surface terrestre est altĂ©rĂ©e de maniĂšre significative, sans parler des rĂ©cifs coralliens, dont 50 % ont Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©s depuis 1870. Cela vous interpelle ? Moi aussi ! Je vous invite Ă  explorer la notion de « limites planĂ©taires », telle que dĂ©finie par le Stockholm Resilience Centre 3. Sur les neuf limites Ă©voquĂ©es,, cinq auraient Ă©tĂ© franchies, dont celle concernant l’intĂ©gritĂ© de la biosphĂšre.

Le 19 dĂ©cembre dernier, les nĂ©gociations Ă  la COP15 ont abouti sur un accord, soit celui visant Ă  protĂ©ger 30 % des terres et 30 % des mers d’ici 2030 4. Parmi les moyens Ă©voquĂ©s pour y arriver, notons la crĂ©ation d’un nouveau Fonds de soutien Ă  la prĂ©servation et Ă  la restauration de la biodiversitĂ©, la fin des subventions nĂ©fastes Ă  celle-ci, et un changement en profondeur de nos modĂšles Ă©conomiques. Cette transformation ne peut pas passer Ă  cĂŽtĂ© de la circularisation des flux de matiĂšres 5. Et cela ne se fera pas sans casser des Ɠufs. Le bateau coule ! Distribuer des vestes de sauvetage ne rĂ©glera pas le problĂšme ! Notre Ă©conomie carbure Ă  la surconsommation, au gaspillage et Ă  l’extraction des ressources sans Ă©gard Ă  leur fin de cycle. Il faut donc rapidement s’éloigner de la linĂ©aritĂ©. Cela dit, la circularitĂ© de l’économie ne fera pas miraculeusement disparaĂźtre tous les problĂšmes. Si nous ne devenons pas plus sobres en ce qui a trait Ă  notre consommation, le recours aux ressources vierges pour rĂ©pondre Ă  une hausse de la demande continuera d’évoluer Ă  un rythme qui mettra en pĂ©ril non seulement la biodiversitĂ©, mais Ă©galement nos chances d’atteindre nos cibles climatiques.

Le point positif, c’est que la transition est bel et bien amorcĂ©e. Non seulement, ici comme ailleurs, parle-t-on plus que jamais d’économie circulaire (environ la moitiĂ© des pays de la planĂšte ont des politiques publiques liĂ©es Ă  l’économie circulaire), mais la question de la sobriĂ©tĂ© prend Ă©galement de plus en plus de place dans l’espace public. Comment accĂ©lĂ©rer le mouvement au QuĂ©bec ? Voici ma suggestion : le gouvernement quĂ©bĂ©cois est Ă  rĂ©viser sa StratĂ©gie gouvernementale de dĂ©veloppement durable pour la pĂ©riode 2023-2028. Cette stratĂ©gie s’applique aux ministĂšres et organismes gouvernementaux. Or, non seulement faire de l’économie circulaire la colonne vertĂ©brale de cette stratĂ©gie aurait du sens (car sans Ă©conomie circulaire, point de dĂ©veloppement durable), mais en alignant l’ensemble des politiques publiques et des initiatives pertinentes Ă  l’économie circulaire issues des ministĂšres et organismes assujettis, on s’assurerait d’une grande cohĂ©rence et d’un puissant coup d’accĂ©lĂ©rateur.

Pour en apprendre davantage, je vous invite à parcourir le mémoire que le CERIEC a déposé en commission parlementaire, le 2 février dernier 6 .

Vous voulez participer aux discussions touchant la transition vers l’économie circulaire ? Soyez prĂ©sents en grand nombre Ă  Americana 2023 : plusieurs sessions aborderont ce sujet. n

5 MinistÚre français de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. (2022). La COP15 biodiversité aboutit à un accord https://www.ecologie.gouv.fr/cop15-biodiversite-aboutit-accord

6 CERIEC. (2023). Mémoire CERIEC | Stratégie gouvernementale de développement durable 2023-2028 https://www.quebeccirculaire.org/library/h/memoire-ceriecstrategie-gouvernementale-de-developpement-durable-2023-2028.html

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Centre de récupération de la matiÚre organique (CRMO)

Ville de Québec, Canada

Collecte par sacs de couleur (co-collection) - 80 TPH

"Ce systĂšme est une premiĂšre en AmĂ©rique du Nord. C'est une occasion en or de dĂ©montrer notre expertise localement et d'apporter une nouvelle façon de faire afin d’extraire et de valoriser la matiĂšre organique enfouie dans nos dĂ©chets. Au cours des derniĂšres annĂ©es, nous avons raffinĂ© nos solutions en Europe dans le traitement des matiĂšres rĂ©siduelles rĂ©sidentielles et commerciales, et nous arrivons au QuĂ©bec avec une approche novatrice qui constitue un dĂ©fi trĂšs stimulant pour nous", explique Jonathan MĂ©nard, vice-prĂ©sident des ventes et du positionnement stratĂ©gique chez Machinex.

L’EURÊKA D’ÉCO-CAPTATION

L’entreprise Éco-captation est Ă  l’origine d’une vĂ©ritable rĂ©volution dans le recyclage du polystyrĂšne (PS), le fameux « plastique no 6 », cet indĂ©sirable des bacs bleus. S’il n’en tient qu’à son fondateur, Gilles Venne, le modĂšle de la PME deviendra pancanadien.

« C’est un concept qui va probablement s’inscrire dans l’histoire de la gestion des matiĂšres rĂ©siduelles au QuĂ©bec », estime-t-il.

Éco-captation exploite une usine Ă  PrĂ©vost, dans les Laurentides, oĂč environ 500 tonnes de polystyrĂšne en vrac, rĂ©cupĂ©rĂ©es en bonne partie aux Ă©cocentres, peuvent ĂȘtre triĂ©es annuellement dans une usine Ă  la ïŹne pointe de la technologie, avec l’aide de l’intelligence artiïŹcielle.

PropriĂ©tĂ© de NexKemia depuis novembre 2022, l’entreprise prĂ©voit construire au cours de la prochaine annĂ©e une deuxiĂšme usine aïŹn de pouvoir traiter tout le polystyrĂšne qu’elle rĂ©cupĂšre. L’emplacement n’a pas encore Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©. Son entrĂ©e en service est prĂ©vue au printemps 2024.

La matiĂšre transformĂ©e en agrĂ©gat par Éco-captation a diffĂ©rentes utilitĂ©s et s’inscrit dans un concept d’économie circulaire. Un exemple ? Le polystyrĂšne en granules est un des ingrĂ©dients de la recette parfaite de bĂ©ton mise au point par le fabricant quĂ©bĂ©cois de mobilier urbain Simax.

UN HOMME DÉTERMINÉ

L’ingĂ©niositĂ© et la dĂ©termination de Gilles Venne, dĂ©sormais directeur du dĂ©veloppement des affaires pour le Canada et l’Est des États-Unis, sont Ă  l’origine de la mise sur pied d’Éco-captation.

M. Venne a eu la « piqĂ»re » du polystyrĂšne en 2015, alors qu’il travaillait chez Cascades. Il avait Ă  l’époque participĂ© avec RECYC-QUÉBEC Ă  un projet-pilote sur le recyclage du polystyrĂšne.

« Il a Ă©tĂ© conclu que parce que c’est une matiĂšre lĂ©gĂšre, ce n’est rentable pour personne. Et ça a Ă©tĂ© abandonnĂ© », explique-t-il.

Les annĂ©es ont passĂ©, mais son intĂ©rĂȘt pour le recyclage de cette matiĂšre, qui occupe un volume important dans les poubelles, est demeurĂ© aussi vif.

Éco-captation a ainsi vu le jour en 2019, aprĂšs qu’AndrĂ© et Sylvain Gagnon – propriĂ©taires du Groupe Gagnon, une entreprise de PrĂ©vost spĂ©cialisĂ©e dans le dĂ©chiquetage et l’entreposage de documents – ont invitĂ© Gilles Venne Ă  dĂ©marrer une division axĂ©e sur le recyclage du polystyrĂšne. Avant de commencer Ă  le rĂ©cupĂ©rer, M. Venne s’est employĂ©

Ă  y trouver une « deuxiĂšme vie ». L’utilisation du polystyrĂšne recyclĂ© dans les produits de commoditĂ© a Ă©tĂ© priorisĂ©e au terme de plusieurs tests.

CHANGEMENT DE PROPRIÉTAIRES

M. Venne a par la suite convaincu, une Ă  une, les administrations municipales d’installer des bacs de rĂ©cupĂ©ration de polystyrĂšne, entre autres celui utilisĂ© pour les barquettes alimentaires et les emballages de produits de consommation.

À ce jour, Éco-captation a des ententes avec 75 Ă©cocentres. Mais l’entreprise veut rĂ©cupĂ©rer le polystyrĂšne dans les 396 Ă©cocentres quĂ©bĂ©cois d’ici deux ans.

Le retrait, l’an dernier, d’AndrĂ© Gagnon des activitĂ©s du Groupe Gagnon et le dĂ©sir de son ïŹls Sylvain de ne plus poursuivre l’aventure d’Éco-captation auraient pu sonner le glas de l’entreprise. Mais Gilles Venne a multipliĂ© les dĂ©marches pour trouver de nouveaux partenaires. Et il a trouvĂ© une oreille attentive chez les propriĂ©taires de NexKemia.

L’entreprise de Mansonville, en Estrie, fabrique une rĂ©sine de polystyrĂšne expansible utilisĂ©e dans la confection de plusieurs produits courants, dont les panneaux d’isolation employĂ©s dans le secteur de la construction.

« Un de nos rĂȘves est de faire un pas de plus vers la circularitĂ© et de nous assurer que le polystyrĂšne a une seconde vie », explique Pierre Beaudry, directeur gĂ©nĂ©ral de NexKemia.

L’acquisition, en novembre 2022, d’Éco-captation reprĂ©sentait donc une occasion Ă  saisir. Ainsi, NexKemia dĂ©veloppera sous peu une rĂ©sine contenant du polystyrĂšne recyclĂ©.

UN DÉFI : LE MODE DE FACTURATION

« On s’est donnĂ© comme objectif de ne plus enfouir aucun polystyrĂšne post-consommation – au QuĂ©bec pour commencer, et dans le reste du Canada par la suite », prĂ©cise Gilles Venne. Il collabore dĂ©jĂ  avec diffĂ©rents intervenants qui travaillent dans le domaine du plastique dans les autres provinces.

Dans quelques annĂ©es, chaque province pourrait donc compter une usine semblable Ă  celle mise sur pied par Éco-captation.

Le plus grand dĂ©ïŹ rencontrĂ© en cours de route par Gilles Venne a Ă©tĂ© de mettre en place un systĂšme de facturation qui n’est pas liĂ© Ă  la gestion des matiĂšres rĂ©siduelles : « Nous ne pouvons pas facturer [le polystyrĂšne] Ă  la tonne. Ça ne pĂšse rien », lance-t-il.

Éco-captation ne facture donc pas la matiĂšre, mais le service offert. « Le systĂšme de gestion des matiĂšres rĂ©siduelles, qui est en fonction d’un prix Ă  la tonne, freine le vrai dĂ©veloppement du recyclage », estime M. Venne.

Les objectifs Ă  moyen terme de l’entreprise sont d’optimiser les activitĂ©s de transport pour Ă©viter d’ajouter des camions sur la route, de mĂȘme qu’évaluer la rĂ©duction des gaz Ă  effet de serre gĂ©nĂ©rĂ©e par le service et les crĂ©dits de carbone qui y sont associĂ©s.

Gilles Venne afïŹrme qu’au ïŹl des ans, plusieurs personnes ont prĂ©dit l’échec d’Éco-captation. Mais le modĂšle a fait ses preuves : « Les sceptiques ont Ă©tĂ© bien confondus! », se rĂ©jouit-il. n

SUR LE RADAR Ce texte vous fait rĂ©agir ? Faites-nous part de vos commentaires en Ă©crivant Ă  info@magazine3rve.cc LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 24
Par Marie-France Létourneau
« Un de nos rĂȘves Ă©tait de faire un pas de plus vers la circularitĂ© et de nous assurer que le polystyrĂšne aura une seconde vie. »
— Pierre Beaudry, directeur gĂ©nĂ©ral de NexKemia

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MAIN-D’ƒUVRE FÉMININE DANS LE SECTEUR DE L’ENVIRONNEMENT : LE CHEMIN EST TRACÉ, IL FAUT

MAINTENANT L’EMPRUNTER !

Le dernier diagnostic industriel et de main-d’Ɠuvre d’EnviroCompĂ©tences, qui date de 2021-2022, fait Ă©tat d’une situation Ă©l oquente : seulement 29,7 % des postes du domaine de l’environnement sont occupĂ©s par des femmes. Cette statistique n’a pas Ă©voluĂ© depuis les Ă©ditions prĂ©cĂ©dentes, ce qui nous porte aujourd’hui Ă  questionner davantage le secteur sur cette donnĂ©e.

En parallĂšle, le marchĂ© du travail est en pleine mutation. Le secteur de l’environnement n’échappe pas Ă  la pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre qui est reliĂ©e de trĂšs prĂšs aux questions de santĂ© publique, et les enjeux auxquels font face les entreprises qui recrutent de la main-d’Ɠuvre ayant Ă©tudiĂ© en environnement sont alarmants.

À la lumiĂšre de la nouvelle stratĂ©gie vers la transition verte de la ministre de l’Emploi, il est important et stratĂ©gique de connaĂźtre les raisons et les enjeux de cette absence des femmes dans le milieu.

Il faut mesurer et comprendre pour agir. EnviroCompĂ©tences est toujours soucieux d’identifier les tendances provinciales, d’anticiper les dĂ©veloppements majeurs du secteur et d’en prĂ©venir les rĂ©percussions sur la main-d’Ɠuvre au moyen d’interventions pertinentes et adaptĂ©es.

C’est pourquoi EnviroCompĂ©tences a rĂ©alisĂ© une Ă©tude qui permettra de brosser un portrait de la main-d’Ɠuvre fĂ©minine du secteur. En attendant le rapport final, voici les tendances nettes et significatives :

= Le secteur de l’environnement est en pleine Ă©volution sur le plan du marchĂ© du travail, puisque les femmes se manifestent et se sentent de plus en plus concernĂ©es face au dĂ©fi des changements climatiques et des enjeux environnementaux.

= Plus de femmes occupent des postes de conseillÚre, de directrice et de chargée de mandats. Ce sont plus de femmes dans des postes décisionnels, qui contribuent à déterminer des orientations importantes au sein des entreprises. On observe donc une représentation de plus en plus adéquate des femmes dans les hautes sphÚres décisionnelles.

= Le besoin de bĂ©nĂ©ficier du point de vue et des intelligences (cartĂ©sienne et de cƓur) des femmes pour rĂ©soudre les nombreux problĂšmes environnementaux auxquels la sociĂ©tĂ© fait face favoriserait leur intĂ©gration dans le secteur.

EnviroCompĂ©tences vous invite Ă  suivre avec attention la sortie des rĂ©sultats complets de son enquĂȘte Ă  la fin mars 2023, sur son site Internet ( www.envirocompetences.org ).

Face Ă  ce constat, et pour favoriser l’équilibre hommes-femmes, les employeurs peuvent mettre au point des outils visant Ă  attĂ©nuer les limites liĂ©es au milieu de travail qui agissent nĂ©gativement sur la rĂ©tention des

femmes au sein des organisations, et ce, tout au long du cycle d’emploi des travailleurs au sein de l’organisation (recrutement, accueil/intĂ©gration, progression) :

= Adopter une dĂ©marche de recrutement le plus neutre possible Ă  l’égard du genre.

= Montrer une tolérance zéro face à toute forme de harcÚlement ou de sexisme : réagir immédiatement face à un collÚgue ou à un client problématique.

= Former le personnel sur les avantages d’une Ă©quipe mixte de travail, sur les prĂ©jugĂ©s et les stĂ©rĂ©otypes Ă  briser; favoriser le travail en Ă©quipe homme-femme.

= Instaurer des mĂ©canismes de communication et de formation sur les enjeux d’égalitĂ©.

= Ne pas discriminer en fonction du genre dans l’allocation des tĂąches et des responsabilitĂ©s afin de ne pas tomber dans les stĂ©rĂ©otypes.

= Offrir des possibilitĂ©s d’avancement Ă©quivalentes pour les hommes et les femmes; objectiver les Ă©valuations de rendement et la gestion de carriĂšre selon les compĂ©tences et non selon le genre.

= Intégrer des femmes dans la haute direction et les comités de travail décisionnels.

= Implanter un parrainage ou un mentorat en milieu de travail pour favoriser l’intĂ©gration.

= Mettre en valeur des modÚles féminins.

= FĂ©miniser les titres d’emploi.

= Offrir une bonne conciliation travail-famille; par exemple, offrir une garderie et des installations sportives en milieu de travail.

= Respecter l’équitĂ© salariale entre les hommes et les femmes.

GrĂące Ă  cette Ă©tude, nous pourrons mieux comprendre et mieux agir, car la main-d’Ɠuvre fĂ©minine est un bon bassin pour acquĂ©rir de nouvelles ressources au sein du secteur. Mieux comprendre permettra d’implanter des mesures, de bonnes solutions pour attirer les femmes vers une formation et un mĂ©tier ou une profession en environnement.

Surveillez aussi nos autres travaux ! n

GESTION HUMAINE DES RESSOURCES
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gdesrochers@maya.cc www.magazine3rve.cc Guy Des Rochers JOURNALISTE ET RÉDACTEUR 450 508-1515 TE E JOURNALIS ocher Des R ACTEUR T RÉD ochers 1515508450508www.magazine3rv gdesrochers@may 5 s@maya.cc Claude MAHEUX-PICARD Directrice gĂ©nĂ©rale Ing., M. Sc. A. claude.maheuxpicard@cttei.com 450 551-8090 poste 3518 Regional Sales Manager ReprĂ©sentant aux ventes Louis-Charles Lefebvre G7A 2T3 CANADA Saint-Nicolas (QuĂ©bec) 175, route Marie-Victorin 418 559-5899 lcl@groupelabrie.com 418 831-5255 1 800 463-6638 418 831-8250 ext. 6207 Jean Delisle Directeur divisions collecte selective et dĂ©neigement www.nrj.ca Entrepreneur gĂ©nĂ©ral Licence RBQ : 2865-3681-12 CertifiĂ© ISO 9001 23, avenue Milton Lachine, QuĂ©bec H8R 1K6 TĂ©lĂ©phone : 514 481-0451 # 230 TĂ©lĂ©copieur : 514 481-2899 Cellulaire : 514 913-0126 jdelisle@nrj.ca LES AMIS DE 3RVE LESBONS CONTACTS LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 28 Centre de traitement & lieu d’enfouissement de sols contaminĂ©s > 844.212.8484 > pdacruz@signaterre.com > 175, chemin de la Cabane-Ronde Mascouche (Qc) J7K 0P1 Pour nous contacter

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