Une occasion Ă saisir pour le secteur des CRD
Un changement dâĂ©chelle pour un QuĂ©bec circulaire
Ăconomie circulaire : des outils pour se mettre en action
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Une occasion Ă saisir pour le secteur des CRD
Un changement dâĂ©chelle pour un QuĂ©bec circulaire
Ăconomie circulaire : des outils pour se mettre en action
Chaque annĂ©e, plusieurs dizaines de milliers de tonnes de matĂ©riaux sont reçus Ă nos installations et de ce nombre, plus de 75% sont remis sur le marchĂ© en tant quâalternative Ă©cologique.
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« Le transfert complet du systĂšme aura lieu le 1er janvier 2025, dans moins de deux ans. Nous avons beaucoup de livrables Ă trĂšs court terme. Il y a de la fĂ©brilitĂ© et des apprĂ©hensions, mais je dis Ă mon Ă©quipe : âYes, we can!â Je sais que nous allons rĂ©ussir. »
â Maryse Vermette
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Contenu de bacs de recyclage qui ïŹnit par ĂȘtre brĂ»lĂ© en Asie, centres de tri aux pratiques douteuses, voire frauduleuses : les scandales se sont accumulĂ©s dans le domaine du recyclage dans les derniĂšres annĂ©es au QuĂ©bec. RĂ©sultat ? La population et les entreprises ont perdu conïŹance dans le systĂšme. Bien sĂ»r certains font un travail admirable, mais un coup de barre Ă©tait nĂ©cessaire et câest ce quâa fait Benoit Charette, ministre de lâEnvironnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
Ăvidemment, rien nâest jamais parfait. Je ne suis toujours pas convaincu du bien-fondĂ© de lâĂ©largissement de la consigne - je le dis depuis 15 ansqui fait partie de la stratĂ©gie du ministre. Ă mes yeux, cela augmentera dâune couche la complexitĂ© de la gestion des matiĂšres pour les citoyens qui risquent de continuer Ă tout mettre dans leur bac de recyclage de toute façon. De plus, cela multipliera les camions sur la route, sans parler du chaos apprĂ©hendĂ© aux diffĂ©rents points de dĂ©pĂŽts.
Mais, laissons la consigne de cĂŽtĂ© et concentrons-nous sur la grande rĂ©volution en cours dans le systĂšme de collecte sĂ©lective. Comme vous le dĂ©couvrirez plus en dĂ©tail dans notre reportage principal, le gouvernement provincial a confiĂ© lâautomne dernier Ă Ăco Entreprises QuĂ©bec (ĂEQ) la tĂąche gargantuesque de gĂ©rer la collecte sĂ©lective sur tout le territoire de la province. Actuellement, ĂEQ se contente de faire un chĂšque et la gestion est assurĂ©e par pas moins de 560 organismes municipaux. Le modĂšle dâaffaires sera complĂštement changĂ©.
ĂEQ devra sâentendre avec chacun des organismes municipaux : il souhaite quâils se regroupent pour aller chercher des contrats plus avantageux de service de collecte et de transport de la matiĂšre vers les centres de tri. Une fois triĂ©es, les matiĂšres seront reprises par ĂEQ et grĂące au volume, elle tentera dâaller chercher de meilleurs dĂ©bouchĂ©s.
Cette rĂ©volution doit se faire dans un temps record : moins de deux ans pour rĂ©aliser le transfert des responsabilitĂ©s et cinq ans pour arriver Ă un systĂšme mature. Pour y arriver, ĂEQ devra doubler son personnel alors que la pĂ©nurie de main-dâĆuvre frappe toujours.
La tĂąche est donc colossale. Mais, je crois quâĂEQ pourra relever le dĂ©fi. En grande partie parce que Maryse Vermette, la PDG, est aux commandes. Elle connaĂźt le monde municipal et le milieu de la collecte sĂ©lective sur le bout de ses doigts. Et, vous le lirez dans le reportage, elle mâapparaĂźt ĂȘtre une femme investie dâune mission. Elle veut faire de cette modernisation son legs. Câest une leader forte, inspirante et câest ce dont son Ă©quipe â et les personnes qui la joindront - a besoin pour rĂ©aliser ce projet plus grand que nature.
MunicipalitĂ©s, centres de tri, entreprises productrices de matiĂšres Ă recycler, citoyens : il est temps de se rallier et de ramer tous dans le mĂȘme sens. Le statu quo nâĂ©tait plus une option. Et comme le rĂ©vĂ©lait lâan dernier le rapport LâĂ©tat des lieux et la gestion des rĂ©sidus ultimes du Bureau dâaudiences publiques sur lâenvironnement (BAPE), lâenfouissement de dĂ©chets dans la province a connu une nette augmentation depuis 2015, et ce, mĂȘme si les bacs de recyclage nâont jamais Ă©tĂ© aussi pleins.
Vous apprendrez aussi dans la chronique de Daniel Normandin, directeur du Centre dâĂ©tudes et de recherche intersectorielles en Ă©conomie circulaire, que la circularitĂ© de lâĂ©conomie de la planĂšte aurait chutĂ© Ă 7,2 % lâan dernier alors quâelle Ă©tait Ă 9,1 % en 2018.
De son cĂŽtĂ©, le gouvernement du QuĂ©bec souhaite toutefois mettre le pied sur lâaccĂ©lĂ©rateur dans le domaine de lâĂ©conomie circulaire ces prochaines annĂ©es. Est-ce que la modernisation du systĂšme de collecte sĂ©lective pilotĂ© par ĂEQ pourrait avoir un impact positif ? Certainement ! En Ă©largissant le mandat dâĂEQ, le gouvernement provincial met toutes les chances de son cĂŽtĂ© pour voir Ă©merger une rĂ©elle transformation des pratiques. Je pense par exemple Ă la rĂ©duction du suremballage, mais aussi, Ă la rĂ©utilisation des matiĂšres pour rĂ©duire au maximum ce quâon envoie au centre de tri.
Qui sait, le QuĂ©bec pourrait mĂȘme rĂ©aliser de petits miracles et devenir un exemple citĂ© dans le monde en matiĂšre Ă©conomie circulaire. Chose certaine, il est temps dâavancer ensemble. n
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En raison du grand nombre dâorganismes municipaux (il y en a plus de 560), qui se chargent de la collecte sĂ©lective chacun Ă sa façon, de la qualitĂ© quelquefois douteuse des matiĂšres recyclĂ©es et de lâabsence de reddition de comptes des centres de tri, la confiance de la population quĂ©bĂ©coise envers le systĂšme de recyclage et de rĂ©cupĂ©ration ne cesse de diminuer. En parallĂšle, lâinsatisfaction des entreprises mettant en marchĂ© des contenants, des emballages et des imprimĂ©s continue dâaugmenter, puisquâon leur demande de financer un systĂšme sans leur permettre de veiller Ă son rendement. AprĂšs des annĂ©es de tergiversations, le gouvernement du QuĂ©bec souhaite maintenant renverser ces tendances en confiant Ă Ăco Entreprises QuĂ©bec (ĂEQ) le mandat de gĂ©rer le systĂšme sur tout le territoire de la province. Sa PDG, Maryse Vermette, nous parle de son « projet de vie ».
Le 24 octobre 2022, ĂEQ a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© comme organisme de gestion dĂ©signĂ© (OGD) pour mener la modernisation du systĂšme de collective sĂ©lective, au terme dâune importante rĂ©flexion du gouvernement et dâune Ă©tude commandĂ©e au Bureau dâaudiences publiques sur lâenvironnement (BAPE) par le ministre provincial de lâEnvironnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette.
Pourquoi cette organisation plutĂŽt quâune autre ? Parce quâelle collabore Ă©troitement avec les producteurs depuis 2005. « Cette annĂ©e-lĂ , la Loi sur la qualitĂ© de lâenvironnement avait instituĂ© un principe voulant que les producteurs, soit les
entreprises que nous reprĂ©sentons, Ă©taient financiĂšrement responsables du systĂšme de collecte sĂ©lective au QuĂ©bec, explique Maryse Vermette. Depuis, ĂEQ joue un rĂŽle de percepteur auprĂšs de ceux-ci : nous percevons les sommes nĂ©cessaires pour indemniser les municipalitĂ©s en ce qui concerne les coĂ»ts du systĂšme de collecte sĂ©lective. Nous sommes les financiers du systĂšme. Câest notre rĂŽle premier. »
Assez rapidement, un problĂšme est apparu : les producteurs ont lâimpression de signer des chĂšques en blanc. « Ils paient un systĂšme sans avoir droit de regard sur la façon dont celui-ci est exploitĂ©, gĂ©rĂ© et encadrĂ©. Il nây a pas de reddition de comptes sur
les taux de rĂ©cupĂ©ration ni sur les taux de recyclage. AprĂšs toutes les crises de recyclage quâon a connues au cours des derniĂšres annĂ©es, cela devenait un enjeu. Les entreprises voulaient encadrer le systĂšme quâelles ïŹnancent. »
Ce dĂ©sir de saine gestion est nommĂ©, expliquĂ© et rĂ©pĂ©tĂ© depuis une dĂ©cennie. « Depuis 2005, jâai vu toutes les dĂ©marches rĂ©alisĂ©es auprĂšs des diffĂ©rents gouvernements et ministres qui se sont succĂ©dĂ©, afin de les sensibiliser Ă notre vision, pour que les entreprises puissent avoir le contrĂŽle du systĂšme et pas seulement signer un chĂšque une fois par annĂ©e. »
AprĂšs avoir Ă©tĂ© entendu et avoir assistĂ© aux changements lĂ©gislatifs et rĂ©glementaires au cours des deux derniĂšres annĂ©es, Ăco Entreprises QuĂ©bec a Ă lâautomne 2022 Ă©tĂ© dĂ©signĂ© par RECYC-QUĂBEC comme leader du nouveau systĂšme. En entrevue, Maryse Vermette parle dâun aboutissement. On pourrait quasiment dire que câest un soulagement pour celle qui a menĂ© le projet Ă bout de bras.
Ouvrons une parenthĂšse sur son parcours pour mieux comprendre son attachement Ă la protection de lâenvironnement. « Dans ma jeunesse, jâĂ©tais membre des jeunes naturalistes, se souvient-elle avec un sourire dans la voix. Ă une Ă©poque oĂč on parlait peu de protection de lâenvironnement, ça mâanimait dĂ©jĂ . Toute ma vie, jâai Ă©tĂ© prĂ©occupĂ©e par la mise en place de mesures pour Ă©viter la pollution, pour protĂ©ger les terres agricoles et pour bien gĂ©rer nos dĂ©chets. »
Elle a Ă©tĂ© tĂ©moin de premiĂšre ligne en Ćuvrant pendant quinze ans Ă lâamĂ©nagement urbain du territoire pour la municipalitĂ© rĂ©gionale de comtĂ© (MRC) de Marguerite-DâYouville. « Câest un passage important dans ma vie professionnelle. Comme une MRC est un lieu de regroupement de services, jâai travaillĂ© Ă mettre en place diffĂ©rents types de services publics, comme le transport adaptĂ©, une cour municipale rĂ©gionale et lâuniïŹcation des services de police sur la Rive-Sud de MontrĂ©al. Jâai aussi travaillĂ© dans le domaine du dĂ©veloppement Ă©conomique, mis en place un conseil local de dĂ©veloppement et contribuĂ© Ă la protection du territoire agricole. »
Par-dessus tout, elle a instaurĂ© le premier systĂšme rĂ©gional de collecte sĂ©lective du QuĂ©bec au dĂ©but des annĂ©es 1990. « Nous Ă©tions des prĂ©curseurs ! » Durant cette pĂ©riode, elle a Ă©tĂ© nommĂ©e reprĂ©sentante de la FĂ©dĂ©ration quĂ©bĂ©coise des municipalitĂ©s sur le conseil de Collecte sĂ©lective QuĂ©bec, plus ou moins lâancĂȘtre dâĂEQ, alors que lâorganisation gĂ©rait des fonds privĂ©s pour appuyer les municipalitĂ©s dans lâimplantation de la collecte sĂ©lective. « Ă cette Ă©poque, les entreprises qui contribuaient Ă ce fonds trouvaient que ce nâĂ©tait pas Ă©quitable, car certaines y contribuaient sur une base volontaire tandis que dâautres nây contribuaient pas. Nous avons donc travaillĂ© pour faire en sorte que les producteurs deviennent ïŹnanciĂšrement responsables du systĂšme. »
Lâindustrie lui a alors demandĂ© si elle voulait mettre sur pied la nouvelle organisation afin de gĂ©rer le rĂ©gime de compensation. Non seulement at-elle dit oui, mais elle nâest jamais partie. « Pour moi, câest un projet de vie ! Ce qui se passe actuellement, la transformation que nous allons vivre au cours des prochaines annĂ©es, câest lâaboutissement dâune vision que jâai personnellement portĂ©e. »
En effet, elle a rĂ©ussi Ă susciter lâadhĂ©sion de son conseil dâadministration, des entreprises, du gouvernement et de diverses parties prenantes du milieu municipal. « Câest un gros changement pour les municipalitĂ©s. Câest un transfert de responsabilitĂ© vers les entreprises. Il fallait que les municipalitĂ©s deviennent des partenaires et non des opposants. »
En plus de tenir Ă la cohĂ©sion entre les intervenants, Maryse Vermette veut redonner au public conïŹance envers le systĂšme de collecte sĂ©lective et lâencourager Ă rĂ©cupĂ©rer encore plus et mieux. « Il y a encore beaucoup de travail Ă faire. Nos taux de rĂ©cupĂ©ration stagnent depuis des annĂ©es. Il faut redonner une deuxiĂšme vie Ă la matiĂšre que lâon met dans les bacs pour favoriser la circularitĂ©. »
Ne comptez pas sur elle pour baisser les bras. « Câest mon legs Ă la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise. Il me reste encore quelques annĂ©es avant la retraite, et je veux bien ancrer le projet. »
La nomination dâĂco Entreprises QuĂ©bec comme OGD du nouveau systĂšme a suscitĂ© des rĂ©actions plus que positives. Toutefois, les membres de lâĂ©quipe sont conscients de la montagne Ă gravir pour opĂ©rer ce changement de paradigme.
« Nous serons en transition organisationnelle. MĂȘme si nous connaissons bien la chaĂźne de valeur du recyclage et que nous avons plusieurs experts Ă lâinterne, nous devons nous assurer que lâĂ©quipe suivra. Comme nous devrons crĂ©er une Ă©quipe de vendeurs des matiĂšres recyclables que lâon retrouve dans les bacs, lâorganisation va grossir. »
Peu Ă peu, ĂEC passera de cinquante Ă prĂšs de cent employĂ©s pour bien sâoccuper dâun marchĂ© dâau moins 300 millions de dollars. MalgrĂ© la pĂ©nurie de main-dâĆuvre, la PDG ne croit pas avoir du mal Ă pourvoir les postes Ă venir. « Nous sommes attractifs grĂące Ă notre mission : âDe la collecte sĂ©lective Ă lâĂ©conomie circulaire, ensemble pour un monde durableâ. Nous voulons changer
les choses et amĂ©liorer le systĂšme. Les gens ont envie de donner un sens Ă leur carriĂšre et de faire partie de quelque chose de plus grand quâeux, pour se sentir satisfaits au travail et pour avoir lâimpression de contribuer Ă amĂ©liorer le domaine. »
Si la planification de la modernisation avait commencé avant que les changements
rĂ©glementaires soient terminĂ©s, le rythme sâest accĂ©lĂ©rĂ© depuis. « Le transfert complet du systĂšme aura lieu le 1er janvier 2025, dans moins de deux ans. Nous avons beaucoup de livrables Ă trĂšs court terme. Il y a de la fĂ©brilitĂ© et des apprĂ©hensions, mais je dis Ă mon Ă©quipe : â Yes, we can!â Je sais que nous allons rĂ©ussir. »
ĂEQ se donne jusquâen 2030 pour arriver Ă un systĂšme mature. Pour ce faire, lâorganisation pourra miser sur lâindustrie qui a exercĂ© une pression positive en faveur de sa dĂ©signation. Si certains observateurs pourraient affirmer que cela relevait de lâĂ©vidence, Mme Vermette prĂ©fĂšre nuancer la situation. « Je crois que câest lâune des premiĂšres fois, au QuĂ©bec, quâon enlĂšve une responsabilitĂ© au monde municipal pour la donner au privĂ©. Ăa
demandait beaucoup de courage de la part du gouvernement. AprĂšs toutes les crises du recyclage, le statu quo nâĂ©tait plus une option et il fallait aller ailleurs. »
Elle Ă©tait loin dâĂȘtre seule Ă vouloir revoir le systĂšme opaque. « Les recycleurs nous disent depuis des annĂ©es quâils achĂštent de la matiĂšre avec un taux de contamination important. Les centres de tri, qui sont soumis Ă un processus dâappel dâoffres public, Ă©taient choisis selon le plus bas soumissionnaire. Les meilleures pratiques nâĂ©taient pas nĂ©cessairement appliquĂ©es partout. Il nous faut une approche systĂ©mique, lâencadrer avec les mĂȘmes rĂšgles du jeu pour tout le monde, et nous soucier de la qualitĂ© et de la traçabilitĂ© de la matiĂšre. »
Pour rallier tout le monde, la gestionnaire et son Ă©quipe ont menĂ© lâĂ©quivalent dâune campagne Ă©lectorale⊠sans grande opposition. « CâĂ©tait un passage obligĂ© en vertu du rĂšglement. Nous devions dĂ©poser notre candidature Ă RECYCQUĂBEC et recevoir un appui formel des producteurs. Câest pour ça que nous avons mis en place une campagne dâappui. »
Les entreprises devaient signiïŹer leur appui de façon formelle dans une pĂ©riode assez courte, en plein Ă©tĂ©. « Nous avons obtenu plus de 2000 appuis. Nous en sommes trĂšs ïŹers. Câest une belle marque de conïŹance. On parle dâentreprises du QuĂ©bec et dâailleurs. Pour elles, il allait de soi que ce rĂŽle nous revenait. »
Si lâopposition Ă©tait faible, voire inexistante, câest entre autres parce quâĂco Entreprises QuĂ©bec sâimpliquait depuis longtemps auprĂšs des intervenants de la collecte sĂ©lective : une façon de prĂ©parer le terrain.
« Nous nous Ă©tions donnĂ© le sobriquet dâoptimisateurs de la collecte sĂ©lective sur une base volontaire, souligne la PDG Maryse Vermette. Nous faisions de lâaccompagnement. Nous donnions des conseils. Il y a eu de belles rĂ©alisations. Ces dĂ©marches faisaient en sorte que nous Ă©tions en mesure de dĂ©montrer que nous avions la capacitĂ© dâaller plus loin et que nous serions capables dâassumer les responsabilitĂ©s pleines et entiĂšres du systĂšme. »
Tout au long du processus, lâorganisation sâest assurĂ©e de consulter les entreprises. « Nous avons fait des reprĂ©sentations et tenu des webinaires avec les producteurs malgrĂ© la pandĂ©mie, en plus dâorganiser plusieurs activitĂ©s de sensibilisation. Nous reprĂ©sentons les producteurs. Nous avons portĂ© leur voix. »
Le nouveau rĂšglement gouvernemental impose certaines obligations de gouvernance. « Le conseil dâadministration de notre organisme Ă but non lucratif doit ĂȘtre formĂ© de reprĂ©sentants des
producteurs, ce qui était déjà le cas, et de représentants de la chaßne de valeur, des experts. Le gouvernement est venu préciser certains critÚres portant sur la composition de notre CA, mais nous étions déjà une organisation regroupant des producteurs. »
Pendant la transition, Ăco Entreprises QuĂ©bec portera deux chapeaux : celui dâorganisme agréé pour le rĂ©gime de compensation jusquâen 2025 et celui, tout rĂ©cent, dâorganisme de gestion dĂ©signĂ© du nouveau systĂšme.
« Je crois que câest lâune des premiĂšres fois, au QuĂ©bec, quâon enlĂšve une responsabilitĂ© au monde municipal pour la donner au privĂ©. Ăa demandait beaucoup de courage de la part du gouvernement. AprĂšs toutes les crises du recyclage, le statu quo nâĂ©tait plus une option et il fallait aller ailleurs. »
Cyrculia Capital Inc. vise Ă mettre en Ćuvre un modĂšle commercial diffĂ©renciĂ© en crĂ©ant et en maintenant des entreprises capables de fournir des produits et des services engagĂ©s dans la voie de lâĂ©conomie verte et circulaire.
Quand on lui demande quels sont les plus grands obstacles qui se dresseront sur la route de son organisation, Maryse Vermette répond sans hésiter : convaincre les 560 organismes municipaux (MRC, villes, petites municipalités et autres) de se regrouper pour faciliter la collective sélective.
Nâallez pas croire quâĂEQ souhaite tasser les municipalitĂ©s. Au contraire. « Jâai travaillĂ© dans le monde municipal pendant quinze ans, rappelle-t-elle. Je sais que les municipalitĂ©s sont les mieux placĂ©es pour offrir un service de premiĂšre ligne Ă leurs citoyens. Ăa fait partie de leur ADN. Il est important quâelles jouent un rĂŽle nĂ©vralgique dans cette modernisation. »
Elle veut donc faire des municipalitĂ©s des fournisseurs de services â bien quâelle prĂ©fĂšre le mot partenaires â dans la collecte et le transport de la matiĂšre. « Il faut contracter des ententes avec elles qui comprendront un devis type quâelles devront utiliser pour lancer des appels dâoffres de collecte. Pour ce faire, il faut que les municipalitĂ©s se regroupent. »
Le regroupement nâest pas une suggestion ni un caprice. « Lâoptimisation passe par une masse critique, afin de nous assurer que le systĂšme de collecte soit performant. Je sais que certaines municipalitĂ©s nâaiment pas se regrouper pour offrir des services, mais nous allons uniquement signer des ententes avec des organisations reprĂ©sentant des municipalitĂ©s ayant une masse critique suffisante. »
Maryse Vermette rappelle que les municipalitĂ©s nâauront plus aucune responsabilitĂ© financiĂšre dans le secteur. « Elles recevront un chĂšque dâĂEQ pour ĂȘtre dĂ©dommagĂ©es et elles nâauront plus Ă taxer leurs citoyens pour ce volet. LâOGD paiera lâentiĂšretĂ© des dĂ©penses. En rĂ©sumĂ©, nous leur disons : âRegroupez-vous, et vous ne subirez aucun impact financier.â »
Ăco Entreprises QuĂ©bec souhaite collaborer avec environ 200 organismes municipaux. Et pour bien expliquer les nombreux changements Ă venir, lâorganisation fera une tournĂ©e des municipalitĂ©s. « Nous avons dĂ©jĂ commencĂ© la tournĂ©e, puisque jâai rencontrĂ© les prĂ©fets des MRC au dĂ©but dĂ©cembre, mais je souhaite maintenant me promener Ă travers le QuĂ©bec. Nous ne voulons pas gĂ©rer cela en direct de notre bureau Ă MontrĂ©al. Nous voulons rencontrer les gens chez eux et prendre le temps de jaser avec eux. »
Lâobjectif : dĂ©mystifier le systĂšme et leur faire comprendre lâobligation de rĂ©sultat. « Notre but est dâavoir le meilleur rapport qualitĂ©-prix. Le systĂšme est sous-capitalisĂ©. Il manque dâinvestissements. Il faut investir dans un systĂšme de traçabilitĂ© de la matiĂšre et dans nos centres de tri pour avoir
une matiĂšre de meilleure qualitĂ©. Ensuite, les revenus de revente de cette matiĂšre pourraient ĂȘtre supĂ©rieurs. »
La mise en commun des ressources municipales permettra certainement dâautres Ă©conomies. « En regroupant les municipalitĂ©s, il nây aura plus de camions Ă moitiĂ© vides qui vont se promener sur les routes. Il y aura une optimisation des coĂ»ts de collecte et de transport. Dans un horizon de cinq ans, cela donnera des rĂ©sultats positifs sur le plan financier. »
Les marqueurs temporels ne manquent pas. ĂEQ veut commencer les transferts de responsabilitĂ© en 2024 et terminer la transition en 2025. Parla
suite, la modernisation du systĂšme de collecte sâĂ©tendra Ă tous les secteurs dâactivitĂ© de la sociĂ©tĂ©. « Le gouvernement nous donne lâobligation dâencadrer un programme de collecte dans les lieux publics, dans les commerces, dans les industries, dans les hĂŽpitaux et dans les universitĂ©s. Ce sera un Ă©norme dĂ©fi ! »
Ce nâest pas tout. ĂEQ aura Ă©galement la responsabilitĂ© de collaborer avec les communautĂ©s Ă©loignĂ©es et celles du Grand Nord quĂ©bĂ©cois. « Nous travaillons avec les communautĂ©s autochtones pour nous assurer quâelles pourront elles aussi avoir accĂšs Ă un service. Nous ne pouvons pas aborder la gestion de ce service avec une communautĂ© innue du Grand Nord comme avec une municipalitĂ© qui gĂšre ce service depuis trente ans. Ăa aussi, ce sera un gros dĂ©fi. » n
« On nous demande de faire en cinq ans ce quâon nâa pas fait dans les trente derniĂšres annĂ©es. Mais jây crois. »
Lâan 2030 sera un moment nĂ©vralgique.
â Maryse Vermette
Ministre de lâEnvironnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, ministre responsable de la rĂ©gion des Laurentides
Dans ses efforts pour protĂ©ger lâenvironnement et lutter contre les changements climatiques, notre gouvernement sâest consacrĂ©, au cours des derniĂšres annĂ©es, Ă amĂ©liorer la gestion de nos matiĂšres rĂ©siduelles, et ce, Ă tous les niveaux de la hiĂ©rarchie des 3RV-E.
La Politique quĂ©bĂ©coise de gestion des matiĂšres rĂ©siduelles a pour objectif fondamental de faire en sorte que la seule matiĂšre rĂ©siduelle Ă©liminĂ©e au QuĂ©bec soit le rĂ©sidu ultime. Cela signiïŹe quâil faut utiliser au maximum le potentiel de valorisation de tous nos produits de consommation, et celui des matiĂšres rĂ©siduelles qui en dĂ©coulent.
Câest pourquoi nous avons notamment annoncĂ© la modernisation du systĂšme de consigne, de maniĂšre Ă amĂ©liorer le tri Ă la source, ainsi que la modernisation du systĂšme de collecte sĂ©lective des contenants, des emballages et des imprimĂ©s, aïŹn de rĂ©cupĂ©rer plus, mais surtout de recycler mieux.
Le systĂšme modernisĂ© de collecte sĂ©lective entrera graduellement en vigueur. Dâici novembre 2023, nous dĂ©ploierons la consigne modernisĂ©e pour les contenants de boissons « prĂȘtes Ă boire » de 100 millilitres Ă 2 litres, et dâici novembre 2025, nous ajouterons les contenants multicouches.
Je tiens Ă remercier les organismes de gestion dĂ©signĂ©s par RECYC-QUĂBEC â l'Association quĂ©bĂ©coise de rĂ©cupĂ©ration des contenants de boissons pour la consigne et Ăco Entreprises QuĂ©bec pour la collecte sĂ©lective â ainsi qu'Ă souligner les excellents partenariats amorcĂ©s avec eux. Ce sont eux qui reprĂ©sentent les producteurs dans leur obligation dâĂ©laborer, de
mettre en Ćuvre et de ïŹnancer chacun des systĂšmes qui seront modernisĂ©s.
Comme vous le savez, la responsabilitĂ© Ă©largie des producteurs (REP) vise Ă reconnaĂźtre les producteurs qui commercialisent, mettent en marchĂ© ou distribuent des produits, de leur conception jusquâĂ leur ïŹn de vie. Lâobjectif de la modernisation des deux systĂšmes est dâassurer la prise en charge efïŹcace de lâensemble des contenants, des emballages et des imprimĂ©s au QuĂ©bec. Ceux-ci seront dirigĂ©s vers des ïŹliĂšres performantes de rĂ©cupĂ©ration et de valorisation dans une perspective dâĂ©conomie circulaire.
En faisant plus avec moins, en rĂ©duisant Ă la source et en modiïŹant fondamentalement notre perception des dĂ©chets pour les considĂ©rer comme des ressources, nous avançons dans la bonne direction.
LâĂ©conomie circulaire est une avenue que nous devons continuer dâexplorer et de dĂ©velopper comme sociĂ©tĂ©. Câest dâailleurs lâun des pans de notre Plan pour une Ă©conomie verte 2030, qui jette les bases dâune Ă©conomie sobre en carbone, rĂ©siliente face aux changements climatiques et plus prospĂšre Ă lâhorizon 2030.
Je suis ïŹer de voir que partout au QuĂ©bec, les initiatives en ce sens se multiplient sous lâinïŹuence de lâĂtat, mais aussi sous celle des multiples autres agents de changement. Il sâagit lĂ dâune belle occasion pour les QuĂ©bĂ©coises et les QuĂ©bĂ©cois de dĂ©montrer leur capacitĂ© Ă sâadapter et Ă innover.
Benoit Charette
Kevin Morin Directeur général
Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) kmorin@ceteq.quebec
Le 25 janvier 2022 est une date importante pour les entreprises qui Ćuvrent dans le secteur des rĂ©sidus de construction, de rĂ©novation et de dĂ©molition (CRD). En effet, le Bureau dâaudiences publiques sur lâenvironnement (BAPE) publiait alors son rapport dâenquĂȘte sur LâĂ©tat des lieux et la gestion des rĂ©sidus ultimes, dans lequel les commissaires formulaient des avis afin de rĂ©duire la quantitĂ© de rĂ©sidus de CRD Ă©liminĂ©s annuellement. Par ailleurs, en dĂ©but dâannĂ©e 2023, RECYC-QUĂBEC publiait le Bilan 2021 de la gestion des matiĂšres rĂ©siduelles au QuĂ©bec , qui confirme une fois de plus que ces matiĂšres sont en augmentation et constituent la deuxiĂšme plus grande catĂ©gorie de matiĂšres Ă©liminĂ©es.
Câest parce que recourir Ă lâĂ©limination est plus simple et moins coĂ»teux que rĂ©cupĂ©rer, trier Ă la source, rĂ©employer, recycler et valoriser ces rĂ©sidus. Cette situation est exacerbĂ©e par des appels dâoffres publics qui favorisent le plus bas soumissionnaire conforme. Si le donneur dâordres nâexige pas que les rĂ©sidus de CRD soient recyclĂ©s, il y a fort Ă parier que celui qui remportera lâappel dâoffres public soit celui qui Ă©liminera les rĂ©sidus plutĂŽt que celui qui les recyclerait.
Quand on veut que les choses changent, il faut apporter sa contribution, et câest ce que nous faisons. Le CETEQ joue un rĂŽle clĂ© dans le secteur des CRD, notamment en coordonnant les rencontres du comitĂ© dâexperts du projet-pilote de traçabilitĂ© des rĂ©sidus de CRD de Stratzer visant Ă documenter son application sur le terrain. La traçabilitĂ© sera lâoutil par excellence pour sâassurer que les matiĂšres seront acheminĂ©es aux bons endroits.
Lâune des contributions les plus importantes du CETEQ au dossier est sans aucun doute sa participation au comitĂ© dâexperts de RECYC-QUĂBEC, dont lâobjectif Ă©tait de faire des propositions concrĂštes et applicables afin de favoriser lâadoption de meilleures pratiques pour gĂ©rer les rĂ©sidus de CRD.
Lâautomne dernier, le CETEQ et RECYC-QUĂBEC ont par ailleurs amorcĂ© des visites sur le terrain afin de mieux comprendre les besoins des entreprises. Plus celles-ci seront outillĂ©es, plus vite elles participeront aux succĂšs du secteur des CRD.
QUE RESTE-T-IL Ă FAIRE ?
Pour bĂątir une filiĂšre CRD forte, plusieurs actions devront ĂȘtre posĂ©es, mais parmi celles-ci, deux mĂ©ritent une attention plus particuliĂšre.
Dans sa StratĂ©gie de valorisation de la matiĂšre organique annoncĂ©e en 2020, le gouvernement du QuĂ©bec Ă©nonçait son intention dâintroduire, au
site dâemplois de lâĂ©conomie verte !
moyen de modifications au RĂšglement sur les redevances exigibles pour lâĂ©limination de matiĂšres rĂ©siduelles, des pĂ©nalitĂ©s pour les rĂ©sidus de CRD qui sont Ă©liminĂ©s sans avoir Ă©tĂ© prĂ©alablement acheminĂ©s Ă un centre de tri reconnu. Lâobjectif Ă©tait dâaugmenter la demande et lâoffre en matiĂšre de services de ces centres de tri, tout en amĂ©liorant leur compĂ©titivitĂ© par rapport aux lieux dâĂ©limination. Lâindustrie a saluĂ© cet engagement et souhaite toujours son implantation.
Comme dans tous les secteurs dâactivitĂ©, des entreprises font le choix de ne pas respecter les rĂšgles, notamment en faisant de lâaccumulation excessive de rĂ©sidus de CRD dans leurs installations. Ces entreprises nuisent Ă lâimage de lâindustrie et font une concurrence dĂ©loyale Ă celles qui respectent les rĂšgles. Le ministĂšre de lâEnvironnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a mis en place plusieurs mesures visant Ă Ă©viter de tels comportements, mais le CETEQ est dâavis que celles-ci atteindront leur pleine portĂ©e lorsque lâapplication sur le terrain sera renforcĂ©e.
Nous souhaitons donc une intervention rapide sur trois fronts. Dâabord, il faut plus dâinspecteurs sur le terrain pour dĂ©masquer les entreprises dĂ©linquantes. Il faut aussi imposer des pĂ©nalitĂ©s dissuasives aux entreprises qui font manifestement preuve de mauvaise foi dans lâapplication des rĂšglements environnementaux. Enfin, il faut accĂ©lĂ©rer les dĂ©marches judiciaires afin que, rapidement, ces entreprises rentrent dans le rang ou cessent leurs activitĂ©s qui, globalement, font plus de tort Ă lâenvironnement.
PrĂ©sentement, non seulement ces entreprises peuvent agir en toute impunitĂ©, mais pour les rares qui se font contrĂŽler, la lenteur du processus, combinĂ©e au faible montant des pĂ©nalitĂ©s, ne les incite mĂȘme pas Ă cesser leurs comportements. De surcroĂźt, si elles ne paient pas les pĂ©nalitĂ©s, ces entreprises ne subissent pas de vĂ©ritables consĂ©quences.
Au CETEQ, nous invitons les entreprises qui Ćuvrent dans le secteur des CRD Ă joindre nos rangs afin de consolider lâensemble de la chaĂźne de valeur que nous reprĂ©sentons et de dĂ©terminer les prochaines actions les plus structurantes pour dĂ©velopper la filiĂšre des CRD, qui offre tout un potentiel de croissance. Lâexpression « seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin » rĂ©sume exactement lâapproche que nous devons adopter dans notre secteur. n
DIVERSIFIEZ VOS APPROVISIONNEMENTS
RENTABILISEZ
RĂDUISEZ
VOTRE IMPACT
ENVIRONNEMENTAL
Le 26 janvier dernier, RECYC-QUĂBEC a diffusĂ© les rĂ©sultats du Bilan2021delagestiondesmatiĂšresrĂ©siduellesauQuĂ©bec1, qui Ă©tablit la quantitĂ© de matiĂšres Ă©liminĂ©es Ă 716 kg par habitant cette annĂ©e-lĂ . Non seulement ces rĂ©sultats montrent que notre production de dĂ©chets par habitant augmente lĂ©gĂšrement plus rapidement que notre population, mais ils nous Ă©loignent encore un peu plus des objectifs inscrits dans le plan dâaction 2019-2024 2 de la Politique quĂ©bĂ©coise de gestion des matiĂšres rĂ©siduelles. Autant dire que pour atteindre lâobjectif de 525 kg ou moins de matiĂšres Ă©liminĂ©es par habitant en 2023, il nous faudra bien plus quâun bac de compost ! Il nous faut un changement dâĂ©chelle de prioritĂ©s.
Pour RĂ©seau Environnement, il va de soi que les actions entreprises pour rĂ©duire la gĂ©nĂ©ration de « dĂ©chets » au QuĂ©bec passeront par lâouverture Ă de nouvelles approches technologiques nous permettant de mieux traiter les matiĂšres rĂ©siduelles avant dâĂ©liminer celles qui doivent lâĂȘtre. Mais ces gestes devraient aussi sâinscrire dans le respect des principes des 3RV-E : rĂ©duire Ă la source, rĂ©employer ce qui peut lâĂȘtre, recycler ce qui devrait lâĂȘtre, valoriser ce qui peut nous ĂȘtre utile ailleurs dans la chaĂźne de production et, en dernier recours, Ă©liminer ce qui se rend au bout de la chaĂźne de consommation sans rĂ©pondre Ă lâune ou lâautre de ces possibilitĂ©s Ă©cologiques.
Le 16 dĂ©cembre 2020, le ministre Benoit Charette a mandatĂ© le Bureau dâaudiences publiques sur lâenvironnement (BAPE) pour quâil tienne une enquĂȘte sur la gestion des rĂ©sidus ultimes. Dans son mĂ©moire 3 prĂ©sentĂ© au BAPE, RĂ©seau Environnement recommandait de prioriser les actions et les investissements des gouvernements et des entreprises privĂ©es en fonction de la hiĂ©rarchie des 3RV-E: « Ainsi, les mesures visant la rĂ©duction devraient donc ĂȘtre mises en place en premier et accaparer la plus grande part des efforts des parties prenantes. Viendraient ensuite les mesures permettant le rĂ©emploi, puis le recyclage et la valorisation Ă©nergĂ©tique. »
Un exemple Ă©vident dâaction Ă la source concerne le suremballage de nos produits de consommation. RĂ©glementer la mise en marchĂ© afin de rĂ©duire lâemballage et dâinterdire progressivement les produits faits de matiĂšre non recyclable et non valorisable reprĂ©sente une politique concrĂšte et en parfaite cohĂ©rence avec le premier « R » des principes du 3RV-E. Qui ne sâest jamais senti mal Ă la vue de fruits et de lĂ©gumes Ă©troitement recouverts de pellicule de plastique Ă lâĂ©picerie, ou encore en ouvrant Ă la maison un colis rempli de carton et de plastique sous toutes leurs formes ?
La mĂȘme logique sâapplique dans plusieurs positions prises par RĂ©seau Environnement, comme notre position 4 sur la prĂ©sence de substances
perfluoroalkylĂ©es et polyfluoroalkylĂ©es (PFAS) dans les biosolides destinĂ©s Ă lâĂ©pandage agricole. Nous produisons tous des biosolides, et leur « Ă©limination » nâest pas une solution viable. Leur recyclage reprĂ©sente toutefois un excellent modĂšle dâĂ©conomie circulaire. La qualitĂ© des matiĂšres demeure primordiale pour le succĂšs de cette filiĂšre : câest pourquoi nous croyons ĂȘtre en mesure dâexiger des normes de qualitĂ© rehaussĂ©e pour le recyclage de matiĂšres biosolides et, par consĂ©quent, de rĂ©duire Ă la source la prĂ©sence de PFAS dans ces derniĂšres.
Ici encore, il nous est possible dâagir Ă la source en visant lâinterdiction de lâutilisation des PFAS â conformĂ©ment Ă lâĂ©chelle de priorisation des 3RV-E â tout en nous assurant que les produits de remplacement ne seront pas aussi nĂ©fastes pour la santĂ© humaine et lâenvironnement. Mais pour concrĂ©tiser de tels choix et mettre en Ćuvre des politiques cohĂ©rentes avec les principes des 3RV-E, il faut non seulement de lâaudace de la part de nos dĂ©cideurs publics, mais un vĂ©ritable changement de culture dans la maniĂšre dont nous consommons au quotidien. En rĂ©alitĂ©, câest de la cohĂ©rence pure et simple.
Les rĂ©sultats du Bilan 2021 de RECYC-QUĂBEC font Ă©cho Ă un rĂ©cent rapport 5 de lâorganisme nĂ©erlandais Circle Economy, qui dĂ©montre un recul de la circularitĂ© dans le monde. En effet, lâindice de circularitĂ© de lâĂ©conomie mondiale, qui Ă©tait dĂ©jĂ faible, est passĂ© de 9,1 % en 2018 Ă seulement 7,2 % en dĂ©but dâannĂ©e 2023. Et ce nâest pas tout : le QuĂ©bec se situe actuellement bien en dessous de cette moyenne mondiale, avec un taux de circularitĂ© 6 de seulement 3,5 % ! En comparaison, les Pays-Bas ont un impressionnant indice de circularitĂ© de 24,5 % et visent Ă rendre leur Ă©conomie pleinement circulaire dâici 2050.
ConcrĂštement, ces chiffres signifient que pas moins de 96,5 % des ressources consommĂ©es au QuĂ©bec ne sont pas rĂ©intĂ©grĂ©es dans notre Ă©conomie et revalorisĂ©es. Il ne faut pas non plus oublier les consĂ©quences que cela entraĂźne sur notre systĂšme de gestion des matiĂšres rĂ©siduelles. Mais comme nous le montrent la hiĂ©rarchie des 3RV-Eet les principes de lâĂ©conomie circulaire, un autre modĂšle est Ă notre portĂ©e. Nous pouvons adopter de meilleures pratiques pour que les rĂ©sidus ultimes le soient vĂ©ritablement ! n
RĂ©seau Environnement recommande dâexiger que toute matiĂšre rĂ©siduelle acheminĂ©e comme « dĂ©chet » et non triĂ©e au prĂ©alable â par exemple, les ordures mĂ©nagĂšres, dans le secteur des industries, des commerces et des institutions (ICI), ou encore les rĂ©sidus de construction, de rĂ©novation et de dĂ©molition (CRD) â fasse lâobjet dâun tri en bonne et due forme avant dâĂȘtre Ă©liminĂ©e.
Lâobjectif est clair : extraire toute matiĂšre valorisable et nâĂ©liminer que les rĂ©sidus vĂ©ritablement ultimes. Mais le chemin pour sây rendre nĂ©cessitera un mouvement collectif : pour passer Ă la vitesse supĂ©rieure, RĂ©seau Environnement croit que la concertation de lâensemble des parties prenantes du secteur de la gestion des matiĂšres rĂ©siduelles et des milieux utilisateurs est nĂ©cessaire.
1 RECYC-QUĂBEC. (2023). Bilan 2021 de la gestion des matiĂšres rĂ©siduelles au QuĂ©bec. https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/actualite/recyc-quebec-diffuse-les-resultats-du-bilan-2021-de-la-gestion-des-matieres-residuelles-au-quebec-bilan-gmr/
2 RECYC-QUĂBEC. (2019). Politique quĂ©bĂ©coise de gestion des matiĂšres rĂ©siduelles : plan dâaction 2019-2024. https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/ïŹles/documents/plan-action-2019-2024-pqgmr.pdf
3 Réseau Environnement. (2021). Pour que les résidus ultimes le soient véritablement. https://reseau-environnement.com/wp-content/uploads/2021/05/RE_Memoire_V2_BAPE.pdf
4 RĂ©seau Environnement. (2022). Position de RĂ©seau Environnement concernant la prĂ©sence de SPFA dans les biosolides destinĂ©s Ă lâĂ©pandage. https://reseau-environnement.com/position-de-reseau-environnement-concernant-la-presence-de-spfa-dans-les-biosolides-destines-a-lepandage/
5 Circle Economy. (2023). circularity gap report: 2023. https://www.circularity-gap.world/2023
6 Circle Economy et RECYC-QUĂBEC. (2021). Rapport sur lâindice de circularitĂ© de lâĂ©conomie du QuĂ©bec. https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/ïŹles/documents/rapport-indice-circularite-fr.pdf
Directrice générale
Centre de transfert technologique en Ă©cologie industrielle (CTTĂI)
claude.maheuxpicard@cttei.com
« Lorsque souffle le vent du changement, certains construisent des murs, dâautres des moulins. » Jâaime ce proverbe qui illustre bien lâengagement constant du CTTĂI en faveur de la transition vers lâĂ©conomie circulaire.
Ă titre de centre de transfert technologique affiliĂ© au CĂ©gep de SorelTracy, nous documentons des actions territoriales en Ă©conomie circulaire, nous diffusons des trucs et astuces pour donner plus de valeur Ă vos rĂ©sidus et nous publions des outils gratuits visant Ă aider les organisations Ă sâengager dans la nĂ©cessaire transition socioĂ©conomique. Ces outils sont pour vous. NâhĂ©sitez pas Ă les utiliser, Ă les partager et Ă nous faire connaĂźtre vos besoins.
Le guide RĂ©aliser une analyse des coĂ»ts des flux de matiĂšres (ACFM) , Ă©laborĂ© avec le Centre de recherche en comptabilitĂ© et dĂ©veloppement durable (CerCeDD) de lâUniversitĂ© Laval, explique la maniĂšre de mesurer la valeur rĂ©elle de la gestion des dĂ©chets, qui va bien au-delĂ du coĂ»t de levĂ©e dâun conteneur.
GrĂące Ă cet outil qui prĂ©sente la dĂ©marche Ă©tape par Ă©tape, les gestionnaires peuvent mieux estimer les rĂ©percussions Ă©conomiques associĂ©es Ă la gestion de leurs rĂ©sidus. Ils trouveront des occasions de rĂ©duire les dĂ©penses, dâoptimiser leur chaĂźne de valeur et de rĂ©duire leur empreinte environnementale.
RĂ©alisĂ©e sous lâĂ©gide de RECYC-QUĂBEC et avec la collaboration du Conseil rĂ©gional de lâenvironnement et du dĂ©veloppement durable de lâOutaouais (CREDDO) et du Conseil rĂ©gional de lâenvironnement â rĂ©gion de la CapitaleNationale, cette trousse guide les municipalitĂ©s et les autres chefs de file rĂ©gionaux Ă chaque Ă©tape de lâĂ©laboration et de la mise en Ćuvre dâune dĂ©marche rĂ©gionale dâĂ©conomie circulaire.
La trousse est constituĂ©e dâun guide mĂ©thodologique et dâoutils personnalisables : grille budgĂ©taire, Ă©chĂ©ancier, configuration de structure organisationnelle.
Pour sâamĂ©liorer, il faut dâabord se mesurer ! Câest lâobjectif de ce guide de caractĂ©risation des matiĂšres rĂ©siduelles Ă©laborĂ© avec la collaboration de Stratzer et de RECYC-QUĂBEC. Il fournit aux entreprises et aux organisations une mĂ©thodologie permettant de dresser le portrait quantitatif et qualitatif des matiĂšres rĂ©siduelles gĂ©nĂ©rĂ©es, rĂ©cupĂ©rĂ©es et jetĂ©es, et ce, par catĂ©gorie de matiĂšres.
Lâorganisation obtient la base nĂ©cessaire pour amĂ©liorer sa gestion des matiĂšres rĂ©siduelles, entreprendre de nouvelles dĂ©marches ou obtenir une certification comme ICI on recycle ! de RECYC-QUĂBEC. Avec ces chiffres en main, vous pouvez confirmer lâimpact de vos mesures de rĂ©duction des dĂ©chets. Un incontournable !
ADOPTER LES MEILLEURES
PRATIQUES DE TRI DU BOIS DE CRD ĂlaborĂ© avec Stratzer pour le 3R MCDQ, ce guide rĂ©pertorie les meilleures pratiques Ă implanter en centre de tri de rĂ©sidus de construction, de rĂ©novation et de dĂ©molition (CRD) pour permettre une valorisation maximale du bois post-consommation au QuĂ©bec.
Il dĂ©montre que poser quelques gestes simples peut augmenter la qualitĂ© des diffĂ©rentes catĂ©gories de bois et les revenus quâon peut en tirer.
Les symbioses industrielles maillent des entreprises pour Ă©changer des ressources (rĂ©sidus, Ă©nergie, expertise, etc.) dans un rayon de proximitĂ©. Ces « synergies » permettent de dĂ©tourner de lâenfouissement des tonnes de rĂ©sidus et reprĂ©sentent autant dâĂ©conomies pour les participants. Ce sont les membres de la communautĂ© de pratique Synergie QuĂ©bec qui, partout sur le territoire quĂ©bĂ©cois, concrĂ©tisent ces Ă©changes.
Des exemples chiffrĂ©s sont publiĂ©s depuis trois ans par le CTTĂI sous forme de recueils tĂ©lĂ©chargeables, prĂ©sentant les matiĂšres, les modalitĂ©s dâĂ©change et de partage des ressources, les secteurs dâactivitĂ© et les types dâentreprises, ainsi que les retombĂ©es probantes pour les organisations et leurs collectivitĂ©s de rattachement.
Ce service-conseil en économie circulaire est-il offert dans votre région ? Consultez le site www.synergiequebec.ca pour le savoir.
Tous les outils sont disponibles et téléchargeables gratuitement, sur notre site Internet : https://www.cttei.com/publications n
Directeur
Centre dâĂ©tudes et de recherches intersectorielles en Ă©conomie circulaire (CERIEC)
daniel.normandin@etsmtl.caDans lâombre du conflit russo-ukrainien et de la menace inflationniste, pour ne nommer que ces enjeux-lĂ , la nouvelle nâa malheureusement pas fait grand bruit, mais la circularitĂ© de lâĂ©conomie mondiale sâest encore dĂ©tĂ©riorĂ©e en 2022. En effet, lors du Forum Ă©conomique mondial de Davos, en janvier dernier, lâorganisme nĂ©erlandais Circle Economy diffusait son cinquiĂšme rapport, lequel rĂ©vĂ©lait une statistique alarmante : la circularitĂ© de lâĂ©conomie de la planĂšte aurait chutĂ©, lâan dernier, Ă 7,2 %. Rappelons que la premiĂšre mesure, effectuĂ©e en 2018, indiquait dĂ©jĂ un taux prĂ©occupant de 9,1 %. Faut-il sâinquiĂ©ter de cette dĂ©tĂ©rioration ? La rĂ©ponse est sans Ă©quivoque : oui !
Alors quâen 1972, la quantitĂ© de matiĂšres qui entraient dans lâĂ©conomie mondiale Ă©tait de lâordre de 28,6 milliards de tonnes, celle-ci franchissait, en 2019, la barre des 100 milliards de tonnes pour sâĂ©tablir Ă 101,4 milliards de tonnes en 2021. Toujours selon le rapport de Circle Economy, si la tendance se maintient, cette quantitĂ© de matiĂšres nĂ©cessaires Ă soutenir lâembonpoint de notre Ă©conomie pourrait se situer entre 170 et 184 milliards de tonnes en 2050. Lorsque lâon rĂ©alise que les ressources planĂ©taires sont fixes (y compris, en bonne partie, les ressources renouvelables, car celles-ci rĂ©pondent Ă des cycles) et que la demande pour ces ressources augmente non seulement avec lâaccroissement de la population, mais Ă©galement avec lâĂ©largissement des besoins individuels, cela annonce une tempĂȘte parfaite.
En effet, lâhumanitĂ© a franchi, en silence, la barre des huit milliards dâindividus en novembre dernier. CombinĂ©e Ă un recul de la circularitĂ©, cette statistique Ă©voque un impact encore plus important sur la biodiversitĂ© et, par effet domino, sur les changements climatiques. Ainsi, comme on le sait, le lien entre la nature et la mitigation des changements climatiques nâest plus Ă faire 1. En consĂ©quence, la hausse de lâexploitation des ressources naturelles vierges Ă grande Ă©chelle aura forcĂ©ment des rĂ©percussions sur la capacitĂ© de la nature Ă attĂ©nuer les changements climatiques. Autre consĂ©quence, le UN Environment Programme estime que 50 % du PIB mondial est liĂ© Ă la nature 2, entre autres par lâintermĂ©diaire des services Ă©cosystĂ©miques. Si une part importante de ces services rendus par la nature devait ĂȘtre remplacĂ©e par des technologies, cela entraĂźnerait inĂ©vitablement une ponction supplĂ©mentaire de ressources vierges. Je vous laisse imaginer la spiraleâŠ
DĂ©cembre 2022 fut marquĂ© par la COP15 sur la biodiversitĂ©. Le constat parle de lui-mĂȘme : un million dâespĂšces sont menacĂ©es dâextinction, 85 % des zones humides (essentielles, entre autres, Ă la reproduction de
1 UN Environment Programme (PNUE). (2020). Six ways nature can protect us from climate change https://www.unep.org/news-and-stories/story/six-ways-nature-can-protect-us-climate-change
2 PNUE. (2021). Becoming #GenerationRestoration: Ecosystem restoration for people, nature and climate. https://www.unep.org/resources/ecosystem-restoration-people-nature-climate
3 Stockholm Resilience Centre. (s. d.). The nine planetary boundaries. https://www.stockholmresilience.org/research/planetary-boundaries/the-nine-planetaryboundaries.html
4 United Nations. (2022). UN conference concludes with âhistoricâ deal to protect a third of the worldâs biodiversity. https://news.un.org/en/story/2022/12/1131837
nombreuses espĂšces dâoiseaux, de batraciens et de poissons) ont disparu, et 75 % de la surface terrestre est altĂ©rĂ©e de maniĂšre significative, sans parler des rĂ©cifs coralliens, dont 50 % ont Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©s depuis 1870. Cela vous interpelle ? Moi aussi ! Je vous invite Ă explorer la notion de « limites planĂ©taires », telle que dĂ©finie par le Stockholm Resilience Centre 3. Sur les neuf limites Ă©voquĂ©es,, cinq auraient Ă©tĂ© franchies, dont celle concernant lâintĂ©gritĂ© de la biosphĂšre.
Le 19 dĂ©cembre dernier, les nĂ©gociations Ă la COP15 ont abouti sur un accord, soit celui visant Ă protĂ©ger 30 % des terres et 30 % des mers dâici 2030 4. Parmi les moyens Ă©voquĂ©s pour y arriver, notons la crĂ©ation dâun nouveau Fonds de soutien Ă la prĂ©servation et Ă la restauration de la biodiversitĂ©, la fin des subventions nĂ©fastes Ă celle-ci, et un changement en profondeur de nos modĂšles Ă©conomiques. Cette transformation ne peut pas passer Ă cĂŽtĂ© de la circularisation des flux de matiĂšres 5. Et cela ne se fera pas sans casser des Ćufs. Le bateau coule ! Distribuer des vestes de sauvetage ne rĂ©glera pas le problĂšme ! Notre Ă©conomie carbure Ă la surconsommation, au gaspillage et Ă lâextraction des ressources sans Ă©gard Ă leur fin de cycle. Il faut donc rapidement sâĂ©loigner de la linĂ©aritĂ©. Cela dit, la circularitĂ© de lâĂ©conomie ne fera pas miraculeusement disparaĂźtre tous les problĂšmes. Si nous ne devenons pas plus sobres en ce qui a trait Ă notre consommation, le recours aux ressources vierges pour rĂ©pondre Ă une hausse de la demande continuera dâĂ©voluer Ă un rythme qui mettra en pĂ©ril non seulement la biodiversitĂ©, mais Ă©galement nos chances dâatteindre nos cibles climatiques.
Le point positif, câest que la transition est bel et bien amorcĂ©e. Non seulement, ici comme ailleurs, parle-t-on plus que jamais dâĂ©conomie circulaire (environ la moitiĂ© des pays de la planĂšte ont des politiques publiques liĂ©es Ă lâĂ©conomie circulaire), mais la question de la sobriĂ©tĂ© prend Ă©galement de plus en plus de place dans lâespace public. Comment accĂ©lĂ©rer le mouvement au QuĂ©bec ? Voici ma suggestion : le gouvernement quĂ©bĂ©cois est Ă rĂ©viser sa StratĂ©gie gouvernementale de dĂ©veloppement durable pour la pĂ©riode 2023-2028. Cette stratĂ©gie sâapplique aux ministĂšres et organismes gouvernementaux. Or, non seulement faire de lâĂ©conomie circulaire la colonne vertĂ©brale de cette stratĂ©gie aurait du sens (car sans Ă©conomie circulaire, point de dĂ©veloppement durable), mais en alignant lâensemble des politiques publiques et des initiatives pertinentes Ă lâĂ©conomie circulaire issues des ministĂšres et organismes assujettis, on sâassurerait dâune grande cohĂ©rence et dâun puissant coup dâaccĂ©lĂ©rateur.
Pour en apprendre davantage, je vous invite à parcourir le mémoire que le CERIEC a déposé en commission parlementaire, le 2 février dernier 6 .
Vous voulez participer aux discussions touchant la transition vers lâĂ©conomie circulaire ? Soyez prĂ©sents en grand nombre Ă Americana 2023 : plusieurs sessions aborderont ce sujet. n
5 MinistÚre français de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. (2022). La COP15 biodiversité aboutit à un accord https://www.ecologie.gouv.fr/cop15-biodiversite-aboutit-accord
6 CERIEC. (2023). Mémoire CERIEC | Stratégie gouvernementale de développement durable 2023-2028 https://www.quebeccirculaire.org/library/h/memoire-ceriecstrategie-gouvernementale-de-developpement-durable-2023-2028.html
Ville de Québec, Canada
"Ce systĂšme est une premiĂšre en AmĂ©rique du Nord. C'est une occasion en or de dĂ©montrer notre expertise localement et d'apporter une nouvelle façon de faire afin dâextraire et de valoriser la matiĂšre organique enfouie dans nos dĂ©chets. Au cours des derniĂšres annĂ©es, nous avons raffinĂ© nos solutions en Europe dans le traitement des matiĂšres rĂ©siduelles rĂ©sidentielles et commerciales, et nous arrivons au QuĂ©bec avec une approche novatrice qui constitue un dĂ©fi trĂšs stimulant pour nous", explique Jonathan MĂ©nard, vice-prĂ©sident des ventes et du positionnement stratĂ©gique chez Machinex.
Lâentreprise Ăco-captation est Ă lâorigine dâune vĂ©ritable rĂ©volution dans le recyclage du polystyrĂšne (PS), le fameux « plastique no 6 », cet indĂ©sirable des bacs bleus. Sâil nâen tient quâĂ son fondateur, Gilles Venne, le modĂšle de la PME deviendra pancanadien.
« Câest un concept qui va probablement sâinscrire dans lâhistoire de la gestion des matiĂšres rĂ©siduelles au QuĂ©bec », estime-t-il.
Ăco-captation exploite une usine Ă PrĂ©vost, dans les Laurentides, oĂč environ 500 tonnes de polystyrĂšne en vrac, rĂ©cupĂ©rĂ©es en bonne partie aux Ă©cocentres, peuvent ĂȘtre triĂ©es annuellement dans une usine Ă la ïŹne pointe de la technologie, avec lâaide de lâintelligence artiïŹcielle.
PropriĂ©tĂ© de NexKemia depuis novembre 2022, lâentreprise prĂ©voit construire au cours de la prochaine annĂ©e une deuxiĂšme usine aïŹn de pouvoir traiter tout le polystyrĂšne quâelle rĂ©cupĂšre. Lâemplacement nâa pas encore Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©. Son entrĂ©e en service est prĂ©vue au printemps 2024.
La matiĂšre transformĂ©e en agrĂ©gat par Ăco-captation a diffĂ©rentes utilitĂ©s et sâinscrit dans un concept dâĂ©conomie circulaire. Un exemple ? Le polystyrĂšne en granules est un des ingrĂ©dients de la recette parfaite de bĂ©ton mise au point par le fabricant quĂ©bĂ©cois de mobilier urbain Simax.
LâingĂ©niositĂ© et la dĂ©termination de Gilles Venne, dĂ©sormais directeur du dĂ©veloppement des affaires pour le Canada et lâEst des Ătats-Unis, sont Ă lâorigine de la mise sur pied dâĂco-captation.
M. Venne a eu la « piqĂ»re » du polystyrĂšne en 2015, alors quâil travaillait chez Cascades. Il avait Ă lâĂ©poque participĂ© avec RECYC-QUĂBEC Ă un projet-pilote sur le recyclage du polystyrĂšne.
« Il a Ă©tĂ© conclu que parce que câest une matiĂšre lĂ©gĂšre, ce nâest rentable pour personne. Et ça a Ă©tĂ© abandonnĂ© », explique-t-il.
Les annĂ©es ont passĂ©, mais son intĂ©rĂȘt pour le recyclage de cette matiĂšre, qui occupe un volume important dans les poubelles, est demeurĂ© aussi vif.
Ăco-captation a ainsi vu le jour en 2019, aprĂšs quâAndrĂ© et Sylvain Gagnon â propriĂ©taires du Groupe Gagnon, une entreprise de PrĂ©vost spĂ©cialisĂ©e dans le dĂ©chiquetage et lâentreposage de documents â ont invitĂ© Gilles Venne Ă dĂ©marrer une division axĂ©e sur le recyclage du polystyrĂšne. Avant de commencer Ă le rĂ©cupĂ©rer, M. Venne sâest employĂ©
Ă y trouver une « deuxiĂšme vie ». Lâutilisation du polystyrĂšne recyclĂ© dans les produits de commoditĂ© a Ă©tĂ© priorisĂ©e au terme de plusieurs tests.
M. Venne a par la suite convaincu, une Ă une, les administrations municipales dâinstaller des bacs de rĂ©cupĂ©ration de polystyrĂšne, entre autres celui utilisĂ© pour les barquettes alimentaires et les emballages de produits de consommation.
Ă ce jour, Ăco-captation a des ententes avec 75 Ă©cocentres. Mais lâentreprise veut rĂ©cupĂ©rer le polystyrĂšne dans les 396 Ă©cocentres quĂ©bĂ©cois dâici deux ans.
Le retrait, lâan dernier, dâAndrĂ© Gagnon des activitĂ©s du Groupe Gagnon et le dĂ©sir de son ïŹls Sylvain de ne plus poursuivre lâaventure dâĂco-captation auraient pu sonner le glas de lâentreprise. Mais Gilles Venne a multipliĂ© les dĂ©marches pour trouver de nouveaux partenaires. Et il a trouvĂ© une oreille attentive chez les propriĂ©taires de NexKemia.
Lâentreprise de Mansonville, en Estrie, fabrique une rĂ©sine de polystyrĂšne expansible utilisĂ©e dans la confection de plusieurs produits courants, dont les panneaux dâisolation employĂ©s dans le secteur de la construction.
« Un de nos rĂȘves est de faire un pas de plus vers la circularitĂ© et de nous assurer que le polystyrĂšne a une seconde vie », explique Pierre Beaudry, directeur gĂ©nĂ©ral de NexKemia.
Lâacquisition, en novembre 2022, dâĂco-captation reprĂ©sentait donc une occasion Ă saisir. Ainsi, NexKemia dĂ©veloppera sous peu une rĂ©sine contenant du polystyrĂšne recyclĂ©.
« On sâest donnĂ© comme objectif de ne plus enfouir aucun polystyrĂšne post-consommation â au QuĂ©bec pour commencer, et dans le reste du Canada par la suite », prĂ©cise Gilles Venne. Il collabore dĂ©jĂ avec diffĂ©rents intervenants qui travaillent dans le domaine du plastique dans les autres provinces.
Dans quelques annĂ©es, chaque province pourrait donc compter une usine semblable Ă celle mise sur pied par Ăco-captation.
Le plus grand dĂ©ïŹ rencontrĂ© en cours de route par Gilles Venne a Ă©tĂ© de mettre en place un systĂšme de facturation qui nâest pas liĂ© Ă la gestion des matiĂšres rĂ©siduelles : « Nous ne pouvons pas facturer [le polystyrĂšne] Ă la tonne. Ăa ne pĂšse rien », lance-t-il.
Ăco-captation ne facture donc pas la matiĂšre, mais le service offert. « Le systĂšme de gestion des matiĂšres rĂ©siduelles, qui est en fonction dâun prix Ă la tonne, freine le vrai dĂ©veloppement du recyclage », estime M. Venne.
Les objectifs Ă moyen terme de lâentreprise sont dâoptimiser les activitĂ©s de transport pour Ă©viter dâajouter des camions sur la route, de mĂȘme quâĂ©valuer la rĂ©duction des gaz Ă effet de serre gĂ©nĂ©rĂ©e par le service et les crĂ©dits de carbone qui y sont associĂ©s.
Gilles Venne afïŹrme quâau ïŹl des ans, plusieurs personnes ont prĂ©dit lâĂ©chec dâĂco-captation. Mais le modĂšle a fait ses preuves : « Les sceptiques ont Ă©tĂ© bien confondus! », se rĂ©jouit-il. n
« Un de nos rĂȘves Ă©tait de faire un pas de plus vers la circularitĂ© et de nous assurer que le polystyrĂšne aura une seconde vie. »â Pierre Beaudry, directeur gĂ©nĂ©ral de NexKemia
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Le dernier diagnostic industriel et de main-dâĆuvre dâEnviroCompĂ©tences, qui date de 2021-2022, fait Ă©tat dâune situation Ă©l oquente : seulement 29,7 % des postes du domaine de lâenvironnement sont occupĂ©s par des femmes. Cette statistique nâa pas Ă©voluĂ© depuis les Ă©ditions prĂ©cĂ©dentes, ce qui nous porte aujourdâhui Ă questionner davantage le secteur sur cette donnĂ©e.
En parallĂšle, le marchĂ© du travail est en pleine mutation. Le secteur de lâenvironnement nâĂ©chappe pas Ă la pĂ©nurie de main-dâĆuvre qui est reliĂ©e de trĂšs prĂšs aux questions de santĂ© publique, et les enjeux auxquels font face les entreprises qui recrutent de la main-dâĆuvre ayant Ă©tudiĂ© en environnement sont alarmants.
Ă la lumiĂšre de la nouvelle stratĂ©gie vers la transition verte de la ministre de lâEmploi, il est important et stratĂ©gique de connaĂźtre les raisons et les enjeux de cette absence des femmes dans le milieu.
Il faut mesurer et comprendre pour agir. EnviroCompĂ©tences est toujours soucieux dâidentifier les tendances provinciales, dâanticiper les dĂ©veloppements majeurs du secteur et dâen prĂ©venir les rĂ©percussions sur la main-dâĆuvre au moyen dâinterventions pertinentes et adaptĂ©es.
Câest pourquoi EnviroCompĂ©tences a rĂ©alisĂ© une Ă©tude qui permettra de brosser un portrait de la main-dâĆuvre fĂ©minine du secteur. En attendant le rapport final, voici les tendances nettes et significatives :
= Le secteur de lâenvironnement est en pleine Ă©volution sur le plan du marchĂ© du travail, puisque les femmes se manifestent et se sentent de plus en plus concernĂ©es face au dĂ©fi des changements climatiques et des enjeux environnementaux.
= Plus de femmes occupent des postes de conseillÚre, de directrice et de chargée de mandats. Ce sont plus de femmes dans des postes décisionnels, qui contribuent à déterminer des orientations importantes au sein des entreprises. On observe donc une représentation de plus en plus adéquate des femmes dans les hautes sphÚres décisionnelles.
= Le besoin de bĂ©nĂ©ficier du point de vue et des intelligences (cartĂ©sienne et de cĆur) des femmes pour rĂ©soudre les nombreux problĂšmes environnementaux auxquels la sociĂ©tĂ© fait face favoriserait leur intĂ©gration dans le secteur.
EnviroCompĂ©tences vous invite Ă suivre avec attention la sortie des rĂ©sultats complets de son enquĂȘte Ă la fin mars 2023, sur son site Internet ( www.envirocompetences.org ).
Face Ă ce constat, et pour favoriser lâĂ©quilibre hommes-femmes, les employeurs peuvent mettre au point des outils visant Ă attĂ©nuer les limites liĂ©es au milieu de travail qui agissent nĂ©gativement sur la rĂ©tention des
femmes au sein des organisations, et ce, tout au long du cycle dâemploi des travailleurs au sein de lâorganisation (recrutement, accueil/intĂ©gration, progression) :
= Adopter une dĂ©marche de recrutement le plus neutre possible Ă lâĂ©gard du genre.
= Montrer une tolérance zéro face à toute forme de harcÚlement ou de sexisme : réagir immédiatement face à un collÚgue ou à un client problématique.
= Former le personnel sur les avantages dâune Ă©quipe mixte de travail, sur les prĂ©jugĂ©s et les stĂ©rĂ©otypes Ă briser; favoriser le travail en Ă©quipe homme-femme.
= Instaurer des mĂ©canismes de communication et de formation sur les enjeux dâĂ©galitĂ©.
= Ne pas discriminer en fonction du genre dans lâallocation des tĂąches et des responsabilitĂ©s afin de ne pas tomber dans les stĂ©rĂ©otypes.
= Offrir des possibilitĂ©s dâavancement Ă©quivalentes pour les hommes et les femmes; objectiver les Ă©valuations de rendement et la gestion de carriĂšre selon les compĂ©tences et non selon le genre.
= Intégrer des femmes dans la haute direction et les comités de travail décisionnels.
= Implanter un parrainage ou un mentorat en milieu de travail pour favoriser lâintĂ©gration.
= Mettre en valeur des modÚles féminins.
= FĂ©miniser les titres dâemploi.
= Offrir une bonne conciliation travail-famille; par exemple, offrir une garderie et des installations sportives en milieu de travail.
= Respecter lâĂ©quitĂ© salariale entre les hommes et les femmes.
GrĂące Ă cette Ă©tude, nous pourrons mieux comprendre et mieux agir, car la main-dâĆuvre fĂ©minine est un bon bassin pour acquĂ©rir de nouvelles ressources au sein du secteur. Mieux comprendre permettra dâimplanter des mesures, de bonnes solutions pour attirer les femmes vers une formation et un mĂ©tier ou une profession en environnement.
Surveillez aussi nos autres travaux ! n