International Lille Tattoo Convention, un Varan à Calais, le dressing de MannekenPis et des figurines très pop
STYLE
– 10
BRUSSELS COMICS FIGURINES MUSEUM
En dehors des cases
FLYLOUNGE
Comme un avion sans ailes
LIVRES
– 18
CORENTIN FOHLEN
Bas les masques
-
100 couvertures de magazines vraiment fausses, Le Tour du monde en 80 loses, Camping Flash – 22
PORTFOLIO
– 24
NICKO PHILLIPS
Manifeste contre la morosité
MUSIQUE –
32
Miki, Vincent Dedienne, Festival des musiques sacrées, Suzane, Ciné-concert E.T., The Raveonettes, Planète Rap, Brussels Jazz Festival, Vincent Delerm, Clara Luciani, Solann, Hooverphonic, Flora Fishbach, Laura Veirs, Feu! Chatterton
ÉCRANS –
52
La Voix de Hind Rajab, Animal Totem, L’Intermédiaire (Relay), La Condition, Ma Frère, Le Mage du Kremlin
EXPOSITION
– 58
Nick Brandt, Robert Doisneau, Girls, Étienne Poulle, Carnaval de Rio, Aket Kubic, Agenda…
THÉÂTRE & DANSE –
78
La Rose des Vents, Invisibili, L’Empreinte, Le Prénom, Le Crime de l’Orient-Express, Laura Laune, Bérengère Krief, Marion Mezadorian, Brel, Bovary Madame, Histoires en série, La Grande récré : sélection spectacles jeune public, Agenda…
Ont collaboré à ce numéro : Selina Aït Karroum, Thibaut Allemand, Mathilde Bourgain, Julien Damien, Camille Lombardo, Raphaël Nieuwjaer, Nicolas Pattou, Nicko Phillips, Lou-Anne Sedda, Arnaud Stoerkler et plus si affinités.
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PLAYLIST LM
La bande son de la rédaction
LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L’astrolab* - info@lastrolab.com L’astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours
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LM magazine est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement.
Ne pas jeter sur la voie publique.
Papier issu de forêts gérées durablement
TOM SKINNER
MILENA CASADO UNDER THE REEFS ORCHESTRA JAZZBOIS & MANY MORE
Lille Grand Palais se mue en temple de l’encre et de la créativité. 500 artistes venus du monde entier, de SumokKim à Horiei78, transforment la peau en œuvre vivante, du réalisme au néo-japonais. Sur 18 000 m², chaque geste devient performance, chaque trait raconte une histoire. Entre DJ sets et shows VTT freestyle, cette convention célèbre aussi la culture urbaine sous toutes ses formes. De quoi célébrer une scène en perpétuel mouvement.
Lille, 23 > 25.01.2026, Lille Grand Palais, ven : 14-23h • sam : 11h-23h • dim : 11h-20h 1 jour : 16 > 11€ (gratuit -12 ans) • pass 3 jours : 28€, lille-tattoo-convention.com
VOYAGE, VOYAGE
À Calais, un nouveau saurien mécanique glisse dans les rues : le Varan de Voyage. Ce cousin mobile du Dragon, long de près de 15 mètres est sculpté dans le même bois marin. Inspiré du varan pérenti, il arbore une robe noire et beige aux motifs rappelant la dentelle – la prestigieuse spécialité locale. Plus véloce, plus joueur, il file entre les quartiers, tête expressive en éclaireuse. À son bord, les voyageurs découvrent ainsi les replis secrets de la cité. De rencontre en émerveillement, cette machine vivante a trouvé sa place : pile là où l’imaginaire déborde sur le réel.
HABILLÉ POUR L’HIVER
À Bruxelles, la GardeRobe MannekenPis dévoile le dressing du plus petit provocateur de la capitale. Ici, 150 tenues racontent cinq siècles de coquetterie, entre folklore (carnaval de Binche) et célébrités (Polnareff ou Mozart). Avec plus de 1 000 costumes et une tradition d’habillage attestée dès 1615, le petit bronze reste la seule sculpture profane au monde à changer autant de look. Cet hiver encore, une vitrine pop-up de Noël brise la glace avec style !
GardeRobe MannekenPis, Bruxelles, mar > dim : 10-17h 5€ (gratuit -18 ans), brusselsmuseums.be
TOY STORY
Dans l’univers coloré d’Artoyz, la pop culture prend des airs de cabinet de curiosités. Côté musique, la marque française miniaturise les mythes avec un sens du détail qui frise le fétichisme. Rock, électro, disco… tout y passe, mais c’est surtout le hip-hop qui trouve ici son panthéon. Parmi les pépites, Outkast sort du lot avec des figurines au look aussi cosmic-funk que leurs albums. La paire d’Atlanta se transforme en objets cultes, parfaits pour les fans qui trouvent leur déco trop silencieuse. artoyz.com
ÉTOILE DES NEIGES...
À Aubagne, la tradition santonnière s’offre un dérapage contrôlé. Jean-Claude Dusse débarque dans la crèche grâce à Philippe Risch, maître des Santons Flore. Ce dernier rend hommage à Michel Blanc en miniaturisant le personnage culte des Bronzés font du ski. Combinaison orange, lunettes qui pendent, planté de bâton impeccable, le maladroit le plus attachant du cinéma français rejoint ainsi Jean-Pierre Papin ou Bernard Tapie. Tiré à 300 exemplaires, façonné et peint à la main, ce Dusse en argile prouve qu’en Provence on ne perd jamais le Nord. 18,90€ santons-flore.com
Au départ, il y a un homme : Paul Tasiaux, collectionneur acharné, convaincu que ses figurines méritaient mieux que des étagères privées. Il réunit sa passion, quelques complices du milieu BD, et en 2014 ouvre un premier espace à Schaerbeek avant de migrer sous la galerie Horta — emplacement central digne de ses mini-héros. Aujourd’hui, le musée aligne plus de 1 300 m² de vitrines, regroupant plusieurs centaines de personnages issues de la BD belge, des comics US et du manga. La promesse ? Un lieu simple, frontal, incarné. Tintin
en costume clair, Lucky Luke regard vissé vers l’Ouest, Batman hanté par son passé, Spider-Man prêt à bondir, Wonder Woman lasso en main, invincible et souveraine. Pas de textes fleuves ni de cartels : l’image surgit, la mémoire complète.
Les héros ne meurent jamais. Loin d’être kitsch, l’ensemble révèle une belle cohérence. Quelques décors pour l’ambiance — un bout de forêt schtroumpfisée, un clin d’œil aux Gaulois, un Far West minimaliste — mais jamais de surcharge immersive.
Le lieu revendique une décontraction, fidèle à l’esprit de son fondateur. Pas de stratégie blockbuster ici, mais l’âme d’un collectionneur qui partage ses trésors avec le public, constitué de familles, curieux et fans (plusieurs dizaines de milliers selon les saisons). On n’en ressort pas incollable en matière de BD ou de manga, mais on s’offre une bouffée de nostalgie, retrouvant ses héros comme de vieux amis. Fidèle à sa passion pour la BD, Bruxelles la célèbre ici sans bulle mais en la rendant vivante et palpable.
Brussels Comics Figurines Museum
Bruxelles, Rue du marché aux herbes, 116 lun, mar, ven, sam & dim : 10h30-18h 14,90 > 5€ (gratuit -4 ans) brussels-comics-figurines-museum.be
Flylounge
COMME UN AVION SANS AILES
Et si on dînait à 39 000 pieds d’altitude… sans quitter le sol ? Au Flylounge, dans le quartier européen de Bruxelles, on s’installe dans une vraie cabine d’Airbus A319, remontée pièce par pièce à l’intérieur d’un immeuble. Entre simulateur de vol, repas à bord, tournages et réunions d’affaires, cette drôle de machine défie la gravité comme les conventions.
À première vue, le Flylounge ressemble à un rêve d’enfant devenu un peu trop grand : un tronçon d’avion (de treize mètres), transporté en convoi spécial et installé au rez-de-chaussée d’un immeuble. À l’intérieur, tout est d’origine ou presque : hublots, sièges, voyants lumineux, cockpit fonctionnel. Mais ici, pas de gilets de sauvetage ni de plateau
en plastique : on sert des plats raffinés, un verre à la main, en regardant défiler… les convives. L’idée a germé dans la tête d’Alain Loiseau, passionné d’aviation et un brin utopiste. Faire atterrir un avion en ville pour le convertir en lieu d’expérience totale. Le soir ou le week-end, le Flylounge devient ainsi un restaurant et simulateur de vol. On peut y réserver une table, fêter un anniversaire,
se filmer aux commandes du cockpit ou participer à un concours d’annonce cabine. Pour les plus téméraires, une option « 15 minutes de pilotage » permet de s’essayer à un décollage sans quitter le plancher des vaches.
Une expérience de haut-vol
Le décor est saisissant : ambiance sonore, lumière tamisée, équipage en tenue. Entre deux bouchées, on visite le flight deck, on plaisante avec le "commandant", on s’improvise copilote. Le repas, signé d’un chef partenaire, n’a rien d’un plateau réchauffé, on navigue plutôt du côté du gastro urbain. Résultat, on partage une expérience aérienne, sans jetlag ni empreinte carbone. En semaine, notre zinc change de cap et se transforme en espace événementiel. Réunions, conférences, les sièges se réorganisent
en mode "cinéma", "banquet" ou "business class". Soit le cadre idéal pour bosser les pieds au sol, mais la tête dans les nuages.
Sky is the limit. Le lieu attire aussi le monde du cinéma. Le fuselage a déjà servi de décor à des clips et séries, comme OVNI(s) sur Canal+ ou le clip d’Angèle Amour, Haine & Danger. Ici, pas besoin d’effets spéciaux, tout est authentique, jusqu’au dernier bouton du tableau de bord. Et puis surtout, l’équipe revendique une accessibilité totale. L’avion est entièrement adapté aux personnes à mobilité réduite grâce, entre autres, à Nino Peeters, premier pilote paraplégique devenu conseiller en accessibilité. Cet ovni posé en plein Bruxelles est donc ouvert à tous. Avec Flylounge, on ne décolle pas, mais on s’évade quand même ! Nicolas Pattou
Flylounge Bruxelles, rue du commerce 65 flylounge.com + 32 (0)2 318 00 47
Dany Boon
Corentin Fohlen
BAS LES MASQUES
Avec Regardez ici pour voir, Corentin Fohlen dévoile les coulisses fragiles du portrait de presse. Quinze minutes pour apprivoiser une célébrité, une pièce trop petite, mais trois lumières bien placées et l’audace nécessaire pour saisir une vérité derrière la pose... Son livre raconte autant les images - une cinquantaine triées sur le volet que l’homme derrière l’objectif.
Photographe passé par le dessin, il aborde le portrait comme un art où l’urgence et l’improvisation dialoguent. Tout commence souvent par un coup de fil quelques heures avant la rencontre. Et le voilà à dénicher un décor convenable, à monter un éclairage, avant même d’avoir aperçu son modèle. Dans le chahut d’un bistrot ou le silence d’un bureau, il jongle avec le temps, l’espace, les consignes des attachés de presse et les caractères indociles. « Regardez ici pour voir » est sa formule fétiche pour capter l’instant où le masque glisse. Durant cette course folle, il parle peu : ses directives traquent une faille, une vibration. Un portrait, dit-il, « c’est la rencontre entre une attente et un fantasme » Et parfois, « le duo vire au duel ».
Saviano. Avec Robert Badinter, l’émotion jaillit : cette figure immense s’enflamme en évoquant le Vel d’Hiv’, frappe la table. L’image, sobre et frontale, se charge d’une intensité quasi testamentaire. À l’inverse, Roberto Saviano n’accorde que dix minutes. Une salle d’hôtel, trois fauteuils déplacés à la hâte, une assistante nerveuse et Corentin qui bute sur un meuble... Le cliché absorbe toute cette tension. Plus léger, Frédéric Pierrot s’abandonne au jeu : il s’allonge sur une table de bistrot en ébouriffant ses cheveux... Ici, la photo semble se faire toute seule. Au fil des pages, l’auteur interroge aussi le consentement et les poses genrées. Il refuse les attitudes
convenues et invite ses modèles à lui signaler la moindre incongruité. Un geste simple, mais qui dit son désir d’équilibrer l’échange. Obstiné mais traversé de doutes, il décrit un métier où l’instinct compte autant que la technique. Regardez ici pour voir n’est pas un album de "people", mais un journal de bord sensible, parfois râpeux. Fohlen y partage ses hésitations, ses élans, ses petites victoires. Il révèle surtout ce qu’on ne voit jamais : l’humanité cabossée qui surgit dans les rares secondes où tout s’aligne.
À lire / Regardez ici pour voir, Corentin Fohlen préface Hervé Letellier (Éd. Light Motiv), 144 p., 29€ editionslightmotiv.com corentinfohlen.com
Frédéric Pierrot Sandrine Kiberlain
Robert Badinter
GRANDPAMINI - 100 couvertures de magazines vraiment fausses (Hugo
Desinge)
Connaissiez-vous Destination Burn-Out, le guide du manager toxique, Versailles magazine et sa pétition contre le kebab ou encore Radin Malin ? Non ? C’est normal : ces revues n’existent pas… enfin, si, mais seulement à l’état de couverture. Ces titres parodiques sont nés de l’imagination fertile de Juan Loaiza, alias Grandpamini. Ce musicien parisien met son sens du nonsense au service d’hilarants pastiches de presse publiés sur les réseaux (68 000 abonnés), quelque part entre le Gorafi et Chris Esquerre. Un recueil qui observe à la perfection les codes de la presse… et montre qu’on peut rire de tout, même de ce qui n’existe pas. Indispensable ! 192 p., 17,99€. Julien Damien
FÉDÉRATION FRANÇAISE DE LA LOSE
Le Tour du monde en 80 loses (Marabout)
Avec Le Tour du monde en 80 loses, la FFL remet une pièce dans la machine à glorifier l’échec — et ça fait un bien fou. Après avoir canonisé nos gamelles nationales dans La Bible de la lose, la fédération la plus improbable du sport repart à l’international, sac au dos et second degré affûté. Direction Cleveland, Belo Horizonte ou Aukland, pour revisiter des célébrations trop rapides, bugs informatiques, remontadas assassines ou chutes d’anthologie. Un véritable guide touristique de la déroute universelle, illustré et jubilatoire, qui prouve que la France n’a pas le monopole du naufrage stylé. 256 p., 29,90€. Nicolas Pattou
FRANÇOIS PROST – Camping Flash
(Flashlight)
François Prost braque son objectif sur un territoire où la France reste championne du monde : le camping. Depuis 2022, le photographe sillonne l’Hexagone pour saisir, dans l’embrasure des caravanes, une communauté en bermuda. Derrière les portes entrouvertes, se dévoile une sociabilité brute faite d’apéros improvisés et de brossages de dents collectifs. Fidèle à son esthétique pop-flash vue dans After Party ou Love Hotel, Prost signe un portrait tendre d’un pays qui ne décroche jamais son auvent. Autoédité sous le label Flashlight et tiré à 1 000 exemplaires, Camping Flash s’annonce comme le futur classique des vacances à hauteur d’humain… ou de claquettes. 174 p., 40€. Nicolas Pattou
THOMAS
Mardi 13 janvier 2026
14h30 Scolaires • 18h30 Tout public
Médiathèque Jean Buridan
Dès 6 ans
Mardi 3 février 2026
14h30 Scolaires • 18h30 Tout public
Le Poche
Dès 3 ans
MANIFESTE CONTRE LA MOROSITÉ Nicko Phillips
« RENDRE LA JOURNÉE PLUS LUMINEUSE »
Installé à Melbourne, cet illustrateur et directeur artistique a fait de la joie une ligne de conduite. Chez lui, les visages sourient, les formes s’arrondissent, les teintes explosent – entre humour pop et farniente australienne. « J’aime dessiner des personnages assez loufoques et très colorés » confirme-t-il. Dans ses compositions, tout semble prêt à danser : un brocoli qui fait du roller ou gratte une guitare, un soleil rose au sourire satisfait. Rien de cynique, tout n’est que douceur et dérision. Nicko Phillips revendique un art accessible, imaginé pour « rendre la journée plus lumineuse ». Parmi ses œuvres phares, Peace Dude (notre couverture) résume parfaitement cet état d’esprit. Ce personnage rond et nonchalant, teinté de turquoise et de rose, lève un signe de paix au milieu de nuages jaunes. Soit une respiration bienvenue dans un monde numérique oppressant. Sous la naïveté apparente, Nicko Phillips cache aussi une vraie rigueur graphique : aplats nets, silhouettes souples, palette volontairement saturée. « L’optimisme, c’est quelque chose qu’il faut cultiver techniquement ; j’essaie d’en mettre une pincée partout », dit-il. Cette énergie se nourrit aussi de musique, l’un de ses moteurs créatifs. Grand mélomane, il a notamment collaboré avec le groupe texan Khruangbin, dont il partage le goût pour les ambiances psychédéliques. Aujourd’hui, Nicko Phillips enchaîne les projets et les expositions. Son style reconnaissable entre mille — drôle, solaire, sincère — s’impose comme une signature à part sur la scène visuelle australienne. Avec lui, l’illustration agit comme un remède, une invitation à voir le monde sous un filtre plus doux. Nicolas Pattou
À visiter / nickophillips.com, c @champagne_nicko
Miki
AUTOFRICTIONS
Surgie de nulle part ou presque, ayant "nettoyé" du Web ses précédentes tentatives musicales, bien différentes de ce qu’elle propose aujourd’hui, Miki fut parfois accusée d’être un pur produit de l’industrie (une industry plant). Retournement du stigmate : c’est devenu le titre de son premier album. Un disque qui fera date, pour sa qualité d’abord, mais aussi parce qu’il nous rappelle ce que peut être, au fond, la pop. Dans l’imaginaire collectif, c’est feel-good, c’est frais, c’est léger. Miki brise cette règle a priori immuable : basses lourdes et rythmes montés sur ressorts, mélodies et synthés acidulés cultivent une drôle de sensation, un plaisir mêlé de malaise. Pleine de rancœur, de haine de soi et d’une solitude insondable, Miki a le chic pour glisser, au détour d’un morceau, un problème d’addiction ou des abus sexuels subis adaolescente. Pas la franche rigolade, non. Mais c’est là toute la réussite de cette œuvre : composer des titres irrésistibles, avec les codes de l’enfance et une certaine légèreté kawaï pour mieux évoquer des traumas. Et l’on reste soufflé par ses prestations scéniques, où ces plaies non refermées deviennent propices à un show sous amphés. Thibaut Allemand Liège, 04.12, Reflektor, 20h, 25,50€, reflektor.be Bruxelles, 10.12, Botanique, complet !, botanique.be Lille, 11.12, Le Splendid, 20h, 29€, le-splendid.com
Vincent Dedienne
IL CONNAÎT LA CHANSON
En deux spectacles empreints d’une véritable humanité, Vincent Dedienne nous a cueillis. Sa particularité : à la manière de Robin ou Lemercier, il joue des sketches, à l’ancienne. Ainsi d’Un Soir de Gala : qu’il incarne un retraité, une grande bourgeoise, un journaliste ou une petite fille, c’est avec un sens inné et inouï du détail. Et un humour à la fois féroce et tendre. Une drôlerie voilée de mélancolie, aussi. C’est cette saudade que creuse ce tour de chant. Pour l’occasion, une quinzaine de musiciens, parmi lesquels Alex Beaupain, Jeanne Cherhal, Albin de la Simone, Pierre Lapointe, Florent Marchet ou encore Vincent Delerm ont composé des morceaux évoquant le temps qui passe, le deuil, la nostalgie. Dedienne nous livre ce répertoire inédit d’une voix douce et émouvante. Évidemment, on ne se refait pas et, loin de faire son Tchao Pantin (l’humoriste devenant soudain grave), le trentenaire parsème son récital de réflexions personnelles et forcément drôles. Thibaut Allemand
Un lendemain soir de gala
Dunkerque, 04 & 05.12, Bateau Feu, jeu : 19h • ven : 20h, 16€, lebateaufeu.com
Voici une traversée à travers chants rituels et musiques contemplatives venues d’ici et d’ailleurs. En quête d’absolu réunit Pärt, McMillan et Goubaidoulina : leurs compositions, empreintes de spiritualité, se muent en actes sacrés. Sur scène, Olivier Noria prolonge cette émotion, transformant chaque concert en un instant suspendu où musique et poésie se répondent. Au service de ces rencontres sensibles, Aïlack fait vibrer les polyphonies d’Europe orientale et des Balkans, avant que Vardan Hovanissian et Emre Gultekin Trio, mêlent duduk, saz et chants baul pour célébrer le dialogue entre cultures. L’ensemble confirme la puissance universelle des sons et des voix. C.L.
Sélection / 08.12 : En quête d’absolu // 09.12 : Concert-confidence : Olivier Noria 10.12 : Aïlack - La musique de l’âme // 11.12 : Hovanissian, Gultekin et Malabika Brahma Trio...
Sons et lumières, fond et forme, Suzane s’empare de tout dans un même mouvement. L’ex-danseuse et chanteuse lyrique, formée au Conservatoire, marie aussi électronique et chanson française. Un pari audacieux quelle relève haut la main : en témoignent trois albums remplis de bombes dancefloor (quelque part entre Vitalic et Rone) et de paroles intimistes, volontiers féministes, chantées ou rappées avec la même fougue. T.A.
John Williams, 93 ans, va bientôt sortir de sa retraite pour composer la B.O. du prochain long-métrage de Steven Spielberg – une histoire d’OVNI… Depuis 1974, le compositeur et le réalisateur ont collaboré à 29 reprises. Les Dents de la mer, Jurassic Park, Rencontre du troisième type, Indiana Jones… Oui, l’évocation de ces titres réveille instantanément leurs thèmes. Quid d’E.T. ? Pas le meilleur Spielberg, mais représentatif du versant familial de l’œuvre du maître : des enfants, des familles dysfonctionnelles, un hymne à la tolérance… Imaginée pour un grand orchestre traditionnel, cette B.O. contient également un célesta, sorte d’hybride entre le glockenspiel et le piano, au timbre rappelant les vieilles boîtes à musique. Moins simple qu’il n’y paraît, le score composé par Williams recourt à la polytonalité – soit deux tonalités différentes jouées simultanément, afin de souligner l’effet d’étrangeté. Et puis, comment refuser la possibilité d’admirer un BMX s’envolant face à la lune au son d’un orchestre symphonique ? Thibaut Allemand Roubaix, 12 & 13.12, Le Colisée, ven : 20h • sam : 16h, 49 > 10€ (-16 ans) coliseeroubaix.com, onlille.com
UNE SOIRÉE AU ZÉPHYR : ÇA SE VIT, ET ÇA S’OFFRE AUSSI !
CONCERT
MARCEL ET SON ORCHESTRE 19 DÉC. 2025
THE GLENN MILLER MÉMORIAL ORCHESTRA 7 FÉV. 2026
ABBA GOLD 11 FÉV. 2026
ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE 19 MARS 2026
CALOGERO 8 ET 9 AVRIL 2026 COMPLET
LES INNOCENTS 5 JUIN 2026
THÉÂTRE
PARLE MOI D’AMOUR 12 DÉC. 2025
LE PRÉNOM 22 JAN. 2026
THÉÂTRE WALLON 1ER FÉV. 2026
LE GOÛT DU BONHEUR 27 MARS 2026
LE KANGOUROU À BRETELLES 30 AVRIL 2026
HUMOUR
THOMAS ANGELVY 11 DÉC. 2025 COMPLET
ANNE ROUMANOFF 21 MARS 2026
CAROLINE VIGNEAUX 28 MARS 2026
SPECTACLE
PINOCCHIO 17 DÉC. 2025
CELTIC LEGENDS 13 MARS 2026
LES VIRTUOSES 10 AVRIL 2026
Programme complet & réservation sur zephyrhem.fr
HEM, 10 min de Lille (Parking gratuit)
The Raveonettes
EX FAN DES SIXTIES
En musique comme ailleurs, évoquer une formule sous-entend un certain systématisme, des automatismes, voire de la frilosité. Dans le cas des Raveonettes, cette formule, c’est tout simplement une contrainte, paradoxalement libératrice, grâce à laquelle le tandem danois a bâti une œuvre.
Cette histoire se déroule au début du xxie siècle – heure de gloire des Strokes, Libertines… Une vague qui mettra The Raveonettes en lumière. Mais le groupe aurait existé sans cela – juste un peu plus dans l’ombre, c’est tout. The Raveonettes, c’est l’histoire de Sune Rose Wagner, Danois parti tenter sa chance aux USA (échec) et qui, rentré au pays avec la déprime plein le sac, rencontre Sharin Foo, sorte de Nico locale qui, ça tombe bien, s’avère frappadingue du Velvet Underground. Ensemble, le duo, nommé en hommage à Rave On de Buddy Holly, avec en tête quelques règles précises : mêler les mélodies pop des girls-groups sixties au son du Velvet Underground, le tout sous l’égide de Suicide, Phil Spector ou Jesus And Mary Chain. Un premier EP janséniste, Whip It On (2002), aligne huit chansons en si mineur, trois accords et trois minutes maximum. Depuis cette profession de foi, la paire n’a jamais dévié de sa ligne de conduite, et aligné une palanquée d’albums qui jamais ne déroutent, mais toujours enchantent. Le dernier essai en date (Pe’ahi II, 2025) ne déroge pas à la règle et, sur scène, nos désormais quinquas n’ont rien perdu de leur fougue pour propager la sainte parole noisy pop. Thibaut Allemand
Oignies, 04.12, Le Métaphone, 20h, 26,99/23,99€, 9-9bis.com // Anvers, 14.12, Trix, complet !
LA LUNE DES PIRATES
Planèete
Hip-Hop Can’t Stop Won’t Stop, comme disait l’autre. Un demi-siècle que ça dure, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? La preuve par sept avec deux darons bien installés dans le paysage, un jeune loup aux dents longues, un Parisien n’ayant pas su choisir entre rock et rap, un Normand visant le marché international et enfin, la relève roubaisienne et africaine. Thibaut
Rap
FAVÉ
C’est un peu le rookie de cette sélection. Mais pas le moins hargneux. À l’origine, Favé voulait briller sur les parquets de la NBA. Mais voilà, les places sont chères et, durant le confinement, l’adolescent s’essaie au freestyle. Il balance des vidéos à ses potes sur TikTok et tout s’emballe. Entre drill et reggaeton, le Franco-Colombien, tout juste 20 ans, s’étonne de son succès mais rappe sa volonté d’en obtenir toujours plus. Reste à lui souhaiter que ça dure…
Taulier discret du hip-hop français, Kery James affiche un parcours sans faux-pas depuis 30 ans et ses débuts hardcore au sein d’Ideal J (avec son regretté complice DJ Medhi). Il a notamment signé quelques seuls-en-scène coups de poing (citons À Huis Clos). Son retour en tant que rappeur relève de l’événement. Bien entouré (clavier, percussions), Kery reste armé d’un flow lapidaire, qui a perdu en rage adolescente ce qu’il a gagné en force tranquille.
R(Résistance)A(Amour)P(Poésie) - Charleroi, 09.12
Palais des beaux-arts, 20h, 36 > 15€ (-26 ans), pba.be
SOPICO
Rap ? Chanson ? Sopico n’a pas choisi et fait preuve d’une certaine sensibilité dans un monde de brutes. Une clope après l’amour, c’est l’histoire d’un type qui ne trouve pas sa place, sur des volutes pianotées par Sofiane Pamart. Issu du collectif parisien 75e Session, ce songwriter et guitariste cite Nirvana comme le WuTang, et suspend un flow ciselé à des beats électroniques délicats. On lui cherche, en vain, une généalogie directe. Pas sûr non plus que sa descendance soit pléthorique... Un truc unique ? C’est tout à fait ça.
Roubaix, 17.12, La Cave aux poètes, complet ! // Bruxelles, 18.12, Botanique, 20h 22,50/19,50€, botanique.be
OXMO PUCCINO
Ultime tournée pour Oxmo Puccino, 51 ans. L’occasion, peutêtre, de revisiter un parcours débuté au sein de Time Bomb, dans les années 1990 (avec un certain Booba) et qui s’achève avec un LP invitant Josman, MC Solaar, Tuerie et Vanessa Paradis. Le Black Jacques Brel (surnom encombrant) a toujours su se renouveler, empruntant aussi bien au rap new-yorkais qu’à la chanson française, avec un swing jazz insensé – pas un hasard s’il fut signé un temps chez Blue Note. Lille, 21.01.2026, L’Aéronef, 20h, 33€ aeronef.fr, agauchedelalune.com Seraing, 13.02.2026, OM, 33€, 20h omconcerts.be
Voici le chef de file de l’afrobeats. Avec un S. En fait, une réinvention de l’afrobeat de Fela, où le rap et le R&B moderne supplantent le jazz et le funk. Aux côtés de Wizkid, Davido ou Fireboy DML, Burna Boy est LA grande star du genre. Il fut le premier artiste africain à remplir un stade de France sur son seul nom, au printemps dernier. Sur scène, ça foisonne : une trentaine de musiciens, des instruments modernes et traditionnels nigérians, de l’énergie, de la colère et de la joie.
Bruxelles, 23.01.2026, ING Arena, 20h, 155 > 71€ ing.arena.brussels
RILÈS
Mine de rien, Rilès a brisé une règle tacite du rap hexagonal, qu’on s’autorise volontiers dans le rock ou la pop (Phoenix, au hasard) : s’exprimer en anglais. Question d’authenticité, entre autres. Or, le Normand (licencié en littérature anglaise) s’est mis à rapper dans la langue de Method Man pour… ne pas être compris par ses parents. C’est mignon. Pudique, donc, notre homme maîtrise également la guitare, le sax, le beatmaking, et compose un hip-hop profondément mélodique et mâtiné d’acoustique.
Grandi à Roubaix, Alexandre Becquart, dit Békar, déploie un rap boom bap bardé de cloud rap et d’électro aérienne. Il conte son quotidien – pas jojo – sans se la raconter : « Roubaix, c’était pas les Champs, mais on n’a jamais manqué d’argent / J’suis ni bicraveur ni marchand, j’connais la rue qu’en y marchant. » se remémore-t-il sur Entre 4 Murs . Situé entre la dépression tranquille du Orelsan des débuts et la rage contenue d’Hugo TSR, Békar délivre un rap honnête et sans artifice.
28/01 JOSEPH D'ANVERS & AURÉLIE SAADA "UN GARÇON ORDINAIRE" HORS LES MURS À LA ROSE DES VENTS
29/01 SOIRÉE DE SORTIE DU LIVRE "LES ANNÉES BLOGHOUSE" DE MAXIME DELCOURT
31/01 FLORA FISHBACH + PREMIÈRE PARTIE
Brussels Jazz festival
FIGURES DE STYLE
Pour sa 11e édition, ce Festival resserre le jeu et privilégie l’intensité. Pendant dix jours, le jazz s’explore en profondeur, entre créations, projets symphoniques, jeune scène en ébullition et nuits festives. L’ensemble dessine une traversée pensée pour une écoute pleinement immersive.
Le ton est donné dès l’ouverture avec un geste d’ampleur. Jakob Bro entre en scène avec Mark Turner et Midori Takada, porté par le Brussels Philharmonic et le Vlaams Radiokoor. Sous l’étendard Jazz Meets Symphonic, le guitariste danois sculpte un espace sonore où l’infiniment léger se mêle au monumental. À Flagey, la création n’est effectivement pas un vain mot, c’est la colonne vertébrale. Au cœur du festival, un fil rouge : Wajdi Riahi. Le pianiste belgo-tunisien en résidence déploie trois mondes qui dialoguent entre eux : un quartet international incandescent, un solo reliant Tunis et Ixelles, puis Brass & Bow. Autour de lui, cette édition convoque une génération européenne et américaine qui secoue les frontières du genre : la néo-soul chatoyante d’Helena Casella, la trompettiste espagnole Milena Casado ou encore Isaiah Collier, digne héritier de Coltrane. Et puisque toute fête mérite une apothéose, le label International Anthem souffle ses 11 bougies en compagnie de Tom Skinner, Tortoise et autres esprits libres venus célébrer l’avant-garde chicagoane. Camille Lombardo Bruxelles, 15 > 24.01.2026, Divers lieux, 1 jour : 50 > 37€ • 1 pass : 200€, flagey.be Sélection / 15.01 : Nabou, Jazz Meets Symphonic... // 16.01 : Helena Casella, Stéphane Galland Kanda // 17.01 : Àbáse, corto.alto // 18.01 : Wajdi Riahi Solo, matoka’s last & first // 22.01 : Milena Casado, Isaiah Collier // 23.01 : Ruth Goller’s SKYLLA, Tom Skinner // 24.01 : Tortoise...
Voici quelques années, Vincent Delerm signait le beau film Est-ce que c’est tout le monde ?, qui cherchait l’universel à travers l’intime. C’est banal, hein ? Mais justement : partant du principe qu’on est à peu près tous dans le même bateau, le songwriter dépeint, avec une gravité légère, les petites blessures de nos existences. Le tout émaillé de ses obsessions personnelles – musicales, littéraires et, surtout, cinématographiques. Sur scène, le Normand ne se contente pas de rejouer ses chansons joliment arrangées. Il propose un véritable spectacle qui, pour cet acteur contrarié, relève autant du concert que du théâtre. Du music-hall, en somme. T.A.
Des coups, des efforts, puis enfin, le haut de l’affiche. C’est l’histoire de Clara Luciani. On se souvient de ses débuts avec la Femme, vers 2010. Elle les quitte, eux partent en orbite, elle touche à peine le SMIC… Et puis, 2018, La Grenade explose. Depuis, la Marseillaise bien entourée (citons Sage ou Breakbot) a signé une poignée d’hymnes intimes mêlant chanson française, rock ou disco – entre autres. Triomphe. La persévérance, ça paie. Il y a quelque chose de Rocky chez Luciani. T.A.
Tarifs : 22 € / 18 € / 15 € Debout - Buvette et petite restauration
MAGAZINE ART & CULTUR E • France / Belgique
Solann
Sous ses dehors fragiles, Solann bouillonne. Dénonciation des violences masculines, critique des diktats esthétiques, désir d’émancipation… Les mauvaises langues parleront d’un catalogue raisonné, d’un cahier des charges féministe plutôt dans l’air du temps. Nous, on y entend une cousine de Pomme et de Fiona Apple. Une songwriter qui, à la manière d’Anne Sylvestre, caresse guitare acoustique et ukulélé avec délicatesse, manie le stylo comme un couteau et porte la plume dans la plaie, évidemment. De Rome à Thelma & Louise, des Draps à Petit corps, Solann met souffrances et combats en chansons et résume son vœu pieux en deux mots : Tout Cramer. T.A.
Né en 1995, le trio bruxellois aurait pu disparaître, emporté par le ressac de la vague de Bristol. Or, Hooverphonic n’a cessé de se réinventer en alliant son trip-hop à la pop, à l’électronique, voire à des orchestrations symphoniques. Le retour, en 2020, de la chanteuse Geike Arnaert relève moins du pas en arrière que du retour aux sources : c’est avec elle qu’Hooverphonic connut ses premiers succès (citons The Magnificent Tree, 2000). C’est reparti pour trente ans ? T.A.
La Louvière, 30.01, Théâtre, 20h, complet !
Béthune, 01.02, Théâtre municipal, complet !
Anvers, 06.02, Lotto Arena, 20h, 69/59€
Flora Fishbach
SYNTHÉ SPIRIT
C’est un classique : un artiste apparaît, son drôle de monde – voire "d’univers" – en bandoulière. Puis au fil des albums, s’opère un recentrage, car il s’agit de durer. Les exemples sont légion. Fischbach estelle de ceux-là ? Pas sûr. Lorsqu’elle apparut, vers 2016, on était un peu perplexe et paumé face à cette voix profonde et une présence théâtrale, typiques des 80’s, évoquant pêle-mêle Rita Mitsouko, Mylène Farmer, Rose Laurens ou Bonnie Tyler. Certes, À Ta Merci (2017) nous laissa de marbre, mais on fut charmé par Avec Les Yeux (2022). Utilisant à peu près les même ingrédients, l’Ardennaise livrait une bataille victorieuse. Quelques tubes imparables – le mélancolique Dans un fourire, l’electro-funk Masque d’Or ou la beauté acoustique Quitter la Ville laissaient présager d’une pop (un peu) moins référencée. Sa singularité s’imposait et s’ouvrait à chacun. Pourtant, son troisième LP, Val Synth (2025), confirme qu’elle n’en a pas fini avec les années 80, multipliant les clins d’œil à Jean Reno période Le Grand Bleu, aux Tortues Ninja, à Sabine Paturel… Ces obsessions, Flora Fishbach les revendique, les porte en étendard et ne s’est, finalement, pas recentrée pour plaire au plus grand nombre. Thibaut Allemand
Tourcoing, 31.01, Grand Mix, 20h, complet !, legrandmix.com
Musiciens doués, inspirés et surdiplômés, Feu! Chatterton possèdent quelque chose de très français. Compliment ? Pas forcément. Par français, on entend ici poseur, affichant son amour de la littérature avec un grand L, déclamant sa poésie avec de grands airs. Cependant, faut bien reconnaître que, passé les rires et l’irritation, des morceaux comme Monde nouveau font toujours leur petit effet. Bref, on est séduit, mais pas dupe. T.A.
Lille, 01.02, Le Zénith, complet !, zenithdelille.com Amiens, 02.02, Le Zénith, 20h, 74,80 > 50€, zenith-amiens.fr Bruxelles, 03.02, Forest National,20h, 72 > 44€, www.forest-national.be
Laura Veirs
Hors du temps et des modes, cette songwriter folk installée à Portland (Oregon) traîne dans le paysage depuis un bon quart de siècle et a signé une petite quinzaine d’albums. On ne l’apercevra pas sur les réseaux ou les affiches des grands festivals, ni amasser mille et une récompenses. Non. Mais les albums de l’Américaine sont de ceux que l’on chérit, certain qu’ils résisteront au temps. Sur scène, entourée d’une équipe fidèle (dont le précieux Karl Blau), Laura Veirs pioche dans son vaste répertoire au lyrisme brut et honnête. T.A.
Kaouther Ben Hania mêle fiction et documentaire pour retracer l’histoire vraie d’une petite fille restée en ligne avec des secouristes, alors qu’elle était cernée par des chars israéliens à Gaza. Une expérience traumatique et nécessaire, qui refuse tout spectaculaire.
Des bruits sourds de tanks et d’artillerie. Une enfant de six ans cachée dans une voiture, au milieu des corps de sa famille tuée par l’armée israélienne. Un téléphone pour maintenir le contact avec les secouristes du Croissant-Rouge, qui coordonnent son périlleux sauvetage. Le nouveau film de la réalisatrice tunisienne porte à juste titre l’étiquette "inspiré de faits réels" à rebours de ces fictions tapageuses qui affichent tous les ingrédients d’un thriller à l’américaine. Ici, rien de tout cela, point de surenchère ni de dramatisation facile. Ce long-métrage n’a qu’une ambition : utiliser le cinéma pour glisser le spectateur dans la peau d’un autre et le remuer jusqu’aux tripes.
Impuissance. La caméra ne quitte presque jamais le centre d’appels où les régulateurs se succèdent, pour garder le contact avec la fillette. Kaouther Ben Hania a utilisé les véritables enregistrements audio reçus par les secouristes, sans nettoyer leur son. Le résultat est saisissant. Confrontés à cette voix, les acteurs palestiniens ont été filmés sur le vif, souvent sans seconde prise. Leurs larmes et leur colère vaines illustrent l’impuissance d’un peuple occupé, privé de tout contrôle sur sa propre vie. Lion d’argent à la Mostra de Venise, ce docu-fiction déchirant a été applaudi durant 24 minutes. De quoi rendre justice aux victimes silencieuses, sans couvrir le bruit des tanks. Arnaud Stoerkler
De Kaouther Ben Hania, avec Amer Hlehel, Motaz Malhees, Clara Khoury... En salle
Animal Totem LE CHAMP DES POSSIBLES
D’un bunker à l’autre, de l’aéroport de Beauvais à La Défense. Avec pour seul bagage une valise à roulettes qu’il garde menottée, Darius traverse à pied campagnes et banlieues pour achever une mystérieuse mission… Revoici Benoît Delépine ( Mammuth, Le Grand soir…), en solo, avec une œuvre aérée et engagée.
La longue marche de cet étrange agent secret parmi tracteurs et moissonneuses-batteuses déclenche des réactions en chaîne... Incident diplomatique ? Vengeance ? Entre chasse, billard et tai chi, rien ne détourne Darius de sa trajectoire. Tel un héros de jeu vidéo, il avance par paliers et affronte, avec un calme olympien, des adversaires, censés le conduire au "méchant dragon". Dans ce road movie décroissant, Samir Guesmi incarne un man in black placide dont les sentences énigmatiques font mouche. Réalisé sans l’habituel comparse Gustave Kervern, Delépine garde intact l’esprit Groland, plus anticapitaliste — et ici antispéciste — que jamais. Le film se distingue en outre par des plans ultra-larges qui magnifient la campagne picarde et restituent, en caméra subjective, le point de vue des animaux croisés en route. La matière sonore (malaxée au Fresnoy) est complétée par une B.O. signée Sébastien Tellier. Inspiré d’une bataille écologique personnelle - Benoît Delépine s’est mobilisé avec des Charentais contre un projet d’usine chimique - Animal Totem a des faux airs de conte moral, quelque part entre Lynch (Une Histoire vraie) et l’esthétique d’Abel & Gordon. Un petit bijou grinçant, poétique et anti-PFAS à souhait, véritable plaidoyer du vivant. Selina Aït Karroum
De Benoît Delépine, avec Samir Guesmi, Olivier Rabourdin, Solène Ribot, P. Lottin…
L’INTERMÉDIAIRE (RELAY)
– Drôle de métier, que celui d’Ash. Pas vraiment espion, pas vraiment justicier : il est intermédiaire. Entre qui et qui ? De grosses sociétés et des employés qui, ayant lancé l’alerte, se retrouvent dans une position périlleuse. Davantage que ce sous-texte politique, ce sont les méthodes d’Ash qui créent le suspense. Car à l’heure de la surveillance globale, l’homme a développé mille ruses pour passer sous les radars. Maître dans l’art du déguisement, il s’appuie aussi sur les services de communication publique (la poste ou un réseau téléphonique pour sourds et malentendants). David Mackenzie livre un bon thriller du samedi soir, nerveux et mélancolique comme il se doit. R.N.
LA CONDITION
– Début du xxe siècle. Céleste est une jeune bonne employée chez Victoire et André, notaire dont l’étude se situe au domicile même. Lorsqu’elle tombe enceinte suite aux assauts d’André la "solution" sociale consiste à présenter l’enfant comme l’héritier attendu, sans congédier l’employée. Mais, dans cette maison régie par les conventions, les deux femmes vont se rapprocher. En adaptant le roman de Léonor de Récondo, Amours (2015), Jérôme Bonnell fustige l’hypocrisie des mœurs de l’époque. Il passe au vitriol cette bourgeoisie où le mari tient les femmes vivant sous son toit sous son joug. La photographie soignée et l’interprétation remarquable subliment cette fresque intime et subversive. Selina Aït Karroum De Jérôme Bonnell, avec L. Chevillotte, G. Bellugi, S. Arlaud, E. Devos… Sortie le 10.12
MA FRÈRE
– Lise Akoka et Romane Guéret (Les Pires) filment la jeunesse des cités en mode immersif, rendant hommage à ceux qui encadrent cette énergie débordante. Avec leur duo fétiche (cf. la série Tu préfères), elles explorent l’adolescence, la féminité, les questions de genre et le langage. La colonie de vacances sert de cadre à cette micro-société, décrite avec justesse grâce à une mise en scène millimétrée qui laisse toutefois place à l’improvisation. Bienveillant et parfois pédagogique (rencontre avec une ancienne déportée), le film aborde aussi la maltraitance parentale et la question religieuse. Un teen movie vitaminé et pas du tout miné. Selina Aït Karroum. De Lise Akoka et Romane Gueret, avec Fanta Kebe, Shirel Nataf, Amel Bent… Sortie le 07.01.2026
De David Mackenzie, avec Riz Ahmed, Lily James, Sam Worthington... En salle
Le Mage du Kremlin SOVIET
SUPRÊME
Russie, années 1990. Dans la cacophonie qui suit l’effondrement de l’URSS, un jeune ambitieux, Vadim Baranov, trace son chemin dans un pays en reconstruction. Cet amateur de poésie, devient peu à peu le conseiller d’un ancien agent du KGB promis à un pouvoir absolu : Vladimir Poutine. Olivier Assayas adapte ici le roman éponyme de Giuliano da Empoli (2022) et renoue avec l’art de la fresque politique.
Au mitan de sa vie, retiré dans une vaste demeure perdue au cœur de la taïga, Baranov convoque ses souvenirs. Il reçoit un journaliste et revisite sa jeunesse trépidante, sa nostalgie de l’Union soviétique. Passé de la bohème à la télévision, il assume l’opportunisme qui l’a poussé à produire des émissions de télé-réalité : une étape nécessaire pour décrocher des missions ambitieuses… Jusqu’à attirer l’attention de Poutine et s’approcher du centre névralgique d’une Russie en pleine mutation. Paul Dano incarne avec maestria ce jeune loup des steppes, stratège discret devenu marionnettiste du Kremlin, inspiré de Vladislav Sourkov, idéologue de la "démocratie souveraine" et de la "verticale du pouvoir". Face à lui, Jude Law impressionne en Poutine, restituant avec justesse la mécanique glacée d’un dirigeant incontournable... Tourné en Lettonie, coécrit avec Emmanuel Carrère et nourri d’archives parfois reconstituées, le film revisite la présidence de Gorbatchev à Eltsine, entre moments charnières et citations qui ont marqué l’Histoire. Mené tambour battant, ce long-métrage haletant nous plonge dans les coulisses d’un pouvoir où le cynisme affleure sans cesse. Selina Aït Karroum
D’Olivier Assayas, avec Paul Dano, Alicia Vikander, Jude Law… Sortie le 21.01.2026
FORUM DÉPARTEMENTAL DES SCIENCES | VILLENEUVE-D’ASCQ
Nick Brandt
UN MONDE EN SURSIS
Depuis plus de 20 ans, Nick Brandt documente un monde en voie d'extinction. Ce photographe britannique met en scène des communautés humaines et des espèces animales frappées par la crise climatique. Sa dernière série, The Day May Break (soit "le jour peut se lever"), présentée pour la première fois en Belgique, nous appelle à réagir face à ce qu’il qualifie d’« écocide ».
Quatre chapitres, quatre continents, quatre coups de semonce. Entre 2020 et 2024, Nick Brandt a composé avec The Day May Break une œuvre d’envergure, dont chaque partie explore un même fil rouge : témoigner de vies bouleversées par le réchauffement climatique et interroger notre responsabilité collective. Le Kenya, le Zimbabwe puis la Bolivie ont accueilli les deux premiers volets de cette série. Des familles déplacées y posent aux côtés d’animaux vivant dans des refuges. Brume et silence enveloppent ces portraits suspendus entre documentaire et allégorie, éclats d'un monde en sursis. Avec Sink / Rise, troisième étape du projet, direction les îles Fidji. Le Britannique immerge (littéralement) ses modèles dans les eaux du Pacifique, théâtre de la montée des océans. Entre quiétude et résignation, assis sur un lit
ou une balançoire à bascule dans les fonds marins, les habitants de l’archipel constituent des métaphores vivantes d’une planète en proie à la noyade. Enfin, cette halte bruxelloise est l’occasion de découvrir en avant-première The Echo of Our Voices, qui nous emmène en Jordanie. Dans ce même noir et blanc lumineux, Brandt y révèle des réfugiés syriens figés dans des paysages rocheux — une humanité déplacée mais encore debout, suspendue dans l’attente d’un avenir incertain.
Vertige moral. Où qu'il aille, Nick Brandt compose des tableaux d’une beauté désarmante.
La douceur des regards contraste avec la gravité des destins. Ses clichés abolissent les frontières
entre espèces, continents et cultures. Le message est reçu tel un uppercut : tous subissent, avec dignité, les conséquences d’un désastre qu’ils n’ont pas provoqué. Cette ironie cruelle confère à l'œuvre une portée politique. Car Brandt ne se contente pas de documenter, il nous intime de prendre position. Certains modèles nous fixent d'ailleurs dans les yeux, interrogeant notre responsabilité. De la brume d’Afrique australe aux falaises jordaniennes, The Day May Break résonne comme un cri d'alarme. L’aube ou l’abîme : le choix ne leur appartient plus. Il est désormais le nôtre. Mathilde Bourgain
The Day May Break Bruxelles, jusqu'au 21.12 , Hangar, mer > dim : 12h-18h, 9 > 5€ (gratuit -16 ans), hangar.art
Faut-il encore présenter Robert Doisneau ? On aurait tort de se priver, tant l’homme a marqué l’histoire du xxe siècle, et surtout son art. À l’heure où l’image est partout (voire générée par l’IA) mais la photographie nulle part, l’œuvre de celui qu’on surnomma "le braconnier de l’éphémère" demeure intemporelle. Ça tombe bien, à Liège, la Boverie présente la plus vaste rétrospective jamais consacrée au maître de l’instantané.
Il y a le célèbre Baiser de l’hôtel de ville, mais aussi Picasso et ses petits pains en guise de mains, le Violoncelle sous la pluie ou encore le Cadran scolaire avec ce petit écolier au fond de la classe, les yeux rivés sur la pendule au-dessus de sa tête...
« MONTRER UN MONDE
OÙ JE ME SERAIS SENTI BIEN »
Qui n’a pas en mémoire l'une de ces images ? Le style "Doisneau" est reconnaissable au premier coup d’œil : des instants de vie saisis avec tendresse, humour et surtout une infinie poésie. « Le monde que j’essayais de montrer était un monde où je me serais senti bien », confiait-il à la fin de sa carrière. C’est tout cela qu’on retrouve à Liège, et bien plus encore...
Un autre Doisneau
Au fil de près de 400 photographies réparties en une dizaine de salles thématiques se dessine également le portrait d’un artiste engagé. Infatigable arpenteur, jamais sans son Rolleiflex, Doisneau savait révéler le merveilleux niché dans le quotidien. Mais son regard humaniste s’est aussi posé sur des réalités plus sociales - la pauvreté, les prostituées ou encore la rudesse du monde du travail. En 1934, à l’âge de 22 ans, ce graveur-lithographe de formation
fut en effet embauché au service photo de l’usine Renault de Billancourt. De cette expérience, il tire de sublimes portraits d’ouvriers s’échinant à la tâche... avant de se faire licencier par la marque au losange cinq ans plus tard pour retards répétés – tant mieux !
Bons baisers de Liège
Tout aussi méconnus, on trouve dans cette exposition ses photoreportages réalisés en Belgique, entre 1956 et 1970. C’est ici les fameux Gilles de Binche, là les
canaux de Bruges, des portraits de George Simenon ou encore de Nicolas Schöffer, père de l’art cinétique, immortalisé devant la Tour cybernétique... du parc de la Boverie ! Joli symbole de l’éclectisme et de l’insatiable curiosité d’un artiste qu’on n’a décidément pas fini de redécouvrir. Julien Damien
Robert Doisneau. Instants donnés Liège, jusqu’au 19.04.2026, La Boverie, mar > dim : 10h-18h 16,50 > 11€ (gratuit -6 ans) laboverie.com
Les jeunes filles ont longtemps été les muses silencieuses des artistes. Le Musée de la mode d'Anvers (MoMu) leur offre aujourd'hui un tout autre rôle. Entre mode, cinéma ou photographie, l'exposition Girls décrypte un statut autrement plus complexe, loin des stéréotypes qu'il était urgent de déconstruire.
« Dans l’histoire de l’art, la jeune fille demeure souvent une figure anonyme », observe d'emblée Elisa De Wyngaert, commissaire de cette exposition. Bien sage, assise devant un piano, un chaton dans les bras, « elle ne dérange personne, elle est simplement là ». Au MoMu, les artistes lui donnent justement voix au chapitre. Rassemblant photographes, stylistes, cinéastes ou peintres Girls tisse une multiplicité de récits, car il n’existe pas une seule jeunesse féminine. Conçu en salles thématiques, le parcours dézingue les codes qui ont longtemps figé cette image avec des « robes à col Claudine, ballerines, chaussettes blanches… ». Soit autant de symboles d’innocence et de normes sociétales ici détournés, à l'image de la stylise belge Véronique Branquinho, dont les collections « font référence à des figures comme l’écolière, la reine du bal, ou encore des personnages de fiction telle Laura Palmer de Twin Peaks ». À Anvers, on découvre ainsi une robe de gala se mariant à un trench coat jeté à la hâte, un pull et une veste trop courte, c'est-à-dire « un mélange de rêve, de maladresse, et de lucidité ». Citons aussi les costumes originaux de Virgin Suicides, de Sofia Coppola. Une œuvre regroupant à elle seule les thématiques de cette exposition, entre l'ennui, la rébellion et le passage à l'âge adulte. Lou-Anne Sedda GIRLS. Sur l'ennui, la rébellion et le passage à l'âge adulte Anvers, jusqu'au 01.02.26, MoMu, mar > dim : 10h-18h, 12/8€ (gratuit -18 ans), momu.be
À Béthune, Étienne Poulle transforme Labanque en terrain de fouilles futuristes. L’artiste angevin érige tentes, parpaings, Lego ou blisters en vestiges d’un monde encore vivant. Entre sculpture et architecture, Jouer d’usages révèle comment nos objets ordinaires deviennent les mythes silencieux de demain.
Tailleur de pierre devenu sculpteur, passé par les chantiers du patrimoine avant d’enseigner à l’École supérieure d’Art et de Design d'Angers, Étienne Poulle a gardé de ses débuts le goût des matériaux francs, des gestes précis et des histoires taillées dans la durée. Pour Jouer d’usages , il investit Labanque comme on explore une strate urbaine : en déplaçant les signes, en bousculant les certitudes. Dès l’entrée, deux tentes familières paraissent
attendre leur campeur. Sauf qu’ici, la toile a cédé la place au bois, au zinc, au plâtre. L'artiste fige ainsi l’éphémère pour mieux interroger nos abris. Plus loin, des trognes de saule s’accordent avec des briques Lego dans un curieux bricolage du vivant, tandis que des haches néolithiques gonflées, l’une brillante comme une carrosserie neuve, oscillent entre outil primitif et fétiche contemporain.
Mythologies du quotidien
En sous-sol, les temporalités se superposent. MédiévO 2 assemble parpaings et moulures romanes comme si une muraille brute révélait soudain une dentelle d’architecture. Ruines Lego, elle, propose le contraire : un monde de jeux devenu fracas, mémoire d’un futur effondré. Dans la salle des coffres enfin, des blisters en porcelaine s’exposent comme des bijoux industriels. Ces emballages autrefois jetables deviennent reliques à venir. Jouer d’usages se parcourt ainsi comme un chantier prémonitoire : lorsque les gestes se sont tus et que les objets, soudain, racontent beaucoup plus que leur fonction première.
Nicolas Pattou
Étienne Poulle : Jouer d'usages Béthune, jusqu'au 05.04.2026, Labanque, mer > dim : 14h-18h30, 6/3€ (gratuit -18 ans), bethunebruay.fr
+ Marie Ducaté & Didier Tisseyre : Du Jour au lendemain
Plumes, paillettes et samba : la Province de Liège prend des airs de Rio. Au cœur de l’expo, l’éblouissante collection d’Alain Taillard. Ce Wallon passionné et rare Européen à avoir paradé comme destaque, dévoile ici les coulisses du plus mythique des carnavals. Plus de 50 costumes flamboyants (de véritables pièces de haute couture, portées une seule fois pour 72 minutes de show) racontent la ferveur brésilienne, entre artisanat, musique et démesure. Ici, le carnaval n’est pas qu’un spectacle : c’est un souffle collectif, un art de vivre qui relie Rio, Binche et Malmedy dans une même explosion de couleurs. C.L. Liège, jusqu'au 15.03.2026, Musée de la vie wallonne, mar > dim : 9h30-18h, 7/5€ provincedeliege.be
Aket Kubic
Mêler street art et cubisme ? Il fallait y penser. C'est justement l'idée d'Aket Kubic. Derrière ce pseudonyme se cache Anthony, un jeune artiste des Hauts-de-France dont les œuvres se reconnaissent au premier coup d'œil. En cette fin d'année, le Nordiste expose des toiles peuplées de personnages anguleux. Les couleurs s’entrechoquent, les scènes s’animent entre réalité tangible et fantaisie contrôlée. C.L.
Marcq-en-Baroeul, jusqu'au 11.01.2026, Le Minorelle, mar > ven : 11h-18h • sam & dim : 10h-18h, gratuit, marcq-en-baroeul.org
mannekenpis.brussels
Un musée extraordinaire à deux pas de la célèbre fontaine
GardeRobe MannekenPis
À découvrir
Musée de la Ville de Bruxelles
La statue originale de Manneken-Pis vous accueille
brusselscitymuseum.brussels
ART X GENDER
GUSTAVE-LOUIS JAULMES
La Joie du décor met en lumière l’œuvre du peintre-décorateur qui marqua la reconstruction d'Arras après 1918. Installée dans la salle des mariages, toujours ornée des fresques monumentales créées par Jaulmes dans les années 1920, cette exposition dévoile esquisses, mobilier et archives retraçant son rôle majeur. Proposée hors-les-murs durant les travaux de l'abbaye de Saint-Vaast, cet événement accompagne le centenaire des Arts décoratifs et rend hommage à ce créateur méconnu. Arras, jusqu’au 28.12, Hôtel de ville, lun > dim : 9h30-12h30 & 14h-18h, gratuit, arras.fr
Comment contester les stéréotypes de genre dans les collections muséales ? Ce parcours y répond en confrontant près de 30 œuvres. Du xvi e au xx e siècle, de Lucas Cranach à Roger Raveel, on observe comment l’art a renforcé ou critiqué l’image de l’homme brutal, de la femme maternelle ou tentatrice. Au-delà de cette salle dédiée, la réflexion se poursuit dans les collections permanentes. Une démarche salutaire, en accord avec l’ambition du musée de devenir un lieu attentif aux questions de société.
Bruxelles, jusqu’au 19.04.2026, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, mar > ven : 10h-17h sam & dim : 11h-18h, 10 > 3€, fine-arts-museum.be
GALERIE RODIN
YIQING YIN
Des matières rigides et vaporeuses, souples et organiques. Des robes sculpturales et évanescentes, où les drapés dessinent des volumes en métamorphose constante... Le style de Yiqing Yin est reconnaissable au premier coup d’œil, tissant un dialogue poétique entre l’être humain et la nature. Cette exposition dévoile les secrets de fabrication d’une artiste touche-àtout, entre haute couture, dessins, photos, vidéos... et même sons et odeurs ! Une bonne définition du rêve éveillé.
Calais, jusqu’au 04.01.2026, Cité de la dentelle et de la mode, lun > dim (sf mardi) : 10h-17h, 4/3€ (grat. -5 ans), cite-dentelle.fr
Le Musée des beaux-arts de Calais poursuit sa métamorphose. Après avoir renouvelé son exposition permanente, le bâtiment cubique et moderniste inauguré il y a pile 60 ans dévoile une nouvelle galerie dédiée à Auguste Rodin. Ce parcours chronologique met en valeur l’œuvre du sculpteur, de ses débuts comme praticien dans l’atelier de Carrier-Belleuse à l’héritage laissé à la postérité. Entre autres pièces majeures, il offre à redécouvrir La Porte de l’Enfer et, bien sûr, Les Bourgeois de Calais. Calais, Musée des beaux-arts, mar > ven : 9h30-17h30 • sam & dim : 12h30-17h30, gratuit
CLÉMENCE VAN LUNEN
Intitulée Une joyeuse intranquillité, cette rétrospective retrace près de 40 ans de création. Née à Bruxelles en 1959 et formée à Paris, Clémence Van Lunen a d’abord exploré pierre, bois et matériaux industriels avant de privilégier la terre. Ses séries – paysages chinois, cascades, fleurs ou rideaux – révèlent une sculpture libre, où la couleur souligne et met la matière en tension. Maquettes et pièces monumentales témoignent d’une démarche généreuse et innovante.
La Louvière, jusqu'au 01.03.2026, Keramis, mar : 9h-17h • mer > dim : 10h-18h, 9 > 3€ (gratuit -18 ans), keramis.be
LA PEAU DES FLEURS
Le Musée Matisse donne carte blanche à Ursula Caruel, une artiste qui explore le lien entre le monde vivant et la création. Avec La peau des fleurs, elle mêle ainsi observation scientifique, dessin et installations sensibles. Dès l’entrée, la cour transforme ses arbres en œuvres à observer. L’Ardennaise réalise ensuite un herbier inspiré des plantes les plus représentées par Matisse et une fresque monumentale sur les espèces fragiles. Le Cateau-Cambrésis, jusqu'au 12.01.2026 Musée départemental Henri Matisse, tous les jours (sauf mar) : 10h-12h30 & 14h-18h • sam & dim : 10h-18h, 8/6€ (gratuit -18 ans) museematisse.fr
GOTHIQUES
HISTOIRES EN SÉRIES
Réunie à la Fondation A de Bruxelles, la collection de la baronne belge Astrid Ullens de Schooten Whettnall compte quelque 6 000 photographies. Ce fonds présente des images signées Diane Arbus, Mitch Epstein, Walker Evans, Nicholas Nixon... parmi une centaine de noms plus ou moins célèbres, mais pareillement pertinents. Cette exposition en dévoile 39. Entre les récits de vie ou le documentaire social ou l’architecture, ces "histoires en séries" offrent une éblouissante vision du monde.
Charleroi, jusqu'au 25.01.2026, Musée de la photographie, mar > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h-18h, 8 > 4€ (gratuit -12 ans), museephoto.be
S’il est venu avec le temps des cathédrales, pour citer un grand auteur, l’art gothique n’a cessé de se réinventer pour nous inspirer aujourd’hui encore. Née au Moyen Âge, cette esthétique fut d’abord synonyme de lumière et de couleur avant de se tourner vers les ténèbres. Entre architecture et peinture, sculpture, cinéma ou littérature, le Louvre-Lens réunit plus de 250 pièces, du xiie siècle à nos jours. Et nous convie à un voyage à travers les époques qui ne manque pas de piquant.
Peut-on encore porter un regard neuf sur l'œuvre de David Hockney ? Of course ! Tout juste auréolé d'une vaste rétrospective à la Fondation Louis Vuitton, le travail du Britannique se dévoile sous un tout autre angle au Musée des beaux-arts de Mons, qui explore son lien, puissant, avec la nature. Ce n'est pas tout : aux créations de cette star de l'art contemporain se mêlent aussi musique, poésie ou toiles d'autres grands maîtres, tel Vincent van Gogh. Oui, rien que ça.
Mons, jusqu'au 25.01.2026, CAP/Musée des beaux-arts mar > dim : 10h-18h, 16/12€ (grat. -12 ans), musees-expos.mons.be
ODETTE PAUVERT
Peintre oubliée, Odette Pauvert (1903-1966) fut pourtant la première femme récompensée du prestigieux prix de Rome, en 1925, à seulement 21 ans ! Cette exposition célèbre ce centenaire en exhumant une œuvre marquée par la recherche de symétrie, le symbolisme, des décors foisonnants mais aussi l'influence de la Renaissance italienne. Illustrant des scènes de vie, mythologiques ou religieuses, ses toiles dessinent aussi, en creux, une figure féminine à la fois forte et indépendante.
Roubaix, jusqu'au 11.01.2026, La Piscine mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h sam & dim : 13h-18h, 11,60€ (gratuit -18 ans) roubaix-lapiscine.com
PANORAMA 27
EUGÈNE LEROY
C'est l'homme qui a inscrit Tourcoing sur la carte mondiale de la peinture. Comme tous les trois ans, le MUba consacre à Eugène Leroy une grande exposition. Après avoir exploré son héritage et ses liens dans le paysage artistique du xxe siècle, ce nouveau parcours focalise sur les toiles et dessins qu'il a produits entre 1980 et 2000. Une période témoignant d’un épanouissement technique et théorique incontestable.
Tourcoing, jusqu'au 05.04.2026
MUba Eugène Leroy, tous les jours sauf mar et jours fériés : 13h-18h, 6/4€ (grat. - 18 ans & Tourquennois), muba-tourcoing.fr
Peut-on être à la fois ici et ailleurs ? Dans le passé et le présent ? À la frontière du vivant et du numérique ? Autant de questions traversent la 27e édition de Panorama, l’exposition annuelle du Fresnoy à Tourcoing, qui interroge cette année la simultanéité. Une cinquantaine de jeunes artistes y sondent les promesses vertigineuses des nouvelles technologies. Entre fascination et inquiétude, leurs œuvres nous plongent dans une pluralité de réalités et de registres sensibles. Tourcoing, jusqu'au 04.01.2026, Le Fresnoy, mer > dim : 14h-19h, 4/3€ (gratuit -18 ans) lefresnoy.net
Venez célébrer la réouverture lors de 2 week-ends !
Visites guidées Bal 80 ’ s
Sam. 06 Déc.
→ 10h à 18h
Dim. 07 Déc. → 14h à 16h30 en version familiale
Gratuit sur inscription
Réservez votre créneau sur www.larose.fr
de Christian Ubl Sam. 06 Déc. → 20h
De
nouveau les oiseaux
Tony Melvil / C ie illimitée Sam. 13 Déc. → 20h
Spectacle musical avec la participation de 180 musiciens villeneuvois
La saison se poursuit dans notre nouveau théâtre !
Mina Kavani · Margaux Eskenazi · Moquette Production
Cie CHATHA · Joseph d’Anvers · Marion Mezadorian
Rémi Fortin · Frédéric Ferrer · PAL/SECAM
Dakh Daughters · Jonas&Lander · 3e Festival 100% Magie
La Rose des Vents s’est refait une beauté. Après plus de quatre ans de travaux, le fameux bâtiment cubique où la Scène nationale est installée depuis 1976 rouvre début décembre. Comment marquer l’événement ? Avec deux week-ends festifs et des spectacles aux p’tits oignons, pardi !
Finie la vie de nomade à travers la métropole lilloise. Après avoir beaucoup voyagé depuis 2021, la Rose des Vents regagne ses pénates dans le quartier de l’Hôtel de ville, et un écrin rénové. Qu’y trouve-t-on ? Une grande salle plus vaste, une petite salle et un hall d’accueil repensés, des espaces végétalisés faisant cohabiter nature et culture, et toujours ce Sourire de Nadja de Béatrice Casadesus, qui orne la façade du théâtre depuis 1979. Soit autant de transformations à découvrir lors de visites guidées, un bal années 80 (avec son dress code de rigueur) et de spectacles, évidemment, à commencer par le bien nommé De nouveau les oiseaux. Créée avec les habitants de Villeneuve d’Ascq, cette pièce participative de Tony Melvil met en scène quelque 150 musiciens amateurs, entre chorale d’enfants ou orchestre d’adultes, pour mieux évoquer cette renaissance…
Objectif lutte. Des lendemains qui chantent, c’est aussi tout ce qu’espère Mina Kavani. Dans I’m deranged, l’actrice iranienne exilée à Paris raconte son enfance à Téhéran, mais aussi ses rêves et son combat contre la dictature et la censure. Enfin, parmi les autres temps forts de cette programmation, on ne manquera pas Kaddish, la femme chauve en peignoir rouge. Adaptant l’œuvre de l’écrivain hongrois Imre Kertész (Prix Nobel de littérature en 2002), Margaux Eskenazi livre un lumineux plaidoyer contre l’antisémitisme, le racisme et le totalitarisme – qui eux aussi, hélas, sont de retour... Julien Damien
La Rose des Vents - Villeneuve d’Ascq, Boulevard Van Gogh, 03 20 61 96 96, larose.fr
Sélection / 06 & 07.12 : Week-end de réouverture : visites guidées & bal 80’s // 13.12 : Tony Melvil - De nouveau les oiseaux // 16 > 18.12 : Mina Kavani - I’m deranged // 06.01.2026 : Aïla Navidi –4211 km // 14 & 15.01.2026 : Margaux Eskenazi - Kaddish, la femme chauve en peignoir rouge 21 > 23.01.2026 : Moquette production - La Méthode du Dr Spongiak...
Invisibili
LA MORT AUX TROUSSES
Et si l’art pouvait éclairer ce qu’on préfère ne pas voir ? Avec une fresque médiévale pour boussole, Aurélien Bory remonte le fil de la peste noire jusqu’aux tragédies d’aujourd’hui — climat déréglé, naufrages en Méditerranée, maladies sans visage. Un face-à-face entre peinture et danse pour révéler ce qui se dérobe au regard.
Donner vie à un tableau représentant la mort. La dernière pièce imaginée par Aurélien Bory pourrait se résumer ainsi. Dans Invisibili, le metteur en scène fait évoluer quatre danseuses et deux musiciens autour de la reproduction du Triomphe de la Mort, une fresque de six mètres de haut et de large peinte au xv e siècle. Exposée à Palerme, elle représente un squelette juché sur un cheval décharné décochant ses flèches indifféremment sur la population. Une danse macabre, probable allégorie de la peste noire qui avait ravagé l'Europe un siècle plus tôt. Touché par cette œuvre sombre lorsqu'il a été invité à travailler à Palerme, entre 2020 et 2023, Aurélien Bory a choisi de l'actualiser sur scène : la fresque sert de toile de fond pour évoquer des fléaux bien contemporains - catastrophes naturelles, cancer, naufrages d'exilés. Des réalités parfois invisibles, qui renvoient à l'anonymat de l'auteur du Triomphe de la mort. Plus qu'un simple décor, la peinture hissée tel un rideau monumental devient un personnage à part entière et dialogue avec les artistes. L'œuvre enveloppe ainsi une danseuse comme un vêtement. Elle se teinte aussi d’un rouge sang, symbolisant cette mort que l’on préfère tenir à distance. Arnaud Stoerkler Lille, 12 & 13.12, Opéra, ven : 20h, sam : 18h, 28 > 5€, opera-lille.fr
Kunda et Lucile, "jumelles astrales" nées au même instant mais séparées par des milliers de kilomètres, portent en elles une faille que leurs larmes refusent d’avouer. Une nuit, guidées par leurs grand-mères revenues en songe, elles plongent dans les récits enterrés de leurs familles. Dix artistes belges et rwandais embarquent le public dans un road trip sensible où les imaginaires se répondent et se réparent. Entre marionnettes à taille humaine d’une saisissante humanité, chants rwandais et murmures européens, la scène devient un territoire d’entre-deux, où la mémoire se déplie comme un paysage. L’Empreinte interroge les silences transmis, les héritages qui pèsent et les mythes qui relient. En tissant les voix de Kigali et de Belgique, cette création dessine une autre manière d’être ensemble : une invitation à réconcilier nos imaginaires pour mieux habiter le monde. Camille Lombardo La Louvière, 10 & 12.12, Théâtre de La Louvière, 20h, 25 > 10€, central-lalouviere.be Mons, 17 & 18.12, Théâtre Le Manège, mer : 18h • jeu : 20h, 18 > 5€, surmars.be
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Gérard-philipe - ccgp grand théatre de calais - officiel
Le Prénom
Cette pièce signée Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, garantit une soirée bouillonnante. L’intrigue ? Vincent, quadra brillant et futur papa, dîne chez sa sœur et son mari. L’atmosphère est détendue, jusqu’à ce que Vincent révèle le prénom choisi pour son enfant. En un instant, le dîner vire au chaos, transformant la soirée en pugilat verbal. À Bruxelles, la mise en scène de Martine Willequet, portée par une distribution belge, déploie toute la puissance de ce huis clos. Tandis qu'à Hem, les prestations de Jean-Luc Lemoine et Cartman promettent un moment de théâtre tout aussi jouissif. C.L.
Bruxelles, 03.12 > 11.01.2026, Théâtre royal des Galeries, mer > dim : divers horaires (15h, 19h, 20h15 selon les jours), 30 > 12€, trg.be // Hem, 22.01.2026, Le Zéphyr, 42/39€, zephyrhem.fr
Le Crime de l’Orient-Express
Mais qui a tué Samuel Ratchett ? La Compagnie des Galeries ressuscite Hercule Poirot pour résoudre cette fameuse affaire. Adapté au théâtre par l’Américain Ken Ludwig, ce best seller signé Agatha Christie est mis en scène par Fabrice Gardin, qui nous emmène à bord de l’Orient-Express. Bloqué par une avalanche en Yougoslavie, le train est à l’arrêt. Tous les passagers sont suspects. Qui découvrira la vérité ? À vous de jouer… C.L.
Bruxelles, 17.01 > 01.02.2026, Théâtre royal des Galeries, jeu > dim : 13h30 / 15h / 20h15, 30 > 12€ trg.be
INSPIREZ-VOUS...
Pensez aux bons-cadeaux !
Les French Twins 16 décembre
Booder 19 décembre
Carmen Opéra de Tunis 13 janvier
Les Liaisons dangereuses 17 janvier
Clément Viktorovitch 20 janvier
Thomas Dutronc 24 janvier
The Loop 3 et 4 février
Malik Bentalha 5 février
Alex Vizorek 6 février
The Beatles Factory 13 février
Stephan Eicher 5 mars
Benjamin Biolay 6 mars
Edouard Baer en Cyrano 12 mars
Goran Bregović 13 mars
Suzanne Vega 17 mars
Laurent Voulzy 18 et 19 mars
Saõ Paulo Dance Company 24 mars
Symphony on Titan 25 mars
Du Charbon dans les veines 28 mars
Peter Cincotti 31 mars
Opéra de Paris Junior Ballet 9 avril
Roman Doduik 28 avril
Luz Casal 28 mai
Haroun 29 mai
Mourad Merzouki Festival URBX 16 et 17 juin
Scannez-moi pour découvrir la totalité de la programmation !
coliseeroubaix.com
Télérama TTT
« La nouvelle création du chorégraphe explore la mort dans un spectacle hypnotique et total.»
LAURA LAUNE
Cette stand-uppeuse a élevé l’humour noir au rang d’art majeur. Son seule-en-scène, malicieusement baptisé Glory Alleluia, retrace un parcours escarpé : dépression, relation amoureuse toxique… Si ses vannes corrosives heurtent joyeusement toutes les sensibilités, elles ne sont jamais gratuites. Ainsi, la Belge évoque les violences conjugales dont elle fut victime ou son trouble du spectre autistique. Des sujets graves, traités avec un subtil mélange de panache goguenard et de sensibilité qui parvient à provoquer l’hilarité. C.L.
La quarantaine passée, l’ancien "plan cul régulier" de Kyan Khojandi dans Bref se pose des questions sur le sexe. Logique, nous direz-vous, sauf que Bérengère Krief s’attaque au plaisir avec une certaine... profondeur. Évoquant ses plans foireux comme les bons conseils de sa maman (« attention ma fille, la grossesse c’est comme le Paic citron : une seule goutte suffit »), la Lyonnaise parle d’émancipation comme de sujets parfois tabous sans jamais se montrer vulgaire – ni cul-cul ! J.D.
Armentières, 13.12, Le Vivat, 20h, 28€, levivat.net Le Touquet, 09.01.2026, Palais des congrès, 20h30, 42/39€ // Arras, 07.03.2026, Casino, 20h, 39/35€ // Lille, 11.03.2026, Théâtre Sébastopol, 20h, 42,20/39,20€
MARION MEZADORIAN
Cette fan d'Eli Kakou donne chair à celles et ceux qui frôlent la crise de nerfs. Mère épuisée, employée révoltée, célibataire qui soupire : « Franchement, j’ai l’impression que tout le monde a une vie de ouf, sauf moi ! ». Portée par la mise en scène précise de Mikaël Chirinian, l’humoriste fait jaillir des colères minuscules, des pensées inavouables et un rire franc qui libère. Mezadorian transforme nos ras-le-bol en énergie pure. Un seule-en-scène vibrant, qui fait du bien là où ça picote. C.L.
Villeneuve d'Ascq, 02 & 03.02.2026, La Rose des vents lun : 19h • mar : 20h, 22 > 6€, larose.fr
Comment réveiller Brel, ce volcan d’émotions, cet homme qui vibrait de tout son corps ? C’est le pari audacieux d’Anne Teresa De Keersmaeker, grande figure de la danse contemporaine, et de Solal Mariotte, jeune chorégraphe issu du breakdance. Avec BREL, créé dans la majestueuse Carrière de Boulbon (Avignon), le duo croise deux énergies, deux écritures, deux époques, autour d’un même feu : celui du chanteur belge.
Chez De Keersmaeker, la rigueur géométrique et la musicalité millimétrée s’allient à la physicalité explosive de Mariotte. Ensemble, ils revisitent un répertoire mythique – La Valse à mille temps, Amsterdam, Ne me quitte pas – non pas pour le rejouer, mais pour le traverser.
Dès les premières minutes, les paroles du Diable (ça va) s’inscrivent en lettres géantes en fond de scène, pendant que De Keersmaeker, en costume gris trop grand, esquisse un pas dans un halo de lumière. Plus tard, son partenaire dévale d’un échafaudage en criant « Quand on n’a que l’amour », avant que leurs corps ne s'accordent dans une valse bancale et tendre. La chorégraphe flamande, qui dansait jadis sur les morceaux de Joan Baez (Once, 2002), poursuit ici sa recherche sur la « chorégraphie de chansons ». Elle s’amuse à désacraliser l’icône Brel, tandis que Mariotte, solaire et instinctif, incarne la fougue d’une génération nouvelle. Leur rencontre s’impose comme une évidence, à l’endroit précis où la mémoire devient mouvement. Nicolas Pattou Bruxelles, 07 > 18.01.2026, Théâtre National, complet ! // 31.03 > 02.04.2026, Gand, De Vooruit, complet !, viernulvier.gent // Hasselt, 05.05.2026, CCHA, 20h, 32/16€, ccha.be
Aurélien Bory, Compagnie 111 danse 12 et 13 décembre
Le cœur a ses raisons
Schumann, Janáček concert 9 décembre
Au Grand foyer Évènements
Concerts Sieste de 13 h à 13 h 45
16 décembre et 3 février
Concerts Heure bleue de 18 h à 19 h 8 et 29 janvier
Open Week 13 → 17 janvier
Concert Insomniaque de 21 h à 1 h 30 24 janvier
Le Château de Barbe-Bleue
Les sons de la solitude
Béla Bartók / Jeffrey Döring opéra itinérant 18 et 19 décembre à l’Opéra janvier / février en tournée dans la métropole et la région
Entre trois mondes Dutilleux, Franck, Pépin concert invité de l’ONL 4 et 5 décembre
Bovary Madame DÉTOURS
DE PISTE
Éternelle madame Bovary. 170 ans après sa publication, le chefd’œuvre de Gustave Flaubert a toujours le vent en poupe, sur scène comme à l’écran. Raison de plus pour le triturer dans tous les sens ! C’est justement le parti pris de Christophe Honoré, qui projette la célèbre Emma sur une piste de cirque.
Après la pièce-procès de Tiago Rodrigues ou le roman-performance d’Hugo Mallon (entre autres adaptations) Christophe Honoré se plonge à son tour dans les "mœurs de provinces" flaubertiennes. Et, comme l’annonce le titre du spectacle (Bovary Madame), le réalisateur et dramaturge français a bien l’intention de retourner les codes de l’œuvre originale... D’abord, Emma (incarnée par Ludivine Sagnier) ne s’est pas suicidée à l’arsenic. La voilà plutôt devenue "star" d’un show qui déménage. Car ici, point de chambres ou salons feutrés du xixe siècle. Vêtue d’une robe de mariée, notre héroïne tragique prend place... au beau milieu d’une piste de cirque. Entre deux montreurs d’ours, elle raconte ainsi les pans de son existence tumultueuse comme on jouerait une succession de numéros. Sur fond de musique pop-rock, la plus fameuse figure de la littérature française s’offre au public à la façon d’une bête de foire. Surtout, elle s’émancipe. Là où le roman dépeint un personnage victime de ses rêves, Christophe Honoré donne corps à une madame Bovary éprise de liberté et de sensualité. Une femme qui se réinvente et (re)prend son destin en main. En cela, elle n’a peut-être jamais été aussi moderne. Julien Damien Douai, 21 > 24.01.2026, Hippodrome, mer & ven : 19h30 • jeu : 20h30 • sam : 18h, 25 > 5€ tandem-arrasdouai.eu
La série de lectures théâtrales du Bateau Feu s'offre de nouveaux contours. Les épisodes de cette saison, écrite par Olivia Burton autour de l'idylle entre Albert Camus et Maria Casarès, s'accompagnent de dessins projetés sur scène pour être lus comme un roman graphique.
L'idée savoureuse d'Histoires en série consiste, depuis 2019, à porter le talent d'un(e) écrivain(e) sur scène. L'invité(e) écrit un texte original découpé en épisodes, qui sont lus par des comédiens lors de spectacles courts et addictifs. Une sorte de Netflix sur les planches, qui regarde en 2026 vers le roman graphique. D'un côté, Olivia Burton signe ici quatre textes sur l'amour secret entre l'écrivain Albert Camus et la comédienne franco-espagnole Maria Casarès. De l'autre, le dessinateur François Saint Rémy, illustre le récit en multipliant les esquisses : le PontNeuf, une cafetière ou une boîte aux lettres (les deux amants se sont échangés 865 missives ou télégrammes...). Ses dessins projetés sur écran illuminent 37 lectures. Telle une avant-première de l'ouvrage qui paraîtra prochainement, on (re)découvre la liaison contrariée entre deux immenses artistes dans un Paris sous les bombes, jusqu'à la mort tragique de l'écrivain en 1960. « Une histoire intime et universelle portée par deux monstres sacrés », résume Ludovic Rogeau, directeur du Bateau Feu. L'histoire ne s'arrête pas là. En « véritable festival », Histoires en série se décline au cinéma, dans des ateliers de lecture à voix haute, lance un concours de lettres d'amour et s'écoutera à Lille durant Séries Mania. À suivre donc. Arnaud Stoerkler Dunkerque, 16 > 31.01.2026, Le Bateau Feu & divers lieux, 10€ > gratuit, lebateaufeu.com
Sélection / 15.01 > 31.01 : collecte de lettres d'amour au Bateau Feu, à la B!B et sur les lieux des lectures // 16.01 : Paris at Night - La Symphonie de Poche // 20.01 : White Spirit - Marine Bachelot Nguyen & collectif… // 29 & 30.01 : La Distance - Tiago Rodrigues // 31.01 : L'intégrale (Nos vies absolues - Albert Camus et Maria Casarès en 4 épisodes) - Olivia Burton
On peut parler aux enfants sans les prendre de haut. Premier festival de danse en France dédié à la jeunesse, l’événement du Gymnase a désormais l’allure d’un grand. Cette année il affiche une quizaine de propositions, entre créations, images et ateliers. Parmi les pépites de cette 21 e édition, L’Amoureux de madame Muscle déploie une fable pop où le cœur palpite autant que le corps, entre BD et danse bigarrée. Avec Reface, Les Idoles triturent leur visage comme une matière à transformer, convoquant des identités mouvantes. Enfin, D’Amour, pièce sensible de Thomas Lebrun, explore l’attachement sous toutes ses formes, entre poésie et déclarations sans fard. Il suffit parfois d’un pas de côté pour rester jeune. Roubaix & Hauts-de-France, jusqu'au 31.01 Le Gymnase & divers lieux, 1 spectacle : 13€ > gratuit, gymnase-cdcn.com
Sélection / 09 > 13.12 : Amala Dianor - Coquilles 06 & 09.01.26 : Thomas Lebrun - D'Amour 20.01 : Michel Kelemenis – L'Amoureux de Mme Muscle // 23.01 : E. Eggermont – Open My Chest... // 26.01 : Les Idoles - Reface
LES MULTIPISTES
Loin des numéros classiques, le Tandem rappelle que le cirque contemporain est un art qui repousse sans cesse ses frontières, entre illusions et corps en fusion.
Dans cette agitation joyeuse, certains spectacles ouvrent de nouveaux horizons. Sans regrets ? propulse The Rat Pack dans une apocalypse stylisée, où acrobaties, cinéma de genre et humour noir se télescopent à grande vitesse.
Plus intime, Trop près du mur voit Typhus Bronx dialoguer avec son double clownesque, révélant une humanité fissurée. Enfin, Raphaëlle Boitel explore deux figures de femmes en lutte, où contorsion et vélo acrobatique deviennent champs de bataille intérieurs. Indéniablement, voici un festival qui remet le cirque en mouvement.
Treize artistes guinéens, enfants de la rue devenus acrobates, mêlent traditions africaines et cirque contemporain. Sur scène, portés, pyramides humaines et danses de masques s’élancent au milieu de bouteilles en plastique, symbole de l’urgence écologique. Chaque geste raconte la résilience et la capacité de l’Homme à recommencer et inventer. Poétique et virtuose, ce spectacle du collectif Circus Baobab célèbre la force collective et invite à repenser notre rapport à l’eau et à la nature.
Calais, 09.12, Grand Théâtre, 20h30, 22 > 11€ spectacle-gtgp.calais.fr
NOS MATINS INTÉRIEURS
Sur le plateau, dix jongleurs et jongleuses évoluent parmi des cubes qui se déplacent. Les balles et les bâtons dessinent des lignes et des courbes dans l’espace, chaque geste s'inscrit dans un mouvement collectif. Les mots des interprètes, enregistrés par Jean-Charles Massera, se mêlent à la musique du Quatuor Debussy, de Purcell à Marc Mellits. Le jonglage devient langage, le plateau un lieu de dialogue. Suspensions et motifs répétés composent un ballet où corps, sons et idées s’entrelacent.
Dunkerque, 16 > 18.12, Le Bateau Feu, mar : 20h • mer & jeu : 19h, 10€, lebateaufeu.com
LE CHÂTEAU DE BARBE-BLEUE
Jeffrey Döring transforme l’opéra de Bartók en traversée intérieure. Le public avance dans un château plongé dans la pénombre ; à chaque porte que Judith ouvre répond une voix de senior, fruit de témoignages recueillis en amont sur la solitude et le vieillissement. La musique enveloppe ces récits et brouille les frontières entre fiction et réalité. L’opéra se mue en enquête sensible : on écoute, on s’approche, on choisit son chemin. Un Barbe-Bleue où l’intime éclaire le mythe.
Lille, 18 & 19.12, Opéra, complet !, opera-lille.fr
IL ÉTAIT UN SOIR
Attention, show devant ! Les Québécois de la Flip Fabrique font souffler un vent de folie sur Roubaix. Dans une ambiance faussement polaire, avec brume et flocons, sept circassiens vêtus de gros anoraks (voire en sous-vêtements) enchaînent les prouesses acrobatiques, entre main à main sur un trampoline, corde à sauter collective ou jonglage avec des boules de neige (et des pelles...).
Tout cela sous la haute autorité du ministère canadien « de la froidure et du brrrr », ça va de soi !
Roubaix, 18.12, Le Colisée, 20h, 39 > 15€, coliseeroubaix.com
IMMAQAA, ICI PEUT-ÊTRE
Lola Naymark transforme le rituel du coucher en odyssée miniature. Sacha, 4 ans, repousse la nuit… puis, porte close, il bascule dans un monde où chaque question devient dune ou montagne. Sur scène, un immense bac à sable se métamorphose : façonné à vue, il fait surgir créatures, peurs et alliés, dont un éléphant bienveillant qui guide l’enfant jusqu’au matin. Entre récit, manipulations et arts plastiques, ce spectacle apprivoise ce moment fragile où l’on glisse vers le rêve.
Dunkerque, 07 > 10.01.2026, Le Bateau Feu, 15h, jeu > sam : 10h & 15h, 6€, lebateaufeu.com
Lille, 04 > 07.02.2026, Grand Bleu, divers horaires, 6/5€, legrandbleu.com
Mathurin Bolze signe une œuvre introspective, mettant en scène huit acrobates dans une exploration de l'infini et de l'incertitude. Inspiré par un voyage au Groenland et des récits d'explorateurs, le spectacle évoque les immenses étendues blanches, un espace en perpétuel changement où l’humain se confronte à ses limites. Le titre, « immaqaa » signifiant « peut-être » en inuit, reflète l’instabilité du monde actuel. À travers des numéros acrobatiques fascinants, Bolze interroge le rapport à l’inconnu et à la fragilité de l’existence.
Amiens, 11 & 12.12, Maison de la culture, 19h30, 25 > 8€ (-12 ans), maisondelaculture-amiens.com // Valenciennes, 22 & 23.01.2026, Le Phénix, 20h, 32 > 5€, lephenix.fr
La saison du Prato se poursuit !
JANVIER
mar 13 à 9h30
mer 14 à 10h et 17h
Toi m'aimes
jeu 22 à 20h
Cabanographie
sam 24 de 11h à 23h
Circus Variations au Cirque Jules Verne
ven 30 à 20h
Il était une fois au Pratow
Marthe & Sacha Vangrevelynghe
FÉVRIER
mer 4, jeu 5 et sam 7 à 19h30
dim 8 à 17h
DesnuitspourvoirlejOur à la salle des Fêtes de Fives
mar 10 à 14h30 et 19h
Aspirator
MARS
jeu 5 à 20h
Il était une fois au Prato
Alice Barraud & Aristide Barraud
mar 10 à 20h
Moya au Vivat
jeu 12 à 14h30 et 20h
Drache Nationale
BELLES SORTIES
Attention à ta tête ven 13 à 20h lieu à venir
mar 24 à 20h
Cosmos et Mahamat
mer 25 à 15h
jeu 26 à 14h30
sam 28 à 16h
SouvenirShop au Grand Bleu
La billetterie est ouverte du mardi au vendredi de 14h à 18h.
Soirée Magique à la maison de la culture de Tournai
mar 7 à 14h30, 19h et 20h30
Pauvres Diables
ven 10 à 20h
sam 11 à 19h
dim 12 à 17h
Hourvari
jeu 30 à 20h
Tendre
MAI
sam 2 de 11h30 à 23h
TurBus à Vieux-Condé
mar 12 à 20h
Les 3e annéeenpiste
jeu 21 à 19h
Revers de Paillettes (extrait)
Et aussi le TentaBus pour Les Tentaculaires à Amiens le 4 juillet !
DAME DE CŒUR
Yuni Yoshida bluffe tout le monde avec un jeu de cartes revisité sans le moindre trucage numérique. Ici, tout est réel : cousu, collé, tressé à la main. Elle détourne pâtes, pétales, bigoudis ou théières pour recomposer 54 figures familières. En y regardant de près, chaque pièce dévoile sa construction minutieuse, ses fibres, ses petites imperfections assumées. Un jeu qui ne se distribue pas mais qui se contemple, carte après carte.