Fugues Novembre 2025

Page 1


VOUS VOULEZ SOUTENIR NOTRE ACTION?

FUGUES est un magazine

LGBTQ+ qui paraît depuis 1984. Disponible gratuitement dans plus de 250 lieux partenaires*, vous pouvez aussi vous le faire livrer chez vous!

FAITES UN DON UNE FOIS OU CHAQUE MOIS

https://jesoutiens.fugues.com

OU ABONNEZ-VOUS!

De base : 80$

De soutien : 100$ https://jesoutiens.fugues.com /abonnement-a-fugues/

10 éditions régulières de FUGUES

De Février à Novembre

1 édition doubles de FUGUES Décembre/Janvier

SOUTENEZ-NOUS

Afin de contrôler nos coûts de production, nous opérons en télé-travail. Merci de nous contacter par courriel ou par téléphone.

GROUPE HOM

Une entreprise québécoise 100% LGBTQ+

l’expression de la communauté

Couverture

Modèles : Hudson WILLIAMS et Connor STORRIE

Photo : Tirée du film HEATED RIVALRY (courtoisie de CRAVE) qui sera présenté en première mondiale lors d'Image+nation

Montage graphique : Éric PERRIER

Suivez-nous sur

• https://www.fugues.com

• https://www.x.com/fuguesmagazine

• https://www.youtube.com/c/FuguesMag

META BLOQUE LES MÉDIAS CANADIENS!

ABONNEZ-VOUS DIRECTEMENT AU FUGUES

• Facebook https://www.facebook.com/fuguesmag

• Instagram https://www.instagram.com/fugues.mag/ @fugues.mag | #fuguesmag

• Linkedin https://www.linkedin.com/company/fuguesmagazine

• Bluesky https://bsky.app/profile/fuguesmagazine.bsky.social

• Canal Apple News de Fugues sur iOS

Version numérique

• Fugues.com (site gratuit) https://www.fugues.com

• ISSUU.com (site gratuit) https://issuu.com/fugues

• Biblimags.ca (avec carte d’une bibliothèque) https://biblimags.magzter.com/CA/Groupe-Hom/Fugues/Lifestyle

• PressReader.com (sur abonnement) https://www.pressreader.com/fr/magazines/m/fugues

Fugues

GROUPE HOM 3091-2703 Qc Inc 1674 Cartier, Montréal H2K 4E2

POUR NOUS REJOINDRE 514-499-9994

ÉDITEURS

Yves LAFONTAINE

Marc LANDREVILLE Éric PERRIER

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Yves LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

DIRECTEUR ARTISTIQUE Éric PERRIER eperrier@fugues.com

DIRECTEUR DES VENTES, RESPONSABLE DE LA FACTURATION

Réal LEFEBVRE real@fugues.com

DIRECTEURS DE COMPTES

Marc LANDREVILLE mlandreville@fugues.com

Réal LEFEBVRE real@fugues.com

Alain LEMIEUX (Annonces classées) pa@fugues.com

GRAPHISTE EN CHEF ET INTÉGRATION DE CONTENUS WEB Éric PERRIER eperrier@fugues.com

RÉDACTEUR EN CHEF

Yves LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT

André C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

GESTIONNAIRE DE COMMUNAUTÉ, PHOTOS ET VIDÉOS

Andréa ROBERT LEZAK andrea@fugues.com

CORRECTION/RÉVISION

Julie PAQUIN

• Magzter.com (sur abonnement) https://www.magzter.com/CA/Groupe-Hom/Fugues/Lifestyle/All-Issues

ONT COLLABORÉ À CETTE ÉDITION

Denis-Daniel BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

Julie VAILLANCOURT julievaillancourt@outlook.com

Philippe GRANGER pg.philippegranger@gmail.com

Benoît MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

Robert GAREAU robertgareauastrologue@gmail.com

Samuel LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

Ainsi que Chantal CYR, Logan CARTIER, Nicolas VANDAL,Olivier DE MAISONNEUVE, Steven ROSS, R. Pratka, Charles GAGNÉ, Caroline LAVIGNE, Patrick BRUNETTE, Ophélie DÉNOMMÉE-MARCHARD et Frédéric TREMBLAY.

PHOTOGRAPHES

Pascal FOREST et Andréa ROBERT LEZAK AVIS LÉGAUX

Toute reproduction, adaptation ou traduction est interdite sans l’autorisation de l’éditeur. Les articles publiés n’engagent que leurs auteurs et ne sont pas nécessairement les opinions du magazine. Fugues n’est pas responsable des manuscrits, visuels, dossiers électroniques et photos qui lui sont soumis. Le matériel non sollicité envoyé demeure la propriété de Fugues. La parution du nom ou de la photographie d’un individu dans cette publication n’implique nullement une définition de son orientation sexuelle ou de son identité de genre. L’exactitude de toute information fournie dans les annonces relèvent de la responsabilité des annonceurs. L’éditeur se réserve le droit de publier ou non tout matériel fourni par les annonceurs et/ou auteurs. La version imprimée et les versions numériques de FUGUES rejoignent plus de 330 000 personnes chaque mois (167 000 lecteurs pour la version imprimée et plus de 160 000, pour la version numérique). Dorénavant, le tirage imprimé de Fugues variera (selon les mois) entre 24 000 et 27 000 exemplaires (le magazine est disponible dans plus de 265 lieux de distribution au Québec).

DÉPÔT LÉGAL ISSN 0831-1625

Bibliothèque nationale du Canada, Bibliothèque nationale du Québec et Archives gaies du Québec.

FRÉQUENCE DE PARUTION

FUGUES est publié 11 fois par année : 10 numéros mensuels réguliers (de février à novembre, inclusivement), 1 édition double (Décembre / Janvier).

ABONNEMENT

On peut recevoir des FUGUES par la poste en s’y abonnant pour un an: 80$/an pour les résidants canadiens. États-Unis: 180$ US/an.

Paiements par mandat ou par carte de crédit uniquement, à GROUPE HOM.

Des versions numériques sont téléchargeables gratuitement via fugues.com

AFFILIATIONS

Fugues est membre de la Chambre de commerce LGBT du Québec et de l'Association québécoise des éditeurs de magazines (AQEM).

DATES DE TOMBÉES DES PROCHAINES ÉDITIONS

DÉCEMBRE 2025

JANVIER 2026

TOMBÉES

Tombée rédactionnelle : 11 novembre 2025

Réservation publicitaire : 14 novembre 2025

Matériel publicitaire : 17 novembre 2025

Sortie : 26 novembre 2025

FÉVRIER 2026

TOMBÉES

Tombée rédactionnelle : 13 janvier 2026

Réservation publicitaire : 16 janvier 2026

Matériel publicitaire : 19 janvier 2026

Sortie : 28 janvier 2026

MARS 2026

TOMBÉES

Tombée rédactionnelle : 10 février 2026

Réservation publicitaire : 13 février 2026

Matériel publicitaire : 16 février 2026

Sortie : 25 février 2026

Les communiqués doivent parvenir à la rédaction au plus tard le lundi précédant la tombée de l'édition.

NOUS RECONNAISSONS L’APPUI FINANCIER DU GOUVERNEMENT DU CANADA

PETITES ANNONCES

ALAIN LEMIEUX

514-499-9994 #3 | pa@fugues.com

Trousse média www.fugues.com/info

POUR ANNONCER DANS FUGUES

Vous pouvez contacter un de nos directeurs de comptes publicitaires dont vous trouverez les coordonnées sur le lien https://www.fugues.com/contactez-nous ou contacter publicite@fugues.com ou redaction@fugues.com

Vous pouvez également obtenir des infos détaillées concernant les dates de tombées, les tarifs et le profil des lecteurs en visitant le https://www.fugues.com/info

PLEINS FEUX SUR LA 38E ÉDITION

D’IMAGE+NATION

PAGE 80

« Les films seront donc présentés exclusivement en salles du 20 au 30 novembre, puis, à l’issue du festival en présentiel, une édition virtuelle prolongera l’expérience de quelques jours... »

THOMAS JOLLY, PLUS D’UN AN APRÈS LES JO

PAGE 22

« avoir Céline, c’était assez évident pour plein de raisons. La première, c’est qu’on voulait finir la cérémonie avec « L’hymne à l’amour ». C’est une très grande chanson et il fallait une très grande voix... »

Sommaire

novembre 2025 | no 495

CHRONIQUES

08 Au-delà du cliché / Samuel Larochelle

10 Par ici ma sortie / Denis-Daniel Boullé

12 Où sont les lesbiennes / Julie Vaillancourt

14 Place au Village / Gabrielle Rondy

30 Arts & icones / Richard Burnett

110 Porte Voix / Nicolas Vandal

112 Horoscope / Robert Gareau

ENTREVUES / ACTUALITÉS

16 Le gouvernement québécois interdit les néopronoms

18 30 ans plus tard, têtu· porte toujours bien son nom

20 Entrevue : Chris Bergeron revendique la force du fake

22 Entrevue : Thomas Jolly, plus d’un an après les JO

24 Entrevue : Julien Poirier-Malo, le jeune vétéran de la radio

26 Entrevue : Laurence réécrit sa vie

28 Entrevue : Éric Paulhus

COMMUNAUTAIRE

32 Campagne de financement des Archives

33 Prendre la parole par la couture

34 Tara Chanady du RLQ

35 Magali Boudon à la direction du Conseil québécois LGBT

36 Groupes lgbtq+

38 Équipe Montréal

40 Retour sur le 30e gala d’Équipe Montréal

41 La Guignolée des Drags patronnesses est de retour !

42 L’art sous plusieurs formes pour Denis B. Lapointe

44 Alain Ménard n’est plus

BIEN VIVRE / CONSOMMATION

46 Au volant

48 Alcools

DÉCORHOMME / GUIDE ARC-EN-CIEL

50 Des amoureux québécois transforment un château français

58 Kyoto ou la beauté du silence

60 48 h mémorables à Kingston, l’ancienne reine du Canada

QUOI FAIRE

62 L’explosion de créativité de l’expo Afrique Mode

64 Neuf questions à Kent Monkman

66 Luc Provost sur scène dans la peau de Hosanna ou la Shéhérazade des pauvres

68 Candide au Théâtre Denise-Pelletier

70 Kisses Deep au Théâtre Centaur

72 Wayward (Indociles)

73 Brilliant Minds, saison 2

74 Ils vécurent heureux

74 English Teacher, saison 2

76 Un avant gout de CINEMANIA 2025

92 Concert Voix d’Espoir 2025

94 La chanteuse Sarah Vanderzon trouve son chemin

95 Jade LeMac, la chanteuse qui s’amuse sur TikTok

96 Stéphane Lamontagne, Québec Issime

98 NOUVEAUTÉS : Livres

101 Une édition étoilée du Cabaret Accents Queers!

102 Le Diamant Rouge

104 LIEUX LGBTQ+ DE RENCONTRES

IMAGE+NATION 20-30 NOVEMBRE

78 « ON SERA HEUREUX » de Léa Pool

80 Pleins feux sur la programmation

82 La poésie brutale du désir clandestin dans Plainclothes

83 A Culinary Uprising : The Story of Bloodroot / Maspalomas / Amantes

84 Confidences sur Blood Lines

85 Enzo

86 Des Preuves d’amour / Rock Out / Outerlands

87 Bretten Hannam présente un nouveau film, quatre ans après Wildhood

88 Rivalité brûlante une histoire d’amour sur glace

89 Jimpa

90 Streets of Glória / The History of Sound

91 Sane Inside Insanity, The Phenomenon of Rocky Horror

PETITES ANNONCES

52 Immobilier

53 Annonces classées

FUGUES Y ÉTAIT

108 Photos

DEPUIS 1984

Magazine LGBTQ+ de société, culturel et communautaire, FUGUES est le seul média québécois/ canadien francophone à suivre l’actualité gaie, lesbien, bisexuelle et transgenre d’ici et d’ailleurs. Sa diffusion multiplateforme à la fois imprimée et virtuelle vous donne votre dose régulière d’actus LGBTQ+. Ilreposesurunepetiteéquipedepassionné-e-s ;)

KENT MONKMAN 64
AFRIQUE MODE 62

Chronique au-delà du cliché

Le polyamour est-il toujours queer?

Une nouvelle amie a ébranlé mes certitudes. Mariée à un homme, mère de famille, en couple avec un deuxième amoureux et n’ayant aucun intérêt pour la gent féminine, elle dit faire partie du spectre de la queerness. Instinctivement, j’ai cru qu’elle s’appropriait un monde qui n’était pas le sien. Puis, je suis allé au-delà de ma réaction primaire et j’ai compris que les polyamoureux avaient, eux aussi, leur place dans nos communautés.

Si votre premier réflexe est de monter aux barricades pour affirmer que les maudit·es wokes veulent ajouter un « P » à l’acronyme communautaire, qu’il y a déjà trop de lettres, que vous n’arrivez plus à suivre et qu’on est en train de détruire les fondements de la société, je vous invite à boire une camomille et à revenir nous voir quand vous aurez envie de réfléchir à un monde en mouvance, plutôt que de vouloir le rigidifier parce que c’est moins forçant de même.

Revenons à nos moutons polyamoureux. Dans plusieurs cas, leur queerness est une évidence. Pensons à un trouple de trois hommes. À un trouple formé de personnes aux genres variés qui partagent une intimité émotive et sexuelle. À une lesbienne avec deux blondes

ON A BESOIN DE VOUS

qu’elle rencontre séparément. À un homme trans qui a deux partenaires qui se voient de temps à autre. Tous ces exemples impliquent des formes diverses d’homosexualité, de bisexualité, de pansexualité, d’identités de genre en dehors de la binarité, et plus encore.

Mais qu’en est-il de l’amie dont je parlais en introduction ? Malgré de rares expériences avec des femmes durant sa jeunesse, elle se dit hétérosexuelle. Son mari et son amoureux sont deux hommes qui n’ont pas noué de relation entre eux. Ils se connaissent, ont déjà soupé tous les trois ensemble, mais ne partagent aucune forme d’intimité. Seule mon amie entretient un lien privilégié avec chacun. On pourrait donc résumer le tout à de l’hétérosexualité vécue avec deux partenaires. Pourtant, il y a plus…

La notion de queer ne se résume pas aux orientations sexuelles et aux identités de genre.  Queeewa ? Ce mot-là veut encore dire une autre affaire ? D’une part, on l’utilise souvent comme un terme englobant les franges de nos communautés 2SLGBTQIA+. D’autre part, on en fait une identité qui expulse les codes imposés par la binarité homme/femme et hétéro/homo, en vivant dans une forme de fluidité. On peut également y voir une dimension politique.

En effet, aux yeux de bien des gens, être queer est une vision du monde. Un rejet de nombreux codes et structures. Un refus de se laisser enfermer dans une boîte. Une revendication de l’éclaté, du souple, du flou et du poreux. Une existence en dehors des lignes, des murs et des frontières. Le jour où j’ai pris conscience de cela, j’ai compris pourquoi mon amie straight considérait que son polyamour appartenait au monde queer.

Est-ce que cette information efface la valeur de ma réaction initiale ? Mon amie essaie-t-elle, inconsciemment et sans intention malicieuse, de s’approprier notre monde ? Nos communautés ne sont-elles pas formées de personnes qui ont appris à assumer leurs différences à la face du monde, en refusant de suivre le chemin tracé devant elles, en tournant le dos aux attentes sociales et en écoutant leur vraie nature ? Ne sommes-nous pas des millions à avoir souffert de notre orientation sexuelle ou de notre identité de genre non traditionnelles ? À avoir tenté de changer ou de nous cacher ? À avoir été victimes d’insultes, de violence et d’exclusion ? L’appartenance au queer ne vient-elle pas avec un lot de souffrances et de combats, à petite et à grande échelle ?

Oui, dans plusieurs situations. Mais avec le recul, je réalise que mon amie peut, elle aussi, revendiquer certains de ces éléments. Je ne surprendrai personne en affirmant que le couple hétéro monogame est encore l’un des socles de nos sociétés. Comme elle n’adhère pas à la monogamie, mon amie détonne. Vous me direz qu’il est possible de vivre le polyamour dans la discrétion, sans que le reste du monde ne l’apprenne et que #lesgens partagent leur opinion non sollicitée sur le sujet. C’est probablement vrai. Mais comme mon amie est du genre à s’assumer, elle a discuté de sa dynamique amoureuse avec ses enfants, ses parents et ses beaux-parents. Les réactions furent nombreuses… et pas toujours joyeuses !

À sa manière, elle compose avec les regards extérieurs, l’incompréhension et le jugement, parce qu’elle n’entre pas dans la case du couple traditionnel. Elle ne s’est jamais endormie à l’adolescence en rêvant de changer d’orientation sexuelle ; elle n’a pas eu d’idées suicidaires en réaction à une dysphorie de genre ; elle n’est pas ostracisée au quotidien en raison de ses préférences (les hommes) ou de son identité. Mais sa dynamique relationnelle fait exploser les codes. Et ça, c’est profondément queer… que vous le vouliez ou non.

S’il existe une quantité impressionnante de gais et de lesbiennes qui font tout pour correspondre au moule hétéronormatif en se tenant loin des codes de la culture queer, je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas d’espace pour les hétéros polyamoureux dans le monde queer. 6

Contactez-nous à redaction@fugues.com en nous faisant parvenir des articles publiés.

Chronique par ici ma sortie

La CAQ et les communautés

2SLGBTQ+ : la lune de miel serait-elle terminée ?

Certains parlent de recul, mais restons positifs et optimistes. Peut-être n’est-ce qu’une pause. Toutefois, compte tenu des dernières prises de position du gouvernement caquiste, force est de constater que le fossé se creuse au regard des dernières décisions de certains ministres.

Passons rapidement sur le fameux Comité des sages décidé par le gouvernement pour faire le point sur les jeunes trans et au sein duquel ne se trouvait aucune personne trans, ce qui était déjà une claque infligée et une non-reconnaissance de tous les organismes trans qui ne cessent de produire de la documentation pour… rassurer le reste de la population.

Rappelons que la CAQ est mise à mal dans les sondages. Et pour son chef, qui souhaite de nouveau être élu en 2026, rien n’est trop beau pour séduire une partie de l’électorat plus conservateur ou encore pour jouer dans les plates-bandes du Parti québécois. Et, on le sait, ni les conservateurs et, dans une moindre mesure, le Parti québécois, ne sont très ouverts quand il est question du genre. Loin de là.

Alors, tranquillement, le gouvernement prend un virage à droite quand il s’agit des droits de la personne, des 2SLGBTQ+ ou encore de l’immigration.

Un remaniement ministériel a eu lieu et il n’y a aucun.e ministre responsable du Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie. En fait, cette responsabilité revient à la Secrétaire à la condition féminine,

Caroline Proulx. Il est précisé dans le libellé de son poste que la Secrétaire portera une attention à « la sensibilisation aux réalités spécifiques des personnes LGBTQ et au respect de leurs droits ». Pas bien méchant, diront certains, d’autant qu’après le passage de Martine Biron, dûment responsable du Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie, plusieurs se disaient, et j’en suis : à quoi cela a-t-il servi d’avoir un ou une ministre, compte tenu de son peu d’action au cours de son mandat ? Mais il y avait une dimension symbolique importante de voir les communautés 2SLGBTQ+ reconnues au même titre que les aîné.e.s et les femmes. Elles sont à présent reléguées au second plan.

Respects de leurs droits. On a hâte d’entendre la ministre Caroline Proulx s’exprimer sur la directive du ministère de la Sécurité publique du Québec, en date de juin dernier, qui mentionne que dorénavant les personnes incarcérées seront détenues selon leur « sexe anatomique ». Avant cette directive, on tenait compte de l’identité de genre pour déterminer l’établissement dans lequel une personne serait incarcérée. Cette décision a été prise de façon unilatérale et sans consultation avec les personnes et les groupes intéressés. De quels respects des droits des personnes LGBTQ parle-t-on alors ? Et n’est-ce pas la preuve d’un recul ?

Enfin, tout récemment, le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, a annoncé que l’usage de l’écriture inclusive serait interdit dans toutes les sociétés d’État. Pour se justifier, il dit suivre les recommandations de l’Office québécois de la langue française (OQLF). À croire que le ministre n’a pas lu sur le site de l’OQLF la page sur l’écriture inclusive : Rédiger épicène pour des écrits plus inclusifs. Certes l’OQLF reste conservateur, mais fait preuve d’ouverture et est sensible aux changements qui se produisent, tout en proposant des solutions. En aucun cas, il n’est suggéré d’interdire.

Pas de quoi s’affoler, mais quand on veut supprimer des droits, on commence généralement doucement. On rabote tranquillement. Quand on regarde ce qui se passe aux États-Unis, on s’en rend compte. On n’interdit pas forcément l’avortement, mais on en resserre les critères pour y avoir accès. Et l’on s’en prend aux personnes trans qui font tache dans le portrait des sociétés hétéronormées. Normal, iel.le.s, ils et elles sont moins nombreuses et nombreux et, de plus, ont l’audace de réclamer d’être des citoyen.ne.s à part entière et non de seconde zone, avec des devoirs, certes, mais aussi des droits.

Reste à savoir quelle stratégie adopter. On continue à maintenir des liens avec le gouvernement, en privilégiant des liens plus personnels avec des ministres auxquels on fait part des inquiétudes, en leur demandant ce qu’ils et elles peuvent faire. On ne veut pas que les portes soient complètement fermées. Une stratégie qui commence à montrer ses limites. Dans les exemples choisis de ce recul, en aucun cas les groupes communautaires n’ont été consultés et le strapontin que leur a offert le Comité des sages n’a été qu’une mascarade, puisque leurs recommandations ne se retrouvent pas dans le rapport final.

Il est peut-être temps de se tenir debout, comme viennent de le faire le Conseil québécois LGBT et Juritrans, qui ont mis en demeure le gouvernement du Québec afin qu’il revienne sur sa décision d’incarcérer les personnes dans des établissements pénitenciers en fonction de leur sexe anatomique et non selon leur identité de genre. Un premier pas, mais qui pourrait être suivi par d’autres quand les communautés 2SLGBTQ+ voient que leur reconnaissance et leurs droits sont attaqués.

D’autant plus que, comme on le voit en lisant les chroniqueurs et chroniqueuses sur les réseaux sociaux d’ici et d’ailleurs, le coming out homophobe et transphobe est de plus en plus dans l’air du temps. On ne se gêne plus, on ne se garde plus de petite réserve, on assume sans aucune vergogne.

Il est bon, pour des responsables d’organismes, de se retrouver à la Garden Party organisée par François Legault chaque mois de juin, de se faire prendre en photos avec les ministres et de les publier pour montrer que tout va bien dans le meilleur des mondes. On me répète que c’est important d’y être pour maintenir des liens interpersonnels avec les décideurs et les décideuses, mais les bulles de champagne doivent avoir un goût de plus en plus amer.  6

Chronique où sont les lesbiennes

Quand votre t-shirt vous mène en prison

À l’heure où tout le monde publie tout et n’importe quoi sur les réseaux sociaux, où l’on voit défiler la violence sous toutes ses formes — qu’elle soit générée par l’intelligence artificielle ou issue d’une réalité morbide diffusée en direct (comme le meurtre de Charlie Kirk) —, une femme écope de plus de deux ans et demi de prison pour avoir porté un t-shirt sur lequel on pouvait lire : «Allahislesbian». C’est le monde à l’envers.

Le 31 juillet 2025, la militante féministe Ibtissame Lachgar publie sur X une photo d’elle portant un t-shirt arborant l’inscription : « Allah is lesbian / Dieu est lesbienne ». L’image était accompagnée d’un texte qualifiant l’islam, « comme toute idéologie religieuse », de « fasciste, phallocrate et misogyne »(1). Si le commentaire est radical et déplaît sans doute aux fervents défenseurs d’idéologies religieuses, il n’en demeure pas moins lucide. Force est d’admettre que, depuis la nuit des temps, les religions servent à contrôler les masses, et plus particulièrement les femmes : leurs mœurs, leurs occupations, leurs esprits, leurs corps et même ce qu’elles portent… Très ironique, dans le cas d’Ibtissame, puisque c’est précisément ce qu’elle portait qui l’a menée en prison — dans un pays où la religion prescrit, selon une interprétation toute patriarcale des textes, ce que les femmes doivent porter.

Sans surprise, la publication d’Ibtissame a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, certains internautes réclamant son arrestation. Ironique, quand on pense à la myriade de gens qui se cachent derrière leur clavier pour prêcher la bonne conduite tout en étant les premiers à commettre des crimes. Il suffit de consulter l’enquête d’Urbania(2), qui a récemment révélé qu’une centaine d’hommes étaient prêts à « coucher » — au sens littéral du terme — avec une femme endormie. Avec la simple question : « Voulez-vous coucher avec une femme

endormie ? », le journaliste Hugo Meunier et la réalisatrice Cloé Giroux ont réussi à recruter près d’une centaine d’hommes sur le site de rencontres québécois JALF, acronyme de « Jouer Avec Le Fantasme ». Bref, pour une centaine d’hommes inscrits sur cette plateforme montréalaise, ce qui est arrivé à Gisèle Pelicot constitue un fantasme à assouvir… Répugnant. Mais porter un t-shirt où l’on peut lire « Allah est lesbienne » peut, lui, vous valoir plus de deux ans de prison. C’est le monde à l’envers, un envers qui illustre à merveille l’inégalité des sexes, dans un univers où le corps des femmes est encore contrôlé par le patriarcat, pilier de la plupart des religions et des sociétés (les sociétés matriarcales existent, certes, mais elles sont rarissimes). Sans surprise, Ibtissame Lachgar a affirmé, dans une publication Facebook, avoir été victime de cyberharcèlement pendant plusieurs jours après la mise en ligne de sa photo, recevant « des milliers de menaces de viol, de mort, d’appels au lynchage et à la lapidation »(1). Tout ça pour avoir porté un t-shirt, rappelons-le. Ce chandail, « avec un slogan (détourné) féministe bien connu », pour reprendre ses mots, n’était pas porté à la légère. Psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialisée en criminologie et en victimologie, la quinquagénaire d’origine marocaine — fille d’un syndicaliste et défenseur des droits humains — milite depuis des années pour les libertés individuelles, notamment celles des femmes et des personnes LGBTQ+. Elle est porte-parole et cofondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (M.A.L.I.), un mouvement féministe universaliste qui œuvre sur plusieurs fronts depuis 2009 : liberté d’expression, interruption volontaire de grossesse, droits LGBTQ+, liberté sexuelle, laïcité de l’État, etc. On peut d’ailleurs lire sur la plateforme Medium un texte qu’elle y a publié en mai 2020, à l’occasion de la Journée internationale de l’hygiène menstruelle et de la Journée internationale d’action pour la santé des femmes, intitulé My Body My Rules(3). Ironique, n’est-ce pas ?

Le jugement est tombé le 3 septembre 2025 à Rabat : Ibtissame Lachgar devra purger 30 mois de prison ferme pour « blasphème ». Ce n’est plus My Body My Rules, mais plutôt The State Rules Your Body. Particulièrement quand on est une femme. Le slogan sur le t-shirt a notamment été jugé « offensant envers Dieu » par les autorités. Je ne veux pas péter la bulle de personne, mais Dieu ne suit pas les moindres faits et gestes de tout le monde ; ce sont plutôt les réseaux sociaux qui, désormais, font office de divinité. Sans compter que tout le monde s’y prend pour Dieu, sur les réseaux comme ailleurs… Et puis, il me semble avoir entendu dire que ce Dieu, à l’amour universel, ne juge pas. Ce sont ceux qui interprètent ses gestes et ses paroles qui jugent. Dans bien des religions, ces jugements sont rendus par des hommes — sur des femmes. Les autorités ont crié au blasphème, parlant d’un « texte comportant une offense à la religion islamique ». Un verdict choquant, et « une atteinte à la liberté d’expression », a déclaré à l’AFP Hakim Sikouk, président de l’Association marocaine des droits humains (AMDH)(4). Et puis, qui peut affirmer avec certitude que Dieu est un homme ? Ceux qui ont interprété les textes religieux : les hommes. Pour créer son slogan, Ibtissame se serait inspirée d’une citation de la féministe française Anne-Marie Fauret, prononcée lors d’une manifestation des Gouines rouges en 1971 : « J’ai vu Dieu. Elle est noire, communiste et lesbienne. » Une phrase à la fois féministe et antiraciste, qui questionne — voire renverse — la représentation patriarcale de ce Dieu présenté sous les traits d’un vieil homme à la barbe blanche. Plus récemment, dans la foulée du mouvement Black Lives Matter, est apparu aux États-Unis un autre slogan sur des vêtements : « I Met God, She’s Black / J’ai rencontré Dieu, Elle est noire ». Son créateur, Dylan Chenfeld, un jeune Américain juif athée de 21 ans, surfait sur les revendications culturelles et identitaires du mouvement, en réaction aux meurtres d’Afro-Américains tels que Trayvon Martin (2012), Michael Brown, Eric Garner, Rekia Boyd et, plus récemment, George Floyd (2020). Dylan expliquait au HuffPost qu’il voulait défier les conventions : « Je pars du principe que Dieu est un homme blanc, et je fais le contraire : une femme noire »(5). Dylan, lui, ne sera pas emprisonné pour ce slogan. Au contraire, il est devenu viral sur les réseaux sociaux; les gens s’arrachent ces t-shirts. « Le message inscrit sur le t-shirt traduit en réalité un profond désir des gens de voir Dieu à leur image », explique la révérende Jacqueline J. Lewis, pasteure principale à la Middle Collegiate Church, qui a participé aux manifestations contre la mort d’Eric Garner aux mains de la police new-yorkaise(5). Dans les traditions abrahamiques, Dieu se présente à Moïse en disant : « Je suis celui qui suis. » Cette phrase du Livre de l’Exode (3:14) signifie que Dieu est l’Être absolu, éternel. Puisque ce Dieu est à la fois en chacun de nous et infiniment mystérieux, nous le rendons accessible en l’imaginant. Et la manière dont nous l’imaginons nous aide à nous imaginer nous-mêmes. Alors, quel est le problème à imaginer Dieu comme une femme lesbienne ?6

-20 Minutes avec AFP, 12 août 2025 : https://www.20minutes.fr/monde/maroc/ 4167543-20250811-maroc-militante-feministe-arretee-propos-juges-blasphematoires

-Urbania, Micromag 126, 13 septembre 2025 : https://urbania.ca/micromag/enquete-affaire-pelicot-micromag-126

-Medium – MALI – Maroc : https://medium.com/mali-maroc

-Le Nouvel Obs avec AFP, 4 septembre 2025 : https://www.nouvelobs.com/monde/20250904.OBS107319/ une-atteinte-a-la-liberte-d-expression-au-maroc-la-militante-feministe-ibtissame-lachgarcondamnee-a-30-mois-de-prison-pour-blaspheme.html

-Carol Kuruvilla, HuffPost, 3 janvier 2015 : https://www.huffpost.com/entry/i-met-god-shes-black_n_6406928

Chronique place au village

Un message aux prochain·e·s élu·e·s : nos souhaits pour le Village

Cher·ère·s prochain·e·s élu·e·s, Le Village entre dans une période charnière de son histoire.

Depuis cinq ans, j’ai la chance d’être entourée d’une équipe passionnée et d’un conseil d’administration engagé, formé de commerçant·e·s, d’organismes et d’allié·e·s qui croient profondément au potentiel du Village.

Chaque jour, nous travaillons ensemble pour améliorer la qualité de vie, soutenir nos membres et faire briller notre quartier. Derrière chaque projet d’aménagement, chaque événement, chaque action de propreté ou de médiation, il y a des personnes dévouées qui mettent leur cœur et leur énergie au service d’un objectif commun : faire du Village un lieu où tout le monde se sent bienvenu·e, fier·ère et en sécurité.

C’est en pensant à elles, et à toutes celles et ceux qui font battre le cœur du quartier, que je vous écris aujourd’hui.

À l’aube d’un nouveau mandat municipal, et à la suite de l’annonce du grand projet de réaménagement de la rue Sainte-Catherine Est, je souhaite vous parler directement, au nom des membres de la SDC du Village et de toute mon équipe.

Ce projet représente une étape déterminante pour notre avenir collectif. Dans les prochaines années, des milliers de nouveaux·elles résident·e·s viendront s’y installer. Grâce à ces investissements, nous avons une occasion unique d’offrir un milieu de vie et d’affaires encore plus attrayant, sécuritaire et inclusif.

GABRIELLE RONDY

Directrice générale de la SDC du Village

Cette transformation donnera un nouvel élan à nos commerçant·e·s, à nos organismes et à nos partenaires, tout en consolidant l’identité du Village comme cœur vibrant, culturel, économique et communautaire de Montréal. Mais pour que cette vision se concrétise pleinement, je souhaite vous partager cinq priorités claires, concrètes et ancrées dans la réalité du terrain.

Pérenniser et renforcer les Allié·e·s du Village Notre brigade des Allié·e·s, composée d’hommes en réinsertion sociale issus de la Maison du Père, a complètement transformé l’espace public au cours de la dernière année. Leur présence bienveillante et leur dévouement ont redonné vie à nos rues. Chaque jour, les Allié·e·s veillent à la propreté, à l’entretien, à l’accueil des visiteur·euse·s et à la médiation sociale. Leur travail dépasse la logistique : il redonne une dignité, une place et une fierté à des hommes qui ont connu l’itinérance. Nous souhaitons que les élu·e·s appuient la bonification et l’expansion de ce projet exemplaire, en élargissant le territoire d’intervention aux zones où les besoins demeurent criants, et en ajoutant une composante de proximité axée sur le dialogue et la collaboration avec les commerçant·e·s et les résident·e·s.

Les Allié·e·s incarnent le meilleur du Village : un projet humain, social et urbain, profondément montréalais.

Faire de la sécurité une priorité partagée

Le Village doit redevenir un lieu où toutes et tous se sentent bienvenu·e·s : commerçant·e·s, clientèles, résident·e·s, travailleur·euse·s du sexe, fêtard·e·s et familles. La sécurité n’est pas qu’une question d’image : c’est une question de confiance et d’appartenance. Quand les gens se sentent bien, ils reviennent, ils s’attardent et participent à la vitalité du quartier. Malgré les efforts soutenus et remarqués du SPVM, nous souhaitons que celui-ci dispose des moyens humains et organisationnels nécessaires pour adapter ses interventions à la réalité unique du Village, dans le respect, la formation et la collaboration.

Une rue sécuritaire, ce n’est pas une rue surveillée : c’est une rue vivante, inclusive et habitée.

Soutenir l’agrandissement du territoire de la SDC

Aujourd’hui, notre mandat se limite à la rue Sainte-Catherine Est et à la rue Atateken. Mais soyons honnêtes : les défis du Village dépassent largement ce périmètre.

Propreté, cohabitation, sécurité, animation, vitalité économique : tout cela concerne l’ensemble du quartier. Pour agir efficacement, il faut que notre territoire reflète cette réalité.

Nous souhaitons que la prochaine administration soutienne l’élargissement du territoire de la SDC du Village, afin que nous puissions intervenir de façon cohérente, concertée et durable sur l’ensemble du secteur. Ce n’est pas une question de structure, mais de cohérence : pour mieux agir, il faut mieux représenter.

Préserver les terrasses en façade : une signature du Village Depuis 2006, les terrasses en façade font partie intégrante de notre identité. Sécuritaires, accessibles et conviviales, elles symbolisent l’art de vivre dehors, ensemble, au cœur du Village. Alors que le grand réaménagement de la rue Sainte-Catherine Est approche, nous souhaitons que ce modèle soit maintenu intégralement. Les terrasses en façade ne sont pas qu’un aménagement : ce sont des lieux de rencontre, d’inclusion et de fierté. Elles font partie de notre culture urbaine et de notre mémoire collective. Les préserver, c’est préserver une manière bien montréalaise d’habiter la rue.

Animer le Village douze mois par année La vitalité du Village ne peut pas se limiter à l’été. La piétonnisation permanente nous confère une responsabilité : celle de faire vivre la rue toute l’année. Nous souhaitons que la prochaine administration soutienne une programmation culturelle ambitieuse, stable et financée à long terme, pour que le Village continue de briller au fil des saisons. Parce qu’un quartier vivant, c’est un quartier qui ne s’éteint jamais. Et parce qu’un Montréal vibrant, c’est un Montréal qui célèbre sa culture, même en hiver.

Un symbole à défendre, ensemble

Alors qu’ailleurs, les droits et libertés des communautés 2SLGBTQIA+ reculent, Montréal a le devoir de continuer à faire du Village un symbole d’inclusion, de diversité et de fierté. Protéger et développer le Village, c’est affirmer haut et fort que la diversité n’est pas simplement tolérée ici : elle est célébrée.

L’inclusion n’est pas un mot-clé : c’est une valeur vécue, ancrée dans nos gestes, nos politiques et nos espaces publics. Le Village n’est pas qu’un secteur commercial. C’est un lieu de mémoire, de luttes, d’amour et de solidarité. C’est un quartier qui incarne ce que Montréal a de plus humain et de plus courageux.

En conclusion

Madame, Monsieur les prochain·e·s élu·e·s, vous avez quatre ans pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire du Village. Nous espérons qu’à la fin de ce mandat, on pourra dire que le Village a changé pour le mieux, que vous avez été à nos côtés, concrètement, et que vous avez saisi l’occasion de renforcer un symbole fort de Montréal.

À la SDC du Village, nous ne sommes pas apolitiques : nous sommes apartisan·e·s. Et cette nuance est essentielle. Nous ne prenons pas parti pour un nom sur un bulletin de vote, mais nous prenons position chaque jour pour défendre un territoire, une vision et une communauté de commerçant·e·s engagé·e·s. Les quatre dernières années ont démontré qu’un dialogue ouvert et respectueux entre la SDC, les élu·e·s et les partenaires pouvait mener à de grandes réussites. Ce dialogue, je souhaite qu’on le poursuive, qu’on le renforce et qu’on l’enrichisse.

Parce que le Village mérite qu’on s’y engage pleinement. Et qu’ensemble, nous pouvons en faire un exemple d’inclusion, d’urbanité et de fierté montréalaise. En toute sincérité, je veux aussi lever mon chapeau à toutes celles et ceux qui se sont lancé·e·s dans cette campagne. Peu importe vos couleurs, vous partagez une même envie : faire une différence dans votre communauté. Et ça, c’est déjà précieux. Félicitations pour votre engagement. Et au plaisir de bâtir ensemble ce nouveau chapitre du Village.

PHOTO : MIRONA PHOTOGRAPHIE
PHOTO ANDREA ROBERT LEZAK

Le gouvernement québécois interdit les néopronoms et le «

Mx » dans les communications officielles

Cette politique proscrit l’usage du pronom « iel », de la salutation « Mx », du mot « froeur » (équivalent non genré de « frère » ou « sœur »), ainsi que des termes « celleux » et « toustes » (utilisés à la place de « ceux » et « tous » pour inclure les personnes de tous genres) dans les communications officielles de l’État. La directive encadre aussi la féminisation de certains mots, en privilégiant les parenthèses ou les crochets plutôt que les points médians, et précise que « l’utilisation du masculin générique est acceptable, notamment en alternance avec les doublets et des formulations neutres ».

« Le français, notre langue officielle qui nous unit collectivement, ne doit pas être dénaturé, » a déclaré le ministre Roberge dans l’annonce envoyée par courriel aux médias. « Il doit demeurer accessible pour en faciliter la compréhension et l’apprentissage. Conserver une cohérence dans les communications de l’Administration permet d’être compris par le plus grand nombre de personnes. » La directive ne remet toutefois pas en question la possibilité — instaurée en 2024 — pour les personnes non binaires d’utiliser le marqueur « X » sur leur carte d’assurance-maladie ou leur permis de conduire. Une porte-parole de Santé Québec précise qu’il n’y aurait « pas d’impacts immédiats » pour les professionnel.le.s de la santé qui emploient « iel » ou « Mx » avec leurs patients. (Ceci dit, tous les représentants gouvernementaux avec lesquels l’auteur de ces lignes a échangé dans le cadre de cet article l’ont appelée « Madame », malgré le « Mx » dans sa signature.)

Aucune consultation

Le Conseil québécois LGBT (CQ-LGBT) et d’autres groupes ont rapidement dénoncé ce qu’ils considèrent comme un recul en matière de reconnaissance, adopté sans consultation auprès des communautés concernées. « On n’a pas du tout été mis au courant que cette politique était sur la planche à dessin », relate Magali Boudon, directrice générale du CQ-LGBT. « C’est d’autant plus étonnant… parce qu’on sert nos membres, mais on sert aussi à ça, d’être une instance consultative pour ce genre de politique, ou de questionnement de société. »

les communications internes. « Mais ce n’est pas non plus très clair pour nous. »

« Cette décision risque d’avoir des conséquences concrètes pour les personnes trans et non binaires qui interagissent avec les institutions publiques… et pourrait les exposer à des situations de mégenrage dans l’accès aux services et aux communications officielles, remarque Sara Gagné Somarriba, codirectrice générale de l’Alliance Arc-en-ciel de Québec. L’État a le devoir de montrer l’exemple en matière de respect et d’inclusion. » Roxanne Gervais , directrice générale de Diversité 02 — un organisme de défense des droits des personnes LGBTQ+ au Saguenay — rappelle que son organisation a utilisé les néopronoms iel, al, ielle et ul dans une campagne de sensibilisation financée par Justice Québec plus tôt cette année. « Les communautés LGBTQ+ sont déjà largement invisibles dans notre région… et le simple fait de rendre les personnes non binaires visibles [avec cette campagne] a été très apprécié », dit-elle. « Cette politique marginalise encore davantage cette population. »

« Le français est une belle langue, mais il est complexe et très genré, ajoute-t-elle. Y a-t-il moyen de le rendre plus inclusif ? Une langue est vivante. Ce ne serait pas la première fois qu’on invente des termes — regarde le monde de la technologie ! »

Comme Roxanne Gervais, Sara Gagné Somarriba estime que cette politique constitue un recul pour la reconnaissance des personnes LGBTQ+ au sein même de la langue française utilisée au Québec. « Ces usages linguistiques reflètent l’évolution de notre société et permettent à toustes de se voir représenté.e.s dans la langue commune, écrit-elle dans une déclaration. Le langage n’est pas qu’un outil de communication : il est aussi un vecteur de dignité et de reconnaissance. »6

R. PRATKA irenepratka1@gmail.com

30 ans plus tard, têtu· porte toujours bien son nom

LLemagazineest-ilencoreenpéril?Ya-t-ilundangerpolitiqueoufinancier quimenacetêtu·?

e magazine têtu· (longtemps connu sous le nom Têtu) célèbre cette année son 30e anniversaire. Trois décennies marquées par des couvertures chocs et des entrevues mémorables, mais aussi par des périodes plus difficiles pour le média, fondé en 1995 par Didier Lestrade et Pascal Loubet. On a parlé avec son directeur de la rédaction, Thomas Vampouille.

Comments’estdérouléecetteannéed’anniversaire?

THOMAS VAMPOUILLE : C’est quelque chose qu’on a fait durer toute l’année. têtu· est né à l’été 95, le premier numéro est sorti en juillet 95, donc notre numéro spécial a été notre numéro d’été, avec Bambi en couverture. Bambi , icône trans qui va fêter ses 90 ans en novembre… Ça a bien marché, ça a été salué et je suis content parce que ce n’est pas évident de faire une couverture anniversaire ! Et puis on a fait des événements autour de la pride. On finira l’année le 10 décembre avec les Awards, la cérémonie des remises des Têtu de l’année, qu’on fait maintenant depuis trois ans et qui aura évidemment une dimension « anniversaire » un peu spéciale. têtu·, comme beaucoup de publications queers, a eu des difficultés, a disparu par moment, et donc c’est vraiment une fierté de pouvoir fêter ses 30 ans.

Danscenumérospécial,tumentionnesdenombreusescouverturesmémorables.Enas-tu unepréférée?

THOMAS VAMPOUILLE : Avant que j’y travaille, moi, j’aimais beaucoup celle de Mylène Farmer dans les années 2000. Mylène Farmer, c’est la seule star, à ma connaissance, qui a fait trois fois la cover de têtu·. Parce que, évidemment, c’est une icône gaie par excellence en France. On était donc en 2008. têtu· était habitué des coverboys qui ont fait sa réputation, mais il n’y avait pas que ça. Et puis donc il y avait Mylène Farmer qui se rasait. Alors, évidemment, 20 ans plus tard, ça paraît un peu désuet comme type d’imagerie parce que les interrogations sur le genre sont beaucoup plus poussées. Mais voilà, c’était une première étape. Ça reste une des couvertures dont on reparle le plus souvent, parce que c’est Mylène et que beaucoup ont le poster à la maison.

Etdepuisquetuytravailles?

THOMAS VAMPOUILLE : Plus récemment, c’est dur de choisir ! J’avais adoré celle de Léon Salin, à l’automne dernier. Il est torse nu et c’est un clin d’œil à l’histoire de têtu·, parce que ça rappelle les fameux coverboys, mais c’était la première fois, pour le coup, que c’était un homme trans. L’astuce évidemment me plaisait, surtout qu’elle a fait son effet. C’est une couverture qui m’a particulièrement tenu à cœur. Il y en a une autre, qui n’est jamais citée, mais parce que c’est une cover unique dans l’histoire de têtu·, c’est celle qu’on a fait au printemps 2022 [qui montre des poupées russes portant les visages de Vladimir Poutine, Viktor Orban, Marine Le Pen, Eric Zemmour et Donald Trump] et qui est la seule cover politique de l’histoire. C’était un défi de faire une Une qui ne soit pas ni sur une star ni sur un beau gosse, qui soit centrée sur un message politique. C’est une Une qui, malheureusement, vieillit bien parce que le message est toujours d’actualité et ses protagonistes sont toujours là.

THOMAS VAMPOUILLE : Le principal danger est financier, comme toute la presse écrite grosso modo, spécialement la presse spécialisée et spécialement la presse LGBT. têtu· quand c’était né, c’était une petite chose, mais qui très vite a eu le soutien de Pierre Berger à l’époque, qui était donc le compagnon et l’homme d’affaires derrière Yves Saint-Laurent. Il a financé têtu· depuis son lancement en 95 jusqu’à ce qu’il le vende quelques années avant sa mort en 2012 ou 2013. Et là, il y a eu des difficultés, parce qu’évidemment c’était l’idéal d’appartenir à un multimillionnaire gai militant socialiste. C’était idéal et à la fois, aujourd’hui, je préfère les choses comme elles sont. Il y a eu une liquidation en 2015, puis une tentative de relance en 2016-2017, mais les actionnaires sont partis, donc c’était re-mort. Là, l’actuelle relance, elle date de 2018. Et, depuis 2018, on a déjà eu des péripéties, puisqu’on a eu un redressement judiciaire du groupe auquel il appartenait en 2023. On a été racheté au printemps 2024 par l’actuel groupe [soit l’OBNL Groupe SOS et la fondation Le Refuge]. Ce qui est bien dans cette histoire, c’est qu’ils sont solides et qu’on est à l’abri. Mais néanmoins, ça ne nous exonère pas. [Il faut] trouver les moyens de notre équilibre économique, parce que le meilleur moyen d’être indépendant c’est quand même de trouver un modèle économique convaincant qui nous permet de tenir tout seul. Et là, en l’occurrence, je ne suis pas inquiet à ce niveau-là. [Plutôt que d’avoir uniquement recours aux abonnements et la publicité], le but ça a été de faire une diversification économique, c’est-à-dire d’y adjoindre une entité qui s’appelle Têtu Connect et qui fait de la formation en entreprise sur l’inclusion. Ça, c’est rémunéré — parce que les petites entreprises ont maintenant des budgets [pour ça] —, et donc c’est par ce biais-là maintenant que têtu· trouve son équilibre. Le magazine fait la marque, le prestige et la réputation et Têtu Connect a des contrats en entreprise pour faire avancer l’inclusion en entreprise et gagner de l’argent des budgets de formation. C’est un modèle proche d’atteindre son équilibre.

têtu·pourrait-ilperdresapertinenceenvuedesavancéesauniveaudesdroitsdespersonnes LGBTQ+?

THOMAS VAMPOUILLE : Je me souviens quand j’étais en 2013, quand on a voté le mariage pour tous. Il y a eu un petit flottement — mais qui a duré quelques secondes ! — chez les militants, les journalistes spécialisés etc. et on s’est dit : « Bon, bah, maintenant qu’on a le mariage, qu’est-ce qu’on va faire ? » On s’est demandé deux secondes si c’était pas la fin de l’histoire et à quoi servirait un média comme têtu· maintenant que les combats essentiels étaient gagnés. Bon, encore une fois, ça n’a duré que quelque secondes, parce qu’on s’est souvenu que tous les combats ne sont pas terminés et que, de toute façon, ces combats ne sont pas acquis. Il faut poursuivre la lutte, notamment la lutte évidente contre l’extrême droite. C’est l’ennemi à la fois le plus évident et le plus dangereux dans nos sociétés occidentales depuis quelques années. De toute façon, moi, je pense que, in fine, même quand on aura fini de lutter, qu’on aura gagné tous nos droits — ce que je ne verrai pas de mon vivant à mon avis —, je pense qu’on aura quand même aussi fait la démonstration qu’on a, à travers nos décennies de combat et de lutte, développé une culture queer, une expertise sur bien des sujets. On a un regard queer sur le monde à défendre.6

PHILIPPE GRANGER pg.philippegranger@gmail.com

INFOS | https://tetu.com

L'équipe de la Galerie Dentaire est ravie de vous informer que la relève de la clinique est maintenant complétée. Les nouveaux dentistes, Dr Bossé et Dr Dandan, ont rejoint l'équipe du Dr Langlois afin de vous prodiguer des soins exceptionnels.

Au plaisir de vous y voir et revoir!

Chris Bergeron revendique la force du fake

Selon Chris Bergeron, l’authenticité est un mirage de moralité et une sorte d’aveuglement volontaire qui ne tient pas compte de la vie fantasmée que la quasi-totalité des humains entretiennent. Dans son essai Fake (Leméac) , qui sort le 30 octobre, l’écrivaine revendique le droit de se réinventer en embrassant son identité plurielle.

Aprèstesromans(Valide,Vaillante,Vandale,)tupubliesunlivreàmi-cheminentre l’essaietlerécit.Tuécrisd’ailleursvivreaucroisementdelafictionetduréel.Çasetraduit comment?

CHRIS BERGERON : Au fil du temps, on est passé d’Homo sapiens à Homo editorialis. On voit tout à travers le prisme des histoires qu’on se raconte sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure. Donc, il n’y a pas que moi. Le matin, on rentre dans le métro avec nos écouteurs et on commence à se faire un film sur la vie qu’on va avoir. Ce film est influencé par les images qu’on a vues sur les réseaux sociaux, dans les séries et partout. On est dans une forme de fantasme permanent de nos vies.

Tuasécritcelivreenprônantlavertuduchaos,dusauvage,duvivantetdesidéesqui germentdanslesfissures.Quellelibertéçat’aprocuréed’assumerça?

CHRIS BERGERON : Je ne voulais pas écrire un essai théorique. D’abord, je n’en ai pas la capacité ni la rigueur. Je préférais raconter ce que je ressens de la manière la plus directe possible en utilisant le mécanisme du roman et en me penchant uniquement sur le quotidien qui, lui, est imprévisible. Je voulais que ce livre ressemble au format dominant de notre époque : les réseaux sociaux. Il se lit comme on pourrait scroller son feed, d’une micro-histoire à une autre, tout en ayant un fil rouge qui traverse le tout : cette notion du fake. J’alterne entre des moments de profondeur et de superficialité assumée.

Turemetsenquestionleconceptdevéritéettuillustresàquelpointons’inventedesidentités.Situétaisdevantquelqu’unquiseditpurementauthentique,queluirépondrais-tu?

CHRIS BERGERON : Une personne qui se croit 100% authentique, c’est soi le dalaï-lama qui a passé des milliers d’heures dans la méditation ou quelqu’un qui se ment. L’authenticité est devenue une marque, un style qu’on se donne, souvent basé sur un refus du changement et peut-être une paresse. Il y a des gens qui se disent authentiques qui ont beaucoup travaillé pour se défaire au maximum de tout ce qui viendrait des pressions de la société et d’autres qui ont accepté un formatage qui correspond tellement à leurs ambitions que ça semble être leur moi profond. Il faut se méfier de ce sentiment d’authenticité.

Tudonnesl’exempledesgensquisedétournentdel’actualitédramatiquepourseréfugier dansledoux.Donc,c’estcommesionseconstruisaitununiversparallèlepoursepréserver?

CHRIS BERGERON : Absolument. À la limite, célébrons-le. Il y a un petit château de fake dans ma tête où je peux me réfugier, mais pour mieux en ressortir et affronter la vie après. Quand on ne nomme pas les choses, peut-être qu’on reste trop dans un monde fantasmé qu’on prend pour une réalité objective. Toute la polarisation de la société nous pousse à rester campé.es sur nos opinions et dans nos mondes imaginaires.

Tuaspeurdesabsolus,delafinalitéetdesopinionsquinepeuventchanger.Tupréfères lespersonnesquiosentseréinventer.Pourtant,elleseffraientlesautres.Pourquoi?

CHRIS BERGERON : Parce que dans un monde saturé de signaux, quelqu’un qui change d’avis,

qui doute et qui n’arrive pas avec des réponses claires et facilement assimilables, c’est quelqu’un qui rajoute au bruit. On ne peut pas classer cette personne facilement dans nos petites cases. Et aujourd’hui, l’inclassable a moins de valeur dans nos sociétés. Je le vois en tant que publicitaire : on s’échine à cibler les gens comme si les consommateurs étaient des animaux qu’on veut tirer à la carabine. Et pour ça, il faut être catégorisable. On peut leur vendre des choses. On peut anticiper leurs votes et leurs liens sociaux. Ça a une très grande valeur de pouvoir tracer une destinée préétablie aux gens.

Tuprôneslefaitd’êtreplurielle.Est-cequetousleshumainsontlaforcedel’être? CHRIS BERGERON : Non, car ça prend énormément d’énergie et de temps, alors qu’on vit dans une société qui va très vite. Si on doit aller vite dans une machine bien huilée, on ne peut pas être un boulon qui change de forme chaque jour, sinon la machine va capoter. Si on devient des millions dans la machine à se métamorphoser, ça ne fonctionnera plus. D’ailleurs, je pense que c’est un peu le mal-être généralisé qu’on ressent : il y a beaucoup de gens qui ne veulent plus se fondre dans ce format unique et permanent, et qui aimeraient retrouver une forme de souplesse. Mais cette souplesse est exigeante.

Lelivreexplorelefake,lavéritéetl’imagedemanièregénérale,maistudonnesaussides exemplestirésdetaviedefemmetrans.Pourquoilespersonnestranssont-ellesperçues commel’ultimetransgression?

CHRIS BERGERON : Parce qu’on a un attachement millénaire aux codes de genres qui participent à une notion de productivité, d’ordre social et des éléments scientifiques déjà dépassés, car souvent les gens qui disent que les personnes trans n’existent pas semblent mettre de côté la possibilité qu’un jour on trouve l’hormone trans ou la mécanique de cerveau trans. Je ne crois pas qu’on devrait la chercher, car ça ouvrirait à des sortes d’eugénisme, mais mon point, c’est que si ça existe dans la nature, ça existe dans la nature. Les gens nous voient comme des mauvaises herbes qui viennent salir leur beau tableau. Ils craignent que le changement soit une érosion plutôt qu’une évolution.

Pourquias-tuécritcelivre?

CHRIS BERGERON : Je l’ai écrit, car il y a peut-être des gens qui m’entendent à la radio et qui sont rebutés par la présence de robots et de science-fiction dans mes trois autres livres. Cette fois, il n’y a rien de ça. Je voulais aussi exprimer ma pensée de manière directe en m’adressant à un plus grand public. Ça s’adresse aussi à mes lecteurs habituels qui cherchaient peut-être plus de profondeur sur certains sujets.6

SAMUEL LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

INFOS | FAKE de Chris Bergeron, éditions XYZ, Montréal, 2025, 264 pages.

Thomas Jolly, plus d’un an après les JO

Plus d’un an après la majestueuse cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris qu’il a orchestrés, le metteur en scène Thomas Jolly continue sans surprise à se faire parler de cet événement grandiose, mais aussi d’autres projets qu’il a dirigés, comme la nouvelle mouture de Starmania, présentée l’année dernière à la Place Bell. Celui qui est maintenant depuis peu à la tête de la commission du Fonds d’aide au jeu vidéo a pris le temps de nous en parler.

C’estquoilapremièrechosequiteviententêtelorsqu’onteparleaujourd’huidela cérémonied’ouverturedesJeuxolympiquesdeParis?

THOMAS JOLLY : C’est le mot « unité ». L’unité, et un mot qui est aussi venu beaucoup de la bouche des gens qui continuent d’en parler, c’est « fierté ». Unité et fierté. Voilà, unité et fierté. C’est vraiment les deux sentiments qui se dégagent et qui viennent dénommer ce moment-là pour moi. Une autre chose, c’est la permanence de l’émotion des gens qui parlent, qui m’arrêtent, qui me reconnaissent et qui montrent une émotion très vibrante. Ce qui est très beau, c’est que quand les gens me parlent de la cérémonie, ils me parlent d’eux. Ça prouve qu’il y a comme un lien affectif, bien qu’on ne se connaisse pas. C’est comme quand on va dans une fête et qu’on n’a pas encore rencontré la personne qui a organisé la fête, et que tu la vois à un autre moment et tu lui dis : « Elle était trop bien ta fête, j’y étais, merci beaucoup ! ». C’est très, très fort.

« ...avoir Céline, c’était assez évident pour plein de raisons. La première, c’est qu’on voulait finir la cérémonie avec « L’hymne à l’amour ». C’est une très grande chanson et il fallait une très grande voix...»

Je pense que ce serait plus intéressant dans la bouche de sociologues, de politologues, voire même de scientifiques des neurosciences. Mais cette cérémonie est arrivée à un moment… Les derniers jeux, c’était Tokyo et on sortait de la COVID. C’était en 2021, donc on était un peu entre deux mondes, je dirais. J’ai l’impression que [ma cérémonie] est la première grande cérémonie olympique d’un monde post-COVID, avec une accélération de l’actualité et des peurs, une multiplication des divisions, des polarisations… Je n’ai pas fait une cérémonie pour répondre concrètement à ça. J’avais deux choses comme inspiration : la portion de fleuve et ce que racontait chaque monument, chaque bâtiment, chaque ruelle, chaque quai... Et puis, la deuxième chose c’était le modèle politique sous lequel la France vit : la République. [J’ai pris ces deux inspirations parce] qu’il n’était pas question de rajouter de la division sur toutes ces divisions et que le modèle républicain est assez inspirant à cet endroit-là. Donc, en fait, on a fait une cérémonie qui posait tous les endroits qui nous rassemblent et on a constaté qu’ils étaient nombreux. Peut-être finalement plus nombreux que les endroits qui nous divisent.

SiCélineDionestuneicôneinternationale,ilaquandmêmeétéparticulièrement réjouissant pour les Québécois de voir une des leurs conclure cette cérémonie. Celasembles’êtrefaitsansaucuneplainteenFrance.Qu’est-cequecelapeutrévéler surlarelationquelesFrançaisontavecleQuébec?

THOMAS JOLLY : Pour moi, Céline, c’est vraiment l’incarnation artistique de nos deux cultures. Ce qui est très beau déjà, c’est de voir, dans sa discographie, à quel point il y a vraiment des disques beaucoup plus sur une culture nord-américaine et des disques beaucoup plus de l’ordre de la variété française. Elle a fait un pont entre nos deux pays.

Thomas Jolly

Mais bon, un pont qui, de toute façon, existe sans Céline ! Nous sommes cousins. On dit ça, cousins ? frères ? En tout cas, on est reliés !

Et puis, avoir Céline, c’était assez évident pour plein de raisons. La première, c’est qu’on voulait finir la cérémonie avec « L’hymne à l’amour ». C’est une très grande chanson et il fallait une très grande voix. Et qui sait mieux chanter l’amour, qui a le timbre pour ça, l’émotion pour ça, la singularité, la sincérité aussi dans son travail pour ça ? Deuxièmement, c’était important de faire chanter Édith Piaf et notamment cette chanson parce qu’elle avait été écrite et composée par des femmes, mais en plus de ça, c’est une chanson qu’elle a chantée quand elle a appris la mort de son mari Marcel Cerdan, boxeur. Donc, on avait là un lien entre la musique française et le sport. On a évidemment pensé aussi au fait que Céline a perdu son mari. Et que c’est aussi une chanson qui parle de ça : de la perte de quelqu’un de cher et qu’on s’aime au-delà de la mort. Enfin, il paraîtrait que c’était le rêve de Céline de chanter sur la tour Eiffel. Et j’ai découvert aussi après qu’Édith Piaf avait également fait un concert au premier étage de la tour Eiffel, mais ça, je l’ai appris après !

Ça a été assez évident pour nous dans notre esprit et, quand on en a parlé à son management, ça a été aussi assez évident pour elle. Ce qui n’était pas évident, c’était son état de santé, ça, c’est sûr. Mais son équipe adhérait complètement à la proposition. Elle a offert à ce moment-là une reprise de ses activités artistiques, malgré sa maladie. La tour Eiffel, on l’appelle la Dame de fer, il y avait comme ça la confrontation de deux dames de fer, quoi. C’était un exemple de puissance, de force et de résilience. La présence de Céline, elle incarnait énormément. Elle incarnait même plus que Céline, elle incarnait tellement de valeurs. On rêvait de cette finale, et on l’a eue.

AveclanouvellemouturedeStarmania,tuasété,danslesdernièresannées,unacteurde la relation culturelle entre le Québec et la France. Que penses-tu de cette relation? Sens-tuqu’elleatrouvéunnouveausoufflerécemment?

THOMAS JOLLY : Le Québec et moi, ça a commencé avec Starmania. Ce qui est fascinant, je trouve, entre nos deux pays, c’est que nos deux cultures sont imbibées de ce qu’elles ont autour d’elles. Comme ce n’est pas la même chose, mais qu’on a des cultures assez communes, ces influences — nord-américaines ou de l’Europe — créent une richesse. Je trouve que c’est fascinant. On pourrait aussi parler de Xavier Dolan, qui a été une passerelle absolument essentielle entre nos deux pays sur le cinéma, lui qui est proche d’un cinéma d’auteur français et en même temps intègre les codes du cinéma américain. En fait, j’ai l’impression que ça nous fait nous regarder avec admiration et aussi avec un constat, que nos cultures restent fortes, mais peuvent être enrichies par d’autres.

Danstacarrière,çaaétéunpréjudicepourtoid’êtreunepersonneLGBTQ+?

THOMAS JOLLY : Parce que j’ai choisi la carrière que j’ai choisie, à savoir celle d’être acteur, j’ai pu être « sauvé ». Parlons de manière très claire : moi, quand je suis au collège, je suis un enfant qui est plutôt harcelé. Je ne sais même pas que je suis homosexuel et pourtant c’est ce qu’on me renvoie. Le théâtre nous donne les moyens de nous sentir exister. C’est contradictoire, parce qu’on est exposé : on est sur une scène dans la lumière devant les autres. Et pourtant, le théâtre me disait : « Ta singularité, ce que tu es, ta façon d’être au monde, c’est ça qui m’intéresse parce qu’au théâtre c’est ça qu’on utilise en tant qu’acteur. » Un acteur, pour moi, est quelqu’un qui utilise avec honnêteté ce qu’il est, et qui a même le courage de l’honnêteté de lui-même. Donc, le théâtre m’a permis d’être en accord absolu avec moi et, surtout, avec le reste du monde, puisque j’avais un endroit en fait d’expression qui me permettait de combattre cette intolérance ou homophobie latente. 6

PHILIPPE GRANGER pg.philippegranger@gmail.com

INFOS | https://www.instagram.com/thoma.jolly

Julien Poirier-Malo, le jeune vétéran de la radio

Si plusieurs habitué.es d’IciPremière découvrent Julien PoirierMalo depuis deux ans, en l’écoutant partager ses trouvailles du web à Tout un matin, l’émission la plus écoutée à Montréal, d’autres connaissaient déjà sa voix, sa vivacité, son humour et sa rigueur depuis ses débuts à CIBL en 2012 et son détour salutaire à WKND pendant trois ans. Portrait d’un jeune vétéran.

Commentchoisis-tulecontenudetachroniqueàproposduweb?

JULIEN POIRIER-MALO : Ce qui me guide surtout, c’est l’intérêt public. J’ai aussi le désir de montrer que sur les réseaux sociaux, il y a des choses dont on doit se méfier et face auxquelles on doit être critique, mais il y a aussi de bien belles choses très pédagogiques et divertissantes qui méritent d’avoir de l’attention dans les médias traditionnels. Je trouve ça l’fun de faire un pont entre les deux.

Vois-tutonmandatcommeunefaçond’allégernosmatinéesàtraversl’actualité souventdramatique?

JULIEN POIRIER-MALO : Ça fait définitivement partie de la commande. J’essaie de maintenir un équilibre dans ce que je présente d’une émission à l’autre et d’une heure à l’autre. Parfois, c’est très sérieux. D’autres fois, c’est léger et anecdotique pour servir de soupape. Dans certains contextes, les gens ont besoin de respirer et de voir autre chose. Même les auditeurs assoiffés d’actualité.

Durantlasaisonestivale,tuétaisàlabarredeL’heured’été.Qu’est-cequeça signifiaitpourtoid’animertapropreémissionsurlesondesd’IciPremière?

JULIEN POIRIER-MALO : C’était une réalisation énorme! J’ai reçu cette proposition avec beaucoup d’humilité. Je vais avoir 35 ans bientôt et je suis jeune dans le métier pour occuper cette chaise-là. Je me sens privilégié, mais en même temps, j’ai travaillé très fort pour me rendre où je suis. Je fais de la radio activement depuis 2012 et c’est l’un des jalons les plus importants de ma carrière. J’ai le diffuseur public à cœur et la radio tatouée sur le cœur.

Pendanttroisans,ont’aentendusurlesondesdeWKND.Décris-nousl’étendue decequetuasfaitàcettestation.

JULIEN POIRIER-MALO : On m’a demandé de travailler sur les émissions du matin et de l’après-midi avec différentes équipes : je rédigeais les bulletins de nouvelles et je les livrais en ondes, je coanimais, j’ai aussi fait la circulation, la revue de presse, des capsules humoristiques et j’alimentais le site web avec des nouvelles écrites et les réseaux sociaux.

Commentas-turéagienapprenantlafindetoncontratàWKND?

JULIEN POIRIER-MALO : Ça a été une grosse surprise! Cela dit, dès que je suis arrivé en radio privé, tout le monde m’avait mis en garde en disant que c’était un monde difficile, parce qu’il y a peu de marge de manœuvre financière. Quand les cotes d’écoute sont moins au rendez-vous, les patrons rebrassent les cartes très vite. Dans mon cas, j’ai été un dommage collatéral. Même si la direction était pleinement satisfaite de mon travail, il fallait couper quelqu’un. Je me suis retrouvé devant un vide qui m’a donné le vertige, mais rien n’arrive pour rien. J’ai évalué mes options et j’ai eu envie de revenir à Radio-Canada.

Retournonsenarrière.D’oùvienttondésird’évoluerdanslesmédias?

JULIEN POIRIER-MALO : J’ai toujours eu un intérêt pour la communication. Au secondaire, j’aimais faire des présentations orales. Au cégep, j’ai étudié en communications et je me croyais destiné à la presse écrite. Puis, j’ai fait un échange de deux sessions en France où j’ai commencé à faire beaucoup de radio. J’ai eu la piqûre! En revenant pour ma troisième année d’études à l’Université Concordia, j’ai commencé comme bénévole à CIBL.

Julien Poirier-Malo

Tuesvitedevenul’animateurdeLaMatinaleàCIBL,dulundiauvendredide7hà10h, pendantdesannées.Queretiens-tudecetteexpérience?

JULIEN POIRIER-MALO : C’était une très belle époque de ma vie. J’ai appris à faire de la radio avec le peu de ressources qu’on avait. CIBL est une radio communautaire. Je n’avais pas un gros salaire ni une grande équipe. À un certain moment, j’étais le seul employé rémunéré. Puis, un.e réal a été engagé.e. Nous étions deux personnes payées avec une cinquantaine de bénévoles qui se relayaient chaque matin pour faire des chroniques. J’ai pu faire mes classes et apprendre à réagir aux imprévus : en travaillant uniquement avec des bénévoles qui font leurs premiers pas à la radio, avec des habitudes différentes, je suis devenu assez difficile à déstabiliser.

Àquelpointes-tuunamoureuxdelaradiodumatin?

JULIEN POIRIER-MALO : J’aime beaucoup cet horaire-là et j’ai un style de vie qui me permet de l’avoir. Je n’ai pas d’enfant et j’ai un chum très compréhensif depuis nos débuts, il y a sept ans et demie. Même si c’est parfois tough de se lever l’hiver au milieu de la nuit, quand il fait -25 degrés dehors, c’est un privilège d’être debout avant tout le monde et de partager aux auditeurs ce qu’ils doivent savoir quand ils se lèvent.

Il y a une grande intimité en radio le matin. Souvent, nos voix sont les premières qu’ils vont entendre en se réveillant. Cela dit, ça vient avec des compromis. Je suis très sorteux. La fin de semaine, mon horaire se renverse. Des fois, je veille tard et le dimanche, ça peut être difficile.

Tafaçond’assumertaqueernessautravaila-t-elleévoluéaufildutemps?

JULIEN POIRIER-MALO : Ce n’est pas tant mon aisance face à mon identité sexuelle dans la sphère publique qui a changé, mais mon aisance face à l’idée de parler en ondes de ma vie personnelle. À CIBL, je ne parlais pas du tout du fait que j’avais un chum et que j’étais gai, mais je ne parlais pas non plus de mon quotidien, parce que je ne trouvais pas ça intéressant. En apprenant à faire de la radio, en grande partie à WKND, on m’a fait comprendre que si je voulais donner la possibilité aux gens de s’attacher à moi, ils devaient me connaître. C’est là que j’ai commencé à en parler. 6

LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

Laurence réécrit sa vie

Roman oscillant entre l’enfance, les débuts de l’âge adulte et les premières années en tant que personne trans épanouie,  PortraitsdeLaurent est une façon pour Laurence Caron-C. d’intervenir sur ses souvenirs d’enfance et de réécrire sa vie.

D’oùviens-tuetàquoiressembletapratiqueartistique?

LAURENCE CARON-C. : Je viens de Saint-André-de-Kamouraska, au Bas-Saint-Laurent. J’ai différentes pratiques en arts visuels et en arts littéraires. Cet été, j’ai produit l’exposition L’été des Marie Antoinette au Baz’Art, dans le Vieux-Québec. Je suis aussi prof en arts plastiques à l’école secondaire de Neufchâtel, avec deux groupes.

Tuvistonexistencecommeuneperformanceartistiqueauquotidien.Enquoiçaconsiste?

LAURENCE CARON-C. : C’est ma façon d’être. Je suis une personne colorée. Je porte des robes, ce qui crée une onde de choc dans les milieux que je fréquente. Je joue avec les codes de genre pour remettre dans la face des gens que j’ai le droit d’exister ainsi. C’est comme ça qu’est venu le personnage d’Égérie dans mon livre : c’est une version idéalisée de moi-même. Chaque jour, je suis une œuvre qui se renouvelle.

En quoi l’identité et l’invisibilisation sociale occupent-elles une grande place dans tesœuvres?

LAURENCE CARON-C. : Dans L’été des Marie Antoinette, il y a deux personnages qui reviennent souvent : le visage écrasé et des visages d’enfants. Ça exprime la façon dont se construit l’identité et les parties de soi qu’on refuse de montrer. En littérature, je joue avec les personnages de Laurent et d’Égérie : un·e va montrer ce qu’est devenu·e l’autre. Par exemple, dans une scène, Laurent trouve un tag sur son casier au secondaire qui dit : « Criss de fif ». Des années plus tard, Égérie trouve un tag sur une table, dans le local où elle enseigne, qui dit : « J’aime M./Mme Égérie ».

Enquoitontroisièmelivre,PortraitsdeLaurent,constitue-t-ilunecassurethématique avecLamorthabiteicietAvrilsebriserasurnosos?

LAURENCE CARON-C. : La mort habite ici porte sur la solitude que je vivais dans le Grand Nord, l’absence de l’Autre et la langue de l’Autre. Dans Avril se brisera sur nos os, j’ai fait les dessins et Sébastien Émond a écrit de la poésie. Ce sont des dessins réalisés durant une phase de manie de neuf mois. Une manie, c’est quand ton cerveau surchauffe, que tu deviens hyperénergique et hyperproductif. À un moment donné, le cerveau doit arrêter, mais il n’a pas ralenti pendant neuf mois. Sébastien a écrit ce qu’il vivait pendant que j’étais dans cette phase, entre les murs d’un trois et demi en pleine pandémie. C’était un peu le bordel.

TuécrisqueLaurentestleseulpersonnagequetuasjouéetque,duranttajeunesse,tune voulaisplus“êtreunepeaududimanchequ’onportepourbienparaître”.Veux-tunous expliquercequeçareprésentait?

LAURENCE CARON-C. : C’est un peu comme si une personne assignée femme à la naissance se réveillait un matin avec une grosse moustache. Elle ne serait pas nécessairement à l’aise de porter ça. Bref, on se ramasse avec des caractéristiques qu’on n’a pas choisies. On nous assigne une identité et une façon d’être dans lesquelles on n’est pas à l’aise. À un moment donné, j’ai décidé de refuser tout ce qu’on m’avait imposé.

Tuévoquesdesrencontresscolairesquitedonnentle sentimentdudevoiraccompli.Pourquoi?

LAURENCE CARON-C. : Ce sont des ateliers que je donne avec le GRIS-Québec , que je ne nomme pas dans le livre. On rencontre les jeunes dans les écoles pour démystifier les réalités des personnes LGBTQ+. Chaque fois, j’ai l’impression de donner à d’autres ce que j’aurais aimé avoir. J’ai l’impression que Laurent aurait été content de vivre ça. Ça lui aurait évité beaucoup de marde.

Sens-tuunerégressiondanslesclasses?

LAURENCE CARON-C. : En ateliers, les jeunes sont un peu gêné·es, car c’est un peu confrontant. Mais dans ma pratique enseignante, je le remarque. Beaucoup de jeunes se permettent des choses qui sont inacceptables, plus qu’avant. J’ai vécu des histoires assez rocambolesques. La régression, je la vois. Par exemple, j’ai vu des jeunes qui refusaient d’utiliser leur nom choisi par peur de représailles du reste de l’école.

Àquelmomentas-turêvédequittertonpatelin?

LAURENCE CARON-C. : Tout petit, avant le secondaire, parce que vivre l’homosexualité en région dans les années 1990, c’était juste impossible. Ce que je raconte dans le livre, c’est vrai : j’ai vécu des agressions et de la violence psychologique. Au lancement, quelqu’un m’a rappelé qu’un gars m’avait brûlé·e avec un fer à souder pour le simple plaisir de me voir me tortiller de douleur. Ce sont des choses que je ne souhaite à personne. J’étais en secondaire 1 quand j’ai parlé de suicide pour la première fois.

Tuécrisêtredésespérémentenamouravecl’amour.Est-cegénérateurdesouffranceou vécusereinement?

LAURENCE CARON-C. : Maintenant, c’est vécu avec sérénité, parce que je suis marié·e depuis huit ans. Jusqu’à la rencontre de mon mari, c’était une quête assez intense : je voulais tomber en amour et j’en avais une vision très différente. J’ai été élevé·e entre les mains d’un père catho et d’une mère qui n’avait pas grand-chose à dire. Ça m’a donné une vision de l’amour qui devait être grandiloquente. Aujourd’hui, je me rends compte que l’amour réside bien plus dans les petites choses du quotidien et dans ce qu’on bâtit ensemble.6

SAMUEL LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

INFOS | Portraits de Laurent, de Laurence Caron-C. aux Éditions Hamac, 168 pages

Éric Paulhus joue et chante Serge Lama à travers le Québec

Au printemps 2026, le comédien Éric Paulhus célébrera ses 25 ans de carrière depuis sa sortie du Conservatoire. D’abord connu au théâtre et en télé jeunesse, il a été révélé au grand public grâce à LâcherPrise, MadameLeBrun et Indéfendable. En parallèle, il s’est taillé une place de choix dans l’univers des comédies musicales, jusqu’à jouer le rôle-titre de LAMA—D’aventuresenaventures, qui débarque à Montréal dès le 30  octobre, avant de tourner à travers le Québec.

Quandlechantest-ilentrédanstavie?

ÉRIC PAULHUS : Ma mère était chanteuse pour l’Opéra de Montréal, elle a fait des chœurs et des émissions de radio pendant 35 ans. Elle ne chantait pas à la maison, mais ça a contribué à mon éveil musical. De 7 à 10 ans, j’ai été membre des Petits chanteurs de Laval avec Grégory Charles . Ensuite, j’ai joué de l’instrument au secondaire et j’ai suivi mes amis qui ont commencé l’impro. J’aimais ça et j’avais un petit quelque chose de plus. J’ai fait du théâtre en cinquième secondaire. Et la prof m’a demandé de jouer dans une comédie musicale, La petite boutique des horreurs : j’ai fait la plante. Mon éveil du théâtre s’est fait par les comédies musicales.

TuasétudiéauConservatoired’artdramatiquedeMontréal.Aurais-tuaiméétudierdans unprogrammedethéâtremusicalcommeceluiduCégepLionel-Groulx?

ÉRIC PAULHUS : Je pense avoir le bon parcours. Quand je vais voir du théâtre musical, le chant m’interpelle, mais le jeu est plus important que tout. Je peux accepter une note moins parfaite si le jeu vient me chercher. Les grandes voix m’impressionnent, mais je préfère être touché par l’interprétation.

TuétaisduthéâtremusicalFrèresdesangde2004à2006.Puis,tuasjouédansCabaret, Lebluesd’lamétropole,LesMisérablesetLefantômedel’opéra.Pourtant,c’estdepuis Lamélodiedubonheurquej’aienregistrélefaitqu’ÉricPaulhuschante.Sens-tuquece rôleamarquéuntournantdanslaperceptiondumilieu?

ÉRIC PAULHUS : Je ne sais pas si les gens du milieu ont eu un déclic. C’est sûr que j’avais un rôle principal avec ma face sur l’affiche, mais je chantais beaucoup plus dans Le blues d’la métropole, un peu incognito, dans un groupe de sept interprètes qui font toujours des harmonies. Cela dit, il y a quelque chose qui a changé en moi en faisant La mélodie. À la fin de la tournée, j’ai assumé à quel point j’aimais les comédies musicales et je voulais en faire plus. Dans LAMA, je chante comme j’ai jamais chanté dans un show !

Commentlespectacleraconte-t-illavieetlamusiquedeSergeLama?

ÉRIC PAULHUS : Très vite, on réalise à quel point ses chansons ont été écrites en fonction de ce qu’il vivait. Ses textes sont parfaitement imbriqués dans notre histoire. Il faut savoir que Serge Lama a une vie peu commune. Son père rêvait d’être chanteur, il gagnait des concours et sa famille a déménagé à Paris, jusqu’à ce que la mère de Serge décide que c’était assez et que la famille rentre à la maison. Le rapport à sa mère était donc très particulier, car elle a brisé le rêve de son père. Puis, en faisant ses propres débuts en musique, il a rencontré des légendes comme Barbara et Dalida.

À 21 ans, il est tombé en amour avec la pianiste de Barbara. Ils se sont fiancés. Serge a eu son premier contrat pour faire une petite tournée provinciale en France. Durant cette période, ils ont été victimes d’un gros accident de char : tout le monde est mort, dont sa fiancée, sauf lui. Serge a passé plus d’un an à l’hôpital. On lui avait dit qu’il ne marcherait plus et qu’il ne chanterait plus. Finalement, il s’est remis et sa carrière a décollé. Il a longtemps été en quête d’équilibre entre le succès et l’amour. Il donnait entre 250 et 300 shows par année.

Commentt’appropries-tuunechansoniconiquecomme«Jesuismalade»?

ÉRIC PAULHUS : Je l’aborde différemment des autres, car les gens la connaissent tellement. Je la chante plus affecté par ce qu’on vit dans la pièce de théâtre. Je vois mon personnage à terre, tout seul sur la scène, abandonné. Il se sent sale. Il n’a plus de raison d’être. Je l’approche comme un acteur et ça touche les gens.

Commentas-tutracélaligneentrel’incarnationetl’imitationdeSergeLama?

ÉRIC PAULHUS : Je ne l’imite pas, je l’incarne. J’ai écouté des entrevues pour noter des éléments sur sa voix et son parler. Puis, j’ai arrêté très vite de les écouter. J’ai pris des grands traits et des couleurs avant de les faire miens. Je le joue comme il parle, mais il n’a pas un français pointu. Il a parfois des sons très québécois. Et il a un rire très reconnaissable. Ce sont des coups de pinceau qui donnent le portrait global.

LaproductionacommencéàJoliettel’étédernieretvoustournezàtraversleQuébec jusqu’en2026.Çatefaitquoidesentircetengouement?

ÉRIC PAULHUS : Je trouve ça vraiment l’fun de tourner autant ! Heureusement, on a construit un show qui fonctionne dans plusieurs salles, contrairement à certaines grosses productions du Saint-Denis, qui sont super, mais qui se déplacent moins facilement. On est quatre interprètes et trois musiciens, ce qui nous permet d’aller dans plus de salles au Québec. D’ailleurs, c’est un détail, mais Serge Lama a connu du succès ici avant la France, et il allait chanter partout. Un de ses premiers grands succès s’est produit à Alma. On a carrément des scènes là-bas dans le spectacle.

Quelssonttesautresprojets?

ÉRIC PAULHUS : Je continue de jouer dans la série Indéfendable. Avec le procès de Léo, les avocats de la Couronne, dont je fais partie, ont été moins présents, mais on va revenir. Je fais aussi du doublage. Et je continue de faire les voix de L’autre midi à la table d’à côté, avec Macha Limonchik.

Sens-tul’impactauprèsdupublicdejouerdansunequotidiennecommeIndéfendable?

ÉRIC PAULHUS : Oh oui ! J’ai longtemps joué dans des émissions jeunesse et les jeunes n’étaient pas gênés de venir me voir. Ensuite, j’ai vu l’impact dans la population de Lâcher prise et de Madame LeBrun. Cela dit, Indéfendable, c’est une autre sphère. On le sent que c’est regardé par 1,5 million de personnes. Je m’en fais beaucoup parler. J’aime ça, parce que les gens m’approchent pour me dire : « Vous là, on vous haït ! » à cause de mon personnage. Ça veut dire qu’ils sont investis. 6

SAMUEL LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

INFOS | LAMA - D'aventures en aventures, dès le 30 octobre.

Chronique arts & icônes

La plus grande vedette de cinéma du 20 e siècle, Elizabeth Taylor, a déjà déclaré : « J’en voulais à ma célébrité, jusqu’au jour où j’ai compris que je pouvais m’en servir. » Et elle l’a fait, avec force et conviction, en menant une véritable guerre contre la pandémie du VIH et du sida.

Cofondatrice de l’amfAR (The Foundation for AIDS Research) et fondatrice du Elizabeth Taylor AIDS Foundation, l’actrice a bouleversé à jamais la perception publique de la maladie et contribué à l’avancement de l’égalité LGBTQ+. À une époque où peu osaient défendre les hommes gais, dans les années 1980, elle a mis sa notoriété au service d’une cause qui faisait peur, brisant le silence autour du VIH/sida et exigeant compassion, financement et recherche, alors que le monde détournait le regard.

En mars 1984, Joan Rivers avait animé la toute première collecte de fonds pour le AIDS Project Los Angeles (APLA), amassant 45 000 $ au Studio One de Los Angeles. Mais c’est  Elizabeth Taylor qui a organisé le premier grand gala contre le sida, le  Commitment to Life Dinner, le 19 septembre 1985, qui a permis de récolter 1,3 million de dollars pour les soins aux patients de l’APLA. Plus de 2 500 personnes y ont assisté, dont  Shirley MacLaine, Sammy Davis Jr. et Carol Burnett.

Dans sa biographie Elizabeth Taylor: The Grit & Glamour of an Icon (2022),  Kate Andersen Brower écrit : « Au début, c’était un combat solitaire. Des dirigeants de studios à qui Taylor avait pourtant rapporté des millions lui raccrochaient au nez. Pire encore, son ami et ancien amant Frank Sinatra a refusé de l’aider. Michael Jackson aussi hésitait. Beaucoup trouvaient des excuses pour ne pas s’impliquer. Certains conseillers lui ont même dit que s’associer au sida pourrait détruire sa carrière. »

Deux mois avant ce gala, son grand ami  Rock Hudson avait annoncé publiquement, le 25 juillet 1985, qu’il était atteint du sida. Trop malade pour y assister, il avait tout de même acheté pour 10 000 $ de billets et envoyé un télégramme lu à voix haute ce soir-là : « Je ne suis pas heureux d’être malade. Je ne suis pas heureux d’avoir le sida. Mais si cela peut aider d’autres personnes, je peux au moins me dire que mon malheur aura eu une utilité. »

Rock Hudson est décédé deux semaines plus tard, le 2 octobre 1985.

Sa mort a galvanisé Elizabeth Taylor. En 1986, elle a témoigné devant le Congrès américain pour réclamer davantage de financement et de recherche sur le VIH/sida. L’année suivante, elle a convaincu le président Ronald Reagan de prononcer enfin un discours sur le sujet — et de prononcer le mot « sida ». Cette même année, lors d’un discours resté célèbre au National Press Club à Washington, elle a déclaré : « J’étais tellement frustrée et en colère face au silence, à ce grand silence assourdissant autour du sida. Personne ne voulait en parler ni s’impliquer. Personne ne voulait donner. Alors je me suis dit : Bitch, fais quelque chose toimême. Au lieu de te fâcher, agis! »

En 1991, elle a fondé  The Elizabeth Taylor AIDS Foundation, destinée à financer directement les soins aux personnes vivant avec le VIH.

À l’approche de la Journée mondiale du sida, le 1er décembre, j’ai rencontré Tim Mendelson, son ancien assistant personnel (photographié à ses côtés par Herb Ritts) de 1990 jusqu’à son

Elizabeth Taylor & Tim Mendelson
CRÉDIT PHOTO : COURTESY HERB RITTS FOUNDATION

décès en 2011. Mendelson est aujourd’hui cofiduciaire de sa succession et administrateur de la Fondation Elizabeth Taylor contre le sida.

AvantdetravailleravecElizabethTaylor,vousavezcommencéen1984chezledesigner NolanMiller.Commentcetteexpériencea-t-ellemarquévosdébuts?

TIM MENDELSON : J’ai grandi à Los Angeles et fréquenté une école privée avec des enfants de célébrités — la fille de Paul Newman , les enfants de Michael Landon. J’étais ami avec Melissa Rivers, et un jour, sa mère Joan et son père sont venus nous parler à la cuisine. Joan m’a demandé : « Qu’est-ce que tu veux faire de ta vie? » J’ai répondu : « Peut-être quelque chose dans la mode. » Elle m’a alors dit : « J’ai un lunch avec Nolan Miller demain. Je vais voir s’il a un emploi pour toi. »

Je suis devenu le shopper de Nolan Miller. Mon travail consistait à trouver les tissus pour ses créations. J’avais 19 ans. C’était l’époque dorée de Dynasty : Nolan dessinait les tenues de Joan Collins, Linda Evans et Diahann Carroll. C’était un vrai cirque! Joan Collins était une diva, Linda Evans un ange. Et moi, j’étais juste un gamin au milieu de tout ça. Quand Rock Hudson a tourné dans Dynasty, puis annoncé qu’il avait le sida, c’était terrifiant. Je n’ai fait mon coming out que trois ans plus tard.

VousavezensuitecommencéàtravaillerpourElizabethTayloren1990.Ellevousasoutenu dansvotreidentitégaie,toutcommeellesoutenaitdiscrètementdesvedetteshollywoodiennesencoredansleplacard.

TIM MENDELSON : Dès que j’ai intégré l’univers d’Elizabeth, j’ai compris que les hommes gais en faisaient naturellement partie. Elle avait été proche de Rock Hudson, James Dean, Roddy McDowall et  Montgomery Clift. C’est même elle qui a présenté Monty à Roddy — ils sont sortis ensemble six mois! Ce n’est pas qu’elle m’ait pris à part pour me dire : « Tim, tu devrais sortir du placard. » Ce n’était même pas une question. Elle aimait et célébrait les hommes gais, sans jugement et sans commérage. C’était tout simplement son monde.

Vousl’avezaccompagnéeaumythiquebargaiTheAbbeyàWestHollywood,oùelleest devenueunehabituée.

TIM MENDELSON : Je me souviens très bien de la première fois. Elle était d’humeur joyeuse, apprêtée, maquillée — prête à sortir. Elle avait toujours hésité à aller dans un bar gai, de peur que ce soit perçu comme un coup publicitaire. Mais ce jour-là, un jeudi après-midi vers

trois heures, je savais que l’Abbey serait tranquille. On s’est assis dans une banquette, on a commandé des entrées et des cocktails. Trois hommes, assis au bar, l’avaient reconnue. Un à un, ils sont venus la remercier. L’un d’eux, à genoux, les larmes aux yeux, lui a dit qu’il ne serait pas en vie sans elle. C’est à ce moment-là que j’ai compris, pour de vrai, pourquoi Elizabeth s’était tant investie dans cette lutte.

ElizabethTayloretRichardBurtonseronttoujoursliésàMontréal,oùilssesontmariésle 15mars1964auRitz-Carlton.

TIM MENDELSON : Elizabeth ne s’attardait pas trop au passé. Mais Richard a été, avec Mike Todd, l’un des deux grands amours de sa vie. Elle savait qu’ils se seraient probablement mariés une troisième fois.

Enplusdesonmilitantisme,onsaitqu’ellevisitaitanonymementdeshospicesetaccueillait chezelledesami·e·smalades.CommentlaFondationperpétue-t-ellecetengagement aujourd’hui?

TIM MENDELSON : L’un de nos programmes majeurs s’appelle HIV Is Not A Crime, qui milite pour la modernisation des lois dans plus de 30 États américains où des personnes sont encore criminalisées à cause de leur statut sérologique. Elizabeth a aussi légué 25 % de ses redevances à la Fondation. Dans sa dernière entrevue vidéo, peu avant sa mort, elle a dit vouloir que sa famille soit heureuse, et que les gens poursuivent ce qu’elle avait amorcé. La Fondation était au sommet de ses priorités. Elle voulait qu’on se souvienne d’elle pour son activisme, pas seulement pour ses films.

LapopstarTaylorSwiftluirendhommagedanslachansonElizabethTaylor,sursonnouvel albumTheLifeofaShowgirl.Quepensez-vousdecethommageetdel’héritaged’Elizabeth Taylor?

TIM MENDELSON : C’est un hommage très juste. Au 20e siècle, aucune vedette n’était plus grande qu’Elizabeth. Et aujourd’hui, personne n’est plus populaire que Taylor Swift, qui nous rappelle à quel point Elizabeth mérite d’être célébrée. Bien sûr, je ne suis pas objectif, mais quand on pense aux icônes LGBTQ+ — Judy Garland, Madonna, Cher — l’appui inconditionnel d’Elizabeth à la communauté, surtout au plus fort de la crise du sida, reste unique. Son histoire est celle d’une humanité exceptionnelle. C’est une femme qui, malgré les tragédies, a toujours choisi de continuer, parce qu’elle croyait profondément à la vie — et à la valeur de chaque vie.6

Une œuvre d’Armand Vaillancourt pour la campagne de financement des Archives

Les Archives gaies du Québec (AGQ) lancent leur nouvelle campagne de levée de fonds 2025-2026 avec, comme à l’habitude, le tirage d’une œuvre d’Armand Vaillancourt. Oui, oui, vous avez bien lu : le grand Armand Vaillancourt !

Pour chaque don de 75 $, les donateurs et donatrices reçoivent un billet de tirage ainsi qu’un reçu pour fins d’impôts. C’est simple, et cela contribue à la croissance de cette association LGBTQ+ qui a célébré ses 40 ans d’existence en 2023. Ainsi, du mois d’octobre 2025 à la fin de janvier 2026, les AGQ mèneront leur campagne de financement avec, à l’honneur cette année, une œuvre encadrée intitulée Noir sur bleu (2003), d’une dimension de 20 x 22 po (ou 51 x 56 cm)et d’une valeur marchande de 8 500 $. Il s’agit d’une sérigraphie numérotée et signée par l’artiste lui-même.

Armand Vaillancourt à l’honneur

Les Archives proposent cette année une œuvre d’Armand Vaillancourt (95 ans), un artiste engagé et allié de la communauté LGBTQ+. Peintre et sculpteur foisonnant, Vaillancourt privilégie l’art public. Récipiendaire du prix Paul-Émile-Borduas, compagnon de l’Ordre des arts et des lettres du Québec et grand officier de l’Ordre national du Québec, il demeure un militant infatigable. Son travail fait partie de nombreuses collections publiques et privées. Chaque billet à 75 $ vous rapproche donc de la chance de pouvoir accrocher chez vous une œuvre de cet artiste reconnu internationalement. « C’est la sixième campagne que nous réalisons avec le tirage d’une œuvre, et nous sommes choyés d’avoir une pièce d’Armand Vaillancourt », indique Pierre Pilotte, coordonnateur des Archives. La campagne 2024-2025 avait rapporté la coquette somme de plus de 65 000 $, et on espère atteindre un résultat similaire cette année. « C’est une solution peu coûteuse et peu énergivore, puisque nous sommes une très petite équipe, ajoute Pierre Pilotte. Le fait de demander à un artiste de nous offrir une œuvre permet aussi d’en faire la promotion sur nos réseaux sociaux. D’autant plus que la plupart de ces artistes sont membres de la communauté ou des allié·e·s, comme Françoise Sullivan ou Armand Vaillancourt. »

Armand Vaillancourt s’ajoute à une prestigieuse liste d’artistes —  Evergon, Robert Laliberté, J.J. Levine, Françoise Sullivan, Stephen Schofield et Michel Daigneault — qui ont déjà offert une œuvre pour ce tirage par le passé. Chaque contribution, petite ou grande, permet à l’organisme de poursuivre ses activités : préserver et cataloguer les archives, organiser des expositions, accueillir les chercheurs et chercheuses, enrichir les collections et faire vivre la mémoire collective. « Faisons en sorte, ensemble, que ces histoires continuent d’être conservées, vues, entendues et célébrées », lance Pierre Pilotte.

Bilan de l’année écoulée

Les expositions  Génération Xerox (novembre 2024 à mars 2025),  Sex Garage : 35 ans plus tard (juillet à septembre 2025) et L’émergence du Village gai (Montréal, 1974-1990), toujours en cours jusqu’au 20 décembre prochain, ont permis de mettre en lumière des pans importants de l’histoire LGBTQ2S+, suscitant l’intérêt du public. « Nous préparons également une autre exposition, en 2026, consacrée à ACT UP, qui sera présentée au  MEM – Centre des mémoires montréalaises. Elle offrira un regard sur ce mouvement militant emblématique », poursuit Pierre Pilotte. Cette exposition au MEM viendra prolonger celle présentée aux AGQ à l’été 2023, L’Activisme esthétique d’Act Up Montréal : une histoire en photos et en affiches, qui présentait une partie du fonds de Michael Hendricks et René LeBoeuf, militants d’ACT UP ayant lutté pour la cause du sida.

L’appui essentiel de la communauté

« Malgré l’appui de certaines subventions ciblées pour des projets précis, qui ne couvrent pas l’ensemble de nos besoins, notre fonctionnement repose encore largement sur la générosité des membres de notre communauté et de nos allié·e·s, souligne Pierre Pilotte. Pour continuer à faire vivre cette mémoire, nous avons besoin des donatrices et donateurs : leur implication est essentielle pour préserver et transmettre l’histoire des communautés LGBTQ2S+ au Québec, au Canada et dans le monde. »

À venir en 2026

Plusieurs expositions sont déjà en préparation, dont Nourriture queer  (au printemps prochain), consacrée aux cafés, restaurants et bistros LGBTQ+ de Montréal, un champ d’étude couvert par la professeure Alex Ketchum  (Université McGill), en collaboration avec  Simone Beaudry Pilotte, archiviste aux AGQ. Une autre exposition rendra hommage au militant John Banks, décédé à l’été 2023. Enfin,  Luttes féministes et LGBTQ2S+ : entre camaraderies et tensions, une exposition proposée par  Nicolas Longtin-Martel, également archiviste aux AGQ, complétera ce triptyque.

En attendant, n’oubliez pas de contribuer aux AGQ en vous procurant vos billets à 75 $ — vous pourriez mettre la main sur l’œuvre d’Armand Vaillancourt ! 6

ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

INFOS | http://agq.qc.ca • 514-287-9987

1000, rue Atateken, local 201A, Montréal (QC) H2L 3K5

Armand Vaillancourt

Prendre la parole par la couture

Le 6 octobre dernier, Gay & Grey Montréal et EngAGE, le centre de recherche sur le vieillissement de l’Université Concordia, ont dévoilé leur propre courtepointe intergénérationnelle lors d’un 5 à 7 au Centre des mémoires montréalais (MEM).

« C’était un bel hasard d’inaugurer le projet cette semaine, les astres se sont alignés », mentionne Ada Sinacore, présidente de Gay & Grey, notant au passage que le 2 octobre était la première journée de visibilité lesbienne.

« Cette courtepointe poursuit dans l’esprit du Aids Quilt (la courtepointe de l’espoir). [Elle] a été créée par des militants à San Francisco en 1987 et [...] a été étalée sur le National Mall à Washington en 1987. Beaucoup d’entre nous connaissent les personnes dont les noms s’y retrouvent… On voudrait honorer les histoires que nous avons racontées autour de cette œuvre. »

La courtepointe a été élaborée au cours de plusieurs mois en 2024 par une équipe d’artistes intergénérationnel.le.s, principalement des membres de Gay & Grey et des étudiant.e.s de Concordia, dans le cadre d’un projet de recherche sur l’isolement social et les connexions intergénérationnelles. Plusieurs artistes aîné.e.s étaient présent.e.s au lancement. « C’est un bel exemple de ce que la recherche peut donner, quand c’est fait ensemble dans un esprit de créativité », a commenté Kim Sawchuk, directrice de EngAGE. Ce n’est pas juste « parler de ce qui ne va pas », mais « prendre action pour améliorer les choses ». »

« Au début, c’était les vieux d’un côté et les jeunes de l’autre », se souvient l’artiste Jean-Louis Sosa, membre de Gay & Grey. « Ensuite, le travail nous a rapprochés. »

Certains artistes ont rendu hommage à des personnes décédées qu’ils ont aimées à travers le projet ; d’autres ont donné libre cours à un côté artistique qui n’a pas toujours été valorisé par le passé. « J’ai appris à coudre à 8 ans et ma mère m’a dit : “Un garçon ne fait pas ça” », se souvient un autre participant, Fred Wildman. D’autres se sont simplement amusés à faire de l’art avec leurs nouveaux amis, et à se parler.

« C’était vraiment amusant de parler avec les plus jeunes, de les entendre partager leurs histoires », se souvient Daniel Wylie. « Une grande partie de l’art, c’est comment on s’est rassemblé pour le créer. Les gens disent : “Je ne sais pas comment parler à des personnes âgées” ou “Je ne sais pas parler à des jeunes” — ben, c’est pas sorcier, parlez-vous ! »

Bruce Cameron, le cofondateur de Gay & Grey et mari de M. Sosa, a aussi participé au projet. Il était président de l’organisme quand le projet a été lancé.

« C’était important pour nous de raconter l’histoire de notre génération, ceux qui ont vécu la crise du SIDA ou l’itinérance. Je pense que ça a ouvert les yeux à plusieurs personnes. Peut-être que les carrés ne sont pas toujours les plus beaux, mais ça reste un accomplissement. »

La courtepointe reste dans les archives de Gay & Grey pour le moment, dans l’attente d’un espace d’exposition permanent.  6

R. PRATKA irenepratka1@gmail.com

INFOS | Visitez concordia.ca/research/aging/about.html pour en savoir plus sur les activités de EngAGE et ggmtl.com pour en savoir plus sur Gay & Grey. À noter que les activités sont principalement en anglais.

Légende photo : De gauche à droite, Ada Sinacore, Fred Wildman, Bill Weston, Danny Wylie, Jean Louis Sosa, Bruce Cameron.

LA RECHERCHE POUR DOCUMENTER NOS RÉALITÉS

Tara Chanady du RLQ

Chercheuse, détentrice d’un doctorat et directrice du Réseau des lesbiennes du Québec (RLQ), et nouvellement maman, Tara Chanady est emballée à l’idée de mettre sa vaste expérience au service de la communauté lesbienne qui lui est si chère.

Elle a complété un doctorat en communications à l’Université de Montréal en 2021 et un postdoctorat à l’École de santé publique de l’UdeM en 2022, avec une spécialisation en santé mentale et dépendances dans le milieu LGBTQ+. Tout au long de son parcours, elle a dû se battre pour convaincre les autres de la valeur de ce qu’elle faisait. « Quand j’ai commencé dans le milieu académique en 2012, c’était tellement rare de trouver quelqu’un qui travaillait sur les enjeux LGBT, les [enjeux] lesbiens encore moins, raconte la chercheuse. Les connaissances sur les lesbiennes étaient tellement dévalorisées. Au bac, il y avait même un directeur de programme qui m’avait dit : “Pourquoi tu fais ça ? Ça ne sert à rien.” Ça m’a vraiment marquée. »

Cette dévalorisation des enjeux queers — particulièrement ceux touchant la communauté lesbienne — entraîne un « trou phénoménal » dans les connaissances académiques sur la communauté, selon Tara Chanady. Elle explique que la recherche joue un rôle fondamental dans la survie des organismes comme le RLQ. Sans recherches, pas de données. Sans données, pas de compréhension de l’ampleur des différents phénomènes touchant une communauté. Sans compréhension, il est difficile de bâtir des dossiers pour demander des subventions ou faire du plaidoyer politique et médiatique. Sans subventions ni visibilité politique ou médiatique, peu ou pas de programmes en soutien aux communautés marginalisées.

« Ça sert aussi à documenter nos réalités, tout simplement, poursuit-elle. C’est important de pouvoir exister, de ne pas être exclu.e.s de la communauté scientifique. Aussi, des recherches vont parfois faire des reflets sur des choses que d’autres personnes vivent, comme les enjeux de santé mentale, de violences conjugales. Le fait de rendre ces choses-là visibles, c’est super important. »

Avec le RLQ, dont elle est devenue directrice en 2023, elle a lancé une vaste étude sur les communautés lesbo-queers au Québec, qui a par la suite été intégrée dans un projet pancanadien. Le RLQ a aussi tenu un colloque sur les enjeux lesbiens à Montréal en mars 2024, une initiative que Tara Chanady prévoit répéter l’année prochaine. Pour elle, en plus de combiner deux de ses passions — la recherche et l’événementiel —, ces expériences lui ont montré l’importance de la recherche au sein même de la communauté lesbo-queer, faite « par et pour » ses membres. « C’était vraiment très intéressant… d’analyser nos identités à travers les barrières linguistiques, à travers les barrières générationnelles. C’est quelque chose qu’on peut juste faire par et pour [notre propre communauté], je trouve. On comprend des nuances qu’on ne peut pas comprendre quand on ne fait pas partie de ces communautés-là. »

Ses recherches ont permis de soulever, entre autres éléments, un déclin dans l’usage même du terme « lesbienne » par les jeunes femmes appartenant à la communauté LGBTQ+. Les femmes de 30 ans et plus ont davantage tendance à s’identifier comme « lesbiennes » que les plus jeunes, qui se voient plutôt reflétées dans le terme « queer ». Elle ne voit pas ce phénomène comme une menace pour la communauté lesbienne en tant que telle. « On essaie d’y aller de la façon la plus inclusive possible. On représente les femmes et les personnes de la diversité sexuelle. On inclut la communauté trans, à 100 %, c’est non négociable. Pour nous, ça fait juste notre force. » Toutefois, le RLQ compte bien garder le mot « lesbiennes » dans son nom, par respect pour ses racines dans le mouvement des droits gais et lesbiens des années 1990 et pour les personnes qui s’y identifient. « C’est effectivement un grand défi… de maintenir des barrières sécuritaires où tout le monde se sent bien, que les gens sentent qu’ils ne perdent pas leur espace, tout en accueillant les autres, relate-t-elle. Il y a eu des débats… mais je pense qu’on a réussi à trouver un bon terrain d’entente. » En septembre dernier, le RLQ a ouvert un appel aux propositions pour son colloque sur les solidarités lesbo-queers, prévu en mars 2026 à Montréal, qui marquera aussi ses 30 ans d’existence. 6 R. PRATKA irenepratka1@gmail.com

INFOS | Pour en apprendre plus, écrivez un courriel à recherches@rlq-qln.ca https://rlq-qln.ca/fr

NOUVELLE DIRECTION, NOUVEAUX DÉFIS

Magali Boudon au Conseil québécois LGBT

Depuis plusieurs mois, le Conseil québécois LGBT (CQLGBT) doit composer avec de nouvelles réalités. En août dernier, le conflit israélo-palestinien s’est invité dans les festivités de Fierté Montréal. L’enjeu : la présence — ou non — de groupes LGBT juifs au défilé. Entre déclarations contradictoires et revirements, les organismes membres du CQLGBT se sont positionnés, certains soutenant Fierté Montréal, d’autres non.

Le tout coïncidait avec un changement de direction à la tête du Conseil : l’arrivée de Magali Boudon à la direction générale. Un mandat qui s’annonce exigeant, à un moment où les relations entre le gouvernement et les communautés 2SLGBTQ+ semblent marquées par la prudence. Les ponts demeurent, mais ils paraissent plus fragiles que jamais.

Rencontre avec Magali Boudon du CQLGBT Àquelquesjoursdel’ouverturedeFiertéMontréal2025,unecontroverseaéclaté,révélant desdivergencesauseinmêmeduCQLGBT.Quellelectureenfaites-vousaujourd’hui?

MAGALI BOUDON : D’abord, au Conseil québécois LGBT, nous avons voulu prendre du recul avant de poser des gestes ou de tirer des conclusions. Il nous fallait du temps pour faire le point sur cet été particulier. Dans l’ensemble, Fierté Montréal 2025 a été un événement exceptionnel, très suivi. Oui, il y a des leçons à tirer, mais on peut aussi y voir un moment de transition, une volonté de changement exprimée tant par les membres de Fierté Montréal que par les individus impliqués. Le CQLGBT ne s’est pas dissocié de Fierté Montréal. Nous souhaitons au contraire collaborer à sa reconstruction, à la suite de la démission de l’équipe organisatrice. Nous voulons travailler avec celles et ceux qui reprendront le flambeau.

En septembre dernier, le gouvernement n’a pas nommé de ministre spécifiquement responsableduBureaudeluttecontrel’homophobieetlatransphobie,l’intégrantplutôt auportefeuilledelaministredelaConditionféminine,CarolineProulx.Yvoyez-vousun reculsymbolique?

MAGALI BOUDON : Oui, c’est inquiétant. Le Bureau relevait auparavant du ministre de la Justice, puis a été transféré à Martine Biron, alors ministre des Relations internationales et

de la Condition féminine. Ce déplacement avait déjà soulevé des questions — notamment parce que la mention du Bureau n’apparaissait pas sur la fiche officielle de la ministre à l’Assemblée nationale, ce qui avait mené à une pétition. Aujourd’hui, avec sa disparition sous le chapeau de la Condition féminine, on assiste à la même invisibilisation.

LeministreJean-FrançoisRobergearécemmentinterditl’écritureinclusivedanstoutesles sociétésd’État,sansconsultation.Quelleaétévotreréaction?

MAGALI BOUDON : Nous avons été surpris, surtout par l’absence totale de consultation et de fondement scientifique. Le gouvernement agit sans dialogue avec les organismes communautaires — comme en juin dernier, lorsqu’il a décidé que les personnes seraient désormais incarcérées selon leur sexe anatomique plutôt que leur genre. Avec l’organisme Juritrans, le CQLGBT a envoyé une mise en demeure au gouvernement du Québec. Nous avons choisi de ne pas trop médiatiser le document, afin d’éviter qu’il soit récupéré par certains chroniqueurs ou groupes conservateurs. On constate un changement clair dans les relations entre le gouvernement et nos communautés. Cela s’est manifesté dès la création du Comité des sages : malgré notre participation aux consultations et les assurances reçues, le rapport final a ignoré nos principales préoccupations. Cela a été ressenti comme une forme de trahison. Mais nous continuons à saisir toutes les occasions pour rencontrer les élu·e·s et leur faire entendre nos voix.

Est-cesuffisantpoursefaireentendre?

MAGALI BOUDON : Non, et c’est pourquoi nous révisons nos stratégies. Pendant longtemps, le CQLGBT a privilégié le lobbying politique. Aujourd’hui, nous optons aussi pour des recours juridiques, comme avec la mise en demeure sur la question de l’incarcération. Nous voulons que nos voix ne soient pas seulement entendues, mais reconnues, et que nos réalités soient prises en compte dans les décisions gouvernementales.6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | https://conseil-lgbt.ca

POUR TOUTES MODIFICATIONS: INFO@FUGUES.COM

AFFAIRES

MONTRÉAL

CHAMBRE DE COMMERCE

LGBT DU QUÉBEC

T. 514-522-1885 clgbtq.org

SDC DU VILLAGE

T. 514-529-1168 villagemontreal.ca

AINÉS

MONTRÉAL

ARCG

T. 514-730-8870 arcgai.org Activités, soutien, entraide GAY AND GREY MONTREAL

T. 514-487-6760 gayandgreymontreal.com

QUÉBEC

VIEUX AMIS Facebook.com

AÎNÉS GAIS DE LA CAPITALE agcquebec.org / facebook.com agcquebec@gmail.com

CENTRES COMMUNAUTAIRES

MONTRÉAL

CENTRE ALEXANDRE-DE-SÈVE DES LOISIRS SACRÉ-COEUR

T. 514-872-2928

2040, rue Alexandre-de-Sève

CENTRE COMMUNAUTAIRE LGBTQ+

T. 514-528-8424, 2075 Plessis, # 110 cclgbtqplus.org

COMITÉ SOCIAL CENTRE-SUD

T. 514-596-7092 1710, rue Beaudry 211 GRAND MONTRÉAL Ressources communautaires T. 211 ou clavardez via 211qc.ca

OUTAOUAIS / OTTAWA

CENTRE DE SANTÉ

COMMUNAUTAIRE DU CENTRE-VILLE

T. 613-233-4443 info@centretownchc.org

CULTURE MONTRÉAL

ARCHIVES GAIES DU QUÉBEC

T. 514 287 9987

ARCHIVES LESBIENNES DU QUÉBEC 2075, rue Plessis, local 110 archiveslesbiennesduquebec.ca

BIBLIO. À LIVRES OUVERTS LGBTQ+

T. 514-528-8424

biblio.cclgbtqplus.org

FIERTÉ MONTRÉAL

T. 514-903-6193 fiertemontrealpride.com

FESTIVAL IMAGE+NATION image-nation.org

MTL EN ARTS mtlenarts.com

QUÉBEC

FIERTÉ DE QUÉBEC

T. 418-809-3383 fiertedequebec.ca

OUTAOUAIS / OTTAWA

FIERTÉ DANS LA CAPITALE

T. 613-252-7174, Ottawa

LANAUDIÈRE

CAFÉ COOP DU BAL MASKI 401 rue Maskinongé, Saint-Gabriel balmaski.com

DISCUSSIONS / SOUTIEN MONTRÉAL

AL-ANON

T. 514-866-9803 Groupe pour familles des alcooliques LGBTQ+

ALCOOLIQUES ANONYMES

T. 514-376-9230 aa-quebec.org

ANGLOPHONE LESBIANS sistersunited2014@outlook.com Social activity group.

AQAPMM-SANTÉ MENTALE

T. 514-524-7131

CENTRE DES FEMMES VERDUN

T. 514-767-0384. Pour lesbiennes

CENTRE D’ORIENTATION

SEXUELLE DE L’UNIVERSITÉ MCGILL

T. 514-934-1934 #43585

CREACC-DIVERSITÉS info.creacc@gmail.com

CENTRE SOLIDARITÉ LESBIENNE

T. 514-526-2452

COCAÏNOMANES ANONYMES caquebec.org LGBTQ+ et ami.e.s

COLLECTIF CARRÉ ROSE

T. 514-831-3150 ou Facebook

CRYSTAL METH ANONYMES cmamtl.org

DÉPENDANCE AFFECTIVE

SEXUELLE ANONYME DASA

T. 514-983-0671

L’ÉCHO DES FEMMES

T. 514-277-7445

FONDATION ÉMERGENCE

T. 514-866-6788

GROUPE INTERVENTION VIOLENCE

CONJUGALE LESBIENNE

T. 514-526-2452

GRIS – MONTRÉAL

T. 514-590-0016 gris.ca

NARCOTIQUES ANONYMES LGBTQ+ 2075, rue Plessis, dimanche à 14h.

PRINCIPES COGNITIFS

T. 514-485-2194 (10h-17h)

RÉZO

T. 514-521-7778 #226 rezosante.org info@rezosante.org

SILK silk@caeoquebec.org

CERCLE DE DISCUSSION LGBTQ+

T. 514-217-6775

Aux 2 semaines, jeudis soir local CSN, rue DeLorimier.

QUÉBEC

ALLIANCE ARC-EN-CIEL DE QC

T. 418-809-3383 arcencielquebec.ca

PRISME

T. 418-649-1232 prisme.org

BAS-ST-LAURENT

GAI-CÔTE-SUD

T. 418-856-3566, M. Dionne.

CHICOUTIMI

FÉMIN’ELLES

T. 418-550-2259.

GASPÉSIE

LGBT+ BAIE-DES-CHALEURS lgbt-bdc.net

LGBT HAUTE-GASPÉSIE facebook.com

LAVAL/LAURENTIDES

L'ARC-EN-CIEL DISCUSSIONS

T. 450-625-5453, Lesbienne MAURICIE

LGBT MAURICIE

T. 819-531-0770, Louis facebook.com

TANDEM MAURICIE

T. 819-374-5740, Kayla Palin

MONTÉRÉGIE

DÉPENDANTS AFFECTIFS

T. 450-780-2813

ÉMISSAIRE

T. 450-651-9229 #24 emissaire.ca

JAG — ORGANISME LGBT+

T:. 450 774-1349/1 800 774-1349 lejag.org

OUTAOUAIS / OTTAWA

PROJET ENTRE HOMMES

T. 819-776-2727 ou 1 877 376-2727 lebras.qc.ca

MAX OTTAWA

T. 613-701-6555 maxottawa.ca

RIMOUSKI

FLIQR facebook.com/FliQr

Groupe queer féministe

UNIPHARE

T. 418-722-7432 uniphare.com

SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN

DIVERSITÉ 02

T: 581-447-2211 diversite02.ca

SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU

GROUPE GLBT-LGBT

T. 514-464-9555, Ian Ouellet ou T. 438-274-4986, Christian White SHERBROOKE

ENTRE-ELLES SHERBROOKE

T. 819-580-7460, Sophie entre.elles.sherbrooke@gmail.com

GROUPE DE DISCUSSION POUR HOMMES GAIS, BISEXUELS ET EN QUESTIONNEMENT

T. 819-823-6704. harsah.iris@hotmail.com

IRIS ESTRIE

T. 819-823-6704 irisestrie.org

PARTOUT AU CANADA

COORDINATION LGBT

D’AMNISTIE INTERNATIONALE CANADA FRANCOPHONEE

T. 514-766-9766 ou 1-800-565-9766 Facebook.com

EGALE CANADA

T. 1-888-204-7777

PARTOUT AU QUÉBEC

FIERTÉ AGRICOLE

T. 450-768-6995 fierteagricole.org

RÉSEAU DES LESBIENNES DU QUÉBEC

T. 438-929-6928 rlq-qln.ca

ÉCOUTE

PARTOUT AU QUÉBEC

INTERLIGNE

1-888-505-1010 interligne.com Écoute téléphonique et clavardage

SUICIDE

1-866-APPELLE (277-3553) 53 53 53 (texto) suicide.ca

NARCOTIQUES ANONYMES 514-249-0555 naquebec.org Écoute 24h/24

CAEO QUEBEC caeoquebec.org Écoute / ressources en anglais.

GROUPE ETHNIQUE / IMMIGRATION

MONTRÉAL

AGIR MONTRÉAL agirmontreal.org

GA’AVA info@gaava.org

HELEM-GROUPE LGBT LIBANAIS

T. 514-806-5428 montrealhelem.org

LEGIT-QUÉBEC 514-907-5366 Aide pour conjoints de même sexe et l’immigration.

AU-DELÀ DE L’ARC-EN-CIEL

T. 514-527-4417 Lutte contre l’homophobie au sein des communautés immigrantes.

JHALAK MONTRÉAL Communautés sud-asiatiques facebook.com/jhalakmontreal

ITALO QUEER MONTRÉAL Communautés italienne facebook.com

MONTRÉAL AUTOCHTONE Communauté autochtone nativemontreal.com

AFRO PRIDE Communauté afro/BIPOC/Caribbean Facebook.com

JEUNES / FAMILLE

MONTRÉAL

ALTER HÉROS alterheros.com

L’ALTERNATIVE lalternative.ca

Ass. LGBTQ+ UDM PÈRES GAIS DE MONTRÉAL (APGM)

T. 1 855-237—2746 apgmqc.wordpress.com

L’ASTÉRISK

T. 514-523-0977 coalitionjeunesse.org

COALITION DES FAMILLES LGBT

T. 514-878-7600 familleslgbt.org

COMITÉ FAMILLE ET QUALITÉ DE VIE DES GAIS ET LESBIENNES

T. 514-521-4993 847, rue Cherrier, #201

CONCORDIA QUEER COLLECTIVE

T. 514-848-7414

FONDATION ÉDUCATION ÉMOTIONNELLE LOVE (FEEL) T. 438-992-8542 feelvie.blogspot.ca

GRIS – MONTRÉAL

T. 514-590-0016 www.gris.ca

JEUNESSE, J’ÉCOUTE 1-800-668-6868 Aide et écoute 24/7, les 5 à 20 ans. jeunessejecoute.ca

JEUNESSE LAMBDA

T. 514-528-7535 25 ans etjeunesselambda.com

LGBTQ YOUTH CENTER WEST ISLAND

T. 514-695-0600 lgbtq2centre.com

PARENTS D’ENFANTS GAIS

T. 514-282-1087

PROJET 10

T. 514-989-4585 p10.qc.ca

QUEER MCGILL

T. 514-398-2106 queermcgill.org

RÉPITSS-UQAM

T. 514-987-3000, #4041 320, rue Ste-Catherine Est, local DS-3125

QUÉBEC

ARCO IRIS

T. 418-658-5389

Asso étudiante du Cégep Ste-Foy.

COALITION DES FAMILLES LGBT T. 418-523-5572

L’ACCÈS

T. 418-523-4808 Pour 14-25 ans. GROUPE GAI UNIVERSITÉ LAVAL T. 418- 656-2131 ggul.org GRIS – QUÉBEC

T. 418-523-5572 grisquebec.org

PÈRES GAIS DE QUÉBEC T. 418-572-7273, Marc

CHAUDIÈRE-APPALACHES

GRIS CHAUDIÈRE-APPALACHES

T. 581-225-8440

GRANBY

DIVERS-GENS

T. 579-488-8004 170, St-Antoine Nord, local 107, Granby divers-gens@hotmail.com

SHERBROOKE

GRIS ESTRIE

T. 819-434-6413 grisestrie.org

ASSOCIATION LGBTQ DE L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE glebus@usherbrooke.ca

LANAUDIÈRE

LE NÉO

T. 450-964-1860 ou 1 800 964-1860 le-neo.com

LONGUEUIL

AMALGAME

1-888-227-7432

462, Boul. Sainte-Foy

MAURICIE

GRIS-MAURICIE/CENTRE-DU-QC

T.819-840-6615 ou 1 877 745-0007 grismcdq.org

L’ACCÈS

T. 819-376-1721 #2529, Trois-Rivières OUTAOUAIS / OTTAWA

JEUNESSE IDEM

T. 819-776-1445 ou 1-877-776-1445

SANTÉ MONTRÉAL

CENTRE D’AIDE AUX PERSONNES ATTEINTES DE L’HÉPATITE C

T. 514-521-0444 ou 1-866-522-0444

CENTRE DE PRÉVENTION DU SUICIDE

T. 514-683-4588

Veuillez communiquer avec le groupe LGBTQ+ qui vous intéresse pour connaître leur horaire d’activités.

CENTRE DE RESSOURCES ET D’INTERVENTION EN SANTÉ ET SEXUALITÉ

T. 514-855-8991

PROJET TRAVAILLEURS DU SEXE

T. 514-521-7778 # 224

T. 514-529-7777

RÉZO

T. 514-521-7778 #226 rezosante.org info@rezosante.org

STELLA (TRAVAIL DU SEXE)

T. 514-285-8889

SUICIDE-ACTION MONTRÉAL

T. 514-723-4000 ou 1-800-Appelle

SPIRITUALITÉ MONTRÉAL

BELIEVE sju_believe@gmail.com facebook.com

COMMUNAUTÉ CHRÉTIENNE

SAINT-PIERRE-APÔTRE

T. 514-524-3791 1201, Visitation

FOI ET FIERTÉ

T. 514-866-0641

110, rue Ste-Catherine E.

QUÉBEC

GROUPE CHRÉTIEN GAI

T. 418-656-2189

SPIRITUALITÉ ENTRE NOUS

T. 418-623-4086, Ginette Lauzon

TRANS

PARTOUT AU QUÉBEC

AIDE AUX TRANS DU QUÉBEC

T. 1-855-909-9038 #2 atq1980.org Écoute téléphonique 24h/24

OUTAOUAIS / OTTAWA

TRANS OUTAOUAIS

T. 343-202-5006 transoutaouais.com

ESTRIE

TRANSESTRIE

T. 873-989-1289 transestrie.org

SPIRITUALITÉ ENTRE NOUS

T. 579-488-8004 diversgens.org

VIH/SIDA

MONTRÉAL

ACCM

T. 514-527-0928 accmontreal.org

COCQ-SIDA

T. 514-844-2477 cocqsida.com

FONDATION L’ACTUEL

T. 514-270-4900 lactuel.org

FONDATION QUÉBÉCOISE DU SIDA

T. 514-315-8839 fqsida.org

MAISON D’HÉRELLE

T. 514-844-4874 maisondherelle.org

MAISON DU PARC

T. 514-523-7420 maisonduparc.org

MAISON PLEIN CŒUR

T. 514-597-0554 maisonpleincoeur.org

PORTAIL VIH/SIDA DU QC

T. 514-523-4636 ou 1-877-Portail 3330, rue Jarry Est

GAP-VIES

T. 514-722-5655 gapvies.ca

RÉZO

T. 514-521-7778 #226 rezosante.org info@rezosante.org

RÉSEAU DE LA SANTÉ SEXUELLE DES SOURDS DU QUÉBEC

T. 438-476-7260 rsssq.org

QUÉBEC

MIELS

T. 418-649-1720 miels.org

BEAUCE

ASSOCIATION BEAUCERONNE D’INTERVENTION SUR LE SIDA T. 418-227-6662

CÔTE-NORD

ACTIONS SIDA CÔTE-NORD

T. 418-962-6211 ou 1 888 611-7432 macommunaute.ca

ESTRIE

LA RÉPLIQUE ESTRIE

T. 819-348-2670 archedelestrie.org

LAVAL / LAURENTIDES

CENTRE SIDA AMITIÉ

T. 450-431-7432

SIDA-VIE LAVAL

T. 450-669-3099

MONTÉRÉGIE

ÉMISSAIRE

T. 450-651-9229 #24 emissaire.ca

CLINIQUE SIDEP MONTÉRÉGIE

Exclusive aux hommes gay RDV : 450-466-5000 #4352 santemc.quebec/sidepplus

OUTAOUAIS

/ OTTAWA

B.R.A.S.

T. 819-776-2727 1-877-376-2727 lebras.qc.ca

RIMOUSKI

MAINS

T. 722-SIDA 1-888-844-7432 trocbsl.org

SAGUENAY

MIENS (À CHICOUTIMI)

T. 819-693-8983 lemiens.com

VICTORIAVILLE

BLITSS

T. 819-758-2662 blitss.ca

MAURICIE

MAISON RE-NÉ maisonrene.com

FÉTICHE

MONTRÉAL

PHOENIX DE MONTRÉAL

Club cuir et latex phoenixmtl.com

BLUF MONTRÉAL

Club cuir et uniformes bluf.com/local/montreal

MONTRÉAL JACKS

Club de J/O montrealjacks.com

ÉROTISME AU MAXCULIN

Ateliers erotismeaumaxculin.com

SPORTS ET LOISIRS

MONTRÉAL

NON MEMBRES D’ÉQUIPE MONTRÉAL BALLE LENTE LES PHÉNIX

T. 514-451-9114, Alex. ballephenix.com

LES BOLIDES (QUILLES) quilleslesbolides@gmail.com

CHŒUR QUÉBÉCOIS

T. 514-253-4479, Jean-François. Chœur mixte LGBTQ+ et hétéros.

HOCKEY LES DRAGONS montrealdragons.org

QUILLES LES FAUVES

T. 514-527-7187, Yves Fontaine

QUILLES LES GAILLARDS

T. 514-231-9249, Pascal

QUILLES LAMBDA

T. 514-706-1849

QUILLES DES RENOUVEAUX

T. 514-771-6721, Richard Bégin LOISIRS DIVERSIONS algi.qc.ca/asso/loisirsdiversions Pour femmes de 40 ans+

LES LUDOVORES

T. 514-528-8424, Christian Facebook.com/Les-Soir-Ludovores

QUEER TANGO MONTRÉAL Facebook.com

SOCCER FÉMININ

T. 514-622-3025, Sonia Latreille STUDIO DANSE ARC-EN-CIEL

T. 514-438-764-5737

QUÉBEC

GALOPINS QUÉBEC

Groupe de marche/course LGBTQ+ galopins.quebec@yahoo.com

HORS-SENTIERS – QUÉBEC

T.418-440-3885 randonnée et plein air.

VOLLEY-BALL QUÉBEC

T. 418-204-9669 volleyquebec@yahoo.ca

OUTAOUAIS / OTTAWA

GROUPE DES GAIS FRANCOPHONES DE L’OUTAOUAIS Facebook.com

OTTAWA KNIGHTS

T. 613-237-9872 #2038

RAWDON

LIGUE VENDREDIS GAIS BOWLING T. 450-834-2700

RIVE-SUD MONTRÉAL

LIGUE DE QUILLES MIXTES

T. 450-928-0981, Alain

SAINT-JEAN SUR-RICHELIEU

LOISIRS POUR FEMMES GAIES ST-JEAN-SUR-RICHELIEU T. 514-927-7190

SAGUENAY LAC-SAINT-JEAN

DIVERSITÉ 02 T: 581-447-2211 diversite02.ca

JOLIETTE

LIGUE DE QUILLES LGBTQ ET AMI.E.S T. 450-756-7012, Joliette

equipe-montreal.org info@equipe-montreal.org facebook.com/equipemontrealLGBT.

AÉROBIE À PIEDS LEVÉS apiedsleves.wordpress.com Facebook-instagram : À Pieds Levés

BADMINTON G-BLEUS gbleus.com Facebook.com/Gbleus officiel

BALLE-MOLLE MAXIMA liguedeballemaxima@gmail.com

BALLE-MOLLE QUEER MONTRÉAL SOFTBALL liguebmqs@gmail.com

CHŒUR GAI DE MONTRÉAL T. 514-933-2942 Chœur hommes Facebook.com/ choeurgaidemontreal

CURLING, LES PHÉNIX curlinglesphenix@gmail.com

DANSE COUNTRY-CLUB BOLO T. 514-849-4777 clubbolo.com

DODGEBALL LGBT DE MONTRÉAL LES RATONS CHASSEURS facebook.com/lesratonschasseurs

LES DRAVEURS, BATEAU-DRAGON info@draveurs.org

ENSEMBLE - COLLECTIF THÉÂTRAL LGBTQIA+ T. 438-835-6282 productionsjeanfrancoisquesnel @gmail.com

ENSEMBLE VOCAL EXTRAVAGANZA Chœur mixte info@extravaganzavocal.org

ENSEMBLE VOCAL GANYMÈDE T. 514-525-8527 Chœur hommes evganymede.com

ENSEMBLE VOCAL LES NANAS T. 514-481-2545 Chœur femmes

FOOTBALL FÉMININ BLITZ DE MONTRÉAL montrealblitz.ca facebook.com/montrealblitz

GALOPINS COURSE MARCHE T. 514-503-6905 info@galopins.ca facebook.com/galopinsmontreal

JUKE FC Instagram.com/juke.collective jukecollective@gmail.com

LIGUE DE FOOTBALL AUSTRALIEN DU QUÉBEC president@aflquebec.ca facebook.com/AFL.Quebec

NATATION & WATER-POLO À CONTRE-COURANT info@acontrecourant.qc.ca Entraînement pour tous les niveaux de performance.

MONTRÉAL GAYMERS T. 514-700-6332, facebook.com/MTLGaymers info@mtlgaymers.com

MONTREAL ROLLER DERBY marketing@mtlrd.com @montrealrollerderby

OUTSQUASH outsquash.com

PLEIN AIR HORS SENTIERS T. 450-433-7508 ou 418-440-3885 horssentiers.ca

PICKLE LGBTQ+ MTL (PICKLEBALL) picklelgbtqmtl@gmail.com @bmqs.mtl

RUGBY ARMADA MTL RFC armadamontreal.com facebook.com/armadamontreal

LES SHAMROCKS DE MONTRÉAL montrealshamrocks.com

SOCCER LGBT+ MONTRÉAL soccer-lgbt-montreal.ca

TENNIS LAMBDA tennislambda.org

VOLLEYBALL BORÉAL Volley Intérieur et Volley de Plage Contactez Karl, Caroline ou Ludovic info@volley-boreal.net www.volley-boreal.net facebook.com/volleyboreal instagram.com/voleyboreal

YOGA GAI ZONE MTL yogagaizonemtl.wixsite.com/yogi

Équipe Montréal en bref

Postes bénévoles à combler

Équipe Montréal cherche à compléter son conseil d’administration. VP au développement : responsable du partenariat et de la commandite. Ce poste bénévole t’intéresse ? Écris à : info@equipe-montreal.org

Nouveaux rabais pour nos membres

Équipe Montréal a conclu des ententes avec les commerces suivants :

Body Spa / 10 % sur tous les services d’esthétisme (hors coiffure, massage, acupuncture et produits).

Gym Haltères & Co / 10 % + 1 mois supplémentaire gratuit pour les abonnements de 12 mois. Tu n’as pas de carte de membre ? Inscris-toi sur : equipe-montreal.org

Liste complète des commerces qui offrent des rabais à nos membres : https://equipe-montreal.org/commerces-participants

Groupes

LezBoat : pagayer pour l’inclusion, viser l’or et rêver aux Gay Games 2026 Créée pour offrir un espace sécuritaire et inclusif aux femmes et personnes non binaires de la communauté LGBTQIA+, l’équipe LezBoat s’impose aujourd’hui comme une force dans le monde du bateau-dragon. Plus qu’un simple club sportif, LezBoat est un projet de cœur : un lieu où sport, solidarité et fierté se rencontrent.

Deux médailles d’or au PACCC

Cet été, l’équipe a brillamment démontré sa détermination en remportant deux médailles d’or au Pan American Club Crew Championships (PACCC). Une performance qui témoigne du travail acharné des pagailleuses, mais aussi de la force du collectif et des valeurs de respect, de diversité et d’entraide qui animent chaque entraînement.

Cap sur Valence 2026

Avec cette énergie et ces victoires, LezBoat voit grand : l’équipe a officiellement annoncé son intention de participer aux Gay Games 2026, qui se tiendront à Valence, en Espagne. Cet événement international célèbre le sport, la culture et l’inclusion. Pour LezBoat, y participer, c’est non seulement représenter le Québec et le Canada, mais aussi faire rayonner la voix et la résilience de la communauté LGBTQIA+.

Des valeurs qui dépassent le sport

Chez LezBoat, chaque coup de pagaie est un geste porteur de sens. L’équipe incarne des valeurs fortes : Inclusion : offrir un espace où chacun.e peut être soi-même, sans jugement. Courage : affronter les défis sportifs comme les préjugés. Solidarité : construire des liens puissants qui vont bien au-delà du bateau.

Un appel à la communauté

L’aventure vers Valence ne fait que commencer et LezBoat souhaite embarquer la communauté avec elle. Que ce soit comme pagailleuse, partenaire, bénévole ou allié.e, chacun.e peut contribuer à faire grandir ce projet audacieux et inspirant.LezBoat, c’est plus qu’une équipe : c’est un mouvement. Pour information : lezboatmtl@outlook.com

Club Bolo

Les vendredis de danse en ligne country à compter de 19 h 30. Cours de tous les niveaux, que vous soyez débutant.e, intermédiaire ou avancé.e, venez expérimenter le plaisir de la danse country. Nous sommes situés au Centre communautaire de loisirs Sainte-Catherine d’Alexandrie, 1700, rue Atateken, Montréal. Vous pouvez vous inscrire en ligne, sur notre site Web, en sélectionnant l’onglet billetterie. Pour suivre nos activités, nous vous invitons à consulter notre site Web pour tous les détails ou la page Facebook du Club Bolo. Pour être à l’affût des informations, vous pouvez vous inscrire à notre Bolo Hebdo via l’adresse courriel : info@clubbolo.com ou secretaire@clubbolo.com. www.clubbolo.com

ENSEMBLE — Collectif théâtral LGBTQ vous invite au théâtre ! Souvenirs de Brokeback Mountain, Un amour qui persiste au-delà du temps et du silence 6, 7 et 8 novembre 2025 – 19 h 30 (le 8 novembre, moins de 10 billets disponibles et nous afficherons COMPLET). Théâtre La Comédie de Montréal. Mise en scène : Michèle Macaigne. Une production des Productions Jean-François Quesnel / ENSEMBLE — collectif théâtral LGBTQ+

Montréal, octobre 2025 — Sur la scène du Théâtre La Comédie de Montréal, Souvenirs de Brokeback Mountain ravive la flamme d’une histoire d’amour interdite, faite de paysages intérieurs et de mots jamais prononcés. Sous la direction sensible de Michèle Macaigne, la pièce explore la mémoire comme un territoire fragile — un espace où les fantômes du passé se confondent avec les désirs qu’on n’a jamais su nommer. Dans une scénographie épurée, deux âmes se retrouvent, se rappellent et se déchirent une fois encore. Chaque silence devient un cri, chaque regard, un souvenir.

Souvenirs de Brokeback Mountain évoque la tendresse, la honte, la beauté et la perte avec une rare justesse.

Billets en vente dès maintenant / Tarifs étudiant.e.s, accessibles et solidaires https://www.zeffy.com/fr-CA/ticketing/theatre-souvenir-de-brokeback-mountain

Information : productionsjeanfrancoisquesnel@gmail.com

EN ROUTE VERS LES GAY GAMES – VALENCE 2026

Équipe Montréal organise un souper-bénéfice au profit de la délégation d’athlètes qui se rendra à Valence en 2026. Rendez-vous au St-Hubert du Village le 9 novembre à 18 h. DJ et surprises sont au rendez-vous !50 $ par personne.

Les athlètes inscrit.e.s aux Gay Games courent la chance de gagner des billets d’avion à destination de Madrid, gracieuseté d’Air Canada !

Réserve ta place au : https://www.zeffy.com/fr-CA/ticketing/souper-de-financementpour-la-delegation-montrealaise-des-gay-games-de-valence--2026

Retour sur le 30e gala d’Équipe Montréal

Équipe Montréal a tenu son 30e gala le 4 octobre dernier à l’Agora du cœur des sciences à la Place des festivals, sous la thématique de l’Unité et Synergie.

Le gala fut l’occasion, pour les équipes sportives et les groupes de loisir, d’honorer leurs personnalités, bénévoles et athlètes de l’année. Équipe Montréal a également donné la chance à trois de ses chorales membres de performer sur scène : Les Nanas, Extravaganza et le Chœur gai de Montréal.

Les groupes membres ont répondu à l’appel ! Iels ont été nombreux et nombreuses à venir assister au gala et l’ambiance était conviviale et participative. Emmanuelle Dubé, directrice de district | TD Canada Trust, nous a fait le plaisir d’être notre présidente d’honneur. Du côté de l’animation, Rafaël Provost et Sasha Baga ont rendu cette soirée mémorable en faisant participer le public à plusieurs reprises au cours de la soirée.

Les cinq grands prix d’Équipe Montréal ont été remis cette année à :

• Prix Claude Mailhot (Rayonnement d’Équipe Montréal) : Karl Côté de Volley Boréal

• Prix Personnalité de l’année : Marie-Élène Néron de l’Ensemble vocal Les Nanas

• Prix Guy Marin (Bénévole de l’année) : Mickael Pallier de Dodgeball Les Ratons-Chasseurs

• Prix Athlète de l’année : Clémence Berthomier des Draveurs, bateau-dragon

• Prix Événement de l’année : Tombola de Balle Molle Queer Softball et Gala Odyssée de Volley Boréal

Quelques faits saillants de la soirée :

• L’annonce que TD devient notre partenaire principal

• Le nouveau partenariat avec le Weiser

• Tirage de deux billets d’Air Canada

• Une mention spéciale a été faite pour les 30 ans des Galopins

• La remise des bourses « Journée Équipe Montréal » à AFL Québec et un regroupement de quatre équipes membres : Les Ratons-Chasseurs, Tennis Lambda, Volley Boréal et les G-Bleus

• Le généreux don de Victor Roberge

• L’annonce du nouveau nom du prix Événement de l’année qui portera désormais le nom de prix Jean-Claude Lapointe remis à l’Événement de l’année »

• Hommage aux Bâtisseurs d’Équipe Montréal. Étaient présents les anciens présidents Fernand Godfrind, Paul Vézina, Daniel Vaudrin, Patrick Blouin et les vice-présidents Guy Marin et Amélie Charbonneau

• Performances artistiques de Sasha Baga et Franky Dee. 6

LOGAN CARTIER cartierlogan@gmail.com

LA GUIGNOLÉE DES DRAGS PATRONNESSES EST DE RETOUR !

À l’approche des Fêtes, un événement phare de solidarité revient : la Guignolée des Drags patronnesses se tiendra du 15 novembre au 15 décembre 2025, avec pour objectif d’amasser 3 000 $, en argent et en denrées non périssables, pour offrir des paniers de Noël aux personnes et familles vivant avec le VIH/sida dans la précarité, accompagnées par la Maison Plein Cœur.

Initiée par les Drags patronnesses, un groupe de drags engagées socialement dans leur communauté, cette guignolée haute en couleurs allie, fête, art, générosité et solidarité. Fidèles à cette tradition québécoise, les drags vont sillonner les soirées et événements de la communauté 2ELGBTQIA+ à Montréal pour récolter des dons en argent et en denrée non-périssables avec glamour et cœur. Les Fêtes peuvent être particulièrement difficiles pour les personnes isolées et les familles vivant avec le VIH/sida et en situation de vulnérabilité. Grâce aux dons, Maison Plein Cœur pourra offrir des paniers de Noël remplis d’amour, de nourriture et de produits essentiels, pour que chacun.e. puisse vivre une période de fin d’année dans la dignité et la chaleur humaine. La Guignolée des Drags patronnesses, c’est bien plus qu’une levée de fonds : c’est un élan de solidarité, un geste de cœur porté par toute une communauté.

Comment contribuer ?

Faites un don en ligne : www.zeffy.com/fr-CA/donation-form/la-guignolee-des-dragspatronnesses ou utiliser le code QR; Participez à l’un des événements de collecte en allant sur nos réseaux sociaux linktr.ee/lesdragspatronnesses.

Déposez vos dons en denrées non-périssables à la SDC du Village 1211 Ste-Catherine Est ou au Bar le Stud; Partagez notre campagne sur les réseaux sociaux avec le mot-clic #Guignoléedrags. 6

LOGAN CARTIER cartierlogan@gmail.com

Jusqu’au 20 décembre prochain, on peut voir aux Archives gaies du Québec (AGQ) un projet d’envergure mené de main de maître par François Bellemare : l’exposition L’émergence du Village gai de Montréal (1974-1990). Dans le cadre de cette exposition, l’auteur a réalisé une série de sept vidéos donnant la parole à des militant.e.s et à des témoins de cette époque fondatrice. Parmi eux, Denis B. Lapointe (aussi connu sous le nom de Denis B. Lévesque), artiste multidisciplinaire qui a participé à plusieurs expositions de photos et signé des créations vidéo et musicales. Son parcours mêle intimement militance et création.

Le vernissage de cette exposition s’est tenu le 4 octobre dernier aux AGQ en présence d’une cinquantaine de personnes.

Une militance tatouée sur le bras

Oui,  Denis B. Lapointe  a été de ceux et celles qui ont pavé la voie. Militant de la première heure, il a organisé des soirées-bénéfice pour l’ADGQ (Association pour les droits des gais du Québec), dont les légendaires partys d’Halloween et la « Danse des papettes » du  8 septembre 1984, tenue en guise de protestation contre la venue du pape Jean-Paul II à Montréal. Dans les années 1980, il anime également l’émission  Antenne rose  à Radio Centre-Ville. Sur son bras, il porte un tatouage du triangle rose, symbole porté par les p risonniers homosexuels dans les camps de concentration nazis. Le 11 novembre 1984, jour du Souvenir, il dépose une couronne de fleurs au monument des anciens combattants — un geste qui lui vaut d’être pris à partie par certains vétérans et survivants de l’Holocauste. « On m’a crié : “Il n’y avait pas de prisonniers homosexuels dans les camps !” C’était violent et agressif à l’époque », se remémore-t-il. « Le triangle rose a été oublié, mais je trouve essentiel de rappeler ce qui s’est passé, les gens qui ont été torturés et tués. Surtout quand on voit tout ce qui se passe dans le monde aujourd’hui. »

Quepensez-vousdelasituationactuelleauxÉtats-UnisetdupeuderéactionsauQuébec faceàcettemontéeconservatrice?

DENIS B. LAPOINTE : Je ne savais pas que peu d’organismes, officiellement du moins, s’en préoccupaient. Que veut dire « s’en préoccuper », sinon offrir des pensées et des prières ? Bien sûr que je compatis à la peur et à l’angoisse causées par ces reculs. Mais je me positionne en résistant à l’importation des conflits idéologiques, religieux ou politiques étrangers à notre réalité. Depuis 65 ans, le Québec s’est bâti une société progressiste. Je ne suis pas naïf au point de croire que cette vague ne pourrait pas ébranler nos certitudes — paradoxalement par le biais même de notre Charte des droits. Quant à ce président « orange », dans l’échelle cosmique, il ne restera qu’une anecdote. Keep calm !

L’art sous plusieurs formes pour Denis B. Lapointe

Etquelregardportez-voussurl’évolutiondesdroitsLGBTQ+auCanada?

DENIS B. LAPOINTE : Il faut rester vigilant. Toute loi peut être menacée, que ce soit par des lobbys répressifs ou par l’élection de gouvernements peu sensibles à notre réalité. Mais le Canada — et surtout le Québec — demeure sans doute le meilleur endroit au monde pour vivre et laisser vivre. Peut-être serait-il temps d’organiser des états généraux de la militance arc-en-ciel, de repenser nos concepts, notre vocabulaire, la diversité des figures médiatiques, d’inclure aussi des homosexuels binaires, hommes et femmes, et de bâtir des ponts avec l’ensemble de la société. Il faut que chacune et chacun, peu importe son identité, se sente partie prenante, contribue et enrichisse le monde commun, qu’on soit en robe ou en veston.

Commentavez-vousvécul’invitationdeFrançoisBellemareàparticiperàl’exposition? DENIS B. LAPOINTE : En fait, c’est moi qui ai répondu à l’appel à témoins des AGQ. François m’a ensuite contacté pour son projet sur la migration du nightlife gai de l’ouest vers l’est — la naissance du Village gai, à l’image de ceux de San Francisco ou de New York. J’étais le seul militant associé à l’ADGQ à témoigner. Il me semblait essentiel de rappeler l’importance du rôle de cette organisation dans les avancées politiques et sociales de ce qu’on appelait alors les gais et les lesbiennes. J’étais humblement fier d’apporter des  éléments d’histoire, de la documentation visuelle et des repères chronologiques à cette narration de notre exode vers des terres plus accueillantes. En somme, j’ai participé à un travail de mémoire essentiel : se rappeler que, si mes droits fondamentaux me permettent aujourd’hui d’exister pleinement, c’est grâce à ces « boomers », à ces gais et lesbiennes binaires qui ont ouvert la voie.

Commentvotremilitances’exprime-t-elleaujourd’huiàtraversvotreart?

DENIS B. LAPOINTE : La militance m’habite toujours. Elle se manifeste sous différentes formes, plus ou moins visibles selon les époques ou les causes, mais elle reste politique. En photo, en vidéo, en écriture ou en musique, j’ai toujours dénoncé les aberrations de ces hommes en falbalas dont les crimes ont terni la perception de l’homosexualité. Le projet musical de Denis B. Lapointe, Konkrete Katedral, fondé avec Alain Desjean il y a cinq ans, illustre bien cette continuité : « C’est une interpellation, un manifeste pour celles et ceux que les “gens de jour” relèguent à la nuit. » Le décès récent d’Alain Desjean a été un coup dur, mais le projet se poursuit : « Sous mon identité musicale Sapiens, je poursuis une recherche conceptuelle, entre intensité brute et spiritualité. J’ai toujours refusé l’étiquette d’“art gai” — trop réductrice — tout en revendiquant une démarche queer pleinement assumée. » 6

ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

INFOS | L'exposition L’émergence du Village gai de Montréal (1974-1990) se tient au local des Archives Gaies du Québec, 201-A, 1000 rue Amherst, jusqu'au 20 décembre.

Alain Ménard

Assurément moins connu que Madame Simone (Eugène Fortin), décédé une semaine plus tôt, Alain Ménard n’en demeure pas moins une figure marquante de plusieurs établissements du Village. Décédé des suites d’une bactérie staphylocoque au CHUM, tôt le matin du 20 septembre dernier, Alain Ménard a été tour à tour représentant publicitaire dans les premières années du Fugues, gérant de bars et organisateur de soirées, pour ne nommer que quelques-uns de ses nombreux rôles. Il avait, comme on dit, plusieurs cordes à son arc. Bon vivant, il ne détestait certainement pas partager un verre entre amis sur une terrasse du Village. Alain Ménard était âgé de 73 ans.

Une santé fragile et une fin inattendue Staphylocoque, pneumonie, complications rénales : ce fut le lot d’Alain Ménard, hospitalisé au CHUM durant près d’un mois. « On ne pensait jamais que ces problèmes allaient entraîner son décès, mais c’est ce qui est arrivé », confie Marco, un ami proche qui est resté à ses côtés jusqu’à la fin. Son état s’est rapidement détérioré. Les complications successives ont finalement atteint ses reins, ce qui a été fatal à son organisme affaibli. Vers la fin, Alain devait même être assisté pour s’alimenter, incapable de le faire seul. « Il est parti bien vite, poursuit Marco. Il était tombé chez lui et n’arrivait pas à se relever. Je suis allé l’aider et j’ai appelé l’ambulance. Au CHUM, on a découvert qu’il souffrait d’une infection à staphylocoque qu’il fallait soigner d’urgence. » Marco, qui agissait comme proche aidant depuis trois ans, était très présent, tout comme Vital, un voisin et ami d’Alain, qui l’a également soutenu au quotidien.

Une belle carrière chez Fugues

Alain Ménard a été représentant publicitaire au Fugues pendant plusieurs années, dans les années 1980 et 1990. « C’était quelqu’un de très professionnel, toujours de bonne humeur. Il écrivait aussi une chronique dans le magazine. Il a toujours eu beaucoup de plaisir dans la vie. J’ai été vraiment attristé d’apprendre son décès », confie  M artin H amel, fondateur de Fugues. « Il avait réussi à se bâtir un excellent réseau de clients dans le Village », poursuit Martin Hamel. « C’était un vrai papillon social, avec une personnalité hors norme. Il voulait tellement être affable et amical avec tout le monde », renchérit  Jean-Denis Lapointe, collaborateur de longue date au magazine. « C’est toujours triste d’apprendre ce genre de nouvelle », ajoute  Réal Lefebvre, directeur des ventes actuel, qui a côtoyé Alain dès 1987. « Je garde de très bons souvenirs de lui. »

« Je l’ai toujours vu souriant et joyeux, raconte  Claudine Metcalfe, qui fut chroniqueuse au  Fugues avant de fonder la revue Gazelle (1993-1999), la “petite sœur” du Fugues. En réunion, il était sérieux, mais bienveillant. Quand j’ai commencé, j’étais nerveuse : c’était mes débuts, et celui qui m’a accueillie et encouragée, c’était Alain. C’est vraiment triste qu’il soit parti. » C’est d’ailleurs Alain Ménard qui aurait inspiré le nom Gazelle. « Il me disait que j’étais comme une petite gazelle dans la faune du monde gai », se souvient Claudine en riant. « C’était affectueux, et ça m’a beaucoup aidée à prendre ma place. » Ce surnom est d’ailleurs devenu le titre de la chronique Gaz-elles, que Claudine a signée pendant plus de quinze ans dans  Fugues. « C’est bien Alain qui avait lancé cette idée », confirme  Yves Lafontaine, éditeur et directeur actuel du magazine.

Des années de gérance et d’événements dans le Village « Il travaillait encore chez  Fugues lorsqu’on lui a offert un poste au  Campus, se souvient Martin Hamel. Je lui ai dit qu’il ne pouvait pas garder les deux emplois, ça risquait de créer des frictions avec d’autres établissements. Il a donc quitté  Fugues pour se consacrer au Campus, où il est resté plusieurs années. » « Je me souviens qu’il était tellement maternel avec les danseurs du Campus, poursuit  Jean-Denis Lapointe. Il les chouchoutait, les protégeait. Il voulait se faire aimer de tout le monde. »

« Si je ne me trompe pas, il avait travaillé pour le magazine  Sortie avant Fugues, et après son départ, il a œuvré dans plusieurs clubs du quartier », ajoute Yves Lafontaine.

En effet, Alain Ménard a été organisateur d’événements, responsable de la publicité et de la promotion pour divers établissements du Village. « Après le Campus, il est devenu gérant du club Le Caché, situé dans la Station C. C’est lui qui l’avait ouvert et il y est resté plusieurs années », précise Marco.

Un lien entre les communautés

« Alain Ménard était à 100 % gai, il aimait les danseurs, mais il était aussi très ouvert envers les lesbiennes, explique  Claudine Metcalfe. Sans le savoir, il servait de pont entre les bars gais et leurs tenanciers et la communauté lesbienne. Il ne se voyait pas comme un intellectuel ni comme un militant, mais il a contribué à sa manière à rapprocher nos milieux. »

Un homme du monde, jusqu’au bout

Alain Ménard avait pris sa retraite il y a plusieurs années. « L’été, on le voyait souvent les après-midis sur la terrasse du défunt bar La Relaxe, en compagnie d’amis. C’était vraiment un bon vivant », se souvient  Jean-Denis Lapointe. « Il prévoyait faire une croisière cet automne. Il en parlait souvent, il avait vraiment hâte. Mais ça ne se fera plus. Il fait maintenant un autre genre de croisière… », glisse, ému, Marco.

Hommages et souvenirs

Alain Ménard laisse dans le deuil ses deux sœurs, Suzanne et Suzelle, ainsi que leurs familles, de même que ses amis Marco et Vital, qui lui ont été d’un soutien indéfectible. Toute la grande famille de Fugues — ses équipes actuelles et passées — tient à offrir ses plus sincères condoléances à ses proches et à ses amis. 6

Nous adoptons une approche pragmatique, centrée sur les besoins de nos

Nous accompagnons les entreprises dans leurs démarches d'immigration, notamment pour l'embauche de travailleurs étrangers temporaires et les questions de conformité.

Notre engagement est de fournir des solutions adaptées et efficaces pour soutenir la croissance de nos clients.

Entre moments difficiles et fidélité à une marque

Le monde de l’automobile vit des heures difficiles et lui demande de prendre des virages à 180 degrés pour s’adapter. Pas facile quand on sait que la mise en marché d’un modèle peut prendre plusieurs années.

Les taxes, les décisions des gouvernements d’aider ou non, par des subventions, l’électrification du parc automobile obligent les constructeurs à revoir leur stratégie. Un exemple : les ventes de véhicules électriques ont chuté de 40 % au Québec ces derniers mois. Plus question alors de se départir du moteur thermique, comme certains manufacturiers le prévoyaient il y a encore si peu de temps.

De ce fait, Porsche a réduit le nombre de ses modèles tout électriques. La raison avancée : le constructeur veut se tourner vers une motorisation électrique plus efficace et faire une place importante aux véhicules thermiques. Il en va de même pour Mercedes qui souhaite revoir sa stratégie de véhicules électriques.

Le Volkswagen ID Buzz ne fait pas le… buzz Du moins de ce côté de l’Atlantique. Erreur stratégique de la compagnie ? Peut-être. Avec l’importation des ID Buzz les mieux équipés, qui se détaillent à partir de 80 000 $, avec en plus une autonomie décevante, le résultat ne s’est pas fait attendre : les ventes ne sont pas au rendez-vous. Pour écouler les modèles 2025, la marque allemande s’est associée avec Electrify Canada pour proposer aux client.e.s quatre ans de recharge gratuite. Et comme ce n’était pas suffisant, le ID Buzz est proposé avec un rabais de 21 000 $ à l’achat dans le cadre d’une campagne promotionnelle baptisée Volksfest. Souhaitons que l’initiative porte ses fruits, d’autant que Volkswagen ne prévoit toujours pas d’importer des modèles moins chers comme on les trouve en Europe, ou encore les dérivés du Buzz comme les taxis et les camionnettes.

Kia EV5 2026

Pour s’y retrouver chez Kia, il faut interpréter la nomenclature des modèles de la marque coréenne. EV signifie un modèle électrique. Actuellement, deux Kia EV sont disponibles sur le marché : le EV6, un multisegment aux lignes originales, et le EV9, un VUS intermédiaire à trois rangées. Les VUS étant à la mode, il fallait pour étoffer la gamme un petit VUS. C’est maintenant fait avec l’arrivée, dans quelques semaines, du EV5. Un EV9 qui aurait rétréci au lavage puisqu’il reprend les lignes carrées, la même implantation des feux avant et des feux arrière. Même l’agencement de la planche de bord et la disposition de l’habitacle sont une copie de ce que l’on retrouve dans le EV9.

Comme c’est souvent le cas avec les véhicules électriques, deux motorisations sont proposées. Le modèle de traction sera propulsé par un moteur développant 215 chevaux. Pour le rouage intégral, deux moteurs se retrouveront dans le plancher pour une puissance de 262 chevaux. Quant à l’autonomie, on doit se fier pour le moment aux chiffres avancés par Kia, soit 454 km. Un peu moins que celle des modèles équivalents d’autres marques. Trois écrans forment la plateforme flottante, dont deux de 12,3 po, séparés par un plus petit de 5 po qui intègre les commandes de chauffage et de climatisation. Le petit VUS sympathique et surtout extrêmement logeable ne sera distribué qu’au Canada. Construit en Corée du Sud, il ne se retrouvera pas chez les concessionnaires Kia aux États-Unis. Quant au prix, il n’a pas encore été dévoilé, mais il devrait être compétitif face aux modèles semblables, comme le Chevrolet Equinox EV et le Volkswagen ID.4.

Nissan Sentra : bonne à tout faire L’édition 2026 de la Sentra sera peut-être un peu plus excitante que les générations précédentes. Acheter une Sentra représentait un choix raisonnable pour celles et ceux qui considèrent qu’une auto doit être un moyen de transport adapté à leur quotidien, sans plus. Ses performances et sa conduite ne provoquent aucun frisson, mais on aime l’habitabilité spacieuse pour un véhicule de cette taille, et peut-être aussi le frisson que l’on pouvait

KIA EV5 2026

ressentir à la pompe, la Sentra étant réputée pour sa faible consommation d’essence. Attention, la nouvelle mouture prévue pour la fin de l’année ne marquera pas un grand changement, puisque Nissan a décidé de conserver le même moteur. Disons que le constructeur a choisi de lui donner un petit peu plus de pep visuellement, un look très légèrement sportif, avec un design qui s’inspire d’autres modèles de la marque. Ainsi, les lignes sont biseautées, apportant plus de relief et d’originalité. La planche de bord a été redessinée avec deux grands écrans rectangulaires, dont l’un est tactile pour, entre autres, choisir la climatisation et la ventilation désirées. Rien de bien révolutionnaire, on est dans l’air du temps.

Sous le capot, le même moteur qui a fait ses preuves et dont on souligne encore sa frugalité, même si cela impose une conduite pas très enivrante. Le véhicule quatre cylindres de 2 litres produisant 149 chevaux n’est pas un foudre de guerre. Il semblerait que la boîte de vitesses, Xtronic, à variation continue aurait été modifiée pour améliorer les accélérations.

Trois versions seront disponibles : la S, la SV Premium et la SR Premium. La dernière se veut la plus luxueuse et affiche un look plus sportif. Petit bémol, Nissan ne prévoit pas pour l’instant de produire une Sentra hybride ou tout électrique. Mais, compte tenu des ventes qui sont toujours au rendez-vous pour ce modèle apprécié de la clientèle, on peut penser que les dirigeants de la marque considèrent qu’on ne change pas une formule gagnante.

Êtes-vous fidèle à une marque ?

Régulièrement, des études sont demandées pour connaître le taux de fidélité des acheteurs et des acheteuses à un constructeur. Malheureusement, aucune étude ne s’est intéressée au marché 2SLGBTQ+. Serions-nous plus fidèles ou plus volatiles que le reste de la

population ? Serions-nous plus sensibles aux modèles originaux ou encore aux dernières nouveautés qui apparaissent chaque année ?

Mais, peut-être vous reconnaîtrez-vous dans les résultats d’une étude américaine qui avance que 49 % des acheteurs et acheteuses sont accros à une marque, le taux le plus bas jamais enregistré. C’est Ford qui remporte la palme pour ses camionnettes : 66 % des client.e.s continueront à se tourner vers la marque. Pour les VUS populaires, ils et elles sont 62 % à être satisfaits de la marque japonaise Honda. Même pourcentage pour Toyota dans le choix de voitures populaires. Quant aux véhicules de luxe et sportif, c’est Porsche qui retient captifs le plus grand nombre d’aficionados, avec un taux de fidélité de 58 %.6

NISSAN SENTRA

NDD (NECTAR DES DIEUX)

FABIEN JOUVES, IG VIN DE FRANCE

CODE SAQ : 14725029 — 28,90 $ / 1 LITRE

Je ne suis pas souvent friand de vins nature, surtout rouges. Voici un assemblage unique et fort original de cépages rouges et blancs: du malbec, du colombard,et du muscat de Hambourg!

Le nez suggère le vin nature, mais c'est loin d'être désagréable; plein de fruits, un peu floral et un peu sous-bois. En bouche, son éclat de fraicheur, avec son côté un brin astringent, surprennent agréablement en finale. Ce n'est pas du tout funky.

C'est un vin de soif, aucunement boisé, bien fait, et sans déviances. A servir un peu rafraîchi. Bravo!

Escapades sensorielles pour ensoleiller novembre

OLIVIER DE MAISONNEUVE

SOMMELIER CONSEIL

Animation de dégustation de vins à votre domicile ou en entreprise 438 881-7276 • http://www.vinsconseil.com

La Grande Dégustation de Montréal

La grande fête des vins et spiritueux est de retour au Grand Quai du Vieux-Port, du 6 au 8 novembre. La Grande Dégustation de Montréal met à l’honneur des régions vedettes comme la Corse, l’Australie, la Sicile, le Beaujolais et le berceau de la viticulture : la Géorgie. Un rendez-vous électrisant à ne pas manquer. https://www.lagrandedegustation.com

SAUVIGNON BLANC ELLA

VIÑA LAS NIÑAS,

DO VALLE DE LEYDA (CHILI) 2024

CODE SAQ : 15448131 — 18,45 $

Un blanc pimpant qui vient titiller les narines avec des arômes de lime, de groseille, un peu de plant de tomate et de zeste de pamplemousse. En bouche, une belle amertume se mêle à un côté floral qui complète les notes fruitées. C’est un vin qui évoque la couleur vert clair. Les amateurs d’asperges devraient l’essayer! Idéal aussi avec un tartare de saumon à l’aneth, un rouleau de printemps à la menthe ou encore la classique entrée de croûton au chèvre chaud.

ALIGOTÉ

MARQUIS DE JOUENNES, AOP BOURGOGNE ALIGOTÉ (FRANCE) 2024

CODE SAQ : 30155 — 19,65 $

Un classique qu’on retrouve à la SAQ depuis des décennies, populaire dans les années 1980-1990 pour le fameux apéro français : le kir — un verre d’aligoté avec une cuillerée de crème de cassis. Ici, un bel exemple pour redécouvrir ce cépage : léger, avec des parfums de pomme, de citron et de chèvrefeuille, et même un soupçon de laurier. Délicat en bouche, sans boisé, il rappelle un peu le chenin blanc. Parfait avec un filet de sole. Servez-le bien froid à l’apéro ou légèrement frais à table, pour qu’il s’épanouisse pleinement.

KYDONITSA TSIMBIDI

MONEMVASIA WINERY, IGP LACONIA (PÉLOPONNÈSE, GRÈCE) 2023

CODE SAQ : 13638249 — 21,10 $

Ce n’est pas tous les jours qu’on déguste un vin à base de kydonitsa — bonjour, l’exotisme! Ce cépage, presque disparu il y a une quinzaine d’années, donne des vins secs et des vins de dessert. Ici, un blanc aux arômes très particuliers d’orange sanguine et de gin! En bouche, on navigue entre l’abricot et la fleur d’oranger, tout en demeurant bien sec. Savoureux, fin et agréablement dépaysant. À essayer avec des spanakopitas, des fromages salés ou des plats aux sauces citronnées et herbacées… voire même une raclette! Jolie découverte.

OLIVIER
OLIVIER

AGIORGITIKO-CABERNET

DOMAINE GIOULIS SA, IGP CORINTHE (PÉLOPONNÈSE, GRÈCE) 2023

CODE SAQ : 15271719 — 18,95 $

Un assemblage intéressant au nez riche de fruits noirs, (comme cerise, mures, cassis) avec aussi des notes de moka et d'une touche de cannelle, ainsi que des impressions de boisé. On retrouve en bouche, des tannins assez marqués (ce qui lui apporte de l'amertume), du bois (mais pas écrasant), et une finale pleine de fraicheur. Avec ce côté fruité et boisé, il fera un bel accord avec la dinde de Noël, une tourtière, ou avec une moussaka grecque (aubergine et agneau). Passez le vingt minutes au frigo avant de le servir, pour vous faire encore plus sourire de contentement.

PINOT NOIR CHÂTEAU ST-THOMAS

CLOS ST-THOMAS SARL, VALLÉE DE LA BEKAA (LIBAN) 2020

CODE SAQ : 15493805 — 18,50 $

Voici le premier pinot noir de la Bekaa, qui est plus connue pour ses merlots et ses cabernets sauvignons. C'est un vin rouge aromatique tant au nez qu'en bouche. Le nez est très séduisant, avec ses notes de cerises noires, d'épices douces (un peu de girofle) et de bois noble. La bouche est très sensuelle, avec de la matière, de la fraîcheur, une texture mi-soyeuse, mi-veloutée, et une finale presque moka. Assez corsé pour un pinot noir, mais surtout super équilibré. Bref, un vin qui se savoure plus à table qu'à l'apéro. On le sert très légèrement rafraîchi. Pour le prix, offrir autant de qualité et de plaisir, quelle bonne nouvelle!

HEILA

ALCESTI AZIENDA AGRICOLA, DOP SICILE (ITALIE) 2023

CODE SAQ : 15265052 — 16,40 $

À base de grecanico et de catarratto, c’est un vin blanc de bord de mer aux parfums de poire, de pêche blanche et d’un soupçon de pamplemousse rose. En bouche aussi, il fait plaisir : joyeusement fruité sans être sucré, presque crémeux, avec une finale saline très agréable. Un blanc bio et végane, parfait à l’apéro pour égayer une soirée grise, ou pour accompagner des huîtres, une salade grecque, une poitrine de poulet grillée ou le fameux prosciutto-melon.

FIUMESECCU ROSÉ

DOMAINE D’ALZIPRATU, IGP ÎLE DE BEAUTÉ (CORSE, FRANCE) 2024

CODE SAQ : 12592488 — 28,95 $

Une belle preuve que le rosé, ce n'est pas que pour l'été. C'est un assemblage de niellucio (du sangiovese corse), de sciacarello, de grenache, en conversion bio. C'est fait avec un minimum d'interventions. Au nez, c'est très accrocheur, avec des parfums de fruits rouges (framboise), de zest de citron, et de poivre. C'est aussi gagnant en bouche, avec une jolie texture satinée, un super équilibre amertume et fraîcheur, et une délicieuse finale saline. C'est un rosé bien sec, mais pas austère pour autant. Un apéro de rêve, mais aussi un sérieux compagnon de table, avec des viandes blanches grillées, ou un gravlax de saumon. Il n'est pas donné, c'est vrai; c'est un rosé d'artisan.

BÙ MOUSSEUX ROSÉ

0 % LES VINS BÙ — ARTERRA CANADA, VIN D’ESPAGNE EMBOUTEILLÉ AU QUÉBEC EN VENTE EN ÉPICERIE — 14,99 $

C'est vraiment un défi, pour moi, de trouver des vins sans alcool qui ne soient pas de banals jus de fruits souvent trop sucrés. Grande nouvelle : Jessica Harnois nous arrivent avec deux produits qui se démarquent. Des vins désalcoolisés, mais qui ressemblent encore à du vin! Le nez sexy du mousseux m'a ravi. Un nez donnant envie de prendre un bain moussant... ou d'inviter plein d'ami(e)s à un brunch! C'est fruité et floral. Les bulles sont assez fines et persistantes. Super apéro en légèreté, ou redoutable pour un mimosa sans alcool. Mention spéciale pour son sauvignon blanc 0% , de France, qui sent et goûte vraiment comme un vin régulier, juste plus léger en bouche. Enfin!

PRÊT-À-BOIRE

KEPLERITA CHILI MANGO

DISTILLERIE KEPLER (APPALACHES, QUÉBEC)

CODE SAQ : 15455542

4 CANETTES DE 355 ML — 15,80 $

Un prêt a boire qui ne fait pas l'unanimité! En fait, il a son lot de critiques tièdes sur SAQ.com, mais moi, j'aimerais lui donner une p'tite chance. Si vous aimez la téquila et la mangue, c'est pas mal ce qu'on retrouve dans la cannette. J'aime ses arômes de mangues un peu épicés, un peu piquants, et légèrement fumés, et il m'a paru moins sucré que bien d'autres produits dans cette catégorie populaire. Un prêt à boire automnal, parfait au retour d'une promenade en forêt, ou d'un après-midi à faire les courses. Et le design de la canette est aussi coloré que divertissant. Partez à l'aventure avec ce boire à la personnalité spéciale.

OLIVIER
OLIVIER

Des amoureux québécois transforment un château français

Si vous êtes sur Instagram, YouTube ou TikTok, vous avez peut-être vu passer les vidéos du compte Château Poséidon, l’immense projet de Thomas Garneau et de Damien Verhaegen, un couple québécois qui documente les travaux de restauration d’un château français qu’ils ont acheté cette année.

Quandvousêtes-vousrencontrés?

Damien — Il y a 15 ans, lors d’un souper chez un ami commun à Montréal. Thomas revenait de deux ans passés en Angleterre. On s’est appréciés rapidement et on a emménagé ensemble après six mois.

Àquelmomentc’estdevenuclairquevousvouliezunerelationetnonunsimplefling?

Thomas — Je ne fais pas de fling. Damien est mon premier chum. J’avais fait mon coming out en Angleterre. À mon retour en mai, je pensais profiter de ma vie

de jeune célibataire fraîchement sorti du placard, mais en juillet je l’ai rencontré, et on a commencé à sortir ensemble en août.

Pourquoivousêtes-vousmariésilyaseptans?

Thomas — Pour nous, c’était une célébration de l’amour. Comme la mère de Damien est décédée l’année suivante, on est encore plus contents d’avoir vécu ce grand moment avec elle, nos familles et nos amis.

Damien — C’est à ce moment-là qu’on a constaté à quel point les gens sont heureux lors des mariages. Après le nôtre, on a commencé à penser à en organiser d’autres. C’est tellement exaltant et fabuleux!

Àquelmomentlaréno,ladécoetlesprojetsmanuelssont-ilsdevenusdespassionspour vous?

Thomas — Quand on avait 25 ans, on a acheté notre premier condo avec le minimum de mise de fonds. On a modifié l’espace tranquillement; le condo a pris de la valeur, on en a acheté un deuxième, puis un troisième à Vancouver. Celui-là n’était pas très beau, alors on a tout refait côté esthétique — pas la plomberie ni l’électricité. On a toujours entrepris des projets pour lesquels on n’avait pas assez d’argent, mais on s’arrangeait pour les réussir quand même. On travaillait parfois la nuit à sabler à la main.

Damien — Le condo de Vancouver s’est vendu plus cher que le prix demandé, alors les gens semblent aimer ce qu’on fait!

Est-ce le projet du château ou l’idée de retourner vivre en France qui est arrivé enpremier?

Damien — Un peu des deux. Après avoir perdu ma mère, mon père a déménagé en Suède. Ma sœur était la seule personne de ma famille au Canada : elle vivait à Montréal, moi à Vancouver. Je n’avais plus grand monde au pays à part Tom et des amis. Le reste de ma famille vivait en Europe. Je n’y avais jamais habité, sauf à cinq ans. Je rêvais d’y retourner en tant qu’adulte et de renouer avec ma parenté. En parallèle, on voyait que certains châteaux en France étaient parfaits pour les événements qu’on voulait organiser et qu’on pouvait en acheter un pour le prix d’un condo d’une chambre à Vancouver. Avec de la volonté, de la passion et de la patience, on savait que c’était possible.

Jecomprends,maispourquoiunprojetaussifou?

Thomas — Perdre la mère de Damien, à seulement 60 ans, nous a fait comprendre à quel point la vie passe vite. Moi, j’avais une bonne job stable. J’aurais très bien gagné ma vie. On aurait pu faire plein de voyages et avoir de belles voitures, mais ce n’est pas ça qui nous faisait vibrer. On voulait une vie où chaque journée est différente. On voyait cette aventure comme un saut dans le vide, quelque chose que peu de gens font. C’est vraiment épeurant — et ça l’est encore chaque jour —, mais à la fin de chaque journée, on n’en revient pas de ce qu’on vient de vivre.

Oùestsituélechâteau?

Damien — À 2 h 30 de Paris, en voiture ou en train, dans la vallée de la Loire, où l’on retrouve plusieurs châteaux comme Chambord, l’un des plus grands de France, à 40 minutes du nôtre. Il y a aussi beaucoup de vignobles autour de nous.

Thomas — On est plus au sud, dans une région appelée le Berry, qui a sa propre culture. C’est très agricole et il y a plein de bons produits. C’est un territoire moins connu de la France.

QuandonparledeFrance,dumondeagricoleetdeschâteaux,onpourraitimaginerdes mentalitésconservatrices.Commentlesgensréagissent-ilsaucouplegaiquivientde débarquer?

Damien — On avait un peu peur au début, mais ils sont fantastiques. On n’a jamais senti qu’on était différents. Personne n’a fait de remarques. Ils sont très généreux : ils nous aident, nous donnent des meubles et de la vaisselle pour que le projet fonctionne. Parmi tous les endroits où on a vécu, c’est dans la ville de Québec qu’on a ressenti le plus d’homophobie.

Queconnaissez-vousdel’histoiredelapropriété,quidatede1860?

Damien — Elle a été construite par une famille d’industriels — et non des nobles — qui avaient fait fortune dans les terres et l’immobilier. Le château a été bâti dans un style néo-renaissance. Ils ont engagé de très bons architectes, dont un qui a aussi dessiné des cathédrales, des châteaux et des hôtels de ville.

Thomas — Cette famille a tout perdu durant la Première Guerre mondiale. Ensuite, un homme d’affaires qui avait fait fortune dans la fabrication d’armes a racheté la propriété entre les deux guerres. Puis, elle est passée entre plusieurs mains, jusqu’à ce que des Allemands l’achètent avec 200 hectares de terrain pour y faire un golf. Peu après, le mur de Berlin est tombé, le projet s’est effondré et l’argent a été retiré. Ils possèdent encore les hectares, mais on a acheté le château et 15 hectares.

Combiena-t-ilcoûté?

Damien — Moins de 500 000 euros, soit près de 815 000 $ canadiens. On a le château, une maison, une tour et, en prime, une maisonnette qu’on a trouvée dans la forêt par la suite.

Thomas — Pour le rendre opérationnel, on ne veut pas dépasser le prix d’achat comme budget de travaux. Cela dit, un château entraîne sans cesse des coûts supplémentaires. On va avoir besoin des profits générés par l’organisation de mariages et la location de chambres d’hôte. On est conscients que notre vie va se résumer à profiter du lieu où on vit. L’argent qu’on va faire devra retourner dans le château.

Quelssontvosplans?

Damien — On veut restaurer le château et retirer les mauvaises rénovations effectuées dans les années 1960-1970, en plus d’ajouter des éléments beaucoup plus authentiques, comme on en trouvait en 1860. On va s’informer sur les aspects légaux en France pour ne pas être considérés comme un hôtel — ce qui exigerait, par exemple, un ascenseur et une rampe d’accès. On veut respecter les règles sans dénaturer les lieux, afin de louer quelques chambres.

Pourquoipartagez-vousleprojetsurlesréseauxsociaux?

Thomas — Ça nous donne une belle visibilité. On est en pleine campagne française et on tripe sur notre région. On veut que les gens la découvrent. Sur YouTube, nos épisodes montrent la rénovation et notre mode de vie. On veut que les gens aient envie de venir pour le château et pour toute la région.  6

SAMUEL LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

Abonnez-vous à, leurs chaine ou leurs réseaux sociaux si vous aimez les vieilles pierres, les nouveaux départs et les projets qui sortent de l’ordinaire.

IG : https://www.instagram.com/chateau.poseidon?igsh=MmNheDFkZHRocHdh Patreon : https://patreon.com/chateauposeidon https://www.youtube.com/channel/UCHNqQGGz8U320jXRNbKC_Pw/join

CELLULAIRE : 514.983.3443 COURTIER.ADESBIENS@GMAIL.COM 7085,

Rareté sur le marché dans le secteur !

Village – Montréal / 1 375 000$

Charmante maison de ville de coin, sans frais de condo, répartie sur 3 étages. Elle offre 3 espaces de stationnement : un garage, une place extérieure et une vignette (frais annuels s'applique).

Profitez de balcons à l'avant et à l'arrière ainsi que d'une grande cour arrière clôturée.

Soigneusement entretenue, elle vous séduira avec son magnifique puits de lumière qui illumine les espaces. Située à proximité de tous les services, date d'occupation flexible. Cette maison comblera tous vos besoins. Une visite s'impose!

Bernard Bisson COURTIER IMMOBILIER AGRÉÉ

L'équipe immobiliere Bisson et Charland / Remax Platine

Cel: 514-668-6405

www.bernardbisson.com / bernard.bisson@remax-quebec.com

Jean-François

Desmarais

Designer / entrepreneur général

(514)585-9903

info@atelier-jfd.com

atelier-jfd.com

CRÉATION ODESSA INC, ENTREPRENEUR GÉNÉRAL CONSTRUCTION & RÉNOVATION

Conception et réalisation de tous vos projets intérieurs et extérieurs, résidentiels, commerciaux

Agrandissements • Sous-sol • Maisons neuves • Salles-de-bain

Cuisines • Charpentier-Menuisier • Drains Français / Fondation structure

VOS PROJETS MA PASSION

DANIEL. Membre A.P.C.H.Q. permis R.B.Q. 5782-1381-01 (514) 918-3899 creationodessa.com

C’est très important de satisfaire notre clientèle!

ENTRETIEN BATIMENTS, RÉPARATION

Joints de Briques, Allèges, Linteau Plâtre, Peinture. Etc. GHIS (514) 374-8350

DÉMÉNAGEMENT

Couvertures, protège-matelas et boîtes garde-robes fournis. Service professionnel • Emballage complet • Entreposage Assurances complètes • Estimation gratuite Local et longue distance (514) 266-7813 • (514) 293-3014 www.perfectodemenagement.com 10% DE RABAIS

RECHERCHÉ

BARBIER RECHERCHÉ

Pour location de chaise - 50$/jour - 200$/5 jours

S'adresser à Physotech, 1070 René-Lévesque Est (514) 527-7587

SERVICES COMPTABLE

ALAIN MASSÉ TÉTREAULT COMPTABLE

- Comptabilité générale

- Rapports TPS TVQ (taxes) - Rapports gouvernementaux

- Impôts des particuliers

- Tenue des livres

- Salaires

Tél.: 514.583.7633 Fax: 450.834.4023

Patrick Dufort, CPA

p.dufort@dufortcpa.ca

Tél : 514.266.5900

Fax: 514.419.4412

• Déclarations de revenus des particuliers et particuliers en affaires;

• Déclaration de revenu au décès et de fiducie testamentaire.

• Planification financière et fiscale de particulier, particulier en affaires et investisseurs immobiliers;

• Tenue de livres QuickBooks.

Dans Mercier (MHM) à Montréal, entre le métro Cadillac et Langelier 4 et demi, au 3ième étage, fraichement rénové, avec locker. À 5 minutes de tous les services. Bloc bien entretenu et tranquille. Habité par propriétaire. Pas de chien. 2 chats max. Non-fumeur. $1,550/mois - Rose-Marie: (514) 259-3812

Habibi Massage

Texto 514.212.0736

Lundi au vendredi 9@21 Samedi et dimanche 13@18

Métro Frontenac Reçu d’assurance

LOFTS IMPÉRIAL

LES UNITÉS MOBILES DE COIFFURE

sont à la recherche de coiffeurs pour résidences de personnes agées, clientèles assurées. Guy (514) 766-3553 ou 1 800 448-3553

COIFFEURS/COIFFEUSES DEMANDÉS

Résidences pour personnes âgées

Expérience requise de 5 ans

Contactez Guy 1-418-576-3773 1-888-687-3773 OFFRES D’EMPLOIS

Confiance. Liberté. Sérénité. COACHING ET HYPNOSE POUR HOMMES

Farid, coach certifié ICF / (514) 558 7735

Surmontez stress, anxiété, manque de confiance en soi & d'auto-estime, peurs, problèmes de sommeil. 1er APPEL GRATUIT / SESSIONS EN LIGNE

REÇUS D’ASSURANCES DISPONIBLES

Électrolyse, épilation au laser et Microneedling Lisa Hochberg, MEMBRE APESEQ (Esthéticienne médicale) permahairremoval.com / 514-830-2880 2305 Chem. Rockland, Mont-Royal - Centre Rockland local #1840

PORTEUSE de VIE & Parents-d’intention

DOULA Spécialisée en GPA Moi aussi j’ai été MaMa-Reine Porteuse

Je comprends, J’ACCOMPAGNE, Je Soutiens ! Kathleen 514.808.6669 www.transelucide.ca | kathleen.transelucide@gmail.com

Massage Suédois-Californien

7 jours/7 Membre ACAM / Reçu disponible

85$/60 minutes 110$/90 minutes 145$/120 minutes Métro LIONEL-GROULX

Contactez Richard (514) 572-1252

(PAS DE NUMÉROS BLOQUÉS)

Virements Interac-comptant-crédits (frais) moment_pourmoi@hotmail.com

MASSO / NUEVO

Massage suédois sur table

**Service de rasage et trimmage**

Métro Frontenac – Soirs & Week-end

Sur rendez-vous (514) 867-7218 gdesbiens2@gmail.com

Alexandre Pawlowski

Orthothérapeute • Massothérapeute

Certifié • Reçus d'assurance disponibles

Services offerts en Français, Anglais et Polonais

Fort de plus de 5 ans d'expérience, Alexandre propose une thérapie ciblée et efficace selon vos objectifs musculaires.

Métro Sauvé / Texto: 587-712-7122 www.alexandreorthotherapy.ca

SUÉDOIS / SHIATSU

Excellent massage sur table.

60 min. ou 90 min. / 7 jours sur 7

Je vous reçois en toute simplicité ! Michel (514) 727-5708 Cellulaire (514) 347-1140

Bienvenue Welcome Merci !

MASSOTHÉRAPIE NON SEXUEL

MAITRE REIKI

Massage Détente

Traitement énergétique

Confort sur table / Relaxation ** SPÉCIAL ÉTUDIANT ** (514) 995-1922 ROSEMONT

Pedro Vargas

MASSOTHÉRAPIE / Techniques, suédois, deep tissus, thaïlandais, Lomi Lomi 857 Blvd. de Maisonneuve Est BERRI 10h à 21h Pour réserver online WWW.GORENDEZ-VOUS.COM

Massage Swedish and Sensual Suédois et Sensuel www.massageluc.com

*** Manscaping *** masssageluc@yahoo.com (514) 917-4333

KHRIS MASSOTOUCH MASSOTHÉRAPEUTE CERTIFIÉ

MASSAGE DE DÉTENTE / MASSAGE DEEP TISSU ET MUSCULAIRE 514-222-2987

LUNDI AU SAMEDI / REÇU D’ASSURANCE DISPONIBLE www.gorendezvous.com/fr/KhrisMassoTouch

100 MÈTRES DU

LONGUEUIL

CHOKRI CHERNI

MASSOTHÉRAPEUTE CERTIFIÉ

Reçu assurance disponible Massage de détente Massage musculaire et sportif

LUNDI AU DIMANCHE

www.gorendezvous.com/chokricherni 514.239.5952 1 MIN. DE MARCHE BERRI-UQAM

Chateauguay (Rive sud de Montréal)

Massothérapeute pour homme.

Massage thérapeutique ou de relaxation

Reçu d’assurances disponible.

Services manscaping disponible (rasage, trimer) Au plaisir de vous faire du bien ! Joe 514 791-8615 par texto ou par courriel massagedetente2021@hotmail.com

MASSAGE / SOINS D'ÉNERGIE selon ton besoin

Avec mon toucher unique et table chauffante Reçu pour assurance

Je suis maintenant à 2 endroits:

Sainte-Adèle et Montréal - Plateau (métro laurier) joelroy-reiki.com

Joel (514) 970-3323

THE BEST MASSAGE EVER

« Possibilité de massage à l’extérieur sur terrasse privée » Suédois, Shiatsu, Lomi Lomi, Réflexologie.Deep Tissue François (514) 898-6795 Reçus d’assurances Métro Beaubien, Jean-Talon. 7/7 9h à 21h www.francoisguaymassotherapeute.com

MAGIC RUB

ultimate relaxation experience whatsapp ou sms pour réserver votre rdv 514.400.3780

WWW.MAGICRUBRELAX.CA

Métro BERRI-UQUAM

J’offredifférentestechniques demassageselonlebesoin particulierdechacun.

René Sergerie MASSOTHÉRAPEUTE

514-975-5103

DU LUNDI AU VENDREDI

Situé près du Métro Crémazie Paiement comptant et reçu disponible.

En Mauricie

Trois-Rivières (Secteur Cap-de-la-Madeleine)

Massage : détente, thérapeutique • Reçu pour assurance

Réjean Leclerc, massothérapeute agréé FQM

Depuis plus de 25 ans / soir et weekend

*** Access bars certifié *** 819-909-0531

Maintenant (en groupe) : Méditation. Gestuels énergétiques avec étirements

Fais-toi

MASSO TANTRIQUE NU

d'assurance (75$/h)

INFOS : SECRET-OASIS.COM

MASSAGE DÉTENTE

MASSAGE DÉTENTE

MASSAGE + TORRIDE, SUPER SENSUEL PAR BEAU GARS

FAIT AVEC DES HUILES CHAUDES ESSENTIELLES

SERVICE IMPECCABLE SUR TABLE DE MASSAGE DANS LA NUDITÉ NOUVEAU STUDIO ZEN PRIVÉ

BY A GOOD-LOOKING HOT STUD WITH HOT ESSENTIAL OILS

IMPECCABLE SERVICE ON MASSAGE TABLE IN NUDITY

KENZO (514) 919-5555

24/7 (NO TEXTO) REÇOIS/INCALLS

BIENVENUE / TOURIST / WELCOME PAPINEAU

STEVEN

Pour un agréable massage suédois sensuel, homme/homme. Offre aussi soins du visage et soins corporels

Place propre, discret (438) 936-3450

RICHARD

Quarantaine, bien proportionné.

S’occupe de ton corps. (514) 388-6454

À 2 rues du Métro PieIX / Stade

Massage musculaire, relaxant et/ou sensuel sur table

Défaire les noeuds et recharger votre énergie

Beau Gars Compétent et Agréable 6’, 175lbs, uncut

Texto 514 400-7937 Dispo de 11:30 à 23:00 homacool2@videotron.ca

jesoutiens.fugues.com/

Nous sommes deux masseurs holistiques (Asiatique et Caucasien) Proposant des massages nus et sensuels à quatre mains de style suédois et tantrique (massage à deux mains également disponible). Nos mains expertes feront fondre vos tensions et vous emmèneront vers de nouveaux niveaux de félicité. Massage de la prostate disponible. Envoyez-nous un SMS au 236-591-4696

We are two holistic massage therapists (Asian & Caucasian) offering nude sensual four-hands Swedish style Tantric massage (two-hands massage also available). Our skilled hands will melt away your tension and take you to new levels of bliss. Prostate massage available. Text us at 236-591-4696

SERVICES PERSONNELS

XXX SID XXX

Toujours bien rasé / Always clean shaven 5'10'', 150 lbs. 8 1/2'' X 6'' non-circ./uncut, Aussi/Also domination, uniformes, massage. De midi à minuit+/Noon to Midnight+ Français - English – Español

Photos: www.sid3x.ca 5-1-HARD 6996 / (514-273-6996)

PRIX PAR PARUTION | TAXES APPLICABLES

1/2 PAGE 1200$ 1/4 PAGE 700$ 1/8 PAGE 420$ 1/16 PAGE

TEXTE SEULEMENT

PRIX PAR PARUTION | TAXES INCLUSES 45 mots ou moins • 1$/mot supplémentaire 1/32 PAGE 75$

1/32 PAGE 65$

ENCADRÉE

1/32 PAGE 85$

ENCADRÉE AVEC UN FOND OU UN CADRE DE COULEUR

ALAIN LEMIEUX

ENCADRÉE AVEC FOND NOIR TEXTE BLANC

1/16 PAGE 125$

ENCADRÉE AVEC UN FOND NOIR OU DE COULEUR

pa@fugues.com 514-499-9994 #3 TROUSSE MÉDIA WWW.FUGUES.COM

Kyoto ou la beauté du silence :

voyage au cœur du Japon éternel

À première vue, Kyoto semble l’antithèse de Tokyo : pas de clubs ni de saunas gais, très peu de drapeaux arc-en-ciel, un rapport au corps et à la différence, marqué par la retenue. Pourtant, sous ses couches de tradition et de politesse, la vieille capitale japonaise vibre d’une sensualité diffuse, d’une tension entre l’ordre et le désir, entre le masque et la vérité. Pour le voyageur LGBTQ+, c’est un lieu d’introspection, mais aussi de fascination : celle d’une culture où le beau et le secret ne cessent de se frôler.

Ancienne capitale impériale durant plus d’un millénaire, Kyoto est une ville de contrastes. Ici, la spiritualité bouddhiste et shintoïste côtoie l’esthétique raffinée des kimonos et l’urbanité discrète des cafés minimalistes et des boutiques de designers de mode japonaise. Loin de l’agitation de la mégapole (Tokyo, dont je vous parlerai dans un autre article), Kyoto invite à ralentir, à observer, à ressentir.

Les visages de Kyoto : entre or et silence

Le Kinkaku-ji ou Pavillon d’or, en est l’exemple parfait : posé sur son étang comme un mirage, il incarne une beauté parfaite, presque artificielle, que Mishima Yukio a célébrée dans Le Pavillon d’or. L’écrivain — icône tragique et gai torturé — voyait dans ce temple un symbole de désir impossible : le feu de la passion dévorant la perfection du monde. À un kilomètre de là, le Ryoan-ji, avec son jardin de pierres, pousse cette esthétique du vide jusqu’à l’abstraction. On s’y assied, on contemple et on comprend que la beauté, ici, ne s’explique pas : elle se devine. Mais votre visite ne devrait pas se limiter à ces deux lieux incontournables… car, avec plus de 1600 temples bouddhistes et 400 sanctuaires shinto, la ville offre un visage spirituel et poétique incomparable. Étalez votre visite des temples sur plus d’une journée pour mieux en profiter.

Gion, geishas et spectres du désir Au crépuscule, le quartier de Gion s’allume comme un décor de théâtre : ruelles étroites, maisons de bois, lanternes suspendues, ombres de femmes en kimono glissant sur les pavés. Ce monde codifié et inaccessible a longtemps nourri l’imaginaire queer occidental : celui du travestissement, de la performance du genre, du secret. La figure de la geisha — artiste avant tout — partage avec les identités queers ce goût de la transformation : le maquillage, le costume, la mise en scène du soi. Dans un Japon où l’expression publique de l’intimité reste rare, cette théâtralité devient un espace d’émancipation. Kyoto, c’est aussi la ville des moines et des samouraïs, deux figures masculines à la fois spirituelles et charnelles. L’histoire japonaise recèle des traces d’homoérotisme assumé : dans les monastères bouddhistes, des relations d’enseignement prenaient parfois la forme de liens amoureux ; dans les rangs des samouraïs, la loyauté et le désir charnel se confondaient souvent. Ces « amours masculines » — nanshoku — furent même chantées dans des recueils comme Le Grand miroir de l’amour mâle (datant du 17e siècle). Marcher dans Kyoto, c’est donc aussi traverser un paysage où les notions de virilité, de beauté et de discipline s’enchevêtrent dans une longue tradition d’ambiguïtés.

Kyoto contemporain : les traces du présent

La ville n’est pas une métropole LGBTQ+ à proprement parler : l’activisme s’y exprime discrètement, souvent à travers la culture ou les réseaux d’amitié. Pourtant, Kyoto possède sa scène, minuscule, mais sincère. Dans le quartier de Kiyamachi, le long de la rivière Kamo, quelques bars gais accueillent les visiteurs : Bar Azure, Apple, ou Bell Kyoto, des lieux chaleureux où se mêlent locaux et touristes étrangers. L’ambiance y est intime, sans prétention, plus « conversationnel » que « club ». Chaque automne, Kyoto participe au Kansai Queer Film Festival, partagé avec Osaka, qui diffuse des œuvres japonaises et internationales sur les identités LGBTQ+. Des collectifs féministes et queers, souvent liés aux universités, y organisent des débats, des projections et des zines. La Kyoto Rainbow Pride, encore modeste, prend chaque année plus d’ampleur — un signe d’évolution lente, mais réelle, dans une ville restée longtemps à l’écart du militantisme visible.

Des musées et des récits

Pour les adeptes de bédés et de mangas, le Musée international du manga de Kyoto est un arrêt essentiel : il raconte comment le manga, miroir culturel du Japon moderne, a aussi servi d’espace d’expression queer. Les genres yaoi et yuri, centrés sur les relations entre hommes ou entre femmes, y occupent une place importante, à la fois produits de masse et reflets des désirs cachés d’une société en tension entre norme et fantasme.

Non loin de là, le Musée des samouraïs et ninjas permet d’approcher cette esthétique guerrière qui a tant inspiré Mishima : la beauté des corps disciplinés, le code d’honneur et du sacrifice. Kyoto, c’est aussi la ville des musées de l’éphémère : un temple ici, un jardin là, une ruelle figée dans le temps. Le Ginkaku-ji, le Pavillon d’argent, plus discret que son frère doré, est un bijou de retenue. En suivant le Chemin des philosophes, bordé de cerisiers et de cafés tranquilles, on croise des couples de toutes sortes, marchant côte à côte dans un silence complice. Peu d’endroits au monde invitent autant à la contemplation amoureuse.

Boutiques, marchés et cafés

Au marché Nishiki, Kyoto révèle un autre visage : celui de la sensualité culinaire. On y goûte des pickles colorés, du thé matcha glacé, des douceurs au yuzu. Dans les ruelles alentour, des boutiques d’artisanat transforment la tradition en design contemporain : kimonos revisités, poteries pastel, objets minimalistes. Pour un public queer amateur de beauté artisanale, ces lieux sont de véritables trésors. Ils expriment cette fluidité entre ancien et moderne, masculin et féminin, sacré et trivial.

Certains cafés — notamment autour de Higashiyama ou de Teramachi — se distinguent par une atmosphère arty et inclusive : salons de lecture, espaces d’exposition, librairies indépendantes où se croisent littérature queer, fanzines et art japonais. Kyoto n’affiche pas son arc-en-ciel ; elle le murmure dans le bois poli d’une tasse de thé ou dans la douceur d’un haïku.

Le miroir inversé de la queerness

Regarder Kyoto à travers un prisme queer, c’est aussi interroger nos propres projections. Pour l’Occidental que je suis, la ville évoque une beauté androgyne, une discipline esthétique, une vision à la fois puriste et hybride du design à travers un effacement du moi : autant d’éléments qui séduisent et déroutent à la fois. Kyoto — et je pourrais dire le Japon —, en retour, offre une vision de la queerness où la visibilité ne passe pas forcément par la revendication. On y sent aussi que le silence, la retenue, les codes peuvent également devenir des formes d’expression, voire de résistance. Dans ce sens, Kyoto devient le miroir d’une queerness assez « zen », tout en tension entre le dire et le taire. Dans les jardins du sanctuaire Fushimi Inari Taisha, sous les milliers de torii rouges, on traverse littéralement un tunnel de passages : des portes vers le sacré, vers soi. Pour beaucoup, ce lieu symbolise le parcours identitaire : avancer dans la lumière et l’ombre, choisir ses propres seuils.

Une ville pour se retrouver

Plus que nulle part ailleurs où je suis allé, Kyoto invite à l’introspection. Ce n’est pas une destination de fête, mais une destination de sens. En fin de journée, en longeant la rivière Kamo, les jeunes couples — hétéros, gais, ou simplement amis — s’assoient côte à côte sur les berges, sans un mot. Ce silence partagé, cette pudeur dans la proximité, dit beaucoup du rapport japonais à l’amour et à la présence. Ici, la liberté ne s’affiche pas : elle se devine.

Kyoto n’est pas une ville « queer » au sens de la visibilité occidentale. C’est une ville queer au sens spirituel du terme : un espace où la beauté, la différence et le secret se conjuguent avec une délicatesse infinie. Kyoto se découvre en couches : la beauté des temples, le murmure des bars cachés, le souvenir des amours masculines des samouraïs, les fantasmes de Mishima, les sourires discrets d’un barman ou d’un commerçant queer dans une petite rue. C’est une ville où le passé et le désir cohabitent sans s’exclure, où la beauté reste toujours un peu interdite… donc, toujours désirable. Un lieu pour se perdre, se taire, et peut-être, se reconnaître.

Infos pratiques

• Se déplacer : Kyoto se parcourt aisément en bus, en métro, ou à vélo.

• Où dormir : les auberges traditionnelles (ryokan) autour de Gion ou les hôtels design, dont le superbe Ace Hotel Kyoto qui accueillent les voyageurs LGBTQ+ sans problème. Pour ma part, j’ai opté pour le Candeo Hotel Kyoto, qui incorpore à l’avant une machiya, une maison traditionnelle de Kyoto.

• À ne pas manquer : le Pavillon d’or, la promenade des philosophes, un verre au bar Azure, le Kansai Queer Film Festival (automne), le sanctuaire Fushimi Inari Taisha et le silence du Ryoan-ji au lever du soleil.

• Un site qu’il vous faut vous visiter : https://www.japan.travel/fr/guide/autumn-guide

• Une application très pratique : Klook. 6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

Pour plus de photos de Kyoto, lire la version web de cet article sur Fugues.com

48 h mémorables à Kingston, l’ancienne reine du Canada

Elle a un petit quelque chose de Halifax, avec la proximité de l’eau dans son paysage. Un charme historique qui rappelle certaines rues de Québec en version anglo-saxonne. Un emplacement à égale distance de Montréal et de Toronto, qui a fait d’elle la première capitale du Canada. Pas de doute, Kingston regorge de raisons d’y passer un week-end ou une semaine.

Premier pétillement en arrivant sur place : l’impression que les principaux attraits de la ville ontarienne peuvent être visités à pied, que l’histoire se trouve à tous les coins de rue, que l’eau est toujours à quelques mètres du regard et que cette ville de 115 000 personnes a une aura de petite-grande ville comme je les aime. Qui plus est, les choix d’activités ne manquent pas pour les amateurs d’histoire, de plein air, d’arts et de gastronomie. Avec plus de 40 musées, des galeries d’art, des sites historiques, d’innombrables restaurants et petits cafés, ainsi que de multiples occasions de faire du bateau, du vélo, du kayak, de la planche à pagaie et bien plus, difficile de ne pas y trouver son compte.

Comme il s’agissait de ma première visite, j’ai amorcé la découverte des lieux avec ce qui pourrait sembler une attrape-touristes, mais qui s’est révélé infiniment agréable : la croisière des Mille-Îles. Après être monté à bord d’un bateau vintage rappelant l’allure des embarcations à vapeur de la Nouvelle-Orléans, la centaine de passagers s’est divisée en deux sections : la contemplation seule au « rez-de-chaussée » et l’observation doublée de nourriture à l’étage. Pour mon plus grand bonheur, j’avais choisi la deuxième option. Ainsi, j’ai pu admirer la beauté des lieux en sirotant un mocktail, en grignotant un plateau de gourmandises et en dégustant le repas trois services servi tout au long de la traversée d’environ trois heures. Si la nourriture n’avait rien de révolutionnaire, elle était assurément bonne et offerte par un personnel attentionné.

Tout au long du trajet, le bateau a croisé des bâtiments historiques, des éoliennes, une ancienne prison, des maisons majestueuses en bord de l’eau, un phare, des chalets de différents styles, une île consacrée à une communauté fermière, un yacht club témoignant du niveau de richesse très élevé de plusieurs secteurs — sans oublier la présence incontournable des Forces armées canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada à Kingston. Par moments, la croisière était agrémentée d’informations historiques fort intéressantes livrées par un·e guide dynamique, quoique souvent couvertes par les bavardages ambiants. En effet, le niveau de décibels rivalisait avec le niveau de joie dont j’ai été témoin du début à la fin.

À peine débarqué du bateau, j’ai eu droit à une visite déambulatoire guidée par un homme fascinant : Arthur Milnes, habile conteur, jadis hôte d’un président américain et de la Première Dame lors de leur passage à Kingston, auteur de 16 livres, dont 98 Reasons to Thank Jimmy Carter, et ex-rédacteur de discours de Stephen Harper — ce qui ne fait pas de lui un conservateur anti-queer , rassurez-vous, j’ai vérifié! À ses côtés, j’ai découvert les coulisses de l’ancien parlement, avant que la capitale ne déménage successivement à Montréal, Québec, Toronto et Ottawa. On a parlé d’un lieu historique qui fut tour à tour prison, taverne et bureau de médecin. J’ai appris à quel point la ville était un endroit hautement stratégique, au confluent du lac Ontario, du fleuve Saint-Laurent et du canal Rideau. Les anecdotes étaient aussi captivantes que l’homme était

sympathique. J’en aurais même pris davantage! Le lendemain, j’ai amorcé la journée par une virée à vélo sur le bord de l’eau, après avoir réservé une monture chez Ahoy Rentals. Bien que la piste fût partagée avec de rares piétons et qu’elle me redirigeait parfois vers la rue — au trafic très peu perturbant —, elle m’a permis de prendre un grand bol d’air, de voir la ville sous un autre angle et d’engloutir autant de kilomètres que de beautés.

Revenons maintenant à la thématique historique de cette fin de semaine, avant un arrêt étonnant au vieux pénitencier. En toute transparence, j’ai hésité à réserver un billet pour cette activité, encore traumatisé par certaines visites de lieux chargés d’histoire… et d’ennui. Oh que j’avais tort de douter! Les deux heures de visite dans le plus ancien pénitencier du Canada, fondé en 1835 et fermé en 2013, furent aussi instructives que divertissantes. Est-ce la faute d’Adam, notre guide à la voix de stentor, passionné par son travail et capable de maintenir un rythme soutenu? Difficile à dire. Mais je dois admettre que les anecdotes sur les anciennes conditions de détention, les tentatives d’évasion et même une tentative

d’intrusion dans la prison, agrémentées de trois brèves discussions avec d’anciens employé·es, ont rendu la visite palpitante. Parole de garçon impatient. Côté nourriture, chaque sortie gustative a été une réussite. Lors de mon unique souper, j’ai pris la direction de Chez Piggy, une institution kingstonienne ouverte en 1979. Après avoir emprunté un couloir entre deux édifices historiques, j’ai découvert une terrasse privée absolument magnifique, un menu faisant la belle part aux produits de la mer et de délicieux cocktails. Pour le lunch, j’ai eu envie d’essayer Atomica : si la décoration de l’endroit ressemble à mille autres restaurants, ses saveurs se démarquent dès la première bouchée! La pizza que j’y ai mangée est l’une des meilleures à laquelle j’aie goûté de toute ma vie. Rien de moins! Mon séjour avait comme quartier général le Kingston Marriott, dont l’emplacement géographique était idyllique.

À moins de cinq minutes des restaurants, de nombreuses boutiques, du marché public et du bord de l’eau, l’hôtel offrait également une chambre magnifique avec vue sur le dôme de l’ancien parlement, le ciel et l’eau. Le service était impeccable. Et les crêpes aux bleuets du petit déjeuner ont ravi mes papilles. Il y aurait encore tant à voir et à faire dans les rues de la jolie Kingston. Ce sont assurément 48 heures que je n’ai pas regrettées! 6

L’explosion de créativité de l’expo Afrique Mode

Jusqu’en février 2026, on peut découvrir la créativité du design africain, sans quitter Montréal. L’exposition AfriqueMode s’est ouverte le 25 septembre dernier. L’exposition, qui a été conçue et créé au Victoria and Albert Museum de Londres avant de partir en tournée aux États-Unis et en Australie, est présentée au Musée McCord-Stewart en exclusivité canadienne.

La veille de l’ouverture, quelques médias locaux dont Fugues ont eu l’opportunité de l’explorer en compagnie de Christine Checinska, conservatrice principale des textiles et de la mode africaine au V&A et créatrice de l’exposition. «J’ai été une de trois étudiant.e.s de couleur dans ma cohorte à l’école de design», raconte-t-elle. «Je me sens très fière d’aller de ça, à cette exposition-là. J’aurais aimé la voir quand j’étais en début de carrière.»

La conservatrice décrit l’exposition comme une tentative de «capter l'énergie d’une rivière dans une calebasse», tellement le matériel est abondant et riche. Ouverte en 2021 au cœur du mouvement Black Lives Matter, il s’agit de la première exposition du V&A consacré à la mode africaine moderne. « Le fil conducteur d’Afrique Mode est de faire rayonner des voix et des perspectives africaines à l’échelle individuelle. L’exposition présente les modes africaines en tant que forme artistique d’autodéfinition, qui dévoile la richesse et la diversité des histoires et cultures d’Afrique», résume Christine Checinska. «Puisqu’il serait impossible de tenter d’exposer la mode de chacune des régions de ce vaste continent, Afrique Mode célèbre plutôt la vitalité et l’esprit novateur d’un ensemble de stylistes, tout en explorant les réalisations de figures d’avant-garde du 20e siècle, ainsi que celles des talents qui animent aujourd’hui cette scène éclectique et cosmopolite».

Afrique Mode réunit une centaine de vêtements d’un peu partout en Afrique, allant des pagnes dutch wax importés en Afrique de l’Ouest par les Européens au début du 20e siècle et transformés en mode d’expression créative et colorée, prise de position politique et moteur économique, aux dernières créations spectaculaires des maisons de couture avant-gardistes de Kigali et Cape Town. Le tout commence avec une mise en contexte où on découvre le foisonnement de l’expression artistique africaine postcoloniale, l’émergence des magazines de mode et de groupes de musique de renom mondial, et le Festival international des arts nègres (sic) de 1966, qui rassemble des artistes Noirs de tous les horizons.

Cette salle permet aux visiteurs de découvrir les influences qui ont façonné les designers africains du 20e et 21e siècle présentés plus tard dans l’exposition, comme la marocaine Naïma Bennis; la nigériane Shade Thomas-Fahm, le malien Chris Seydou et le britanno-ghanéen Kofi Ansah, ainsi que les designers modernes comme Imane Ayissi, connue pour ses fusions entre les textiles africaines et la haute couture française, et les pionniers sud-africains de la mode féminine Thebe Magugu et Sindiso Khumalo. Au centre de l’exposition, une salle avec

Christine Checinska

des dizaines de mannequins permet d’apprécier le foisonnement de leur créativité, leur joie, leur énergie et leurs façons d’explorer le genre et la sexualité. Il y a aussi des salles consacrées à la photographie. Un couloir dévoile des portraits en studio populaire en Afrique de l’Ouest dans la période postcoloniale, un univers proto-Instagram en noir et blanc, baigné de lumière et optimisme. La dernière salle expose le travail des jeunes photographes contemporains Sarah Waiswa (Kenya), Gouled Ahmed (Djibouti/Éthiopie) et Stephen Tayo (Nigeria), qui abordent des thèmes explicitement queers dans leur travail, qui vise à capter la diversité et les revendications de la jeunesse dans leurs pays respectifs.

Christine Checinska ne pensait pas nécessairement aux thématiques LGBTQ+ en développant l’exposition. «Ce n’est que plus tard, quand j’ai parlé à certains de mes amis queers qui ont vu l’exposition et qui disaient, ouh, ça parle de nous! que j’ai flashé sur cet aspect-là», a-t-elle confié. «C’est un très beau fil conducteur pour l’exposition». 6

R. PRATKA irenepratka1@gmail.com INFOS | AFRIQUE MODE au Musée McCord-Stewart, jusqu’au début février 2026.

Quoi faire entrevue

Expo au MBMA

Neuf questions à Kent Monkman

Connu pour ses réinterprétations stimulantes de l’histoire de l’art de l’Europe occidentale et de l’Amérique, Kent Monkman explore les thèmes de la colonisation, de la sexualité, de la perte et de la résilience – toute la complexité des expériences autochtones historiques et contemporaines.

Dans le cadre de l’expo que le Musée des Beaux-Arts de Montréal lui consacre jusqu’au 8 mars 2026, il a répondu a quelques questions.

Pourriez-vousnousparlerdevosliensdelonguedateavecleMuséedesbeaux-artsde Montréal,avecleQuébecetavecMontréal?

KENT MONKMAN : Le Musée des beaux-arts de Montréal a été l’un des premiers musées à s’intéresser à mon travail. Dès 2005, il a fait l’acquisition de Trappeurs d’hommes. Les directeur·rices, les conservateur·rices et le public montréalais ont très tôt compris et apprécié ma démarche. Mon œuvre, qui dialogue avec l’histoire de l’art, en particulier la peinture romantique française, a trouvé un écho singulier à Montréal et au Québec, où l’histoire occupe une place importante. Ici, le rapport à la culture artistique est différent de ce que j’ai connu ailleurs au Canada. Je me suis toujours senti soutenu par les collectionneur·ses, les conservateur·rices du MBAM, les galeries universitaires, comme celles de l’UQAM et de Concordia, et surtout par le public. Si ce public m’a soutenu avec autant de générosité, particulièrement les jeunes, c’est peut-être parce qu’il se reconnaît dans mon travail, dans la célébration de la non-conformité de genre et d’une sexualité ouverte et fluide, affirmée comme un contrepoint puissant à la violence coloniale. Les jeunes, surtout les étudiant·es, sont directement confronté·es à ces enjeux dans leur vie et leurs études, alors qu’ils forgent leur propre vision du monde.

Pourquoiest-ilimportantpourvousdeprésentercetteexpositionàMontréal,etquelécho espérez-vousqu’elletrouveauprèsdupublicd’ici?

KENT MONKMAN : C’est un honneur pour moi de présenter à Montréal une rétrospective couvrant plus de vingt ans de création. C’est comme un retour aux sources, même si je n’y ai jamais habité. C’est très gratifiant de voir reconnu un lien de longue date avec une ville qui a tant contribué à ma carrière. Souvent, les artistes traversent de longues années d’obscurité avant d’être véritablement reconnu·es. Dans mon cas, il a fallu des décennies. Naturellement, Montréal occupe une place spéciale dans mon cœur.

Qu’est-cequinourritleplusvotredémarcheartistique?

KENT MONKMAN : Depuis que je suis enfant, je suis passionné par le dessin, la peinture et la création sous toutes ses formes. À l’âge adulte, j’en ai fait ma carrière, mais la peinture est aussi une méditation quotidienne qui m’ancre : je ne pourrais jamais m’en passer. Comme l’a dit Delacroix : « Nous travaillons non seulement pour produire, mais aussi pour donner du sens au temps. » J’ai commencé avec la peinture abstraite, mais j’ai senti le besoin de développer mes compétences en art figuratif pour dialoguer avec un public plus large de sujets cruciaux pour moi : la violence coloniale et les traumatismes qu’elle continue de laisser dans nos familles et nos communautés. Ces séquelles sont encore visibles, notamment dans la surreprésentation des Autochtones dans les prisons, les hôpitaux et le système de protection de l’enfance. Je n’ai pas le sentiment d’avoir le luxe du temps : le projet colonial est toujours en cours, et nous en subissons encore les effets.

Personnageincontournabledevotreunivers,MissChiefEagleTestickleatraversétoute votrecarrière.Qu’est-cequiaprésidéàsacréationetcommentsonrôles’est-ilmétamorphoséaufildesans?Quelleprésenceconserve-t-elledansvotrepratiqueartistique?

Est-elletoujoursàvoscôtés?

KENT MONKMAN : Depuis que je l’ai peinte pour la première fois, il y a vingt ans, Miss Chief ne cesse de rôder dans mon imaginaire. Elle m’offre une façon d’aborder des sujets difficiles de manière à capter l’attention des gens. Avec le temps, elle s’est transformée : elle est devenue plus complexe, plus définie. Avoir un alter ego m’a d’abord permis d’oser davatage. À travers Miss Chief , j’ai pu confronter la sexualité colonisée avec humour et sensualité. Ses mémoires ont permis de l’ancrer dans une vision du monde crie et, grâce à son humour et à son amour, de la relier aux vastes systèmes de savoir que véhicule la langue. Elle m’a aussi permis de me rapprocher de ma propre culture crie. Lorsque j’ai entrepris d’écrire les Mémoires de Miss Chief avec ma collaboratrice de longue date, Gisèle Gordon, je me disais secrètement qu’un récit plus complet de son histoire pourrait un jour évoluer vers une œuvre théâtrale. L’ouvrage à permis de combler de nombreuses zones d’ombre : de son récit de création à la compréhension de son rôle, des limites de ses pouvoirs de figure légendaire à ses motivations plus personnelles.

Commentparvenez-vousàconcilierl’humour,laséductionetlasatireaveclesréalités douloureusesquevousabordezdansvotreart?

KENT MONKMAN : Situer Miss Chief dans un univers peuplé d’êtres légendaires cris m’a permis d’approfondir ma compréhension des valeurs et des savoirs transmis par la langue et la tradition orale. Gisèle et moi avons travaillé en étroite collaboration avec quatre locuteur·rices et gardien·nes du savoir cris –  Keith Goulet, Floyd Favel, Belinda Daniels et Gail Maurice – qui nous ont fait part de leurs commentaires avec une immense générosité. Miss Chief séduit le public par l’humour et la sensualité afin de faire passer des messages plus sérieux. Quand un rire ouvre l’esprit, il rend plus réceptif aux autres expériences émotionnelles.

Votrepratiqueenatelier,àgrandeéchelleetcollaborative,faitappelàuneéquipe et à des modèles vivants, et s’appuie sur des mises en scène photographiques. Commentdécririez-vousceprocessusetsonévolutionaufildutemps?

KENT MONKMAN : Quand j’ai engagé mon premier assistant, il y a plus de vingt ans, j’étais débordé par les nombreuses tâches liées à la vie d’artiste : acheter le matériel, enduire les toiles de gesso, préparer les demandes de subvention, etc. Les premières personnes qui m’ont aidé s’occupaient surtout de l’administration et des courses, jusqu’à ce que j’apprenne à former des peintres pour travailler avec moi. J’ai alors dû trouver comment communiquer ma vision et enseigner ma technique. Cette expérience s’est révélée profondément enrichissante : elle m’a montré qu’un environnement collaboratif ne permet pas seulement de produire davantage, mais qu’il fait aussi évoluer sans cesse le processus lui-même. Nous avons une équipe d’artistes de talent, qui se soutiennent mutuellement. J’aime encourager l’expérimentation et la découverte.

Qu’aimeriez-vousquelesvisiteur·eusesretiennentdeleurvisite?

KENT MONKMAN : Les Canadien·nes ont été abondamment exposés à des informations sur les peuples autochtones, le plus souvent négatives. L’art peut transformer ces expériences et ces récits difficiles en quelque chose qui touche le public d’une manière qu’aucun reportage ni fil d’actualité ne saurait le faire. L’art a le pouvoir d’aller droit au cœur, de changer les mentalités et de rendre les gens plus réceptifs, plus empathiques. J’aimerais que les publics en apprennent davantage sur l’histoire coloniale de ce continent. Je souhaite également qu’ils reconnaissent la force des peuples autochtones, qui ont non seulement survécu à la tentative de génocide, mais qui ont aussi tant à offrir au monde. Les langues et les savoirs autochtones sont d’une richesse inestimable : si les visiteur·euses repartent avec une plus grande ouverture dans leur cœur, j’aurai accompli quelque chose.

Àproposdel’opéraencoursdecréation,qu’est-cequivousadonnéenvied’amenerce projetàlaSalleBourgie?Commentlescollaborationsmusicalessedéploient-ellesàpartir devotreconceptinitial?

KENT MONKMAN : Le MBAM m’a offert l’occasion de créer une performance pour la salle Bourgie. Comme je songeais déjà à une version théâtrale des mémoires, c’était l’occasion idéale d’utiliser ce petit budget pour créer trois scènes et lancer le projet. J’ai eu la chance de pouvoir compter sur mes collaborations de longue date avec le compositeur Dustin Peters et la librettiste Gisèle Gordon, qui connaît en détail l’histoire de Miss Chief. Nous avons donc plongé dans ce projet, qui a pris forme très rapidement.

J’avais une vision assez claire des interactions entre le Peintre, la Nonne et Miss Chief. Je voulais que Miss Chief réponde aux observations et croyances européennes incarnées par le Peintre et la Nonne en révélant la beauté et la profondeur de la vision du monde crie. J’ai rédigé un concept assez détaillé, décrivant l’intention de chaque scène, et Gisèle et Dustin ont composé des arias puissantes et bouleversantes.

CommentMissChiefapparaîtra-t-elledansl’universdecetopéradechambre?Etenquoi lamusiquevouspermet-ellededonnerunenouvellerésonanceauxvoixautochtoneset queers?

KENT MONKMAN : Même si j’adore la musique, je n’ai absolument pas l’oreille musicale. Il était donc évident, dès le départ, que quelqu’un d’autre incarnerait le rôle de Miss Chief, éventuellement plusieurs artistes. C’est très enthousiasmant que la première personne à interpréter Miss Chief, autre que moi-même, soit Marion Newman, l’une des plus grandes voix au Canada, qui est issue des Premières Nations kwagiulth et stó: lò, avec des origines anglaises, irlandaises et écossaises.

La musique a cette capacité de porter les récits et de susciter une émotion d’une intensité unique, d’une manière différente des autres formes d’art. Je suis donc très heureux de voir l’histoire de Miss Chief prendre vie sur scène à travers une musique aussi puissante qu’évocatrice. J’aimerais que le public perçoive dans le récit de Miss Chief l’écho de nos expériences, de nos combats comme de nos bonheurs.6

INFOS | Kent Monkman :

L’Histoire est dépeinte par les vainqueurs

Musée des beaux-arts de Montréal jusqu’au 8 mars 2026. https://www.mbam.qc.ca

«Les Canadien·nes ont été abondamment exposés à des informations sur les peuples autochtones, le plus souvent négatives...»

Kent Monkman
Miss Chief

Quoi faire théâtre

Luc Provost sur scène dans la peau de  Hosanna ou la Shéhérazade des pauvres

Grand moment de théâtre au TNM : Luc Provost (Mado Lamotte) s’approprie les mots de Michel Tremblay dans  HosannaoulaShéhérazadedespauvres, dans une adaptation et une mise en scène de Maxime Robin.

Créée au Théâtre du Trident à Québec en 2023, la pièce revient enfin à Montréal, là où se déroule l’histoire d’Hosanna. Le public montréalais pourra ainsi renouer avec l’un des personnages les plus emblématiques de l’univers de Tremblay. Qu’est-elle devenue, cette Hosanna, depuis la violence subie de la part de ses soi-disant amies travesties des années soixante-dix ? À l’époque, on ne parlait pas encore de drag queens, mais bien de travestis. Sur scène, Hosanna, vieillissante, se confie à un journaliste de… Fugues.

Qui d’autre que Luc Provost, mieux connu sous les traits de Mado Lamotte, pouvait incarner ce personnage ? Pour beaucoup — dont le metteur en scène Maxime Robin —, c’était une évidence. « Maxime Robin a vu un parallèle entre Hosanna et le personnage que je joue depuis longtemps, raconte Luc Provost. Même si Hosanna a raté sa vie — ce qui n’est pas mon cas —, il y a chez elle quelque chose qui m’interpelle. Moi, je n’ai jamais connu cette rivalité entre drag queens, mais je comprends son parcours. »

Le défi était de taille pour Luc Provost qui, malgré sa formation de comédien, n’a interprété qu’un seul rôle : celui de Mado Lamotte. « Mado faisait tout : le texte, la mise en scène, et laissait beaucoup de place à l’improvisation. Avec Hosanna, je ne sors pas du texte. Je ne suis pas seul sur scène, il y a plusieurs personnages. Je dois être attentif pour ne pas briser le rythme et suivre les indications du metteur en scène. » Avant d’accepter, il a pris un temps de réflexion — court, finalement. « Nous nous étions rencontrés dans un café, et en partant, je me demandais si j’en étais capable. Puis je me suis dit que oui, d’autant que j’avais toujours rêvé de jouer du Michel Tremblay. »

Luc Provost se souvient d’une rencontre avec l’auteur : « Michel m’avait dit qu’il n’était pas un grand fan des drag queens, mais qu’il aimait beaucoup ce que je faisais. Il me lisait dans Fugues et dans Ici Montréal. Il aimait ma provocation, mon côté bitch. J’étais renversé. C’est grâce à Tremblay et à ses livres que j’ai eu la liberté de créer Mado Lamotte, de dire ce que je voulais dire comme je le voulais. Il a été, sans le savoir, un mentor pour moi. »

Les astres se sont alignés : Tremblay lui a même écrit pour le féliciter d’avoir accepté le rôle. « Quand il est venu voir la première à Québec, j’avais un peu la chienne, confie Luc. Après la représentation, pendant le cocktail, il est venu me voir et m’a dit : “Tu étais super.” Je n’en revenais pas. »

Reprendre la pièce à Montréal permet aujourd’hui à Luc Provost de voir Hosanna autrement. « Je ne la perçois plus comme quelqu’un d’aigri qui a raté sa vie, mais comme un être fragile, lapidé sur la place publique, qui garde du monde de la nuit le souvenir d’une grande trahison. »

Mais qu’est-il vraiment arrivé à Hosanna pour qu’elle se retrouve seule à la fin ? Le mieux est d’aller le découvrir sur scène — et, pourquoi pas, de se replonger dans l’œuvre de Tremblay ou de revoir Il était une fois dans l’Est d’André Brassard, adapté d’un scénario de l’auteur. 6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | Hosanna ou la Shéhérazade des pauvres. Du 11 novembre au 6 décembre 2025 au Théâtre du Nouveau Monde. Texte de Michel Tremblay. Adaptation et mise en scène : Maxime Robin. Création du Théâtre du Trident, en coproduction avec le Théâtre du Nouveau Monde https://tnm.qc.ca

Quoi faire théâtre

Candide au Théâtre

Denise-Pelletier

Œuvre majeure de la littérature française du XVIIIe siècle,  Candide ou l’optimisme trouve un écho particulier dans les temps troublés que nous traversons. Conte philosophique, ce récit ironique de Voltaire propose un voyage initiatique qui incite, par la fable, à cultiver son esprit critique. Dans une adaptation et une mise en scène d’Hugo Bélanger au Théâtre Denise-Pelletier, les aventures de Candide prennent la forme d’un feu roulant de théâtralité, mêlant les genres et les effets pour mieux en faire ressortir le message.

Peut-on philosopher avec humour et rire ? Bien sûr, surtout lorsqu’on pousse certaines doctrines jusqu’à l’absurde. Voltaire cherchait à dénoncer les fanatismes et à tourner en dérision l’idée que nous vivrions « dans le meilleur des mondes possibles ». Nous acceptons souvent, avec fatalisme, les malheurs qui nous frappent. Au fil de ses pérégrinations — jusqu’en Amérique —, Candide accumule les déconvenues avant de réaliser, à la toute fin, son aveuglement et de revenir, lucide, « cultiver son jardin ».

De la Turquie au Pérou, de Venise à Berlin,  Candide  voyage beaucoup. Le défi, pour un metteur en scène, consiste à recréer ces lieux si différents sur scène, et, pour le comédien principal, à demeurer présent du début à la fin — une véritable performance. Gabriel Favreau, qui incarne Candide, relève ce défi en devenant l’incarnation même de l’optimisme. « Je n’avais jamais travaillé avec Hugo Bélanger, mais je connaissais son univers, expliquet-il. On sait qu’il s’inspire beaucoup des codes de la commedia dell’arte, un langage théâtral que j’avais envie d’explorer. »

Fait amusant : Favreau ne connaissait ni le personnage ni son auteur avant d’auditionner. « Quand j’ai passé l’audition, je ne savais rien de Candide ni de Voltaire, raconte-t-il.

Mais en répétant avec Hugo Bélanger, je me suis reconnu dans ce personnage — une candeur, une ouverture naturelle, cette capacité à dire oui, cette curiosité. »

Si Candide peut sembler ridicule, il n’est pas seul à l’être. « Oui, il détonne dans ses réactions, mais tous les personnages de la pièce le sont un peu, précise Favreau. Dans la lecture qu’en fait Hugo Bélanger, ce sont tous des bouffons. La différence, c’est que Candide, lui, évolue. Sa vision du monde s’affine au fil du récit, alors que Pangloss, dont Voltaire se moque, ne change jamais. »

Le rôle représente aussi un défi physique. « Je suis sur scène pendant une heure trente sans pause — je ne sais même pas si j’aurai le temps de prendre une gorgée d’eau ! (Rires.) Tous les autres comédiens jouent plusieurs rôles, ils sortent pour se changer, mais moi, je reste sur scène en continu. C’est exigeant physiquement : on oscille entre l’opéra, pour les décors et les costumes, et le cirque, par l’intensité du jeu. Tout est réglé au quart de tour : les répliques, les transitions, les déplacements. On passe d’un continent à l’autre en un clin d’œil. Je suis le point d’ancrage de toutes les situations, de tous les personnages… J’ai parfois l’impression d’être dans l’œil du cyclone ! (Rires.) Mais c’est extrêmement stimulant. »

Impossible de s’ennuyer un seul instant dans ce chaos parfaitement orchestré. À l’image de l’œuvre originale, la pièce amuse, divertit et pousse à réfléchir sur notre rapport au monde. Sommes-nous simplement des jouets du destin, ou avons-nous le pouvoir de le changer ?6

DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanielster@gmail.com

INFOS | Candide

Du 11 novembre au 6 décembre 2025 Théâtre Denise-Pelletier D’après l’œuvre de Voltaire

Adaptation et mise en scène : Hugo Bélanger Une création du Théâtre Tout à Trac

En collaboration avec le Théâtre Denise-Pelletier https://www.denise-pelletier.qc.ca

Quoi faire théâtre

Kisses Deep, une histoire d’amour filial

et de création

Cet automne, du 26 novembre au 14 décembre 2025, le Centaur Theatre présente la première mondiale en anglais de Kisses Deep , une œuvre bouleversante du dramaturge de renommée internationale Michel Marc Bouchard, traduite avec finesse par sa fidèle collaboratrice Linda Gaboriau.

Cette production réunit une distribution d’exception composée de grandes figures des scènes francophones et anglophones de Montréal — Lyndz Dantiste, Yves Jacques, Leni Parker, Alice Pascual et le nouveau venu Kevin Raymond. Ensemble, ils invitent le public à un voyage visuellement saisissant et profondément émouvant, où s’entrelacent découverte de soi, art et rédemption.

Présentée à l’origine en français au Théâtre du Nouveau Monde en coproduction avec le Centaur en 2021, Kisses Deep (Embrasse) prend aujourd’hui un nouvel envol en anglais. Sous la direction d’Eda Holmes, directrice artistique et exécutive du Centaur — qui avait également signé la mise en scène de la production originale — la pièce retrouve une grande partie de l’équipe créative initiale.

« Je suis ravie de pouvoir enfin donner vie à cette magnifique pièce en anglais» confie Eda Holmes, metteuse en scène de la pièce. «Revisiter la production que j’ai créée en français au TNM avec une brillante distribution bilingue — dont certains acteurs reviennent et d’autres se joignent à nous pour la première au Centaur — est un véritable privilège. Kisses Deep, comme toutes les œuvres de Michel Marc, vibre de passion, d’humour et d’amour. »

Au cœur du récit se trouve Hugo, un jeune homme d’une petite ville québécoise, passionné par la haute couture et rêvant de devenir designer. Inspiré par son idole Yves Saint Laurent, Hugo canalise son imagination débordante et son sens du style dans une mission obsessionnelle : redorer la réputation de sa mère, Béatrice, arrêtée pour agression. Convaincu que la beauté peut réparer l’injustice, il conçoit pour elle la tenue parfaite qu’elle portera à sa prochaine comparution devant le tribunal.

À mesure qu’il coud ce chef-d’œuvre de tissu et d’amour, Hugo est forcé de confronter la complexité de sa relation avec Béatrice — une relation aussi tendre que douloureuse, marquée par la honte, le dévouement et la recherche du pardon.

Reconnu parmi les plus grands dramaturges du Québec, Michel Marc Bouchard s’est imposé sur la scène internationale par ses récits d’une intensité rare, explorant avec sensibilité les thèmes de l’identité, de la mémoire et du désir. Ses œuvres — Les feluettes (Lillies), Le Peintre de la Madone, Tom à la ferme — ont été traduites dans plusieurs langues et adaptées au cinéma et à l’opéra. Lauréat de prestigieuses distinctions, dont le Prix du Gouverneur général pour le théâtre, le Prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre et le Prix Violet Blue Metropolis pour les écrivains LGBTQ+, Bouchard signe avec Kisses Deep une nouvelle plongée dans l’intimité humaine et les zones d’ombre du lien familial.

Sa complice de longue date, Linda Gaboriau, également récipiendaire du Prix du Gouverneur général et Compagne des arts et des lettres du Québec, livre ici une traduction d’une justesse et d’une sensibilité exemplaires, préservant toute la poésie, la sensualité et la tension dramatique du texte original.

Un pont entre les langues et les cultures

La première en anglais de Kisses Deep réaffirme l’engagement du Théâtre Centaur à faire tomber les barrières linguistiques et culturelles à Montréal, et plus largement au Québec. La série de représentations comprendra des surtitres en français pour plusieurs soirs, ainsi que des discussions publiques avec les artistes et l’équipe créative, permettant au public de plonger au cœur du processus de création. En mettant en valeur des récits québécois puissants et universels, le Centaur poursuit sa mission : être un théâtre pour tous les Montréalais, où les histoires locales trouvent écho dans toutes les langues et toutes les communautés. Fondé en 1969, le Centaur Theatre est la plus ancienne compagnie de théâtre anglophone de Montréal. Il se consacre à la création et à la présentation d’œuvres contemporaines qui reflètent la diversité, la vitalité et la créativité de Montréal et d’ailleurs. Installé dans l’ancien bâtiment historique de la Bourse de Montréal, en plein cœur du VieuxMontréal, le Centaur se distingue par sa programmation audacieuse et pertinente, qui favorise le dialogue et tisse des liens entre les cultures, les générations et les communautés. 6

LOGAN CARTIER cartierlogan@gmail.com

INFOS | KISSES DEEP de Michel Marc Bouchard

Traduit en anglais par Linda Gaboriau, Mise en scène d’Eda Holmes du 26 novembre au 14 décembre 2025 / Théâtre Centaur https://centaurtheatre.com/

Quoi faire écrans

WAYWARD (INDOCILES)

La tyrannie de la bienveillance toxique!

Située au cœur du Vermont, la paisible ville de TallPines semble tout droit sortie d’une carte postale. Pourtant, derrière cette façade idyllique se cache une réalité troublante que dévoile progressivement la minisérie canadienne Wayward (Indociles). Mêlant habilement thriller psychologique, satire sociale, drame intimiste et horreur corporelle, elle expose les failles d’une communauté trop parfaite pour être vrai.

Pourtant, tout semble aller pour le mieux! Alex, un homme trans, interprétée par l’acteur.trice non binaire Mae Martin , et Laura (Sarah Gadon ), son épouse enceinte jusqu’aux yeux, emménagent dans une luxueuse résidence de campagne. Cette demeure leur est gracieusement prêtée par Evelyn Wade (Toni Collette), directrice du Tall Pines Academy, un centre de rééducation destiné aux adolescents en difficulté. Mais s’agit-il d’un cadeau empoisonné? Quelque chose agace Alex même s’il lui est impossible d’identifier la nature exacte de son malaise. Est-ce le fait que son épouse et ses collègues policiers semblent collectivement obnubilés par Evelyn? Et qu’en est-il de ce garçon qui s’est échappé du centre et meurt dans ses bras en murmurant, dans un dernier souffle, tout en pointant Laura : « Elle est comme eux! »

Parallèlement à ces réflexions, la série nous plonge dans une exploration intérieure du centre au rythme des luttes identitaires et de survie d’Abbie (Sydney Topliffe) et Leila (Alyvia Alyn Lind). Arrachées à leur quotidien, les deux adolescentes sont institutionnalisées dans l’espoir

qu’elles deviennent des jeunes filles « responsables ». Convaincus d’agir pour leur bien, parents et enseignants s’acharnent à vouloir les remettre sur le droit chemin, ne parvenant pas à concilier le souvenir idéalisé qu’ils ont d’elles et la réalité d’ados flirtant avec la rébellion. Bien loin de la philosophie de bienveillance extrême annoncée, elles se heurtent rapidement à des règles déshumanisantes et à des séances d’autoflagellation psychologique aussi humiliantes que répétées qui annoncent les forces rampantes et insidieuses qui agitent la petite ville. Quelles expériences y mène-t-on véritablement?

Une tension presque hypnotique et anxiogène s’installe dès les premières minutes. Le spectateur en arrive ainsi à douter de tout : les sourires sont trop parfaits, les discours trop inclusifs, la bienveillance dégouline de partout dans une mécanique qui semble à la fois trop bien huilée et corsetée. À l’instar de « Twin Peaks », « Midsommar » ou « The Stepford Wives » (Les Femmes de Stepford), le malaise naît d’une juxtaposition, entre la beauté du cadre et la noirceur sourde des intentions, qui glisse progressivement vers l’horreur.

La minisérie met en lumière la manière dont les jeunes sont pathologisés, étiquetés, et enfermés dans des rôles qui les empêchent de se construire librement. L’accueil en apparence bienveillant envers les personnes LGBTQ+ cache une forme de contrôle et de surveillance qui dresse un parallèle marqué avec les thérapies de conversion. Il ne faut d’ailleurs pas être étonné que la série aborde ces thèmes avec une telle virtuosité puisque Mae Martin est à la barre de la production de la série. Ces thèmes ne sont, par ailleurs, jamais traités comme de simples ajouts décoratifs : ils s’inscrivent tout au contraire au cœur d’une dynamique de pouvoir où la question identitaire constitue un champ de bataille.

La minisérie se distingue par l’excellence de sa distribution, notamment grâce à Toni Collette, saisissante dans le rôle de la directrice : une figure à la fois charismatique et inquiétante, oscillant entre paroles rassurantes et menaces latentes qui glacent le sang.

À noter que, contrairement à ses habitudes, Netflix Canada propose ici un excellent doublage français réalisé au Québec, sans doute en raison du statut canadien de la production, qui permet ainsi l’usage d’un vocabulaire fidèle à la réalité nord-américaine, ainsi qu’une prononciation fidèle des termes anglais.6

BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

INFOS | Les huit épisodes de « Wayward » (Indociles) sont disponibles, en anglais et dans un excellent doublage français (Canada) sur Netflix. https://www.youtube.com/watch?v=2kSNuohhKyc

Un boxeur encaisse une pluie de coups. Rien d’inhabituel, vous direz-vous, si ce n’est que l’agresseur n’est autre que son propre bras droit, devenu incontrôlable. Incapable de maîtriser ce membre rebelle, l’athlète est au bord du désespoir, jusqu’à l’intervention du Dr Oliver Wolf, qui pose un diagnostic : le syndrome de la main étrangère.

Il s’agit de l’une des caractéristiques fascinantes de la série « Brilliant Minds » que d’inscrire avec adresse des cas cliniques inusités au cœur d’intrigues fascinantes. On peut notamment citer, en saison 1, le cas de cette femme qui ne voyait en ses enfants que des étrangers ou, en saison 2, cette autre qui est véritablement convaincue d’être dans une téléréalité.

La nouvelle saison s’ouvre par ailleurs sur une prémisse pour le moins intrigante : le Dr Wolf tente désespérément de s’échapper d’un hôpital psychiatrique où il semble être sous l’emprise d’une femme au sourire doux et inquiétant. La série nous ramène six mois en arrière, semant un lot de questions : comment le Dr Wolf s’est-il retrouvé institutionnalisé ? Et qui est cette psychiatre au regard aussi intransigeant qu’énigmatique ?

Oliver Wolf est affecté d’une condition neurologique très particulière : la prosopagnosie, c’est-à-dire l’incapacité d’identifier les visages, y compris son propre reflet. Ce trouble très rare complexifie singulièrement ses relations, que ce soit avec des collègues qu’il ne reconnait pas toujours, mais également dans sa vie amoureuse, puisqu’il ne distingue les hommes que par la voix, la démarche, la carrure ou une autre caractéristique dominante.

La première saison nous avait laissés alors qu’il retrouvait un père qu’il croyait mort depuis des décennies et devant une croisée de chemin au regard de sa relation, à la fois conflictuelle et torride, avec le neurochirurgien Josh Nichols (Teddy Sears). Le retour du père, accompagné de traumas non résolus, le pousse cependant à mettre sa vie sentimentale en veilleuse, au grand désarroi de Josh, qui commence à perdre patience.

Zachary Quinto, l’un des producteurs de la série, insuffle une direction créative qui se traduit notamment par la présence de thèmes LGBTQ. La saison 1 en offrait un exemple poignant dans l’épisode 7 — The Man from Grozny — où une procédure expérimentale permet à un

homme victime d’un AVC sévère de s’exprimer, le temps de faire ses adieux à son amant. Les internes sont également bien développés, chacun doté de particularités attachantes. À titre d’exemple, le Dr Van Markus ( Alex MacNicoll ) est atteint de synesthésie tactile, une forme d’empathie exacerbée qui lui fait physiquement ressentir les symptômes de ses patients. La Dr Dana Dang (Aury Krebs) jongle avec une anxiété chronique tout en nourrissant le désir de construire une relation amoureuse avec une de ses collègues. La nouvelle saison introduit également un résident au tempérament bien différent : Charlie Porter ( Brian Altemus), dont l’arrogance assumée cache peut-être un agenda secret, notamment en ce qui concerne le Dr Wolf.

Souvent comparée à « Dr. House », la série « Brilliant Minds » s’en distingue par une approche moins sarcastique et plus introspective. Plutôt que de miser sur le cynisme, elle explore avec sensibilité la vulnérabilité et la complexité psychologique de ses personnages. Si son rythme est plus posé, la série n’en demeure pas moins captivante, portée par une écriture fine et des enjeux humains profonds.

La série s’inspire de la carrière du neurologue britannique Oliver Sacks, qui a exercé dès les années 1960, à une époque où il lui était impossible de révéler son homosexualité. Ce n’est qu’en 2015, peu avant sa mort, qu’il partage cette information.

On lui doit plusieurs ouvrages de vulgarisation sur les troubles neurologiques, dont le célèbre « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau », un best-seller qui a connu une adaptation étonnante : un opéra signé Christopher Rawlence, présenté en 1987 (https://www.youtube.com/watch?v=4r1YpNP0Z9I).6

BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

INFOS | Les 22 épisodes de la saison 2 de « Brilliant Minds » sont diffusés, en anglais, sur Citytv+ via Amazon PrimeTV. https://www.youtube.com/watch?v=X0TXorG1GBo Brilliant Minds, saison 2 (Bande-annonce originale)

MAGAZINES | SITE WEB | INFOLETTRES FUGUES.COM

Quoi faire écrans

ILS VÉCURENT HEUREUX UNE SÉRIE QUI PULVÉRISE LES CLICHÉS

DE LA COMÉDIE ROMANTIQUE!

Dès les premières minutes de la série, à l’aube de leur mariage, Léo et Emma donnent le ton. Ils vont faire fi des conventions et mener ensemble leur barque amoureuse ou, comme ils soulignent si bien : « On se câlisse de comment on fait ça »!

Il faut dire qu’à l’approche de prononcer leurs vœux, chacun marche sur des œufs, tiraillé entre insécurités et secrets, petits et grands. Pour compliquer les choses, Léo (Lévi Doré) découvre que le couple parfait formé par ses parents n’est qu’une façade : séparés depuis deux ans, ils ne vivent désormais ensemble que pour préserver leur image publique. De son côté, Emma (Chanel Mings) doit composer avec le discours anti-mariage de sa sœur Noah (Zeneb Blanchet) et l’arrivée inattendue de son père (Vincent Graton), qui a coupé les ponts avec sa famille depuis des lustres. Va-t-il, comme à son habitude, semer la zizanie et ramener toute l’attention sur lui ? Par ailleurs, Emma est confrontée à une révélation bouleversante qui vient ébranler une journée qu’elle espérait parfaite. Autour des jeunes mariés gravite une galerie de personnages hauts en couleur, qui viennent ébranler les idées reçues sur la vie conjugale. La série propose ainsi une remise en question des conventions et des rôles avec humour, mais sans jamais perdre en profondeur émotionnelle : fluidité sexuelle, choix de faire chambre à part (« sleep divorce »), santé mentale ou chevillage (pegging, en anglais) alors qu’Emma propose à Léo de le pénétrer à l’aide d’un harnais, inversant ainsi les codes usuels de domination. Alexis (Frédéric Millaire Zouvi) n’en revient pas de sa chance : le voilà dans les bras de son incisive tante Adèle (Madeleine Péloquin), après qu’ils eurent conclu, non sans un savant calcul, que leur lien de parenté au troisième degré ne posait finalement aucun problème. Élias (Joephillip Lafortune), quant à lui, fait face à un chum qui tente de le ramener à la raison concernant sa vie nocturne effrénée. Mais il n’est pire sourd que celui qui refuse d’entendre! De son côté, Francis (Robin L’Houmeau) se drape dans les habits de l’artiste émergeant, prétendument détaché des choses matérielles, tout en manipulant son entourage et en dissimulant une fragilité sur le point d’éclater au grand jour. Chacun des personnages affirme vouloir faire table rase de conventions rétrogrades et incarner une modernité assumée, un postulat à la fois pertinent et quelquefois un brin bancal. En effet, des fissures apparaissent rapidement, ici et là, à l’instar de ce canapé que Léo tente désespérément d’insérer dans son appartement, malgré le verdict catégorique du livreur, qui lui lance, interloqué : « Est-ce que tu crois à ça, toi, la science ? »

« Ils vécurent heureux » s’impose comme une comédie douce-amère, portée par une mise en scène soignée et une galerie de personnages finement dessinés. La série parvient à maintenir un équilibre délicat entre romance, humour et instants d’une poésie inattendue. En témoigne une scène aussi émotive que visuellement saisissante, abordant avec justesse le thème de l’avortement.6 BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

INFOS | Les dix épisodes de « Ils vécurent heureux » sont diffusés, en français, sur Crave. https://www.youtube.com/watch?v=UxAg8y_TlNk Ils vécurent heureux (Bande-annonce originale française)

ENGLISH TEACHER, SAISON 2 CHRONIQUE D’UN MILIEU SCOLAIRE NÉVROSÉ!

La deuxième saison de «EnglishTeacher» poursuit son exploration d’une école secondaire texane, où humour et drame s’entrelacent habilement au cœur de relations humaines et de conflits qui frôlent l’absurde, tout en demeurant étonnamment crédibles.

Créée et interprétée par Brian Jordan Alvarez dans le rôle d’Evan Marquez, la première saison nous avait plongés dans les défis personnels, professionnels et politiques d’un professeur d’anglais évoluant dans une école secondaire où les élèves se révèlent parfois trop futés à son goût, à l’inverse de certains collègues. La deuxième saison poursuit sur cette lancée, abordant des thèmes toujours aussi savoureux, avec un mélange d’ironie, de tendresse et de satires sociales. Le premier épisode donne le ton : les élèves, au grand désespoir d’Evan, décident de revisiter la pièce « Angels in America », qui traite de l’apparition et de l’impact du sida dans les années 1980, pour en faire une version qu’ils jugent plus signifiante : « Covid in America ». L’intrigue offre son lot de répliques absurdes et savoureuses, telles que : « C’est aussi réussi et aussi raté que toutes les pièces que j’ai vues » ou encore « Ma sœur a eu la Covid et… (sanglot) elle n’a pas pu fumer pendant trois semaines ». Tous les épisodes suivent une mécanique bien rodée : Evan repère un problème qui laisse tout le monde indifférent et propose une solution… qui entraîne des conséquences aussi absurdes qu’hilarantes. On se retrouve ainsi face à des boîtes de recyclage intelligentes qui espionnent les élèves, au « dangereux » gang des attaches autobloquantes (zip ties), à un soldat façon Terminator surgissant lors d’une journée Carrière et étrangement fasciné par Evan, à des élèves dont les besoins particuliers exigent des aménagements complètement décalés, à une chasse au trésor virant à l’hystérie, et à une soirée de graduation évoquée avec une nostalgie exagérée par des élèves qui sont encore présents sur place. La palme revient toutefois à l’épisode où Evan se donne pour mission de confronter le fiancé de la fille du directeur, un homme qui lui semble être l’incarnation de tous les clichés associés aux hommes gais. Il tente de lui faire avouer son orientation, donnant lieu à une variation hilarante d’un ressort comique maintes fois exploité à la télévision. S’ajoute à cela la relation amoureuse en dents de scie d’Evan et de son chum, Malcom (Jordan Firstman), à la fois toujours un peu à côté de ses pompes et étrangement équilibré, apportant une touche d’émotion et de chaos parfaitement dosée. Le sens de la répartie des interprètes enrichit considérablement la dynamique des personnages, notamment Stephanie Koenig dans le rôle d’une enseignante incrédule, Enrico Colantoni en directeur blasé, et Sean Patton en professeur d’éducation physique conspirationniste. La série frappe toujours juste en révélant l’absurdité intrinsèque de situations quotidiennes. Sans provoquer des éclats de rire tonitruants, elle parvient à créer des personnages profondément attachants et offre une expérience de visionnement toujours plaisante. On ne peut qu’espérer une troisième saison.6

BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

INFOS | Les dix épisodes de la saison 2 « English Teacher » sont disponibles en anglais, et dans un bon doublage français, sur Disney+.

https://www.youtube.com/watch?v=9rbZIrutu24

English Teacher, saison 2 (Bande-annonce originale)

Un avant gout de CINEMANIA 2025

Événement incontournable de l’automne culturel montréalais, le festival CINEMANIA revient pour sa 31 e édition, du 4 au 16 novembre 2025. On y propose une sélection riche de premières, de rencontres et de découvertes venues de partout dans la francophonie.

Fidèle à sa tradition de miser sur la rencontre avec les artistes, la manifestation accueillera, cette année, pas moins de 150 cinéastes, acteurs, actrices, en provenance d’une quinzaine de pays francophones, auxquels s’ajoutent une centaine d’artistes québécois. Tous et toutes participeront à des tapis rouges, des rencontres publiques, des conférences et événements.

La réalisatrice québécoise Léa Pool ouvrira cette édition en présentant en première mondiale son plus récent long métrage, On sera heureux, écrit par le dramaturge Michel Marc Bouchard. Le film, qui réunit Mehdi Meskar, Alexandre Landry, Aron Archer et Céline Bonnier, raconte l’histoire de Saad, un jeune Marocain exilé au Québec, qui tente désespérément de sauver l’homme qu’il aime, un réfugié iranien menacé de renvoi. Au-delà de la romance, le récit interroge les rapports entre politique migratoire, amour et survie dans un monde traversé par les crises. La projection d’ouverture aura lieu le 4 novembre au Monument National, en présence de l’équipe du film (lire dans cette édition l’entrevue avec Léa Pool et Michel Marc Bouchard).

Une vitrine pour les récits LGBTQ+

Fidèle à sa volonté de refléter les réalités multiples CINEMANIA mettra en avant quelques films où les thématiques LGBTQ+ occupent une place centrale.

ENZO(France)

Le réalisateur de 120 battements par minute, Robin Campillo, propose avec ce film le portrait sensible d’Enzo, un adolescent de 16 ans partagé entre les attentes d’un père autoritaire et son éveil à une nouvelle forme de liberté. Sur les chantiers, au contact de Vlad, un jeune travailleur ukrainien, Enzo découvre un horizon différent, fait de désir et d’émancipation.

LOVEMETENDER (France)

Dans ce drame intime d’Anna Cazenave-Cambet, Clémence révèle à son ex-mari qu’elle entretient désormais des relations amoureuses avec des femmes. En représailles, celui-ci lui retire la garde de leur fils. La cinéaste explore avec une grande justesse les violences institutionnelles auxquelles font face les mères lesbiennes et la lutte acharnée de Clémence pour rester à la fois mère, femme et libre.

LESENFANTSVONTBIEN (France)

Si le cœur du récit met en scène une disparition maternelle, ce film de Nathan Ambrosioni (présenté en clôture du festival) aborde aussi la recomposition familiale et les liens de solidarité qui se tissent en marge des structures traditionnelles. Ambrosioni, qui s’est déjà fait remarquer comme une voix singulière du jeune cinéma français, propose une réflexion sensible sur les responsabilités partagées et l’importance des liens choisis.

UNAUTREPÈRE(France/Sénégal)

Ce récit transcontinental de Pierre Linhart suit Thibaut, père célibataire, qui retourne au Sénégal avec son fils Gabriel, adopté dans le pays. La quête de la mère biologique se double d’un autre voyage : celui qui ramène Thibaut vers une ancienne histoire d’amour, ouvrant la voie à la construction d’une famille recomposée hors des modèles hétérocentrés habituels.

LAPETITEDERNIÈRE (France)

Mettant en vedette Nadia Meliti, Prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes, La Petite dernière suit Fatima, 17 ans, alors qu’elle s’émancipe de sa famille et de son quartier pour vivre librement sa sexualité qu’elle assume à peine. Mais cette vie trouvée, en totale opposition avec son passé, la fera se questionner sur sa foi, son rapport à la famille et aux traditions. La Petite dernière sera présenté en présence de son actrice principale, avant de prendre l’affiche dans les prochains mois.

LAPURGELGBT:LASOMBREHISTOIREdeOrlandoArriagada

Le 8 novembre à 11h30 au Cinéma du Musée, présenté par le Fonds Purge LGBT - Retour sur la sombre histoire d’une véritable purge. Entre 1950 et 1996, des employés des Forces armées canadiennes, de la GRC et de la fonction publique fédérale ont été intimidés, traqués et limogés à cause de leur orientation sexuelle dans le cadre d’une exclusion systémique pilotée par le gouvernement canadien.

En plus de ces titres, d’autres films, galas et rencontres viendront enrichir la programmation. CINEMANIA 2025 s’annonce comme une édition marquée par la diversité des voix, la mise en avant des parcours LGBTQ+ et une réflexion profonde sur la famille, le désir et la liberté.6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

INFOS | https://festivalcinemania.com La vente de billets se fait via le https://festivalcinemania.ticketpro.ca/fr/pages/festivalcinemania2025

Quoi faire écrans

« ON SERA HEUREUX »

Quand l’amour tente de trouver refuge

Après un mariage de convenance, Reza voit son amoureux tué en pleine rue et fuit l’Iran pour sauver sa peau. En Europe, il croise Saad, un Marocain qui a quitté son pays natal pour goûter à la liberté d’être et d’aimer. Ensemble, ils arrivent clandestinement à Montréal. Tandis que Reza doit vivre dans l’ombre, Saad, qui a trouvé le moyen d’effacer les traces de son identité, tente de sauver celui qu’il aime en se glissant dans les draps d’un adjoint de la ministre de l’Immigration. Leur histoire poignante est au cœur du film  Onseraheureux (en salles dès le 7 novembre), scénarisé par Michel Marc Bouchard et réalisé par Léa Pool.

MichelMarc,tuassurtoutécritdeshistoiresquisedéroulentauQuébec,mêmesiplusieurs desenjeuxquetuabordessontuniversels.D’oùvienttondésird’écriresurdesréfugiés homosexuels?

MICHEL MARC BOUCHARD : J’ai rencontré plusieurs hommes et femmes vivant cette situation, que ce soit grâce au festival de films LGBTQ+ afro Massimadi ou lors de festivals de théâtre à travers la francophonie, où j’ai croisé des Africains homosexuels qui partageaient leurs souffrances. Ce sont des gens en exil dans leur propre pays. Ce sujet-là m’est resté en tête. Je voulais témoigner de leurs douleurs tout en racontant une histoire d’amour complexe, pleine de zones d’ombre.

Léa,quelleaététaréactionàlalectureduscénario?

LÉA POOL : J’avais d’abord été approchée pour être script-éditrice — donc collaborer à la scénarisation, surtout pour la dimension cinématographique — puisque Michel Marc avait écrit surtout du théâtre. Quand j’ai lu le scénario, j’ai été immédiatement emballée. ÀLa première version était déjà très touchante. J’étais bouleversée par cette histoire. J’ai aimé la solidarité entre les trois personnages, qui finissent, après un long cheminement, par se dévoiler et risquer beaucoup pour sauver l’un des leurs.

Qu’est-cequit’apousséeàréaliserlefilm?

LÉA POOL : Je me suis demandé si j’étais la bonne personne pour le faire, parce que c’est un grand défi de réalisation — autant sur le plan dramaturgique que par la complexité du scénario. C’est un projet d’envergure. Je n’aurais pas pu le tourner au début de ma carrière, mais aujourd’hui, j’ai l’expérience nécessaire pour l’assumer pleinement.

Qu’avez-vousfaitpourbienreprésentervospersonnagesissusd’unecultureétrangère?

MICHEL MARC BOUCHARD : En plus des témoignages que j’avais reçus, j’ai discuté avec des conseillers en immigration pour mieux comprendre les réalités administratives et humaines. Ce n’est pas un documentaire, mais une fiction. Et je revendique encore le droit d’écrire « l’Autre ». Cela dit, notre équipe comptait des personnes marocaines et iraniennes. Lors des lectures préliminaires, certaines précisions culturelles nous ont été signalées et on a ajusté des détails, tout en gardant la trajectoire amoureuse au centre du film.

LÉA POOL : Pendant la préparation et le tournage, les comédiens ont apporté énormément de nuances. Pas tant sur le fond, qui était clair pour eux, mais sur la façon dont certaines choses se vivent vraiment dans leurs pays : par exemple la manière dont on se fait arrêter en Iran, la pendaison, le mariage forcé pour cacher son orientation sexuelle… Grâce à eux, on a pu s’appuyer sur une authenticité vécue.

MICHEL MARC BOUCHARD : Oui, et il faut parler aussi de la pudeur de Reza face à son homosexualité. Quand il doit exposer son intimité en public pour prouver son orientation sexuelle, ça lui est insupportable, ça fait partie de sa culture d’être pudique à ce sujet. Même s’il avait été hétéro, il n’aurait pas voulu en parler. C’était important de respecter cette pudeur-là.

Enquoilefilmest-ilenrichiparvosregardsdescénaristeetderéalisatricequicomprennent, del’intérieur,cequec’estdenepasêtrehétéroetdevivreenmarge?

MICHEL MARC BOUCHARD : Je ne sais pas trop comment répondre à ça. Je me considère comme faisant partie de la majorité de la société. Je ne sais plus si je comprends davantage certaines choses simplement parce que je suis gai. Honnêtement, je ne sais plus...

LÉA POOL : J’ai été hétéro durant la première partie de ma vie. Quand j’ai découvert la part homosexuelle de mon identité, j’ai ressenti une sorte de timidité à l’idée de m’identifier, d’adopter les codes de la communauté lesbienne. Même aujourd’hui, je ne peux pas dire que je suis totalement à l’aise. C’est une culture en soi. Alors, ça me permet de comprendre que les codes des personnages, les miens et ceux de Michel Marc sont différents, et qu’il faut naviguer là-dedans avec respect et bienveillance.

MICHEL MARC BOUCHARD : Je m’identifie plus facilement à Laurent et à sa modernité. C’est un homme qui ne se cache pas et qui vit librement dans sa société. Je ne peux pas m’identifier au parcours de Reza et Saad : je me considère davantage comme un témoin. C’est le propre de tout créateur d’être sensible à ce que vivent les autres.

SaadetRezasontenmodesurvie,maispasdelamêmefaçon.Enquoidiffèrent-ils?

MICHEL MARC BOUCHARD : Reza fait face à un avis d’expulsion : il doit se cacher, vivre reclus. Saad, lui, a une certaine liberté de mouvement, car il n’est pas identifiable par les autorités. Il se donne une mission quasi héroïque, qui sera ébranlée par ses sentiments pour Laurent.

LÉA POOL : Ils n’ont effectivement pas le même parcours. Reza a vu son amoureux se faire assassiner en Iran. Il a quitté sa famille dans la honte et ne sait pas ce qui l’attend. Saad, lui, aurait pu rester au Maroc : il n’était pas menacé de mort, mais il ne pouvait pas vivre la vie qui l’intéressait. Il a donc fait un choix personnel d’exil. Et comme il parle français, son intégration au Québec est plus aisée.

Qu’est-cequiaorientévoschoixd’acteurspourincarnerReza,SaadetLaurent?

LÉA POOL : Pour Reza, on a eu la chance extraordinaire de trouver Aaron Archer. En auditions, deux jeunes acteurs iraniens pouvaient correspondre physiquement au rôle, mais Aaron

était le seul à parler le farsi. Et il est formidable. Il vit à Montréal, mais ses parents sont toujours en Iran, ce qui rendait le rôle encore plus risqué pour lui.

MICHEL MARC BOUCHARD : En fait, la majorité des acteurs potentiels avaient décliné l’audition pour des raisons religieuses. Pour Saad, nous connaissions déjà  Mehdi Meskar, qu’on avait vu dans la série Le Monstre. Aux auditions, il a été impeccable.

LÉA POOL : Quant au personnage de Laurent, je rêvais de tourner avec  Alexandre Landry, que j’admire depuis plusieurs années. Il incarne Laurent avec une sensibilité désarmante.

Était-ceuneévidencepourvousdemontrerlapendaisond’homosexuelsenIrandèsle débutdufilm?

MICHEL MARC BOUCHARD : Absolument. Il fallait montrer ce dont on parle : la mort. Ce n’est pas une menace symbolique, c’est une réalité. Il y a eu plus de 1000 exécutions en Iran l’an dernier, pour des raisons politiques, religieuses ou liées à l’orientation sexuelle. Il fallait ancrer le film dans cette vérité brutale.

À travers leurs parcours, on assiste à deux itinéraires de migration clandestine qui s’entrecroisentjusqu’auCanada.Celaimpliquedesscènestournéesàl’étranger.Comment avez-vousréussiàtoutréaliserentermesdebudgetetdelogistique?

LÉA POOL : On a tourné au Maroc, dans des lieux très variés, mais on a dû retrancher certaines scènes pour obtenir le droit d’y filmer, à cause de la censure. On a aussi tourné quinze jours au Luxembourg, puisque le tiers du financement venait de là. Le budget total était de six millions de dollars.

J’ai fait des choix stratégiques pour que tout soit réalisable. Avec Élise de Blois, la directrice artistique, on a effectué énormément de recherches pour créer un univers crédible dans nos contraintes. Je me suis battue pour faire venir des acteurs iraniens de Montréal au Maroc, malgré les coûts supplémentaires. Tout cela était extrêmement complexe, mais nécessaire pour la vérité du film.6 SAMUEL LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

INFOS | ON SERA HEUREUX sera présenté en ouverture du Festival Cinémania avant de sortir en salles au Québec.

Une présentation spéciale du film aura également lieu durant le festival international de films LGBTQueer, image et nation, suivie d'une discussion avec la réalisatrice et l'auteur. Plus de détails sur https://image-nation.org/festival-2025

Pleins feux sur la programmation de la 38e édition d’image+nation

Si de belles initiatives sont au menu de cette 38e édition d’image+nation, Kat Setzer, à la direction de la programmation, ne cache pas son excitation à l’aube du 40e anniversaire du plus vieux festival de cinéma queer actif au Canada. Du 20 au 30 novembre, on promet dix jours de célébrations uniques d’images de nous-mêmes au cinéma, avec une programmation riche et diversifiée. De plus, une sélection de films sera disponible en ligne du 1er au 7 décembre.

« Si nous devons conserver notre énergie pour les 40 ans du festival et faire les choses en grand — car nous avons déjà commencé la planification —, la 38e édition s’annonce déjà impressionnante », souligne celle qui célèbre cette année ses 25 ans de carrière au sein du festival.

Mode hybride : en salles, puis en ligne

« Parce que je sais que c’est assez rare maintenant, nous restons un festival hybride, cette année encore », annonce d’entrée de jeu Kat.

Les films seront donc présentés exclusivement en salles du 20 au 30 novembre, puis, à l’issue du festival en présentiel, une édition virtuelle prolongera l’expérience de quelques jours. Ce format permet non seulement à un public régional ou à des cinéphiles qui ne peuvent se déplacer de visionner les films dans le confort de leur salon, mais aussi aux spectateurs les plus assidus de découvrir des œuvres qu’ils n’ont pas eu le temps de voir, ou de revoir les lauréats des prix du jury et du public.

La série I+N CONNEXE

Une nouveauté cette année : la Soirée étudiante du 21 novembre, consacrée à des courts métrages réalisés dans le cadre d’études collégiales et universitaires. « J’ai visionné leurs films, et leur travail est vraiment impressionnant. Ils ont fait un gros travail de sensibilisation, sans compter que c’est axé sur les productions québécoises », souligne Kat. Une occasion unique pour le public de découvrir la nouvelle vague du cinéma québécois, et pour les jeunes cinéastes de voir leurs créations sur grand écran — et de réseauter!

Cette activité pour la relève s’inscrit dans la série  I+N CONNEXE, qui regroupe diverses activités « en conversation » avec les cinéastes d’IN38, à l’Espace ONF (Office national du film du Canada), un lieu idéal pour les projections et les discussions. Dans cet esprit, l’initiative StoryLab sera également de retour. « Notre projet de mentorat en scénarisation propose un groupe de réflexion sur la création queer contemporaine, tout en fournissant un espace pour apprendre, grandir et encourager la prise de parole, afin d’aider les créateurs et créatrices à raconter leurs histoires queer », explique Kat.

Du long au court : une programmation diversifiée

Le film d’ouverture sera Blood Lines, une œuvre indigiqueer de la réalisatrice métisse Gail Maurice (en entrevue dans cette édition du magazine). Le film raconte l’histoire d’une mère et de sa fille métisse qui tentent de surmonter un passé trouble, alors que leur monde bascule lorsqu’une mystérieuse jeune femme fait irruption dans leur vie. Une romance homosexuelle métisse portée par l’actrice Dana Solomon, une véritable révélation.

Kat Setzer

Ce second long métrage de la réalisatrice originaire de la Saskatchewan marque sa deuxième présence marquante à image+nation, après Rosie (2022), qui avait ouvert la 35e édition. Cette année, une large place est accordée au cinéma autochtone indigiqueer, précise Kat : « C’est l’un des axes que nous voulions mettre de l’avant cette année, et nous avons quatre longs métrages  indigiqueer bispirituels : trois fictions et un documentaire, tous en provenance du Canada. »

Mentionnons At the Place of Ghosts, réalisé par Bretten Hannam (de la communauté mi’kmaq de Nouvelle-Écosse), dont le film  Wildhood  avait ouvert le festival en 2021; la comédie dramatique musicale Starwalker, du réalisateur Corey Payette  (Colombie-Britannique); et le documentaire Rising Through the Fray de Courtney Montour, qui suit Indigenous Rising, la première équipe de roller derby à représenter plusieurs nations autochtones à la Coupe du monde. Petite surprise : « Nous avons invité plusieurs membres de l’équipe de roller derby pour rendre l’événement encore plus festif », confie Kat.

D’autres heureuses surprises

Le plus récent film de  Léa Pool,  On sera heureux, sera présenté à IN38, accompagné d’une discussion avec la réalisatrice et le dramaturge  Michel Marc Bouchard, scénariste du film. L’acteur Mehdi Meskar y incarne Saad, un homosexuel marocain réfugié au Canada.

Parmi les coups de cœur de Kat, mentionnons Jimpa de Sophie Hyde, un film du RoyaumeUni porté par les superbes performances d’Olivia Colman et John Lithgow dans une histoire intergénérationnelle poignante. « L’histoire tourne autour d’Olivia Colman et de John Lithgow, qui joue un homosexuel flamboyant, grand-père de l’enfant d’Olivia, qui vient de faire son coming out en tant que personne non binaire. C’est une approche très rafraîchissante du partage intergénérationnel », résume Kat.

Autres suggestions : le film américain Plainclothes de Carmen Emmi, et le film espagnol Maspalomas, d’Aitor Arregi et Jose Mari Goenaga, « important, à mon avis, parce qu’il met en scène un homme gai de 80 ans et aborde ce qui se passe lorsqu’un problème médical vous conduit en maison de retraite ».

Kat recommande aussi le film américain  Outerlands d’Elena Oxman, sur la non-binarité, ainsi que le film britannique The History of Sound d’Oliver Hermanus. Côté documentaire, « nous projetons Same Inside Insanity – The Phenomenon of Rocky Horror d’Andreas Zerr, qui célèbre le 50e anniversaire du Rocky Horror Picture Show, ainsi que le classique Forbidden Love – The Unashamed Stories of Lesbian Lives (1992) de Lynne Fernie et Aerlyn Weissman, en collaboration avec l’ONF. »

Mentionnons également la projection spéciale soulignant le 50e anniversaire du GIV (Groupe Intervention Vidéo).

Si le film d’ouverture  Blood Lines sera présenté au Théâtre Outremont, la majorité des projections se tiendront à l’Université Concordia (Cinéma De Sève et Hall H110) et à la Salle Alanis Obomsawin de l’ONF. La projection des courts métrages Queerment Québec sera aussi de retour cette année, au Centre PHI, pour souligner son 25e anniversaire! Enfin, Kat Setzer souligne elle-même une étape importante : ses 25 ans à la programmation d’image+nation. « Le cinéma queer est tendance, et regardez tout ce qui a changé en termes de visibilité et de représentation au cours des 25 dernières années, du moins depuis que je suis là, dit-elle. C’est incroyable! Les images, comme les représentations, demeurent puissantes. La représentation, c’est du pouvoir. C’est un acte politique. C’est ainsi que nous affirmons notre présence : nous sommes là, et nous sommes queer! Et voir la jeune génération créer des images avec une telle liberté, c’est magnifique! » 6

JULIE VAILLANCOURT julievaillancourt@outlook.com

INFOS | Programmation complète d’image+nation Festival film LGBT2SQueer, visitez : https://image-nation.org

L’ÉMERGENCE DU VILLAGE

Parmi les courts métrages présentés à Image+nation, notons la projection de 3 des 7 courts métrages réalisés dans le cadre de l’exposition qui se déroule aux Archives Gaies du Québec d’ici le 20 décembre. On y voit les entrevues avec Denis B. Lapointe (La militance gaie à Montréal 1976-1984), Gilbert Higgis (La rafle du Truxx) et Gregory Rowe (Face au VIH – la résilience 1983-1990) qu’a réalisé l’auteur et journaliste François Bellemare, commissaire de l’exposition.6

LA POÉSIE BRUTALE DU DÉSIR CLANDESTIN DANS PLAINCLOTHES

Avec  Plainclothes, son premier long métrage, Carmen Emmi déterre un chapitre de l’histoire queer américaine et transforme la persécution d’État en une méditation troublante sur l’amour, la loyauté et les calculs cruels de la survie.

Quarante minutes après le début du film, une scène concentre toute la puissance de cette œuvre discrète et ravageuse : Lucas, jeune policier en civil incarné par Tom Blyth, croise son reflet dans le miroir d’une toilette publique. Sous la lumière vacillante, son visage passe de l’ombre à l’éclat cru : le chasseur découvre la proie, et l’homme de loi contemple sa propre faute. En un battement de cœur, Plainclothes bascule de la chronique sociale au drame existentiel.

L’action se déroule à Syracuse, dans l’État de New York, au milieu des années 1990, à l’époque où l’écart entre morale publique et désirs privés atteignait un sommet toxique. Issu de la classe ouvrière, Lucas participe à des opérations d’infiltration visant à piéger des hommes gais dans les lieux publics. Ce qui aurait pu n’être qu’un récit de scandale se transforme, sous l’œil d’Emmi, en réflexion sur la peur collective de la masculinité et de la différence.

La tension culmine lorsque Lucas s’attache à Andrew, interprété par Russell Tovey avec une tendresse blessée. Marié, tapi dans le placard, Andrew incarne la vulnérabilité d’un animal traqué. Tovey livre une performance d’une humanité bouleversante : chaque regard, chaque geste hésitant révèle la tragédie d’une existence sous surveillance. Le scénario d’Emmi refuse la simplification morale. Lucas n’est pas seulement un policier refoulé : c’est un jeune homme qui a trouvé dans l’uniforme une stabilité et une virilité valorisées. Sa mission l’oblige à réprimer chez les autres les désirs qu’il commence à reconnaître en lui. Emmi en fait l’autopsie lucide d’un système qui pousse ses victimes à devenir les agents de leur propre oppression.

Tom Blyth livre une composition d’une précision rare : chaque rire nerveux, chaque main tremblante en allumant une cigarette exprime la lutte entre la peur et le désir. Son jeu, tout en retenue, donne au film sa tension permanente. La mise en scène rejette l’esthétique soignée des reconstitutions historiques. La caméra, souvent intrusive, épouse le regard d’un surveillant : elle traque les gestes furtifs, les échanges de regards, les silences lourds de menace. Parcs, toilettes et ruelles deviennent des espaces à double tranchant, lieux d’érotisme et de danger. La surveillance y prend une dimension psychologique : vivre caché, c’est apprendre à se surveiller soi-même.

Ce qui distingue Plainclothes de bien d’autres drames LGBTQ+, c’est sa compréhension aiguë des rapports de pouvoir. L’homophobie n’y est pas simple haine, mais mécanisme institutionnel : elle modèle les corps, les lois, les consciences. En plaçant Lucas à la fois du côté de l’oppression et de la vulnérabilité, Emmi met à nu une société qui se nourrit de ses propres contradictions.

Le titre, Plainclothes — « en civil » — résume cette ambiguïté. Chacun porte un déguisement : le policier, l’homme marié, l’amant. L’uniforme, même invisible, agit comme une armure et une prison. Sortir du placard, ici, ne signifie pas seulement révéler son orientation, mais défaire tout un système de façades et d’attentes sociales.

Entre Blyth et Tovey, la chimie est électrique, mais leur lien repose moins sur la passion que sur la reconnaissance : chacun voit en l’autre le reflet de sa propre fracture. Dans ces moments volés,  Plainclothes atteint sa dimension la plus poignante — celle d’un film sur le courage de désirer, même quand le monde entier nous observe.6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

A CULINARY UPRISING: THE STORY OF BLOODROOT

Dans les années 1970 et 1980, on comptait plus de 230 restaurants, cafés et maisons de café féministes à travers les États-Unis et le Canada. Situé à Bridgeport, au Connecticut, Bloodroot est aujourd’hui le plus ancien et le plus durable de ces espaces, en activité continue depuis plus de 46 ans. A Culinary Uprising: The Story of Bloodroot est un documentaire qui explore ce restaurant et librairie féministe, queer et végane, tout en mettant en lumière l’héritage de ses fondatrices visionnaires, Selma Miriam et Noel Furie. Le film retrace l’histoire de Bloodroot, sa place dans le paysage de la pensée féministe américaine, ainsi que l’influence qu’il a exercée sur la communauté locale. En suivant les fondatrices du restaurant — ainsi que son équipe et sa clientèle — le documentaire révèle pourquoi Bloodroot était bien plus qu’un simple lieu où l'on mange, mais un espace, en constante évolution, où l’activisme, la créativité et la convivialité se rejoignent, faisant de la cuisine un véritable catalyseur de conscience et de communauté.6

CHANTAL CYR redaction@fugues.com

AMANTES

Pour son film Amantes, Caroline Fournier explore la romance lesbienne sur le mode de la comédie dramatique douce-amère. La première scène du film donne le ton, alors que Ruby introduit son balado Tout le monde veut dire je t’aime. Si cette dernière narre en voix hors champ les premiers instants du film, elle en introduit également la prémisse. Tous les protagonistes cherchent la même chose : dire ou se faire dire « je t’aime », à travers des situations parfois comiques et légères et parfois plus dramatiques. Se voir valider leur amour dans leur relation du moment. À commencer par Nour, auteure-compositrice-interprète magrébine qui, malgré son charisme et ses nombreuses conquêtes passées, ne cherche qu’à

MASPALOMAS

Après le grand succès dans les festivals de leurs films précédents (comme Marco, ou encore The Endless Trench et Loreak), les réalisateurs Jose Mari Goenaga et Aitor Arregi reviennent avec leur nouveau film,  Maspalomas, une histoire intime qui plonge dans le sujet de l’homosexualité chez les aînés à travers le voyage d’un homme de 76 ans confronté à des peurs et des dilemmes qui traversent les générations. Septuagénaire, Vincente a quitté sa femme et sa fille à l’âge de 50 ans. Il a passé les 25 dernières années à vivre heureux avec son partenaire, Esteban à Maspalomas, mais leur relation vient de prendre fin, et Vicente entend bien profiter de sa liberté nouvelle et du climat chaleureux des plages en effervescence de Maspalomas pour faire des rencontres aussi brûlantes qu’éphémères. Un nouveau départ en somme ! Hélas, tout se renverse lors d’un AVC qui le plonge dans le coma, et le laisse hémiplégique. Nous le retrouverons alors trois mois plus tard, accompagné de sa fille, lors de son placement dans une maison de retraite médicalisée, à Donostia, autrement connue sous le nom de San Sebastian. Dans ce décor grisâtre qui contraste avec la lumière chaude de la séquence précédente, notre pauvre grand-père décide de taire son orientation sexuelle. C’est ainsi que, presque sans s’en rendre compte, il revient là où tout a commencé, il retourne au placard, renonçant à tout ce pour quoi il a tant travaillé, reniant ce qu’il a traversé… Situé dans la ville emblématique et les plages de Maspalomas, sur la belle île de Grande Canarie, le film explore de manière réfléchie des thèmes universels tels que la famille, l’identité et la sexualité dans une vie avancée, avec une honnêteté, une profondeur et une sensibilité extraordinaires !6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

obtenir l’amour de Camille. Mentionnons également le trouple formé de Laura, Rebecca et Ophélie. Les trois femmes qui tentent de maintenir un équilibre en explorant la notion d’engagement, d’abord en visitant la mère de Laura, qui ne tarit pas de préjugés sur les lesbiennes, ce qui génère à la fois des scènes cocasses et malaisantes. Les trois femmes explorent aussi le projet d’avoir un enfant, après que Laura a exprimé son désir de maternité. Enfin, le couple qui semble à priori plus stable, formé de Ruby, qui se targue de ses 50 000 écoutes balados, et de la psychologue Gabrielle, finira dans une négation de leurs désirs réciproques. Pour ce film choral 100 % lesbien, Caroline Fournier explore ici le monde lesbien parisien avec sensibilité, comédie et légèreté, démontrant que ce petit monde n’est qu’un microcosme lesbien semblable à d’autres. Sans devenir le cercle vicieux d’Alice dans The L Word, le monde lesbien de Paris ne se révèle finalement pas si différent de celui de Los Angeles ou de Montréal, soulignant ainsi le caractère universel et réconfortant du film. 6

JULIE VAILLANCOURT julievaillancourt@outlook.com

Confidences sur Blood Lines

En 2022, la cinéaste métisse originaire de la Saskatchewan, Gail Maurice, présentait son premier long métrage Rosie, en ouverture d’image+nation. Cette année, elle récidive avec son deuxième film,  BloodLines. Rencontre avec une artiste qui promet de vous toucher droit au cœur avec un film à la fois profondément queer et métis.

Le scénario du film est admirablement construit et se conclut sur un dénouement surprenant.Laromancelesbienneyapparaîtd’abordentoiledefond,entrelarelation mère-filleetlaquêteidentitairedeChani,avantdereveniraupremierplanaumoment dudévoilement.Commentcettehistoirea-t-elleprisforme?

GAIL MAURICE : Il y a beaucoup de moi dans ce film, que je porte en tête depuis vingt ans! Je tournais à Regina et je suis entrée dans un bar lesbien. Il y avait là plusieurs magnifiques femmes autochtones. Je me suis demandé : « Que se passerait-il si j’en ramenais une à la maison et que je découvrais sa véritable identité? » Deux de mes frères et sœurs ont été enlevés à ma mère à la naissance, sans qu’elle ait son mot à dire.

Donc, oui, il y a beaucoup de mon histoire personnelle là-dedans. Je suis autochtone et queer, et ça n’a jamais été un problème pour moi. Je voulais donc écrire des personnages auxquels je pouvais m’identifier. Je suis retournée dans mon village pour faire passer des auditions, car il ne reste que cinq villages où l’on parle le dialecte michif du Nord.

Lefilmestempreintdevosidentitésmétisseetqueer,presquecommeunelettred’amour àvotreculture—qu’onretrouvedanslesdialogues,lanourriture(bannock,mooseleg), lescoutumes(dansetraditionnelle)etledialecte.Avez-vousrencontrédesdéfisàproposer unevisionauthentiquedevotrecommunauté?

GAIL MAURICE : Il n’y a jamais eu de long métrage canadien mettant de l’avant la culture, l’identité et la langue métisse. Encore aujourd’hui, je peux dire dans la rue que je suis Métisse, et les gens ne savent pas ce que ça veut dire. Je voulais raconter une histoire qui montre qui nous sommes, que nous existons et que nous sommes différents. Nous ne sommes pas des Premières Nations ni des Inuits. Nous avons notre propre culture, unique. Beaucoup pensent que nous vivons dans des réserves, mais non : nous habitons dans des villages métis. Et notre danse traditionnelle, c’est le jigging, pas les pow-wow.

Etmêmevotremèrejouedanslefilm!

GAIL MAURICE : J’ai toujours su que je voulais l’engager. Elle joue Josephine. C’était merveilleux de travailler chaque jour en entendant ma langue. Je suis partie à Toronto à 17 ans et personne n’y parle le michif. Être sur le plateau avec ma mère, Margaret Maurice, ainsi que Mary Burnouf et Bertha Durocher — nos « grand-mères » — pendant six semaines, c’était incroyable.

Êtrepionnière,c’estfardeauouunefierté?

GAIL MAURICE : J’espère que ça inspirera d’autres Métis à ne pas craindre de mettre de l’avant notre culture! Je ne devais pas jouer Léonore au départ. Deux semaines avant le tournage, j’ai décidé de le faire, car il fallait quelqu’un qui parle la langue pour communiquer avec les grand-mères. Je parle couramment le michif du Nord parce que ma grand-mère m’a élevée. Nous ne sommes qu’environ 1 130 locuteurs au monde.

Ladirectionphotoestmagnifique,parfoiséthérée.Lefilms’éclaireaufildurécit,àmesure queBéatriceetChaniembrassentleursidentitésqueeretmétisse.Était-ceintentionnel?

GAIL MAURICE : Tout à fait. J’ai dit à Steve Cosens, mon directeur photo, que le paysage devait être aussi important que les personnages. D’où les plans larges des champs, les maisons dans les bois. Quand je rentre chez moi, je marche sur la terre de mes ancêtres — je les sens résonner dans mes os, dans mon sang. Je voulais rendre cela à l’écran. Plus les personnages se reconnectent, plus la lumière devient vive. À l’inverse, les scènes d’hôpital sont sombres, aux teintes bleuâtres et désaturées.

Lascèned’amourprèsdel’eauestd’unegrandebeauté.Elleévoquepresqueunepeinture deRenoir.Commentavez-vousconçucetteséquence?

GAIL MAURICE : Je voulais qu’elle soit sensuelle, pas explicite. L’eau qui coule, les herbes qui se balancent, tout devait évoquer la douceur du toucher. L’eau, c’est aussi la purification, la renaissance. Nous avons tourné au coucher du soleil, avec un coordinateur d’intimité — une première pour moi.

Commentcetteexpériences’est-ellepassée?

GAIL MAURICE : On doit tout discuter à l’avance. Ça m’a rendue plus consciente des limites et du confort de chacun. Même sur un plateau fermé, il peut y avoir du malaise. En tant

ENTREVUE AVEC GAIL MAURICE
Gail Maurice

qu’actrice, je n’ai jamais eu de coordinateur d’intimité, même lors d’une scène de viol. À l’époque, on s’était simplement parlé, avec respect. Aujourd’hui, cette démarche protège tout le monde.

Lejeuestd’unegrandejustesse.DanaSolomon(Béatrice)estremarquable, etvousjouezsamère.Quelleestvotreapprochedeladirectiond’acteurs?

GAIL MAURICE : J’ai suivi quelques cours à mes débuts, mais comme femme autochtone, je ne m’y reconnaissais pas. On me demandait d’effacer mon accent, et pour moi, c’était trahir ma grand-mère. Jouer, c’est habiter un autre corps, mais perdre ma voix, c’était impensable.

Pour  Blood Lines, je voulais des femmes qui parlent ma langue. Ce n’est pas le cas de Dana Solomon — elle a dû apprendre ses répliques dans une langue qu’elle ne connaissait pas! Ce n’était pas facile.

Vousavezscénarisé,réalisé,produitetjouédansBloodLines.Unefaçon d’assurervotrecontrôlecréatif?

GAIL MAURICE : Absolument. Quand j’ai signé avec les distributeurs d’Elevation, j’ai tenu à conserver le contrôle créatif du début à la fin. Cette histoire, je la porte depuis vingt ans! À l’origine, je devais jouer Béatrice, mais avec le temps, je suis devenue la mère. Je dis toujours aux gens : ne lâchez jamais.

Quand je joue, je me plonge complètement dans le rôle. Avant, j’en parle avec mon directeur photo et mes producteurs. Une fois devant la caméra, je me laisse aller. Si quelque chose ne fonctionne pas, on ajuste et on recommence.

DansRosie,vousaviezécritlerôledeFredpourvotreconjointe,Mélanie Bray(JazdansBloodLines).

GAIL MAURICE : Mélanie a été directrice de casting sur les deux films, et elle a même été nommée pour un Canadian Screen Award. Dans Blood Lines, aucune des grand-mères n’avait jamais joué auparavant. Mélanie les a aidées à répéter, à comprendre le tournage. Elles ont fait un travail extraordinaire, d’une authenticité rare. Quand elles se sont vues à l’écran, elles pleuraient d’émotion. C’est pour elles que je raconte ces histoires — pour célébrer ces femmes.

EtaprèsBloodLines?

GAIL MAURICE : Mon prochain film s’intitulera Eat Dirt. Ce sera probablement un récit dystopique, avec des héroïnes queer qui se battent contre l’homme ou le gouvernement. J’aime raconter des histoires aux thèmes lourds, mais avec humour — comme le groupe de grand-mères dans  Blood Lines. Le rire, c’est mon cri de guerre. Même face à l’adversité, il faut savoir rire, parce que le rire libère.6

JULIE VAILLANCOURT julievaillancourt@outlook.com

INFOS | Blood Line sera présenté au Théâtre Outremont, le 20 novembre 2025, en ouverture du festival image+nation

ENZO ENTRE DÉSIR ET APPARTENANCE

Présenté à la Quinzaine des cinéastes à Cannes,  Enzo  n’est pas qu’un film sur l’adolescence et le désir : c’est aussi un geste de transmission. D’abord imaginé par Laurent Cantet, le réalisateur d’Entre les murs, le projet a été repris et mené à terme par Robin Campillo (120 battements par minute), son ami de longue date. Ensemble, malgré la disparition de Cantet en 2024, ils signent un film d’une grande justesse, tout en tension retenue, sur la quête de soi et les premiers émois d’un garçon de seize ans qui cherche sa place entre le confort familial et la rudesse du monde.

Enzo, interprété avec une sincérité désarmante par  Théo Navarro-Mussy, a tout d’un fils de bonne famille : études prometteuses, parents aimants, avenir tracé. Mais quelque chose en lui résiste. À la surprise de tous, il abandonne ses études pour devenir apprenti maçon. Sur le chantier, il découvre la fatigue, la camaraderie virile, la fierté du travail manuel — et surtout Vlad, un ouvrier ukrainien incarné par Oleksandr Mavrits.

Entre eux, la relation s’installe dans le non-dit : regards insistants, gestes suspendus, curiosité réciproque. Rien n’est nommé, tout se devine. Campillo y filme une forme d’éveil, non pas sexuel au sens strict, mais existentiel — celui d’un jeune homme qui s’ouvre au monde, à la sensualité, à lui-même. Fidèle à son cinéma de la suggestion, Campillo filme l’intimité avec retenue. Pas de scène explicite, pas de choc ni de provocation : le queer s’incarne ici dans les silences, la gestuelle, les frôlements. « Je voulais un éveil sans sexualisation, quelque chose de sensoriel plutôt que charnel », confiait le cinéaste à  Screen Daily. Cette approche délicate place  Enzo dans la lignée d’un cinéma queer de la discrétion, proche de Céline Sciamma ou Luca Guadagnino, où la tension du désir importe plus que sa résolution.

Mais le film ne se limite pas à l’éveil amoureux. Il s’inscrit dans une réflexion sociale et politique. Enzo découvre un univers ouvrier qu’il ne connaissait qu’à travers les discours. Le contraste entre sa maison familiale, claire et aseptisée, et le chantier, brut et organique, symbolise la traversée entre deux mondes. En parallèle, Vlad incarne l’exil et la guerre, un ailleurs où tout brûle. Tandis qu’Enzo fuit un milieu trop étroit, Vlad rêve de retourner se battre pour son pays : deux formes d’errance, deux manières de chercher un sens à sa vie.

À la maison, les parents d’Enzo (formidables Nathalie Richard et Denis Podalydès) expriment un amour tendre mais contrôlant. Campillo filme cette emprise feutrée avec une ambiguïté subtile : sans pathos, mais avec un trouble latent, entre symbolique et charnel. Au-delà du récit,  Enzo  porte la charge d’un film posthume. Cantet en avait conçu la structure et les personnages avant sa mort ; Campillo a repris le flambeau « dans un esprit de fidélité ». Ce passage de relais est palpable :  Enzo devient un  dialogue entre deux cinéastes qui ont toujours filmé la jeunesse, le collectif et la tension entre désir et appartenance.

Sous la lumière du sud, dans la poussière des chantiers, Enzo est un portrait d’adolescence vibrant de douceur et de gravité. Le film ne cherche ni à convaincre ni à dénoncer, i observe, avec pudeur et tendresse, ce moment fragile où l’on apprend à se construire hors des cadres — là où chaque silence résonne comme un battement de cœur.6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

DES PREUVES D’AMOUR

Le film avec une statique importante : 331 votes pour le mariage des couples de même sexe en France versus 225 votes contre. Si le mariage pour tous est bel et bien entériné depuis 2013, les résultats serrés sont exemplaires de la polarisation du débat (de 136 heures en assemblée) sur la question. Si ce second long-métrage d’Alice Douard débute à Paris, au printemps 2014, il démontre bien, au fil du déroulement de l’histoire, la difficulté pour un couple de lesbiennes d’avoir un enfant. Si Nadia (campée ici par l’actrice et réalisatrice québécoise Monia Chokri), la plus âgée du couple, est celle qui porte l’enfant, elles ont eu recours à un donneur d’une banque au Danemark (car IVF/PMA non autorisées en France). Céline (Ella Rumpf) doit, pour sa part, « adopter » formellement l’enfant que Nadia mettra au monde. Une scène dans les débuts du film montre l’avocate expliquant à Céline la procédure à suivre, qui n’est pas simple puisqu’elle doit obtenir 15 témoignages écrits de ses proches afin de démontrer au juge qu’elle sera apte à s’occuper de l’enfant, dans « l’intérêt » de ce dernier. Ces témoignages doivent être variés, c’est-à-dire provenir de plusieurs membres de sa famille et de ses proches, et pas uniquement de ses « amies lesbiennes », souligne l’avocate. Cette prémisse de début de film sera l’occasion de « visiter » avec les deux femmes leurs ami.e.s et familles, souvent hétéros, avec les préjugés qui s’ensuivent sur la lesboparentalité. Ce sera aussi l’occasion, pour Céline, de renouer avec sa mère, Marguerite Orgen, une pianiste émérite, et, pour Nadia, de confronter une fois de plus sa famille à leur lesbophobie latente. Si la direction photo est plutôt conventionnelle, quoiqu’adaptée au propos, notons l’utilisation inventive d’un montage split screen (écran divisé en deux), lors des scènes dans le métro. C’est d’ailleurs un élément intéressant du film de Douard ; les personnages empruntent les transports en commun, se déplacent dans Paris, ce qui nous permet de sentir le pouls de la ville. Le tout, au rythme de l’exploration sensible des aléas et de la beauté de la lesboparentalité. 6 JULIE VAILLANCOURT julievaillancourt@outlook.com

OUTERLANDS

Le film Outerlands, premier long métrage de la réalisatrice et scénariste américaine Elena Oxman, est une réflexion douce et surprenante sur la « famille choisie » quand on est queer et pauvre en Amérique.  Outerlands sera présenté en première québécoise au festival de films 2SLGBTQ+ de Montréal, image+nation qui aura lieu entre le 20 et le 30 novembre. « À un certain niveau, nous sommes tous en train de faire notre coming of age, notre passage à l’âge adulte, même quand on est déjà adulte », raconte la réalisatrice à Collider, un média spécialisé dans l’industrie du divertissement. C’est ce passage à l’âge adulte que vit Cass Marks (Asia Kate Dillon, aussi un·e des coréalisateur·ices du film), un serveur, gardien d’enfants et petit vendeur de drogue non binaire dans la trentaine, lorsqu’iel accepte de garder Ari (Ridley Asha Bateman), la fille de sa nouvelle amie Kalli (Louisa Krause), le temps d’un voyage. Des semaines plus tard, quand son amie disparaît dans la nature, celleux qui s’autodécrit comme Peter Pan se retrouve malgré lui dans le rôle de parent. Cass, Kalli, Ari et les autres personnages du film évoluent dans un milieu précaire où, comme beaucoup, iels ont adopté la méfiance, l’hyperautonomie et le repli sur soi comme stratégies de survie.

ROCK OUT

Avec Rock Out, le cinéaste et militant Dustin Lance Black – oscarisé pour Milk et créateur de la minisérie When We Rise– propose un documentaire qui conjugue mémoire personnelle et histoire collective. Dans la lignée de ses projets précédents, il relie son parcours familial à une réflexion sur la visibilité LGBTQ+ dans la culture populaire. Le point de départ du film est la vie de Marcus, le frère de Black, décédé d’un cancer en 2012. Longtemps resté dans le placard, Marcus évoluait dans la scène punk et heavy metal, des milieux où il croyait « n’avoir aucune place ». Cette tension entre identité queer et codes virilistes sert de fil conducteur au récit. À travers des entrevues et des archives, Black revisite la contribution souvent effacée des artistes LGBTQ+ à l’histoire du rock, de ses origines dans les années 1950 à l’essor du punk. Le film met notamment en lumière Brian Epstein, le légendaire gérant des Beatles, ainsi que  Robert Stigwood  et  Billy Gaff, producteurs influents dont les fêtes étaient décrites comme « les meilleurs bars gais du monde ». Ces figures, souvent contraintes de cacher leur orientation sous peine de poursuites ou d’exclusion, ont pourtant façonné le visage du rock britannique. Black interroge aussi des témoins comme Simon Napier-Bell (gérant de Wham! et Marc Bolan), Roger Daltrey (The Who),  Arthur Brown, ou encore  John Reid, ancien gérant d’Elton John et de Queen. Ce dernier souligne le coût professionnel qu’ont payé plusieurs artistes pour avoir osé s’afficher comme gais. Si Rock Out se concentre sur les décennies 1950 à 1980, le film évoque également les héritiers contemporains comme  Lil Nas X  ou Troye Sivan, symboles d’une nouvelle liberté d’expression queer dans la musique populaire. Le film séduit par son érudition et la richesse de ses témoignages. Entre confidences, analyses culturelles et extraits musicaux, Rock Outrappelle combien les artistes LGBTQ+ ont nourri l’imaginaire du rock — tout en soulignant que la conquête de la visibilité demeure un combat toujours actuel. 6 YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

Iels découvrent la famille choisie et l’importance de la confiance dans un dénouement riche en développements inattendus. Le film est rythmé et efficace, racontant une histoire dense et émouvante en 101 minutes, avec une esthétique épurée qui rappelle le documentaire avec des personnages sincères, sans artifices ni la moindre mièvrerie. « J’ai l’impression que lorsque nous faisons des films, nous aspirons à rendre hommage à la richesse et à la profondeur de la vie, et je ne pense pas que nous y parvenions jamais. C’est très difficile, mais en tant qu’écrivaine, j’essaie toujours de rester proche de la réalité et d’éviter les clichés et les idées toutes faites. Je m’en tiens à mon expérience ou à celle de mes connaissances, et je m’y tiens fidèlement. Et je pense que tout coule des sources à partir de là », confie la scénariste. 6 R. PRATKA irenepratka1@gmail.com

DU 20 AU 30 NOVEMBRE POUR VOUS PROCURER DES

BRETTEN HANNAM PRÉSENTE UN NOUVEAU FILM, QUATRE ANS APRÈS WILDHOOD

Après le succès de Wildhood, Bretten Hannam revient avec Sk+te’ kmujue’katik(AtthePlaceofGhosts), film qui sera présenté au festival image+nation. L’artiste bispirituel.le est d’ailleurs « très content.e » de pouvoir présenter le film « proche de la maison », iel qui vient du village de Bear River, proche de la communauté mi’kmaq du même nom. Ce film, qui flirte avec le thriller, raconte l’histoire de deux frères séparés durant l’âge adulte qui se retrouvent à devoir (presque littéralement) affronter leurs démons. Entrevue.

Quelleestlagenèsedecefilm?

BRETTEN HANNAM : C'est une longue histoire, je vais essayer de faire ça court! Il m'a fallu environ 10 ans pour réaliser ce film. Au début, j'avais surtout des idées pour certaines scènes. Il y a une scène dans le film qui se déroule dans un verger envahi par la végétation. C'est en quelque sorte la première scène qui m'est venue à l'esprit. Je pense que c'était vers 2014. Et puis j'ai continué à y penser, à travailler dessus, à imaginer différentes scènes et différents personnages, ou à avoir des idées totalement différentes. J'ai construit le projet comme ça, puis j'ai discuté, partagé ces idées avec différents partenaires, comme en communauté. Et j'ai écrit, écrit, réécrit, réécrit, réécrit, encore et encore.

D’oùas-tutirétoninspiration?

BRETTEN HANNAM : De trop d'endroits! Certains d'entre eux sont simplement issus de la réalité historique, de l'histoire de la Nouvelle-Écosse, qui remonte à avant le colonialisme. Dans ce film, il y a un véritable voyage à travers le temps, la mémoire et l'histoire, donc c'est une source d'inspiration, surtout que nous traversons un processus de décolonisation. Je trouve cela très inspirant. Il y a beaucoup d'histoires captivantes et intrigantes qui ne reçoivent pas vraiment l'attention et l'amour qu'elles méritent. Autrement, sur le plan cinématographique, il y a certainement des films et des cinéastes qui m'inspirent, en particulier les films qui traitent des liens avec la terre. Et je pense que cela transparaît clairement dans le film. J'ai aussi tendance à être attiré.e par le cinéma queer, évidemment.

Sens-tuquelesfilmsdegenreautochtonessontdeplusenplusprésentsaucinéma?

BRETTEN HANNAM : Je ne sais pas si ça s'applique seulement aux films de genre, mais je pense certainement que le cinéma autochtone est devenu plus présent et plus répandu au cours des 10-12 dernières années. Je dirais que ce n'est pas que ces histoires et ces voix sont nouvelles ou viennent d'apparaître, mais plutôt qu'un espace leur a été accordé. Les gens

prêtent attention aux voix autochtones, aux histoires autochtones, et réalisent qu'elles sont différentes. Elles sont uniques, l'expérience culturelle qu'elles représentent est unique à chaque nation. Chaque nation a des histoires différentes et des façons différentes de les raconter. Et donc, les opportunités se multiplient. [Au TIFF], je me souviens que, avant, il y avait seulement un ou deux films autochtones, et je me disais : « D'accord, je vais les voir. » Et maintenant, je n'ai pas le temps de voir tous ces beaux films!

JeremyDutcheraco-composélabandeoriginaledufilm.Comments’estdéroulécettecollaboration?

BRETTEN HANNAM : Jeremy n'a pas composé la musique de Wildhood, mais nous avons utilisé une de ses chansons dans la toute dernière scène du film. La musique de Jeremy est tellement bonne. J'étais fan. Je suis fan depuis toujours. Un de nos producteurs connaît Jeremy. C'est donc grâce à lui que j'ai rencontré Jeremy, et quand ce projet s'est présenté, je me suis dit que c'était le bon. Jeremy est extrêmement occupé, toujours très occupé. Devin, qui travaille avec lui, et lui ont donc trouvé le temps de travailler sur la bande originale. C'était une collaboration très différente, mais très naturelle. Pendant que nous travaillions sur la conception sonore, ils composaient et nous envoyaient leurs morceaux, que nous intégrions ensuite. J'étais en Belgique. Ils envoyaient les morceaux depuis Montréal. Nous leur faisions part de nos remarques et en discutions un peu. Et tout cela s'est vraiment imprégné dans l'esprit de l'histoire.

Envuedelaprésentationdufilmaufestivalimage+nation,as-tudescommentairesà partager?

BRETTEN HANNAM : Je réalise des films depuis un certain temps déjà, et je regarde des films queer, des films LGBTQ depuis un certain temps. J'ai vu passer de zéro à plusieurs films sur les personnes bispirituelles, ce qui est très touchant et encourageant. Mais je trouve intéressant de discuter de ce qu'est une histoire queer. Ce film est étrange. Je dirais qu'il est à la fois un film queer et qu'il ne l'est pas. Il l'est d'une certaine manière dans les personnages et le cœur des événements, mais il aborde des thèmes beaucoup plus larges. Je pense qu'un public queer percevra des choses que les autres ne percevront pas. Je me souviens qu'il y a longtemps, tous les films queer que je regardais – pas tous, mais beaucoup d'entre eux – parlaient du coming out, et ils étaient pour la plupart assez tristes. Il y a beaucoup de choses dans [mon] film. Il peut être un peu lourd, mais j'espère avoir fait suffisamment pour qu'il ne se termine pas de manière déprimante. Qu'il y ait un peu d'espoir et de guérison à la fin.6

PHILIPPE GRANGER pg.philippegranger@gmail.com

Bretten Hannam

Rivalité brûlante

une histoire d’amour sur glace

Le Festival image+nation marque un grand coup cette année! Le 23 novembre, il présente en première mondiale le premier épisode de Rivalitébrûlante(HeatedRivalry). Signée Jacob Tierney et financée par le Fonds des médias du Canada, la série débarque sur Crave le 28 novembre. Entre passion et compétition, Hudson Williams et Connor Storrie incarnent deux joueurs de hockey étoiles pris dans une romance enflammée. Rencontre avec Jacob et ses vedettes de la patinoire.

On ne sait jamais quand une bonne idée peut tomber du ciel. Pour Jacob Tierney, c’est arrivé sur le plateau de tournage de la version anglophone des Traîtres, dont il est producteur exécutif. En lisant les nouvelles sur son cellulaire, il est tombé sur un article portant sur l’industrie de la romance, en une du Washington Post. Il venait de trouver le projet de ses rêves. .

« C’était un titre du genre L’industrie de la romance rapporte un milliard par année, pourquoi personne ne la prend au sérieux?, se souvient le réalisateur et acteur montréalais. Le deuxième paragraphe parlait de Rivalité brûlante. J’ai appelé mon producteur associé Brendan Brady et je lui ai dit : "Je sais que ça va sonner un peu fou, mais on va acheter les droits de ce livre de hockey, parce que si quelqu’un d’autre le fait, je crois que je vais perdre la tête." »

Écrit en 2019 par l’autrice canadienne Rachel Reid, Rivalité brûlante fait partie de la série de romances sportives gaies Game Changers . Pour beaucoup, c’est une référence en la matière. On y suit la relation amoureuse sulfureuse et très clandestine entre un prodige du hockey canadien et son rival russe. Quand on regarde le parcours de Jacob Tierney, on comprend pourquoi il était la personne idéale pour signer cette adaptation en six épisodes.

D’abord parce qu’il est queee, mais aussi qu’il comprend très bien la culture macho du hockey puisqu’il a coécrit, réalisé, produit et joué dans Letterkenny, une fiction ancrée dans une petite ville du nord de l’Ontario, où le hockey est roi. Cette série a ensuite inspiré Shoresy, le salaud du hockey, qu’il a aussi réalisée et produite, en plus d’y incarner un commentateur sportif.

À 46 ans, Jacob Tierney est prêt à raconter une histoire qui va gagner les cœurs et faire bouger les choses.

« Je crois que ce que les gens attendent d’une romance, c’est de l’intimité et de la joie. Selon moi, c’est ce que le public queer va retrouver dans cette série, et c’est tellement rare. »

Évoquant le cliché qui veut que les personnages de fiction gais connaissent souvent un destin tragique, il poursuit : « Personne ne va se suicider. Personne ne va mourir du sida. On parle de deux jeunes hommes attirants qui couchent ensemble et qui tombent en amour, et les gens queers ont beaucoup d’appétit pour ça. »

Les deux capitaines

Bien conscient que les mordus du livre seraient implacables sur le choix des acteurs principaux, Tierney a jeté son dévolu sur le Britanno-Colombien Hudson Williams, natif de Kamloops, et sur le Texan Connor Storrie, qu’on a pu voir dans Joker : Folie à deux. La distribution comprend aussi les Québécois François Arnaud et Sophie Nélisse.

Jacob Tierney

Hudson Williams campe ici son premier rôle d’envergure, celui du hockeyeur canadien Shane Hollander. Pour le comédien de 24 ans, le défi était de canaliser la nature angoissée de son personnage.

« Je dirais qu’il est comme une belle fleur névrosée, confie-t-il depuis Vancouver, où il habite. Il est introverti, anxieux socialement et un peu décalé par rapport aux autres aspects de sa vie en dehors hockey, parce qu’il en a fait une obsession pendant si longtemps. » Âgé de 25 ans, son vis-à-vis Connor Storrie entre quant à lui dans la peau de l’arrogant, sexy et réservé joueur russe Ilya Rozanov.

« Il ya va taire ce qu’il pense et ce qu’il ressent jusqu’à sa mort, explique l’acteur joint à Los Angeles. Si tu l’excites, il ne te le fera pas savoir. Si tu ne l’intéresses pas, il ne te le fera pas savoir. C’est l’Europe de l’Est, froid comme la pierre. Mais ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur, ce sont deux choses différentes. En réalité, il aime plus fort que n’importe qui. Il porte en lui une belle dichotomie que Shane a envie de découvrir. »

En signant le contrat, une difficulté particulière attendait l’acteur, et ce n’est pas enfiler des patins : apprendre la langue des Malkin, Markov et Fedorov.

« Le casting s’est mis en place très vite, poursuit-il. J’ai eu seulement deux semaines de coaching linguistique avant de commencer, et il y a beaucoup de dialogues en russe. Comme je ne parle pas russe, ça m’a demandé beaucoup de travail. »

Flamme sur glace

Pour que ce type de projet fonctionne, le talent ne suffit pas. Il faut que la chimie opère. Le public ne veut pas d’un autre Challengers, où l’homoérotisme est plus suggéré que concrètement exploré. Le réalisateur Jacob Tierney assure que la passion entre les deux hockeyeurs crève l’écran.

« Leur chimie est tellement bonne, instantanée, insiste Jacob Tierney. Ils s’adorent. Ils étaient tellement heureux de faire ça et ils ont tous les deux compris le mandat. C’est beaucoup demander à un jeune acteur. Jouer est déjà assez difficile, mais si on ajoute à ça la nudité, l’intimité, ça fait beaucoup. Ils se sont tellement soutenus entre eux. Je crois que l’affection qu’ils ont l’un pour l’autre se voit à chaque instant. »

Connor Storrie abonde dans le même sens : « Je me sens très privilégié parce que des scènes de sexe et d’intimité, ça part de l’humain, ça ne se fabrique pas. Comme acteurs, on le fait tout le temps, mais c’est bien quand, tous les deux, on est naturellement confortables l’un avec l’autre. On se concentre sur ce qu’on a à faire plutôt que de se demander "Oh, es-tu d’accord avec ça? Est-ce que je suis correct avec ça?". Hudson était tellement ouvert, vocal, expressif et enthousiaste, c’était génial. »

De son côté, Hudson Williams estime que Rivalité brûlante s’inscrit dans l’air du temps et peut même devenir un classique de la cinématographie gaie.

« Je vois un parallèle avec Souvenirs de Brokeback Mountain, campé dans un monde hypermasculin de cowboys, mais avec une romance très tendre. Le hockey est un sport où la culture de la masculinité peut être bonne, mais aussi très mauvaise. Nous ajoutons une romance passionnée au milieu de ça. »

Il poursuit : « Il y a quelque chose de pur dans notre histoire amour, une liberté qui ne s’apparente pas à une tragédie. C’est comme une célébration de voir ces deux personnes s’aimer autant, dans un environnement problématique où ils se demandent comment les autres vont réagir. Mais pour chacun des deux, c’est une utopie. » 6

INFOS | Le premier épisode de Rivalité brûlante (Heated Rivalry sera présenté en première mondiale, le 23 novembre dans le cadre de la 38e édition d’image+nation, avant d’être diffusé sur CRAVE à partir du 28 novembre. Pour plus de détails sur la projection et vous procurer des billets, visiter le https://image-nation.org

JIMPA

Jimpa  est une œuvre profondément personnelle de la réalisatrice australienne  Sophie Hyde , qui puise dans son histoire familiale pour interroger les liens, l’identité et les héritages queer. Le film met en scène Hannah (Olivia Colman), cinéaste australienne, qui entreprend avec sa fille non binaire adolescent.e, Frances (Aud Mason-Hyde), un voyage à Amsterdam pour retrouver le père de Hannah — le charismatique Jimpa (John Lithgow), en quête d’un lieu d’authenticité queer, souhaite rester vivre avec Jimpa pour une période prolongée, forçant Hannah à revisiter les tensions, les non-dits et les blessures du passé.

Ce récit multi-générationnel explore combien les combats, les aspirations et les langages de l’identité queer évoluent avec le temps. Jimpa incarne une époque de luttes (notamment face au VIH/sida, à la stigmatisation, à l’activisme), tandis que Frances vit dans un contexte plus ouvert, mais non dénué de conflits intérieurs.  La relation entre Frances et Jimpa devient le lieu d’une confrontation douce entre générations — moments de tendresse, de désaccords sur les pronoms ou l’étiquetage (Jimpa refuse de reconnaître la bisexualité, ou malmène parfois les pronoms de Frances).  Ces divergences révèlent que les définitions de soi — queer, non binaire, bisexuel/le — ne sont pas figées, et qu’elles peuvent être source de conflits même au sein d’une famille aimante.

Sophie Hyde choisit de ne pas faire de Jimpa un film axé sur le drame extrême, mais plutôt sur l’émotion contenue, les gestes, les silences et l’amour imparfait.  Selon certaines critiques, ce choix offre de la finesse — mais expose parfois le film à un manque de densité dramatique, dans sa deuxième partie.

Jimpa est une méditation douce et mesurée sur ce que signifie vivre au sein d’un continuum queer : hériter d’un passé de combats, dialoguer avec les générations, mais aussi laisser place à la transformation. Pour ceux qui cherchent des récits queer nuancés, sensibles et intimes, Jimpa  se présente comme une œuvre à la fois lumineuse et fragile.6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

festival image+nation 38

STREETS OF GLÓRIA

Avec  Streets of Glória (Ruas da Glória, 2024), Felipe Sholl s’aventure dans les méandres de l’identité, du désir et de la perte, en suivant Gabriel, un jeune anthropologue gai qui, de l’observation, passe à l’immersion — parfois destructrice.

Gabriel (Caio Macedo), issu d’une famille aisée du Nordeste brésilien, arrive à Rio de Janeiro après la mort de sa grand-mère. Refusant de ravaler sa peine sous une façade studieuse, il s’installe pour étudier les conditions de vie des travailleurs du sexe. Le cœur de son enquête le conduit au bar Glória, lieu à la fois de sociabilité queer et de marges, où il rencontre Mônica (Diva Menner) — la tenancière charismatique — et Adriano (Alejandro Claveaux), jeune escorte avec lequel naît une attirance brusque et magnétique.

Le récit bascule quand Adriano disparaît mystérieusement. Gabriel, dévoré par l’obsession, se retrouve entraîné dans les ruelles de la nuit carioca et choisit un chemin radical : devenir lui-même escorte. Le film ne relâche pas son emprise : la quête de l’absent, la confusion entre objet d’étude et sujet incarné, la frontière poreuse entre curiosité, passion et autodérision.

Ce qui frappe dans Streets of Glória, c’est la manière dont Sholl filme le désir comme un moteur tragique — un vertige d’âme plus qu’un jeu de séduction. Le désir ne ramène pas seulement à une autre personne, mais à soi-même, aux zones sombres qu’on refuse de nommer. Le film refuse les grands gestes : il préfère la trace, la respiration tendue, la violence douce qui survient dans l’émotion contenue.

Le film n’est pas un simple thriller psychologique queer, le parle aussi de communauté, de solidarité, de corps partagés. Le Glória n’est pas qu’un décor : il est creuset, refuge et lieu d’échos. À travers les personnages secondaires — Mônica, Laila, Roger — s’esquisse un univers qui soutient Gabriel, même quand il glisse vers l’autodestruction. Felipe Sholl offre une géographie sensible de Rio, entre lumières crues et ombres urbaines, où les avenues deviennent voies intérieures. Streets of Glória s’impose comme une œuvre protéiforme : enquête, drame psychologique, récit d’émancipation tragique.

Ce film nous rappelle que l’amour n’est souvent pas simple, et que l’obsession peut parfois précéder la compréhension. Sholl questionne ce que l’on est prêt à donner, à perdre, pour espérer trouver une vérité — ou en tuer une autre. Une œuvre qui dérange, qui retient, qui hante.6

LOGAN CARTIER cartierlogan@gmail.com

THE HISTORY OF SOUND

Avec The History of Sound, le cinéaste sud-africain Oliver Hermanus signe un film d’une élégance rare, où la musique, la mémoire et le silence se fondent en un même langage. Adapté d’une nouvelle de Ben Shattuck, le long métrage — porté par Paul Mescal et Josh O’Connor — explore l’amour, la perte et le passage du temps à travers la rencontre de deux jeunes hommes à la fin de la Première Guerre mondiale. Au cœur du film, un motif : celui du son comme mémoire. Lionel et David sillonnent la campagne américaine pour enregistrer des chansons folkloriques sur des cylindres de cire, espérant préserver les voix d’un monde sur le point de disparaître. Ce geste d’archiviste devient une métaphore de la captation du vivant, de l’émotion et du souvenir. Oliver Hermanus, avec ce film, a créé une expérience sensorielle, un cinéma qui se goûte, se respire, se ressent. Le spectateur entend non seulement les voix, mais aussi les silences : ces interstices où l’intime se loge, où la mémoire s’accroche. Dans une scène bouleversante, Lionel réécoute la voix de David gravée sur un cylindre ; le son tremblé devient alors un fantôme d’amour, un écho du passé. La musique, ici, n’explose pas : elle palpite à l’intérieur, discrète, enfouie. Cette esthétique contenue s’étend aussi à la représentation de l’intimité queer. Hermanus choisit la suggestion plutôt que l’exposition, privilégiant les gestes, les regards, la pudeur. Dans The History of Sound, le désir est une onde : il circule entre deux hommes sans jamais se figer dans la chair. Le film déploie ainsi une poétique de la retenue, où la sensualité naît de ce qui n’est pas dit, de ce qui se retient avant de se déclarer. La Première Guerre mondiale traverse le récit comme une ombre. Hermanus n’en montre pas les batailles, mais les cicatrices invisibles qu’elle laisse : l’attente, le vide, le deuil. David disparaît au front, laissant Lionel seul avec ses souvenirs. La structure du film, non linéaire, alterne passé et présent : le Lionel âgé, incarné par Chris Cooper, écoute ses propres enregistrements comme on feuillette une vie. Cette construction temporelle — faite d’échos et de réminiscences — transforme  The History of Sound en une méditation sur le temps et la perte. Le film n’avance pas, il revient : sur les traces d’un amour qu’on n’a jamais cessé d’entendre. Derrière la délicatesse formelle, Hermanus aborde aussi les fractures sociales et raciales. Une scène marquante montre Lionel et David enregistrant une famille noire menacée par des voisins blancs. David s’indigne, Lionel détourne le regard. Cette tension révèle leurs différences de classe, d’engagement, de conscience — un rappel que même dans l’intime, le monde extérieur fait irruption. Entre mélancolie et douceur, The History of Sound est moins un drame historique qu’une symphonie des silences. Oliver Hermanus y orchestre la fragilité du souvenir, la beauté des gestes retenus, la persistance de ce qu’on ne peut pas dire. Un film chuchoté, vibrant d’amour, de musique et de mémoire — une ode au son des émotions humaines. 6

YVES LAFONTAINE yveslafontaine@fugues.com

INFOS | History of Sound sera présenté lors du Festival image+nation et diffusé dès le 1er novembre sur la plateforme MUBI https://mubi.com

«It’sjustajumptotheleft…» Cinquante ans après la sortie de la version cinéma,  The Rocky Horror Show  a enfin droit à son documentaire.  SaneInsideInsanity–ThePhenomenonofRockyHorror retrace l’itinéraire de cette œuvre culte, de son succès théâtral initial jusqu’à son statut de phénomène mondial indestructible.

Pour la plupart des amateurs de culture alternative,  Rocky Horror fut une expérience fondatrice. Que ce soit sur scène ou à l’écran, ce spectacle marque souvent une étape vers un rapport plus adulte et libre à l’art. Musical flamboyant et outrageusement camp, il allie énergie débridée et libération joyeuse. Andreas Zerr capte parfaitement cette effervescence en racontant l’histoire et l’impact de l’œuvre de Richard O’Brien. Rencontre avec Andreas Zerr réalisateur du documentaire Sane Inside Insanity qui revient sur le phénomème du Rocky Horror.

Commentceprojeta-t-ilcommencéetcombiendetempsa-t-ilnécessité? ANDREAS ZERR : Le documentaire s’est étalé sur près de 11 ans. Nous avons commencé en 2014 avec nos premières entrevues, puis tourné jusqu’en 2022 à New York. La postproduction a pris encore presque deux ans. Ce fut un projet parallèle, sans financement de studio ni plateforme; nous l’avons entièrement autofinancé, en le réalisant entre deux mandats rémunérés. Cette lenteur nous a finalement servi : elle nous a permis d’aller plus en profondeur, de nouer des liens et de convaincre des témoins rares, comme Harriet Cruickshank (jamais apparue à l’écran avant), Paddy O’Hagan (le tout premier Eddie) ou encore le chef opérateur Peter Suschitzky.

Vousn’étiezpasungrandfanaudépart…

ANDREAS ZERR : Exact. Adolescent, j’avais vu le film deux ou trois fois, puis je l’ai oublié pendant trente ans. Un jour, une chanson a passé à la radio et je me suis demandé : « Que sont devenues les personnes derrière ce film? » On connaît le parcours brillant de Tim Curry ou Susan Sarandon, mais Richard O’Brien, Nell Campbell ou Patricia Quinn avaient disparu de la scène internationale, bien qu’ayant tous mené de belles carrières locales. Au départ, je pensais faire un film de 30 à 45 minutes. Mais dès notre première entrevue avec Sue Blaine, la costumière, un univers immense s’est ouvert devant nous.

Commentavez-vousstructuréunrécitaussiriche?

ANDREAS ZERR : Par ordre chronologique, tout simplement. Le sujet est trop complexe pour faire autrement. Nous avons aussi refusé d’avoir un narrateur : je ne voulais pas donner mon avis, mais laisser les autres s’exprimer. Rocky Horror a son côté lumineux, mais aussi des

SANE INSIDE INSANITY, THE PHENOMENON OF ROCKY HORROR

zones d’ombre; certains adorent les nouvelles versions, d’autres les détestent. Ce n’était pas à moi de trancher. Le film devait être un regard objectif, pas une hagiographie.

Avez-vousdûécarterdespansentiers?

ANDREAS ZERR : Oui, notamment toute la production australienne, pourtant très populaire. Mais suivre toutes les branches aurait rendu le récit indigeste.

VotreperceptiondeRockyHorrora-t-ellechangéaufildutournage?

ANDREAS ZERR : Complètement. Je ne mesurais pas l’ampleur de la communauté mondiale qui perpétue encore aujourd’hui le rituel des projections et des  shadow casts. Nous avons rencontré des performeurs qui rejouent  Rocky Horror  chaque week-end depuis 30 ou 40 ans! Cela m’a bouleversé. Ces personnes nous ont ouvert leur cœur, parlant de leurs angoisses, de leurs difficultés à se faire des amis avant de rejoindre cette communauté. C’est un refuge inclusif, où se croisent des gens vivant avec de l’anxiété sociale, des handicaps, des blessures profondes. Je suis fier du film, mais l’expérience humaine de ces onze années – les rencontres, la générosité, la passion – restera encore plus marquante. Faire ce documentaire fut presque aussi réjouissant que de voir Rocky Horror célébré à l’écran. 6

LOGAN CARTIER cartierlogan@gmail.com

DU 20 AU 30 NOVEMBRE POUR VOUS PROCURER DES BILLETS HTTPS://IMAGE-NATION.ORG/FESTIVAL-2025

Quoi faire musique

JOSEPH HAYDN À

L’HONNEUR

Concert Voix d’Espoir 2025

Depuis plus d’un quart de siècle, le concert Voixd’Espoir/VoicesofHope de la Maison du Parc conjugue musique classique et solidarité. L’an dernier, le public avait été transporté par deux œuvres majeures de Johannes Brahms — Schicksalslied(Chantdudestin) et Nänie —, inspirées de la poésie allemande et de la mythologie grecque. C’est réellement une tradition musicale au service d’une cause essentielle. Cette année, c’est Joseph Haydn qui sera à l’honneur, avec sa MissainAngustiis(Messepourdestemps difficiles), en ré mineur.

Le 16 novembre prochain, cette œuvre phare du répertoire sacré sera interprétée par  l’Association des musiciennes et musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal, accompagnée du chœur de l’église St. Andrew and St. Paul.

Une messe pour les temps que nous vivons Cette 26e édition proposera également Ni de l’Est, ni de l’Ouest, une pièce contemporaine signée  William Kraushaar, interprétée a cappella par le chœur de l’église. Une œuvre toute en douceur, célébrant la paix, l’unité et la réconciliation. La Missa in Angustiis — littéralement messe en des temps de détresse — est aussi connue sous le nom de Nelson Mass , en référence à l’amiral Horatio Nelson. Composée en 1798, elle se distingue par sa tonalité sombre et dramatique, reflet des bouleversements politiques de l’époque.

Elle est l’une des quatorze messes de Haydn (1732-1809). Son lien avec Nelson vient de la célèbre bataille d’Aboukir, en Égypte, opposant Napoléon à la flotte britannique. Nelson remporta la victoire, mais au prix de lourdes pertes. L’Europe entière retenait son souffle.

« Nous pensions que ces deux pièces reflétaient ce que nous vivons en ce moment », explique Julia Mobbs, coordonnatrice à la collecte de fonds de la Maison du Parc.

« Bien sûr, on a fait des progrès sur le VIH : les traitements ont transformé la maladie. Mais on oublie qu’elle demeure grave et qu’elle cause encore de nombreuses souffrances. Cette œuvre évoque aussi les crises et les guerres qui marquent notre époque. » Le contraste entre la puissance dramatique de Haydn et la délicatesse spirituelle de Kraushaar donnera lieu à une soirée musicale d’émotions contrastées, dirigée par la maestra Léa Moisan-Perrier.

« Ensemble, ces œuvres composent un voyage musical qui témoigne de la lutte, de la

persévérance et de l’espoir — en écho aux réalités vécues par les personnes touchées par le VIH/sida. Malgré les épreuves, elles nous rappellent que l’unité, la compassion et la solidarité perdurent », ajoute Julia Mobbs.

Des solistes d’exception

Pour cette édition 2025, la distribution vocale promet de vibrer haut et fort :  Stephanie Manias, soprano, pilier de la scène baroque montréalaise, séduit par la clarté de sa voix et sa précision stylistique;  Maddie Studt, mezzo-soprano formée à Harvard, se distingue par la chaleur de son timbre et une étonnante maturité musicale; Patricia Yates, ténor et artiste trans basée à Montréal, brille par la souplesse et la sensibilité de son interprétation; Emanuel Lebel, baryton actif ici et à l’étranger, impressionne par la rondeur de sa voix et la profondeur de son expressivité. Sous la direction inspirée de  Léa Moisan-Perrier, ces artistes uniront leurs voix pour une soirée à la fois majestueuse et profondément humaine.

Un concert qui sauve des vies

Au-delà de la musique,  Voix d’Espoir / Voices of Hope demeure l’un des principaux événements-bénéfice de la Maison du Parc, fondée en 1991. L’organisme offre hébergement, soins et soutien à des personnes vivant avec le VIH/sida en situation de grande précarité. « Comme l’an passé, nous espérons atteindre la somme de 75 000 $, souligne Julia Mobbs. Notre rêve serait d’atteindre 100 000 $. Mais il devient de plus en plus difficile de mobiliser les donateurs. Les causes se multiplient et la fatigue philanthropique se fait sentir. » Heureusement, la première partie de la campagne, le  Cabaret Oh! La La!, tenu en juillet dernier au Cabaret Mado, a été un véritable feu d’artifice. Les drags de la House of Manny  Manny Tuazon, Miami Minx et Ruby Doll  —, animées par  Tracy Trash  et Pastik Patrick, ont livré des performances électrisantes. « L’énergie était magnifique ! Entre les drags, les performances et le public, c’était une soirée inoubliable », se réjouit Julia Mobbs.

Le commanditaire principal de cette édition est Raymond James Ltée. Parmi les autres partenaires :  SAQ, ViiV Healthcare, Power Corporation, Morgan Stanley et  IA Groupe Financier. Grâce à eux, la musique devient outil d’espoir, de mémoire et de solidarité.6 ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

INFOS | Date : Samedi 16 novembre 2025 à Église St. Andrew & St. Paul, 3415, rue Redpath, Montréal. Ouverture des portes : 19 h. Concert : 19 h 30. Cocktail VIP : 21 h. Billets : https://www.maisonduparc.org

Quoi faire musique

La chanteuse Sarah Vanderzon trouve son chemin

Originaire de Saint-Bruno-de-Montarville, la chanteuse Sarah Vanderzon offre une musique mélangeant country,americana et folk, qui semble encore assez inusitée dans la culture populaire québécoise. Le mois dernier, l’artiste, que l’on a pu voir en août au festival LASSO, a lancé son premier microalbum, FortuneTeller.

D’oùvientletitredetonalbum(ettachanson)FortuneTeller?

SARAH VANDERZON : Moi, je ne suis vraiment pas sûre de rien dans ma vie. Je suis quelqu’un qui hésite tout le temps. Je regarde tout le temps pour des signes partout dans tout. Ma conjointe, quand je l’ai rencontrée, je le savais que, elle, c’était pour la vie. Je me suis dit : « Oh mon dieu, ça, c’est la personne pour moi. » Je l’ai senti dans mon cœur. Donc, la raison pourquoi c’est le titre du projet, c’est juste [pour souligner] que la vie nous amène dans de drôles de directions, mais à un moment tu vas te rendre sur le chemin sur lequel t’es supposé être.

Onpeutjustementvoirdanstonstyleettamusiquequelaspiritualitéestquelquechose quit’intéresse.Commentcelas’est-ildéveloppé?

SARAH VANDERZON : Dans ma vingtaine je suis allée voir des personnes qui lisent des cartes de tarot. Je suis allée une couple de fois, en mode : « J’ai frappé un mur, qu’est-ce que je fais ? » J’ai rencontré du beau monde qui me raconte des affaires sur ma vie, que j’ai trouvé intéressantes. J’essaie de trouver des signes. Pour moi, tout est dans toute. Par exemple, ça faisait je ne sais pas combien de fois que j’ai essayé de participer à des émissions comme La Voix et Star Académie. Ça n’a jamais marché. Et là, en ce moment, tout est en train de marcher super bien pour moi. Donc, je me dis : « OK, ces moments-là, il y avait une raison pour laquelle je n’ai pas été prise ou ça n’a pas marché. » Je crois beaucoup en la vie.

Tunetegênespasdeparlerdetaconjointedansteschansons.Est-cequetuasdéjàeudes craintesparrapportàça?

SARAH VANDERZON : C’est sûr que j’ai toujours un petit stress. Mais c’est des bonnes chansons. Ça fait que si le monde sticke sur le fait que je suis queer, ben je me demande si tu écoutes la chanson. C’est une bonne chanson, tu n’as même pas besoin de savoir si je suis queer ou whatever. Je pense que ça marche pour tout le monde. Donc, je ne suis pas trop trop stressée. Aussi, j’ai encore une très bonne relation avec mes parents et ma famille, donc je vis ma vie, pis that’s it.

TuesunegrandefandelachanteuseSaraBareilles,avecquituasdéjàpartagélascène lorsd’undesesspectacles.Qu’aimes-tudanssamusique?Ya-t-ildeschansonsquetu aimesparticulièrement?

SARAH VANDERZON : Oh, mon Dieu, ça change tout le temps ! C’est sûr qu’il y a ses chansons vraiment tristes et qui viennent te chercher genre « Gravity » et « She Used to Be Mine » La troisième, pas vraiment connue, s’appelle « Poetry by Dead Men » . Juste écouter les paroles, c’est bien dit. Tu fermes les yeux et tu vois vraiment un film. Elle a vraiment bien écrit ça. Elle m’influence beaucoup parce qu’elle a aussi des chansons très cheeky, comme sa chanson « Love Song ». C’était son label qui lui disait : « Hey, on veut que tu écrives une chanson d’amour » et elle était genre : « Non merci… Voici une chanson… » et ils ont dit que c’était parfait. (Rires.)

Tuasunstyletrèsparticulier,quimélangelecountry,l’americanaetlefolk.Penses-tuqu’il yauneouvertureauQuébecetàMontréalpourcesstyles?

SARAH VANDERZON : Je pense que oui. Le country, c’est vraiment le craze. Tout le monde est là-dedans, tout le monde aime ça. Je pense qu’en ce moment, il y a un shift qui se passe avec le country. Pour le folk/americana il y a une petite ressemblance dans les tounes, donc je pense que ça s’en vient à Montréal. Moi, je prends un peu de Leif Vollebekk — il est très underground, il vient de Montréal, il est vraiment americana — et je prends un peu de Noah Kahan — les gens l’aiment beaucoup. J’aime aussi beaucoup Brandi Carlile… Bref, j’essaie juste de m'inspirer de plein de grands artistes et de les mélanger dans mes chansons.

TuasjouépendantquelquesannéesdanslemétrodeMontréal.As-tuunestationpréférée oumémorable?

SARAH VANDERZON : J’essaie de penser… J’ai beaucoup aimé ça, mais en même temps, vu que je venais de la Rive-Sud, je n’avais pas tout le temps les bonnes heures. La place dont je me rappelle le plus, c’est Berri-UQAM. Il y avait plein d’étudiants, je rencontrais d’autres artistes des fois, j’ai essayé d’être là pendant Osheaga et d’autres festivals.

Une fois, j’ai chanté dans le métro à New York illégalement ! Un été, je suis allée voir mon frère qui habitait là parce qu’il y étudiait. Je lui ai dit : « J’ai pas vraiment le droit de faire des spectacles, penses-tu que je peux juste amener ma guit’ dans le métro de New York ? » Il m’a dit : « Tu peux… mais fais attention ! » Je rentre dans le métro. Je joue de la guit’ et un policier vient me voir. Il me demande c’est quoi mon nom. J’ai eu un blanc, je lui ai dit qu’en fait j’avais chaud et que j’allais partir. Puis il m’a dit : « Ouin, tu n’as pas vraiment le droit de chanter ici… Mais fais encore une couple de chansons et après tu peux y aller. » C’était un policier, donc je lui ai dit que j’allais faire deux-trois chansons et que j’allais partir. Je fais mes chansons et là, il revient me voir. J’étais sûre qu’il allait me demander pour mes cartes d’identification et que j’étais faite. Finalement, il vient me voir pour me dire : « Hey, t’as vraiment une belle voix, tu peux continuer si tu veux, hein ! » Finalement, je suis partie, mais c’était très drôle, il était très gentil. 6

PHILIPPE GRANGER pg.philippegranger@gmail.com

INFOS | https://www.sarahvanderzon.ca

Jade LeMac, la chanteuse qui s’amuse sur TikTok

Originaire de la région de Vancouver, la chanteuse Jade LeMac a percé dès la sortie de son premier single, «Constellations» , qui compte plus de 130 millions d’écoutes sur Spotify. Mais la popularité de Jade LeMac ne se fait pas uniquement sentir sur les plateformes d’écoute en continu. Celle qui a passé le mois de septembre à assurer la première partie de Maren Morris a aussi une présence accrue sur TikTok. Son microalbum It'sAlways at Night sortira le 7 novembre prochain et on a pu voir son passage à Osheaga en août dernier.

Comments’estpassétonspectacleàOsheaga?

JADE LEMAC : J’étais tellement excitée. J’adore Montréal. Ça faisait tellement longtemps que je voulais jouer à Osheaga, alors de le faire enfin, c’était génial. Tellement fun ! Le public est toujours incroyable ici. Je vous aime, vous êtes vraiment les meilleurs. J’ai hâte d’y retourner.

TuasdûexpliquerdansunTikTokquetacélèbrechanson«Constellations»estsouvent interprétéedifféremmentdecequetuavaisentête.Veux-tuclarifier?

JADE LEMAC : Si vous écoutez attentivement les paroles, vous remarquerez qu’elles sont assez sensuelles, qu’elles parlent d’intimité et de tout ce qui s’y rapporte, et j’ai l’impression que beaucoup de gens ne s’en sont pas rendu compte. Et honnêtement, ça ne me dérange pas du tout, j’adore quand les gens interprètent les chansons comme ils le souhaitent et à leur manière. Je pense que c’est ça la beauté de la musique. Même si j’avais une certaine intention en l’écrivant, j’ai l’impression que mon état d’esprit à propos de cette chanson a changé au cours des dernières années.

D’ailleurs,vois-tuTikTokcommeunoutildepromotionoulevois-tucommefaisantpartie detonprocessuscréatif?

JADE LEMAC : Je trouve TikTok tellement fun, ça fait partie intégrante de ce que je fais depuis des années maintenant, et c’est un super outil pour la promo, mais aussi juste pour communiquer avec les fans. Et puis, ça permet de faire partie de cette grande famille qu’on a en quelque sorte créée, donc je trouve qu’il y a tellement d’utilisations différentes de cette appli.

Sens-tuquec’estunespacesécuritairepourlespersonnesLGBTQ+?

JADE LEMAC : Au départ, j’ai monté en popularité pour mon appartenance à la communauté LGBT. Au début, je ne faisais pas de musique. C’est comme ça que j’ai attiré mes premiers abonné.e.s. Puis, au fil du temps, j’ai commencé à intégrer ma musique et je me suis toujours sentie très acceptée et écoutée. Et j’ai l’impression que mon public est en grande partie issu de la communauté LGBT, ce qui est tout à fait naturel, car nous sommes tous attiré.e.s les uns vers les autres, parce que nous nous soutenons mutuellement.

Tuasrécemmentsortilachanson«RunningHome».Qu’est-cequit’aincitéeàfairecette chanson?

JADE LEMAC : J’ai toujours été dans des relations et des situations où j’avais besoin d’être rassurée, ou [bien] parfois où l’autre personne avait besoin d’être rassurée. Je pense que c’est quelque chose de courant. J’ai donc écrit une chanson à ce sujet, où je parle à l’autre personne qui a besoin d’être rassurée. Elle n’est pas sûre de vos sentiments à son égard et donc je veux lui dire : « Quoi qu’il arrive, je reviendrai toujours vers toi. Je serai toujours là pour toi. »

Vancouversembleregorgerdebeaucoupd’artistesoriginaux.Es-tud’accord?

JADE LEMAC : C’est drôle, parce que j’ai l’impression que l’industrie musicale à Vancouver est assez petite, mais je trouve qu’il y a tellement de gens talentueux là-bas. Je trouve ça génial. Je pense qu’ils méritent d’être entendus et qu’ils méritent d’être mis en avant. 6

INFOS | https://www.jadelemac.com

Jade LeMac

Quoi faire sur scène

Stéphane Lamontagne

Stéphane Lamontagne, l’homme qui assure l’esthétisme chez de nombreux artistes

Vous ne connaissez peut-être pas le nom de Stéphane Lamontagne, mais vous avez certainement vu son travail à un moment ou à un autre. Directeur artistique et graphiste œuvrant dans l’industrie musicale depuis 20 ans, il est entre autres derrière certaines pochettes d’album d’artistes tels que Ginette Reno, Lara Fabian, France D’Amour, Annie Villeneuve, 2Frères, Paul Daraîche et bien d’autres. Celui qui a réellement lancé sa carrière en 2005 grâce à Mario Pelchat a récemment été récompensé pour son travail visuel pour l’album AllNightLonger de Matt Lang, remportant un Canadian Country Music Awards. Mais son travail ne se résume pas qu’aux pochettes d’album : Stéphane Lamontagne assure également la direction visuelle de l'entièreté des spectacles de Québec Issime ainsi que celui du Défilé du Père Noël de Montréal. Entrevue.

Onteconnaîtsurtoutpourtontravailauprèsdechanteurs.Qu’est-cequit’amenéàtravailler pourlespectacleQuébecIssime?

STÉPHANE LAMONTAGNE : Je viens du Lac-Saint-Jean. Quand j’étais tout jeune, de voir Québec Issime, ça a été comme une première voie à des spectacles semi-professionnels – qui dans ma tête de jeune de 10-12 ans étaient professionnels. C’est vraiment par attachement régional que je travaille avec eux autres. Je trouve tellement que la qualité des spectacles est vraiment top. Ce n’est pas pour rien que ça a été une école pour des chanteurs qu’on connait aujourd’hui, comme les sœurs Villeneuve et Marc-André Fortin. Tout le monde est passé par Québec Issime.

Selontoi,qu’est-cequifaitlemeilleurvisuelpourunepochetted’album?

STÉPHANE LAMONTAGNE : Ce n’est pas de la fausse modestie, c’est vraiment ce que je pense : je ne suis pas le plus créatif. Par contre, j’ai vraiment un souci d’esthétisme. C’est plus fort pour moi que la création. Il faut que ce soit beau. Fais ça simple, mais fait ça beau. Ou fais ça compliqué si tu veux, mais faut que ce soit beau! Il faut savoir surtout à qui ça s’adresse.

Ce que je fais beaucoup, c’est des artistes pop adulte qui s’adressent à un public tellement populaire. Il faut que ça reste accessible, mais faut que ça punch. C’est pas très à gauche, c’est pas du Klô Pelgag.

Dans les dernières décennies, la pochette est passée du physique (avec les CD) au numérique(aveclesplateformesenligne).Commentvis-tucechangement?

STÉPHANE LAMONTAGNE : Les gens s’inquiètent beaucoup de ça, on me pose beaucoup la question. La réponse est toute simple : moi, j’imprime pas de CD dans la vie. Donc, qu’ils en impriment plus, moi, je trouve ça triste pour les gens plus âgés, je trouve ça triste que les gens ne s’attachent plus à l’objet, mais on est dans une société où l’image est tellement plus importante qu’il y a 20 ans. Tu accroches les gens [par l’image] encore plus qu’avant, parce que tu te bats contre la planète. Tu te bats contre les Dua Lipa et Taylor Swift de ce monde. Il faut se permettre [au Québec] de rêver aussi grand qu’eux, ou d’essayer au moins de le faire. Et on est capable!

TuesleseulQuébécoisquial’accréditationdeMusicCanadaafindepouvoirfabriquerdes certifications,commelesfameux«disquesd’or».Commentcelasefait-il,etcommentte sens-tud’êtreleseul?

STÉPHANE LAMONTAGNE : Il y avait un gars qui pendant 20 ans s’occupait des disques d’or [au Québec], et il a arrêté. Évidemment, le réflexe fédéral, c’était de ramener tout ça au Canada anglais. Je n’étais vraiment pas d’accord, parce que je trouvais que ça n’avait aucun sens que les chanteurs québécois reçoivent leur disque d’or avec écrit dessus : « Certified Canadian Platinum ». La personne avant moi avait aussi créé un genre de précédent au niveau du look des cadres. Le Canada anglais, c’était un cadre classique noir avec le disque dans le milieu et la plaque en bas. Ici, on faisait des choses beaucoup plus éclatées, donc moi j’ai continué dans cette voie-là. Et comment je me sens par rapport à ça? Je suis content qu’on ne soit plus dans les années 90! (rires) Il y en a moins [aujourd’hui], donc je réussis à tout faire, il y en a beaucoup moins. Mais c’est le fun de faire ça, parce que les gens –encore plus aujourd’hui – sont tellement fiers d’y arriver. Il y en a tellement plus [de ventes de disques] que quand t’atteint ça, c’est comme un exploit encore plus grand. C’est tout ce

Décembre signé Québec Issime

qu’il reste d’un projet qui a bien marché. L’argent s’en va, le primetime s’en va parce que le projet passe. Tout ce qu’il reste, ce que tu vas regarder sur ton mur, c’est ça.

Enrafale:dequellepochetteonteparleleplus?

STÉPHANE LAMONTAGNE : La pochette de Matt Lang pour son avant-dernier album, More. Je ne sais pas pourquoi : elle est belle, mais j’en ai d’autres des belles! Cette année, on m’a aussi beaucoup parlé du plus récent album de Marie-Élaine Thibert. Ginette [Reno] aussi, mais c’est parce que c’est Ginette!

Quellepochetteaétélapluslongueet/oudifficileàfaire?

STÉPHANE LAMONTAGNE : On dirait que c’est toujours la dernière! (rires) On dirait que je suis un enfant, j’oublie à quel point ça peut être difficile, on dirait que la dernière est toujours la plus difficile. Donc parmi les plus récentes que j’ai fait : l’album à venir [Parce que ce soir] de Marc Dupré et le nouvel album de Mario Pelchat.

Quellepochetteesttapréférée?

STÉPHANE LAMONTAGNE : Elle date, mais je pense qu’une de mes préférées restent la pochette de l’album Mes amours, mes amis de Paul Daraîche, qui est sorti en 2012. Pas tant pour le cover, mais parce qu’à l’intérieur, il y a un collectif de plusieurs artistes. On reçoit les photos des artistes des maisons de disque, et c’est toujours dépareillé. Ce que j’avais fait : j’avais redessiné chacun des artistes au crayon. J’avais passé un temps fou! Je suis encore vraiment content de ça, j’avais réussi à faire quelque chose d’uniforme et bien.

Ya-t-ilun.eartisteavecquiturêveraistravailler?

STÉPHANE LAMONTAGNE : Je vais te décevoir : j’ai fait tout le monde que je voulais. J’avoue que j’aimerais développer d’autres marchés, comme la France et les ÉtatsUnis, mais je n’ai pas d’artiste particulier en tête.

PHILIPPE GRANGER pg.philippegranger@gmail.com

INFOS | QUEBEC ISSIME revient à Montréal pour 19 représentations exclusives du 12 au 30 décembre 2025 à la Salle Pierre-Mercure à Montréal. https://quebecissime.com

MUNDIAL MONTRÉAL 2025 UNE MOSAÏQUE MUSICALE INTERNATIONALE

Du 18 au 22 novembre, le Festival Mundial Montréal célèbre sa 15 édition dans une dizaine de salles à travers la ville. Trente-cinq vitrines officielles mettront en lumière des artistes canadien·nes et international·es parmi les plus prometteurs de la scène mondiale.

Parallèlement aux concerts ouverts au public, plus de 400 professionnel·le·s de l’industrie prendront part au volet PRO, consolidant la réputation de comme événement-boutique incontournable, à la croisée des découvertes artistiques et des rencontres stratégiques. Au total, 22 artistes canadiens et 13 internationaux offriront un panorama vibrant et diversifié des musiques globales.

Mardi 18 novembre au Cabaret Lion d’Or

Pour ouvrir cette 15 Caamaño & Ameixeiras olk autochtone empreint de puissance, avant que fusionnent musique classique, jazz et influences persanes.

Mercredi 19 novembre PM au Robin des Bois

Cet après-midi célèbre la richesse musicale de l’Atlantique canadien : le guzheng de , la folk électro-acoustique de , la pop onirique de Nico Paulo et les sonorités celtiques d’Inn Echo composent un tableau éclectique.

Mercredi 19 novembre au Café Campus

Place à la fête avec Less Toches et sa fiesta latino, Maïa Barouh et son shaman punk japonais, Killabeatmaker et Sutartronica aux rythmes afro-électro, avant le final explosif de Kin’Gongolo Kiniata, entre afropop et punk congolais.

Jeudi 20 novembre PM au Robin des Bois

Voyage entre les cultures : Seffarine marie traditions marocaines et andalouses, NUNNE explore le folk mexicain, Lancelot Knight fusionne soul et narration autochtone, tandis que Barrut charme avec ses polyphonies occitanes.

Jeudi soir 20 novembre au Foufounes électriques

Explosion finale : Las Karamba et Kazdoura mêlent rythmes cubains et arabes psychédéliques, tandis que El León and the Strangers, Boubé (desert blues) et Orkestar Kriminal offrent des grooves déchaînés.

Jeudi soir, 20 novembre au Foufounes électriques Rythmes Nocturnes

Les vitrines tardives célèbrent la rencontre entre musiques globales, pop et électronique. Miss Kaninna, Queralt Lahoz et El Mehdi fusionnent soul et hip-hop, Static River marie poésie ourdou et house, Cruzlomaexplore la bass équatorienne, Pick a Piper enchante par son électro planant, et Moonshine plonge le public dans un voyage afro-futuriste.

Vendredi 21 novembre PM à la Maison de la culture Marie-Uguay

Clôture en beauté avec Farhad Khosravi Ensemble, Ori Shalva, Pako et NAXX BITOTA, entre musiques persanes, géorgiennes, atikamekw et congolaises. 6 CAROLINE LAVIGNE redaction@fugues.com

INFOS | Réservez vos billets sur : https://www.mundialmontreal.com/billetterie

Quoi faire livres

ROSES ET CHAMPAGNE (TOMES 5 ET 6)

Les aventures à Moscou, de Jeong Iwon, un jeune avocat idéaliste coréen, et de César Alexandrovitch Sergueïev, le puissant héritier d’un groupe mafieux, se poursuivent. Jeu de pouvoir et de séduction continuent de se tisser entre les deux hommes, mêlant tension, manipulation et désir. D’abord hésitant, Iwon se laisse peu à peu captiver par le Moscovite, dont la rudesse des méthodes contraste avec son charme magnétique. Pour ne rien arranger, Iwon découvre être le fils de Maikhail, chef d’un clan rival de la mafia. La surprise de retrouver ce paternel inconnu amène cependant un nouveau lot de problèmes puisqu’il ne sait comment lui annoncer la nature de sa relation avec César, son ennemi juré. Pour ne rien ajouter, Iwon est confronté à des révélations sur César qui changent considérablement la perception qu’il avait de celui-ci et commence même à douter de la sincérité de son amant, tout en étant incapable de lui résister. Pendant ce temps, César découvre qu’un contrat pèse sur la tête d’Iwon. Qui a initié le contrat et pour quels motifs? On aurait pu croire que la série repousserait indéfiniment la révélation à son père de la relation entre les deux hommes, mais Iwon finit par crever l’abcès dans une scène, doublée d’une demande en mariage, où la tension atteint un paroxysme frôlant un conflit digne d’une troisième Guerre mondiale. Cette intensité reflète d’ailleurs la dynamique complexe qui unit Iwon et César, placée sous le signe des jeux de pouvoir et de domination. En effet, il s’agit pour les deux hommes d’une première initiation aux amours entre hommes et aucun ne sait vraiment comment se comporter. César a toujours considéré sa queue comme une arme de poing et les relations sexuelles comme un simple exutoire mécanique : il est donc incapable d’exprimer sa vulnérabilité. De son côté, Iwon en vient à se demander s’il n’a pas un fond masochiste, puisqu’il ne peut s’empêcher d’être excité par les jeux de domination auxquels il se soumet. Une partie de jeu de survie et un pari auquel les deux hommes acceptent de se soumettre révèlent d’ailleurs le tiraillement de leur désir et de leurs failles. Comme à son habitude, le dessinateur Ttung gae met magnifiquement en scène les corps massifs des personnages tout en capturant la tempête intérieure qui agite le récit de Zig. Au cœur de cette fresque où s’entrelacent amour, sacrifice et pouvoir, chaque décision devient une épreuve aux conséquences potentiellement funestes ou, tout au contraire, jouissives. L’épopée touche à son terme, laissant le lecteur suspendu dans l’attente du septième tome, où se dévoilera enfin le dénouement de cette saga passionnée.6

INFOS | ROSES ET CHAMPAGNE (TOMES 5 ET 6) / ZIG & TTUNG GAE. PARIS : DELCOURT, 2025, 255 P., 223 P. (COLLECTION KBL)

LE CERCLE DU ZODIAC (LES AVENTURES DE WILL DARLING, TOME 1)

Deux ans après la fin de la Première Guerre mondiale, Will Darling tente de retrouver une vie paisible dans la librairie londonienne qu’il a héritée de son oncle. Cependant, celle-ci devient rapidement l’épicentre d’événements mystérieux et d’attaques répétées. Pourquoi une simple librairie de quartier suscite autant d’intérêt? Des groupes rivaux, un gang criminel appelé Zodiac et le Bureau de la guerre, cherchent à obtenir une information secrète liée à une arme bactériologique dont Will ignore tout. Malgré les menaces qui pèsent sur lui, il refuse pourtant de se laisser intimider. Heureusement, il peut compter sur l’aide providentielle de Kim Secretan, un aristocrate séduisant qui fait irruption dans sa librairie au moment où il est attaqué.

Habitué aux rencontres furtives et spontanées entre hommes, que ce soit dans les tranchées boueuses de la guerre ou dans les ruelles sombres de Londres, Will se laisse rapidement séduire par cet allié inattendu, bien que les véritables intentions de ce dernier restent ambiguës. Un doute persistant s’installe, car Will soupçonne que Kim pourrait jouer un double jeu, voire être lié à l’un des clans rivaux qui s’affrontent. Le roman combine espionnage,

DÉVOTION

Alex ne reconnaît plus le visage tuméfié que lui renvoie son reflet dans la glace. C’est alors qu’elle trouve le courage de quitter l’emprise toxique d’Olivier et de s’installer à Montréal avec son ami Ben. Ce qu’elle ignore encore, c’est qu’en elle sommeille une force insoupçonnée : de la fragilité d’une fleur va éclore une dominatrice affirmée. C’est sur cette prémisse que s’ouvre « Dévotion », premier roman d’Alice Rivard, qui nous entraîne dans le sillage d’une jeune femme se croyant vouée à l’ordinaire, alors qu’une marginalité rayonnante ne demande qu’à éclore. À travers son regard candide, le lecteur découvre le monde bigarré et secret du BDSM montréalais, dévoilé dans toute sa splendeur et sa diversité. C’est au détour d’une soirée fétiche, au cabaret Cléopâtre, que la jeune femme découvre un milieu dont elle ne soupçonnait pas l’existence et à travers lequel elle se façonne une famille et une identité nouvelles. Loin des préjugés qui l’entravaient, elle découvre un monde où la violence cède la place à une réappropriation de son corps et l’épanouissement de son potentiel.

C’est également à travers ce périple qu’elle assume enfin son désir pour les femmes et fait la rencontre de la séduisante Delphine. C’est en sa présence, qu’elle s’extrait peu à peu du carcan de victime, se libérant du joug insidieux de son ex pour embrasser le rôle de dominatrice. À ceux qui lui disent que ce n’est que de la violence et du sexe présentés autrement, elle rétorque : « Quelque part, ça l’est, en fin de compte. Même si y a pas de contacts génitaux. C’est jouer avec le corps et l’esprit. En tout cas, c’est consentant. On connait cette violence-là, on la cherche. Pis surtout, dès que quelqu’un veut plus, on arrête. » Le voyage s’avère à la fois troublant, mais toujours fascinant, notamment par l'adresse avec laquelle l'autrice esquisse des personnages tantôt attachants, tantôt détestables, mais toujours remarquablement définis en quelques phrases à peine. Le récit s’incarne par ailleurs dans un quotidien empreint d’un réalisme très tangible et non pas fantasmé. Un périple envoûtant à travers un Montréal rarement dépeint, mais d’une richesse insoupçonnée, où se nouent des tensions subtiles entre douleur et désir, isolement et solidarité, domination et bienveillance.6

INFOS | DÉVOTION / ALICE RIVARD. MONTRÉAL : LES HERBES ROUGES, 2025. 312 P.

complots et action, porté par un héros habile et sarcastique. Il explore avec finesse le contexte difficile des amours masculines à une époque qui y est tout sauf favorable, tout en abordant les traumatismes de la guerre, comme en témoigne ce souvenir de Will : « Au début, j’avais peur de mourir au front. Au bout d’une heure, j’étais terrifié à l’idée de survivre ».

La série de K.J. Charles compte présentement trois tomes en anglais, dont le deuxième est en cours de traduction chez Mxm Bookmark. La qualité de la traduction française est à d’ailleurs à souligner, ce qui rend l’attente de la suite d’autant plus grande.6

INFOS | LE CERCLE DU ZODIAC (LES AVENTURES DE WILL DARLING, T1) / K.J. CHARLES. [FRANCE] : MXM BOOKMARK, 2025. 250 P.

BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

BÉBÉ BRAILLARD

Rowan Mercille propose une autofiction où, à travers le personnage queer et non binaire de Bébé Braillard, iel explore les complexités de l’identité de genre et les défis posés par des normes sociales rigides, le tout porté par un humour subtil et décalé.

Le récit s’ouvre en force avec une déclaration qui donne le ton : l’autodérision y sera de mise. « J’ai dit à ma thérapeute : - Ouain. On dirait que cette semaine, j’ai réalité que je suis peut-être pas une personne si relax que ça, finalement. Et ma thérapeute s’est étouffée. »

D’une grande sensibilité, Bébé Braillard est constamment envahi·e par des émotions intenses et traverse fréquemment des épisodes de panique, alors que la société attend qu’iel reste impassible face aux difficultés. À travers de courts chapitres, Rowan Mercille expose avec générosité les tourments existentiels qui ponctuent régulièrement la vie de son personnage.

C’est ainsi qu’une page, intitulée « Pleureuse de professions », nous présente une sélection des mini-traumas de sa jeunesse où iel a déversé des chutes du Niagara lacrymales, notamment le début du film d’animation «  Rox et Rouky quand le jeune renard se retrouve orphelin » et « le sacrifice de Jane Grey à la fin de la Saga du Phénix » dans les X-Men.Le récit met en lumière comment des normes sociales trop strictes peuvent marginaliser certaines identités, en particulier chez les personnes LGBTQ, souvent très tôt confrontées à des pressions normatives absolues. Il souligne aussi le rôle essentiel des communautés, du soutien et de la solidarité dans la construction de relations affectives et amoureuses empreintes de douceur et de fluidité.

L’autofiction consiste à tisser un récit autour de sa propre expérience, ce qui rend l’histoire d’autant plus intrigante et captivante. Malgré la gravité du sujet et la tentation de verser dans le drame, l’auteur.trice n’hésite cependant pas à adopter le ton du second degré et de l’autodérision, ce qui provoque souvent des éclats de rire. J’en veux pour preuve cette scène où iel lance à son frère : « Est-ce que je suis déficient et personne n’a jamais osé me le dire ?

Une œuvre qui se distingue par une voix singulière et un récit tout à fait unique, qui revendiquent avec force et authenticité le droit d’être sensible, différent et pleinement entendu. Chaque page dégage un plaisir jouissif et contagieux et il devient rapidement impossible de reposer le livre une fois commencé. Le choix de verser dans l’autodérision s’accompagne toujours du danger de perdre contact avec l’authentique, mais rien de tel ici. Malgré les touches d’humour, l’émotion demeure présente, offrant au lecteur une expérience à la fois touchante et vraie. 6

INFOS | BÉBÉ BRAILLARD / ROWAN MERCILLE.

MONTRÉAL : HURLANTES ÉDITRICES, 2025. 123 P. (PAROLES)

PUPPY-PLAY

Il est rare de voir un roman québécois marier l’horreur et les communautés queer, mais c’est précisément dans cet univers singulier et troublant que Philippe-Aubert Côté nous invite à plonger en compagnie d’un personnage atypique : Cookie Pup.

L’auteur explore les ressorts de l’horreur tout en abordant un thème rarement traité : les jeux de rôle animalier, où les participants incarnent des chiens à l’aide de masques et d’accessoires. Cette rencontre inattendue entre la culture du puppy play et le fantastique horrifique s’avère étonnamment réussie, les codes de ces deux univers se révélant progressivement au fil du récit.

Dès le début, Cookie tient à clarifier les choses : si le « puppy play » est souvent perçu comme un simple jeu de rôle sexuel, pour lui et sa communauté, il s’agit avant tout d’une pratique culturelle et identitaire. Comme il le dit lui-même : « Ma gueule de chien est mon vrai visage ».

Au sein de cette communauté, il s’épanouit, loin de l’influence de son ex, Carlos (étudiant en travail social, ce qui ne manque pas d’ironie), qui a longtemps exercé sur lui un contrôle étouffant et refusé de le laisser partir. Leurs chemins se croisent à nouveau lors d’une célébration de la fierté gaie à Montréal, mais ce qui semblait n’être qu’une coïncidence se transforme rapidement en une traque aux accents plus sombres.

Alors qu’il photographie Anubis sur le char des puppies, incarné par le très envoûtant Alphashadow, il est soudainement agressé et retrouvé inconscient. Bien que tous les soupçons se portent sur Carlos, Cookie affirme avec conviction que c’est un crâne blanc vengeur, surgissant des profondeurs putrides du néant, qui l’a attaqué. Reste à savoir si ces forces obscures sont réelles ou simplement le fruit de son imagination, plus facile à affronter que la réalité elle-même. À moins que ces deux menaces s’alimentent mutuellement, à l’instar du roman « Le Fantôme de Milburn » de Peter Straub.

L’auteur utilise les forces obscures en place comme une métaphore explicite et assumée de la montée de l’homophobie, tout en mettant en valeur, avec subtilité, une communauté rarement représentée, à travers différents lieux emblématiques du Village gai de Montréal.6

INFOS | PUPPY-PLAY / PHILIPPE-AUBERT CÔTÉ. MONTRÉAL : ÉDITIONS ALIRE, 2025. 144 P. (LE MITAN)

MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

DANGEROUS CONVENIENT STORE (TOMES 5 ET 6)

Derniers volets d’une romance en apparence impossible où se croisent les destins d’Euijoon, un modeste employé de dépanneur, et de Gunwoo, le redoutable chef d’un gang de la mafia coréenne. Au cœur de ce manhwa (manga coréen) vibrant, un amour impossible s’épanouit pourtant. Les deux volumes marquent un tournant décisif dans la relation d’Euijoon et de Gunwoo. Les deux hommes sont séparés depuis maintenant quelques années et Euijoon demeure hanté par le départ inexpliqué de Gunwoo. Une absence qui ronge son cœur et nourrit ses interrogations : pourquoi l’a-t-il abandonné sans un mot ? Peu à peu, les raisons de cet éloignement s’imposent alors que Gunwoo laisse tomber son masque de froideur et d’intimidation : ne cherchait-il pas à maladroitement protéger Eujioon des dangers du monde interlope dans lequel il baigne. C’est l’heure des choix décisifs pour chacun. Euijoon, tiraillé entre ses sentiments et la peur de l’inconnu, se résout à rompre une liaison avec un collègue trop timoré pour assumer leur histoire. L’éveil de son frère, sorti du coma, l’oblige également à prendre du recul et à sonder ses propres désirs et motivations. De son côté, Gunwoo, cherche à s’échapper des griffes de la mafia et à s’ouvrir enfin à des gestes et à des émotions qu’il s’était jusque-là interdit de toucher. Comme toujours dans cette série, l’auteur orchestre une juxtaposition improbable, mais efficace, entre un romantisme à fleur de peau et des scènes de baise très graphiques où le corps balaise et surdimensionné de Gunwoo prend d’assaut, puis s’abandonne progressivement avec celui d’Eujioon. La série conclut en beauté son exploration de l’impact marquant des blessures du passé, les problèmes de communication et la difficulté de s’abandonner à l’autre. La conclusion laissant même entrevoir une relation plus profonde et la promesse d’un mariage.6

INFOS | POLLINATION, THE SERIES: / AUSTIN MILLER. [É.-U.: À COMPTE D’AUTEUR, 2005-. TROIS TOMES. 219 P., 204 P, 282 P.

PETIT GUIDE SPIRITUEL

D’ÉVEIL DE CONSCIENCE

Sylvain Potvin propose une œuvre qui s’adresse à celles et ceux engagés dans un cheminement spirituel en rendant accessibles des concepts souvent abstraits liés à la spiritualité et au développement personnel. L’ouvrage se présente comme un guide accompagnant le lecteur à travers les différents aspects de la croissance personnelle. En 80 chapitres courts, il aborde avec clarté des notions essentielles, telles que l’éveil de la conscience, la distinction entre religion et spiritualité, la compatibilité entre sexualité et spiritualité, ou encore la réalisation de soi. Son style direct et épuré en facilite la lecture, la rendant fluide et accessible. Bien que l’ouvrage n’aborde pas directement l’orientation sexuelle dans ses chapitres, l’auteur mentionne la sienne dès le début, ce qui confère au livre une atmosphère inclusive et une attention particulière à la diversité des identités, perceptible tout au long de la lecture. Certains sujets abordés, comme les chakras, les cristaux ou les entités lumineuses et obscures, peuvent susciter du scepticisme, ce fut mon cas. Néanmoins, ces thématiques trouveront sans doute écho chez certains lecteurs. Ce qui distingue cet ouvrage, c’est sa capacité à vulgariser des concepts parfois complexes ou ésotériques, les rendant accessibles à un large public 6

INFOS | PETIT GUIDE SPIRITUEL D’ÉVEIL DE CONSCIENCE / SYLVAIN POTVIN. QUÉBEC : LE DAUPHIN BLANC, 2025. 227 P.

POLLINATION, THE SERIES : SEASON 3

Des plantes extraterrestres envahissent la Terre et infectent les hommes en les transformant en créatures surhumaines, musclées et hypersexualisées, appelées Symbionts. Dans ce troisième opus de la série de romans, le salut provient d’une force redoutable et inattendu : un Québécois! Dans le premier tome, publié en 2005, l’agent du FBI, Wolf Murdock (un pastiche évident du Fox Mulder de la série « The X-Files ») enquête sur la mort mystérieuse d’un jeune homme dont le corps a subi une transformation physique extrême. Il découvre alors que la cause de cette transformation est une plante extraterrestre qui se loge dans les testicules des hommes, les transformant en êtres à la musculature et aux membres surdimensionnés.

À l’instar de la série télévisée, son collègue, l’agente Gillian Tully (pastiche du personnage de Dana Scully, interprétée par Gillian Anderson) est sceptique jusqu’à ce que Murdock se transforme lui-même en mastodonte lubrique. L’infection se répand de façon exponentielle : chaque homme transformé devient un agent de propagation, contaminant à son tour d’autres hommes (adolescents, ouvriers, policiers, motards, militaires, etc.). Évidemment, comme le récit se déroule dans le sud des États-Unis, on rencontre moult homophobes qui succombe bientôt à des désirs profondément refoulés. Un Grand Symbiont finit par émerger, fusion d’un humain et de la plante la plus puissante, qui prend le contrôle mental de tous les infectés et les rassemble dans une ferme du Kansas pour organiser un plan de reproduction massive. Mais son contrôle s’effrite peu à peu alors que des factions dissidentes émergent peu à peu et que l’armée met elle-même sur pied un groupe de supersoldats. Cela dit, pour plusieurs généraux, l’enjeu principal tient moins dans l’invasion extraterrestre, mais ô horreur, dans les pulsions homosexuelles qu’elle déchaine.

Au milieu des diverses factions émerge Rugby Boy, qui résiste au contrôle du Grand Symbiont. Pourquoi? Simplement en raison du fait qu’il pense en français, puisqu’il vient du Québec, et que ses pensées demeurent donc incompréhensibles. La prémisse est on ne peut plus ridicule, mais après tout, on est dans un univers où des plantes se logent dans le scrotum des hommes. Toujours est-il que Rugby fomente un plan pour se libérer, ainsi que son amant Snake, du joug du Maître Parasite afin de retourner à Montréal où il pourra vivre en paix. À noter que les lecteurs francophones réaliseront rapidement qu’un logiciel de traduction a sans aucun doute été utilisé, puisque quelques interventions en français sont parfois bancales. Rugby Boy parviendra-t-il à s’échapper? Le Grand Symbiont réussira-t-il son plan de conquête testiculaire? L’un des scientifiques de l’armée réussira-t-il à contrôler les soldats à l’aide de phéromones basées sur l’ADN des plantes? Toutes les réponses à ces questions se trouvent dans ce troisième opus d’une série qui s’inspire des récits "pulp" des années 1950, reconnus pour leur action débridée et exagérée, tout en y insufflant une dimension sexuelle. Bien que maintenant un ton léger et ludique, l’histoire aborde en filigrane des thèmes comme la perte d’identité, la domination et la transformation de l’humanité face à une force extérieure. Le paradoxe mis ne place réside par ailleurs dans le fait que, en cédant au parasite, les hommes se libèrent en même temps des contraintes sociales qui les oppressent et sont ainsi à même d’exprimer leurs pulsions réelles. Reste alors évidemment à échapper à une nouvelle forme de contrôle! Disponible sur Amazon. 6

INFOS | POLLINATION, THE SERIES: / AUSTIN MILLER. [É.-U.: À COMPTE D’AUTEUR, 2005-. TROIS TOMES. 219 P., 204 P, 282 P.

BENOIT

LES FIERTÉS DES CÉVENNES

Saga familiale se déroulant dans la France des années 90, au cœur des Cévennes, où Benjamin Audoye met en lumière la violence des silences et des non-dits entourant l’homosexualité dans un environnement rural encore fortement imprégné par les traditions.

Le thème est par ailleurs presque intergénérationnel, puisque le récit débute alors que Michel, père de famille, quitte femme et enfant pour vivre avec un homme alors que Kevin, son fils fait face à l’intolérance de ses compagnons de classe : « Au retour de la fête, la Renault Fuego de son père avait disparu. Kevin ne monterait plus jamais dans cette voiture dont l’odeur de l’habitacle l’avait fait vomir dans les virages. Maman, c’est quoi une tralouse ? »

Trente ans plus tard, l’histoire se poursuit avec Florian, le petit-neveu, qui subit du harcèlement scolaire et tente de mettre fin à ses jours. Face à ce drame, ses parents sont désemparés, notamment le père, peu enclin à exprimer ses émotions et qui peine à déterminer ce dont il a le plus honte : la tentative de suicide de son fils ou le fait que celuici ne corresponde pas à l’image de l’homme qu’il aurait souhaité voir être.

Du haut de sa convalescence, Floriant est cependant résolu à ne pas revivre le harcèlement dont il a été victime au collège, en particulier une agression qu’il tente vainement d’occulter, et est bien décider à quitter le village pour vivre pleinement ce qu’il est, quoi que ce soit, sans toujours avoir le sentiment de sentir un regard sur sa nuque.

Benjamin Audoye excelle à illustrer les rêves et les contradictions de ses personnages, offrant des descriptions dans lesquelles on peut aisément se retrouver : « Ces dernières années, il s’était évadé grâce à deux drogues, l’une nocive, le sucre, l’autre inoffensive, bien que redoutable isolant social, la lecture. »

À travers une galerie de personnages et des allers-retours entre différentes époques, il met en scène trois hommes aux parcours très différents : l’un est plus débridé, l’autre émancipé, le dernier encore prisonnier de ses propres blocages. Cette diversité de profils permet d’approfondir une réflexion sur l’identité et les pressions sociales qui s’exercent sur chacun tout en dénonçant une hypocrisie rampante.

« Il en avait sucé des hommes au profil varié, du père marié membre de l’Opus Dei au musulman turc qui n’avait pas voulu être pénétré et qui avait gémi avec un doigt massant sa prostate, du squatteur avec une flûte de Pan […] jusqu’à l’ouvrier raciste qui fantasmait pourtant à l’idée de se faire jouir dedans par deux quintaux noirs. »

Difficile également de ne pas souligner le jeu de mots savoureux du titre, qui oscille entre la fierté d’une région attachée à ses traditions tout en craignant les qu'en-dira-t-on, et celle d’hommes qui s’affirment pleinement dans une société en pleine transformation. Bien que le roman s’égare parfois dans des détours narratifs, il dresse un portrait saisissant de familles aux dynamiques éclatées, révélant la violence latente et les tensions identitaires qui traversent la France rurale à travers trois époques bien distinctes. 6

INFOS | LES FIERTÉS DES CÉVENNES / BENJAMIN AUDOYE. [FRANCE : À COMPTE D’AUTEUR], 2025. 254 P.

Une édition étoilée du Cabaret Accents Queers!

Le Cabaret Accents Queers va célébrer en grand sa 10 e édition, le 14 novembre, à l’Usine C. L’événement créé en 2021 par Samuel Larochelle mettra en lumière dix artistes au lieu de six comme à son habitude. Pour l’occasion, le créateur a choisi les membres de la distribution en pigeant parmi les nombreux coups de cœur du public lors des éditions précédentes.

Le public pourra donc voir et entendre l’humoriste Tranna Wintour, le poète Jean-Paul Daoust, la rappeuse Calamine, le dramaturge David Paquet, la chroniqueuse Manal Drissi, l’auteur Jonathan Bécotte, l’écrivaine Chris Bergeron, l’humoriste Maxime-Ève Gagnon, le journaliste et écrivain Samuel Larochelle, ainsi que Chacha Enriquez, prof et sociologue. À tout coup, le spectacle attire 450 personnes qui viennent écouter des textes touchants, drôles, engagés ou décapants qui portent sur des réalités LGBTQ+. Cette fois-ci, chaque artiste aura 8 minutes au micro pour livrer ses idées de manière incarnée et vivante. L’organisateur de la soirée leur donne toujours carte blanche. Depuis les débuts du cabaret, il y a bientôt cinq ans, aucun des 45 personnes invitées n’a abordé le même sujet : preuve de l’étendue des réalités queers de nos communautés. 6

INFOS | https://usine-c.com/spectacle/cabaret-accents-queers-1

Quoi faire clubbing

UNE NOUVELLE ADMINISTRATION ET ORIENTATION

Le Diamant Rouge

C’était la fête, le 9 septembre dernier, alors que les nouveaux propriétaires recevaient finalement le permis d’alcool pour cet établissement. L’ouverture officielle, quant à elle, s’est effectuée le 20 septembre avec des surprises à la clé. Pour tout le monde qui ne connaît pas le Diamant Rouge, c’est un club de danseurs nus situé à l’extrême est du Village, tout près de Papineau. Une vingtaine de danseurs de type twink y sont en vedette, mais le bar cherche à recruter de nouveaux danseurs bears et autres pour diversifier l’offre, et ce, pour le plus grand bonheur de la clientèle.

Pour ceux qui les connaissent, oui, les sexy Yan, Mika, Freddy, Tommy, Helix, Mike ou encore Atlas, parmi tant d’autres, sont de retour. Et on nous dit que l’affriolant Matt Ryan va y faire un tour de temps à autre !

Mais qui sont les nouveaux propriétaires ? En fait, ils sont quatre, deux couples ! Oui, oui, deux couples. « Il y a moi et mon mari et un de mes meilleurs amis, Éric, et son mari. Éric s’occupe plus de la gérance et de l’administration et moi, je suis plutôt le gars qui s’occupe des communications, de la recherche des partenariats, des thématiques de soirées et qui cherche à rassembler la communauté pour que cela soit le plus diversifié que possible », explique Dominique Théberge, le sympa copropriétaire et porte-parole de ce club. Ainsi, leurs chums respectifs sont là pour les épauler, mais ne prennent pas part à la gestion du bar au quotidien. Il faut dire que le club, par manque de permis d’alcool, est resté fermé tout l’été. « J’avais peur que les gens ne reviennent pas, que les danseurs aussi ne restent pas, confie Dominique Théberge. Et nous avons manqué les célébrations de la Fierté. Mais les gens et les danseurs sont revenus pour nous voir. »

Des rénovations salutaires Si vous avez déjà mis les pieds dans cet espace-là, vous savez combien il semblait sombre et, disons-le honnêtement, un peu vieillot. « Nous avons mis beaucoup, beaucoup d’amour dans ce bar-là parce qu’il en avait bien besoin », souligne-t-il. Bien sûr, ça sent la peinture fraîche, mais pas que… On s’est débarrassé de l’ancien plafond bas pour ramener à son état original l’ancien plafond avec des tuiles texturées. Le bar a changé de configuration pour adopter un mode en « L ». « Nous avons changé l’emplacement du conduit d’aération pour ramener la scène vers la droite. Des caméras aussi ont été installées sur la scène pour une diffusion sur des écrans pour que le public puisse mieux voir les danseurs », continue Dominique Théberge. Et on nous dit que ce n’est pas fini. Les toilettes, l’espace VIP et les cabines des danseurs se referont une beauté dans les semaines et les mois à venir. « C’est sûr que ce sera encore plus beau une fois que toutes les rénovations seront effectuées », dit-il.

Avec les mercredis trans et des soirées bears, entre autres, on veut ici inclure certaines clientèles que l’on ne retrouve pas généralement dans les clubs de danseurs. On a fait des

annonces sur les réseaux sociaux récemment, pour avoir des danseurs bears et attirer aussi leurs admirateurs. On mise ici sur le fait que de plus en plus de gens dans la vaste communauté LGBTQ+ cherchent quelque chose de différent. Cela rejoint les valeurs des nouveaux propriétaires pour la vision du body positive. « Nous désirons devenir un endroit où toutes les personnes de la communauté LGBTQ+ se sentent bien et incluses ici, dit-il. On veut miser sur la beauté des spectacles, des corps et de l’esthétisme, pas sur la sexualisation. On croit que, bien encadrés, cela peut même émanciper les danseurs, nous leur offrons d’ailleurs en encadrement psychosocial. »

« Nous avons gardé les danseurs twinks qui étaient déjà là et nous leurs sommes reconnaissants d’être revenus, poursuit Dominique Théberge. Nous voulons aussi diversifier les types de danseurs que nous avons : avoir des gars plus musclés, plus bâtis, d’autres plus ours, etc. Chaque style a ses admirateurs et ses fans. On expérimente beaucoup en ce moment. On veut voir si on peut mixer tous les styles ensemble. Ou est-ce que les gens préfèrent des soirées thématiques ? On reçoit justement beaucoup d’offres de gars diversifiés. On aime ça. On veut voir au cours des prochaines semaines comment tout cela va s’agencer. C’est l’fun en même temps », lance-t-il.

On veut casser ici avec les administrations précédentes. Là encore, on veut innover en quelque sorte. « Nous voulons surtout être le plus présents que possible pour les danseurs et pour la clientèle. Nous voulons insuffler un esprit de famille tissé serré parmi les danseurs et le personnel. Que tout le monde puisse se sentir bien et bien entouré et accepté », explique Dominique Théberge. Un exemple d’innovation : le jeune danseur Yan a été nommé gérant des danseurs. Cela fait deux ans qu’il est présent au Diamant Rouge et on voulait lui donner une certaine responsabilité. « On désirait l’impliquer plus, il est jeune, il va apprendre ce que c’est le management, cela va lui donner de l’expérience, des habilités et des compétences nouvelles qui vont l’aider dans la vie. Il va voir aussi qu’être responsable d’un groupe, ce n’est pas toujours facile, mais il va apprendre et cela va le mener vers de nouvelles aptitudes », croit-il. Côté alcool, le Diamant Rouge propose de la bière en fût Boréale et des cocktails spéciaux du moment. Bien sûr, il y aura un party d’Halloween des plus festifs à la fin octobre, et il ne faudra pas rater la soirée ours, qui aura lieu le 29 novembre prochain. « On ne cherche pas ici à faire de la compétition avec qui que ce soit, nous pensons qu’il y en a pour tous les goûts. Nous voulons simplement procurer aux gens quelque chose de différent ! Nous sommes un établissement de la communauté, géré par des gens de la communauté et pour les membres de la communauté LGBTQ+ », de renchérir Dominique Théberge. 6 ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

INFOS | Club Le Diamant Rouge, au 1681, rue Sainte-Catherine Est, Montréal. info@diamantrouge.ca ou https://www.instagram.com/bardiamantrouge et https://www.facebook.com

ANTOINE INCUIR : UN SOMMELIER DEVIENT MONSIEUR CUIR MONTRÉAL 2025

Rencontre avec Antoine, alias Antoine Incuir, tout nouveau détenteur du titre de Monsieur Cuir Montréal 2025. Passionné, éloquent et engagé, il nous parle de cette victoire qui marque un tournant pour lui — et pour la scène cuir montréalaise.

Antoine,félicitations!Peux-tunousparlerunpeudetonparcoursetdecequereprésentecetitre pourtoi?

ANTOINE INCUIR : Merci ! Je m’appelle Antoine, mais plusieurs me connaissent sous le nom d’Antoine Incuir. Je suis le gagnant de Monsieur Cuir Montréal 2025. Dans la vie, je ne viens pas du tout du milieu fétiche : je suis sommelier et gérant de restaurant dans un grand hôtel. Cette expérience a été exceptionnelle. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu de concours, alors la reprise par le Club Phoenix a été un vrai vent de renouveau. Le comité a fait un travail incroyable — organiser l’événement, mobiliser les candidats, trouver les juges, coordonner tout ça… Franchement, je leur lève mon chapeau ! À titre personnel, c’est une immense fierté. Ce titre, c’est un peu le défi d’une vie. Devenir Monsieur Cuir Montréal, c’est aussi une responsabilité : celle de représenter notre communauté ici et ailleurs dans le monde.

Tusemblesvouloirdonnerunedimensionsocialeàtontitrecetteannée.

ANTOINE INCUIR : Absolument. Le programme que je veux mettre de l’avant tourne beaucoup autour de la sensibilisation au VIH. Je veux contribuer à réduire la stigmatisation, mais aussi parler d’un aspect dont on parle trop peu : la violence médicale. Recevoir un diagnostic, c’est souvent un choc. On se sent mal encadré, parfois laissé à soi-même. Je veux qu’on en parle, qu’on rende ça moins tabou. Si possible, j’aimerais aussi intervenir dans les écoles pour sensibiliser les jeunes — leur offrir de l’information juste et bienveillante sur la sexualité, les relations, et les risques. Trop souvent, ils n’ont pas accès à des ressources claires et sans jugement.

Commentdécrirais-tulascènefétichemontréalaiseen2025?

ANTOINE INCUIR : Honnêtement, elle se porte très bien ! On a eu une année particulièrement forte en compétitions : Pup Montréal, Monsieur Ours, et bien sûr le Week-end Phoenix. Trois titres majeurs y ont été décernés : Ben comme Monsieur Latex Montréal, Jay Fox comme Madame Cuir, et moi pour Monsieur Cuir. On forme une équipe soudée, on travaille déjà ensemble sur plusieurs projets. On veut montrer que la communauté cuir et fétiche est inclusive, diversifiée et bien vivante. On a d’ailleurs des voyages à venir : on partira à Nice le 13 novembre pour représenter Montréal au concours Evidence, qui couronne Monsieur Fétiche France. Ensuite, direction Chicago pour MIR (Mr. International Rubber) et Monsieur International Queer.

C’esttoutunprogramme! ANTOINE INCUIR : Oui, et je suis très enthousiaste. C’est une belle occasion de tisser des liens entre les communautés d’ici et d’ailleurs, de partager nos valeurs et notre énergie. Ça va être vraiment… cool !6

ANDRÉA ROBERT LEZAK andrea@fugues.com

INFOS | Pour visionner l’entrevue https://www.youtube.com/@FuguesMag Ne manquez pas l'entrevue avec Ben, M. Latex Montréal le mois prochain.

WINONA J. FOX : MME CUIR MONTRÉAL 2025

Faire briller la créativité et la diversité féminine du monde cuir : un message de fierté et d’inclusion

FélicitationsWinona!Peux-tuteprésenterànoslecteurs etlectrices?

WINONA J. FOX : Salut ! Je m’appelle Winona J. Fox, et je suis artiste burlesque basée à Montréal.

Commentenes-tuvenueàparticiperauconcoursdeMmeCuirMontréal?

WINONA J. FOX : En fait, complètement par hasard ! J’étais mannequin pour la marque Odylic Designs pendant le Montréal Fetish Weekend. Odylic fabrique des vêtements et accessoires en cuir végétal, et j’ai adoré l’expérience. Après avoir partagé des photos de ce look sur Instagram, un ami m’a écrit pour me dire : “Tu devrais t’inscrire au concours !”Sur le coup, j’étais nerveuse. Les semaines avant le Week-end Phoenix, j’avais le trac, mais je suis aussi quelqu’un de très compétitive. Je voulais arriver bien préparée, alors j’ai travaillé fort dans mon temps libre pour me sentir solide et confiante du début à la fin. Et visiblement… ça a porté fruit !

QuelssonttesobjectifspourtonannéecommeMmeCuirMontréal?

WINONA J. FOX : Je veux mettre de l’avant la communauté cuir féminine. C’est une perspective qu’on ne voit pas encore assez, et pourtant il y a tellement de diversité et de richesse à partager. Cette année, j’aimerais organiser un défilé de mode en cuir, une sorte de vitrine pour donner de la visibilité aux artistes et artisan·e·s indépendants de la scène cuir. Ce serait une belle façon de célébrer la créativité d’ici et de montrer que le cuir, au-delà du fétiche, c’est aussi une forme d’art, de pouvoir et d’expression personnelle.

Quesouhaites-tutransmettreàtraverstonrôle?

WINONA J. FOX : De la fierté et de la solidarité. Être Madame Cuir, pour moi, c’est ouvrir l’espace à toutes les identités, à toutes les femmes — cis, trans, queer — qui trouvent dans la culture cuir un moyen d’affirmation et de liberté. C’est un milieu qui gagne à être vu comme un espace d’expression artistique autant que communautaire.6 ANDRÉA ROBERT LEZAK andrea@fugues.com

PHOTO : ANDRÉA ROBERT LEZAK
PHOTO : ANDRÉA ROBERT LEZAK

LIEUX LGBTQ+ DE RENCONTRES

BARS, CABARETS, CLUBS, TAVERNES ET PUBS

AIGLE NOIR

CAMPUS

1111, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514-526-3616 / www.campusmtl.com

PIANO BAR LE DATE

1218, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. T. 514-521-1242 / www.ledatekaraoke.com

1315, rue Sainte-Catherine Est, Mtl.

T. 514-529-0040 / www.facebook.com/Bar.Aigle.Noir

DES DRAGS VIVANTES

Populaire bar pour hommes, ouvert à tous, où se côtoie une clientèle diversifiée de tous les genres et de tous les âges. C'est un lieu inclusif impliqué dans la communauté. Dans la Zone sport, on diffuse des événements sportifs. Table de billard.

Popular bar for men, open to all, where a diversified clientele of all genres and all ages mix. It's an inclusive place involved in the community. In the Sport Zone giant screen major sporting events. Pool table.

BISTRO

PUB FRONTENAC

2532 rue Sainte-Catherine Est, Mtl. T. 514 527-2532 / www.facebook.com/Pub-Frontenac

Bar de quartier à la porte du Village. Un samedi par mois Dominic Sommers personnificateur féminin vous offre des performances Live. FB groupe : Dominic Sommers. Karaoké deux vendredis par mois, animé par Dodo & Gigi.

Neighborhood bar at the door of the Village. One Saturday a month Dominic Sommers female impersonator offers you Live performances. FB group: Dominic Sommers Karaoke two Fridays a month, hosted by Dodo & Gigi.

BAR LE COCKTAIL

1669, rue Sainte-Catherine Est, Mtl.

T. 514-597-0814 / www.barlecocktail.com

Le Cocktail est certainement l'un des plus chics endroits du village ! Il vous offre des performances de drag queens et des soirées de karaoké enflammées. Du jeudi au dimanche : spectacles et soirées à thème sous la direction artistique de Michel Dorion.

Stylish cabaret with a varied clientele where you can let go and relax with friends while enjoying a drag queen show or karaoke. Thursday through Sunday : shows and theme evenings under the artistic direction of Michel Dorion.

COMPLEXE SKY

1474, rue Ste-Catherine Est, Mtl.

T. 514-529-6969 / www.complexesky.ca

Le Complexe Sky avec ses trois étages et sa terrasse sur le toit dotée d’un jacuzzi est le plus grand complexe gai de la ville.

Sky Complex is the largest gay complex in the city and offers three levels including a terrace on the roof with a jacuzzi.

CABARET MADO

1115, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514-525-7566 / www.mado.qc.ca

Cabaret populaire, Mado présente des spectacles de drags ou des événements spéciaux tous les jours. Mado Lamotte «reçoit« les vendredis et samedis soirs…

Mado's popular Cabaret features drag shows or special events every day. Mado Lamotte "receives" on Friday and Saturday evenings...

Populaire bar où les danseurs nus, pour la plupart assez musclés ou découpés exhibent leur anatomie... pour le plus grand plaisir de la clientèle. Ouvert tous les jours de 15h à 3h.

Popular bar where guys show their muscles, shizelled body... and the rest. Open daily from 3 pm to 3 am.

DIAMANT ROUGE

1681, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. T. 514-521-1242 / www.facebook.com/Diamant-Rouge

Diamant Rouge est un strip bar qui permet à sa clientèle d’apprécier visuellement l’esthétique des corps masculins.

Dianmant Rouge is a strip club that allows its customers to appreciate the aesthetics of male bodies.

DISTRICT VIDEO LOUNGE

1365, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. T. 438-387-3622 / www.districtvideolounge.com

Bar concept à l’ambiance relaxe avec clientèle de jeunes professionnels LGBTQ+. Écrans géants avec diffusion de vidéoclips et beaucoup plus.

Video bar at the heart of the Gay Village. Relaxed atmosphere with mainly LGBTQ+ young professionals. Large screens with music clips.

MOTEL MOTEL

1276, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. www.motelmotel.ca

Motel Motel est une adresse fluide. C’est une buvette de quartier, mais en franchissant la porte dans les toilettes on accède à un bar à l’arrière qui s’inspire du concept de bar clandestin.

Motel Motel is a fluid address. It's a neighborhood bar, but through the door in the toilets you reach a bar at the back which is inspired by the concept of a clandestine bar.

LE NORMANDIE

1295, rue Atateken, Mtl. T. 514-303-4013 / www.taverne-normandie.ca

Le Normandie est l’un des plus anciens établissements gais dans le Village. Vous y retrouverez une clientèle des plus sympathiques pour vos 5 à 7 avec une sélection de bières et de scotchs d’une grande variété. Tous les soirs de la semaine, c’est le karaoké.

The Normandie is one of the oldest gay establishments in the Village. Redecorated recently, it gathers a friendly clientele. It offers a variety of beers and scotches. Every night it’s karaoke night!

LE RENARD

1272, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. www.bar-renard.com

Petit bar de quartier, très charmant à la déco design face à la station Beaudry.

Small, trendy and design neighborhood bar in front of Beaudry metro station.

Piano bar relax avec soirées karaoké tous les jours. Neighbourhood piano bar with karaoke every night.

LE WEISER

1309, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. T. 514-347-7023

Bar sportif avec dix-sept grands écrans qui diffusent une variété de chaînes sportives.

Sports bar with seventeen large screens showing a variety of sports channels.

STUD MONTRÉAL

1812, rue Sainte-Catherine Est, Mtl. T. 514-598-8243 / www.lestudmontreal.com

Bar à la clientèle variée où les hommes aiment les hommes et où les Bears se rencontrent aussi. Nombreux partys et soirées à thème tout au long de la semaine. Piste de danse. Il faut visiter «L’Atrihom», une verrière de 30 pieds de haut avec mur végétal, que ce soit pour une date, manger ou simplement pour prendre un verre. Diverse crowd, a meeting place for Bears. Popular bar with dance floor. Several partys and themed nights monthly. The ‘’Atrihom’’ is a 30 feet high green house where you can also eat.

ROCKY

1673, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514-521-7865 / www.facebook.com/tavernerocky Bar de quartier avec une clientèle mature où l’on propose régulièrement des spectacles de chanteurs.

Neighbourhood bar with a mature crowd. Guest singers regularly.

STOCK BAR

1171, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514-842-1336 / www.stockbar.com

Le Stock Bar est un club de danseurs nus qui offre un cadre festif, respectueux et sécuritaire. Le lieu compte aussi un speakeasy plus cosy pour les danses… et un bar-terrasse ouvert sur la rue.

Stud Bar is a nude dance club that offers a festive, respectful and safe environment. More cosy in the speakeasy space ideal for private dances and also a section open on the street.

Quoi faire

LIEUX LGBTQ+ DE RENCONTRES

STÉRÉO BAR

858, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514-658-2646 / www.stereobar.tickit.ca

Le bar du légendaire afterhour situé dans le Village est doté d’un excellent système de son. Clientèle mixte. DJs locaux et de renommée internationale de passage régulièrement.

The bar of legendary afterhour in the Village has an excellent sound system. Mixed clientele. Local and Internationally renowned DJs.

TABOO

1950, boul. de Maisonneuve Est, Mtl. T.514-504-6161 / www.facebook.com/BarleTaboo Sympathique bar de danseurs nus. Pleasant bar with nudedancers.

UNITY CLUB

1171, rue Sainte-Catherine Est, 2e Mtl. T. 514-523-2777 / www.clubunity.com

Le club Unity est un grand club où on danse les jeudis, vendredis et samedis.

The Unity Club is a large dance club open on Thursday, Friday and Saturday.

RESTOS AVEC BAR

KEELA

1237, rue Atateken, Mtl. T. 514-528-7617 / www.restokeela.ca

Ce resto de quartier convivial offre des vins pour la plupart bios ou natures et de délicieux cocktails.

This friendly neighborhood restaurant offers mostly organic or natural wines and delicious cocktails.

SALOON

1333, rue Ste-Catherine Est, Mtl www.lesaloon.ca

Bistro-bar à l’atmosphère décontractée où l’on peut simplement prendre un verre avant un événement ou y passer la soirée entière.

Bistro-bar with a relaxed atmosphere where you can simply have a drink before an event or spend the entire evening there.

Fugues y était...

VERNISSAGE EXPO SUR LA FONDATION DU VILLAGE

BLOSSOM

1101, boul. de Maisonneuve est, Mtl. T. 514-379-3699 / www.leblossom.ca

Ce resto propose de la cuisine néo-japonaise, des sushis, mais aussi une importante sélection de saké et de whiskys japonais.

This restaurant offers neo-Japanese cuisine, sushi, but also a large selection of sake and Japanese whiskeys.

PALME

1487, Ste-Catherine Est, Mtl.

T. 514 529-8480 / www.restopalme.ca

Resto qui propose des saveurs originales des caraïbes. Grande sélection de rhums et de cocktails de haute voltige.

Restaurant that offers original Caribbean flavors. Large selection of rums and high-flying cocktails.

BARS EN RÉGION

CABARET CLUB LE DRAGUE

815, rue Saint-Augustin, Québec

T. 418-649-7212 / www.ledrague.com

Complexe ouvert à tous et à toutes, comprenant: la verrière et le Cabaret. La discothèque sur deux niveaux est ouverte du jeudi au samedi..

Complex open to all, including: the glass roof and the Cabaret. The two-level nightclub is open from Thursday to Saturday .

LE ST-MATTHEW’S

889, Côte Sainte-Geneviève, Québec, QC G1R 5M2

T. 418-524-5000 / www.facebook.com/bar.stmatthews

Bar gai principalement fréquenté par des hommes. On y trouve une table de billard, une terrasse et des appareils de loterie vidéo. Les moments forts sont les weekends, de même que les 5 à 7.

This gay bar mostly frequented by men. There is a pool table, patio and video lottery machines. The highlights are the weekends, as well as the Happy Hour.

Le samedi 4 octobre, dans les locaux des Archives gaies du Québec (AGQ), s’est tenu le vernissage de l’exposition consacrée à la « fondation » du Village, au tournant des années 1980. D’abord appelé le Village de l’Est — en référence au groupement d’établissements gais alors situés dans l’Ouest du centre-ville de Montréal —, le secteur fut ensuite connu, pendant quelques années, de ses habitués comme le Village gai, avant de devenir le Village que les Montréalais connaissent aujourd’hui. Près d’une cinquantaine de personnes ont assisté à l’inauguration officielle de cet événement comprenant trois volets : un ensemble de 25 à 30 panneaux d’exposition, une série de sept vidéos documentaires présentés en boucle et un catalogue d’exposition de 60 pages en couleur. Trois projets en un !Pour l’occasion, certains des acteurs de l’époque apparaissant dans les vidéos étaient présents sur place et ont chacun lu un extrait de leur témoignage tiré de ces documentaires. Denis B. Lapointe (jadis connu sous le nom de Denis Lévesque) a rappelé ses années de militance au sein de l’Association pour les droits des gais du Québec (ADGQ), tandis que Gregory Rowe a évoqué la résilience dont ont dû faire preuve les personnes vivant avec le VIH.

SAUNAS DE MONTRÉAL

La présence des saunas pour hommes à Montréal date depuis très longtemps. D’ailleurs, le Bain Colonial, ouvert il y 109 ans, est toujours en activité, faisant de lui le plus vieux — ou l’un des plus vieux — saunas pour hommes toujours en activité en Amérique. Depuis le début des années ’70, d’autres établissements ont ouvert leurs portes pour servir les hommes GBTQ en tant qu’espaces de détente et de bien-être contribuant à la vie socioculturelle de la région métropolitaine, en offrant un espace inclusif de rencontres pour la communauté.

SAUNA CENTRE-VILLE

1465, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514 524-3486 / www.saunacentreville.com

Le Centre-Ville est fréquenté par une clientèle de tous âges et de toutes catégories professionnelles.

This sauna attracts a varied clientele from all ages and professional backgrounds.

BAIN COLONIAL

3963, ave Coloniale, Mtl. T. 514 285-0132 / www.baincolonial.com

Fréquenté par une clientèle majoritairement gaie. Sur trois étages, le Colonial vous permet la détente et, qui sait, de belles rencontres. Le Colonial vous offre 3 saunas, bain tourbillon, salle de vidéo-tv, salle d'exercices, service de massage, 2 terrasses ainsi qu’un stationnement.

Attracts a crowd of regulars, mostly gay. Genuine steam system with natural rocks. The Colonial offers 3 saunas, whirlpool bath, video-TV room, exercise room, massage service, 2 terraces and parking.

SAUNA OASIS

1390, Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514 521-0785 / www.saunaoasis.net

En plein cœur du Village. Plus d'une centaine de chambres et autant de casiers.

In the heart of the Village. Over one hundred rooms.

SAUNA CARPEDIEM

3481, Montée Saint-Hubert, St-Hubert. T. 450 462-3481 / www.saunacarpediem.com

Seul sauna de la Rive-Sud à offrir un sauna vapeur en plus des services réguliers (sauna sec et tourbillon) ainsi qu’une salle vidéo de type «auditorium». On peut y faire l’achat de certains gadgets sexuels. Stationnement gratuit à l’arrière

The only South Shore sauna with a steam room with all regular services (hot tub & dry sauna) and an «Auditorium» style video room. One can also buy a diversity of sexual toys. Free parking at the back.

G.I. JOE

1166, rue Ste-Catherine Est, Mtl. T. 514 528-3326 / www.saunagijoe.com

Le lieu des amateurs de fétichisme qui retrouvent là un endroit pour réaliser leurs fantasmes.

The sauna of the fetish loving crowd. With slings, glory holes and a bunker.

SAUNAS DE QUÉBEC

SAUNA BACKBOYS

264, Rue de la Couronne, Québec T. 418-521-6686 / www.saunabackboys.com

Situé dans le quartier St-Roch, ce sauna compte 45 chambres et casiers, glory holes, bain vapeur, labyrinthe, sauna sec et bain tourbillon.

Located in the St-Roch district of Quebec, this sauna has 45 rooms and lockers, glory holes, steam bath, labyrinth, dry sauna and whirlpool.

L’allocution s’est conclue avec la prestation de Gilbert Higgins, témoin et victime de la tristement célèbre rafle du bar Le Truxx, survenue en octobre 1977 sur la rue Stanley. Un point tournant qui allait devenir le moteur de l’émergence d’une communauté et l’un des éléments précurseurs de la naissance du Village. Cet événement marquait la dixième exposition tenue dans les locaux actuels des AGQ, mais la première à être pérennisée par la publication d’un catalogue d’exposition, en vente au prix de 20 $. Notons également que, pour souligner la tenue de cette exposition historique, la boutique Priape (1333, rue Sainte-Catherine) a conçu une espace vintage thématique à saveur cuir pour souligner la tenue de l’expo. Il est aussi possible d’y acheter le catalogue de l’exposition.

INFOS | L’exposition se poursuit jusqu’au 20 décembre prochain, du mercredi au dimanche, de 13 h à 17 h, aux Archives gaies du Québec. AGQ 1000, rue Atateken, local 201-A (au sud de René-Lévesque, métro Beaudry). info@agq.qc.ca

JESSICA ROY-PAUL, RAFAËL PROVOST ET MARTINE ROY
GISÈLE, SASHA ET DANIEL LORS DE LA GRANDE VENTE DE COSTUME AU CABARET MADO.

Chronique porte-voix

Le bon queer respectable

Je scrollais sur Instagram un soir où j’aurais clairement dû faire autre chose (genre dormir). Je suis tombé sur une vidéo d’un jeune gay d’à peine vingt ans. Le gars disait qu’il avait honte des drags, des gays extravagants, de ceux qui en font « trop ». Selon lui, ça donne une mauvaise image, ça nuit à la cause. J’ai lâché mon cell. Pas fâché, juste écoeuré. Ça me dépasse qu’il y en ait encore qui pensent qu’il vaut mieux être un « bon queer » tranquille, qui dérange personne. On cherche encore à être validé, à paraître « comme tout le monde ».

Moi, j’ai jamais su être discret. Même si je voulais, je pourrais pas. Je boite depuis que je suis petit. Pas beaucoup, juste assez pour que ça attire l’attention. J’ai compris assez tôt qu’il y a des gens qui n’ont pas le luxe de passer inaperçus. Alors, aussi bien décider comment on veut vivre avec le regard des autres. C’est pour ça que ce discours me gosse autant. Il part de l’idée que ceux qui se fondent dans le décor valent plus que ceux qui détonnent. Pourtant, dans notre histoire, ce n’est pas en se conformant qu’on a obtenu quoi que ce soit.

Si la communauté avait toujours joué ça « safe », on serait encore cachés dans des apparts aux rideaux fermés, de peur de se faire pogner. On n’aurait pas de droits, pas de Pride, pas même un film de Noël quétaine et queer sur Netflix. Rien. Tout ce qu’on tient pour acquis, on le doit à celles et ceux qui ont pris des risques, qui ont osé se montrer quand c’était dangereux. On les pointait du doigt, on les insultait, on les arrêtait pour « trouble à la paix ». On les traitait de tapettes, de folles, de dégénérés. Ils ont tenu tête pendant que le reste de la société les regardait de travers.

Aujourd’hui encore, on a besoin de ces gens-là. Ceux qui sortent du cadre, qui refusent de se tasser. Y’en a toujours pour les trouver « trop » : trop flamboyants, trop visibles, trop tout. Mais se cacher fait pas avancer grand-chose. Se taire non plus. Je dis pas que tout le monde doit militer, s’afficher ou défiler en cuir sur un char allégorique. C’est correct de vouloir vivre sa vie tranquille, sans forcément se reconnaître dans la culture LGBTQ+. Mais de là à dire que ceux qui se montrent trop « nuisent à la cause » ? Mais c’est quoi, la cause, au juste ? Être accepté seulement si on évite les malaises ? Ça, ce n’est pas une cause. C’est un compromis.

On dirait que beaucoup confondent liberté et confort. Être libre, c’est pouvoir être soi, même si ça fait lever les yeux au ciel. Le confort, c’est faire comme les autres pour pas faire jaser. On le voit souvent : des gens convaincus qu’on gagnerait le respect du monde si on restait sages et bien habillés. C’est faux. L’histoire l’a prouvé mille fois. Peu importe qu’on porte un crop top ou une chemise Ralph Lauren, ceux qui veulent nous mépriser trouveront toujours une raison. Fait qu’à quoi bon essayer de leur plaire ?

Des fois, j’envie ceux qui peuvent passer inaperçus. Ça doit être reposant de pas toujours attirer le regard. En même temps, je sais que je m’y perdrais. J’ai déjà essayé d’avoir l’air plus « normal », de marcher droit dans tous les sens du terme. Mais à chaque fois, je me sentais pas moi-même. Pis je le faisais clairement pour les mauvaises raisons. C’est peut-être pour ça que j’ai autant de respect pour le monde qui s’assume pour vrai. Ces gens-là se tiennent debout, peu importe qui regarde.

C’est ironique, pareil. On s’est battu pendant des décennies pour avoir le droit d’être nous-mêmes, et maintenant qu’on le peut, on juge ceux qui se démarquent trop à notre goût. On se met à dire qu’il y a une bonne et une mauvaise façon d’être queer : les discrets, ceux qui passent bien dans un brunch de famille, pis les autres, un peu trop voyants, qu’on préfère ne pas inviter.

J’essaie de pas tomber là-dedans. Pas pour faire la morale, mais pour éviter de reproduire ce qu’on a subi. Quand je me surprends à juger, je me demande d’où ça vient. Souvent, c’est juste de la peur. La peur d’être associé, d’être vu, d’être dévisagé encore une fois. Mon boitement m’a appris une chose : t’as beau craindre le regard, il est là pareil. Alors autant marcher quand même.

Et au gars de la vidéo, je lui en veux pas tant que ça. Peut-être qu’il répète juste ce qu’on lui a appris : pour être accepté, faut pas déranger. Quelque part, il me rappelle pourquoi il faut continuer à se montrer, même quand ça déplaît. Parce que si aujourd’hui, il a le luxe de dire publiquement qu’il est gay et qu’il a honte de certains d’entre nous, c’est justement grâce à celles et ceux qui ont refusé de se faire discrets. 6

Entre partys, prestations de drags, activités communautaires, pièce de théâtre, exposition festivals, galas ou événements plus ou moins underground, découvrez LA sélection des choses les plus gaies, queer (ou LGBTQ-friendly) à faire en ville chaque mois…

VENDREDI 21H30 (ADMISSION 11$)

VENDREDI FOU!

Chronique horoscope

Scrorpion

Du 23 octobre au 22 novembre 2025 L’obscurité grandit et on fête l’Halloween. La Toussaint. La végétation dépérit, les outardes partent, tout se transforme. Et on arrive au signe du changement justement, le Scorpion, où le seigneur Mars est roi et maître. D’ailleurs, le natif devrait encore évoluer dans l’année qui vient, il est habitué à changer. Et à grandir. Ainsi, Saturne l’amènera à se renouveler dans sa vie sentimentale jusqu’à la Saint-Valentin. Ses relations les plus importantes prendront plus de sens, il s’en fera moins pour des détails. Comme des sautes d’humeur. Ou des absences occasionnelles. Ceux qui sont seuls rencontreraient bientôt, mais la relation débutera lentement. Ils devraient réaliser des projets concrets avec leurs proches. Comme l’achat d’un condo ou d’une terre. Ou ils lanceront une petite business, presque pour passer du temps ensemble. Mais elle fera ses frais, le Scorpion a l’intelligence des affaires. Le natif du Scorpion sortira plus souvent aussi, pour relaxer. Se divertir. Et il commencera dans un loisir différent. Il devra s’intéresser davantage à l’organisation de sa vie et à sa santé à partir de la mi-février, où Saturne arrivera en Bélier. Pour la santé, c’est plus une question de vieillissement qui le préoccupera. Il constatera qu’il commence à s’user, il devra faire des choix. Il se doute bien où le naufrage menace, il aura la sagesse d’en tenir compte. Déjà, de marcher un peu, mais régulièrement, l’aidera. Il vivra probablement un changement au travail, surtout dans son organisation. Ou son horaire. Des retraités reviendront travailler, pour se désennuyer. Il faut s’occuper pour ne pas vieillir, travailler même. Surtout si on est dans un métier aimé. Comme la création. Picasso est un bon modèle à cet égard. Il y a aussi Jupiter, qui envoie de beaux rayons aux Scorpions. Du signe du Cancer. Et vraiment, il les favorisera du côté de l’aventure et des voyages exceptionnels. Jusqu’à la fin juin. Aussi, s’il est attiré par une destination nouvelle, il aurait jusqu’à cette date pour en profiter. Il pourrait vivre une expérience exceptionnelle, au Portugal par exemple, où tout le monde va dans le moment. Il devrait aussi vivre une aventure qui l’amènera à voir sa vie bien autrement. Il aura l’impression aussi que bien des gens autour de lui s’assagissent. Il aura bien du plaisir à échanger avec eux, leur présence sera apaisante. Plusieurs auront les cheveux et le poil blancs. Et leur regard verra très loin, à l’intérieur ou dans l’avenir. Il sera heureux en présence des plus sages, à savoir les moins bavards et vantards. Et quand Jupiter arrivera en Lion pour l’été, cela devrait aider

notre courageux chevalier dans sa carrière. Le natif deviendra plus visible dans la société. On lui confiera sans hésiter de nouvelles responsabilités. Et les artistes auront de nombreuses occasions de montrer leurs talents. Ils brilleront d’un feu joyeux, ils seront bien aimés. Enfin, le natif du Scorpion aura du succès dans la société. Et il sera plus apprécié. Alors, bonne fête, le valeureux chevalier, et à tout le monde, joyeuse Halloween !

Sagittaire Votre fête approche, vous penserez donc à l’année qui vient de passer. Vous réfléchirez à ce qui est arrivé. Ou à ce qui ne s’est pas déroulé comme vous l’auriez souhaité. Avec Mercure dans votre signe, qui encourage tout ça en mode turbo. Heureusement, vous croiserez des gens pour en parler, comme vos meilleurs amis, ce qui vous aidera à revenir sur terre. Et vous réussirez à régler une histoire à votre net avantage. Petit voyage ensemble.

Capricorne Vous serez sensible au sentiment de camaraderie que vous éprouvez en compagnie des copains. Même les amis les plus légers, ou distants. Comme si les sentiments étaient plus vibrants, dépoussiérés. Vous vous rapprocherez d’ailleurs de l’un d’eux, en commençant dans un projet plutôt excitant. Vous aurez des résultats surprenants, et très concrets. Il y a un ancien ami que vous reverrez, comme s’il revenait rajeuni. Réincarné. Les bras ouverts.

Verseau Certains auront l’impression de perdre le contrôle au travail. Ou dans la société. Probablement parce qu’ils seront en transition, pour vivre autre chose. Comme revenir un peu au travail, après avoir tâté la platitude de la retraite. D’ailleurs, un truc pour être éternellement jeune, c’est de faire ce que l’on aime. Surtout s’il s’agit de créer ! Enfin, vous aurez un grand succès bientôt. Ainsi, des artistes seront très occupés dans le temps des Fêtes.

Poissons Vous sentirez très fort vos anciennes vies de marin bientôt, en partant en voyage vers l’immense océan. Tout blanc, tout bleu. Avec des voiliers partout… La surprise sera dans les rencontres que vous y ferez, avec des moussaillons. Des officiers. Ou le capitaine luimême, l’œil fixé sur l’horizon. Vous êtes mûr maintenant pour rencontrer un pair que vous aurez plaisir à écouter. À deviner. À vivre. Et il est exactement là où vous êtes.

Bélier Vous chercherez la chaleur à l’intérieur. Les lampions, le vieux Franklin. Vous changez en ce moment, en cherchant à vous accrocher à ce qu’il y a de plus solide en vous. De plus simple. Vous serez attiré par autre chose de presque hallucinant, tellement c’est nouveau. Vous penserez à vos richesses autrement, en gérant votre fric plus sobrement. Et avec succès. Une ancienne prédiction va bientôt se réaliser. Vos rêves vous parleront.

robertgareauastrologue@gmail.com

Taureau Vous trouverez les gens très pressés autour de vous. Ils vous poseront plein de questions et ils y répondront eux-mêmes. Dans certains cas, il faudra que vous remettiez les pendules à l’heure. Vous aurez quand même des invitations intéressantes. Une proposition aussi à examiner avec l’esprit tranquille. Un proche sera assez agité. Ne l’écoutez pas trop, il délire un peu. À cause de sa libido, tout probablement. Invitation à une soirée sublime.

Gémeaux Il y aura du changement dans la routine du travail et ça devrait être avantageux. Enfin, au début. Il faudra prévoir des ajustements par la suite. De toute façon, vous y stresserez moins et vous aurez du succès. Et en prenant plus conscience de votre respiration, vous serez plus relax et efficace. Vous aurez une attirance surprise pour quelqu’un qui sortira de nulle part. Il sera fascinant et plutôt futé. Vous adorerez marcher ensemble.

Cancer « Il est né le divin enfant… » Vous saurez qu’une chose nouvelle s’en vient et ça va vous ragaillardir. Ce sera original, inattendu, et vous fêterez ça. D’ailleurs, ce serait une bonne idée de sortir pour vous aérer l’esprit. Et le cœur. Vous feriez bien des rencontres, pour jaser sans arrière-pensée. Et relaxer. Et c’est vrai qu’il y a un enfant qui s’en vient, par le même chemin que le père Noël. Tout le monde l’espère et l’aimera en son temps.

Lion L’hiver s’en vient et vous arrangerez ça chez vous pour le passer plus confortablement. Même si vous ne serez jamais à l’abri de la visite inattendue. Ou envahissante. Vous réfléchirez sur le fait de vivre seul ou accompagné, pour éventuellement vous orienter autrement. Il y en a parmi vous qui auront l’occasion d’aller vivre à un endroit inattendu et ce sera tentant. Et vous avez vécu ce qu’il vous fallait dans la famille, pour grandir.

Vierge Vous croiserez souvent des gens pour jaser et, la plupart du temps, ce sera sensé. Un peu partout, mais surtout dans le voisinage. Vous croiserez d’ailleurs un voisin, plutôt grisonnant, plus affirmé que vous ne l’auriez cru. Avec une voix chaleureuse, touchante. Prenez du temps pour mieux écouter ces gens. En retour, ils vous écouteront aussi. Il y en a un qui vous invitera à faire de la route, vers les montagnes. Allez-y, on vous y attend.

Balance Vous réaliserez qu’avoir été stable dans la vie, dans certains de ses aspects, aura été un atout. Vous valorisez l’équilibre et la santé, et vous y aurez des résultats. Vous avez assez travaillé, vous serez bien payé en retour. Vous vous rapprocherez de gens sensés, mais quand même rigolos. Et portés sur le party à l’occasion. Et vous aurez une chance de vous payer un luxe bientôt, pas mal tape-à-l’œil. Bof ! Ce sera juste drôle.6

Dimanche – Lundi – Mardi : 9h à 22h
Mercredi – Jeudi : 9h à minuit
Vendredi – Samedi : 9h à 2h am

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.