LES DIFFÉRENCES BD/MANGA
Bien qu’il s’agisse de bandes dessinées dans les deux cas, le format japonais du manga et celui de la BD européenne sont complètement différents. Malgré les nombreuses variantes de cette dernière, nous allons nous concentrer sur le type le plus classique : la BD franco-belge, incluant notamment Astérix de René Goscinny et Albert Uderzo, Les Aventures de Tintin de Hergé, ou encore Gaston d’André Franquin.
BD FRANCO-BELGE
La BD franco-belge se lit de gauche à droite, ce qui influence le placement des bulles et le sens de la narration. Bien qu’à l’origine elles étaient réalisées en noir et blanc, les planches ont commencé à être colorisées des années plus tard pour des raisons marketing. Elles sont donc toujours en couleur aujourd’hui.
Le format standard français mesure 24 × 32 cm, avec un récit d’environ quarante-six pages. La couverture est rigide, et le papier plus épais que celui des mangas. En général, la BD franco-belge raconte les aventures de personnages récurrents, qui n’évoluent pas ou que très peu au fil des albums.
La narration est souvent plus rapide que celle du manga : pour une même scène, les actions sont moins décomposées, tiennent en moins de cases, mais les planches comportent généralement plus de texte.
MANGA
À l’inverse de la bande dessinée franco-belge, le manga japonais se lit de droite à gauche. Cette lecture a une incidence directe sur la narration. Le dessin est en général plus dynamique que dans les BD occidentales.
La taille d’un manga n’est pas vraiment fixe. Pour une édition standard, la largeur varie de 12 à 13 cm pour une hauteur de 18 cm (relativement proche d’un format A6). De façon générale, les dimensions d’un manga peuvent fluctuer en fonction des maisons d’édition. Il n’est pas rare qu’une même série soit imprimée sur des formats totalement différents, notamment lorsqu’il s’agit d’une réimpression ou d’une édition de luxe (qui sera plus grande).
Le manga est un volume qui compte entre cent cinquante et trois cents pages. Les couvertures sont souples et en couleur, et les planches sont en noir et blanc. Chaque tome comporte en moyenne une dizaine de chapitres de vingt pages ou cinq chapitres de quarante pages.
Le nombre de pages par chapitre vient directement du mode de publication des mangas au Japon. Les chapitres sortent de façon hebdomadaire ou mensuelle dans des magazines de prépublication bon marché (Shōnen Jump, Hana to Yume…).
La narration, à l’inverse des BD, adopte un découpage temporel en utilisant les plans et codes de composition que l’on peut retrouver au cinéma (plans en plongée, contre-plongée…). Les protagonistes évoluent tant physiquement que psychologiquement au fil du récit. Le mangaka a la liberté de jouer avec les codes graphiques (découpage irrégulier, utilisation des bordures de cases…), là où le découpage des BD franco-belges est plus strict et codifié.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Lorsque le manga a été introduit en France, les livres étaient imprimés en miroir afin de correspondre au sens de lecture occidental. Cela a toutefois entraîné plusieurs problèmes : les personnages se retrouvaient inversés, et les onomatopées devenaient illisibles ou perdaient leur sens.
Bases dU dessin
VISAGE 3/4
ÉTAPE 1
Les traits de construction qui forment la base sont les mêmes que ceux utilisés pour le visage masculin de face. La seule différence est que le trait vertical va être courbé à gauche ou à droite, selon l’orientation du personnage.
ÉTAPE 3
Dessinez petit à petit les détails du visage. Les oreilles restent toujours au niveau des yeux et du bas du nez, en revanche une oreille sera cachée par le visage tourné. Le contour du visage arrive devant l’oreille et non derrière l’oreille. Il y aura un œil plus grand que l’autre, mais seulement en largeur ! La hauteur reste identique. Les cheveux du bas commencent toujours au niveau du haut du cercle. Du côté droit, le cou se situe un peu derrière le menton jusqu’au niveau de l’oreille.
ÉTAPE 2
Tracez le contour du visage en respectant les repères. Dessinez un creux léger au niveau des yeux. Le nez sera forcément en forme trois quarts, selon l’orientation de la tête. La partie droite de la bouche sera plus large que la partie gauche, car le personnage a la tête tournée de trois quarts vers la gauche. Le placement de l’ovale des yeux dépend de la direction du regard de votre personnage. Dans cet exemple, ce dernier est de trois quarts, mais son regard est porté sur nous. Par conséquent, les ovales vont être décalés vers la droite.
ÉTAPE 4
De trois quarts, on voit un peu les cheveux derrière l’oreille. Comme pour le visage de face, donnez du volume aux cheveux et variez la forme, l’épaisseur et le sens des mèches. Comme pour les yeux, il y aura une épaule plus large que l’autre.
ÉTAPE 5
Comme pour le visage de face, dessinez les détails du visage, ajoutez la couleur et les ombres pour donner du volume.
C’est la même base que pour le visage trois quarts masculin, et les astuces à retenir sont aussi valables pour le visage féminin ! Quelques différences :
ÉTAPE 1
Les traits de construction sont les mêmes que pour le visage masculin. Comme pour le visage féminin de face, le menton est plus haut que pour le visage masculin car le visage est plus petit.
ÉTAPE 3
Comme pour le visage de face, le cou est plus éloigné de l’oreille du côté le plus proche. Les épaules, moins larges que pour le personnage masculin, seront plus proches des oreilles.
ÉTAPE 2
Sur le côté le plus éloigné, le visage est plus fin et vient créer une courbe douce jusqu’au menton. Sur le côté le plus proche, la mâchoire est représentée par une courbe moins marquée que pour le personnage masculin.
ÉTAPE 4
Travaillez la coiffure en prenant en compte la position de la tête : du côté du visage le plus éloigné, on verra moins de mèches de cheveux car elles seront cachées. À l’inverse, les mèches seront plus visibles et plus grosses sur le côté tourné vers nous.
ÉTAPE 5
Ajoutez les détails finaux et les ombres qui donneront de la profondeur à votre personnage.
LE CORPS
Le style de dessin manga est très souvent une caricature de la réalité. Cependant, avant de pouvoir les réaliser, il est nécessaire de maîtriser les bonnes proportions anatomiques. C’est ce que nous allons aborder ici.
L’unité de mesure pour un corps est la tête. Un adulte mesure environ 7,5 têtes de haut, que nous arrondissons pour la représentation en style manga à 8 têtes.
La hauteur des adultes sera donc de 8 têtes, les adolescents de 6 têtes et les enfants de 4 à 5 têtes.
BASE HOMME ADULTE - FACE
Proportions
Dans un premier temps, nous allons dessiner le personnage avec des formes géométriques. Le recours à cette méthode permet de bien visualiser le positionnement des différentes parties du corps dans l’espace et de faire le moins d’erreurs possible, que ce soit pour des postures statiques ou dynamiques. Nous utiliserons des formes cylindriques pour les membres arrondis (bras et jambes), des pavés pour les zones plus larges (tête, buste et bassin) et des sphères pour les articulations.
Après avoir dessiné la tête, plaçons le buste juste au-dessous avec un espace entre les deux pour insérer plus tard le cou. Le buste fait environ 1,5 tête de haut. Il dépasse d’une demi-largeur de tête chaque côté du visage pour les hommes. Il est possible d’élargir le haut du buste pour que le personnage ait une envergure plus large.
Sous le buste, le bassin est un peu moins haut qu’une tête et doit arriver sur le 4 de l’échelle.
La hauteur comprise entre le haut de la tête et le bas du bassin est de 4 têtes, soit la moitié du corps.
ATTENTION !
il est fréquent de faire les jambes trop courtes ! il est donc important de vérifier que la hauteur des membres inférieurs (jambes + pieds) est égale à la partie supérieure du corps.
Concernant les différences homme-femme, voici les particularités du corps de l’homme en manga :
• Le personnage masculin de base a les épaules larges et un bassin plutôt étroit.
• Ses hanches sont peu marquées, le cou est plus épais, et ses muscles et son ossature seront marqués.
• Les cuisses doivent occuper la largeur du bassin. Elles ont la même longueur que les mollets.
• Lorsque l’on tend le bras le long du corps, la main arrive à mi-cuisse, et le poignet en bas du bassin. Le bras et l’avant-bras ont la même longueur. Le coude doit donc être placé à mi-chemin entre le poignet et l’épaule.
CORPS
Les muscles des personnages masculins sont généralement marqués (étape 2). Les pectoraux sont rattachés aux aisselles et arrivent à la moitié de l’arrière-bras. Après avoir esquissé la morphologie globale de votre personnage, vous pouvez ensuite ajouter ses vêtements (étapes 3 et 4) et le colorier (étape 5).
VÊTEMENTS
Les vêtements peuvent être soit près du corps pour mettre en avant la silhouette d’un personnage, soit plus larges pour apporter un air décontracté.
MESURES À RETENIR :
• Les jambes représentent la moitié du corps.
• Les cuisses et les mollets ont la même longueur.
• Le bras et l’avant-bras ont la même longueur.
• Les doigts du bras tendu arrivent à mi-cuisse.
DÉTAILS
Après avoir dessiné les éléments principaux des vêtements, ajoutez des détails comme des plis ou des éléments décoratifs. Référez-vous à la section « Plis des vêtements », pages 50-51, pour comprendre la mise en place des plis.
COULEURS
Il ne vous reste plus qu’à colorier votre personnage ! Pour la méthodologie, reportez-vous à la section « Couleurs » page 64. Amusez-vous et laissez libre cours à votre créativité !
PLanCHes manga
BULLES
MANGA
Les bulles (aussi appelées phylactères) servent à faire dialoguer les personnages. Elles possèdent un appendice qui identifie la personne qui parle. Elles permettent aussi de donner des indications sur la façon dont s’expriment les différents locuteurs ainsi que leur état d’esprit.
Varier les formes de bulles sur une planche permet de rendre la scène plus vivante.
Pour un personnage qui parle normalement, la bulle est arrondie.
Cette bulle rectangulaire permet de faire parler le narrateur et de donner plus d’informations sur la scène, comme le lieu et la date de cette scène.
Quand la voix sort d’un téléphone, de la télévision ou de la radio, elle est représentée par des traits doubles.
Quand le personnage chuchote, la bulle est en pointillé.
Lorsque le personnage crie de colère, de joie ou de peur, la bulle a des piquants comme si elle explosait.
Quand le personnage pense, le lecteur peut lire ce qu’il se dit dans sa tête grâce à une bulle entourée de traits, ressemblant à un soleil.
ÉMOTIONS
Le style simple du kodomo et la spontanéité des enfants permettent d’exagérer les expressions du visage. Les expressions choisies vont également être moins complexes et subtiles que celles des adultes. Le degré de l’émotion est adapté au personnage.
Ici, par exemple, le personnage de la petite fille ne va pas crier de rage, mais va plutôt se mettre à bouder. Elle baisse la tête, fronce les sourcils et détourne le regard. On remarque aussi que ses épaules sont hautes, ce qui nous laisse penser qu’elle croise les bras.
Pour la tristesse, on privilégie le côté mignon et enfantin de l’expression. Les yeux brillants et la simplification de la bouche tremblante donnent l’impression qu’elle pleure après s’être fait gronder par exemple. Le style caricatural du kodomo nous permet aussi de jouer avec des éléments extérieurs au visage pour renforcer l’émotion, notamment les cheveux. Ici, les couettes de la petite fille sont plus baissées que d’habitude, retirant ainsi le côté énergique et optimiste du personnage.
On peut jouer avec les éléments de différentes façons. Pour le dégoût, les couettes sont levées et les épaules sont hautes pour donner l’impression que ce qu’elle voit est si repoussant que tout son corps est tendu et ses poils hérissés.
Pour illustrer la surprise, les sourcils sont hauts, les pupilles rétractées, la bouche grande ouverte et les épaules hautes. Ici, la bouche est plus ouverte du côté de son œil droit. Celui-ci va donc être légèrement fermé pour donner du dynamisme à l’expression.
Les expressions d’une mascotte suivent la même logique que celles des humains. Le but sera souvent de souligner le côté mignon ou comique du personnage en exagérant beaucoup l’expression.
Comme pour les humains, lorsque le tanuki fait un grand sourire, ses yeux se plissent. Ce qui va changer sera la forme de la bouche : on fait deux petits arcs au niveau des babines supérieures pour donner une forme de museau.
De même, pour la colère, on joue avec les taches du pelage pour donner l’illusion de sourcils froncés. Notre tanuki n’est pas du genre à crier sur les autres. Il est cependant agacé lorsque quelqu’un s’en prend à son amie. C’est dans ce genre de situation qu’il pourrait faire ce genre d’expression.
Pour la tristesse aussi, on utilise la fourrure, que l’on tire vers le bas. De plus, l’animal n’ayant pas de sourcils, on peut jouer avec les motifs du pelage pour donner l’illusion de sourcils. Ici, notre tanuki a des taches autour des yeux, que l’on déforme au niveau de l’arcade sourcilière en fonction de l’émotion transmise.
Le kodomo employant un style graphique simple et caricatural, on peut se permettre de créer des expressions qui dépassent la logique afin de renforcer l’émotion. Ici, par exemple, la bouche est si ouverte qu’elle dépasse la mâchoire. De la même manière que l’on a utilisé les couettes de la petite fille pour souligner la surprise, on peut jouer avec la fourrure et les oreilles du tanuki qui, ici, sont hérissées.
LE SHŌNEN
DÉFINITION
Le shonen (少年) a une ligne éditoriale qui s’adresse particulièrement à un public de jeunes garçons, adolescents ou jeunes adultes (entre 8 à 18 ans).
C’est le style de manga le plus populaire dans le monde grâce à des chefs-d’œuvre comme One Piece, Dragon Ball, Naruto, Demon Slayer et plus récemment My Hero Academia.
Les mangas shonen racontent souvent l’histoire d’un héros fort, inspirant, joyeux, simple avec un grand cœur, qui souhaite réaliser son rêve. Tout au long de son voyage et de ses aventures, le héros va créer des liens d’amitié avec des personnages totalement différents qui vont enrichir l’univers du manga et développer des interactions drôles et émouvantes.
Les valeurs et messages transmis à travers le shonen sont souvent le pouvoir de l’amitié, la réalisation de ses rêves et le triomphe du bien sur le mal. Ces ouvrages véhiculent des messages simples, mais contiennent des scènes qui créent, à travers les personnages mangas, beaucoup d’émotion chez les lecteurs. Beaucoup de mangas japonais ou français aujourd’hui ont été inspirés par les grands mangaka de shonen comme Akira Toriyama (auteur de Dragon Ball) ou Eiichiro Oda (auteur de One Piece).
LES SOUS-GENRES DU SHŌNEN
shōnen nekketsu
« Nekketsu » signifie « sang bouillant » en japonais.
C’est le shonen pure aventure, dans lequel le héros est un jeune homme qui doit accomplir un voyage initiatique pour réaliser son rêve. Tout au long du manga, on suit l’évolution de ce héros, à travers ses victoires, ses échecs, ses rencontres et sa quête.
Le lecteur grandit avec les personnages.
Exemples : Dragon Ball, One Piece, Fairy Tail et Naruto
shōnen de sport
Les sports ont une grande place dans le shonen. Pratiquement tous les sports ont eu leur manga.
Exemples :
• Football : Olive et Tom (Captain Tsubasa en japonais), Blue Lock
• Basket-ball: Slam Dunk, Kuroko no basket
• Football américain : Eyeshield 21
• Volley-ball : Haikyu!!, Jeanne et Serge
C’est le genre de manga qui donne envie de se surpasser, de progresser pour remporter la victoire en équipe ! Même si on ne pratique pas le sport décrit dans le manga, tout est bien expliqué pour qu’on rentre facilement dans l’histoire et qu’on s’attache aux personnages principaux.
shōnen isekai
Ce sous-genre signifie « réincarnation vers un autre monde ». On suit un personnage principal lambda qui décède dès le début du manga pour se réincarner sous les traits d’une autre personne et dans un autre monde, tout en gardant sa mémoire, sa personnalité et les connaissances de son ancienne vie.
