


Guillaume BERTELOOT · Bénédicte QUINET
Scénario et dessin Couleurs
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Guillaume BERTELOOT · Bénédicte QUINET
Scénario et dessin Couleurs

L’éditeur et l’auteur tiennent à remercier le Colonel Rémi Scarpa, chef de corps, et tout le personnel du 2e régiment de Dragons de Fontevraud-l’Abbaye pour leur soutien continu et indispensable tout au long de la réalisation de cet album. Cette bande dessinée est une libre adaptation de L’Étendard évadé de Daniel Devilliers, paru aux Éditions Berger-Levrault en 1957.

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Achevé d’imprimer le 11 août 2025 par SEPEC, Z.A des Bruyères, 01960 Péronnas, France
Dépôt légal en octobre 2025. Déposé au Ministère de la Justice. Loi 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse modifiée par la loi no 2011-525 du 17 mai 2011.
… Mais d’autres ont répondu qu’il n’y avait ni armistice, ni suspension d’armes…

HiNTERHALT ! AUSTEiGEN !
… « la bataille continue »…
L’automitrailleuse s’embrase PRESQUE instantanément…

Guiffault !
Le tireur réussit à s’extraire…
Mon tireur s’est fait tuer ! Prends sa place !
… mais pas le conducteur.
Berthier !
Autant pour échapper aux balles allemandes qu’aux hurlements de son camarade coincé dans le véhicule en flammes... Le Brigadier part en courant droit devant lui.
On se fait enfoncer de partout !
Quelles nouvelles ?
On y est.
Il n’y a plus d’ordres, plus de munitions, plus d’essence…

Les boches nous encerclent et vont nous submerger.
Ce sont les hommes du 2e Régiment de Dragons, le plus ancien régiment de la Cavalerie Française… Et moi, je suis… leur étendard.
Il n’y a pas à être humiliés… Ces hommes se sont battus jusqu’à l’extrême limite de leurs forces et de leurs ressources… Mais parfois, le sort des armes est contraire…
Certains parviendront toutefois à échapper à l’encerclement et à la capture. Mais qui sont ces hommes ?
Sous mes plis, j’ai connu bien des combats et bien des gloires… Mais aussi, bien des sacrifices et du sang.
Tout commence en 1556 lorsque le Prince de Condé crée la compagnie des « Cinquante lances des ordonnances du Roi »…Le régiment a pour devise Da materiam splendescam (Donnez-moi l’occasion et je resplendirai).
En 1635, cette compagnie devient régiment, puis prend le nom de « Condé Cavalerie » en 1646.
Le régiment suit son Mestre de camp, le grand Condé, lors de la fronde pendant quelques mois, avant de revenir au service du Roi Louis XIV. Ces cavaliers attirent son attention lors de plusieurs batailles…
Ce qui fait dire à Guillaume d’Orange…
Oh l’insolente Nation !!
… Comme celle de Neerwinden en 1693, où, après avoir subi un bombardement de DiX heures, La Cavalerie française charge et emporte la victoire.
En 1776, le régiment prend le nom de « Condé Dragons ».

La Convention décide, en 1791, de supprimer les appellations monarchiques des régiments et de leur attribuer un numéro selon leur ancienneté.
Condé Dragons prend le numéro 2, alors que Royal Dragons, créé après, prend le numéro 1 ?!
Avec la grande armée de l’épopée Napoléonienne, Le 2e Dragons est à Austerlitz, Iéna, Eylau, Friedland, en Espagne… et à Waterloo.
S’ils sont encore à cheval au début de la Grande Guerre, ils mettent rapidement pied à terre et combattent comme fantassins jusqu’au 11 novembre 1918.
Les charges de cavalerie ne pouvaient rien contre les mitrailleuses.
En 1929, le régiment prend l’appellation « 2e Bataillon de Dragons Portés », avec vélos et Citroën Kegresse.
Cette fois, c’est bien adieu au crottin… … remplacé par cette chose…
… pétaradante et malodorante.
C’est mieux…
Puis, le 1er décembre 1939, il devient le 2e Régiment de Dragons portés, avec cette fois automitrailleuse AMR33, side-cars, motos, camions…
Mes plis recevront la Croix de Guerre 14 – 18.
Hélas… à partir du 10 mai 1940, mes fils combattent au sein de la glorieuse 3e DLC au Luxembourg, à Longwy, à Moncornet EN AppUi DE la 4e DCR du Colonel De Gaulle, sur la Somme, en Normandie ET JUSQU’EN MAYEnnE…
… mais CELA SUFFIRA-T-iL face aux Panzer d’Adolf ?
Le 22 juin, l’armistice est signé à Rethondes. Pour conserver l’esprit des divisions de cavalerie dans l’armée d’armistice, le 2e Dragons, iNVAINCU, est reconstitué à Auch le 5 septembre 1940.
Quartier Espagne, Auch, septembre 1940, en zone libre…

Robert de Neuchèze, vous avez formé le 1er groupe franc motorisé de cavalerie, défendu les ponts de la Seine. Blessé le 27 mai à Drancourt sur votre char…
Bureau du colonel Guy Schlesser
… Vous vous êtes sauvé de l’hôpital avec une plaie encore ouverte, avez repris le commandement du GFC, retardé L’AVANCE EnnEMiE…
… avant d’être mis à la disposition du colonel Michon commandant l’école de cavalerie de Saumur*…
Le capitaine de Neuchèze est là, mon Colonel.
Pour ces faits d’armes, vous êtes nommé Chevalier de la Légion d’Honneur.
Les mots « défaite », « vaincu » ou « désespoir » ne font pas partie de votre vocabulaire, n’est-ce pas, Neuchèze ?
Vous avez défendu la Loire et continué le combat malgré un rapport de force de 1 contre 40. Votre groupe a perdu 93 hommes et presque tous ses chars, mais vous avez sauvé le reste de votre armement.
Très bien. Ici non plus. Cette guerre n’est pas terminée. La France aura encore un rôle à y jouer. Notre foi dans nos destinées commande notre avenir. Dès demain, nous devons être prêts à reprendre la lutte.
Il y a ici des hommes de tous horizons, désorientés ou volontaires, mais tous désireux de servir. Nous devons leur donner conscience que malgré leurs diFFérences, ils forment un bloc devant instantanément être prêt pour la seconde bataille de France.
Me seconderez-vous dans cette tâche, Capitaine ?
Absolument. Comptez sur moi,
Ils éditent un journal, créent un club nautique, une salle de cinéma…

Mes fils se mettent aussitôt au travail. Galvanisés et entraînés par leur chef et ses cadres, ils rénovent entièrement leur caserne et leurs quartiers…
Ils acquièrent trois fermes, élèvent un troupeau et cultivent deux cents hectares.
Courage les gars ! Vous serez bien contents d’avoir du rab dans votre gamelle !
Un matin, les habitants d’Auch ont la surprise d’entendre les notes de Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine au pied de la cathédrale Sainte-Marie.
... Pratiquent assidûment l’équitation, la bicyclette, l’acrobatie en side-car…
Ils achètent des chalets à Mayolle et Mazamet…
Une fabrique de charbon de bois est mise en exploitation pour les gazogènes des véhicules.
Outre le goût de l’eFFort que procurent des exercices en montagne, il pourra être utile de connaître ce milieu lors de futurs combats…
Ils pourraient être plus discrets, bon sang ! Des défilés comme ça, ça va attirer les foudres des pontes de Vichy… ou pire, des boches !
Il n’y a pas de boches en zone libre…
… même si les autorités d’armistice ont fait retirer les canons des automitrailleuses.
Les Dragons considèrent le foyer de la caserne comme leur chef-d’œuvre. Ils aiment à s’y retrouver aux heures de détente. Souvent, le colonel vient y passer un moment.
Nous sommes appelés à être demain, sous le signe du 2e Dragons, les pionniers de la France renaissante !
Un chef et ses hommes… Pas encore…
Ce sera dur mes garçons, mais je vous promets que nous défilerons à la tête de l’armée victorieuse qui libérera le sol de notre patrie.
Escalier monumental d’Auch…
Qu’est-ce que c’est que ce bruit ? On dirait…

Des sabots ?!?
Mais ces hommes sont avant tout des soldats : l’instruction militaire est extrêmement aiguisée ; à la théorie succèdent des exercices à bicyclette, à moto, à cheval, d’orientation, de tir, et même avec des obus factices.
Tu retires ton chapeau ?
Ce jour-là, les dragons auraient escaladé le ciel.
Ils sont complètement fous !! Non… … Ils sont magnifiques !
Deux fois par jour a lieu le salut aux couleurs sur le pont reliant les deux parties du quartier.
Je ne peux plus faire autrement en les voyant, désormais…
Capitaine de Neuchèze, lieutenant Miler. Nous ramenons du matériel agricole pour la ferme de Californie, appartenant au 2e Dragons à Auch.

Très bien, allez-y.
En vérité, il n’y a pas de matériel agricole dans la camionnette…
… Mais des fusils, des mortiers et des munitions récupérés dans le Lot-et-Garonne…
Septembre 1940…
Neuchèze, il est clair que, tôt ou tard, les boches seront ici… Nous devons nous préparer au mieux à reprendre la lutte… mais à l’insu des autorités de Vichy, bien sûr…
On va mettre les fusils et les mortiers derrière le fourrage et enterrer les munitions dans un champ.
Nous devons récupérer et cacher du matériel et des armes, recenser les hommes, y compris civils, prêts au combat, mettre sur pied deux autres régiments actifs…
Nous devons également organiser des filières d’évasion par l’Espagne pour rallier l’Afrique du Nord.
Mon Capitaine, je sais où on peut se procurer des canons de 25 pour nos Panhard*.
Leroy, vous pouvez faire quelque chose avec ces carcasses de side-cars ?
Bien sûr, mon Capitaine. Je peux en faire un presque flambant neuf !
Neuchèze réalise également un « fichier de mobilisation » où chaque homme ou volontaire est noté d’après ses capacités…
… Dans les hautesPyrénées.
*Automitrailleuses
… Puis il crée une association, « Les amis du 2e Dragons », dont le but caché est de recruter des civils susceptibles de s’intégrer au régiment.
15 h – Les allemands sont à Auch et investissent la caserne Espagne, plaçant partout des mitrailleuses et des canons antichars en batterie…

Les allemands se retirent des quartiers, mais encerclent la caserne…
Pendant DEUX jours, le colonel Schlesser contacte diverses administrations, les Eaux et Forêts, les Ponts et Chaussées…
Les dragons serrent les poings…
9 h…
Cette fois, ça y est : les boches sont entrés en zone libre…
Ordre formel de Toulouse* : ne pas tirer, ne sortir sous aucun prétexte des casernements…
*17e Région Militaire dont dépend Auch.
la maisonneuve, je refuse de recevoir le commandant allemand dans mon bureau…
Allez négocier avec lui…
Mon Colonel, nous avons 48 heures pour quitter les lieux… 48 heures ?
Bien. … dans un silence absolu…
Chaque escadron s’organise, les capitaines s’adressent à leurs hommes…
Vous pouvez rentrer chez vous, ou rester dans la région en acceptant un travail modeste… mais de toute façon, nous resterons en contact, toujours unis, prêts à reprendre le combat…
Il y aura aussi des filières pour passer en Espagne…
Neuchèze, vous restez la chaîne qui relie tous les hommes, où qu’ils se trouvent dans le département.
Comptez sur moi, mon Colonel.
… Tous susceptibles de donner un travail aux dragons démobilisés, cadres comme hommes.
80 % des cadres et plus de 50 % des hommes restent dans le Gers…
Et restez en liaison avec Pommies*.
*Officier de la « mobilisation secrète » à Toulouse
Il ne reste qu’une chose à faire…
Dire au revoir à « mes garçons ».
