La Moufle
Une moufle gisait sur la neige, comme ça. En pleine forêt.
Que faisait-elle là ?
Quoi qu’il en soit, Souris la remarqua, en fit le tour, l’inspecta et conclut que cette moufle était une sacrée aubaine. Un miracle de Noël, pour ainsi dire, car elle serait pour elle un formidable cocon, moelleux et chaud, pour passer la nuit.
Souris se faufila, se pelotonna et s’endormit presque aussitôt.
Écureuil, depuis son nid venteux et froid, aperçut la moufle, là, tout en bas.
« Voilà qui ferait un abri confortable ! » se dit-il.
Et hop ! Il descendit de son arbre et s’approcha du cocon de laine.
– Puis-je entrer ? demanda Écureuil. Il fait si froid dehors !
– Entre donc, mon ami, répondit Souris.
Les deux compagnons se blottirent l’un contre l’autre. Quel délice de passer la nuit dans un lit si douillet ! En un instant, ils s’endormirent.
Dehors, la neige se mit à tomber à gros flocons.
Lapin qui ne trouvait pas, sous l’épais manteau blanc, l’entrée de son terrier, vit la moufle et se dit : « En attendant de retrouver mon nid, voilà un plaisant abri ! »
Et hop ! Il sautilla dans la neige et s’approcha du cocon de laine.
– Puis-je entrer ? demanda Lapin. J’ai terriblement besoin de me réchauffer !
Écureuil et Souris regardèrent à leurs pieds et constatèrent qu’il restait de la place dans la moufle.
– Entre donc, mon ami, répondit Souris.
Lapin se faufila et se roula en boule. Quel doux moment il allait passer !
Renard, qui revenait du réveillon chez ses aïeux, était transi de froid. Il lui restait bien du chemin à parcourir jusqu’à son logis et il craignait de n’y jamais parvenir. Quand il aperçut la moufle, il vit cela comme un don du ciel ! – Puis-je entrer ? demanda Renard en claquant des dents. Si je ne me réchauffe pas immédiatement, je vais mourir de froid !
Les occupants de la moufle hésitèrent. L’endroit n’était pas si grand, et ils risquaient d’être moins à leur aise avec un nouvel occupant.
Souris eut néanmoins de la peine pour ce pauvre Renard.
– Entre donc, mon ami, répondit Souris.
Renard dut se contorsionner pour entrer tout entier dans la moufle. Souris, Écureuil et Lapin se serrèrent autant qu’ils le purent et finirent par trouver une position pas trop inconfortable pour passer la nuit.
La lune pointa son nez de derrière les nuages et fit scintiller les amas de neige ornant les branches des arbres. On eut dit qu’ils avaient été décorés pour la veillée de Noël.
Arriva un marcassin qui pleurait à s’en étouffer, car il avait perdu sa maman et ne trouvait plus le chemin de sa maison.
Entendant cela, Souris fut prise de pitié, elle appela : – Viens donc au chaud avec nous, Marcassin. Repose-toi, reprends des forces et demain, nous retrouverons ta maman.
Les autres locataires de la moufle s’insurgèrent : – Cet animal est sale ! protesta Écureuil. Il va mettre de la terre partout ! – Nous n’avons même pas assez de place pour nous ! grogna Lapin.
Qu’il se trouve un autre nid !
Renard se contenta de grogner, pour effrayer Marcassin, mais ce dernier accepta tout de même l’invitation de Souris et se glissa, tant bien que mal, dans le cocon de laine.
Tout le monde se sentit écrasé, serré, mais ils étaient au chaud et c’était bien cela le plus important. Malgré leurs positions incongrues et inconfortables, les animaux finirent par sombrer dans un paisible sommeil.
Un jeune ours arriva et aperçut la moufle. Sans demander la moindre autorisation, Ours entra. Il n’entendit même pas les objections de ses habitants ! Il força une patte, écrasant la queue d’Écureuil, entra la deuxième patte, coinçant une oreille de Lapin. La moufle enfla ! La laine menaça de céder. Mais le jeune Ours n’en eut cure et tira jusqu’à entrer entièrement dans une moufle tendue comme une peau de tambour ! À l’intérieur, tout le monde grondait, mais personne n’eut envie de céder sa place au chaud.
C’est alors qu’une fourmi sortie de sous la neige, s’ébroua et se glissa dans la moufle. À l’instant où ses petites pattes frôlèrent la laine, la moufle éclata en tous sens, envoyant Souris ici, Lapin là ; faisant rouler Renard, voler Fourmi dans les airs et pleurer Marcassin.
Ours se rendit alors compte de sa bévue. Pour se faire pardonner, il invita tout ce petit monde à venir se blottir dans son épaisse fourrure. Alertée par le bruit de la moufle qui éclate, une colonie de lucioles se joignit à la petite équipe et leur offrit quelques joyeuses lumières. Ils passèrent la nuit ainsi, sous un grand sapin, entre les grosses pattes d’Ours. Au petit matin, chacun repartit vivre sa vie, mais ils racontèrent longtemps cette nuit de réveillon de Noël, commencée dans une moufle de laine et terminée sous les pattes d’un jeune ours pataud.
Trois contes de Noël lus et trois chansons merveilleusement interprétées par Natasha St-Pier, dont un titre inédit.
La Moufle, La Soupe au caillou, Le Sapin,
suivez les aventures des animaux de la forêt, d’un vieux loup et d’un sapin qui fêtent Noël chacun à leur manière.
We Wish You a Merry Christmas, Le Jour de Noël, Noël chez moi,
FÉLINES
écoutez des mélodies inoubliables pour fêter Noël en famille.
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Illustré par Anna Làng
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