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MATHILDE RAY & CYRIELLE

Complot à Venise

Avec un miroir, deux réglettes et des jeux

Si tu ne parviens pas à déchiffrer les messages codés, pas de panique ! Tu pourras toujours trouver la solution à la fin du livre.

Direction : Guillaume Pô

Direction éditoriale : Sarah Malherbe

Édition : Frédérique Chavance

Conception graphique, intérieur et couverture : Studio Primo&Primo

Mise en pages et déclinaison de la couverture : Virginie Langlais

Correction : Aurélie Lacombe

Direction de fabrication : Thierry Dubus

Fabrication : Audrey Bord

© Fleurus, Paris, 2025, pour l’ensemble de l’ouvrage. www.fleuruseditions.com

ISBN : 978-2-2151-9430-9

MDS : FS94309

Tous droits réservés pour tous pays.

« Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. »

MATHILDE RAY & CYRIELLE

Complot à Venise

L’homme traqué

Perdu dans la foule multicolore, Paolo rit tout haut. Il se croirait dans un rêve. Venise ! Le voici

enfin dans cette ville dont il a tant rêvé !

– Le vieux Zalla avait raison, pas vrai, Monello ?

Le ouistiti, juché sur son épaule, manifeste son enthousiasme à sa façon habituelle : par des cabrioles.

Paolo pense aux dernières paroles de Zalla, le vieux dresseur d’animaux, celui qui l’a recueilli tout bébé et élevé comme un père :

– Tu deviens grand, Paolo. Tu peux mener ta vie, maintenant. Prends Monello et allez à Venise. Un grand destin t’attend là-bas. Il n’est pas de lieu plus beau au monde… surtout pendant les mois du carnaval.

Paolo ne sait pas si un grand destin l’attend, mais pour la beauté, Zalla avait raison. Venise n’a jamais été aussi gaie et tapageuse qu’en ce xviie siècle. La foule déguisée l’entraîne dans un tourbillon de couleurs, de rires, de musique. Il se laisse porter par cette farandole de costumes et de masques bigarrés – comiques ou menaçants, espiègles ou mystérieux – au fil des ruelles qui semblent elles-mêmes danser sur l’eau.

– Au voleur ! Il a pris ma corbeille ! Arrêtez-le !

Le cri a jailli sur la placette. Il vient d’une jolie Colombine qui jouait de la flûte pour les passants.

– Là-bas ! L’homme au masque !

– Euh… Ce n’est pas très précis, hasarde Paolo.

La jeune fille le foudroie du regard.

– En habits multicolores ! Sans plumes à son chapeau ni nez crochu. Près de la dame en bleu ! Il a caché ma corbeille sous son vêtement.

Vite !

Trouve le voleur dans la foule.

Paolo se lance à la poursuite du larron. Celui-ci a détalé, mais s’arrête net lorsqu’une boule de poils atterrit sur son chapeau, accompagnée d’une voix stridente lui vrillant les oreilles :

– Canaille ! Crapule ! Gredin !

Le ouistiti scande ces compliments en lui martelant copieusement le visage. Laissant échapper la corbeille contenant des pièces de monnaie, le voleur effrayé s’enfuit dans un long cri :

– Aaaaaah ! un s-s-singe qui p-pa-parle !

– Oh ! s’exclame la Colombine à la flûte.

– C’est incroyable ! ajoute la dame en bleu.

Permettez-moi, jeune homme… Je peux le caresser ?

Monello bondit en arrière. Ce sont ses yeux, cette fois, qui parlent : il déteste qu’on le touche.

– Farouche, le petit prodige ? J’ai vu bien des animaux rares dans ma vie : perroquets, ours dressé… même un rhinocéros. Mais un singe parlant ! Sais-tu que je serais prête à te l’acheter… très cher ?

Paolo reste sans voix. « C’est étrange, se dit-il, quand un masque vous parle. » Celui-ci représente

une femme séduisante, mais ce sourire éternel est curieusement dépourvu de vie. En revanche, quelle énergie se devine dans les yeux qui pétillent derrière ces orbites creuses ! Quelle détermination dans cette voix profonde ! Colombine donne un coup de coude à Paolo.

– La marquise d’Arcana est l’une des plus riches femmes de Venise, chuchote-t-elle.

– Euh… excusez-moi, mon ouistiti n’est pas à vendre, bafouille-t-il tout rouge.

– Bon, tant pis pour moi ! dit la marquise.

Paolo suit des yeux sa silhouette élégante jusqu’à ce qu’elle disparaisse au coin de la placette.

La flûtiste a récupéré sa corbeille et ses pièces.

– Elle aurait pu faire ta fortune, tu sais.

– Monello vaut bien plus qu’une fortune ! Et puis… euh… en fait il ne parle pas. C’était moi.

– Hein ? Toi qui criais comme ça ? Tu me prends pour une idiote ?

– Oui. Euh, pardon… oui, les glapissements c’était moi.

Comme la jeune fille le fixe d’un air soupçonneux, Paolo fait quelques pas vers la statue d’un lion. Un pigeon est perché sur la crinière de pierre.

– Grrrr ! rugit le lion. Il dit vrai ! Mais elle ne le croit pas.

– Elle le prend pour un menteur, roucoule le pigeon.

– Ou un fou, ajoute le lion.

La Colombine a les yeux écarquillés. Pendant ce dialogue, Paolo est resté immobile. Pas un seul de ses traits n’a bougé. Puis, après un silence, son visage se fend d’un large sourire.

– Je suis ventriloque, explique-t-il.

Puis, comme elle reste bouche bée, il ajoute :

– Je suis aussi Paolo.

– Enchantée, rit la fille. Moi, c’est Lucia.

À ce moment, un individu surgit d’une ruelle adjacente. Il porte un pourpoint noir et, sur le haut du visage, un loup de satin assorti, brodé de fines arabesques dorées. La sérénité du masque contraste avec l’expression de sa bouche : il est paniqué.

– Ils sont après moi… halète-t-il.

Il jette sur la foule affairée un regard d’homme traqué, mais ne rencontre que masques et voiles. Pas un seul visage humain auquel se raccrocher, sauf celui des enfants. Il s’approche d’un bond et, sortant une bourse de son justaucorps, la lance dans la corbeille de Lucia.

– Vous irez… vous lui raconterez…

Une dizaine d’hommes armés débouche à l’angle de la placette. Apercevant la silhouette noire, ils se ruent dans sa direction.

– Vite ! Il ne peut plus nous échapper !

En effet, la placette est bordée par l’eau. L’homme est cerné. Il se tourne vers le canal et plonge dans l’eau. Ses poursuivants jurent de dépit.

– Surveillez la rive ! hurle un colosse qui semble commander la troupe. En face, aussi ! Prenez par ce pont ! Et gare aux gondoles, ou il va nous filer sous le nez !

Ils se dispersent à la hâte. Aucun d’eux n’a prêté attention aux enfants.

– Oh, regarde ! Ils ont laissé tomber quelque chose.

C’est un bout de papier chiffonné.

MORT OU VIF. PIETRO CAVALLI,

MASQUE NOIR ET OR

– Voilà qui devrait nous aider à déchiffrer, dit Lucia en tirant un petit miroir pendu à son costume.

– Pietro Cavalli. Pourquoi le poursuivaient-ils ?

– La bourse doit contenir un indice.

Leur voix n’est plus qu’un murmure. Dans la cohue, c’est sans doute une précaution superflue, mais ils pressentent qu’ils détiennent un secret précieux.

Un secret dangereux, aussi, qui a failli coûter la vie à l’homme qui le leur a confié. Où ouvrir la bourse à l’abri de toutes ces paires d’yeux dissimulés ?

– L’église, là, à côté, souffle Lucia.

Dans l’église fraîche et sombre, seules quelques silhouettes, çà et là, sont absorbées dans la prière. Les enfants, furtivement, dénouent le sachet de cuir.

Il contient deux longues bandes de papier perforé, et, griffonné sur une feuille…

À IG,M WT I UN D É !8 I :Q/I S XB U O,I R

L N6 ; A EZ P HL I P-J A BU Z OS Z (-T A

VU M É8 Â HKI T )D

C RL E VÊ! N D4 T KM R /D. A 1EH L

– Des papiers troués, du charabia… Ça ne veut rien dire, peste Lucia.

– Séparément, peut-être. Mais posés l’un sur l’autre ?

Les enfants décryptent fiévreusement.

– Un rendez-vous ? chuchote Paolo.

– Oui, il allait sûrement retrouver quelqu’un.

« Vous irez », a-t-il dit. Et « vous lui raconterez ».

Il faut faire vite, il doit être bientôt midi !

– Mais sur quelle piazza ? Des places, il y en a des centaines à la ronde ! se désole Paolo.

– On voit que tu n’es pas d’ici ! Ce ne sont que des campi, des sortes de clairières. Il n’y a qu’une piazza à Venise : la place Saint-Marc !

- 15 -

Sortant de la pénombre de l’église, les enfants retrouvent la rue baignée de soleil et de bruit. Mais plus que le contraste entre le silence et le tumulte, c’est une conversation qui frappe leurs oreilles.

– Vos hommes ne se sont pas illustrés, gronde une voix basse. Pietro leur a échappé comme une anguille.

– En effet, Excellence, répond une deuxième voix.

Je suis vraiment confus, je…

– Vos excuses ne m’intéressent pas. Ils n’ont pas droit à l’erreur. Ce Cavalli en sait trop… Il me le faut. Surveillez partout : rues, places, canaux.

– Mais il aura zanzé de coztume, intervient une troisième voix, affligée d’un léger zézaiement. Un homme en plein carnaval, z’est une aiguille dans une botte de foin.

– Épargnez-moi vos zozotements, signor Chat, gronde la première voix. Si vous étiez plus efficaces nous n’en serions pas là.

Les enfants regardent discrètement à la ronde.

Aide-les à trouver d’où viennent ces trois voix.

L’air faussement détaché, les enfants se dirigent vers une ruelle attenante. Paolo est songeur. Bien sûr, les masques sont trompeurs, pourtant, il a été frappé par le personnage central du groupe. Le chef, sûrement. Ce sinistre barbon semble si malveillant ! Il se retourne pour lui jeter un dernier coup d’œil. A-t-il rêvé ou le masque s’est-il aussi tourné vers lui, fixant ses yeux glaçants sur Monello, juché sur son épaule ? Comme il rattrape Lucia, il lui semble que ce regard le suit toujours, et lui transperce l’échine.

Complot à Venise

Une enquête palpitante au cœur de Venise !

Venise, xviie siècle. Alors que le carnaval bat son plein, un espion poursuivi par des hommes masqués disparaît sous les yeux de Lucia et de Paolo après leur avoir confié un message secret.

Les deux enfants découvrent alors que la République de Venise est en grand danger !

Il n’y a plus une minute à perdre ! Avec Lucia, Paolo et son fidèle ouistiti, plonge dans les intrigues de la Sérénissime et déjoue le complot qui pèse sur Venise !

Toi aussi, mène l’enquête avec Lucia, Paolo et Monello !

Utilise le miroir pour lire des messages, trouve des indices dans les illustrations et déchiffre des mots codés grâce aux réglettes pour aider Lucia et Paolo à sauver Venise !

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