SOCIĂTĂ
Mieux vieillir au sein âdâun environnement urbainâ La population rĂ©sidente au Luxembourg est vieillissante. En 50 ans, le nombre des seniors a triplĂ© au Grand-DuchĂ©, passant de 33.958 en 1961 Ă 99.986 en 2017. DâaprĂšs lâInstitut national de la statistique et des Ă©tudes Ă©conomiques, ce chiffre pourrait dĂ©passer les 250.000 personnes dâici 2060. Un phĂ©nomĂšne en constante augmentation qui fait du «âbien vieillirâ» un enjeu pour la santĂ© publique. Mais le problĂšme est complexe, la santĂ© des personnes ĂągĂ©es Ă©tant conditionnĂ©e par plusieurs facteurs, notamment environnementaux, comme lâexplique Camille Perchoux, chercheuse au Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER) au sein du dĂ©partement DĂ©veloppement urbain et mobilitĂ©.
DR. CAMILLE PERCHOUX, DĂPARTEMENT DĂVELOPPEMENT URBAIN ET MOBILITĂ, LISER
INFLUENCE DE LA MORPHOLOGIE DES RUES La probabilitĂ© de marcher chez les personnes ĂągĂ©es est influencĂ©e par la forme urbaine et la morphologie des rues, selon une Ă©tude. Ainsi, au Luxembourg, des quartiers accueillants et agrĂ©ables oĂč les nombreux commerces,
services de proximitĂ©, lignes de transports en commun Ă haute frĂ©quence et autres parcs inciteront davantage les personnes ĂągĂ©es Ă se dĂ©placer Ă pied. De mĂȘme, le niveau de connectivitĂ© et la longueur des rues augmenteront le potentiel piĂ©tonnier. Un rĂ©seau de rues relativement courtes, avec trĂšs peu de culs-de-sac et un grand nombre de carrefours qui permet aux piĂ©tons de choisir entre de multiples itinĂ©raires favoriseront, de fait, plus la marche que de grandes et longues artĂšres avec peu de croisements de rues. LIEN ENTRE MOBILITĂ ET BIEN-ĂTRE Une autre Ă©tude a analysĂ© les liens entre la mobilitĂ© et le bien-ĂȘtre. Il a Ă©tĂ© constatĂ© que ce nâest pas le mouvement lui-mĂȘme qui impacte positivement le bien-ĂȘtre eudĂ©monique de la personne, mais bien la mobilitĂ©. En dâautres termes, le fait de se dĂ©placer ne va pas amĂ©liorer le bien-ĂȘtre profond de la personne ĂągĂ©e. En revanche, ce sont toutes les possibilitĂ©s de dĂ©placement qui sâoffrent Ă elle dans son environnement immĂ©diat qui vont influencer sa santĂ©.
COMPORTEMENT FACE Ă UNE ACTIVITĂ PHYSIQUE PLUS ACCRUE «âCela Ă©tant, crĂ©er un environnement favorable Ă lâactivitĂ© physique chez les aĂźnĂ©s ne peut pas se traduire seulement par une meilleure offre de mobilitĂ©â», avertit Camille Perchoux. LâĂ©tude a mis en avant quâun phĂ©nomĂšne de compensation pouvait se produire lorsque les personnes ĂągĂ©es se montraient plus actives que dâhabitude dans leurs dĂ©placements. Avant ou aprĂšs les dĂ©placements en question, la majoritĂ© de la population Ă©tudiĂ©e avait tendance Ă compenser cette hausse de lâactivitĂ© physique par un excĂšs dâinactivitĂ©.
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UN PROJET SUR LE VIEILLISSEMENT EN SANTĂ DES PERSONNES ĂGĂES Dans le cadre du projet international CURHA (Constrasting Urban settings for Heathy Aging), financĂ© au Luxembourg par le Fonds National de la Recherche (FNR), en collaboration avec deux instituts de recherche en France et au Canada*, le LISER a rĂ©alisĂ© entre 2015 et 2016 une enquĂȘte auprĂšs de 470 personnes rĂ©sidant au Luxembourg et ĂągĂ©es de plus de 65 ans. Lâobjectif Ă©tait de collecter des donnĂ©es dĂ©taillĂ©es sur leurs environnements urbains, leur mobilitĂ© et leur santĂ© en relevant des informations relatives aux lieux frĂ©quentĂ©s, Ă lâactivitĂ© physique et aux modes de transport.
Ainsi, mĂȘme si le senior dispose de meilleurs accĂšs aux transports et se dĂ©place plus facilement, il ne va pas, pour autant, automatiquement augmenter sa dĂ©pense Ă©nergĂ©tique de façon globale. DâoĂč lâimportance pour les pouvoirs publics de bien prendre en compte tous les facteurs environnementaux encourageant lâactivitĂ© physique et pas uniquement les transports.
*LâINSERM (Institut National de la SantĂ© et de la Recherche MĂ©dicale) et le CR-CHUM (Centre de Recherche â Centre Hospitalier de lâUniversitĂ© de MontrĂ©al, Canada)
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