Via Jacobi, un chemin vers soi (Ed. Favre, 2025) - EXTRAIT

Page 1


Stéphanie Y. Fischer

Via Jacobi un chemin vers soi

Éditions Favre SA

29, rue de Bourg

CH-1003 Lausanne

Tél. : (+41) 021 312 17 17 lausanne@editionsfavre.com www.editionsfavre.com

Groupe Libella, Paris

Distribution/importation France, Belgique, Canada : Interforum

92 Avenue de France

F-75013 Paris

Contact.clientele@interforum.fr

Distribution Suisse :

Office du livre de Fribourg

Route André Piller

CH-1720 Corminboeuf

Dépôt légal : mai 2025

Imprimé en Bulgarie par Pulsio Print, rang 01

Tous droits réservés pour tous pays.

Sauf autorisation expresse, toute reproduction de ce livre, même partielle, par tous procédés, est interdite.

Mise en page : SIR

Photographie de couverture : Stéphanie Y. Fischer

Relecture : Vanahé Antille

ISBN : 978-2-8289-2174-3

© 2025, Éditions Favre SA, Lausanne, Suisse

Les Éditions Favre bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2020-2025.

TABLE DES ÉTAPES

INTRODUCTION : FAIRE LE PAS !

Apprends à aimer le bruit de tes pas qui s’éloignent de ce qui ne te correspond pas.

Auteur inconnu

J’en croise depuis l’enfance, sans jamais avoir sérieusement pensé être l’un d’eux, ces marcheurs seuls au bord des chemins qui semblent porter leur maison et tout leur modeste univers sur leur dos, dépouillés de l’inutile, dans une liberté qui paraît totale.

J’allais momentanément devenir l’un d’eux.

L’attrait de la randonnée, le contact avec la nature, le goût du défi comme celui de l’aventure ont pu contribuer à ma décision, mais ma vraie motivation à imiter ces voyageurs solitaires était ailleurs.

Je recherchais un apaisement psychique au milieu d’un séisme personnel. Et mes rencontres en chemin allaient me confirmer qu’une telle démarche, qu’elle

naissait au milieu de ma grande fragilité. J’aurais alors voulu toucher chaque caillou, chaque feuille, chaque fleur, chaque brin d’herbe. Il y a tant de choses qu’il faut profiter de faire avant de mourir.

Mon départ fut aussi motivé par la conscience que j’avais là une occasion unique sur plusieurs plans d’effectuer ce voyage à ce moment précis. Je ne voulais pas le remettre à plus tard ; plus tard, c’est souvent trop tard !

Je connaissais très peu la randonnée, mais j’avais un passé sportif duquel j’avais gardé l’habitude de pratiquer une activité physique régulière. Le cardio était prêt, le reste moins. Mais je ressentais une urgence à partir. Alors, après une préparation sans doute un peu trop express faite de quelques randonnées autour de chez moi et du visionnage de multiples vidéos instructives que j’allais associer au bon sens, j’ai choisi de traverser mon propre pays, la Suisse, que je connaissais finalement assez peu.

Le lac de Constance a tout de suite été ma destination de prédilection, sans doute pour la résonance avec la constance, l’équilibre et la stabilité que je recherchais et dont j’avais besoin dans ma vie.

J’avais trouvé ma destination et elle tombait bien puisque la « Via Jacobi », l’un des chemins du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, relie justement le lac de Constance et Genève, mon lieu

d’habitation. Un choix idéal à la fois pour m’éviter au maximum de longer les grands axes et pour la symbolique du voyage intérieur. Mais le chemin, j’allais le suivre à l’envers, de Genève à Rorschach. À l’envers, que l’on peut entendre « allant vers », et j’allais bien vers quelque chose ou plutôt vers quelqu’un, j’allais avant tout vers moi ! La traversée de mon pays était aussi une traversée intérieure.

J’allais découvrir ou plutôt fortifier des aspects de moi que ma vie m’avait empêchée de développer ; j’allais à ma rencontre.

Et j’allais en faire d’autres !

Les rencontres sur le chemin, en plus d’être un riche enseignement, sont un soutien fort. Je n’aurais jamais imaginé recevoir autant de bienveillance ni être à ce point interpellée et félicitée par les personnes se trouvant sur ma route. Je ne m’attendais pas à susciter autant la curiosité en marchant seule avec mon paquetage et mes bâtons de randonnée, bien au contraire. Je ne suscitais pas seulement la curiosité, mais également l’envie et le besoin de faire de même. Certains m’exprimaient ouvertement leur désir d’oser sauter le pas souvent réprimé par la peur de quitter leurs habitudes et leur confort. Mais plus forte encore semblait la peur de la solitude ; ils le feraient un jour mais avec quelqu’un. Être seul implique bien sûr des contraintes supplémentaires, tout repose sur soi et il vaut mieux ne rien oublier en route ou encore

Pour voyager heureux, voyagez léger.

Antoine de Saint-Exupéry

Le tracé officiel de la Via Jacobi ne passe pas directement devant chez moi, mais je tenais absolument à partir à pied de mon domicile pour rejoindre le chemin. Alors, ma première étape serait une étape de liaison.

C’est donc de ma maison que j’ai commencé à marcher le 15 avril 2023 sous un temps aussi mitigé que ma confiance en moi quant à la réussite de cette aventure.

J’avais peur. Mais à ce stade il ne serait pas compliqué de renoncer. Et démarrer dans ma ville que je connaissais par cœur me permettrait de m’acclimater à cette nouvelle expérience dans une ambiance rassurante.

Armée de mes bâtons de randonnée et de mon téléphone portable qui, en plus de me permettre de rester en contact avec mes proches, me servirait d’appareil photo et de GPS, j’étais déterminée à me lancer.

Tous les autres effets dont je pourrais avoir besoin étaient bien répartis dans mon sac à dos, dont j’avais appris à ajuster les différentes sangles de manière

optimale lors de ma préparation express. Mon sac, je l’avais repensé cent fois afin de le rendre le plus léger possible et de ne rien oublier.

Une expression bien connue dans le milieu de la randonnée dit que l’on porte souvent le poids de ses peurs, raison pour laquelle on emporte presque toujours un sac trop lourd, même si son poids paraît acceptable durant le premier kilomètre. Pour une première fois, je ne m’en suis pas trop mal sortie sur ce plan-là, et j’ai plus ou moins échappé à cette erreur de débutant.

Le minimum d’habits pour rester au sec dans toutes les situations. Une protection contre la pluie. Une paire de chaussures légères en plus des chaussures de randonnée. Un savon multi-usages convenant autant à la lessive qu’au corps humain. Une épingle à nourrice qui, paraît-il, nous sauve toujours à un moment ou un autre d’une situation quelconque, ce qui allait se vérifier. Du ruban adhésif permettant de tout réparer. Les chargeurs de mes différents appareils, une batterie externe et même un téléphone de secours (dont l’indispensabilité se discute mais dont la présence me rassurait puisque j’avais opté pour une carte géographique en ligne et non en papier) ; une panne de téléphone m’isolerait sur tous les plans et encore davantage que je ne l’étais déjà… Une lampe de poche. De la crème anti-frottement et des pastilles désinfectantes permettant de boire l’eau de points insalubres en cas de perdition éternelle dans un lieu

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.