Delhom

Deuxi è me é dition
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Delhom

Deuxi è me é dition
avec trente nouvelles photographies et une légère révision des textes
Ce livre est dédié à tous ceux qui s’attardent en chemin et s’intéressent à ce qui est caché.
Éditions Favre SA 29, rue de Bourg
CH - 1003 Lausanne
Tél. : (+41) 021 312 17 17 lausanne@editionsfavre.com www.editionsfavre.com
Groupe Libella, Paris
Distribution/Importation France, Belgique, Canada : Interforum 92 Avenue de France F-75013 Paris contact.clientele@interforum.fr
Distribution Suisse : Office du livre de Fribourg Route André Piller CH-1720 Corminbœuf
Dépôt légal : octobre 2025 Rang : 02
Imprimé en Suisse par Genoud Arts graphiques SA
Tous droits réservés pour tous pays. Sauf autorisation expresse, toute reproduction de ce livre, même partielle, par tous procédés, est interdite.
ISBN : 978-2-8289-2303-7 © 2025, Éditions Favre S.A., Lausanne, Suisse.
Les Éditions Favre bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2020-2025.
Jean-François Delhom





8 Préface de Luc Moreau
10 Introduction
14 Toponymes et compléments aux légendes
16 Glossaire informel
79 Couleurs et textures
86 Du bleu jusqu’à l’ivresse
136 La fonte des glaciers : une alerte, une exhortation !
153 Les soliloques du glacier
168 Vous êtes fous d’aller là-dessous !
202 Huit formes de discours sur la montagne
220 Index des personnages et remerciements
222 Une pensée pour Étienne Mayerat
225 Index géographique
228 Présentation de l’auteur et publications
Le moindre centimètre carré à la surface de notre planète est aujourd’hui photographié chaque semaine, chaque jour, chaque minute, scruté et analysé par les dizaines de satellites en rotation autour de notre globe.
Est-ce à dire qu’il n’y a plus rien à explorer sur Terre ? En fait, tout ce qui est invisible depuis le ciel, tout ce qui est sous la surface continentale, océane ou glaciaire est inconnu. On ne connaît pas 1 % du sous-sol, du fond des océans ou des entrailles glaciaires. C’est comme la face cachée d’un iceberg. Et s’il est un domaine crucial à mieux appréhender, à révéler et à préserver, c’est bien celui des glaces pour leur rôle essentiel dans le cycle de l’eau et l’équilibre climatique. Ces milieux glaciaires, intraglaciaires et sous-glaciaires sont très mystérieux, périlleux le plus souvent pour l’explorateur, mais justement très attirants, surtout pour la beauté des formes. On ressent ici, grâce aux photos et aux textes de l’auteur, le plaisir pris à la découverte de ces glaces en mouvement, « vivantes » par leurs configurations uniques, changeantes et éphémères, surréalistes souvent, intrigantes et esthétiques toujours. Les images de cet ouvrage révèlent un des joyaux de notre monde, l’état solide de l’eau, élément miraculeux pour la vie. C’est la seule planète connue qui possède les trois états de l’eau : gazeux, liquide, solide. En haute montagne, la glace des glaciers, générée à partir de l’accumulation de la neige, permet le stockage de l’eau en hiver sous forme solide. Les températures estivales restituent ensuite cette eau sous forme liquide dans nos rivières et fleuves en aval, si importants pour la biodiversité et pour nos sociétés humaines. Donc oui, notre vie dépend à chaque seconde de tous les éléments naturels que le « système Terre » a créés depuis la nuit des temps : l’air que l’on respire, l’eau que l’on boit et tout ce que l’on mange.
Ces glaciers jouent également un rôle essentiel au maintien de l’équilibre climatique en refroidissant l’atmosphère qui les entoure et, surtout, en réfléchissant l’énergie solaire par leur surface blanche. Mais leur déclin, aujourd’hui quasi exponentiel sous les assauts des fortes températures estivales résultant de l’amplification de l’effet de serre naturel par nos activités économiques, met en péril ce patrimoine glaciaire et notre climat. Tous les glaciers diminuent sur Terre, y compris les calottes dont la fonte entraîne à brève échéance le dérèglement de notre climat et la montée du niveau des mers. Tout se réchauffe ; les neiges et les glaces sont particulièrement réactives et rendent visible cet « invisible » – gaz à effet de serre, températures, énergie – face cachée de l’iceberg…
Mais reprenons notre souffle avec ces belles images qui nous laissent facilement rêver dans ce monde bleuté bien réel, et qui nous motivent à préserver ces glaces. L’exploration continue…
Luc Moreau, hydro-glaciologue, membre associé du Laboratoire Edytem CNRS

Requiem pour les glaciers : j’aurais pu donner ce titre à mon livre, un titre accrocheur aux yeux de ceux pour qui le drame fait vendre. Mais la fonte des glaciers n’est pas le thème de cet ouvrage, ni son prétexte, ni même son urgence, ou seulement par la bande. Mon livre s’apparente avant tout à ce qu’en littérature on appelle un exercice d’admiration. Ce n’est pas un panégyrique, même si c’est déjà une archive, car la plupart des grottes que j’ai photographiées ont disparu ou se sont métamorphosées ; c’est de leur nature d’être éphémères. Si je vous dis « fleur », vous n’allez penser ni au bouton, ni à la plante fanée, mais à ce feu d’artifice qu’est l’éclosion de l’élégante. Bien sûr, il y aura encore des fleurs dans cinquante ans alors que la majorité de nos glaciers auront disparu. On ne peut s’empêcher de se faire rattraper par la tristesse. Et par la colère quand on prend conscience que ce sont nos gaz à effet de serre qui sont les principaux responsables de cette disparition, quoi qu’en disent les climato-négationnistes. Colère et tristesse je ne vous congédie pas, vous êtes la sève de mes textes. Mais pour mes images, je choisis le parti pris des choses. Car je refuse de diffamer la beauté comme tant de nos commissaires d’art contemporain le réclament, emboîtant le pas de la grande déploration qui dans le monde du reportage fait si souvent consensus, au nom d’un désenchantement qu’ils semblent chérir comme s’il s’agissait de lucidité. Le ressassement du négatif est devenu leur simulacre de bonne conscience tandis que l’amour désintéressé de la beauté se fait passer pour mièvre. Qu’ils soient cyniques ou au contraire militants, ce laid, ce banal et ce douloureux du monde qui les occupent de façon si exclusive, ils les vénèrent comme « le réel ». Pourtant, le positif n’est pas moins réel que le négatif et il mérite tout autant notre intérêt. C’est ce positif que dans leur vigilance les contemplatifs tentent d’honorer.
L’attitude contemplative peut être reconnue comme l’une des plus subversives de notre temps. Subversive et donc incomprise, à contre-courant de nos idéologies dominantes qui réclament en toute chose sens, fonction, rendement, performance. Le sens, la fonction, le rendement, la performance sont des mots d’ordre qui réduisent les choses et les vivants à leur valeur productive. Il y a là un oubli de l’être, et un mépris de l’altérité.
C’est d’ailleurs parce que l’ homo œconomicus est incapable d’admirer qu’il est en train de détruire notre planète. Nous sommes une civilisation de l’exploitation où les prédateurs, pour se justifier, jouent constamment d’un glissement sémantique du verbe exploiter, prétendant faire fructifier alors qu’ils asservissent, dans un acharnement qui tient davantage du pillage que de la fertilisation.
À l’ivresse frénétique du dominateur, le contemplatif oppose une résistance, faite non de passivité, mais d’égard envers ce qu’il épargne. L’avenir – bien compromis par notre crise écologique sous les assauts de l’égoïsme cupide et dévastateur – dépendra moins de notre puissance que de notre prévenance.
Certains amoureux de la nature voudraient qu’on la protège par le secret. « Vous allez amener la foule avec vos publications » disent ces amateurs d’exclusivité. Je leur donnerais presque raison. Moi non plus je n’aime guère la foule – ni les privilèges. Comment trancher ? À vrai dire, le temps a déjà tranché. Si vous vous rendez sur les zones que j’ai photographiées, vous n’y verrez plus que de la caillasse, le glacier s’est retiré. Plus de grotte, plus de moule. Je pourrais indiquer les coordonnées GPS de la plupart des entrées de cavités afin que vous alliez mettre des fleurs sur les tombes des glaces disparues. Si l’on veut me reprocher de stimuler le tourisme, ne vous attendez pas à autre chose qu’à un tourisme funéraire.
Mon livre n’est pas un guide touristique. S’il peut être qualifié de « reportage poétique », encore faut-il préciser le sens de cette formulation qui ne va pas de soi. Montrer l’admirable ne me suffit guère, c’est la capacité d’admirer que je cherche à stimuler. La consommation passe par le culte de l’objet ; la contemplation passe par la sensibilisation du sujet. Si nous voulons que nos glaciers ne soient pas jetés comme le sont nos consommables, il ne faut pas les « faire » comme d’aucuns « font » le Mont Blanc, coche ostentatoire sur un palmarès. Il faut les honorer. C’est pourquoi je ne suis pas attiré par les sommets et les belvédères. Je ne m’intéresse pas aux panoramas, situations panoptiques où le point de vue est le même pour tous ceux qui viennent occuper ce centre, quelquefois standardisé par une table d’orientation, ou marqué du symbole « protecteur » du drapeau ou de la croix. Je m’intéresse à cette aptitude qu’est le regard, lequel requiert tantôt que l’on s’approche, tantôt que l’on prenne du recul, rarement que l’on surplombe. J’aime pouvoir faire demi-tour, changer de programme. Ma destination n’est pas un but mais un prétexte. Je n’ai pas besoin d’atteindre ma cible, je n’ai pas de cible. Je suis celui qui louvoie, je suis celui qui s’attarde.
Pourquoi la Suisse ? Dès 2015, j’ai pris la décision de boycotter l’avion pour des raisons écologiques. Je me suis donc donné pour défi d’apprendre à m’émouvoir près de chez moi, dans mon pays. Aucun patriotisme dans cette démarche. Citoyen du monde, ma patrie n’est pas celle, géographique et identitaire, qui fait vibrer les nationalistes. Ma patrie, ce sont des œuvres d’art, c’est une bibliothèque, c’est un réseau d’idées partagées, c’est une famille politique, c’est la fuite du vulgaire et du bruit, c’est la subversion des pouvoirs prédateurs, c’est la compagnie des fâchés et des justes, c’est l’amour de la vérité, c’est la poésie, c’est le mot d’esprit, c’est le rire des enfants… Cette patrie n’a d’exclus que ceux qui la dédaignent. Mais peut-être est-ce encore trop dire que de parler de patrie, la posture du contemplatif est souvent celle du solitaire qui va son chemin, sans mots d’ordre, sans titres de propriété, et ne laissant dans les paysages traversés rien de plus que son odeur vite emportée par le vent.





à
salle sans suite, il faut emprunter une galerie basse et obscure qui ne laisse en rien présager de la clarté enchantée qui nous attend.


Source : Office fédéral de topographie swisstopo.

Arolla (bas glacier d’)
Corbassière (glacier de)
Durand (glacier)
Ferpècle (glacier de)
Grand Désert (glacier du)
Manzettes (glacier des)
Moiry (glacier de)
Monlési (glacière de)
Mont Miné (glacier du)
Plaine Morte (glacier de la)
Rhonegletscher
Roseg (Vadret da)
Theodulgletscher (Unterer)
Trient (plateau glaciaire du)
Zanfleuron (glacier de)
Zinal (glacier de)
Vous venez de consulter un
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