L'homme : une idée en évolution «Qu'est-ce que l'homme?» A l'aube du XXI siècle, cette question continue d'alimenter les débats scientifiques parmis les plus ardents. Il y a 150 ans Darwin proposait une théorie des origines de l'homme basée sur sa théorie de la descendance avec modification par le moyen de la sélection naturelle. Darwin a donné une dimension temporelle à la définition de l'homme, et le modèle des origines a lui aussi évolué au fil des découvertes de fossiles un peu partout dans le monde. Mais l'anthropologie s'est développée de manière parallèle. Comment l'anthropologie en tant que science générale de l'homme, a t-elle intégré les modèles de la théorie de l'évolution biologique? L'homme est-il vraiment une espèce à part? En relatant l'épopée de la paléoanthropologie* et par là même celle de notre espèce, nous balaierons l'ensemble des découvertes et verrons comment la définition même de l'homme, en tant qu'espèce, a dû être modifiée au fil du temps et en quoi la théorie générale de l'évolution permet de comprendre nos origines. Mais nous montrerons également qu'au-delà des controverses de spécialistes, c'est la philosophie même de l'hominisation qui est en question, et qu'il est largement tant de réviser profondément. *branche de l'anthropologie qui s'intéresse au passé biologique de notre espèce en étudiant les restes fossiles. Problème de la définition de l'homme : son élargissement au fil des découvertes 1758 : Linné « Systema Naturae » vol.10 ► caractéristiques morphologiques des espèces du genre Homo. Homo sapiens diurnus Genre Troglodytes ou Homo nocturnus = Homo sylvestris (Orang outan), Découverte de néandertal, 1856. William King en 1864 en fait un Homo neanderthalensis avant de penser qu'il ne s'agisse en fait d'un genre différent. La question n'est pas réglée aujourd'hui ► Homo sapiens neanderthalensis ? En revanche plus personne ne semble contester l'appartenance au genre Homo ► élargissement de la définition du genre Homo pour faire entrer les caractéristiques de néanderthal. 1908 : Schoetensack décrit la mandibule de Mauer très robuste et la rapporte à une nouvelle espèce qu'il crée Homo heidelbergensis. Bonarelli en a fait un genre à part Palaeoanthropus. On s'intéresse aux aspects primitifs des caractères. Klaatsch a imaginé des phylogénies Gorille-Néanderthal et puis Orang-outan- Aurignac (moderne) En 1921, crâne de Broken Hill (Rhodésie : actuellement partagée entre la Zambie, le Malawi et le Zimbabwe) aujourd'hui Homo heidelbergensis. Capacité cranienne de 1000 à 1300cm3. Pycraft en a fait un nouveau genre sur la base de la morphologie de l'acetabulum (cavité articulaire de l'os iliaque recevant la tête du fémur) : Cyphanthropus. Smith-Woodward le nomma Homo rhodesiensis. Eugène Dubois le considère lui comme une forme d'Homo sapiens voisine des australiens mais beaucoup plus primitive. Eugène Dubois, médecin militaire hollandais, lecteur enthousiaste de Darwin et Haeckel, partisan de l'origine simienne de l'homme, estima que nos lointains ancêtres, au moment de la perte de leur revêtement pileux, n'avaient pu vivre que dans des contrées tropicales. C'est donc dans ces régions qu'il faut s'attendre à trouver leurs restes. Il se fit nommer, en 1888 aux Indes Néerlandaises dans l'intention d'y fouiller. Il commença par Sumatra où ses espoirs furent déçus. Puis ayant appris la découverte d'un crâne humain fossile à Java, il se rendit sur l'île en avril 1890.