Jeudi 17 décembre 2009
Chers Chantal, Claire et Pierre
Câest un peu par hasard que jâai rencontrĂ© notre ami James qui mâa contĂ© une Ă©trange histoire; je lâai intitulĂ©e : « une journĂ©e de rĂȘve ». Je me rĂ©jouis de vous la relater : James dĂ©sirait visiter le MusĂ©e dâart et dâhistoire de GenĂšve dont sa maman Mathilde lui parlait si souvent; ils dĂ©cidĂšrent de sây rendre le mercredi 21 octobre 2009. Mathilde connaissait la passion de son enfant pour ses soldats miniatures et autres objets Ă vocation militaire; aussi, passant dans la premiĂšre salle, ils jetĂšrent un regard rapide sur les estampes des Pays-Bas pour arriver dans celle des armures; persuadĂ©e quâil y trouverait facilement son bonheur, elle lui proposa dây rester car elle allait assister Ă lâentretien de ce jour, consacrĂ© aux « images des iconoclastes », prĂ©sentĂ© par Marielle Martiniani-Reber. Elle traversa rapidement la piĂšce garnie dâicĂŽnes pour rejoindre la salle dĂ©diĂ©e Ă la gĂ©nĂ©reuse Janet Zakos oĂč un espace amĂ©nagĂ© laissait deviner une proche projection. TrĂšs intĂ©ressĂ©e par lâinfluence de la religion dans le domaine artistique, elle fut trĂšs vite absorbĂ©e par lâexposĂ©. Le dĂ©filĂ© visuel de ces dĂ©cors aniconiques la faisait rĂȘver; la description des diffĂ©rents motifs reprĂ©sentĂ©s par des oiseaux , des arbres fruitiers, des figures gĂ©omĂ©triques et lâĂ©vocation de lieux mythiques riches en Ă©motions culturelles lui rappelaient dâagrĂ©ables souvenirs privĂ©s ou professionnels: lâĂ©glise Kyriaki de Naksos, le musĂ©e byzantin dâAthĂšnes, la synagogue de Beth Alpha, la basilique dâHeraclea Lyncestis, la mosquĂ©e de Damas⊠Elle Ă©tait passionnĂ©e depuis longtemps par la question de lâaniconisme dans lâart religieux byzantin, lâinfluence des conquĂȘtes et des restrictions religieuses sur le choix de ces reprĂ©sentations. Aussi elle mit un certain temps avant de rĂ©aliser que James lâavait rejointe; tous les deux terminĂšrent la visite ensemble, contemplant les fragments de textile Ă©gyptien conservĂ©s dans une vitrine Ă proximitĂ©. James parut trĂšs Ă©mu par un dĂ©cor brodĂ© de trois couples dâoiseaux, symboles de lâamour maternel, reprĂ©sentĂ©s face Ă face. AprĂšs avoir dĂ©jeunĂ©, ils revinrent dans la salle des armures oĂč elle donna le sentiment dâĂȘtre trĂšs intĂ©ressĂ©e par ce quâelle voyait: canons, dagues, arquebuses, pistolets⊠James prĂ©fĂ©ra retourner discrĂštement dans la salle des estampes du XVII Ăšme oĂč il avait repĂ©rĂ© un dessin quâil supposait ĂȘtre celui dâune enfant et dâun adulte; il sâagissait , en fait, dâun portrait de Saskia, Ćuvre que Rembrandt avait dessinĂ©e avant dây ajouter, dans un deuxiĂšme temps, son autoportrait en premier plan, dâoĂč une certaine disproportion entre les deux personnages. Cependant, en pensant Ă la reprĂ©sentation, par lâartiste, de ces deux ĂȘtres humains, James ressentit de nouveau une forte Ă©motion. Il arriva dans la salle des icĂŽnes oĂč il remarqua la prĂ©sence dâun livre reprĂ©sentant lâensemble des Ćuvres exposĂ©es ici; il fut sĂ©duit par le regard du Christ Pantocrator ou par la croix processionnelle ornĂ©e dâun pĂ©lican nourrissant ses petits avec son sang. Il fut surtout trĂšs attirĂ© par les diffĂ©rentes Vierges Ă lâenfant qui se cĂŽtoyaient. Il resta un long moment devant lâimage de la passion pour contempler la position de la tĂȘte du Christ reposant sur lâĂ©paule gauche dâune Vierge qui lui tient la main droite de sa main gauche . Ainsi, il les examina toutes en comparant les diffĂ©rentes positions qui les unissaient . Il aima beaucoup le sentiment dâaffection, de tendresse qui se dĂ©gageait et Ă©prouva une sensation trĂšs forte quand la mĂšre et