LA CULTURE DE LâOIGNON CHERCHE DES SOLUTIONS Ă LA FORMATION DE CROĂTE
PRODUCTEURS ET CHERCHEURS PARTAGENT LEURS EXPĂRIENCES
LA FORMATION DE CROĂTE EST UN PROBLĂME DE PLUS EN PLUS FRĂQUENT DANS LA CULTURE DE LâOIGNON. CES DERNIĂRES ANNĂES, DE GROOT EN SLOT A CONSTATĂ QUE SOUS LâEFFET DES FORTES PRĂCIPITATIONS, DE LA GRĂLE OU DE LA NEIGE, DE LA CROĂTE SE FORMAIT RĂGULIĂREMENT APRĂS LE SEMIS DES OIGNONS. LA FORMATION DE CROĂTE OU LâĂLIMINATION DE CETTE CROĂTE EST TRAITĂE DE DIFFĂRENTES MANIĂRES. PRODUCTEURS ET CHERCHEURS PARTAGENT LEURS EXPĂRIENCES.
Marcel Kooijman
Producteur dâoignons Ă Sint Annaland
Marcel Kooijman, producteur dâoignons Ă Sint Annaland, a cultivĂ© cette annĂ©e 15 hectares dâoignons jaunes. M. Kooijman a installĂ© un systĂšme dâirrigation par goutte-Ă -goutte sur 5 hectares : il nâa donc pas rencontrĂ© de problĂšme de croĂ»te dans cette zone. Sur les 10 hectares restants, il a utilisĂ© une dĂ©sherbeuse pour casser la croĂ»te.
Lorsque la plupart des oignons commençaient Ă toucher la croĂ»te, nous avons passĂ© la dĂ©sherbeuse, explique Marcel. « Certains oignons avaient dĂ©jĂ traversĂ© la croĂ»te. Mais Ă ce moment-lĂ , nous nâavions pas dâeau Ă disposition. Nous avons donc dĂ» trouver une autre solution. Par la suite, nous avons pu mettre en place le tuyau dâarrosage. »
Durant le passage de la dĂ©sherbeuse, Marcel sâest rendu compte quâil Ă©tait dĂ©jĂ trop tard.
« La croĂ»te Ă©tait trop Ă©paisse et nous abĂźmions trop dâoignons. Nous pouvions voir des oignons Ă©crasĂ©s. Nous avions peur de causer trop de dĂ©gĂąts. Plus tard dans la saison, nous pouvions voir les endroits oĂč nous avions passĂ© la dĂ©sherbeuse. Nous avions lâimpression quâil y avait plus de plants quâaux endroits oĂč nous nâĂ©tions pas passĂ©s. »
Est-ce que Marcel agirait diffĂ©remment Ă lâavenir pour Ă©viter la formation de croĂ»te ou la casser ? « LâidĂ©e serait de commencer plus tĂŽt. Mais quand il sâagit de croĂ»te, vous arrivez toujours trop tard. » Il ne sait pas si cela a eu des consĂ©quences sur le rendement. « Nous nâavons pas effectuĂ© de calcul de rendement. »
Envie de savoir ce que Marcel Kooijman a fait pour lutter contre la formation de croûte ? Consultez son vlog sur YouTube « Ons boerenleven », épisode 79.
âSi les graines sont semĂ©es trop superficiellement, on arrache les jeunes plants du sol.â
Conseiller en culture Klaas de Boer
Johan van der Wekken
Producteur dâoignons Ă Burgh-Haamstede
Lâexploitation agricole Thes Agro Ă Burgh-Haamstede utilise le semoir pour lutter contre la formation de croĂ»te. Les lames du semoir sont rĂ©glĂ©es Ă une trĂšs faible profondeur, de maniĂšre Ă ce quâelles touchent Ă peine le sol. Le semoir parcourt ensuite le champ Ă une vitesse de seulement 2 Ă 3 km/h pour casser la croĂ»te, explique Johan van der Wekken.
Thes Agro a testĂ© cette mĂ©thode pour la premiĂšre fois il y a une dizaine dâannĂ©es. « La formation de croĂ»te est un rĂ©el problĂšme ici », dĂ©clare Johan van der Wekken. « Nous nâavons pas de bineuse ni de dĂ©sherbeuse. Nous avons donc eu lâidĂ©e Ă lâĂ©poque dâessayer de casser la croĂ»te avec le semoir. Ă notre grande surprise, cela avait trĂšs bien fonctionnĂ©. Nous avons donc utilisĂ© la mĂȘme mĂ©thode la saison passĂ©e. »
Les oignons prĂ©sentaient des stades de croissance trĂšs diffĂ©rents : certains avaient traversĂ© la croĂ»te tandis que dâautres buttaient encore contre. Johan estime que la mĂ©thode avec le semoir a bien fonctionnĂ©. « Nous le referons si besoin. LâidĂ©al serait de pouvoir intervenir quelques jours avant que le sol ne le permette. La croĂ»te est alors moins dure, ce qui permet de sauver davantage dâoignons. »
Thes Agro a volontairement laissĂ© la croĂ»te intacte Ă certains endroits pour voir la diffĂ©rence et dĂ©terminer lâutilitĂ© de lâopĂ©ration. « Nous avons constatĂ© une nette diffĂ©rence dans les zones qui nâavaient pas Ă©tĂ© traitĂ©es. LĂ oĂč nous avions cassĂ© la croĂ»te, il y avait plus dâoignons au mĂštre et
ils poussaient plus facilement. Nous estimons que 25 % dâoignons en plus ont prĂ©-Ă©mergĂ© aux endroits sans croĂ»te. »
Jonas Bodyn
Chercheur sur les légumes de plein air chez PCG Belgique
Le Provinciaal Proefcentrum voor de Groenteteelt (PCG) en Belgique ne mĂšne pas de recherches actives sur la formation de croĂ»te. En revanche, lâun des projets du centre vise Ă amĂ©liorer la capacitĂ© de rĂ©tention de lâhumiditĂ© du sol. Lâune des solutions Ă©tudiĂ©es ici est lâapplication dâun paillis de compost aprĂšs le semis des oignons. Cela aurait un effet positif sur la prĂ©vention de la formation de croĂ»te, explique Jonas Bodyn, chercheur chez PCG. >>
Le compost est Ă©pandu sur les oignons aprĂšs le semis. La couche mesure 0,5 cm dâĂ©paisseur, ce qui correspond Ă 32,5 tonnes/ha de compost, explique Jonas Bodyn. « Un demi-centimĂštre nâest pas assez pour parler de paillis mais nous ne pouvions pas en Ă©pandre davantage en raison de la teneur en phosphate du compost. Nous avons rĂ©alisĂ© des mesures de la prĂ©-Ă©mergence et avons suivi la culture pendant toute la saison de croissance. Par la suite, les rĂ©sultats de la rĂ©colte et le tri en fonction de la taille ont Ă©galement Ă©tĂ© analysĂ©s. »
Lâapplication de compost offre Ă©galement lâavantage de limiter les dommages (potentiels) causĂ©s par le vent de sable, ajoute Jonas. « Un compost frais et encore humide a plus dâeffets bĂ©nĂ©fiques quâun compost dĂ©jĂ complĂštement sec. Le processus de dĂ©composition est encore en cours, surtout lorsquâil sâagit de compost de ferme. Avec le compost vert, cela est rarement le cas du fait quâil est gĂ©nĂ©ralement dĂ©jĂ sec. Nous avons utilisĂ© du compost vert car il est moins salĂ© que le compost de ferme. »
AprĂšs avoir dĂ©posĂ© la couche de compost, PCG a constatĂ© que davantage de plants Ă©taient sortis, sans toutefois que cette diffĂ©rence soit rĂ©ellement significative par rapport aux parcelles sans compost. En revanche, lâuniformitĂ© Ă©tait bien meilleure lors des Ă©valuations de fin avril et fin mai, confirme Jonas. Les parties ayant reçu du compost prĂ©sentaient Ă©galement plus de volume en juin. PCG avait dĂ©jĂ appliquĂ© du compost en surface sur des Ă©pinards dans le passĂ©, mais cela avait causĂ© dâimportants dĂ©gĂąts dus au sel. Les oignons ont probablement Ă©tĂ© semĂ©s suffisamment en profondeur pour ne pas subir ce type de dommages, conclut Jonas. « Le compost doit avoir Ă©tĂ© bien tamisĂ©. Il est alors moins salĂ©. Avant dâĂ©pandre le compost, il est important de demander une derniĂšre analyse pour connaĂźtre prĂ©cisĂ©ment la teneur en sel du produit. »
Exploitation agricole Dokter-Van der Berg
Producteur dâoignons Ă Tzummarum
Berend Dokter, producteur Ă Tzummarum, a suivi les indications du conseiller en culture Klaas de Boer de George Pars Graanhandel et passĂ© la dĂ©sherbeuse pour casser la croĂ»te dans les champs dâoignons. Cela a bien fonctionnĂ©, confirme Berend Dokter. « Nous avons observĂ© plus de plants par ha et une meilleure prĂ©-Ă©mergence dans les zones traitĂ©es. »
Ce printemps, Berend nâa pas pu arroser du fait que la teneur en sel de lâeau de fossĂ© Ă©tait trop Ă©levĂ©e. Le choix Ă©tait alors simple : ne rien faire ou passer la dĂ©sherbeuse, explique-t-il. Lors du passage de la dĂ©sherbeuse, les plants dâoignon touchaient la croĂ»te. Le producteur a semĂ© les oignons Ă 2,5 cm de profondeur. Un vĂ©ritable atout, estime le conseiller Klaas de Boer. « Lorsque les oignons sont semĂ©s plus en surface, vous risquez dâarracher la plante du sol. »
Le producteur frison a traitĂ© une partie des oignons contre la formation de croĂ»te et laissĂ© une autre partie telle quelle. « Je nâĂ©tais pas sĂ»r dâavoir fait le bon choix, mais par la suite je me suis rendu compte que jâaurais dĂ» aller jusquâau bout. La diffĂ©rence Ă©tait nette au niveau de la prĂ©-Ă©mergence. Sur les parties non traitĂ©es, il y avait par endroits 20 Ă 30 cm sans oignons du fait que les plants nâavaient pas rĂ©ussi Ă percer la croĂ»te ou germer. » Les parties sans croĂ»te ont produit un bon rendement mais avec des tailles plus petites. En revanche, les parties non traitĂ©es ont produit des oignons plus gros.
Est-ce que Berend agirait diffĂ©remment Ă lâavenir pour Ă©viter la formation de croĂ»te ou la casser ? « Je commencerais peut-ĂȘtre plus tĂŽt », admetil. Le plus tĂŽt est le mieux, confirme Klaas de Boer. « DĂšs quâune croĂ»te apparaĂźt, vous pouvez passer la dĂ©sherbeuse. Pas besoin dâattendre que le plant touche la croĂ»te. Plus la croĂ»te est fine, mieux câest. »
Mais il y a un « mais », conclut Klaas de Boer. « Ce qui est surprenant, câest que le passage de la dĂ©sherbeuse a entraĂźnĂ© une augmentation de la pression de mauvaises herbes. Cette petite opĂ©ration sur le sol perturbe les herbicides de sol, ce qui laisse le champ libre Ă certaines mauvaises herbes. Il faudra se pencher sur la question. »