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Andreas Keller ENRACINÉ

ENRACINÉ

© 2023 Andreas Keller

1ère édition de la version française

© Schleife Verlag, Pflanzschulstrasse 17, CH-8400 Winterthur, SCHWEIZ

Tel. +41 (0)52 2322424

E-Mail: verlag@schleife.ch www.schleifeverlag.ch

ISBN 978-3-905991-95-6

Numéro de commande 120.199

Sauf indications contraires, les références bibliques sont tirées de la Bible en français courant.

Montage : Nils Großbach

Traduction : Maggy Sterckx-Lipcan et Eliane Hofer

Relecture : Christine Volet-Sterckx et Anne-Thérèse Majkowiez

Conception de la couverture et illustrations : Atelier Pia Petri Maurer

Imprimeur : Booksfactory, Berlin

Tous droits réservés, également pour la reproduction partielle et la photocopie

Dédicace

À l’intention de mes amis agriculteurs. Merci pour votre persévérance dans les difficultés. Votre foi «enracinée» est un exemple pour moi.

Remerciements

Au comité d’organisation de la Conférence des Paysans pour vos commentaires attentifs et suggestions concernant le manuscrit.

Aux hommes et femmes mentionnés portant la responsabilité dans les domaines de l’agriculture, de l’Eglise et de la politique pour «Des voix au sujet du livre».

À mes amis et compagnons de la Fondation Schleife et des Editions Schleife SA pour votre encouragement et le fait que vous m’avez libéré pour cette rédaction.

À Pia Petri Maurer pour l’élaboration de la couverture ainsi qu’aux traductrices et relectrices.

Dieu est très honoré par l’excellence de votre travail !

Des voix au sujet du livre

Dans nos fermes, le quotidien avec ses tâches multiples nous tient souvent dans ses griffes. Il reste peu de temps pour faire une pause. Ce petit livre et les pensées précieuses qu’il contient touchent notre cœur. Il nous aide à nous concentrer sur ce qui est vraiment important et à rechercher la présence de Dieu. Dans la prière, les choses deviennent plus faciles et nous puisons dans la bénédiction divine courage et force.

Markus Ritter, agriculteur, Président de l’Union Suisse des Paysans et membre du Conseil National

Ce petit livre est un concentré très précieux, oui un vrai coffre à trésors pour de petites pauses dans le quotidien. Il nous ouvre les yeux à partir du plan terrestre à une dimension céleste et divine, et nous aide à voir les grands défis quotidiens sous une lumière juste. Dieu a bien davantage en réserve pour vous et pour moi. C’est à nous de nous connecter journellement à cette source céleste inépuisable.

Hansueli Graf, membre du Conseil cantonal SH et membre du comité de l’Union des paysans SH, dans le domaine des énergies renouvelables

Les descriptions contenues dans ce petit livre d’Andreas Keller montrent une fois de plus que vivre avec Jésus-Christ, peu importe où et dans quelles situations, rend l’impossible possible. La vie n’est pas un concert selon nos désirs, mais la foi en Dieu et la confiance en Son action donnent une certitude que nos vies sont dans la main de Dieu. Ce livre ouvre une porte céleste dans la vie de tous les jours. Si nous nous engageons dans cette dimension, une transformation accompagnée de joie, de paix et d’espoir aura lieu dans nos vies. Saisissons cette foi constamment renouvelée et partageons-la avec notre prochain !

Erich von Siebenthal, paysan de montagne

Directeur des Remontées mécaniques Wasserngrat et ex-membre du Conseil National

Ce petit livre montre que cela vaut la peine de placer toute notre confiance en Jésus et de compter sur Son aide.

Willy et Gertrud Oehninger, éleveur Angus et membres du comité d’organisation de la Conférence des Paysans

En tant que fils de paysan et pasteur d’une congrégation à laquelle appartiennent beaucoup d’agriculteurs, il me tient très à cœur que la bénédiction de Dieu et non la malédiction, soit proclamée sur leurs entreprises. Dans de nombreuses fermes où l’ennemi était à l’œuvre, j’ai découvert comment, sous l’autorité de Jésus-Christ et par la puissance du Saint-Esprit, les gens aussi bien que les animaux ont été guéris et libérés. Dans ce petit livre, vous trouverez des pensées encourageantes et des conditions sous lesquelles la puissance surnaturelle de Jésus-Christ peut accomplir des signes et des miracles.

Bettler, directeur général du Centre de vie chrétienne, à Spiez

Ce petit livre a «grandi» au fil des années et cela fait de lui un compagnon émouvant pour nous tous – que nous soyons agriculteurs ou non. Ces courts textes sont comme des «pépites d’or» d’encouragement qui nous invitent à nous mettre en relation avec le Créateur. Ils sont tout aussi bien intemporels qu’actuels et nous aident à discerner l’essentiel, du moins important.

Andreas et Bettina Nussbaumer, gérants de la ferme bio Burgrain et membres du comité d’organisation de la Conférence des Paysans

Pour que l’entrée dans une nouvelle ère réussisse, il faut beaucoup de foi et d’espérance. La Conférence des Paysans avec ses nombreux groupes de prière a déjà mis en route bien des changements en ce qui concerne son objectif. Ainsi les réflexions précieuses d’Andreas Keller diffusées dans les Lettres de Nouvelles aux paysans, atteindront un nombre plus important de lecteurs par le biais de ce livre. Celui-ci est une aide pour l’aujourd’hui si plein de bouleversements et sera une source de bénédictions et d’encouragements pour beaucoup de personnes.

Alois Burger, conseiller agricole, responsable opérationnel de la Conférence des Paysans et coordinateur des groupes de prière des paysans

Avec ce livre, Andreas Keller illumine de manière impressionnante les défis tumultueux des agriculteurs. Il sait détourner le regard des situations difficiles du quotidien pour le diriger vers le Créateur du ciel et de la terre qui a tout sous Son contrôle et qui est une source de force qui ne tarit jamais. Michael et Tabea Welz, paysans et ancien membre du Conseil cantonal d’Oberembrach

Au cours de mes études de théologie et encore pendant de nombreuses années en tant que responsable de congrégation, notre famille a vécu dans une ferme et nous avons rencontré chaque semaine des gens, parmi eux des paysans, pour manger ensemble, échanger, lire la Bible et prier. Il s’agissait souvent de rencontres avec ces gens de la campagne bien enracinés qui me ramenaient des hauteurs académiques d’une théologie d’auditoire, à la base d’un Evangile incarné. C’est ce que je ressens maintenant en lisant ce petit livre d’Andreas Keller : des pages où le ciel et la terre se touchent. Ainsi ce petit livre est bien plus qu’un encouragement pour les agriculteurs en temps de crise. D’une part, il ouvre le regard sur la puissante vocation de la paysannerie et, d’autre part, sur notre propre vocation en tant que chrétiens en général et plus particulièrement en tant que chrétiens de notre nation.

Martin Kaltenrieder, pasteur VDM, conseiller de Paroisse, directeur du réseau communautaire du Mouvement NL

Tout comme le sel minéral pour les vaches, ce petit livre est édifiant pour notre âme.

Andreas et Regula Frischknecht, agriculteurs, membres du comité d’organisation de la Conférence des Paysans

Depuis de nombreuses années, Andreas Keller est engagé pour le travail des agriculteurs. Avec ses «Lettres de Nouvelles aux paysans», il a réussi à atteindre plus d’un cœur. Vous tenez en mains un concentré de courts messages d’encouragements, de conseils, de sagesse de vie comme par ex. une attitude de gratitude qu’Andreas prône dans la pratique de notre profession. J’ai pu constater une fois de plus à quel point la joie et le malheur sont proches pour nous, les paysans : le veau sort à l’envers, le cordon ombilical se rompt trop tôt, le veau meurt avant de venir au monde – dommage

! La nouvelle encourageante de la semaine m’aide malgré tout à voir les choses positivement. Ma fille cadette m’appelle de son séjour au Mexique et me raconte tout ce qu’elle vient de vivre et combien elle est contente et reconnaissante pour notre famille. Que c’est beau ! Oui, la gratitude rend tout simplement heureux. Je vous souhaite beaucoup de plaisir à lire ce petit livre.

Andreas Gafner, paysan de montagne et Conseiller National

Ce petit livre contient une panoplie de courtes réflexions qui décrivent la réalité rurale. Celles-ci sont toutefois illuminées par la réalité divine. C’est pourquoi, il est encourageant et mérite d’être lu.

Daniel et Eliane Hofer, agriculteurs et membres du comité d’organisation de la Conférence des Paysans

Introduction

Non, je ne suis pas agriculteur. Et pourtant je suis l’un d’entre eux. Le don d’une profonde affection intérieure pour ceux qui «mettent la main à la pâte» de notre terre n’a pas été mérité, mais m’a été donné par mon Créateur céleste. De mon côté paternel, je viens d’une famille d’agriculteurs et de brodeurs à domicile qui travaillaient dans la région de Winterthur, dans le Tösstal et dans l’Oberland zurichois. À la suite de toute une série de coïncidences, la première Conférence des Paysans a eu lieu à Winterthur, en 2009, et quelque 1’000 paysans et paysannes se sont déplacés. Un mouvement encourageant, basé dans notre pays était né, commençant non pas sur la planche à dessin, mais dans le cœur du Créateur. Typiquement Dieu ! Entre-temps, des centaines d’agriculteurs de toute la Suisse et au-delà des frontières linguistiques se sont mis en réseautage, dans des groupes de prière et de maisons, ainsi que dans des Rencontres régionales. Des thèmes concernant la terre et les fermes, la vocation, le mariage et la vie de famille, la cohabitation des générations, mais aussi la perspective biblique de la gestion de la «patate chaude» que représente la politique agricole, sont au premier plan de la réflexion. La convivialité et l’échange collégial ne sont pas non plus en reste !

Les courtes perles de réflexion énoncées dans ce livre sont principalement des extraits des nombreuses «Lettres de Nouvelles aux Paysans»

qui ont été envoyées à des centaines de familles d’agriculteurs, au cours de ces treize dernières années. Chaque section peut être lue séparément. Elles sont délibérément peu détaillées en profondeur, ont le courage de contenir certaines lacunes et ouvrent la possibilité de réflexions et de conclusions personnelles ; idéalement cela peut conduire à un dialogue intérieur avec le Créateur. La teneur de base de ces messages est mieux exprimée par les paroles de Jésus-Christ : « Ayez foi en Dieu! Si quelqu’un dit à cette colline : Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et s’il ne doute pas dans son cœur, mais croit que ce qu’il dit arrivera, cela arrivera pour lui ». (Marc 11:22-23).

En renforçant notre relation avec Dieu, des montagnes d’impossibilités peuvent être déplacées ; et la paysannerie est suffisamment confrontée aux impossibilités. Ni le paysan typique ni la ferme typique n’existent. Ainsi la création d’une relation personnelle avec Dieu peut et doit être unique en son genre. En rencontrant les agriculteurs au fil des années, il m’est apparu que l’on avait la plupart du temps des relations avec des êtres originaux. Bien sûr, il y a des similitudes – la profession comporte des liens de ressemblance. Et pourtant vous pouvez ressentir l’originalité et transpirer de tous ses pores. Cela s’applique également à la transmission de la foi. Si celle-ci n’est pas vécue de manière authentique, enracinée et applicable à la situation personnelle et aux défis quotidiens de la ferme, cela reste des mots pieux et vides qui ne transforment ni nos cœurs ni notre perspective des circonstances.

Le groupe-cible du livre est naturellement la population rurale. Mais si vous, chère lectrice et cher lecteur – vous tenez ce petit livre entre vos mains et que vous ne dirigez pas une ferme ou ne travaillez pas dans l’agriculture, vous avez pourtant fait le bon choix. Je vous invite à vous

asseoir à table avec les «gens de la terre» et à laisser ces lettres venues du cœur vous pénétrer. Je suis sûr que dans les pages qui suivent, vous trouverez une source d’encouragement et d’espoir qui enrichira et inspirera votre vie comme cela s’est passé et se passe encore pour moi.

CHAPITRE I

Une vie enracinée dans le Créateur

Tirer son chapeau devant «celui qui est là-haut», malgré tout

J’ai récemment revu un de mes films favoris. Il traite de deux cow-boys qui, au tournant du XIXème siècle, faisaient encore partie des quelquesuns qu’on a appelés les «Freegrazers» (les brouteurs d’herbe). Ceux-ci conduisaient leurs énormes troupeaux de bétail dans des prairies, d’une aire d’alimentation à la suivante. Au cours du temps et progressivement, le développement de l’Ouest a occupé de plus en plus de terrains qui apparemment appartenaient déjà à quelqu’un et ces «Freegrazers» sont entrés en conflit avec la loi, respectivement avec les propriétaires des terres. C’est ainsi que l’un d’entre eux, un ami, fut assassiné. Choqués, les deux «Freegrazers» se sont retrouvés devant sa tombe. L’aîné a dit au plus jeune : « Peux-tu dire encore quelques mots (sous-entendu une prière). Moi, je ne parle plus à celui qui est là-haut parce qu’il me doit encore quelques réponses … ». Ensuite avec respect, il enleva son chapeau et attendit la prière de son plus jeune ami.

Pour moi, cette image est pleine d’espoir ! Beaucoup de paysannes et de paysans connaissent encore et toujours «celui qui est là-haut» et ils lui rendent également hommage, par ex. lors d’un enterrement, en allant sur le porche de l’église ou lors de situations où on sait que ses propres mots ne suffiront pas. Pourtant quelque chose dans le cœur bougonne encore contre ce Dieu. Une mauvaise expérience, une grande déception, un espoir brisé… parfois il suffit d’une situation déchirante pour qu’on lève son chapeau devant ce Dieu et pour qu’on Lui donne une chance de parler à notre cœur. Si nous Le laissons faire, IL le fera. C’est promis !

Dieu est plus fort – Dieu est plus grand

Le refrain bien connu de l’école du dimanche : « Gott ist stärker, Gott ist grösser, Gott ist Herrschaft über dieser Welt » (trad. « Dieu est plus fort, Dieu est plus grand, ce Dieu règne sur ce monde ») s’est mis à résonner dans mon cœur, ces dernières semaines. Dans toutes nos circonstances, louer Dieu pour Sa Toute-Puissance est toujours une discipline – Lui qui connaît exactement la fin de l’histoire (mondiale) et qui ne l’a pas déléguée dans les mains des hommes. La deuxième partie de ce chant parle d’une vérité en soi plus forte que toutes les tempêtes :

« Was können die Menschen mir tun, wenn sie meinen, sie hätten die Macht…

Wenn doch Gott, der viel stärker ist, in mir lebt » !

(trad. « Que peuvent me faire les hommes s’ils pensent avoir le pouvoir… puisque ce Dieu plus fort, vit en moi » !)

Nous, paysannes et paysans, qui essayons de vivre avec Dieu dans notre vie quotidienne, nous n’avons pas d’abord un Dieu qui est pour ou contre quelque chose ou quelqu’un, mais surtout un Dieu qui est en nous. Avec cette constatation, on se vit plus léger, et ainsi certaines choses qui pourraient nous compliquer la vie, retrouvent leurs justes perspectives. Nous ne sommes donc pas appelés à survivre, mais à surmonter, car Dieu présume qu’avec la force du Saint-Esprit que nous pouvons Lui demander chaque jour, toutes les conditions et les ressources nous sont données.

Rester une famille

Dans le fond, les gens ne recherchent pas ce qui est organisé, mais ils aspirent à vivre des relations sincères, authentiques, franches et sans mièvrerie pieuse. La poussière du quotidien, les blessures, les tromperies, la jalousie et le ressentiment nous font garder une distance avec nos semblables, en particulier avec ceux qui nous sont le plus proches. La communauté d’amour devient une communauté de travail et les amitiés une sorte d’arrangement. Quelle tragédie ! Ce qui avait bien commencé un jour avec beaucoup de désirs et de motivations tombe dans la poussière de l’usure et du non-sens parce qu’on a fixé de mauvaises priorités et qu’on n’a pas eu le courage d’aborder les blessures et de les nommer par leur nom. Mais Dieu a bien davantage en réserve ! Nous sommes au seuil d’une nouvelle vague de qualités relationnelles entre nous et les uns avec les autres, qui seront si attrayantes qu’elles attireront l’attention des gens sur Dieu.

Comment cela se produira-t-il ? En partie, par notre disponibilité à investir dans les relations. Cela prend du temps, cela prend aussi parfois de l’énergie, cela demande de temps en temps de se dépasser, de sortir de sa propre zone de confort. Autrement dit : cela coûte ! Mais comme on espère que la période amoureuse volatile se transformera un jour en amour, nous échangerons notre «gentillesse» avec une conviction profonde : nous sommes faits les uns pour les autres, au travers des hauts et des bas, au travers des victoires et des défaites. C’est ce qui fait de nous une famille. Si nous décidons de cultiver cette qualité de relations, Dieu fera Sa part et nous donnera Son amour pour le prochain.

Rester

en mouvement

Nous restons en mouvement parce que Dieu est en mouvement. Dans une vision, le prophète biblique Ézéchiel décrit comment le trône de Dieu a littéralement des roues et est en mouvement. C’est pourquoi, nous chrétiens, nous devenons des disciples appelés à suivre Celui qui bouge et marche devant nous. On peut rester en mouvement même si on habite fidèlement depuis des générations sur le même petit coin de terre, qu’on ait ou pas la nostalgie ou la possibilité de partir vers de «nouveaux rivages». À dire vrai, c’est l’écoute de la Parole de Dieu qui fait grandir en nous une confiance pleine d’espoir et une foi que les circonstances ne sont pas ce qui nous détermine et nous opprime, mais qu’elles servent à notre bien.

Comme le mouvement extérieur est bienfaisant pour le corps, le mouvement intérieur est une bénédiction pour notre esprit. Nous élargissons ainsi notre cœur. Cela a pour effet que nous ne restons pas étroit d’esprit, que nous pouvons abandonner le désir d’avoir toujours raison et qu’une pensée large et généreuse peut faire son apparition, ce qui est pour notre environnement une véritable aubaine. On s’entoure volontiers de telles personnes. Là, réside aussi un secret pour élargir le développement de nos rencontres et de nos Conférences : les paysannes et les paysans qui resteront dans le mouvement avec Dieu, feront de la Conférence des Paysans un «mouvement» organique et inclusif, au lieu d’une institution rigide et exclusive.

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