streets of new york

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Mot par Joost Bastmeijer IG handle @joostbastmeijer
Je me souviens avec netteté de la première fois où j’ai levé les yeux et découvert les impressionnants gratte-ciels de Manhattan : quel spectacle pour un adolescent venu d’Amsterdam, ville qui ne possède quasiment aucun bâtiment de grande hauteur. Nous étions, mon frère, mes parents et moi-même, dans un taxi jaune. Comme nous arrivions de l’aéroport de Newark, nous ne pouvions qu’entrapercevoir Manhattan, ce qui a rendu d’autant plus intense l’émerveillement que nous avons éprouvé lorsque nous avons émergé du Lincoln Tunnel avant de plonger aussitôt dans le quartier de Hell’s Kitchen. Je me rappelle avoir pressé mon visage contre la vitre froide pour tenter de distinguer l’instant où les immeubles disparaissaient dans les nuages lourds de neige.
Depuis ce premier voyage familial, chaque séjour à New York s’est révélé être une expérience entièrement différente mais de nature tout aussi mystique. Cette Rome, ou ce Caire, du XXIème siècle possède une dimension addictive –avec son Yankee Stadium, son New York Exchange ou encore Madison Square Garden qui se dressent tels des Colisées modernes, avec ses gratte-ciels qui sont l’équivalent contemporain des pyramides. Cet environnement dynamique, semblable à un décor de cinéma, nous donne le sentiment d’assister de près à la création, à la formation de la culture occidentale.
New York évoque un ami lointain, sensation rare que je n’ai ressentie qu’en quelques autres lieux dans le monde. Assurément, Amsterdam, ma ville natale, en fait partie. Il me semble que l’ « Ancienne » et la « Nouvelle » Amsterdam présentent de nombreuses similitudes. Les deux villes se caractérisent par une étonnante diversité ethnique, un tissu social unique. Tout comme Amsterdam, New York ne cesse d’évoluer, de se réinventer grâce au flux ininterrompu de nouveaux-venus. Le métro offre un échantillon de tous ceux qui façonnent New York, font de la ville ce qu’elle est appelée à devenir. L’éclectique énergie
qui l’habite est tout aussi frénétique que son célèbre monde du jazz. Le moindre coin de rue offre une saveur – une mélodie si vous préférez – différente, et tous cependant, bougent en accord avec le rythme de la ville. Vivre dans une aussi vaste métropole induit un état d’esprit qui est celui de la « survie du plus apte » – compétition saine aux yeux de certains, foire d’empoigne épuisante et meurtrière pour d’autres.
Sur les trottoirs de New York, les photographes croisent ou accompagnent tous ceux qui décident de la mode, de l’art, du design, du commerce. La ville a nourri et élevé certains des plus célèbres photographes au monde, à l’exemple de Richard Avedon, William Klein, Vivian Meier, d’Alfred Eisenstaedt ou encore, de Diane Arbus. Il n’est nul autre lieu sur cette planète qui ne soit aussi difficile à saisir en ce que le moindre centimètre carré y a déjà été capturé – par ces photographes connus ou par de nombreux autres.
En quête de voix nouvelles dans le domaine de la photographie, j’ai passé de nombreuses semaines à consulter des portfolios ou des comptes Instagram, à choisir et réunir ces observateurs, ces artistes qui, dissimulés derrière leur appareil, vagabondent discrètement dans ces rues où ils tentent de se fondre. Au travers du regard que porte cette future génération de photographes, nous découvrons la façon dont ils perçoivent New York, les histoires nouvelles qu’ils racontent.
Certains explorent des quartiers moins familiers comme le Bronx ou Harlem ; d’autres abordent Manhattan ou Brooklyn selon des perspectives ou des angles inédits. Après avoir observé des milliers d’images, prises par des photographes de toutes sortes, nous avons rassemblé celles qui évoquaient New York de la façon la plus parfaite et la plus emblématique qui soit. Pour chaque photographe, nous avons sélectionné les meilleurs clichés, ce qui ne vous empêche pas de les chercher sur Instagram. De l’architecture à la nature, des vues aériennes
prises en hélicoptère aux reflets dans les flaques, des images prises avec un iPhone à celles capturés au moyen d’un appareil numérique, des édifices en briques de Brooklyn aux immeubles branchés de SoHo, Streets of New York englobe tout – tout ce qui en fait un ouvrage essentiel sur cette ville, riche en instants parfaitement new yorkais. Composé par un ensemble de photographes de tous âges et rangs sociaux, de toute ascendance ou origine, ce livre ne montre pas seulement les rues de New York. Il dévoile les saisissants personnages qui arpentent la ville qu’ils sont en train de bâtir. Il réussit à vous entraîner jusque dans ces rues, quoique nul ne sache où celles-ci emmènent les passants qui les empruntent. New York en devient quasiment palpable.






















