N° 149 - Novembre 2003
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ISSN = 0997-6922
Un autre socialisme est possible : Schröder ! Depuis sa dĂ©route du 21 avril, la sociale-dĂ©mocratie française sâĂ©chine Ă reconstruire, sur les ruines de ses dĂ©faites Ă©lectorales, un programme qui lui permettrait de retrouver les places institutionnelles (gouvernementales, parlementaires, municipalesâŠ) quâelle vient de se faire prendre par la droite. Dans cet effort - plus ridicule que dĂ©risoire - on peut lâobserver, gesticuler, courir Ă hue et Ă dia Ă la recherches dâalliances, dâexpĂ©riences et de personnalitĂ©s sensĂ©s camoufler sa vacuitĂ© et donner un semblant de reflet rose Ă ses Hollande, Strauss-Kahn et Fabius! Croit-elle vraiment faire oublier les ravages de sa politique anti-sociale en allant mendier tantĂŽt une caution sociale auprĂšs de Lula, tantĂŽt une caution syndicale en invitant Thiblault-le-fossoyeur Ă ses CongrĂšs, tantĂŽt une caution internationaliste en essayant de sâincruster dans les rassemblements anti-mondialisation. Cet effort nâest pas propre aux seuls socialistes français, il concerne lâensemble de la socialedĂ©mocratie occidentale prise en Ă©tau entre lâaccentuation prĂ©sente de la domination du capital et, en retour, la radicalisation de sa contestation. Lâexacerbation des contradictions (sociales, politiques, idĂ©ologiques, Ă©cologiquesâŠ) dans la phase prĂ©sente du capitalisme ruine les bases et le sens mĂȘme dâune position rĂ©formiste. Car aussi longtemps que ne sâorganisera pas et ne sâaffirmera pas un rapport de forces clairement inscrit dans un horizon de rupture avec le capitalisme, le ârĂ©formisme de gaucheâ ne peut quâĂȘtre une politique au service du Capital et du renforcement de sa domination.
Les salariés allemands déçus par le "socialisme"....
Il nâest quâĂ regarder outre-Rhin. Quand, par le miracle dâune catastrophe naturelle, lâabyssale grossiĂšretĂ© de son opposition, et le renfort du Grand Timonier de lâopportunisme Ă©cologiste europĂ©en (Joschka Fischer), la sociale-dĂ©mocratie se maintient au gouvernement, câest sous les traits dâun Schröder. Elle contribue ainsi Ă crĂ©er des conditions politiques, non pas de âmoindre malâ - comme on qualifiĂ© parfois le PS en France -, mais pires encore que celles dâune opposition Ă un gouvernement ouvertement libĂ©ral. En effet, la politique du socialiste Schröder nâest pas seulement aussi anti-sociale que celle du libĂ©ral Raffarin (certaines des dispositions de lâAgenda 2010, ce plan septennal de dĂ©molition de la sĂ©curitĂ© sociale allemande sont plus nĂ©fastes encore que celles des rĂ©formes Raffarin), mais en outre elle paralyse la contestation et conduit Ă retarder et minorer lâĂ©mergence dâun mouvement social en Allemagne. Ce nâest donc pas une politique Ă la Blair qui sommeille dans les cartons de lâex-gauche plurielle, mais plutĂŽt un âschröderismeâ Ă la française. Or, face Ă la droite de combat, seule une gauche de combat, animĂ©e dâun esprit et dâune culture de rupture avec le capitalisme, peut dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts du monde du travail - toute autre posture la condamnant aux compromissions, dĂ©missions et capitulation.