Ătats-Unis
Selon les projections, le PIB rĂ©el devrait croĂźtre de 1.6 % en 2023 puis de 1.0 % en 2024. La croissance de la consommation et de lâinvestissement privĂ©s devrait se modĂ©rer sous lâeffet du resserrement des conditions monĂ©taires et financiĂšres et du fait de la poursuite de lâĂ©puisement de lâĂ©pargne. Sur fond de ralentissement de la demande, lâemploi devrait reculer et le taux de chĂŽmage augmenter peu Ă peu pour se rapprocher de 4 œ pour cent en 2024. Compte tenu du relĂąchement des tensions sur le marchĂ© du travail, la croissance des salaires devrait continuer Ă se modĂ©rer, tout comme les tensions inflationnistes. Les perspectives Ă©conomiques pourraient toutefois se dĂ©grader si la hausse des taux dâintĂ©rĂȘt met au jour dâautres facteurs de vulnĂ©rabilitĂ© financiĂšre. Ă lâinverse, une dĂ©sinflation plus rapide que prĂ©vu pourrait permettre un assouplissement plus prĂ©coce de la politique monĂ©taire propice Ă la croissance Ă©conomique. Les effets retardĂ©s du resserrement de la politique monĂ©taire, conjuguĂ©s Ă un nouveau relĂšvement du taux des fonds fĂ©dĂ©raux, pĂšseront sur la croissance Ă©conomique. Les aides budgĂ©taires temporaires mises en place durant la pandĂ©mie sont Ă prĂ©sent dĂ©mantelĂ©es et les mĂ©nages puisent rapidement dans lâĂ©pargne quâils ont accumulĂ©e pendant la pandĂ©mie. Un meilleur accĂšs aux services dâaccueil des jeunes enfants grĂące Ă une hausse des financements publics contribuerait Ă renforcer le taux dâactivitĂ© des femmes. ParallĂšlement, il serait possible dâamĂ©liorer la qualitĂ© des services de garde dâenfants en Ă©laborant des normes fĂ©dĂ©rales minimales et un systĂšme de notation pour les centres dâaccueil de jeunes enfants qui soit harmonisĂ© entre les Ătats.
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1. Lâindice PCE (Personal Consumption Expenditures) est le dĂ©flateur de la consommation des mĂ©nages.
2. Indice PCE hors produits alimentaires et énergie.
3. La moyenne tronquĂ©e de lâindice PCE qui est publiĂ©e par la Banque de rĂ©serve fĂ©dĂ©rale de Dallas constitue une autre mesure de lâinflation sous-jacente pour lâindice PCE.
Source : Bureau dâanalyse Ă©conomique des Ătats-Unis (U.S. Bureau of Economic Analysis, BEA) ; et Banque fĂ©dĂ©rale de rĂ©serve de Dallas.
StatLink2 https://stat.link/hrm4cb
Ătats-Unis : Demande, production et prix
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la premiĂšre colonne
2 Indice des prix liés aux dépenses de consommation des ménages hors alimentation et énergie
LâactivitĂ© Ă©conomique continue de ralentir
La croissance du PIB rĂ©el a ralenti au premier trimestre de 2023, sâĂ©tablissant Ă un taux annuel de 1.3 %, contre 2.6 % au quatriĂšme trimestre de 2022. Lâinvestissement en logements a encore reculĂ©, en partie du fait du resserrement des conditions financiĂšres. Lâemploi a globalement continuĂ© Ă progresser fortement, mĂȘme si cette amĂ©lioration a Ă©tĂ© moins manifeste dans les secteurs sensibles aux variations des taux dâintĂ©rĂȘt comme la construction et lâindustrie manufacturiĂšre. La croissance des salaires nominaux sâest quelque peu modĂ©rĂ©e, mais elle demeure solide au regard des niveaux observĂ©s par le passĂ©. Bien que la hausse de lâindice PCE (Personal Consumption Expenditures) soit retombĂ©e Ă 4.4 % en glissement annuel en avril 2023 aprĂšs avoir culminĂ© Ă 7 % Ă la mi-2022, les tensions inflationnistes restent Ă©levĂ©es dans le secteur des services.
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Source : Base de donnĂ©es des Perspectives Ă©conomiques de lâOCDE, n° 113.
StatLink2 https://stat.link/tzq9cg
Les Ă©vĂ©nements extĂ©rieurs rĂ©cents ont essentiellement soutenu la croissance Ă©conomique. Les exportations bilatĂ©rales vers la Chine se sont redressĂ©es ces derniers mois, ce qui concorde avec le rebond de lâactivitĂ© chinoise aprĂšs lâassouplissement des mesures de restriction liĂ©es Ă la pandĂ©mie. La stabilitĂ© accrue des prix mondiaux de lâĂ©nergie freine en outre lâinflation aux Ătats-Unis. Les prix intĂ©rieurs de lâessence ont fortement augmentĂ© au premier semestre de 2022, mais ils ont Ă prĂ©sent baissĂ© pour avoisiner le niveau observĂ© juste avant le dĂ©but de la guerre dâagression menĂ©e par la Russie contre lâUkraine.
Les politiques monĂ©taire et budgĂ©taire ne stimulent plus lâĂ©conomie
Le ComitĂ© de politique monĂ©taire de la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale a continuĂ© Ă durcir la politique monĂ©taire face aux tensions inflationnistes persistantes. Le taux des fonds fĂ©dĂ©raux a Ă©tĂ© relevĂ© dans la fourchette de 5-5 ÂŒ pour cent, tandis que les avoirs en titres du TrĂ©sor, en titres de dette et en titres adossĂ©s Ă des crĂ©ances hypothĂ©caires Ă©mis par des organismes fĂ©dĂ©raux continuent dâĂȘtre rĂ©duits. La faillite de plusieurs banques rĂ©gionales en mars a conduit la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale Ă mettre en place un nouveau mĂ©canisme de soutien aux liquiditĂ©s Ă court terme pour les Ă©tablissements financiers. Toutefois, des enquĂȘtes ont par la suite montrĂ© un durcissement des critĂšres dâoctroi de prĂȘts des banques, sur fond dâincertitude accrue et de craintes concernant les liquiditĂ©s. Les projections de lâOCDE reposent sur lâhypothĂšse que le taux des fonds fĂ©dĂ©raux sera relevĂ© de 25 points de base supplĂ©mentaires au cours des prochains mois. Le taux directeur devrait rester Ă ce niveau jusquâau second semestre de 2024, puis commencer Ă ĂȘtre assoupli. Les projections supposent un assainissement des finances publiques cumulĂ© dâenviron 1 % du PIB en 2023-24. Les aides budgĂ©taires temporaires mises en place durant la pandĂ©mie ont Ă prĂ©sent Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ©es. NĂ©anmoins, certains transferts budgĂ©taires de lâadministration fĂ©dĂ©rale vers les Ătats et les collectivitĂ©s locales nâont pas encore Ă©tĂ© totalement dĂ©pensĂ©s. Le taux dâĂ©pargne des mĂ©nages a sensiblement diminuĂ© depuis 2021 et le reste de lâexcĂšs dâĂ©pargne accumulĂ© durant la pandĂ©mie est en grande partie dĂ©tenu par des mĂ©nages Ă revenu plus Ă©levĂ© qui ont une moindre propension marginale Ă consommer. La mise en Ćuvre en cours de projets liĂ©s Ă la Loi sur lâinvestissement dans les infrastructures et lâemploi (Infrastructure Investment and Jobs Act) entraĂźnera une lĂ©gĂšre augmentation de lâinvestissement public en pourcentage du PIB au cours des prochaines annĂ©es. Lâeffet global sur la demande des dispositions de la Loi sur la rĂ©duction de lâinflation (Inflation Reduction Act) sera limitĂ©
jusquâen 2024, sachant que les dĂ©penses consacrĂ©es Ă un ensemble dâinitiatives en matiĂšre de climat et dâĂ©nergie et Ă la prolongation des subventions Ă lâassurance maladie seront, selon les estimations, compensĂ©es par lâinstauration dâun impĂŽt minimum sur les sociĂ©tĂ©s. Lâadministration fĂ©dĂ©rale a atteint le plafond dâendettement de 31 400 milliards USD en janvier et le TrĂ©sor a ensuite instituĂ© des « mesures exceptionnelles » pour honorer ses obligations financiĂšres. Un accord visant Ă suspendre le plafond de la dette jusquâen 2025 et Ă plafonner les dĂ©penses discrĂ©tionnaires au cours des deux prochaines annĂ©es a rĂ©cemment Ă©tĂ© trouvĂ© et devrait rĂ©duire les dĂ©penses publiques de 0.2 % du PIB en 2024.
La croissance économique fléchira
Selon les projections, la croissance du PIB rĂ©el sâĂ©tablira Ă 1.6 % en 2023 puis Ă 1.0 % en 2024. AprĂšs une pĂ©riode de croissance nominale trĂšs soutenue, les dĂ©penses consacrĂ©es Ă la consommation et Ă lâinvestissement privĂ©s devraient se modĂ©rer du fait du resserrement des conditions monĂ©taires et financiĂšres et de la poursuite de lâĂ©puisement de lâexcĂšs dâĂ©pargne. Lâemploi devrait reculer et le taux de chĂŽmage se hisser peu Ă peu Ă prĂšs de 4 œ pour cent en 2024. Compte tenu de lâattĂ©nuation des tensions sur le marchĂ© du travail, la croissance des salaires devrait se modĂ©rer, tirant progressivement vers le bas les prix des services. Toutefois, lâinflation sous-jacente ne devrait pas se rapprocher de lâobjectif de 2 % retenu par la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale avant la fin de 2024.
Il existe des risques de divergence Ă la baisse comme Ă la hausse par rapport aux projections. La hausse des taux dâintĂ©rĂȘt se rĂ©percutera plus encore sur le coĂ»t des intĂ©rĂȘts de la dette des mĂ©nages et des entreprises, ce qui pourrait accentuer les facteurs de vulnĂ©rabilitĂ© du secteur financier. Ă lâinverse, lâinflation pourrait se modĂ©rer plus vite si le tassement de la demande de main-dâĆuvre se traduit par un flĂ©chissement plus rapide que prĂ©vu de la croissance des salaires, ce qui permettrait un assouplissement de la politique monĂ©taire plus prĂ©coce par la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale.
Un meilleur accĂšs aux services dâaccueil des jeunes enfants favoriserait lâĂ©galitĂ© entre les genres
Une poursuite de la rĂ©duction du dĂ©ficit budgĂ©taire amĂ©liorerait la viabilitĂ© des finances publiques et contribuerait Ă apaiser les tensions inflationnistes. Parmi les mesures envisageables pour accroĂźtre les recettes figurent la suppression progressive des dĂ©ductions rĂ©gressives du code des impĂŽts, par exemple la dĂ©duction fiscale au titre des intĂ©rĂȘts dâemprunt hypothĂ©caire et les dĂ©ductions fiscales Ă lâĂ©chelle des Ătats et des collectivitĂ©s locales, et lâaugmentation de la fiscalitĂ© des plus-values sur les biens hĂ©ritĂ©s. La transition climatique demeure une prioritĂ© absolue, et de nouvelles Ă©volutions de la rĂ©glementation, des investissements verts, des rĂ©formes structurelles et une tarification du carbone seront nĂ©cessaires au cours des annĂ©es Ă venir. Il est en outre essentiel de renforcer lâactivitĂ© des femmes, compte du grand Ă©cart de taux de participation au marchĂ© de travail qui existe entre les hommes et les femmes. Celui-ci sâexplique en partie par la faiblesse de lâoffre et de lâaccessibilitĂ© financiĂšre des structures dâaccueil des jeunes enfants. Le manque de financement est un problĂšme fondamental : la plupart des familles qui peuvent prĂ©tendre Ă une aide Ă la garde dâenfants nâen bĂ©nĂ©ficient pas actuellement. Par ailleurs, il est possible de mieux garantir la qualitĂ© des services de garde en Ă©laborant des normes fĂ©dĂ©rales minimales et un systĂšme de notation pour les centres dâaccueil de jeunes enfants qui soit harmonisĂ© entre les Ătats.