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Câest un rĂ©el honneur dâavoir lâopportunitĂ© de mâexprimer dans le magazine Outre-mer grandeur Nature et de pouvoir exposer les enjeux de mon territoire Ă nos amis des outre-mer. Nous nous rencontrons rĂ©guliĂšrement Ă travers les instances europĂ©ennes (RUP) et câest pour moi un plaisir et un objectif que de dĂ©velopper cette coopĂ©ration ultramarine.
La CollectivitĂ© de Saint-Martin est une jeune collectivitĂ© dâoutre-mer, rĂ©gie par lâarticle 74 de la Constitution depuis 2007. Nous avons traversĂ© ces derniĂšres annĂ©es des Ă©preuves difficiles Ă lâinstar du passage de lâouragan Irma en septembre 2017 et comme lâensemble de nos compatriotes la crise sanitaire du Covid19, qui a profondĂ©ment impactĂ© notre sociĂ©tĂ©.
Jâai pris mes fonctions de prĂ©sident en avril 2022 et nous avons, avec mon Ă©quipe, mis tout en Ćuvre pour redonner confiance et espoir en lâavenir, en nous appuyant sur des fondamentaux comme la propretĂ© du territoire et lâaccueil de nos touristes, le dĂ©veloppement Ă©conomique Ă travers la rĂ©alisation de
projets structurants pour le territoire, lâaccompagnement de notre jeunesse et la mise en Ćuvre dâune politique environnementale adaptĂ©e aux enjeux actuels et Ă venir.
Le tourisme demeure Ă nos yeux le fleuron de notre Ă©conomie. PrĂšs de deux ans aprĂšs le dĂ©but de la pandĂ©mie mondiale, notre objectif est de renforcer le secteur touristique et de veiller Ă ce quâil continue de jouir dâun avenir dynamique axĂ© sur les atouts de Saint-Martin, lâaccueil des habitants et la valorisation de notre culture et notre patrimoine, dans un souci de durabilitĂ©.
Saint-Martin et ses habitants ont prouvĂ© une fois de plus quâils Ă©taient douĂ©s dâune vĂ©ritable « capacitĂ© de rebond », une rĂ©silience Ă toute Ă©preuve. Notre objectif prioritaire est de protĂ©ger ces atouts et de les promouvoir afin de les dĂ©velopper et les rendre plus forts. Alors que la vie renaĂźt et que les Ă©vĂ©nements culturels et les festivals ajoutent plus de joie Ă lâexpĂ©rience saint-martinoise, ils participent tous ensemble Ă la relance du secteur touristique et Ă sa redĂ©finition. La saison touristique 2022-2023 a dĂ©marrĂ© sur les chapeaux de roue, nous avons la chance dâavoir une clientĂšle amĂ©ricaine trĂšs attachĂ©e Ă Saint-Martin tout comme nos clientĂšles europĂ©ennes et caribĂ©ennes qui sont fidĂšles Ă notre Friendly Island.
Lâautre grand enjeu politique que nous portons est la protection environnementale. Nous travaillons sur un projet de rĂ©vision de notre Loi Organique, afin dâobtenir la compĂ©tence Environnement, aujourdâhui dĂ©volue Ă lâĂtat. Le changement climatique est une menace pour la beautĂ© naturelle et les ressources de lâĂźle et notre objectif est de les prĂ©server, les protĂ©ger. Nous nous engageons progressivement sur ce chemin vertueux, nous allons par exemple crĂ©er notre propre agence de la biodiversitĂ© et nous travaillons avec la RĂ©serve naturelle de Saint-Martin, Ă la crĂ©ation dâun Institut territorial de la biodiversitĂ©. Parce que Saint-Martin est une Ăźle moderne et progressiste, elle regorge dâopportunitĂ©s dâinvestissement. Chaque initiative doit orienter lâĂźle vers un avenir durable et Ă©cofriendly.
Je souhaite à tous les ultramarins une excellente année 2023. Santé et prospérité ! Que 2023 concrétise nos actions de coopération pour la reconnaissance des spécificités de nos territoires. TrÚs belle année à tous !
Louis MussingtonLes
Il y a un an, en fĂ©vrier 2022, GisĂšle Jourda et Viviane Malet, sĂ©natrices de lâAude et de La RĂ©union, ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©es rapporteures dâune Ă©tude sur la gestion des dĂ©chets en outre-mer. AprĂšs plus de six mois de travaux, trois dĂ©placements Ă La RĂ©union, Mayotte et Saint-Pierre-et-Miquelon, et prĂšs de 160 personnes auditionnĂ©es, leur rapport dâinformation a Ă©tĂ© remis le 8 dĂ©cembre Ă StĂ©phane Artano, prĂ©sident de la DĂ©lĂ©gation sĂ©natoriale aux outre-mer.
Dans la synthĂšse de ce rapport, on lit en prĂ©ambule que « la dĂ©lĂ©gation a constatĂ© le retard majeur des outre-mer en matiĂšre de gestion des dĂ©chets. Cette situation place certains territoires en urgence sanitaire et environnementale. La cote dâalerte y est dĂ©passĂ©e. Des plans de rattrapage exceptionnels, voire des plans Marshall pour la Guyane et Mayotte, sont indispensables. Des financements et une gouvernance consolidĂ©s permettront de prendre le virage dâune Ă©conomie circulaire rĂ©aliste et adaptĂ©e aux contraintes propres des territoires ultramarins. » Le rapport rĂ©vĂšle les retards majeurs des outre-mer par rapport Ă lâHexagone, avec par exemple un taux dâenfouissement moyen des dĂ©chets mĂ©nagers de 67 % en outre-mer, contre 15 % au niveau national.
10 propositions principales ont été rédigées, dont :
âą lâobjectif dâaller vers un opĂ©rateur unique par territoire en charge du traitement des dĂ©chets mĂ©nagers ;
âą lâapport, en plus des aides actuelles de lâĂtat, de prĂšs de 80 millions dâeuros par an pour rĂ©aliser notamment les Ă©quipements prioritaires et structurants ;
âą des obligations de rĂ©sultat pour les Ă©co-organismes, afin dâamĂ©liorer la prise en charge des Ă©quipements en fin de vie mis sur le marchĂ©.
La synthÚse du rapport, qui souligne par ailleurs la situation « fortement différenciée » de chacun des territoires, est accessible depuis le lien ci-dessous.
+ dâinfo ici : Le rapport dâinformation sur la gestion des dĂ©chets dans les outre-mer
AprĂšs le succĂšs de sa tournĂ©e Ă©ducative en Corse, Patrick Deixonne et son Ă©quipe de chercheurs mettent le cap vers les outre-mer français de la CaraĂŻbe. DĂšs le mois de fĂ©vrier, câest Ă bord de sa goĂ©lette de 26 mĂštres et en compagnie de lâentreprise de recyclage Citeo, que lâExpĂ©dition 7 e Continent fera escale en Guyane, Martinique, Guadeloupe et Ă Saint-Martin. Le projet a pour but de sensibiliser les enfants et le grand public aux enjeux de la pollution plastique dans les ocĂ©ans, tout en formant aux gestes de tri pour prĂ©venir la pollution marine. En effet, environ 80 % des dĂ©chets en mer viennent de la terre, emportĂ©s par la pluie et le vent, ils terminent souvent leur voyage dans les ocĂ©ans. Comme beaucoup dâautres territoires, les outre-mer français sont tĂ©moins et acteurs de ce phĂ©nomĂšne, quâil sâagit de canaliser tous ensemble.
Les Ă©quipes du 7e Continent et de Citeo vous invitent Ă Ă©changer lors dâateliers de dĂ©couverte pour petits et grands, afin de mieux comprendre les enjeux de la protection des ocĂ©ans, ainsi que les actions Ă mettre en place au quotidien pour lutter contre les dĂ©chets abandonnĂ©s et protĂ©ger la biodiversitĂ© marine !
luth sur son site de ponte Ă Awala-Yalimapo dans la RĂ©serve naturelle de lâAlama, au nord-ouest de la Guyane.
Depuis le 26 dĂ©cembre et jusquâau 5 fĂ©vrier 2023, la coopĂ©rative Sailcoop propose de relier en voilier la Martinique et la Guadeloupe, soit environ 24 heures de traversĂ©e, au tarif de 180 euros lâaller simple pour un adulte. Cela inclut une nuit Ă bord, les repas, bagages, lâassurance et les skippers professionnels. Une rĂ©duction est offerte aux moins de 12 ans, familles, Ă©tudiants et pour la rĂ©servation dâun trajet aller-retour. Le Belle Aventure, qui relie ainsi Le Marin et Pointe-Ă -Pitre, peut embarquer huit passagers et deux membres dâĂ©quipage.
« Sailcoop est une alternative aux ferries et avions. Il est essentiel de se tourner vers ce genre de transport inter-Ăźles afin de prĂ©server la biodiversitĂ© marine si riche en outre mer. Le slow tourisme est en plein essor et nous sommes heureux de pouvoir contribuer Ă sonexpansion», argumente Prisca Dorie, responsable commerciale de la coopĂ©rative. Sailcoop met en avant un modĂšle doublement vertueux : « dĂ©velopper un rĂ©seau de transport de passagers Ă la voile et optimiser lâusage des voiliers qui passent le plus clair de leur temps au ponton, en offrant Ă leurs propriĂ©taires une alternative utile, fiable et rentable. »
En structurant un rĂ©seau coopĂ©ratif (SCIC 1) ouvert aux propriĂ©taires de bateaux, aux passagers, skippers et autres professionnels du nautisme, mais aussi aux collectivitĂ©s locales, aux investisseurs et Ă tout citoyen, Sailcoop souhaite contribuer Ă la transition Ă©nergĂ©tique. En effet, ce mode de transport offre une indĂ©pendance Ă©nergĂ©tique exceptionnelle : le vent est une ressource inĂ©puisable et propre et les progrĂšs colossaux en termes de prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques permettent aujourdâhui dâen tirer un excellent parti.
de Pracontal,
Urbanisation galopante, projets majeurs destructeurs, pollutions des bassins versants, dĂ©rĂšglement climatique⊠la nature est bien malmenĂ©e dans les territoires ultramarins, et il y a encore fort Ă faire pour la mettre au cĆur des dĂ©cisions concernant lâamĂ©nagement des territoires.
Le Groupe Outre-mer (GOM) du ComitĂ© français de lâUICN 2 , qui regroupe aujourdâhui prĂšs de 200 experts, agit depuis les annĂ©es 1990 pour tenter de changer la donne. Ses membres â qui peuvent ĂȘtre des scientifiques, des naturalistes, des gestionnaires dâespaces naturels, des juristes, des anthropologues, des associatifs ou encore des fonctionnaires â ont une trĂšs bonne connaissance des problĂ©matiques biodiversitĂ© dans un ou plusieurs territoire(s) ultramarin(s), des annĂ©es dâexpĂ©rience dans le milieu de la conservation et/ou jouent un rĂŽle clĂ© dans le paysage professionnel de la biodiversitĂ© ultramarine.
Ils contribuent par leur expertise Ă lâĂ©laboration des prises de position officielles du ComitĂ© français de lâUICN sur des projets rĂ©glementaires ou lĂ©gislatifs, des projets majeurs impactant la biodiversitĂ© de ces territoires, ou encore des problĂ©matiques conservatoires importantes pour les outre-mer.
Le GOM, dotĂ© dâun(e) prĂ©sident(e) et dâun Bureau, est donc Ă la fois un rĂ©seau dâinformation et dâĂ©change entre experts, et un groupe dâinfluence sur les politiques environnementales aux niveaux territorial, national, europĂ©en et international. IntĂ©ressĂ©(e) pour rejoindre le groupe ? Contactez : uicn@uicn.fr
Les forĂȘts de lâarchipel offrent un cadre unique dans lâoutre-mer français mais, comme dans de nombreux territoires, elles subissent depuis plusieurs annĂ©es des dĂ©gradations importantes. Ici, ce sont surtout les cerfs de Virginie et les liĂšvres, espĂšces introduites au cours du siĂšcle dernier, qui font des ravages. Deux raisons Ă cela : une dynamique dĂ©mographique Ă©levĂ©e et lâabsence totale de prĂ©dateurs sur place. Si la chasse ciblĂ©e constitue une partie de la solution, elle ne parvient pas Ă enrayer le phĂ©nomĂšne.
Depuis 2014, un programme de gestion durable de la forĂȘt a donc Ă©tĂ© mis en place par la CollectivitĂ©. Dans un premier temps, entre 2015 et 2017, une vaste Ă©tude a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e pour dresser lâinventaire des espĂšces prĂ©sentes. 37 981 arbres ont ainsi Ă©tĂ© identifiĂ©s et cartographiĂ©s sur lâarchipel et lâon connaĂźt aujourdâhui mieux les sites oĂč la forĂȘt parvient Ă se rĂ©gĂ©nĂ©rer naturellement et, au contraire, ceux oĂč elle est en voie de rĂ©gression.
Forte de cet Ă©tat de lieux de ses forĂȘts, la CollectivitĂ© territoriale a lancĂ© un plan de gestion forestiĂšre couvrant la pĂ©riode de 2019 Ă 2028. Celui-ci consiste notamment Ă replanter des arbres dans les zones dĂ©gradĂ©es et, dans ce but, 7 500 plants ont Ă©tĂ© commandĂ©s Ă une sociĂ©tĂ© canadienne. Par la suite, câest lâentreprise de Saint-Pierre-et-Miquelon Arboraâl qui a
Ă©tĂ© retenue dans le cadre de lâappel Ă projets de lâOFB BiodivâEco pour fournir les plants localement. « AprĂšs avoir produit du sapin baumier, du spruce blanc et noir, nous avons mis en culture pour les replantations de 2023 du mĂ©lĂšze dâAmĂ©rique, du bouleau Ă papier et du picea blanc et noir », indique Nicolas Paturel, le gĂ©rant dâArboraâl. Tous ces jeunes arbres sont destinĂ©s Ă ĂȘtre plantĂ©s par les agents de lâONF et de la CollectivitĂ© sur des zones dĂ©gradĂ©es. Une maniĂšre de lutter contre lâĂ©rosion des sites naturels tout en limitant lâintroduction dâespĂšces exotiques envahissantes. En 2023, les replantations seront nombreuses et rĂ©parties sur tout le territoire afin de fournir une assistance Ă la rĂ©gĂ©nĂ©ration naturelle des forĂȘts.
Rédaction : Mariane Aimar
dĂšS 2007, l âagence françaiSe de dĂ©veloPPeMent S â eSt engagĂ©e en faveur du dĂ©veloPPeMent durable et de la lutte contre le changeMent cliMatique . avec PluS de
engagĂ© S en 2021, l âagence PoSitionne PluS que jaMaiS le cliMat
Depuis 2015, lâAFD sâest engagĂ©e Ă assurer une activitĂ© compatible Ă 100 % avec lâAccord de Paris 1 et dĂ©cline ses actions autour de trois axes principaux. LâAgence cherche en premier lieu Ă rĂ©duire lâexposition aux alĂ©as climatiques des personnes et territoires. Dans lâocĂ©an Pacifique, le projet Clipssa vise par exemple Ă amĂ©liorer les prĂ©visions climatiques Ă horizon 100 ans, afin de renforcer les connaissances pour anticiper les consĂ©quences du changement climatique et permettre aux territoires de sâadapter le plus en amont possible. LâAFD participe Ă©galement Ă lâattĂ©nuation des effets du changement climatique. Avec lâInitiative Kiwa dans le Pacifique, lâAFD finance des solutions fondĂ©es sur la nature pour protĂ©ger et restaurer les Ă©cosystĂšmes. Enfin, lâAgence sâengage dans lâaccompagnement des Ătats et collectivitĂ©s pour la mise en place de trajectoires de dĂ©veloppement rĂ©silientes. Dans lâocĂ©an Indien, le programme Varuna soutient ainsi la gouvernance de la biodiversitĂ© dans les secteurs public comme privĂ©.
âą Quel rĂŽle peut jouer un bailleur international au regard de la question climatique actuelle ?
Mathilde Bord-Laurans - Les sujets de lutte contre le changement climatique et dâaide au dĂ©veloppement sont intrinsĂšquement liĂ©s. Lâengagement de lâAFD en faveur des objectifs du dĂ©veloppement durable implique nĂ©cessairement de travailler sur le climat et lâenvironnement, deux problĂ©matiques au cĆur du mandat de lâAFD. Aujourdâhui, plus de 50 % de notre activitĂ© bĂ©nĂ©ficie Ă la lutte contre le changement climatique.
Charles Trottmann - Au-delĂ des engagements financiers ciblĂ©s dans ces domaines, lâAFD joue un rĂŽle essentiel auprĂšs des politiques publiques. Notre exigence dans le dialogue autour de ces questions, ainsi que notre expertise et nos propositions de solutions techniques permettent de porter la question climatique au cĆur des prioritĂ©s des Ătats et territoires dans lesquels nous intervenons.
âą De quelle maniĂšre lâAFD intervient-elle sur la problĂ©matique de la rĂ©silience face au changement climatique ?
Charles Trottmann - Le dernier rapport du GIEC souligne que les petits Ătats insulaires sont particuliĂšrement vulnĂ©rables face au changement climatique en raison de la taille des territoires, des prĂ©visions climatiques alarmantes et de la perte de la biodiversitĂ© impactante pour les populations. LâAFD intervient donc en mutualisant ses actions Ă lâĂ©chelle des bassins ocĂ©aniques pour amĂ©liorer la rĂ©silience des territoires au niveau de la connaissance, au niveau de la planification, et au niveau du financement des investissements des collectivitĂ©s.
Mathilde Bord-Laurans - LâAFD sâest ainsi structurĂ©e autour dâun dĂ©partement « Trois OcĂ©ans » qui travaille sur la convergence des questions climat et biodiversitĂ© autour dâune stratĂ©gie spĂ©cifique sur lâocĂ©an, cruciale pour les petits Ătats et territoires insulaires. Ă titre dâexemple, les investissements « OcĂ©an » de lâAgence reprĂ©sentent plus de 750 millions dâeuros en 2021. Câest un enjeu trĂšs important pour lâAFD.
âą Comment sâest positionnĂ©e lâAFD vis-Ă -vis des COP 27 et COP 15 2 ?
Mathilde Bord-Laurans - LâAFD nâest pas nĂ©gociatrice au sein de ces confĂ©rences, mais elle fait partie de lâĂ©quipe France. Nous apportons notre comprĂ©hension trĂšs fine des problĂ©matiques des pays dâintervention, et nous Ă©changeons avec les partenaires sur les typologies de projets, leurs besoins en financement, la mise en place de politiques publiques futures, etc. LâAFD travaille donc avec la France et ses partenaires sur lâagenda de lâaction.
Nous retiendrons de la COP 27 lâavancĂ©e sur la question des pertes et prĂ©judices, ainsi que la forte prĂ©sence de la problĂ©matique « OcĂ©an ».
LâAgence française de dĂ©veloppement a par ailleurs soutenu tout au long de la COP 15 lâidĂ©e dâune mobilisation financiĂšre pour la biodiversitĂ© qui sâinscrirait dans un cadre financier mondial, mobilisant les acteurs du Nord comme du Sud.
En tout Ă©tat de cause, ces confĂ©rences des Parties permettent de donner un cadre global et renforcent nos capacitĂ©s dâactions dans les pays, en faveur du climat et de lâenvironnement.
2 La COP 27, confĂ©rence des Nations unies sur les changements climatiques, sâest tenue en novembre 2022 Ă Charm el-Cheikh en Ăgypte. Quant Ă la COP 15, confĂ©rence des Nations unies sur la biodiversitĂ©, elle sâest tenue en dĂ©cembre 2022 au Canada, Ă MontrĂ©al.
Conscient de la responsabilitĂ© sociale et environnementale qui pĂšse sur la tĂ©lĂ©vision publique, plus que jamais le pĂŽle Outre-mer sâengage en faveur de la dĂ©fense de lâenvironnement.
MalgrĂ© un Ă©tĂ© particuliĂšrement difficile, les changements climatiques paraissent encore parfois lointains pour certains habitants de lâHexagone, câest pourtant dĂ©jĂ une rĂ©alitĂ© quotidienne pour les habitants en Outre-mer : montĂ©e des eaux, cyclones plus frĂ©quents et plus violents, Ă©rosion des cĂŽtesâŠ
Face Ă cette prise de conscience est arrivĂ©e une gĂ©nĂ©ration de rĂ©parateurs, ceux qui prennent en main les enjeux environnementaux, montrent un nouvel Ă©tat dâesprit, font part de nouvelles attentes.
Avec notre programme En 1Ăšre ligne, nous avons souhaitĂ© donner la parole Ă ceux qui sont au combat, ces hĂ©ros du quotidien, tĂ©moins engagĂ©s pour lâenvironnement issus de la sociĂ©tĂ© civile. Ils sont lanceurs dâalerte, porteurs de projets et rĂ©inventent le rapport Ă la terre. Ils font Ă©merger depuis les territoires des façons de faire et de se comporter face au dĂ©fi climatique. Nous avons souhaitĂ© un programme racontant les Ă©mergences, les grandes tendances qui animent lâOutre-mer et les prises de conscience de ses habitants en matiĂšre de climat, de relation Ă la terre, dâĂ©volution des cultures vivriĂšres⊠Ce rĂ©seau de vigies, dĂ©ployĂ© au travers des territoires ultramarins, vise Ă accroĂźtre la prise de conscience Ă©cologique des Français, crĂ©er de lâintelligence collective et de la connexion sociale, afin de proposer des solutions, de lâoptimisme, et donner envie de faire bouger le monde. Nous nous sommes concentrĂ©s sur la jeune gĂ©nĂ©ration qui prend son mode de vie en main, ces acteurs de la « grande inversion », de lâhybridation des modes de vie, qui utilisent le virtuel comme outil dâĂ©change, mais maintiennent un solide ancrage dans la terre pour mener leur action.
Luc de Saint-Sernin , directeur de la stratégie éditoriale transverse du pÎle Outre-mer
Un programme à retrouver sur le Réseau des 1 Úre et La1ere.fr
Nageoire caudale de baleine à bosse photographiée à Moorea. © Pamela Carzon - 97px
lâocĂ©an Pacifique couvre Ă lui Seul un tier S de la Surface du globe et diSP oSe d â une de S biodiver SitĂ© S le S PluS iMPortante S au Monde. Pour le S PeuPle S du Pacifique, lâocĂ©an n â e S t Pa S vu co MM e lâĂ©lĂ© M ent qui S Ă© Pare le S Ăźle S , M ai S co MM e un trait d â union entre elle S
Câest lâocĂ©an qui fĂ©dĂšre tous les peuples dâOcĂ©anie et qui forge leur identitĂ© jusquâĂ leur nom : OcĂ©aniens.
La prĂ©servation dâune zone maritime par la crĂ©ation dâune aire marine protĂ©gĂ©e existe dâailleurs dans la culture des OcĂ©aniens. On appelle cela en PolynĂ©sie un r Ähui. Aujourdâhui, il existe bon nombre de r Ähuis sur le fenua, mis en place bien souvent Ă la demande des populations, et tout particuliĂšrement des pĂȘcheurs.
Heremoana Maamaatuaiahutapu, ministre de la Culture et de lâEnvironnement de la PolynĂ©sie française :
« Nous essayons de promouvoir justement cette vision oĂč lâhomme fait partie de son environnement, il nâest pas dĂ©connectĂ© de lâenvironnement. On en revient toujours Ă nos traditions et ce nâest pas propre
Ă la PolynĂ©sie française, câest le cas aux Ăźles Cook, câest le cas Ă Salomon, câest le cas Ă Tonga, câest le cas Ă Fidji...
Donc ce concept, il est ocĂ©anien. Si on veut vraiment dĂ©fendre les ocĂ©ans, protĂ©ger les ocĂ©ans, il faut ocĂ©aniser nos consciences et arrĂȘter de penser que ce que lâon fait sur terre nâa aucun impact sur nos ocĂ©ans.
Tout est liĂ©. Câest pour cela quâil faut replacer lâhomme Ă nouveau dans son environnement. Il est un problĂšme, mais il peut ĂȘtre la solution aussi. Pour cela, il y a un peu de boulot encore. »
Pour les PolynĂ©siens, la mer commence en haut de la montagne, car tout ce quâil se passe Ă terre se retrouve en mer. Ils sont ainsi favorables Ă une gestion globale des espaces.
Ce texte est issu de la chronique radio « PlanĂšte Outre-mer » prĂ©sentĂ©e par Caroline Marie Ă Ă©couter sur La1ere.fr , lâoffre numĂ©rique Outre-mer de France TĂ©lĂ©visions
alorS qu â on PenSait que leS derniĂšreS obServationS de laMantinS Ă Saint-Martin dataient deS annĂ©eS 1950, une PhotograPhie Montre la PrĂ©Sence de ce MaMMifĂšre aquatique en 1984. M ichel v Ă©ly , chef de l â unitĂ© territoriale de S aint - b arthĂ©le My et de S aint -M artin P our l â aliMentation et l â agriculture et Ă©galeMent PrĂ©Sident de l â aSSociation MegaPtera, eStiMe que cette dĂ©couverte n â aurait Pa S e MP ĂȘchĂ© la con S truction de la M arina dan S l â a n S e M arcel, oĂč a Ă©tĂ© vu l â aniMal.
Le lamentin aperçu dans lâAnse Marcel en 1984, sans doute lâun des derniers Ă avoir frĂ©quentĂ© lâĂźle de Saint-Martin.
âą On pensait que les lamantins avaient dĂ©sertĂ© Saint-Martin depuis les annĂ©es 1950. Si cette photo avait Ă©tĂ© connue publiquement, pensezvous que la construction de la marina aurait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e pour protĂ©ger le mammifĂšre ?
- Je pense quâĂ lâĂ©poque, personne ne sâest posĂ© la question. Ă Saint-Martin, lâenvironnement nâa jamais Ă©tĂ© la prioritĂ© numĂ©ro 1. Les gens qui ont pris cette image nâavaient pas idĂ©e quâils photographiaient lâun des derniers spĂ©cimens de lâĂźle. Dans les annĂ©es 1980, on gagnait des terrains en empiĂ©tant sur la mer et en crĂ©ant des zones artificielles, comme pour le front de mer de Marigot. Ces constructions font fuir les mammifĂšres marins, ceux qui restaient sont partis ou sont morts. Et mĂȘme dans le cas oĂč les travaux auraient Ă©tĂ© interrompus, ce dont je doute, le lamantin serait-il restĂ© dans lâAnse Marcel ou Ă proximitĂ© ? Ce sont des animaux qui circulent, il aurait sans doute quittĂ© lâanse.
âą Que montre cette photo dâarchive datant de 1984, prise dans lâAnse Marcel ?
- Sur cette photo, on peut voir une tĂȘte de lamantin qui sort de lâeau, il nây a aucun doute sur lâanimal, on le distingue trĂšs bien. Ce clichĂ© a Ă©tĂ© pris au moment de la construction de lâAnse Marcel, lorsque le chenal a Ă©tĂ© creusĂ© pour construire la marina. Je suppose quâavec les travaux, le mammifĂšre a dĂ» sây rĂ©fugier.
âą Quel est lâimpact de ces constructions sur les animaux marins ?
- Les animaux souffrent de lâactivitĂ© humaine car ils se nourrissent prĂšs du littoral. Les mammifĂšres se dĂ©placent selon deux facteurs : lâalimentation et la reproduction. Par exemple, les dugongs prĂ©sents dans lâocĂ©an Indien se regroupent Ă des endroits prĂ©cis. Ils se nourrissent dâune herbe trĂšs particuliĂšre, alors il suffit quâil nây en ait plus Ă un endroit pour quâils nây viennent plus. Comme pour le dugong, il se pourrait que la construction de la marina ait dĂ©truit les sites oĂč se nourrissaient les lamantins.
Depuis dĂ©but 2022, « une forte mortalitĂ© des oursins diadĂšmes est observĂ©e sur la cĂŽte ouest de lâĂźle, mais aussi dans toute la mer des CaraĂŻbes », informe lâATE de Saint-BarthĂ©lemy.
P our une rai S on encore M al dĂ©ter M inĂ©e , le S our S in S diadĂš M e S ont S ubi en 2022 une vĂ©ritable vague de M ortalitĂ© dan S toute la c araĂŻbe . Ă S aint - b arthĂ©le M y , l â a gence territoriale de l â environne M ent ( ate ) S â e S t P enchĂ©e S ur la que S tion P our tenter de relancer le cycle de vie de ce S Ă©chinoder M e S P ri M ordiaux P our le S Ă©co S y S tĂš M e S M arin S
Souvent malaimĂ©s en raison de leurs piquants particuliĂšrement vĂ©nĂ©neux, les oursins diadĂšmes des Antilles ( Diadema antillarum) sont pourtant Ă la base de lâĂ©quilibre Ă©cologique des zones cĂŽtiĂšres. En effet, ces redoutables herbivores participent au bon Ă©tat de santĂ© des rĂ©cifs coralliens en les dĂ©barrassant des algues indĂ©sirables qui nuisent Ă leur croissance.
Ainsi, dans les annĂ©es 1980, aprĂšs une terrible Ă©pizootie 1 qui a frappĂ© les oursins diadĂšmes du bassin caribĂ©en, 30 Ă 40 % des coraux ont subi une rapide dĂ©gradation liĂ©e Ă lâenvahissement algal. LâannĂ©e derniĂšre, les oursins ont Ă©tĂ© touchĂ©s par une seconde Ă©pizootie, probablement liĂ©e Ă la dĂ©gradation des eaux marines, et les scientifiques ont cherchĂ© cette fois-ci Ă rĂ©agir rapidement.
Ainsi, en partenariat avec lâATE de Saint-BarthĂ©lemy, le docteur Elizabeth Duermit Moreau de lâUniversitĂ© de Floride, spĂ©cialiste de lâĂ©cologie des maladies chez les crustacĂ©s, est venue sur lâĂźle afin de tenter de comprendre lâorigine, Ă©ventuellement gĂ©nĂ©tique, de la maladie.
Elle a ainsi rĂ©alisĂ© des prĂ©lĂšvements de liquide cĆlomique de 25 oursins diadĂšmes sur cinq sites diffĂ©rents, pour essayer de dĂ©terminer la ou les causes responsables des mortalitĂ©s massives chez cette espĂšce. En plus des Ă©chantillons, lâhabitat immĂ©diat, les microorganismes prĂ©sents dans lâeau, de mĂȘme que la rugositĂ© du substrat et la densitĂ© des autres espĂšces dâoursins ont Ă©galement Ă©tĂ© analysĂ©s.
1 ĂpidĂ©mie qui frappe les animaux.
Dans un second temps, lâATE a mis en place deux systĂšmes de capture de larves dâoursins sur la base dâun procĂ©dĂ© créé par Alwyn Hylkelma de la Van Hall Larenstein University of applied sciences de lâĂźle nĂ©erlandaise de Saba, dans le nord des Petites Antilles. Lâobjectif est de fournir aux larves dâoursins des supports de croissance afin, Ă terme, de redynamiser ces populations en danger.
Les structures de captation des larves ont Ă©tĂ© conçues Ă partir dâĂ©lĂ©ments biodĂ©gradables comme la palme de cocotier, la palme de latanier bala, ou encore Ă partir dâune espĂšce invasive : la Belle mexicaine.
Toutes sont en expĂ©rimentation dans lâeau sous forme de balle ou de tressage. Ces Ă©lĂ©ments doivent fournir aux larves un moyen de se protĂ©ger de leurs prĂ©dateurs les plus connus comme le baliste royal, les casques, les labres et autres crabes marins.
La phase de test actuelle permettra de dĂ©terminer quelles sont les fibres vĂ©gĂ©tales les plus adaptĂ©es Ă la croissance des larves dâoursins afin, par la suite, de mettre en Ćuvre un programme de restauration plus large de ces Ă©chinodermes si prĂ©cieux pour lâĂ©quilibre des massifs coralliens.
e n ce dĂ©but d â annĂ©e 2023, nou S S o MM e S allĂ© S Ă la rencontre du P rĂ© S ident , de la viceP rĂ© S idente , du vice - P rĂ© S ident et du trĂ© S orier d â i nterco â o utre - M er . l â a SS ociation , créée en 2001, Ćuvre P our de S territoire S dyna M ique S et S olidaire S en fĂ©dĂ©rant de trĂš S no M breu S e S interco MM unalitĂ© S de g uyane , M artinique , g uadelou P e , l a r Ă©union et M ayotte .
La Guadeloupe et la Martinique font face Ă des difficultĂ©s dâindivision et ont une rĂ©flexion Ă mener sur le type dâhabitat Ă mettre en place, compte tenu du vieillissement de la population. Mayotte se distingue par une dĂ©mographie galopante, sur seulement 374 km2, et donc un espace foncier rare et de plus en plus cher. Enfin, Ă La RĂ©union, qui devrait atteindre le million dâhabitants en 2044 dâaprĂšs lâInsee, nous aurons un double dĂ©fi Ă relever : anticiper lâaugmentation de la jeunesse et le vieillissement de la population.
âą Quels seront en 2023, Monsieur le PrĂ©sident, les principaux dĂ©fis dâ Intercoâ Outre-mer ?
- En prĂ©ambule, lâassociation Intercoâ Outre-mer, dont je suis lâun des membres fondateurs, a Ă©tĂ© créée en 2001 pour que les pays dâoutre-mer soient entendus par les pouvoirs publics au plus haut niveau et pour vĂ©hiculer le message que chaque territoire a ses spĂ©cificitĂ©s propres. Nous ne sommes pas « lâoutre-mer ».
En 2023, Intercoâ Outre-mer va beaucoup travailler sur lâenjeu foncier. Nous allons soumettre nos propositions aux diffĂ©rents ministĂšres notamment, pour faire prendre conscience que Mayotte, ce nâest pas La RĂ©union, que La RĂ©union ce nâest pas la Guyane, la Guadeloupe ou la Martinique. En Guyane, 95 % du foncier appartient Ă lâĂtat, câest une particularitĂ© qui rend lâamĂ©nagement de ce territoire spĂ©cifique.
Cette annĂ©e encore, nous rappellerons que les pays dâoutre-mer sont une chance pour la France. Ils abritent en effet 80 % de sa biodiversitĂ© et sont des sentinelles du dĂ©rĂšglement climatique, Ă travers lâĂ©lĂ©vation du niveau de la mer, lâĂ©rosion des sols, les cyclones, les volcans... Nos territoires permettent Ă la France dâĂȘtre une immense puissance maritime, avec un trĂšs fort potentiel en termes dâĂ©conomie bleue et notamment dâĂ©nergies renouvelables marines.
âą Que vous inspire lâassociation de mots « transition Ă©nergĂ©tique et territoires » ?
Dans nos territoires, qui sont des « zones non interconnectĂ©es » (ZNI) au rĂ©seau Ă©lectrique mĂ©tropolitain, nous sollicitons une Ă©galitĂ© de traitement avec lâHexagone. Par exemple, en outre-mer, lâobligation dâachat dâĂ©lectricitĂ© photovoltaĂŻque â dont le tarif est fixĂ© par arrĂȘtĂ© pour soutenir la production dâĂ©nergies renouvelables â est plafonnĂ©e Ă 100 kWc. Nous attendons quâun dĂ©cret Ă©lĂšve ce seuil Ă 500 kWc, comme câest dĂ©jĂ le cas en mĂ©tropole. Le projet de loi relatif Ă lâaccĂ©lĂ©ration de la production dâĂ©nergies renouvelables comporte des lacunes pour nos pays dâoutre-mer. Câest pourquoi avec notre fĂ©dĂ©ration nationale, et les syndicats dâĂ©lectricitĂ© de la Guadeloupe, la Martinique et La RĂ©union, nous avons fait 10 propositions concrĂštes (consultables ICI, ndlr) dâapplication immĂ©diate, coconstruites et consensuelles, pour accompagner dans nos territoires une transition Ă©nergĂ©tique crĂ©atrice de richesses et dâemplois durables.
Que vous inspire lâassociation de mots « intercommunalitĂ© et environnement » ?
« Plus que jamais, lâintercommunalitĂ© ne peut travailler sans tenir compte de lâenvironnement. Je parle ici de lâenvironnement sur tous les plans : celui de la biodiversitĂ© bien sĂ»r, que nous devons prĂ©server, mais Ă©galement celui de la santĂ©, du social, de lâĂ©conomie. Lâenvironnement est ainsi lâun des piliers de notre engagement. Par ailleurs, nous ne pouvons aborder les questions environnementales sans Ă©voquer le foncier, qui est une thĂ©matique trĂšs spĂ©cifique Ă nos dĂ©partements dâoutre-mer, oĂč la pression et les enjeux sont accentuĂ©s de maniĂšre significative. Cela nĂ©cessite une vision partagĂ©e, active et rĂ©solument constructive. Câest lĂ aussi, un de nos engagements Ă Intercoâ Outre-mer. Mais vous savez, rien de bien ne peut se faire sans une parcelle dâamour pour son pays. Bonne annĂ©e 2023 Ă tous ! »
DâINTERCOâ
Quel est le grand dĂ©fi des intercommunalitĂ©s dâoutre-mer en matiĂšre dâenvironnement ?
« LâintercommunalitĂ© a-t-elle la possibilitĂ© dâagir ?
Il faudrait que les communes et les communautĂ©s dâagglomĂ©ration puissent se retrouver autour dâune table pour que ces discussions amĂšnent Ă une synthĂšse. En pĂ©riode de Covid, nous avons fonctionnĂ© seulement par visioconfĂ©rences, et cela a Ă©tĂ© un frein Ă lâaboutissement des discussions. Il conviendrait dâorganiser un moment trimestriel de rencontre pour nous accorder sur lâessentiel et adopter une position commune qui soit ensuite remontĂ©e au gouvernement. Cela est difficile car nos problĂ©matiques locales diffĂšrent, mais je crois quâil faut parvenir Ă parler dâune seule et mĂȘme voix. Nous serons alors entendus. »
Que vous inspire lâassociation de mots « changement climatique et territoires » ?
«
Ăa implique beaucoup de choses. En premier lieu, cela suppose de connaĂźtre dĂ©jĂ son territoire et sa population. Quand on est issu dâun territoire comme Mayotte, cela demande forcĂ©ment quâon intĂšgre le fait que le changement climatique crĂ©e de lâincomprĂ©hension au sein de la population, mĂȘme si câest un fait rĂ©el et quâil y a nĂ©cessitĂ© Ă le prendre en compte.
En effet, notre population vit Ă 77% sous le seuil de pauvretĂ©, et 60% dâentre elle a moins de 20 ans. Nous devons donc construire des politiques publiques de proximitĂ© avec des outils qui accompagnent la population vers une acceptation dâabord du changement climatique, parce que mĂȘme si ce dernier a des impacts trĂšs forts sur nos vies, on se rend compte que pour la population, ce nâest pas la prioritĂ©.
Quand on demande Ă la population de se projeter sur un projet Ă long terme de lutte contre le changement climatique, on ressent de la frustration et de lâincomprĂ©hension chez les gens, car cela paraĂźt invisible. MĂȘme si on perçoit de plus en plus les impacts de ce phĂ©nomĂšne avec la montĂ©e des eaux, les embouteillages ou encore la dĂ©gradation de la qualitĂ© de lâair, dans le centre-ville de Mamoudzou par exemple oĂč lâair est de plus en plus irrespirable, la majoritĂ© des personnes ici ont dâabord des prĂ©occupations qui doivent combler les besoins quotidiens et primaires.
Ainsi tout lâenjeu que nous avons en tant quâĂ©lus, câest dâaccompagner notre population Ă adopter une posture rĂ©siliente face au changement climatique, sans ĂȘtre en confrontation avec le projet de dĂ©veloppement de Mayotte. »
AU
en nove Mbre 2021, le c onServatoire du littoral a lancĂ© une Ă©tude de faiSabilitĂ© d â une dĂ©Marche ProSPective en Martinique Sur le territoire de la baie de f ort - de - f rance , avec P our thĂ© M atique : l â adaPtation aux effetS du changeMent cliMatique a udrey P a S tel a Ă©tĂ© recrutĂ©e afin de S uivre le P rojet . l a M angrove e S t P lacĂ©e au cĆur de cette rĂ©flexion, coMPte tenu deS ServiceS Ă©coSyStĂ©MiqueS rendu S S ur le long ter M e
Le Conservatoire entend impulser cette dĂ©marche de territoire auprĂšs des partenaires institutionnels, tout en tissant de nouveaux liens avec des acteurs Ă©conomiques, associatifs ou de la sociĂ©tĂ© civile, pour la mise en Ćuvre dâactions concrĂštes en termes dâamĂ©nagement futur du littoral notamment.
Cette dĂ©marche innovante bĂ©nĂ©ficie de lâaccompagnement de lâOffice de lâeau (ODE) Martinique.
Du fait de ses enjeux socioĂ©conomiques et Ă©cologiques et des dynamiques dĂ©jĂ Ă lâĆuvre, le territoire de la Baie de Fort-de-France en Martinique a Ă©tĂ© identifiĂ© comme pertinent pour la mise en place dâun tel projet. Il sâĂ©tend sur cinq communes, de Fort-deFrance aux Trois-Ălets. Il concentre plus de 40 % de la population de le Martinique, les principales infrastructures (port, aĂ©roport) et zones dâactivitĂ© Ă©conomique. Lâagriculture y est Ă©galement fortement prĂ©sente, mais la monoculture de la canne est menacĂ©e par la submersion et la salinisation des sols. Au sein de ce territoire, la mangrove de la Baie de GĂ©nipa, plus grande mangrove de Martinique, constitue un atout Ă©cologique majeur pour la mise en place de solutions fondĂ©es sur la nature face aux risques dâinondation
et de submersion marine. AffectĂ©e au Conservatoire du littoral depuis 2015, elle fait lâobjet dâun projet de classement en rĂ©serve naturelle rĂ©gionale.
Dans lâoptique de construire une vision partagĂ©e du territoire et dâimpliquer tous les acteurs dans lâaction, la phase de faisabilitĂ© devait proposer une mĂ©thodologie globale qui sâappuie sur des mĂ©thodes dâanimation et de concertation adaptĂ©es au contexte local et aux objectifs spĂ©cifiques du projet.
AU
« Quelques actions sont dĂ©jĂ envisagĂ©es pour les cinq prochaines annĂ©es. Tout dâabord, il sâagira de rĂ©aliser une modĂ©lisation climatique, câest-Ă -dire un modĂšle
qui prĂ©cisera les impacts possibles des phĂ©nomĂšnes de submersions marines sur la Baie de GĂ©nipa selon diffĂ©rents scĂ©narios dâaugmentation du niveau de la mer, en intĂ©grant le paramĂštre de la mangrove âjusque-lĂ non pris en compte â en partenariat avec le BRGM. Une analyse paysagĂšre, historique et prospective des paysages est Ă©galement prĂ©vue afin de stimuler lâimaginaire collectif. Notre projet pourrait par ailleurs donner lieu Ă des rĂ©sidences dâartistes sur lâĂ©volution du paysage littoral passĂ©, prĂ©sent et futur, Ă partir de donnĂ©es scientifiques et en mobilisant divers modes dâexpression artistiques. Ce volet tournĂ© vers les arts intĂ©grera aussi la perception sociale de la mangrove par les habitants dâun quartier situĂ© dans cet Ă©cosystĂšme, ainsi que des rĂ©flexions dans une approche linguistique : rĂ©cit, conte en crĂ©ole... Un volet pĂ©dagogique est lui aussi envisagĂ©, pour sensibiliser le public scolaire et les adultes Ă lâadaptation au changement climatique. Et enfin, dans une approche prospective, des Ă©tudes sectorielles pourraient voir le jour sur des thĂ©matiques Ă approfondir, comme le devenir de lâagriculture en Martinique... ».
amĂ©liorer les premiers diagnostics sur les ressources dĂ©mersales, Ă©mis en 2019 et 2020, et qui constituent une des prioritĂ©s de la dĂ©lĂ©gation Ifremer Antilles. De plus, la question de lâextension Ă lâoutre-mer français du recueil dâinformations sur la pĂȘche rĂ©crĂ©ative en mer â obligatoire sur certaines espĂšces dans lâHexagone âse pose actuellement. La prĂ©sente Ă©tude permettra de participer Ă la rĂ©flexion nationale inhĂ©rente Ă la mise en Ćuvre dâun dispositif de collecte de donnĂ©es pĂ©renne dans les territoires ultramarins.
le Projet recreafiSh a Ă©tĂ© lancĂ© Ă l â autoMne 2020 (voir iCi notre article oMgn d â avril 2021) Pour collecter deS donnĂ©eS Sur la PĂȘche de loiSir en Mer, Pratique MĂ©connue Ă lâĂ©chelle de la Martinique, la guadelouPe, Saint-Martin et Saint-barthĂ©leMy.
Ce projet a permis dâĂ©tablir un Ă©tat des lieux prĂ©cis de la pĂȘche rĂ©crĂ©ative, dâestimer le nombre de pĂȘcheurs rĂ©sidents sur chaque Ăźle, de caractĂ©riser leurs pratiques et de dĂ©terminer les prises capturĂ©es, conservĂ©es ou rejetĂ©es. Il avait aussi lâobjectif de quantifier lâimpact Ă©conomique de lâactivitĂ© et dâĂ©valuer son importance pour la vie des territoires concernĂ©s. Les travaux sâintĂ©ressaient Ă©galement Ă lâopinion des usagers sur lâenvironnement marin et la rĂ©glementation en vigueur.
La pĂȘche rĂ©crĂ©ative gĂ©nĂšre bien des retombĂ©es Ă©conomiques importantes et exerce des prĂ©lĂšvements significatifs sur la ressource, confirmant la nĂ©cessitĂ© de sa prise en considĂ©ration au niveau des socio-Ă©cosystĂšmes concernĂ©s. La connaissance des captures est un volet indispensable Ă lâinstauration dâune gestion Ă©cosystĂ©mique des pĂȘches aux Antilles. Ces informations seront prochainement prises en considĂ©ration pour
LâIfremer souhaite remercier les partenaires financiers (OFB, PrĂ©fecture de Guadeloupe, ODE Martinique) et techniques (RĂ©serve nationale naturelle de Saint-Martin et Agence territoriale de lâenvironnement de SaintBarthĂ©lemy) ayant rendu possible la rĂ©alisation de ce projet, qui apporte des avancĂ©es significatives sur les connaissances de lâactivitĂ© pĂȘche rĂ©crĂ©ative en mer.
Nos plus vifs remerciements sâadressent aux personnes interrogĂ©es au cours de lâenquĂȘte de cadrage, ainsi quâaux panĂ©listes ayant acceptĂ© de renseigner durant une annĂ©e complĂšte les informations liĂ©es Ă leurs parties de pĂȘche. Ils ont su retranscrire fidĂšlement leurs sorties et accorder un temps prĂ©cieux Ă la mensuration des prises capturĂ©es. Ce projet nâaurait pu aboutir sans la participation active des pĂȘcheurs volontaires et les rĂ©sultats de cette Ă©tude sont avant tout le fruit de leur investissement personnel.
Les rĂ©sultats de lâĂ©tude, qui sâest achevĂ©e en octobre 2022, sont disponibles sur la page dĂ©diĂ©e du site de la DĂ©lĂ©gation Ifremer des Antilles : https://antilles.ifremer.fr/Activites-projets/Halieutique/RECREAFISH
Télécharger le document de la restitution finale et des prospectives de Recreafish : https://archimer. ifremer.fr/doc/00804/91574/
Contact : JérÎme Baudrier, Unité « Biodiversité et Environnement »Délégation Ifremer Antilles | jerome.baudrier@ifremer.fr
âą Quelle est votre fonction, votre parcours, et quels sont les sujets scientifiques que vous abordez ?
- Je suis en charge des activitĂ©s halieutiques Ă la DĂ©lĂ©gation Ifremer des Antilles basĂ©e en Martinique. Jây suis arrivĂ© en mars 2020 aprĂšs avoir Ă©tĂ© retenu sur une mobilitĂ© interne car jâassurais jusquâĂ mon dĂ©part la coordination nationale de la surveillance halieutique au titre de la DCSMM Ă Nantes. Ce poste mâa permis dâobtenir un emploi pĂ©renne au sein de lâinstitut en 2014. Avant cela, jâavais eu la chance de travailler pour des partenaires trĂšs variĂ©s (scientifiques, professionnels, administratifs, ONG, associatifs) et souvent Ă lâĂ©tranger (Afrique, Europe du Sud) ou en outre-mer (Guyane, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon).
Les sujets scientifiques que je porte actuellement sont centrĂ©s sur lâĂ©valuation des ressources qui se heurte Ă lâextrĂȘme complexitĂ© dâune pĂȘcherie trĂšs plurispĂ©cifique et multi-mĂ©tiers ainsi quâĂ la pauvretĂ© des donnĂ©es collectĂ©es. Pour combler certaines lacunes, nous avons notamment dĂ©ployĂ© les projets Recreafish et Accobiom. Ces travaux ont permis dâacquĂ©rir de nombreuses informations stratĂ©giques, respectivement sur la pĂȘche de loisir en mer et sur les paramĂštres biologiques des espĂšces benthodĂ©mersales exploitĂ©es aux Antilles.
âą Quâest-ce qui est passionnant dans les recherches que vous menez ?
- Par le passĂ©, la recherche scientifique en outremer a longtemps souffert dâun manque patent de moyens. Les sujets Ă explorer, notamment en lien avec la biodiversitĂ© marine et sa prĂ©servation, sont donc vastes et passionnants. Recreafish en est une illustration concrĂšte : malgrĂ© lâimportance du nombre de pratiquants, des captures et des dĂ©penses gĂ©nĂ©rĂ©es pour les Ăźles antillaises, lâactivitĂ© Ă©tait restĂ©e mĂ©connue jusquâĂ prĂ©sent.
Aujourdâhui, nous assistons Ă un regain dâintĂ©rĂȘt pour nos rĂ©gions et cela entraĂźne une dynamique scientifique forte, partagĂ©e avec de nombreux partenaires, quâils soient basĂ©s dans la rĂ©gion CaraĂŻbe, au sein de lâHexagone ou dans les autres RUPs.
Ă titre dâexemple, nous sommes actuellement en train de pĂ©renniser un groupe de travail dâexperts pour lâĂ©valuation rĂ©currente et annuelle de lâĂ©tat des stocks Ă donnĂ©es limitĂ©es exploitĂ©es par les pĂȘcheries artisanales dans les outre-mer intertropicaux. Les Ă©changes sont trĂšs riches ! En parallĂšle, nous devons maintenir une collecte en routine de donnĂ©es sur la pĂȘche professionnelle via le SystĂšme dâinformations halieutiques (SIH), qui nĂ©cessite de dĂ©velopper de nouveaux outils : guides de dĂ©termination des espĂšces et rĂ©fĂ©rentiels, utilisation de lâimagerie camĂ©ra pour la reconnaissance automatique des poissons, etc. Les perspectives sont nombreuses et prometteuses pour notre travail au quotidien.
⹠Comment vous projetez-vous dans les années à venir ?
- Ă lâIfremer, les mobilitĂ©s en outre-mer sont proposĂ©es sur une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e (deux ans, renouvelables deux fois). Il faudra donc me prĂ©parer un jour Ă rentrer dans lâHexagone ! Mais pour le moment, je me plais Ă©normĂ©ment sur ce poste et dans cette rĂ©gion, câest pourquoi je souhaiterais poursuivre le plus longtemps possible mes activitĂ©s ici en maintenant notre effort sur lâĂ©valuation des ressources halieutiques locales. Ces travaux sont des prĂ©alables indispensables pour le calcul des indicateurs permettant dâĂ©valuer la soutenabilitĂ© des flottilles par rapport aux ressources, et dâajuster les capacitĂ©s de capture au potentiel biologique des stocks.
P ilotĂ© Par l â o ffice de l â eau M artinique ( ode ), carib S an e S t un P rojet de coo P Ă©ration caraĂŻbĂ©enne i nterreg M i S en Ćuvre Par l â o ffice international de l â eau ( oi eau ) et l â inrae S on objectif e S t de valori S er dan S la c araĂŻbe le S filtre S P lantĂ© S de vĂ©gĂ©taux ( f P v ) co MM e technique de traite M ent de S eaux u S Ă©e S , ada P tĂ©e au contexte tro P ical .
CARIBSAN regroupe les acteurs de lâassainissement de Sainte-Lucie, la Dominique, Cuba, la Guadeloupe et la Martinique. Ce projet ODE initiĂ© en septembre 2021 sâefforce de rĂ©pondre Ă un constat fort : la majoritĂ© de la population caribĂ©enne vit sur les zones cĂŽtiĂšres, aux abords dâĂ©cosystĂšmes sensibles, oĂč les infrastructures dâassainissement sont souvent insuffisantes. Lâassainissement est la premiĂšre source de dĂ©gradation du littoral des Ăźles caribĂ©ennes.
FORUM CARIBSAN : premiĂšre rencontre technique en Martinique des acteurs de lâassainissement engagĂ©s pour un traitement Ă©cologique de lâassainissement
5 Ăźles de la CaraĂŻbe, 7 acteurs, plus de 30 ingĂ©nieurs mobilisĂ©s, 4 financeurs (Europe, Agence française de dĂ©veloppement, Offices de lâeau Martinique et Guadeloupe), 18 mois de programmation, 4 composantes⊠UNE COOPĂRATION, DES ENJEUX, UN PARTAGE.
Photo ci-dessus : station Ă filtres plantĂ©s mise en place par lâusine Denel. Cette usine martiniquaise créée en 1908 au Gros-Morne produit des jus de fruits et confitures sur un site de 30 hectares exploitĂ© en agriculture biologique.
Du 5 au 9 dĂ©cembre 2022 sâest tenu Ă la Martinique le 1er Forum CARIBSAN : lâĂ©quipe technique CARIBSAN composĂ©e dâune trentaine dâingĂ©nieurs et experts en assainissement de Cuba, la Dominique, la Guadeloupe, la Martinique et de Sainte Lucie sâest rĂ©unie en ateliers techniques. Objectif : prĂ©parer la construction des futures stations dâĂ©puration Ă filtres plantĂ©s de vĂ©gĂ©taux programmĂ©es, faire un point sur les Ă©tudes prĂ©alables en cours, partager les retours et perspectives pour chaque site, y compris lâacceptabilitĂ© sociale, la sensibilisation, lâimpact sur les milieux aquatiques, la communication⊠Enfin, configurer la suite de la coopĂ©ration (CARIBSAN II). Les visites de terrain, les Ă©changes entre experts (botanistes, ingĂ©nieursâŠ) et une formation en communication ont permis de poursuivre la belle dynamique du projet. Les partenaires montrent une forte adhĂ©sion techniquement et humainement. Le vif intĂ©rĂȘt pour coopĂ©rer entre voisins caribĂ©ens est aussi le socle du succĂšs de CARIBSAN.
Ci-dessus : les ingĂ©nieurs et les experts rĂ©unis pour le 1er Forum CARIBSAN en dĂ©cembre 2022.| Ă droite : Lucien Saliber, prĂ©sident de lâODE Martinique Ă La Havane en mai dernier.
Plusieurs missions se sont dĂ©roulĂ©es Ă Sainte-Lucie, Ă la Dominique et Ă Cuba durant lâannĂ©e. Ces rencontres entre les signataires du projet ont favorisĂ© le dialogue et consolidĂ© la coopĂ©ration. Des actions opĂ©rationnelles ont Ă©tĂ© engagĂ©es : Ă©tudes techniques prĂ©alables aux travaux, mise en Ćuvre des plans de communication et de sensibilisation, plans de formation. Le projet favorise de riches Ă©changes entre les ingĂ©nieurs caribĂ©ens dans le domaine de lâeau et de lâassainissement.
Les projets sont nombreux pour les mois Ă venir et les Ă©quipes sont au travail pour les mener Ă bien : construire des stations dâĂ©puration FPV dans les pays partenaires, dĂ©ployer un programme de formation autour de lâassainissement en trois langues, coopĂ©rer entre acteurs caribĂ©ens de lâassainissement â Ă©changes dâexpĂ©rience, partage des connaissances⊠â et enfin sensibiliser et communiquer sur cette solution fondĂ©e sur la nature.
Les services assainissement de chaque pays partenaire (INRH, DOWASO, WASCO) se mobilisent pleinement dans la mise en Ćuvre du projet (Ă©tudes, formation, communication, travaux scientifiquesâŠ) : lâINRAE en tant quâexpert de la technologie joue un rĂŽle clĂ© par sa connaissance de la technologie et la CAWASA, en tant quâassociation caribĂ©enne des acteurs de lâeau, est le facilitateur dans les Ă©changes et la mise en rĂ©seau.
Lucien Saliber, prĂ©sident de lâODE Martinique, sâest exprimĂ© Ă la Havane, le 20 mai 2022, lors de la signature des protocoles de coopĂ©ration CARIBSAN :
« Nâoublions pas quâen ces temps de changement climatique, la problĂ©matique de lâeau sera notre premiĂšre prĂ©occupation dans nos Ăźles caribĂ©ennes. Dans la difficultĂ©, câest naturellement que nous nous tournons vers nos voisins ! CoopĂ©rer est une nĂ©cessitĂ© absolue ! »
CARIBSAN est sur Facebook : abonnez-vous ! https://www.facebook.com/CARIBSAN/
Visitez le site internet CARIBSAN (disponible dans les trois langues du projet) : www.caribsan.eu
Le projet CARIBSAN est cofinancĂ© par le programme INTERREG CaraĂŻbes au titre du Fonds europĂ©en de dĂ©veloppement rĂ©gional (FEDER), par lâAgence française de dĂ©veloppement (AFD) ainsi que par les Offices de lâeau Martinique et Guadeloupe.
d an S le cadre du P lan c hlordécone iv, le S « r encontre S chlordécone 2022 » ont été organiSéeS en g uadelouPe du 12 au 16 déce Mbre autour du thÚMe « connaßtre Pour agir ». e ntre colloque S cientifique et rencontre S avec différent S P ublic S , la S e M aine a été riche en Partage de S avoir S et connai SS ance S
Le chlordĂ©cone est un pesticide particuliĂšrement persistant qui a Ă©tĂ© utilisĂ© dans les bananeraies des Antilles françaises entre 1972 et 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. Substance toxique pour lâĂȘtre humain â perturbateur endocrinien qui augmente notamment les risques de cancer de la prostate â le chlordĂ©cone a contaminĂ© durablement les sols, les riviĂšres, le milieu marin, et lâensemble des Ă©cosystĂšmes de Guadeloupe et de Martinique.
Le quatriĂšme plan de lutte contre la pollution par le chlordĂ©cone, dâun budget de 92 millions dâeuros, a Ă©tĂ© mis en place pour la pĂ©riode 2021-2027. Il vise à « renforcer les connaissances [âŠ] en vue de protĂ©ger la santĂ© et lâenvironnement ». Si les impacts sur la santĂ© et lâexposition des populations sont des sujets Ă©tudiĂ©s depuis de nombreuses annĂ©es, les impacts sur les milieux restent Ă approfondir.
Pour Guido Rychen, directeur de lâĂcole nationale supĂ©rieure dâagronomie et des industries alimentaires et prĂ©sident du ComitĂ© de pilotage scientifique national chlordĂ©cone (CPSN), « lâimpact du chlordĂ©cone sur la biodiversitĂ© est particuliĂšrement difficile Ă Ă©valuer, notamment sur le milieu aquatique, en raison de la diffusion du pesticide et de lâimpermanence des milieux. » Dans le cadre des Rencontres chlordĂ©cone 2022, un colloque organisĂ© par le CPSN et la Coordination locale de la recherche sur la chlordĂ©cone aux Antilles (CloReCA) a permis de faire le point sur lâavancĂ©e des connaissances, et dâĂ©changer sur les perspectives scientifiques et leurs applications sur le terrain, en intĂ©grant les sciences humaines et sociales et en encourageant les croisements disciplinaires. Des rencontres avec les professionnels de santĂ©, du secteur agricole, avec la communautĂ© scolaire ou le grand public ont aussi Ă©tĂ© organisĂ©es.
Ci-dessus : visite dâune bananeraie. © ZDC | Parmi les actions menĂ©es dans le cadre du plan ChlordĂ©cone IV, nous pouvons citer : - la reconnaissance en tant que maladie professionnelle du cancer de la prostate liĂ© Ă lâexposition aux pesticides ; - la mise en place dâun test gratuit pour tous en Guadeloupe et en Martinique, pour Ă©valuer la concentration du taux de chlordĂ©cone dans le sang. Sachant que cette concentration peut ĂȘtre divisĂ©e par deux en ne consommant plus dâaliment contaminĂ© pendant six mois.
âą Comment vous ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ©e au sujet de la pollution par le chlordĂ©cone aux Antilles ?
- Jâai dĂ©couvert ce sujet dĂ©but 2018, en revenant mâinstaller en Guadeloupe, dans un contexte dâagitation mĂ©diatique qui a créé un vĂ©ritable Ă©moi pour la population. Jâai assistĂ© Ă un premier colloque scientifique en septembre 2018. Jây ai rencontrĂ© la quasi-totalitĂ© des personnes que jâai ensuite interviewĂ©es pour rĂ©aliser la bande dessinĂ©e Tropiques toxiques, publiĂ©e en 2020, aprĂšs plus de deux ans de recherches ! Je suis depuis lors restĂ©e mobilisĂ©e sur le sujet en mettant en place des projets de sensibilisation auprĂšs des collĂšges, et en produisant un jeu de sociĂ©tĂ© sur le chlordĂ©cone, qui sera distribuĂ© dans les collĂšges et lycĂ©es de Martinique.
⹠Que retiendrez-vous de ces « Rencontres chlordécone 2022 » ?
- Que la recherche se poursuit ! Un appel Ă projets scientifique a sĂ©lectionnĂ© six laurĂ©ats 1 annoncĂ©s le 8 dĂ©cembre, qui travailleront sur la dĂ©pollution des sols, ou sur des sujets issus des sciences humaines et sociales. Ces recherches permettront de questionner les perspectives en termes de dĂ©pollution des sols et de comprendre comment la pollution est perçue et vĂ©cue par les populations, afin de mieux rĂ©pondre aux demandes de rĂ©paration. Enfin, ce colloque mâa offert lâopportunitĂ© de retrouver de nombreux chercheurs et chercheuses rencontrĂ©s pour lâĂ©criture de Tropiques toxiques, ce sont toujours des moments riches sur les plans scientifique et humain !
âą Quel est selon vous lâenjeu majeur pour la Guadeloupe de demain ?
- Lors de la derniĂšre consultation sur le plan ChlordĂ©cone, seulement moins de 1 % de la population en Ăąge de voter a donnĂ© son avis ! Lâenjeu Ă mon sens est de trouver comment contribuer Ă rendre la nouvelle gĂ©nĂ©ration consciente des questions Ă©cologiques et environnementales. Avec le plan ChlordĂ©cone IV, câest la premiĂšre fois que la question Ă©ducative fait son apparition, pour que le chlordĂ©cone apparaisse dans les enseignements formels, et ne soit plus un non-sujet Ă lâĂ©cole. Câest de cette maniĂšre que nous pourrons, citoyens, tirer des leçons de cette histoire afin de repenser la place de lâagriculture dans notre sociĂ©tĂ©.
Rédaction et interview : Lucie Labbouz
+ dâinfo ici : Lien pour lire Tropiques toxiques
Une dĂ©cision qui Ă©tait redoutĂ©e en Martinique et en Guadeloupe : le 2 janvier 2023, la justice a prononcĂ© un non-lieu dĂ©finitif dans le dossier pĂ©nal du chlordĂ©cone, aprĂšs 16 annĂ©es de procĂ©dures. Les juges ont reconnu « un scandale sanitaire » mais nâont pu « rapporter la preuve pĂ©nale des faits dĂ©noncĂ©s » et ont Ă©voquĂ© lâinsuffisance, Ă lâĂ©poque, de « lâĂ©tat des connaissances techniques ou scientifiques ».
+ dâinfo ici : CommuniquĂ© du Gouvernement
1 LâAgence nationale de la recherche a lancĂ© pour la premiĂšre fois un appel Ă projets spĂ©cifique au chlordĂ©cone.
Extrait
de la bande dessinée Tropiques toxiques de Jessica Oublié.
âą En quoi consiste le mĂ©tier dâethnobotaniste ?
- En Guyane, nous ne sommes pas plus de six ethnobotanistes. Le mĂ©tier dâethnobotaniste est Ă la conjonction entre les mĂ©tiers de botaniste et ethnologue. Sur le terrain, lâethnobotaniste mĂšne dâune part des enquĂȘtes, des entretiens, des observations participantes et dâautre part, il rĂ©alise des collections dâherbier pour pouvoir identifier les plantes.
les vĂ©gĂ©taux et leurs divers usages : mĂ©dicinaux, artisanaux, alimentaires, rituels. Les recherches portent Ă©galement sur les modes de classification et de gestion de lâenvironnement vĂ©gĂ©tal, ou encore sur les critĂšres de sĂ©lection des plantes.
âą Quelle est la dĂ©finition dâun jardin crĂ©ole ?
- Il sâagit de cultiver de façon harmonieuse un maximum dâespĂšces, mĂ©dicinales, alimentaires, sur une petite parcelle de terrain dans le cadre dâune agriculture familiale. Les espĂšces vont sâallier entre elles et agir les unes sur les autres pour lutter contre les insectes et autres pathogĂšnes. On va y trouver des bananiers, du curcuma, des piments, des papayers, des ignames, des aromatiques, des plantes mĂ©dicinales, etc. Le jardin crĂ©ole est basĂ© sur des techniques de cultures anciennes non mĂ©canisĂ©es. Câest un modĂšle de culture agroĂ©cologique, respectueux de lâenvironnement qui nâutilise en principe pas dâintrants chimiques. La stratification vĂ©gĂ©tale protĂšge les plantes basses du soleil ou de la pluie. Par exemple, sous les bananiers et papayers, on va planter des dachines (taro) et buttes dâignames, et Ă leurs pieds des herbacĂ©es mĂ©dicinales. Câest un jardin multifonctionnel !
âą
- Le douvan douvan2 est une plante reconnue par la PharmacopĂ©e française. Il est utilisĂ© en tisane pour faire diminuer le taux de cholestĂ©rol. Les tronçons de liane dâail 3 sont utilisĂ©s par les Bushinenge pour en faire des toniques amers qui aident Ă la digestion. 1
Par ailleurs, il sâintĂ©resse aux modes dâinterrelations entre des sociĂ©tĂ©s et leur environnement vĂ©gĂ©tal, en collectant des savoirs et pratiques ethnologiques sur
Photo de la page prĂ©cĂ©dente : prĂ©paration dâun bain vĂ©gĂ©tal Ă visĂ©e mĂ©dico-magique par un tradipraticien saamaka. | Ci-dessus : une femme bushinenge en chemin vers son abattis, Ă Mana, dans le nord-ouest de la Guyane. © Karl Joseph
Les femmes font des bains de vapeur dâĂ©corces de manguier, dâavocatier, de courbaril pour faciliter le retour de couches. Le kwachi serait trĂšs efficace contre le paludisme. On trouve aussi des plantes dites magiques disposĂ©es autour des maisons pour chasser les mauvais esprits, comme la cordyline ou le tapis monseigneur.
⹠Les savoirs traditionnels se transmettent-ils à la jeune génération ?
- En Guyane, la transmission demeure importante comparativement Ă dâautres territoires. Il y a un niveau de connaissances autour des plantes mĂ©dicinales qui est assez fort. Mais lâoccidentalisation des modes de vie, lâurbanisation, font quâon note tout de mĂȘme une perte de savoir au sein de certaines communautĂ©s.
⹠Un événement phare prévu en 2023 ?
- En collaboration avec le photographe Karl Joseph, un livre est en prĂ©paration. Une exposition itinĂ©rante est organisĂ©e Ă Roura, sur le campus de lâUniversitĂ© de Cayenne, Ă lâherbier de Cayenne et Ă Stuttgart en Allemagne en fĂ©vrier. Elle traitera du rapport au vĂ©gĂ©tal chez les Afro-descendants autour de ces thĂ©matiques : cueillir, cultiver, se soigner, croire, faire. Pour cela, nous
avons menĂ© cinq missions photographiques sur tout le territoire. Plus de 7 000 photos ont Ă©tĂ© prises. Pour la premiĂšre fois en Guyane, lâassociation MĂ©lisse va porter en octobre, avec le soutien du ministĂšre de la Culture, les journĂ©es du Patrimoine culturel immatĂ©riel. Le workshop Ă©voquera la place des plantes dans la musique, lâartisanat... Des rencontres, confĂ©rences, visites, tables rondes seront organisĂ©es avec des acteurs des Antilles et de la mĂ©tropole. Il est important de ne pas abandonner ce riche patrimoine que constitue notre pharmacopĂ©e transmise depuis des gĂ©nĂ©rations et de passer le flambeau aux gĂ©nĂ©rations futures.
Lâassociation MĂ©lisse promeut, valorise et transmet les connaissances liĂ©es aux plantes mĂ©dicinales des diverses communautĂ©s culturelles guyanaises. Ses actions : - crĂ©ation de jardins de plantes mĂ©dicinales, pour des particuliers ou des collectivitĂ©s ; - confĂ©rences, formations, interventions en milieu scolaire, au sujet de la phytothĂ©rapie des communautĂ©s locales ; - rĂ©daction dâarticles et dâouvrages ethnobotaniques, Ă vocation scientifique et de vulgarisation ; - Ă©change de plants, de semences et de conseils ; - mayouri (coups de main) dans le cadre de plantations ; - balades ethnobotaniques sur lâensemble du territoire.
au cĆur du Parc naturel rĂ©gional de guyane, danS la coMMune de Saint-georgeS de lâoyaPock SituĂ©e au nord-eSt du territoire, l â aSSociation Panakuh a créé un Ă©co-Site deStinĂ© Ă valoriSer leS Savoir-faire traditionnel S locaux : le c entre Panakuh deS SavoirS de la f orĂȘt u n Projet qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© du Soutien financier de l â o ffice françai S de la biodiver S itĂ© ( ofb ).
Le « Centre Panakuh des Savoirs de la ForĂȘt » vise Ă transmettre, promouvoir et valoriser les savoir-faire traditionnels amĂ©rindiens de Guyane, en particulier de la communautĂ© Paykweneh, appelĂ©e aussi Palikur. Le but du projet est Ă©galement de sensibiliser Ă la prĂ©servation de la biodiversitĂ© exceptionnelle de lâest guyanais. ImplantĂ© sur une concession de lâONF dâun hectare, le site sâĂ©tend jusquâĂ la crique Gabaret en zone naturelle dâintĂ©rĂȘt faunistique et floristique (ZNIEFF). Il dispose dâun double accĂšs routier et fluvial permettant le dĂ©ploiement dâactivitĂ©s « fleuve-forĂȘt ».
PortĂ© par Panakuh en partenariat avec lâassociation Nature Rights, le projet a pu se lancer grĂące Ă lâappui de lâOFB Ă travers la subvention obtenue dans le cadre de lâappel Ă projets pour la ReconquĂȘte de la biodiversitĂ© dans les outre-mer en avril 2019. « Fort de cet accompagnement financier de lâOFB, le projet a gagnĂ© en crĂ©dibilitĂ© auprĂšs des acteurs institutionnels du territoire et des rĂ©alisations ont pu se concrĂ©tiser sur le terrain », indique Massiri AimĂ© Gueye, coordinateur du programme.
Le projet a reçu le soutien officiel du Parc naturel rĂ©gional de Guyane, du GRAINE Guyane, de la FĂ©dĂ©ration des organisations autochtones de Guyane (FOAG), de lâOrganisation des nations autochtones de Guyane (ONAG) et du Grand conseil coutumier de Guyane. CĂŽtĂ© travaux, Panakuh a initiĂ© plusieurs chantiers solidaires avec lâassociation guyanaise Peuplâen Harmonie. Le dĂ©boisement, le nettoyage de la concession et la construction des bĂątis ont Ă©galement bĂ©nĂ©ficiĂ© de lâimplication des jeunes du village amĂ©rindien dâEspĂ©rance lors de « Mayouris », qui sont des actions dâentraide agricole. Des membres du RĂ©seau des Savoirs de la ForĂȘt, dont Panakuh est membre fondateur, ont eux aussi participĂ© aux amĂ©nagements du site.
Le Centre a ouvert ses portes en juillet 2021 pour accueillir les premiers groupes de volontaires, de stagiaires de la Maison familiale rurale de RĂ©gina et de lâEPLEFPA de Guyane (LycĂ©e agricole de Matiti) ainsi que des Ă©lĂšves des Ă©coles primaires de SaintGeorges de lâOyapock. Lâassociation a alors organisĂ© les premiers ateliers de transmission et des formations sur lâagroĂ©cologie.
Les activitĂ©s sâarticulent autour de plusieurs carbets traditionnels, ces abris en bois sans mur typiques des cultures amĂ©rindiennes. Sont proposĂ©es aux Ă©coles et au grand public des ateliers dâinitiation aux savoirs Paykweneh, ainsi que des sorties en forĂȘt de dĂ©couverte de la faune et la flore. Et grĂące Ă la crĂ©ation dâune pĂ©piniĂšre forestiĂšre communautaire et Ă lâamĂ©nagement du Centre selon des principes agroforestiers issus de pratiques traditionnelles, des projets dâagrotransformation pourront voir le jour. Cela inclut notamment la production dâhuiles vĂ©gĂ©tales telles que lâhuile de carapa ou encore la valorisation du manioc via la fabrication de couac â semoule de manioc â et autres produits dĂ©rivĂ©s.
Un site aménagé selon des savoirs respectueux de la nature.
Dans la nuit du 11 novembre 2022, le Centre Panakuh des Savoirs de la ForĂȘt a Ă©tĂ© victime dâun acte de vandalisme tristement destructeur : les carbets et le matĂ©riel ont Ă©tĂ© volontairement incendiĂ©s. Une enquĂȘte est en cours. Depuis, les actes de soutien et de solidaritĂ© se sont multipliĂ©s afin de remettre sur pied le site : les membres, les stagiaires et les volontaires de lâassociation Panakuh et les jeunes des communautĂ©s locales sâimpliquent concrĂštement pour rĂ©parer les dĂ©gĂąts. Aujourdâhui, lâactivitĂ© du Centre a repris avec la construction dâun Ă©co-bungalow accueillant un bureau et lâhĂ©bergement dâun gardien du site. Un premier carbet est en (re)construction et lâaccueil des stagiaires de lâassociation, trĂšs motivĂ©s, se poursuit.
LâOFB apporte son soutien au Centre Panakuh et reste Ă lâĂ©coute de lâassociation pour lâaccompagnement Ă©ventuel de futurs projets.
« Ce que lâon souhaite, câest que lâassociation continue Ă se dĂ©velopper. Nous sommes une rĂ©fĂ©rence dans notre domaine en Guyane, et souhaitons aussi le devenir Ă lâĂ©chelle nationale et mĂȘme internationale (la coopĂ©ration transfrontaliĂšre avec le BrĂ©sil se met en place). La valorisation de notre patrimoine communautaire et la protection de nos ForĂȘts est un engagement qui se manifeste avec force Ă travers notre action », tĂ©moigne Tania Leoncio Batista, cofondatrice et prĂ©sidente de lâassociation Panakuh.
Une cagnotte solidaire a été lancée par les associations Nature Rights et Panakuh : https://www. helloasso.com/associations/naturerights/collectes/ centre-des-savoirs-de-la-foret-panakuh
l â Ă©vĂ©ne M ent « a M bition P lanĂšte - le S jeune S S â engagent » a rĂ©uni , le 10 nove M bre dernier , P rĂš S de 3 000 Ă©co - dĂ©lĂ©guĂ© S de S collĂšge S et lycĂ©e S de l â a cadĂ© M ie de l a r Ă©union u ne M anife S tation d â une a MP leur inĂ©dite qui a P er M i S aux Ă©lĂšve S de S e rencontrer et de Partager leur S P rojet S en faveur du dĂ©velo PP e M ent durable
âą LâĂ©vĂ©nement « Ambition planĂšte - les jeunes sâengagent » a eu lieu rĂ©cemment. De quoi sâagit-il ?
- Cette manifestation a Ă©tĂ© organisĂ©e Ă lâinitiative du CrĂ©dit Agricole de la RĂ©union qui souhaitait proposer une action forte en faveur du dĂ©veloppement durable Ă destination de la jeunesse.
Durant une journĂ©e, nous avons rĂ©uni les 3 000 Ă©co-dĂ©lĂ©guĂ©s de La RĂ©union (dans chaque classe du collĂšge au lycĂ©e, un Ă©lĂšve est Ă©lu pour participer Ă la mise en Ćuvre du dĂ©veloppement durable dans son Ă©tablissement, ndlr). Ainsi, 99 Ă©tablissements du second degrĂ© sur les 135 que compte lâĂźle ont participĂ© Ă cet Ă©vĂ©nement dont lâobjectif Ă©tait de mettre en valeur les actions portĂ©es dans les Ă©coles en faveur de lâenvironnement et du dĂ©veloppement durable.
âą Cet Ă©vĂ©nement a Ă©tĂ© organisĂ© par le CrĂ©dit Agricole, lâAcadĂ©mie de La RĂ©union et Nordev. Quel est lâintĂ©rĂȘt de ce partenariat dâacteurs publics / privĂ©s ?
- De maniĂšre trĂšs pragmatique, lâAcadĂ©mie seule nâaurait pas pu organiser un Ă©vĂ©nement dâune telle ampleur. Nous avons les ressources humaines mais sur le plan financier, ce nâest pas toujours facile. Aussi, crĂ©er ce partenariat est une maniĂšre de montrer que le dĂ©veloppement durable ne peut fonctionner que si nous travaillons tous ensemble. Nous apportons le volet Ă©ducatif mais si on veut atteindre les objectifs de 2030, il est impĂ©ratif de rĂ©flĂ©chir collectivement.
âą Les jeunes sont-ils plus attentifs Ă lâenvironnement que leurs aĂźnĂ©s ?
- Depuis les marches pour le climat, il y a eu une prise de conscience forte de la part de la jeunesse. Il ne faut pas se leurrer, tous les jeunes ne sont pas conscients ou pleinement attentifs au développement durable.
Mais il y a un enthousiasme trĂšs fort, lâenjeu est de canaliser cette envie de changement et de la traduire par des actions fortes. LâĂ©ducation au dĂ©veloppement durable donne lâopportunitĂ© aux Ă©lĂšves de mettre en Ćuvre concrĂštement un engagement ou une action en faveur de la sociĂ©tĂ©. On doit aussi leur apprendre Ă agir selon les possibilitĂ©s et les contraintes. MĂȘme si on ne fait pas de politique Ă lâĂ©cole, on pointe aussi les limites auxquelles nous sommes confrontĂ©s lorsquâon veut mettre en place des projets.
« Je suis Ă©co-dĂ©lĂ©guĂ©e depuis le dĂ©but de ma scolaritĂ©. Jâai commencĂ© en sixiĂšme aprĂšs un atelier de jardinage oĂč jâai dĂ©couvert les valeurs du dĂ©veloppement durable. Je me suis ensuite portĂ©e volontaire chaque annĂ©e en tant quâĂ©co-dĂ©lĂ©guĂ©e pour ĂȘtre la porte-parole de ma classe.
Câest un travail de communication, par exemple, cette annĂ©e, nous avons mis en place un systĂšme de tri des dĂ©chets dans la cour. Pour que ça fonctionne, nous sommes intervenus dans chaque classe pour sensibiliser les Ă©lĂšves et leur rĂ©apprendre le tri grĂące Ă un quiz que nous avons créé.
Je suis en classe de premiĂšre et jâai dĂ©veloppĂ© une certaine passion pour lâenvironnement, ĂȘtre Ă©codĂ©lĂ©guĂ©e me permet de la partager et de lâapprofondir. Je le fais sur mon temps libre, les rĂ©unions sont organisĂ©es sur nos temps de pause. Le dĂ©veloppement durable va construire notre avenir, il est important de partager ses valeurs Ă tout le monde, mĂȘme si pour moi, câest une Ă©vidence. »
+ dâinfo ici : www.cirad.fr
Ă l a r Ă©union , le laboratoire d â analy S e S agrono M ique S du c irad P lanche S ur la valori S ation de S rĂ© S idu S organique S P our la fertili S ation de S agro S y S tĂš M e S , afin de li M iter le recour S aux engrai S de S ynthĂš S e i MP ortĂ© S et de P ro M ouvoir une ge S tion P lu S durable de S S ol S
Porter lâambition dâune agriculture plus locale suppose Ă la fois de rĂ©duire la dĂ©pendance aux importations, de miser sur lâĂ©conomie circulaire et de prĂ©server le foncier dĂ©diĂ© ainsi que la qualitĂ© des sols.
Rencontre avec deux chercheurs de ce laboratoire, Ćuvrant au quotidien en faveur de la transition agroĂ©cologique.
par an, dans lâoptique dâĂ©tudier les phĂ©nomĂšnes biologiques, physiques ou chimiques qui se produisent dans les sols ou dans les plantes.
Nos analyses ont ainsi pour but de dĂ©terminer le potentiel agronomique dâun systĂšme, quâil sâagisse du sol, des plantes ou des matiĂšres organiques.
Pour rĂ©aliser ces Ă©tudes, nous nous appuyons sur une variĂ©tĂ© dâoutils innovants, tels que la SPIR, ou spectromĂ©trie dans le proche infrarouge, qui peut, Ă titre dâexemple, effectuer en une seule mesure un diagnostic foliaire de la canne Ă sucre ; et ainsi permettre dâidentifier rapidement les besoins de la plante et dĂ©finir un plan de fertilisation adaptĂ©.
Ă la suite de la collecte dâĂ©chantillons de sol, mon rĂŽle consiste Ă rĂ©aliser des dosages destinĂ©s Ă dresser un diagnostic des sols, afin de pouvoir fournir un bulletin dâanalyses et de prĂ©conisations aux agriculteurs.
En accompagnant les agriculteurs et partenaires dans la gestion de leur fertilisation et donc lâoptimisation de la qualitĂ© de leur sol, le laboratoire joue un rĂŽle essentiel dans lâenvironnement local.
« Le laboratoire dâanalyses agronomiques du Cirad est installĂ© sur la station de la Bretagne Ă Saint-Denis depuis 1983. Nous traitons autour de 6 000 Ă©chantillons de sols, de plantes et de matiĂšres organiques
à moyen terme, il est également envisagé de réaliser des analyses environnementales pour détecter les traces de contaminants organiques (médicaments, résidus de pesticides, etc.) ou de métaux lourds dans les échantillons.
Et ainsi, répondre à la demande croissante de la part des consommateurs, pour davantage de transparence sur les conditions de production agricole. »
Photo en haut de la page : des Ă©chantillons de sols sont stockĂ©s au sein du laboratoire dâanalyses des sols du Cirad Ă La Bretagne (Saint-Denis de La RĂ©union) afin dâen analyser les propriĂ©tĂ©s. © Marion Dailloux | Cirad
« Au sein de lâunitĂ© recyclage et risque du Cirad, nous cherchons Ă identifier et promouvoir des solutions de recyclage des matiĂšres organiques, afin de limiter leur impact environnemental : Ă©mission de gaz Ă effet de serre, production de particules fines et flux de nitrates. La valorisation de ces dĂ©chets organiques sous la forme de fertilisant est une des alternatives explorĂ©es dans le cadre du Soere PRO, observatoire de recherche sur lâenvironnement consacrĂ© Ă lâĂ©tude dâimpact de la fertilisation organique. Les effluents dâĂ©levage porcin et avicole, et les boues de station dâĂ©puration, sont les deux gisements de matiĂšres organiques dont nous Ă©tudions lâimpact dans les champs de canne Ă sucre.
En pratique, chaque annĂ©e depuis 2014, annĂ©e de lancement de cette expĂ©rimentation cofinancĂ©e par Veolia, nous comparons lâutilisation dâengrais de synthĂšse et lâĂ©pandage dâengrais organiques (qui peuvent ĂȘtre du lisier de porc, de la litiĂšre de volaille, des boues ou du compost de station dâĂ©puration) sur les cultures et sur les sols. Pour ce faire, nous prĂ©levons des Ă©chantillons de sol Ă diffĂ©rentes profondeurs, ainsi que de la canne et du paillis de canne, afin dâen mesurer la teneur en nutriments âazote, phosphore, potasse, etc. â et en contaminants :
Ă©lĂ©ments traces mĂ©talliques ou organiques, rĂ©sidus pharmaceutiques... Puis nous observons lâimpact de ces apports organiques sur la biologie du sol et les flux de produits dans lâatmosphĂšre et lâhydrosphĂšre, câest-Ă -dire, dans les nappes phrĂ©atiques. Les tests Ă©laborĂ©s sur la canne Ă sucre dĂ©montrent que les matiĂšres organiques se rĂ©vĂšlent tout autant fertilisantes que les engrais de synthĂšse, avec des rendements Ă©quivalents. Il sâavĂšre quâelles permettent dâamĂ©liorer Ă la fois la qualitĂ© des sols â Ă©valuĂ©e en termes de stockage de carbone et de phosphore, ou encore de pH du sol â ainsi que leur fonctionnement biologique.
Il sâagit maintenant pour nous de dĂ©terminer le volume dâapport organique optimal pour ne pas gĂ©nĂ©rer dâexternalitĂ© nĂ©gative, Ă savoir une pollution des sols, de lâeau et de lâair. En parallĂšle, nous travaillons sur le dĂ©veloppement dâoutils dâaide Ă la fertilisation pour faciliter lâappropriation des nouvelles connaissances par les agriculteurs. »
FertilpĂ©i est un engrais issu de boues de station dâĂ©puration sĂ©chĂ©es, hygiĂ©nisĂ©es puis granulĂ©es, dĂ©veloppĂ© par le Cirad en partenariat avec RunĂ©o (groupe Veolia). © Marion Dailloux | Cirad
e n tant que lieu de tran S it de la M ajeure Partie de S S ource S d â Ă©nergie fo SS ile et lui - M ĂȘ M e con S o MM ateur d â Ă©nergie carbonĂ©e , P ort r Ă©union a naturelle M ent un rĂŽle M ajeur Ă jouer co MM e acteur de la tran S ition Ă©nergĂ©tique du territoire rĂ©unionnai S l e P oint S ur le S P rinci Pale S action S de S on P rojet S tratĂ©gique 2019-2023 M enĂ©e S dan S ce do M aine
Port RĂ©union sâest donnĂ© lâambition dâĂȘtre un Port Responsable et, depuis sa crĂ©ation il y a bientĂŽt 10 ans, a engagĂ© plusieurs actions relevant de la thĂ©matique Ă©nergĂ©tique. Afin de prendre part Ă la lutte contre le changement climatique et se conformer aux orientations des documents cadres en matiĂšre de transition Ă©nergĂ©tique 1, Port RĂ©union a orientĂ© une partie des actions de son Projet StratĂ©gique 20192023 2 selon les axes suivants :
âą Accompagner la conversion des importations de charbon comme combustible â 600 000 tonnes en 2021 â par celles de biomasse (environ 900 000 tonnes Ă terme) Ă travers notamment lâacquisition dâune grue mobile pour accĂ©lĂ©rer la cadence de dĂ©chargement, et la mise Ă disposition dâespaces pour les phases chantier et le stockage temporaire.
âą Mettre Ă profit les espaces non exploitĂ©s du port pour y dĂ©velopper la production dâĂ©nergies renouvelables. Des panneaux photovoltaĂŻques ont pour cela Ă©tĂ© installĂ©s sur certains toits. Dâautres sites seront Ă©quipĂ©s. La production dâĂ©nergie houlomotrice est aussi Ă lâĂ©tude.
âą Anticiper le rĂŽle de « port base » que pourrait jouer Port RĂ©union dans lâessor des Ă©nergies marines renouvelables, en termes dâinstallation et de maintenance.
âą Encourager les escales de navires plus respectueux de lâenvironnement, plus sĂ»rs et plus Ă©conomes en Ă©nergie, en poursuivant la dĂ©marche Environmental Ship Index (ESI).
âą Promouvoir lâautoconsommation et la maĂźtrise de la demande en Ă©nergie (MDE) dans le cadre des activitĂ©s portuaires.
âą Diminuer lâempreinte carbone de lâentreprise. En effet, soucieux dâexemplaritĂ© et conscient de lâimpact de ses activitĂ©s sur la consommation en Ă©nergie de lâĂźle, Port RĂ©union positionne la maĂźtrise de lâĂ©nergie (MDE) et la rĂ©duction de son empreinte carbone parmi ses prioritĂ©s. Sur ce dernier point, les actions particuliĂšres de MDE et de promotion des Ă©nergies renouvelables (ENR) pour 2019-2023 concernent notamment : - au Port Ouest et au Terminal Conteneur situĂ© au Port Est, la pose dâĂ©clairages moins Ă©nergivores et plus respectueux de lâavifaune ; - lâĂ©laboration dâun plan de mobilitĂ©, plus sobre en consommation dâĂ©nergie fossile ; - la promotion des vĂ©hicules Ă©lectriques pour rĂ©duire les Ă©missions polluantes, en particulier en aidant les salariĂ©s volontaires â Ă hauteur de 30 Ă 70 %, selon leurs revenus â Ă acquĂ©rir ou louer en longue durĂ©e un vĂ©lo de fonction Ă assistance Ă©lectrique ; - le remplacement, sur le terminal bitumier, de la chaudiĂšre au fioul par une chaufferie biomasse ; - la mise en place dâun smart grid 3 couplant production dâĂ©nergies renouvelables et autoconsommation Ă©lectrique dans les entrepĂŽts frigorifiques...
Ă travers ces actions et bien dâautres, Port RĂ©union, qui fournit, en plus de son plan de mobilitĂ© employeur, un audit Ă©nergĂ©tique tous les quatre ans et un bilan de gaz Ă effet de serre tous les trois ans, sâengage de maniĂšre concrĂšte dans la transition Ă©nergĂ©tique.
1 Accompagner la substitution du charbon par la biomasse. |
2 Réfection des éclairages du Port Ouest et du réseau public environnant. | 3 Réfection des éclairages du Terminal Conteneur. |
4 Isolation des structures du terminal bitumier. | 5 Autoconsommation électrique pour les entrepÎts frigorifiques. | 6 Possible espace de développement des énergies marines renouvelables.
Pour zoomer sur ce plan aĂ©rien du Grand Port Maritime de La RĂ©union, merci de cliquer ICI. | Ă droite : la darse de pĂȘche hauturiĂšre, dĂ©jĂ Ă©quipĂ©e dâun dispositif de branchement Ă quai.
Voici quelques résultats révélés par les différentes études au sein du Grand Port Maritime :
âą Audit Ă©nergĂ©tique : 15 GWh dâĂ©nergie finale consommĂ©s en 2019 (contre 16 GWh en 2015).
⹠Bilan de gaz à effet de serre : 20 722 tonnes équivalent CO2 en 2019.
⹠Bilan kilométrique : la voiture reste le mode de transport majoritaire des agents, avec en un an au total plus de deux millions de kilomÚtres parcourus en voiture, contre 60 000 à vélo.
âą Part dâĂ©conomie dâĂ©nergie et de diminution des Ă©missions de gaz Ă effet de serre calculĂ©e par rapport Ă lâannĂ©e 2019
Le cumul des Ă©conomies dâĂ©nergie potentielles reprĂ©sente 40 % de la consommation globale du Grand Port Maritime. La rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre escomptĂ©e est de 17 % du total.
Les actions qui sont réalisées et en cours de réalisation représentent 73 % de cet objectif pour la sobriété énergétique et 68 % pour les émissions de gaz à effet de serre.
Port RĂ©union a confiĂ© Ă Efficacity, institut de transition Ă©nergĂ©tique créé Ă lâinitiative de lâĂtat, lâĂ©tude de deux projets de recherche et dĂ©veloppement :
âą Magasin 90 : ce hangar du Port Ouest va ĂȘtre Ă©quipĂ© de panneaux photovoltaĂŻques. Si leur pose sur 30 % de la toiture suffirait Ă rĂ©pondre aux besoins des entrepĂŽts frigorifiques Ă proximitĂ©, il sâagit ici de maximiser la production dâĂ©lectricitĂ© renouvelable en couvrant toute la toiture et en Ă©tudiant des pistes de valorisation de lâĂ©nergie produite en surplus : stockage, autoconsommation avec dâautres usages, etc.
âą Branchement Ă quai des navires : ce projet vise Ă Ă©tudier la faisabilitĂ© dâun raccordement Ă©lectrique des navires lorsquâils sont en escale au port. Cela leur permettrait de couper les moteurs, actuellement utilisĂ©s pour la production dâĂ©lectricitĂ© Ă bord, et rĂ©duirait dans le mĂȘme temps les nuisances sonores, lâĂ©mission de polluants et lâimpact carbone des escales.
+ dâinfo ici : https://efficacity.com/
Contact : Nicolas Damesin | n.damesin@efficacity.com
P our faciliter l â accĂš S Ă la S colaritĂ© de S futur S M arin S rĂ©unionnai S , la f ondation deS M er S au S trale S acco MPagne l â ea M r , Ă©cole qui forMe leS jeuneS aux MĂ©tierS de la Mer. troiS Ă©lĂšveS vou S livrent leur regard Sur leurS ProjetS de carriĂšre et l â i MP ortance de P rotĂ©ger l â environne M ent .
FiliĂšre pĂȘche rĂ©unionnaise demandeuse de main dâĆuvre qualifiĂ©e, mais Ă©galement tourisme maritime, rĂ©paration navale... Les mĂ©tiers auxquels lâEAMR forme les jeunes sont nombreux. En plus de son programme de formation continue, lâĂ©cole accueille chaque annĂ©e une soixantaine dâĂ©lĂšves de 15 Ă 20 ans qui prĂ©parent un baccalaurĂ©at professionnel en trois ans. Sami Ouadrani est le directeur de lâEAMR. « Je tiens Ă remercier ici la Fondation des mers australes, qui permet Ă certains de nos Ă©lĂšves en situation financiĂšre difficile de sâinscrire dans notre Ă©tablissement. Câest une chance qui leur est offerte dâaccĂ©der Ă un travail valorisant, que ce soit Ă bord dâun navire ou Ă terre. LâEAMR leur ouvre de vraies perspectives de carriĂšres. » Rencontre avec trois Ă©lĂšves de lâĂ©cole, en terminale bac pro navigant pont et machines.
« Je prĂ©pare actuellement un brevet de capitaine 200 et un brevet de mĂ©canicien 750 Kw Ă lâEAMR, qui est situĂ©e au Port. Jâai choisi ce bac pro Ă un bac gĂ©nĂ©ral. Pour moi, la mer reprĂ©sente un lieu oĂč je me sens bien, oĂč je peux mâĂ©vader car jâĂ©tais trĂšs tĂŽt au contact de lâeau. Je pratique la voile et le kayak depuis lâĂąge de six ans. Ma passion mâa amenĂ© Ă faire de la compĂ©tition de voile en Hobie 16 et SL 16, pour terminer aujourdâhui en formule 18, un catamaran de sport de 18 pieds (5,49 mĂštres) Ă deux Ă©quipiers. Je suis champion de La RĂ©union pour la saison 2021/2022. Cela mâa conduit naturellement vers les mĂ©tiers de la mer.
ProtĂ©ger lâenvironnement maritime me semble une prioritĂ©. Dâabord il faut assurer le vivier marin et pĂ©renniser nos emplois. Ensuite il faut lutter contre le changement climatique car la pollution en mer est importante, elle fluctue sur notre climat comme le Gulf Stream. Enfin, en tant que futur marin, chacun doit prendre conscience de son rĂŽle et changer les vieilles habitudes, comme passer au recyclage. »
« Je suis le premier de ma famille Ă commencer une carriĂšre dans le milieu maritime. Depuis le dĂ©but de ma formation, jâai pu rĂ©aliser trois stages diffĂ©rents : le premier sur un catamaran de plaisance, le BellâĂźle, qui sillonne lâouest et le sud de La RĂ©union, le deuxiĂšme Ă la Marine nationale, en batellerie, câest-Ă -dire dans le transport fluvial, et le troisiĂšme sur le patrouilleur Osiris II, dont la mission premiĂšre est de contrĂŽler la pĂȘche au large de nos cĂŽtes. Ătre en immersion pendant une durĂ©e dâun mois et demi pour chaque stage, a confirmĂ© mon idĂ©e de travailler dans ce milieu.
Jâai compris que jâaimais la vie embarquĂ©e et quâil Ă©tait important pour moi de protĂ©ger une si belle mer : protĂ©ger la ressource et la vie marine. Jâenvisage de faire carriĂšre dans la Marine nationale en tant que navigateur, et dâici 2024, je naviguerai sur une frĂ©gate, un porte-avion ou un porte-hĂ©licoptĂšre. »
« AprĂšs mon bac, jâaimerais me tourner vers la pĂȘche ou peut-ĂȘtre bien la Marine nationale.
La mer, pour moi, est un monde diffĂ©rent, dans lequel on se retrouve au sein dâun Ă©quipage oĂč chacun est indispensable et doit compter aussi sur les autres. Câest un monde solidaire et soudĂ©, câest ce que jâapprĂ©cie particuliĂšrement.
Lâun des principaux avantages est de voyager Ă travers le monde. Ătre marin, câest un mĂ©tier plein dâaventure mais il faut ĂȘtre trĂšs courageuse pour une fille car ce mĂ©tier est dâhabitude rĂ©servĂ© aux hommes. Aujourdâhui, la mer est en danger, il est important de la protĂ©ger de façon Ă Ă©viter la pollution, la surpĂȘche. Il faut sauvegarder la vie des animaux marins, en respectant absolument le rythme de renouvellement des ressources halieutiques. »
Un crabier blanc, revĂȘtu de son beau plumage nuptial, sâalimente ici dâun gecko. © Steeve Mathieu | GEPOMAY
d e P ui S 2019, le crabier blanc bĂ©nĂ©ficie S ur l â Ăźle d â un P lan national d â action S ani M Ă© Par le gePoMay 1 . danS ce cadre, l â aSSociation ParticiPe au Projet euroPĂ©en life biodivâoM. aPrĂšS neuf an S de S uivi de cette e SP Ăšce en danger critique d â extinction en f rance , et quatre an S d â action S Pour la ProtĂ©ger, le gePoMay dĂ©couvre encore leS SecretS de ce diScret hĂ©ron.
Le crabier blanc, Ardeola idae, est un petit hĂ©ron qui nidifie sur quatre Ăźles dans le monde : Madagascar, Mayotte, Aldabra aux Seychelles et Europa dans les Ăźles Ăparses. LâespĂšce, qui apparaĂźt sous deux plumages bien distincts â corps striĂ© beige et marron ou corps blanc â selon les saisons, est considĂ©rĂ©e comme migratrice et se dĂ©place sur les cĂŽtes africaines hors pĂ©riode de reproduction.
Mayotte est le second territoire de nidification de lâespĂšce et reprĂ©sente donc un enjeu majeur pour sa conservation. « Sur lâĂźle, le crabier blanc niche en colonies mixtes dans les mangroves, Ă la cime des palĂ©tuviers. Ses principales zones dâalimentation connues sont des zones humides : lac, retenues collinaires, prairies humides. Il sây nourrit dâinsectes, de petits reptiles et poissons », nous informe Steeve Mathieu, salariĂ© de lâĂ©quipe du GEPOMAY et chargĂ© dâĂ©tudes sur le crabier blanc.
Dans le cadre du projet europĂ©en Life BIODIVâOM, lâassociation mahoraise agit ainsi sur le terrain depuis 2018 pour protĂ©ger cet oiseau menacĂ©.
AmĂ©lie Van Gemert, prĂ©sidente du GEPOMAY, nous livre son Ă©clairage sur ces travaux : « Nous avons encore beaucoup Ă apprendre sur le crabier blanc. Mieux connaĂźtre cette espĂšce, câest comprendre son comportement et les Ă©cosystĂšmes dont elle fait partie pour mieux la protĂ©ger. Agir en faveur du crabier blanc rĂ©pond Ă de forts enjeux de prĂ©servation de notre patrimoine naturel, car cela inclut la protection de tous les milieux et espĂšces auxquels il est liĂ© ».
1 Groupe dâĂ©tudes et de protection des oiseaux de Mayotte.
En plus du comptage mensuel des crabiers sur les sites dâalimentation connus, en pĂ©riode nuptiale les couples reproducteurs sont suivis par drone grĂące Ă un photocomptage amĂ©liorĂ© depuis trois ans. Sur les images aĂ©riennes, les nids sont pointĂ©s, chacun correspondant Ă un couple. Durant la reproduction 2021/2022, lâassociation a ainsi estimĂ© 415 couples Ă Mayotte.
Importants sites dâalimentation du crabier blanc, les prairies humides subissent urbanisation, espĂšces exotiques envahissantes (EEE) vĂ©gĂ©tales, Ă©levage et agriculture non raisonnĂ©s. Le GEPOMAY lutte contre ces menaces via des arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux pour la protection de biotope, lâarrachage des EEE et la replantation de flore indigĂšne. En 2022, une convention 2 a Ă©tĂ© signĂ©e pour six ans renouvelables avec un Ă©leveur de zĂ©bus respectant la charte des bonnes pratiques pastorales.
En 2019, le GEPOMAY a illustrĂ© le dĂ©rangement des nids de crabiers blancs par le rat noir grĂące Ă des piĂšges photographiques. La prĂ©dation des Ćufs et des poussins de crabiers blancs est suspectĂ©e dans les mangroves. Un protocole de lutte mĂ©canique spĂ©cifique et Ă©thique sâaccompagne de deux mĂ©thodes de suivi du rat noir dans les mangroves de lâĂźle.
2 Convention dâoccupation temporaire Ă usage agricole (COTUA).
« Mayotte est une partie de mon identitĂ©, elle mâa vue naĂźtre, a bercĂ© mon enfance et mâa permis dâĂȘtre aujourdâhui une amoureuse de la nature. Ă travers les sorties que je propose au GEPOMAY, je souhaite la faire briller, notamment en apprenant aux autres le respect de la biodiversitĂ©. La protection du crabier blanc, richesse mĂ©connue de lâĂźle, passe aussi par la sensibilisation de tous. En transmettant les informations aux autres, je mâassure de faire le lien avec tous les privilĂšges que la biodiversitĂ© nous procure ».
De 2019 Ă 2021, le GEPOMAY a rĂ©alisĂ© trois missions dâĂ©quipement tĂ©lĂ©mĂ©trique, appareillant au total 16 crabiers blancs. Aujourdâhui 11 signaux sont perçus et ont permis dâen dĂ©couvrir davantage sur cet oiseau. Par exemple, en 2021, un nouveau site dâalimentation a Ă©tĂ© repĂ©rĂ© et fait depuis lâobjet de suivis rĂ©guliers. On sait maintenant que les individus Ă©quipĂ©s sont plutĂŽt sĂ©dentaires : un seul sâest rendu sur lâĂźle voisine dâAnjouan, qui ne faisait dâailleurs jusquâici pas partie des aires de rĂ©partition de lâespĂšce. Enfin, plusieurs individus semblent sâalimenter en forĂȘt, une nouvelle piste Ă explorer ! Ces diffĂ©rentes donnĂ©es, couplĂ©es aux observations reportĂ©es depuis Madagascar nous informent sur les variabilitĂ©s comportementales au sein de lâespĂšce Ardeola idae : toutes sont encore loin dâĂȘtre connues...
: Mariane Harmandl e 3 Ăš M e vice - P rĂ© S ident du c on S eil dĂ© P arte M ental de M ayotte , a li o M ar , fait le P oint P our l â e - M ag outre-Mer grandeur nature, S ur le S grand S axe S de l â action dĂ© P arte M entale en M atiĂšre de tran S ition Ă©cologique , dont il a la charge .
⹠La thématique des déchets est une question importante.
- De grands efforts ont Ă©tĂ© conduits ces derniĂšres annĂ©es : âą la fermeture des dĂ©charges ; âą la mise en service de lâISDND (installation de stockage des dĂ©chets non dangereux) de DzoumognĂ© ; âą la crĂ©ation des quatre quais de transfert Ă Hamaha, aux Badamiers, Ă Malamani et Ă Kahani ; âą le tri sĂ©lectif des emballages mĂ©nagers mis en place et qui poursuit son dĂ©veloppement avec le flux papier / cartons dĂ©ployĂ© depuis quelques annĂ©es.
⹠Parlez-nous de cette délégation qui vous est confiée ?
- Câest une compĂ©tence majeure sans doute insuffisamment valorisĂ©e jusquâalors, bien que nous agissions dans de nombreux domaines comme la prĂ©servation de la ressource en eau, la biodiversitĂ©, la transition Ă©nergĂ©tique, la gestion des dĂ©chets et lâamĂ©nagement du territoire â rĂ©alisation des travaux dâextension de rĂ©seau Ă©lectrique dans les communes â ou mĂȘme la sensibilisation des citoyens Ă la protection de lâenvironnement. Le prĂ©sident mâa dâailleurs confiĂ© cette dĂ©lĂ©gation Ă la transition Ă©cologique, signe dâune volontĂ© partagĂ©e de nommer les enjeux et dâagir concrĂštement. Notre plan de mandature 2021-2028 porte une ambition forte dans ce domaine.
Mais le territoire souffre dâun Ă©norme retard et dâun coĂ»t trĂšs Ă©levĂ© du service public de gestion des dĂ©chets (SPGD). Câest ce quâa pointĂ© le rĂ©cent rapport de la mission sĂ©natoriale sur les dĂ©chets outre-mer, qui propose des mesures concrĂštes. Pour lâheure, le Conseil dĂ©partemental finalise son Plan rĂ©gional de prĂ©vention et de gestion des dĂ©chets (PRPGD) appelĂ© aussi Plan Unique DĂ©chets. Ce document de planification et de cadrage est lĂ pour organiser et fixer les objectifs Ă atteindre en termes de gestion, mais Ă©galement de prĂ©vention des dĂ©chets. Pour la premiĂšre fois, la loi fixe des objectifs chiffrĂ©s de rĂ©duction et de valorisation des dĂ©chets. Nous avons Ă cĆur dây parvenir.
- Quand on parle de dĂ©veloppement durable, de protection de la biodiversitĂ©, chacun peut jouer un rĂŽle mĂȘme modeste. Certes, notre territoire souffre de sa pauvretĂ©, et cette prĂ©occupation passe parfois au second plan. Mais le dĂ©veloppement durable est, par essence, transversal. Câest lâaffaire de tous dans des domaines qui ne touchent pas quâĂ lâenvironnement mais aussi Ă lâĂ©conomie et au social. Et je salue notamment le rĂŽle des associations qui nous accompagnent et que vous avez su mettre en valeur dans ces colonnes.
En 2021, un collectif sâĂ©tait montĂ© et avait organisĂ©, avec lâĂglise protestante Maohi, la manifestation Taheiâauti ia Moâorea, qui avait rĂ©uni prĂšs de 2 000 personnes (ci-dessus). Ce collectif a créé la fĂ©dĂ©ration et une 2Ăšme Ă©dition a eu lieu le 3 dĂ©cembre dernier. © Tahei Moâorea
v eille , P rotection , bien - ĂȘtre de la P o P ulation , lutte contre le S P rojet S de S tructeur S , notaMMent iMMobilierS, reStauration du Patri Moine culturel et environneMental coMMun de M oorea -M aiao , S ont le S M i SS ion S P hare S P ortĂ©e S Par l a f Ă©dĂ©ration t ahei â auti ia M o â orea , créée en M ar S 2022 Ă M oorea . r encontre avec S on P rĂ© S ident , r ahiti b uchin .
âą Que signifie Tahei âauti ia Moâorea ?
- LittĂ©ralement, « couronner de auti Moorea ». Le auti est une plante largement utilisĂ©e ici dans les cĂ©rĂ©monies culturelles. Le tubercule Ă©tait surtout utilisĂ© dans lâalimentation traditionnelle. La tresse Ă trois brins peut reprĂ©senter la terre (te fenua â te aru), la mer (te tai) et lâair (te reva). Cette couronne symbolise aussi la protection de notre Ăźle et de son authenticitĂ©.
Les
⹠Pourquoi la création de cette Fédération ?
- De nombreux projets dĂ©vastateurs sont en cours sur Moorea. Lâan dernier, plusieurs collectifs, avec le soutien de lâĂ©glise protestante, se sont mobilisĂ©s et ont manifestĂ© Ă Temae. Il y a eu plus de 2 000 personnes. Nous nous opposons Ă ces projets pour tendre vers un dĂ©veloppement plus soucieux du bien-ĂȘtre de la population et de la protection de lâenvironnement.
âą Quelles sont ses principales missions ?
- La culture et lâenvironnement sont les deux piliers de la FĂ©dĂ©ration. DirigĂ©e par un comitĂ© directeur, elle a pour objet dâune part, de veiller, de contribuer Ă la sauvegarde, Ă la protection et Ă la restauration du patrimoine environnemental commun de Moorea-Maiao et dâautre part, dâĆuvrer pour la transition Ă©cologique et le dĂ©veloppement durable de Moorea-Maiao, en adĂ©quation avec les besoins rĂ©els de la population et de son bien-ĂȘtre sur le long terme. Son objectif est aussi de lutter contre toutes pollutions, nuisances et atteintes directes ou indirectes sur les espaces, les ressources et milieux naturels, les sites et paysages, sur la qualitĂ© de lâair, de lâeau et des sols, sur les espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales, sur les Ă©cosystĂšmes. Y compris les zones de biodiversitĂ© communes constituant un patrimoine qui participe au bien-ĂȘtre des habitants de lâĂźle. Moorea-Maiao doit garder son authenticitĂ© et rester digne du patrimoine matĂ©riel et immatĂ©riel qui lui a Ă©tĂ© transmis par les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes.
⹠Quelles actions « phares » pour 2023 ?
- Nous continuerons le combat pour prĂ©server lâemprise communale sur Temae, avec la demande dâune consultation populaire. Deux projets Ă Opunohu verront le jour : la rĂ©alisation dâun refuge et dâun sentier de plantes mĂ©dicinales. Les dĂ©marches judiciaires Ă Paetou vont ĂȘtre poursuivies. La terre, la mer, lâair seront cĂ©lĂ©brĂ©s autour de trois moments forts. Enfin, nous allons continuer les apprentissages culturels.
FĂ©dĂ©rer ses organismes membres et adhĂ©rents individuels ; reprĂ©senter et dĂ©fendre toute cause en relation avec son objet : âą Mener toute action en justice devant les juridictions administratives, civiles, pĂ©nales, europĂ©ennes ou internationales, se constituer partie civile et rĂ©clamer des dommages et intĂ©rĂȘts ; âą Ăchanger / nĂ©gocier avec les partenaires institutionnels ; âą Offrir des solutions aux problĂ©matiques sociales et environnementales aux acteurs Ă©conomiques et institutionnels.
Agir pour un dĂ©veloppement durable de Moorea-Maiao : âą En informant et en mobilisant tous les publics ; âą En soutenant toute initiative ou tout projet visant un dĂ©veloppement durable de Moorea-Maiao ; âą En veillant Ă la pertinence des diffĂ©rents projets mis en Ćuvre Ă Moorea-Maiao.
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d e S agriculteur S de f idji et de P olynĂ© S ie françai S e S e S ont rendu S rĂ©ce MM ent en n ouvelle - c alĂ©donie afin de S e for M er Ă l â agrofore S terie S yntro P ique , une nouvelle façon de cultiver P our le P acifique .
Comment rĂ©pondre au dĂ©fi de la sĂ©curitĂ© alimentaire dans un contexte de dĂ©rĂšglement climatique, sans dĂ©truire les Ă©cosystĂšmes qui nous rendent plus rĂ©silients face Ă ses impacts ? Cette question, cruciale pour les territoires insulaires du Pacifique, est prĂ©sente dans tous les esprits alors que les agriculteurs sont de plus en plus confrontĂ©s Ă des Ă©vĂ©nements climatiques significatifs â sĂ©cheresses, cyclones ⊠â qui mettent en pĂ©ril le mode dâagriculture conventionnel.
expĂ©rience formatrice pour les agriculteurs polynĂ©siens et fidjiens prĂ©sents, facilitĂ©e par le ComitĂ© français de lâUICN 2
a fait appel Ă un pionnier de cette technique en Nouvelle-CalĂ©donie, MickaĂ«l Sansoni, pour organiser une formation. Celle-ci a eu lieu dĂ©but octobre 2022 sur sa ferme Ă DumbĂ©a, avec lâappui de lâassociation AGIR NC qui accompagne les agriculteurs dans leurs projets dâagroforesterie. Les participants venus de Fidji et de PolynĂ©sie française ont ainsi pu dĂ©couvrir lâagroforesterie syntropique en participant Ă la plantation dâune nouvelle parcelle, et en taillant les arbres supports des parcelles existantes, une Ă©tape importante dans le cycle agroforestier.
MickaĂ«l Sansoni, Ă lâorigine ingĂ©nieur en biotechnologie, sâest reconverti en allant se former au BrĂ©sil et en Australie il y a huit ans. Il sâest installĂ© en 2017 avec sa famille en Nouvelle-CalĂ©donie, oĂč il a mis en place sa toute premiĂšre parcelle de maraĂźchage de 0,6 hectare, dont 6 500 arbres supports. Aujourdâhui, cette parcelle produit plus de 17 tonnes de lĂ©gumes, tubercules et bananes par an. « Si jâai dĂ©cidĂ© de changer totalement de vie, câest dâabord pour mes enfants », tĂ©moigne MickaĂ«l. « Je veux leur laisser un monde oĂč il est encore possible de produire sans dĂ©truire la terre qui nous nourrit, câest-Ă -dire en restaurant la fertilitĂ© et la capacitĂ© de stockage dâeau des sols. » 1 « LâagriculturesyntropiquereposesurunediversitĂ©importantedeplantes,cultivĂ©esĂ hautedensitĂ©,dansleursconditionsoptimalesdelumiĂšre et de fertilitĂ© ». (Source : https://www.agroforesterie.fr/agriculture-syntropique/) | 2 Union internationale pour la conservation de la nature.
LâagroĂ©cologie est souvent avancĂ©e comme une solution, mais le mot englobe une multiplicitĂ© de techniques. Lâagroforesterie syntropique est lâune dâentre elles : dĂ©veloppĂ©e au BrĂ©sil par lâagriculteur suisse Ernst Götsch, elle sâinspire du fonctionnement de la forĂȘt naturelle. Elle permet dâaugmenter la diversitĂ©, la qualitĂ© et la quantitĂ© des productions agricoles, en utilisant des intrants locaux et durables et trĂšs peu dâeau. On rĂ©sume ainsi parfois cette technique par le terme « planter lâeau ». Câest dans lâoptique de faire connaĂźtre rĂ©gionalement cette solution fondĂ©e sur la nature que le ComitĂ© français de lâUICN 2
InspirĂ©s par ces rĂ©sultats encourageants, de plus en plus dâagriculteurs cherchent Ă sâengager dans la dĂ©marche. Lâagriculture syntropique permet de faire renaĂźtre certaines pratiques agricoles ancestrales des peuples du Pacifique, tout en apportant une comprĂ©hension scientifique des processus Ă lâĆuvre. De quoi faire adhĂ©rer les derniers sceptiques !
Ce projet, montĂ© en collaboration avec la Pacific Islands Rainforest Foundation de Fidji et la Direction de lâagriculture de PolynĂ©sie française, et avec le soutien du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres via le Fonds Pacifique, pose les premiers jalons dâune collaboration rĂ©gionale autour de lâagroforesterie syntropique. Des parcelles expĂ©rimentales sont dĂ©jĂ en place sur lâarchipel des Tuamotu en PolynĂ©sie française, avec des premiers rĂ©sultats encourageants. Câest dĂ©sormais au tour des agriculteurs fidjiens de mettre en pratique les techniques apprises lors de la formation.
RĂ©daction : Elena Gorchakova et Anne Caillaud | ComitĂ© français de lâUICN
Ci-dessus : Maika Tabukovu, en pleine formation pratique.
« La formation mâa ouvert les yeux sur la maniĂšre dont lâagroforesterie peut ĂȘtre abordĂ©e. Il sâagit dâune technique qui repose sur une comprĂ©hension fine des interactions entre les arbres et les plantes pour crĂ©er un systĂšme productif rĂ©gĂ©nĂ©ratif. Ce systĂšme doit ĂȘtre encouragĂ© dans la rĂ©gion Pacifique, comme moyen dâamĂ©liorer la rĂ©silience des communautĂ©s rurales grĂące aux petits agriculteurs. Les agriculteurs intĂ©ressĂ©s par cette technique peuvent crĂ©er une association pour sâentraider et promouvoir lâagroforesterie comme moyen dâassurer la sĂ©curitĂ© alimentaire. Câest ce que nous envisageons de faire ici Ă Fidji depuis notre retour. »
d e P ui S quelque S dĂ©cennie S , le S P ĂȘcheur S ob S ervent un a PPauvri SS e M ent du lagon de W alli S . en 1972, le Service territorial de la PĂȘche Ă©voquait dĂ©jĂ un « dĂ©PeuPleMent rĂ©el du lagon ». P our tenter d â enrayer ce dĂ©clin de S re SS ource S halieutique S , le S P ĂȘcheur S S e regrou P ent P our P o S er le S jalon S de la P re M iĂšre aire M arine P rotĂ©gĂ©e du territoire
Le 26 novembre, le service de la pĂȘche pilotait la 3Ăšme Ă©dition de la JournĂ©e de la pĂȘche durable. Ă Hihifo, sur lâĂźlot Nukuteatea, les organisateurs ont par exemple rappelĂ© lâinterdiction de la chasse sous-marine de nuit et lâimportance de respecter les cycles de reproduction de la vie marine. « Nos analyses issues des mesures au dĂ©barquement indiquent que des espĂšces comme les perroquets ou certaines loches sont surexploitĂ©es. Des pĂȘcheurs professionnels â sentinelles â tĂ©moignent bien dâune rarĂ©faction des ressources », souligne Baptiste Jaugeon, animateur pĂȘche et aquaculture PROTĂGE. « Mais la pression sur les ressources est en nette diminution. La situation actuelle est plutĂŽt la consĂ©quence de nombreuses annĂ©es de pratiques de pĂȘches non durables qui ont mis Ă mal les stocks », prĂ©cise-t-il. Ce mĂȘme jour, le concours « Ambassadeurs de la pĂȘche durable 2022 » a rĂ©compensĂ© trois projets proposĂ©s par des associations, des lycĂ©ens et collĂ©giens, qui vont ainsi bĂ©nĂ©ficier de subventions.
Le premier prix a Ă©tĂ© attribuĂ© Ă la 1Ăšre STI2D 1 du lycĂ©e dâĂtat de Wallis-et-Futuna pour son projet « Balises intelligentes pour aire marine protĂ©gĂ©e ».
En effet il y a dĂ©sormais, dâaprĂšs les professionnels de la pĂȘche rĂ©unis au sein de lâassociation Faiva Tautai, urgence Ă protĂ©ger et gĂ©rer durablement les ressources marines cĂŽtiĂšres. Les pĂȘcheurs locaux sâaccordent Ă dire que pour ramener du poisson, il faut aller de plus en plus loin des cĂŽtes et de plus en plus en profondeur... Et cela se vĂ©rifie pour toute technique employĂ©e, quâil sâagisse de pĂȘche Ă pied sur les platiers, de chasse sous-marine, de pĂȘche Ă la ligne, Ă la traĂźne ou au filet (senne, Ă©pervier, nasse...).
Afin de permettre au lagon de se rĂ©gĂ©nĂ©rer et pour garantir la sĂ©curitĂ© alimentaire de lâarchipel, Tuitoafa Mikaele Neti, pĂȘcheur professionnel, a dĂ©cidĂ© il y a trois ans de lancer un projet dâaire marine protĂ©gĂ©e. Pour cela, il a fĂ©dĂ©rĂ© autour de lui la communautĂ© des pĂȘcheurs locaux et a obtenu le soutien prĂ©cieux de la chefferie et de la CollectivitĂ©. Le pĂ©rimĂštre de la zone oĂč la pĂȘche sera interdite pour une durĂ©e minimale dâun an, a dâores et dĂ©jĂ Ă©tĂ© dĂ©fini. Lâaire marine, qui sâĂ©tendra sur 2 km2 dans le nord du lagon de Wallis, devrait voir officiellement le jour dans les prochains mois.
Ci-dessus : trou de la tortue dans le lagon de Wallis. | 1 Sciences et technologies de lâindustrie et du dĂ©veloppement durable.
« CâĂ©tait mon idĂ©e de crĂ©er cette aire marine protĂ©gĂ©e, car je constate quâil y a beaucoup moins de poissons quâavant, moins de carangues, de chirurgiens, de perroquets, moins de toutes les espĂšces... Je vois un net changement depuis les annĂ©es 2000. Tout seul, je ne pouvais rien faire, alors jâai rassemblĂ© les pĂȘcheurs de Wallis et nous avons créé lâassociation Faiva Tautai. Lâaide de la chefferie, des services de lâĂtat et du projet europĂ©en PROTĂGE est importante pour nous. Enfin, le dialogue est la clĂ© de ce projet, nous avons beaucoup de travail encore. Il faut continuer, il faut quâon discute avec les locaux, les Ă©coles, les collĂšges et les lycĂ©es, pour sensibiliser vraiment la population. »
Dans lâarchipel, comme ici Ă Futuna, la pĂȘche, cĂŽtiĂšre et surtout vivriĂšre, fait partie du quotidien des habitants. © L. Manufekai
LâĂ©tablissement en 2020 dâun premier diagnostic de la future aire marine protĂ©gĂ©e par les pĂȘcheurs de lâassociation Faiva Tautai, qui se traduit par « savoir naviguer ». © Baptiste Jaugeon