Ristretto #Entreprises
«âLe tĂ©lĂ©travail nous cause beaucoup de soucisâ» Ă la tĂȘte de Garage Pirsch depuis 25 ans et aprĂšs deux mandats de vice-prĂ©sident, Ernest Pirsch devient prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration des artisans (FDA).
Comment allez-vous vous diffĂ©rencier de votre prĂ©dĂ©cesseur, Michel Reckingerâ? JâespĂšre ne pas trop me diffĂ©rencier. DĂšs la rentrĂ©e, nous allons encore plus nous rapprocher des prĂ©sidents de tous les mĂ©tiers. Pour tirer le bilan de la crise, trouver les plans pour en sortir. Et prĂ©parer les dossiers restĂ©s en suspens. Lesquelsâ? Il y en a beaucoupâ: formation, dialogue social⊠Nous allons dĂ©finir au prochain comitĂ© avec les deux vice-prĂ©sidents (Michel Reckinger et Tun Di Bari, ndlr) qui prendra quel dossier.
ses responsabilitĂ©s. Que les volumes constructibles augmentent et, pour cela, que la surcharge administrative diminue. Une autre solution passe par la formation⊠Nous avons créé deux centres de compĂ©tences, en gĂ©nie technique et en parachĂšvement. Dâautres mĂ©tiers voudraient suivre cette voie, comme lâautomobile. Comment accĂ©lĂ©rer la digitalisation des entreprises artisanalesâ? La crise a mis un frein, les gens se sont occupĂ©s des problĂšmes journaliers. Il faudra aller plus encore vers les membres en leur expliquant que câest un investissement Ă faire, parce que sans digitalisation, on nâarrivera pas Ă suivre.
Comment lâartisanat se porte-t-ilâ? Nous avons tous souffert. Il y a un peu de relance, mais le tĂ©lĂ©travail nous cause beaucoup de soucis. On a 200.000 frontaliers qui ne font plus leurs achats ici, qui ne vont plus chez le coiffeur le midi. Comment Ă©viter une vague de faillites Ă la fin des aidesâ? Le gouvernement nâa dĂ©pensĂ© que 2,5 milliards dâeuros sur les 11 milliards annoncĂ©s. Je prĂ©sume quâil va aider. Ă part cela, que voulez-vous accomplir en quatre ansâ? Quâon nous reconnaisse en tant que vrai partenaire. Nous avons 8.000 entreprises dans lâartisanat avec plus de 100.000 emplois. Le gouvernement Ă©coute davantage les syndicats que les patrons. Sans salariĂ©s, il nây a pas dâentreprises. Mais sans entreprises, il nây a pas de salariĂ©s. Quelles sont ces problĂ©matiquesâ? Quand nous renĂ©gocions des conventions collectives, il y a des revendications irrĂ©alistes. Au niveau national, il faut plus de flexibilitĂ©. Les gens qui travaillent pour nous en ont reçu, par exemple avec le congĂ© parental. Pour organiser les Ă©quipes, cela devient compliquĂ©. ConcrĂštement, que demandez-vous Ă la placeâ? Je ne suis pas contre un congĂ© parental. Mais deux ans avant les Ă©lections, il va pleuvoir des cadeaux, et nous ne pouvons pas en supporter plus. Une autre problĂ©matique concerne le manque de main-dâĆuvre. Comment le rĂ©soudreâ? Il y a un freinâ: le prix des loyers. Nous avons presque Ă©puisĂ© la Grande RĂ©gion. Il va falloir attirer des gens de plus loin. LâĂtat doit prendre
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AOĂTâ/âSEPTEMBRE 2021
Il y a aussi cette pĂ©nurie de matĂ©riaux⊠Il nây a pas de solution miracle, hĂ©las. La plupart du matĂ©riel vient de lâĂ©tranger. Vous avez la mĂȘme chose dans lâautomobile avec les semi-conducteurs. OĂč en sont vos discussions avec le ministre des Travaux publics, Ă qui le secteur de la construction demande le gel des indemnitĂ©s de retardâ? Câest en cours. Le ministre a dit quâil allait nous suivre. En tant que directeur de Garage Pirsch, quel regard portez-vous sur le secteur automobileâ? Il va falloir nous adapter Ă cette rĂ©volution vers lâĂ©lectromobilitĂ©. Mais il ne faut pas que la politique brĂ»le les Ă©tapes. Dans le Plan national intĂ©grĂ© en matiĂšre dâĂ©nergie et de climat, on demande que 49â% du parc roulant devienne Ă©lectrique en 2030. Câest irrĂ©alisable. Quel dĂ©lai faudrait-ilâ? Certainement pas 2030. Je nâai pas de boule de cristal. Eux non plus, mais ils le pensent, parfois. Tout dĂ©pend du moment oĂč lâon aura assez de bornes. Est-ce quâon aura assez dâĂ©nergie verteâ? Est-ce que les gens sont prĂȘtsâ? On ne pourra pas les obliger du jour au lendemain.
Ernest Pirsch demande Ă ce que les patrons dâentreprises artisanales soient autant Ă©coutĂ©s que les syndicats.
Interview MATHILDE OBERT Photo MATIC ZORMAN