Paperjam août-septembre 2021

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Ristretto #Entreprises

« Le tĂ©lĂ©travail nous cause beaucoup de soucis » À la tĂȘte de Garage Pirsch depuis 25 ans et aprĂšs deux mandats de vice-prĂ©sident, Ernest Pirsch devient prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration des artisans (FDA).

Comment allez-vous vous diffĂ©rencier de votre prĂ©dĂ©cesseur, Michel Reckinger ? J’espĂšre ne pas trop me diffĂ©rencier. DĂšs la rentrĂ©e, nous allons encore plus nous rapprocher des prĂ©sidents de tous les mĂ©tiers. Pour tirer le bilan de la crise, trouver les plans pour en sortir. Et prĂ©parer les dossiers restĂ©s en suspens. Lesquels ? Il y en a beaucoup : formation, dialogue social
 Nous allons dĂ©finir au prochain comitĂ© avec les deux vice-prĂ©sidents (Michel Reckinger et Tun Di Bari, ndlr) qui prendra quel dossier.

ses responsabilitĂ©s. Que les volumes constructibles augmentent et, pour cela, que la surcharge administrative diminue. Une autre solution passe par la formation
 Nous avons créé deux centres de compĂ©tences, en gĂ©nie technique et en parachĂšvement. D’autres mĂ©tiers voudraient suivre cette voie, comme l’automobile. Comment accĂ©lĂ©rer la digitalisation des entreprises artisanales ? La crise a mis un frein, les gens se sont occupĂ©s des problĂšmes journaliers. Il faudra aller plus encore vers les membres en leur expliquant que c’est un investissement Ă  faire, parce que sans digitalisation, on n’arrivera pas Ă  suivre.

Comment l’artisanat se porte-t-il ? Nous avons tous souffert. Il y a un peu de relance, mais le tĂ©lĂ©travail nous cause beaucoup de soucis. On a 200.000 frontaliers qui ne font plus leurs achats ici, qui ne vont plus chez le coiffeur le midi. Comment Ă©viter une vague de faillites Ă  la fin des aides ? Le gouvernement n’a dĂ©pensĂ© que 2,5 milliards d’euros sur les 11 milliards annoncĂ©s. Je prĂ©sume qu’il va aider. À part cela, que voulez-vous accomplir en quatre ans ? Qu’on nous reconnaisse en tant que vrai partenaire. Nous avons 8.000 entreprises dans l’artisanat avec plus de 100.000 emplois. Le gouvernement Ă©coute davantage les syndicats que les patrons. Sans salariĂ©s, il n’y a pas d’entreprises. Mais sans entreprises, il n’y a pas de salariĂ©s. Quelles sont ces problĂ©matiques ? Quand nous renĂ©gocions des conventions collectives, il y a des revendications irrĂ©alistes. Au niveau national, il faut plus de flexibilitĂ©. Les gens qui travaillent pour nous en ont reçu, par exemple avec le congĂ© parental. Pour organiser les Ă©quipes, cela devient compliquĂ©. ConcrĂštement, que demandez-vous Ă  la place ? Je ne suis pas contre un congĂ© parental. Mais deux ans avant les Ă©lections, il va pleuvoir des cadeaux, et nous ne pouvons pas en supporter plus. Une autre problĂ©matique concerne le manque de main-d’Ɠuvre. Comment le rĂ©soudre ? Il y a un frein : le prix des loyers. Nous avons presque Ă©puisĂ© la Grande RĂ©gion. Il va falloir attirer des gens de plus loin. L’État doit prendre

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AOÛT / SEPTEMBRE 2021

Il y a aussi cette pĂ©nurie de matĂ©riaux
 Il n’y a pas de solution miracle, hĂ©las. La plupart du matĂ©riel vient de l’étranger. Vous avez la mĂȘme chose dans l’automobile avec les semi-conducteurs. OĂč en sont vos discussions avec le ministre des Travaux publics, Ă  qui le secteur de la construction demande le gel des indemnitĂ©s de retard ? C’est en cours. Le ministre a dit qu’il allait nous suivre. En tant que directeur de Garage Pirsch, quel regard portez-vous sur le secteur automobile ? Il va falloir nous adapter Ă  cette rĂ©volution vers l’électromobilitĂ©. Mais il ne faut pas que la politique brĂ»le les Ă©tapes. Dans le Plan national intĂ©grĂ© en matiĂšre d’énergie et de climat, on demande que 49 % du parc roulant devienne Ă©lectrique en 2030. C’est irrĂ©alisable. Quel dĂ©lai faudrait-il ? Certainement pas 2030. Je n’ai pas de boule de cristal. Eux non plus, mais ils le pensent, parfois. Tout dĂ©pend du moment oĂč l’on aura assez de bornes. Est-ce qu’on aura assez d’énergie verte ? Est-ce que les gens sont prĂȘts ? On ne pourra pas les obliger du jour au lendemain.

Ernest Pirsch demande Ă  ce que les patrons d’entreprises artisanales soient autant Ă©coutĂ©s que les syndicats.

Interview MATHILDE OBERT Photo MATIC ZORMAN


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