aspect, édition octobre 2025

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UNIS

CONTRE LE CANCER DU SEIN

La famille, un soutien pour Katharina

CANCER DE LA PROSTATE

Les hommes face au dépistage

DÉSIR D’ENFANT

Une chercheuse aide les couples

CANCER MÉTASTATIQUE

La force d’Anna

Offre conseils et soutien –

La Ligue contre le cancer de votre région

La Ligue contre le cancer vise à réduire le nombre de cancers et à améliorer la qualité de vie des personnes touchées. 18 ligues cantonales et régionales contre le cancer conseillent et soutiennent dans plus de 70 lieux en Suisse.

Nous sommes toujours là pour vous !

1 Krebsliga Aargau

Telefon 062 834 75 75 krebsliga-aargau.ch

2 Krebsliga beider Basel

Telefon 061 319 99 88 klbb.ch

3 Ligue bernoise contre le cancer

Téléphone 031 313 24 24 berne.liguecancer.ch

4 Ligue fribourgeoise contre le cancer

Téléphone 026 426 02 90 liguecancer-fr.ch

5 Ligue genevoise contre le cancer

Téléphone 022 322 13 33 lgc.ch

6 Krebsliga Graubünden

Telefon 081 300 50 90 krebsliga-gr.ch

7 Ligue jurassienne contre le cancer

Téléphone 032 422 20 30 liguecancer-ju.ch

8 Ligue neuchâteloise contre le cancer

Téléphone 032 886 85 90 liguecancer-ne.ch

9 Krebsliga Ostschweiz

SG, AR, AI, GL

Telefon 071 242 70 00 krebsliga-ostschweiz.ch

10 Krebsliga Schaffhausen

Telefon 052 741 45 45 krebsliga-sh.ch

11 Krebsliga Solothurn

Telefon 032 628 68 10 krebsliga-so.ch

12 Krebsliga Thurgau Telefon 071 626 70 00 krebsliga-thurgau.ch

13 Lega cancro Ticino Telefono 091 820 64 20 legacancro-ti.ch

14 Ligue vaudoise contre le cancer

Téléphone 021 623 11 11 lvc.ch

15 Ligue valaisanne contre le cancer

Téléphone 027 322 99 74 lvcc.ch

16 Krebsliga Zentralschweiz LU, OW, NW, SZ, UR, ZG

Telefon 041 210 25 50 krebsliga.info

17 Krebsliga Zürich

Telefon 044 388 55 00 krebsligazuerich.ch

18 Krebshilfe Liechtenstein

Telefon 00423 233 18 45 krebshilfe.li

Votre don en bonnes mains.

Impressum Éditrice : Ligue suisse contre le cancer, Case postale, 3001 Berne, Téléphone 031 389 94 84, aspect@liguecancer.ch, liguecancer.ch/aspect, IBAN :

Rédaction en chef : Danica Gröhlich (dag) – Rédaction : Joëlle Beeler (jbe), Stefanie de Borba (stb), Manuela Daboussi (mda), Pia Schüpbach (spa) – Mise en page : Binkert Partnerinnen AG –Coordination : Olivia Schmidiger – Impression : Schellenberg Druck AG, Pfäffikon ZH – Édition : 4/25, octobre 2025, paraît quatre fois par année. Bulletin d’information pour les donatrices et donateurs de la Ligue suisse contre le cancer.

L’union fait la force –le cancer nous concerne tous

Chère lectrice, cher lecteur,

« Je suis là pour toi. » Cinq mots tout simples, qui peuvent pourtant donner une force incroyable dans les moments de peur et d’incertitude. C’est exactement ce que la Bernoise Katharina, 49 ans (voir histoire principale), et la Soleuroise Anna, 37 ans (page 19), ont ressenti. Pour toutes les deux, le diagnostic a été un choc ; leur univers s’est effondré avec leur cancer du sein. Mais elles avaient des personnes à leurs côtés pour les soutenir – leurs familles, qui les ont accompagnées dans toutes les crises, leurs amis et amies, qui les ont écoutées avec empathie et qui ont été là pour elles.

Dans ce numéro, les époux des deux femmes et la meilleure amie de Katharina racontent comment ils ont géré la situation, les moments où l’impuissance a pris le dessus et les conseils qu’ils donneraient aux proches.

Le cancer n’affecte pas seulement la personne malade. Il touche des couples, des familles, des amis et bouleverse toujours l’existence.

Le mois d’octobre, placé tout entier sous le signe de la couleur rose, nous rappelle combien le cancer du sein est fréquent : chaque année en Suisse, il frappe quelque 6600 femmes et 60 hommes. Pour toutes et tous, il est essentiel de pouvoir compter sur l’entourage.

La solidarité insuffle de la force. Elle commence souvent de façon très discrète par une oreille ouverte, une main tendue, une discussion sincère.

Ne laissons pas les malades et leurs proches seuls.

Cordialement,

Sommaire

Solidarité sur la glace : des célébrités récoltent des fonds pour les malades du cancer. À la une 6

Dépistage : le Pink Cube en tournée.

InfoCancer au quotidien 7

Comment gérer le cancer d’une mère, l’éloignement d’une amie et l’intimité. Recherche 8

Désir d’enfant après un cancer du sein : une chercheuse soutient les couples.

Vivre avec le cancer 10

L’union fait la force : le cancer du sein de Katharina bouleverse aussi la vie de ses proches.

Éclairage 14

Cancer de la prostate : pourquoi les hommes ne parlent guère de leur santé.

À gagner, cinq bons Beldona d’une valeur de 200 francs chacun ! En tête-à-tête

19

Mon face-à-face avec le cancer : Anna et Mike, pour le meilleur et pour le pire.

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Nouvelle page Internet

Solidarité envers les personnes atteintes d’un cancer du sein

Chaque année en Suisse, plus de 6600 personnes sont touchées par un cancer du sein. Le diagnostic bouleverse leur vie, mais aussi celle de leur partenaire, de leurs enfants, de leurs ami·e·s, de leurs filleul·le·s et autres proches. En octobre, mois du cancer du sein, nous voulons leur témoigner notre solidarité en unissant nos forces. Objectif : récolter un maximum de dons pour les malades et leurs proches. À travers votre générosité, vous donnez à la Ligue contre le cancer les moyens de les conseiller personnellement et de les accompagner dans un quotidien souvent difficile.

Sur la page d’accueil, vous trouverez également des informations clés sur le dépistage et la prévention du cancer du sein et des portraits émouvants de personnes touchées. (spa)

« Ma femme a été formidable. Elle a porté toute la famille avec une confiance et un courage admirables. Je lui en suis infiniment reconnaissant. Ensemble, on est plus forts ! »

Stefan Meierhans – Monsieur Prix –est l’époux de Béatrice Wertli. La politicienne centriste a annoncé publiquement son cancer du sein en automne 2024. Après une chimiothérapie et des opérations, elle va bien aujourd’hui. Son mari l’a accompagnée à pratiquement toutes ses séances de chimiothérapie.

Vous trouverez toutes les possibilités de participation sur notre nouvelle page d’accueil : liguecancer.ch/cancer-du-sein

Le cancer du sein nous concerne ! tous

Brochure

Quand le cancer frappe les parents : comment le dire aux enfants ?

Lorsqu’un père ou une mère a un cancer, la vie de toute la famille bascule brutalement. Le temps et l’énergie manquent, les mots aussi, parfois. Certains parents parlent ouvertement de la maladie à leurs enfants, d’autres ont peur de les effrayer. Beaucoup ne savent pas quoi dire ni comment.

La brochure « Quand le cancer touche les parents » propose des informations et des conseils pratiques aux mères, pères et autres personnes de référence. Comment parler de la maladie avec mon enfant ? Que peut-il ressentir, penser ou craindre ? Comme le soutenir dans cette situation ?

Outre des conseils pour aborder la discussion, la brochure aide à mieux comprendre la perspective de l’enfant. Elle montre ce dont il a besoin et

comment les adultes peuvent le soutenir. Les enseignant·e·s y trouveront aussi des indications pour épauler les enfants concernés dans le contexte de l’école. (spa)

Plus d’informations : liguecancer.ch/enfants

La citation

Pairs

Le cap des 100 est franchi !

Avec Eliane, nous accueillons notre 100 e pair sur la plateforme de la Ligue contre le cancer. Eliane représente symboliquement tous nos pairs, ces personnes qui s’appuient sur leur expérience de la maladie pour en aider d’autres bénévolement, avec cœur et sincérité. Lancé en 2022, le projet n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis.

Nos pairs savent ce qu’implique un diagnostic de cancer. Ils ont trouvé une voie pour affronter la maladie, prendre soin d’eux-mêmes et retrouver espoir. À présent, ils transmettent ce que le cancer leur a appris non pas en tant que professionnels de la médecine, mais en tant qu’experts de leur maladie. C’est ce qui rend leur soutien si particulier et précieux.

Mais revenons-en à Eliane : atteinte d’une leucémie aiguë lymphoblastique, elle a décidé de partager son histoire. Aujourd’hui, elle accompagne d’autres malades et proches. Un immense merci à elle et à tous les pairs qui s’investissent en offrant leur temps avec sincérité et empathie. (dag)

Portraits de pairs : krebsliga.ch/peerplattform (en allemand uniquement)

Stars

for Life

1

Les chiffres

femme sur 9

est touchée par un cancer du sein au cours de sa vie.

1

homme sur 8

reçoit un jour un diagnostic de cancer de la prostate.

Nous connaissons pratiquement tous quelqu’un qui vit avec un cancer ou qui a vaincu la maladie. En octobre, mois du cancer du sein, et en novembre, mois du cancer de la prostate, beaucoup arborent un ruban rose ou bleu en signe de solidarité avec les personnes touchées.

Des célébrités font briller l’espoir sur la glace

Depuis 2010, la solidarité, l’émotion et la ferveur font vibrer la patinoire de Guin en fin d’année. Le 23 novembre prochain, d’anciennes stars du hockey sur glace et des personnalités en vue de la scène sportive, musicale et culturelle se retrouveront une fois encore à l’occasion du match caritatif Stars for Life. Ensemble, ils fouleront la glace pour une bonne cause et récolteront des fonds pour les personnes touchées par le cancer. Le public aura l’occasion d’admirer une équipe de vedettes avec, entre autres, Philippe Furrer, Andrea Glauser et Kevin Lötscher. La championne olympique de tir Chiara Leone chaussera elle aussi les patins. Une séance d’autographes et une vente aux enchères de maillots complètent le programme.

Lancé il y a 15 ans par le hockeyeur Tobias Lehmann, lui-même atteint

d’un cancer, Stars for Life s’est fait une place dans les cœurs. « Comme en hockey, on ne peut gagner le combat contre la maladie qu’en unissant les forces », déclare l’ancien gardien. Depuis, chaque édition de Stars for Life symbolise l’esprit d’équipe, la joie de vivre et la solidarité avec les malades et leurs proches.

Les recettes sont versées à la Ligue contre le cancer dans leur intégralité. (spa)

Lieu : patinoire de Guin

Date : dimanche 23 novembre 2025. Ouverture des portes à 15 h, match à 16 h

Prix : 10 francs (entrée gratuite jusqu’à 16 ans)

Vous ne pouvez pas vous rendre sur place ? Soutenez l’action en ligne : liguecancer.ch/stars-for-life

Le Pink Cube en tournée

Un conteneur mobile rose vif sillonne actuellement le pays pour aborder le dépistage du cancer du sein sans tabou. La Ligue contre le cancer est la marraine officielle de cette initiative qui vise à garantir l’égalité d’accès au dépistage.

« Je sens quelque chose de bizarre dans un sein, doisje m’inquiéter ? », demande une femme en poussant la porte du conteneur mobile qui ne passe pas inaperçu sur l’Utoplatz à Zurich, où il fait étape avant de repartir vers d’autres cantons. Une gynécologue informe et conseille aussitôt la visiteuse.

Améliorer l’accès au dépistage du cancer du sein

Chaque année en Suisse, le cancer du sein touche quelque 6600 femmes et 60 hommes ; c’est le cancer le plus fréquent dans la population féminine. Lorsque la tumeur est décelée au stade précoce, les chances de guérison sont bonnes et les traitements sont souvent moins lourds. D’où l’importance du dépistage. Mais en Suisse, l’accès aux examens préventifs est marqué par des inégalités. C’est là qu’intervient le Pink Cube Test Your Breast, un projet qui conjugue information, conseil et engagement politique. Il réunit professionnels de la médecine, organisations partenaires, entreprises et décideurs politiques à la même table en vue d’un objectif commun : combattre le cancer du sein.

Amorcer des changements concrets

Depuis l’année dernière, la Ligue contre le cancer est la marraine officielle du projet avec l’organisation Europa Donna Suisse. Rien de plus logique pour la directrice de la Ligue, Mirjam Lämmle : « Le Pink Cube ne réclame pas seulement un accès équitable aux examens de dépistage, mais initie des changements concrets tels que le dépistage précoce pour toutes les femmes. »

Atteindre les décideurs politiques

Les chiffres sont éloquents : l’an dernier, la campagne a déjà atteint plus de 2,7 millions de personnes. Près de 500 se sont fait examiner dans le cube ; des signes possibles

Le Pink Cube repart en tournée cette année avec de nouvelles étapes, des offres élargies et de nombreux partenaires. Le conteneur mobile stationnera au cœur de onze villes et communes en septembre et octobre, de 11 à 17 heures. Lors de ces 12 journées d’action, il proposera une offre de promotion de la santé à bas seuil pour se familiariser avec les facteurs de risque et savoir quand un dépistage est judicieux. Sur place, des gynécologues effectueront des palpations gratuites des seins et dispenseront des conseils.

Calendrier et informations : pinkcube-testyourbreast.ch/roadshow

La visite est gratuite et ne nécessite pas d’inscription préalable.

de cancer du sein ont été découverts chez 34 d’entre elles. En parallèle, des discussions politiques ont été menées dans les cantons qui ne proposent pas de dépistage organisé par mammographie. Une préoccupation majeure, car pour garantir l’égalité d’accès, des programmes de dépistage doivent être mis en place partout en Suisse. (stb) •

Texte : Stefanie de Borba
Visitez le Pink Cube
«

Tu n’as pas besoin de toujours être fort »

Petite sélection de questions d’actualité posées à l’équipe d’InfoCancer.

1« Ma mère a un cancer du sein. Âgé de 14 ans, je ne sais pas comment gérer la situation. » Il est compréhensible que tu te sentes dépassé, triste ou impuissant. Un diagnostic de cancer bouleverse aussi radicalement la vie des proches. Il faut que tu saches que personne n’est responsable de cette maladie. Si tu y arrives, parle ouvertement avec ta mère de ses sentiments, mais aussi des tiens. Tu n’as pas besoin de toujours être fort. Il est tout à fait normal de chercher du soutien auprès de tes amis, de ta famille ou d’un service de conseil. Des connaissances supplémentaires sur le cancer pourraient peutêtre aussi t’aider. Parfois, on se sent mieux armé en sachant à quoi on a affaire.

Brochure d’information : liguecancer.ch/famille

2« Je suis triste : après l’annonce de mon cancer, une amie chère a pris ses distances. Comment gérer cela émotionnellement ? »

Deux personnes touchées par le cancer sur trois constatent hélas que des amis ou des membres de la famille les évitent tout à coup, sans même donner d’explications. On utilise le terme de cancer ghosting pour désigner ce phénomène. Souvent, ces personnes se sentent dépassées. Elles ont peur de dire quelque chose de mal ou éprouvent de la culpabilité parce qu’elles vont bien. Se dire qu’elles s’éloignent parce qu’elles ont leurs propres peurs à gérer et pas par indifférence

peut être une consolation, même si cela n’enlève pas la tristesse face à la perte. Essayez de tendre la perche à votre amie. Dites-lui ce que vous ressentez en voyant qu’elle a coupé les ponts ou demandez-lui pourquoi elle a pris ses distances, mais concentrez-vous en parallèle sur les personnes qui sont encore là pour vous.

Groupes de parole avec des personnes ayant vécu des situations similaires proposés par les Ligues cantonales contre le cancer : liguecancer.ch/agenda

3« Ma femme a subi une ablation du sein à la suite d’un cancer. Depuis, elle a du mal à accepter l’intimité. Comment nous rapprocher ? » Une ablation du sein déstabilise souvent les femmes concernées. Elles ont le sentiment que leur corps leur est devenu étranger, même après la pose d’un implant, par exemple. Certaines ont des douleurs, sont limitées dans leurs mouvements ou n’ont plus la même sensibilité. Essayez de faire preuve de patience, de respect et d’attention envers votre femme. Il n’est pas nécessaire que l’intimité physique se réinstalle tout de suite. Souvent, des discussions permettent déjà de se rapprocher – le fait d’être à l’écoute ou simplement d’être là. Montrez à votre femme que vous l’aimez toujours même si son corps a changé. Laissez-lui du temps. Parfois, un soutien professionnel est utile, par exemple une consultation psychooncologique ou une thérapie de couple.

InfoCancer peut également vous aider.

Compétente, ouverte et empathique : l’équipe InfoCancer

InfoCancer

Avez-vous des questions au sujet du cancer ? Avez-vous besoin de parler de vos peurs ou de vos expériences ? Nous vous aidons.

Appel gratuit 0800 11 88 11

Courriel helpline@liguecancer.ch

Chat liguecancer.ch/cancerline

WhatsApp +41 31 38 99 241

« Le désir d’enfant est un thème très émotionnel, surtout après

un cancer »

Dans ses consultations, les larmes coulent souvent : la gynécologue Isotta Martha Magaton conseille des couples qui souhaitent avoir un enfant. Elle accompagne aussi des femmes après un diagnostic de cancer du sein.

Dr Magaton, vous êtes gynécologue et coresponsable de la consultation de médecine de la fertilité. Pourquoi vous engagez­vous en faveur des femmes atteintes d’un cancer du sein et pourquoi faites ­vous de la recherche dans ce domaine ?

Dr Isotta Martha Magaton : Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. Il touche aussi des femmes jeunes qui veulent encore avoir des enfants, ce qui constitue un sacré défi en consultation. Ces femmes doivent bénéficier de conseils avisés dispensés avec tact. Grâce à la recherche, nous pouvons proposer aujourd’hui à la plupart d’entre elles plusieurs possibilités pour exaucer leur vœu. C’est une petite lumière à l’entrée du tunnel !

Pourquoi est­ il plus difficile pour une femme de tomber enceinte après un cancer du sein ?

Tomber enceinte est effectivement beaucoup plus difficile après un cancer. D’une part, la durée des traitements, notamment dans le cas du cancer du sein, peut être très longue et raccourcir la phase reproductive. D’autre part, une chimiothérapie peut sensiblement affecter la fertilité.

Il est toutefois possible de prélever des ovocytes avant le traitement.

Tout à fait. Si suffisamment d’ovocytes ont été congelés avant la chimiothérapie, ceux-ci peuvent être dégelés, fécondés et implantés dans l’utérus. Les chances d’une grossesse sans problèmes sont alors bonnes. Dans d’autres cas, la situation peut se révéler plus complexe. Le risque de fausse couche n’est généralement pas plus élevé, mais des complications sont possibles pendant la grossesse et le post-partum, ce qui nécessite un suivi plus étroit.

« Oncofertility » : un projet de recherche grâce aux dons Soutien

Dr Isotta Martha Magaton, gynécologue et coresponsable de la consultation de médecine de la fertilité, clinique universitaire de gynécologie, Hôpital de l’Île à Berne

« Dans mon projet de recherche, j’ai étudié la sécurité de la fécondation artificielle chez les femmes qui présentent un risque élevé de cancer du sein en raison d’une mutation génétique. Ces femmes développent souvent la maladie alors qu’elles sont jeunes. L’an dernier, je me suis intéressée à ces cas dans le cadre du projet “Oncofertility”, soutenu par la Ligue suisse contre le cancer. J’ai analysé les données d’un grand groupe international de femmes. Mes résultats montrent que la fécondation artificielle est sûre et ne péjore pas le pronostic. Les femmes infertiles à la suite d’un traitement contre le cancer peuvent utiliser les possibilités à disposition pour avoir un enfant. Ces résultats sont précieux et allègent le fardeau des femmes concernées. Je remercie la Ligue contre le cancer et tous les donateurs et donatrices qui rendent mes travaux possibles. »

De manière générale, le désir d’enfant est­ il toujours tabou ?

C’est un thème hautement émotionnel et très personnel, surtout après un cancer, car la maladie peut susciter certaines peurs. Oui, le tabou demeure. Trop de couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants restent encore seuls avec leur souffrance. Nous aidons les femmes à parler ouvertement avec leurs proches. Cela peut considérablement les soulager.

Qu’observez­vous en consultation quand une femme apprend qu’elle a un cancer du sein ?

Pour beaucoup, l’éventualité d’une infertilité après le traitement est difficile à accepter. Cela déclenche souvent des larmes. Mais quand je leur explique que la recherche a des solutions à leur proposer, je vois aussi du soulagement. J’ai appris à garder une certaine distance sur le plan émotionnel pour mieux pouvoir les conseiller, même si ce n’est pas toujours facile.

Faudrait­ il encore mieux informer les femmes sur les risques d’infertilité avant le début de leur traitement contre le cancer ?

Nous essayons de conseiller les femmes jeunes avec compétence sur les questions de fertilité sitôt le diagnostic

« Grâce à la recherche, nous pouvons proposer à la plupart des femmes atteintes d’un cancer du sein plusieurs possibilités pour avoir un enfant.

»

Dr Isotta Martha Magaton

posé. Pour que le traitement puisse démarrer sans retard, elles doivent prendre une décision rapidement. Pour prélever et congeler des ovocytes, nous procédons à une stimulation préalable pendant une dizaine de jours. Cette fenêtre temporelle est décidée en concertation avec l’oncologue. La problématique de la fertilité après un cancer nécessite encore davantage de sensibilisation et une plus grande prise de conscience au niveau national et international. C’est pourquoi il me tient à cœur de faire de la recherche dans ce domaine et de soutenir les femmes dans cette épreuve où elles oscillent entre la peur et l’espoir. •

Projets de recherche soutenus : liguecancer.ch/recherche

Un grand nombre de femmes atteintes d’un cancer du sein ont du mal à accepter l’éventualité d’une infertilité après le traitement.

Jouer pour conjurer la peur

Une ourse en peluche sur le canapé, un nom de code pour demander une pause et une famille qui parle de ses soucis en jouant à la table de la cuisine : le cancer du sein de Katharina affecte aussi la vie de ses proches.

Lotta trône sur le canapé. L’ourse en peluche peut être câlinée, mais aussi être pincée ou lancée dans un coin. « Jusqu’ici, cela n’a toutefois pas été souvent nécessaire », observe Katharina, 49 ans, en riant. Lotta accompagne la famille depuis sept ans – depuis qu’avec Marc, son mari, Katharina a annoncé aux garçons qu’elle avait un cancer du sein. Sa profession l’a aidée à leur communiquer la mauvaise nouvelle. Maîtresse d’école enfantine, elle a aussi une formation en art-thérapie. « Je n’aurais jamais pensé que ces

connaissances me serviraient pour ma propre famille. » Pour elle, il était important que Nico et Kian se sentent en sécurité dans cette période d’incertitude.

Lotta, un précieux réconfort

« Au début, je pensais que maman allait mourir », se rappelle Kian, 14 ans aujourd’hui. Nico, 16 ans, savait ce que le cancer signifie, son grand-père en avait un. Il se rendait mieux compte de la situation que son petit frère : « Grâce à la chimiothérapie, on pouvait faire quelque chose pour ma maman, cela me donnait de l’espoir. » Durant cette période, Lotta a passé une nuit ou l’autre dans le lit des garçons pour les réconforter.

Pour Katharina, le diagnostic a d’abord été un soulagement. Elle savait enfin pourquoi elle était tout le temps fatiguée. Mais l’inquiétude a vite pris le dessus : « J’étais terrifiée à l’idée de ne pas être là assez longtemps pour mes enfants. » La Bernoise, 42 ans à l’époque, perd confiance dans l’existence. Elle, la femme pleine d’initiative, contrainte à l’inaction ?

Katharina trouve avant tout du soutien auprès de son mari, Marc (voir interview), et de Franziska, une connaissance qui a elle-même eu un cancer du sein. « J’ai pu parler avec elle de ma peur de mourir », explique Katharina. Ces discussions l’aident à faire face et, en même temps, à protéger sa famille. Pour Franziska, ces échanges sont aussi précieux : « Pendant ma maladie, Katharina osait poser des questions. Elle était toujours là pour moi, dans toutes les situations », se rappelle-t-elle. Aujourd’hui, une profonde amitié les lie.

Quand le Ligretto ouvre une porte

Des cartes et des porte-bonheur couvrent une partie du mur de la salle à manger. Autant de petits symboles destinés à donner du courage à Katharina. Souvent, la famille s’installe à la table en bois près de la cuisine jaune citron et joue. « Avant, je n’aimais pas particulièrement cela », avoue Katharina. Mais elle a remarqué qu’en jouant, Nico parlait de ce qui le tracassait. Une partie de Brändi Dog ou de Ligretto pour conjurer la peur. C’est ainsi que le nombre de soirées de jeux de société a augmenté, comme le plaisir que Katharina y trouve. Dix mois plus tard, le traitement est terminé. Si le cancer a disparu, l’épuisement est toujours là. Parfois, Katharina donne des instructions aux garçons pour le repas depuis le canapé, Lotta dans les bras. Le chat Shyra n’est jamais loin non plus. Nico se rend compte que la meilleure façon d’aider sa mère est de la décharger de certaines tâches :

Texte : Pia Schüpbach, photos : Sophie Frei
Entre femmes touchées : Fränzi et Katharina sont liées par bien plus que leur expérience du cancer. Les deux amies habitent le même village du Plateau bernois.
Katharina, originaire de Berne, se décrit comme une femme d’action, mais elle a dû apprendre à s’accorder plus souvent des pauses.

« En cuisinant, je pouvais faire activement quelque chose », dit-il. Une fois par semaine, les deux garçons s’occupent du souper.

Avec Marc, Katharina a défini un nom de code : « escargot ». Elle l’utilise pour se retirer dans sa coquille quand elle a besoin de se reposer, ou c’est Marc qui l’emploie pour lui demander si elle veut faire une pause. À cause de sa fatigue, elle a dû renoncer à son poste de cheffe d’équipe dans un home. À présent, elle travaille une fois par semaine dans une école à journée continue durant la pause de midi.

Une famille durement touchée

Le cancer rôde autour d’elle. En 2023, la sœur jumelle de Katharina, Franziska, apprend que sa tumeur cérébrale est de retour. Katharina s’occupe d’elle malgré la fatigue, la famille et le travail. « Ma sœur a géré la maladie d’une autre façon que moi. Elle n’en a pas beaucoup parlé avec d’autres », explique Katharina, qui a été très présente les derniers mois, jusqu’à la mort de Franziska en mars 2025. Le cancer plane comme une ombre sur la famille. Il lui a pris son père, son beau-père, sa sœur. Comme si cela ne suffisait pas, Katharina découvre un nouveau nodule dans sa poitrine en début d’année – une récidive.

« Cette fois, je me suis sentie moins désemparée. » Après un bref moment d’abattement, elle se ressaisit : « Je peux m’appuyer sur ma force intérieure », se dit-elle. Marc et les enfants s’en rendent également compte.

Interview avec Marc

« J’ai souvent éprouvé un sentiment d’impuissance »

Marc, en tant qu’époux de Katharina, comment as ­tu vécu ton rôle durant sa maladie ?

Marc : J’étais tantôt là pour éponger son chagrin, tantôt pour la motiver. Mais souvent, j’étais juste impuissant, je ne pouvais rien faire d’autre qu’être là. Parfois, c’était à la limite du supportable.

Qu’est­ ce qui a été particulièrement difficile ?

Ne pas savoir comment les choses allaient évoluer, avoir le sentiment de ne rien pouvoir faire. Et, quand je pouvais enfin faire quelque chose, avoir peur que ce soit mal ou trop tard.

Où as ­tu trouvé de la force ?

Le travail et le sport m’ont servi de dérivatifs. La force, je l’ai trouvée avec nos garçons, car ils ne prenaient pas toujours tout au tragique. Et bien sûr, dans les bons moments avec Katharina.

En quoi la maladie de Katharina a ­t­ elle changé ta vie ?

Je vis plus consciemment. Il n’est pas nécessaire d’aller toujours plus vite, plus haut, plus loin. Ce qui compte, c’est de passer du temps ensemble et de le savourer. Je suis plus attentionné, plus conscient de la fragilité des choses. Et je suis infiniment reconnaissant que Katharina soit encore là.

Qu’est­ ce qui t’a particulièrement marqué ?

Quand Katharina m’a annoncé le diagnostic au téléphone, cela m’a complètement déstabilisé. La peur de la perdre, le désarroi, la douleur : tout se mélangeait. Le risque de la perdre n’a jamais été aussi réel. Sa force m’a particulièrement touché : elle a toujours puisé au fond de ses réserves pour les garçons. Le soutien de l’entourage a été extraordinaire. Katharina avait dressé une liste des personnes qui lui avaient proposé de l’aide. Quand elle les appelait, il y avait toujours quelqu’un pour elle. Tout le monde a tenu parole.

Qu’aimerais ­tu dire aux proches ?

Parlez ouvertement de ce qui vous touche. Cherchez des personnes qui vous écoutent. Une peine devient deux fois plus légère quand on la partage. Acceptez de l’aide. Beaucoup de gens sont prêts à écouter et à donner un coup de main. C’est extrêmement précieux. (spa)

Lotta, l’ourse qui réconforte. On peut la câliner, la caresser, mais aussi la pincer.

« J’ai confiance », lâche Kian ; « ça a marché la première fois. J’es saie de décharger maman en étant plus autonome. » Nico s’implique encore plus dans le ménage. Il assume déjà de menues corvées à cause de la fatigue de Katharina –balayer le sol, par exemple. « Je savais que la situation n’était pas comparable à celle de ma tante. J’étais content qu’on puisse retirer la tumeur », fait-il. Katharina subit une ablation du sein, puis entame une chimiothérapie de trois mois.

Cette fois, Lotta reste le plus souvent sur le canapé. La famille fait régulièrement des jeux. Elle introduit un nouveau rituel le dimanche soir : chacun dit comment il se sent. « C’est un peu comme apprendre une nouvelle langue », observe Katharina. « Aujourd’hui, les garçons arrivent à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. » Le rituel les aide. « Et nous apprenons aussi à accepter que l’un de nous aille mal. »

Se ressourcer dans la nature

Lorsque Katharina a suffisamment d’énergie, elle va se promener sur une colline du Plateau bernois ou quelque part près d’un lac. Elle trouve du réconfort auprès de sa mère, de ses deux frères, de ses amis ou de l’immense chêne dans la forêt voisine. « M’appuyer contre cet arbre m’insuffle de la force. »

Dans un groupe de discussion, elle donne de temps à autre des nouvelles sur son état de santé ou demande si quelqu’un aimerait venir la voir. « Cette fois, nous voulons être plus présentes », lui ont assuré quelques amies. Katharina s’en réjouit. Face à ce deuxième diagnostic, elle

« J’étais terrifiée à l’idée de ne pas être là assez longtemps pour mes enfants. »

Katharina, personne concernée

prend encore plus les choses en main. « Je ne veux pas me poser en victime. »

Elle met à profit ce que les moments difficiles lui ont appris en accompagnant des personnes endeuillées. Avec une collègue, elle a monté un café-deuil. « Quand mon père est mort, je n’ai pas pleuré. » « Tu n’es pas triste ? », m’ont demandé plusieurs personnes. Elle a trouvé cela fascinant et s’est rendu compte que le chagrin peut s’exprimer de différentes manières. Le deuil, la mort et la fin de vie la touchent. « Quand la fin est proche, le masque tombe. » Malgré sa résilience, les pertes et le cancer l’ont changée. « Je suis devenue moins insouciante. Parfois, la légèreté me manque – faire quelque chose sans penser aux conséquences. » La maladie occupe encore beaucoup de place. Après la chimio, une nouvelle opération du sein l’attend. Marc, Nico, Kian, Franziska, ses amies et amis et sa famille : ils sont tous là pour Katharina. Et l’inverse est aussi vrai. La femme active aura encore besoin de nombreuses pauses et elle s’allongera souvent sur le canapé. Heureusement, il y a Lotta, l’ourse en peluche qui l’accompagne fidèlement. •

Avant, Katharina n’aimait pas tellement jouer. Aujourd’hui, elle apprécie les soirées jeux « Brändi Dog » avec sa famille.

Cancer de la prostate, la menace invisible

Chaque année en Suisse, quelque 7800 hommes sont touchés par un cancer de la prostate. En l’absence d’un dépistage systématique, il est difficile de déceler la maladie au stade précoce. Entretien avec Aurelius Omlin, Médecin oncologue à la clinique Hirslanden à Zurich, qui nous explique notamment pourquoi les hommes ne parlent pas volontiers de leur santé.

Dr Omlin, pourquoi n’y a ­t­ il pas de programme de dépistage pour le cancer de la prostate comme pour le cancer du sein ?

Dr Aurelius Omlin : Par le passé, de vastes études ont été réalisées pour évaluer la pertinence d’un dépistage du cancer de la prostate au moyen du taux de PSA. Le PSA (antigène spécifique de la prostate) est une valeur sanguine qui peut donner des indications sur l’activité prostatique. Lorsque le taux était élevé, on effectuait généralement une biopsie, souvent sans découvrir de cancer, car une hypertrophie bénigne de la prostate ou une infection peuvent aussi augmenter le PSA. Cela entraînait beaucoup d’investigations inutiles et, parfois, de surdiagnostics. Ces études ont certes montré que le dépistage peut diminuer la mortalité, mais la plupart des pays ne recommandaient pas la mise en place d’un dépistage organisé.

Aujourd’hui, la recherche a fait un pas en avant : un diagnostic moderne au moyen d’une IRM permet, en cas de taux de PSA supérieur à la normale, de visualiser précisément la prostate et de procéder à une biopsie sélective des zones suspectes. L’Union européenne s’est donc à nouveau penchée sur la question du dépistage et teste actuellement des programmes ad hoc. Des initiatives dans ce sens sont aussi planifiées en Suisse.

La situation se présente ­t­ elle donc mieux pour les femmes que pour les hommes ?

En Suisse, il existe des programmes de dépistage du cancer du sein dans plusieurs cantons, mais pas partout. Du point de vue médical, ces programmes structurés sont nettement plus efficaces et plus fiables que le dépistage opportuniste, qui ne fait l’objet d’aucune coordination.

Que recommandez­vous aux hommes à titre préventif ?

En premier lieu, une discussion sur les bénéfices et les risques du dépistage systématique. Un examen est recommandé en particulier aux hommes qui font partie d’un groupe à risque, à savoir :

• tous les hommes à partir de 50 ans ;

• les hommes dès 45 ans en cas d’antécédents familiaux (cancers de la prostate, du sein ou de l’ovaire, p. ex.) ;

• les hommes d’origine africaine dès 45 ans ;

• les hommes porteurs d’une mutation génétique (mutation BRCA) dès 40 ans.

Des études récentes montrent que la palpation de la prostate dans le cadre de la prévention n’apporte guère de bénéfice additionnel. En cas de taux de PSA élevé, des investigations complémentaires sont réalisées, p. ex. à l’aide d’un calculateur de risque (qui tient compte du PSA, de l’âge, de l’histoire familiale, de la taille de la prostate, etc.). Suivant le résultat, une IRM est recommandée et, en cas d’image suspecte, une biopsie sélective.

Pourquoi les hommes ont­ ils plus de mal à parler de leur santé que les femmes ?

Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Les jeunes femmes sont confrontées beaucoup plus tôt à des questions de santé, p. ex. pour éviter une grossesse ou dépister un cancer au moyen d’un frottis cervical. Ce n’est pas le cas actuellement chez les hommes et le dépistage du cancer ne commence souvent qu’à partir de 50 ans (pour le cancer de la prostate et de l’intestin). Dans ma consultation, je conseille à tous les hommes qui ont des frères ou des fils d’aborder la question et de les sensibiliser,

PD Dr méd. Aurelius Omlin Médecin oncologue au centre d’oncologie Zurich et Médecin partenaire des cliniques Hirslanden Zurich, Aurelius Omlin officie depuis 2018 comme expert auprès du service InfoCancer de la Ligue contre le cancer. Il fait également partie du Conseil consultatif pour toutes les questions en lien avec le cancer de la prostate.

La prévention est cruciale : souvent, les personnes concernées regrettent que personne ne leur ait parlé du dépistage précoce.

par exemple en les invitant à se faire dépister dès 45 ans lors d’antécédents familiaux.

En tant qu’expert, vous travaillez depuis longtemps déjà avec la Ligue contre le cancer, qui apprécie beaucoup cette collaboration. Vous semblez avoir un bon contact avec vos patients. Pourquoi cela est­ il important ?

En oncologie, nous suivons souvent les patients sur une longue durée. Ensemble, nous connaissons des moments de soulagement lorsque la maladie réagit bien au traitement ou que le cancer ne réapparaît pas. Mais il y a aussi des moments d’incertitude et d’angoisse, comme lorsqu’un examen révèle un nouveau problème ou que la maladie progresse. Pour utiliser une image, je vois mon rôle comme celui d’un guide de montagne qui conduit patients et proches sur un chemin difficile en essayant de garantir leur sécurité.

Quel rôle jouent les proches, l’entourage ?

Il est extrêmement important d’inclure les proches et j’apprécie qu’ils accompagnent le patient en consultation. Je suis en effet conscient qu’ils se font leurs idées de leur côté. Souvent, les choses sont plus simples lorsque le ou la partenaire entend directement les informations pendant la discussion.

Le soutien de l’entourage peut­ il influencer positivement l’évolution de la maladie ?

La stratégie adoptée pour faire face à un cancer varie sensiblement d’une personne à l’autre. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise solution. Je vois un très grand nombre d’hommes atteints d’un cancer de la prostate dans ma consultation d’uro-oncologie. De temps à autre, le ou la partenaire prend contact, parce que le patient n’ose pas

le faire ou n’en a pas l’énergie à cause de ses symptômes. Il est important d’identifier ces situations et d’en parler.

Que souhaitez­vous à vos patients à l’avenir en matière de dépistage du cancer ?

En tant qu’oncologue, je n’ai pas un regard neutre dans ce domaine. En consultation, je vois énormément d’hommes atteints d’un cancer de la prostate découvert au stade avancé, car ils n’ont jamais fait d’examens de dépistage. Il n’est pas rare qu’ils se plaignent que personne ne leur ait parlé de dépistage. À l’avenir, j’aimerais que l’on communique davantage et de façon plus transparente sur les questions de santé, en particulier en relation avec la santé masculine. Les femmes sont exemplaires dans ce domaine, qu’il s’agisse de la prévention du cancer du sein ou d’autres problèmes. •

Santé masculine

Consultation écrite en ligne sur la santé masculine

Vous avez des questions concernant le cancer de la prostate, du testicule ou d’autres tumeurs masculines ? Du 28 octobre au 14 décembre 2025, des experts médicaux de différentes disciplines répondent en ligne à vos questions sur le site officiel de la Ligue suisse contre le cancer. Les réponses sont publiées en continu et de façon anonyme.

Participez et trouvez des informations fiables et personnalisées : liguecancer.ch/consultation

Legs et successions

Un testament : pour qui, pourquoi ?

On pense souvent à tort qu’au décès d’un conjoint, tous ses biens reviennent automatiquement au survivant. Lorsque le couple n’a pas d’enfants et que le défunt n’a pas rédigé de testament, le conjoint survivant ne touche parfois que les trois quarts de la succession. Le quart restant va à la famille du défunt, en général ses frères et sœurs.

Lorsque le logement commun entre dans la succession, le conjoint survivant peut se retrouver dans une situation financière précaire s’il n’a pas assez d’argent pour verser aux frères et sœurs la part qui leur revient. Heureusement, un testament permet d’éviter ce genre de problèmes. Pour mettre son conjoint à l’abri, on peut l’instituer unique héritier. Dans ce cas, les parents ou les frères et sœurs ne peuvent faire valoir aucune prétention.

Prenez vos dispositions à temps. Un testament manuscrit suffit et apporte de la sécurité dans une période douloureuse. (mda)

Vous trouverez des modèles et des conseils pratiques dans le guide testamentaire de la Ligue suisse contre le cancer : liguecancer.ch/successions

«

Je voudrais que d’autres partagent ma chance »

Urs Wobmann, qu’est­ ce qui a motivé votre premier don à la Ligue contre le cancer ?

Urs Wobmann : Atteint d’un lymphome à cellules du manteau, je n’ai plus de symptômes depuis six ans. J’ai eu énormément de chance et je voulais qu’il en aille de même pour d’autres.

Cela fait maintenant plusieurs années que vous soutenez la Ligue. Pourquoi ?

J’aime les gens et je voudrais avant tout donner une chance aux enfants. Je vais fêter mes 70 printemps et j’ai bien vécu. Mais les enfants ont encore toute leur vie devant eux.

Comment la Ligue contre le cancer vous a ­t­ elle aidé durant votre maladie ?

J’ai pris contact avec la Ligue zurichoise contre le cancer, car après

deux greffes de cellules souches, je souffrais d’un trouble du stress post-traumatique et de fatigue. Je ne pouvais plus travailler qu’à 20 %. La Ligue zurichoise m’a aidé à déposer une demande de rente auprès de l’AI. Seul, je n’aurais jamais osé le faire.

Comment allez­vous aujourd’hui ?

Je revis ! J’ai retrouvé ma créativité, je peins, j’illustre et j’écris des livres. Pour les années qu’il me reste, je me suis donné pour mission d’offrir ainsi un petit plaisir aux personnes touchées par le cancer. J’aimerais également montrer que le cancer ne marque pas la fin ; il peut aussi être un début. J’adresse mes meilleurs vœux aux malades et je leur souhaite beaucoup de courage et de confiance. (spa)

Soutenir la Ligue contre le cancer dons.liguecancer.ch

Nouveaux groupes d’entraide

HPV : mythes et réalités – Vrai ou faux ?

Infection sexuellement transmissible parmi les plus fréquentes, le papillomavirus humain (HPV) reste largement méconnu dans la population. Passant souvent inaperçu, il peut avoir de sérieuses conséquences. Comme le rappelle notre nouveau dépliant, certains HPV peuvent provoquer des verrues génitales ou des lésions précancéreuses susceptibles d’évoluer en tumeur si elles ne sont pas traitées. Heureusement, le dépistage et la vaccination sont efficaces. Notre nouveau dépliant au format pratique A6 permet de tester ses connaissances, de se défaire des préjugés et de s’informer de manière ludique.

Le dépliant aborde la thématique du papillomavirus humain (HPV) en sept questions et réponses. Prévention, dépistage, conséquences des infections à HPV : il passe en revue les

mythes et les réalités, met en lumière les faits majeurs et incite les lecteurs et lectrices à réfléchir. Le dépliant présente l’essentiel de manière très accessible et il est gratuit.

Vers la boutique : liguecancer.ch/hpv

HPV : mythes et réalités

Cancer de la prostate

Un taureau en bois pour la bonne cause

Après Miss Pink, la vache en bois aux taches roses en vente ces deux dernières années pour soutenir la lutte contre le cancer du sein, place aux hommes : en novembre, la maison Trauffer sortira une nouvelle édition limitée en collaboration avec la Ligue contre le cancer : le taureau Mister MUHstache. Avec ses taches bleues et son ruban bleu et blanc, le taureau en bois attire l’attention sur un thème encore souvent tabou : le cancer de la prostate. En parler est essentiel, car le dépistage peut sauver des vies. Le cancer nous concerne tous, c’est pourquoi la famille Trauf-

fer et son équipe tiennent à faire un geste fort : pour chaque exemplaire écoulé, 80 % du prix de vente vont à la Ligue contre le cancer. Ensemble, prenons le taureau par les cornes pour briser le tabou. Achetez dès maintenant Mister MUHstache – un cadeau à offrir ou à s’offrir, pour la bonne cause. (PD/dag)

À ne pas manquer

Les ligues cantonales et régionales contre le cancer organisent régulièrement des cours, rencontres, ateliers et événements à l’intention des personnes touchées par le cancer et de leurs proches. Ces offres permettent de marquer une pause, trouver du soutien et échanger. Consultez notre offre, participez et faites le plein d’énergie pour affronter le quotidien. À bientôt !

Vers les cours et manifestations : liguecancer.ch/agenda

Point fort de l’agenda

Maintenant et après

trauffer.ch

Pendant le mois dédié au cancer de la prostate, une version limitée du taureau bleu en bois est disponible.

Faites l’expérience d’un voyage sonore qui vous emmènera vers des vibrations positives et vous fera voyager vers un état de sérénité. Thème du mois : Les vibrations positives. Gratuit sur inscription.

Date : 5 décembre 2025, 18h30 – 20h30

Lieu : Genève, rue Leschot 11

Informations supplémentaires : geneve.liguecancer.ch

Solution

Unis contre le cancer du sein : cinq bons Beldona de 200 francs chacun à gagner !

Après un diagnostic de cancer du sein, beaucoup de choses changent, y compris la recherche de lingerie adaptée. Beldona propose depuis plus de 70 ans de la lingerie adaptée à chaque phase de l’existence. À travers des conseils personnels prodigués avec tact, la marque accompagne les femmes dans leur parcours, aussi pendant ou après un cancer du sein.

Lorsque le corps se transforme à la suite d’une opération, d’un traitement ou de changements hormonaux, les solutions habituelles ne suffisent souvent pas. Beldona comble ce manque avec une gamme spéciale : des dessous souples, sans armatures, des soutiens-gorges fonctionnels pour accueillir les prothèses et des vêtements confortables pour la maison et la baignade. Beldona effectue les retouches dans son atelier de couture. Pour que la lingerie soit parfaitement adaptée et pour assurer le soutien nécessaire, physiquement et émotionnellement.

beldona.com/ch/fr/LE016.html

Participation

En ligne : liguecancer.ch/solution – ou avec une carte postale : envoyez la solution avec votre nom et adresse à l’adresse suivante : Ligue suisse contre le cancer, Effingerstrasse 40, case postale, 3001 Berne Dernier délai d’envoi : le 24 octobre 2025. Bonne chance ! Mots croisés d’aspect :

Les gagnantes et gagnants de l’édition de juillet 2025, solution : SOLEIL

Beatrice Schmucki, 8640 Rapperswil SG – Margaretha Vokinger, 3047 Bremgarten – Ursula Poffet, 3185 Schmitten – Margrit Müller, 7270 Davos Platz –Vreni Kaufmann, 3818 Grindelwald – Josef Hardegger, 1026 Denges VD – Monique Blaser, 2300 La Chaux-de-Fonds – Rita Galli, 2608 Courtelary –Katharina Haldimann, 2336 Les Bois – Madeleine Inglin-Burnens, 8853 Lachen – Janine Hurt, 8404 Winterthur – Michèle Rihm-Albert, 4102 Binningen BL –Elisabeth Heeb, 8852 Altendorf – Mario Truffer, 3985 Münster VS – Urs Kroha, 8500 Frauenfeld

Mon faceà-face avec le cancer

Malgré le cancer d’Anna (37 ans), Mike (40 ans) et elle sont bien plus qu’un proche aidant et une patiente. Leur vie est faite de hauts et de bas.

Propos recueillis par Pia Schüpbach

Anna : Mike et moi n’avons jamais connu une vie normale ensemble. J’avais déjà le cancer quand on s’est rencontrés. Depuis, c’est comme si nous étions dans un grand 8 sans pouvoir en descendre. Il y a de belles journées, mais la peur ne nous lâche pas : quand les choses vontelles se dégrader ? Nous essayons de rester un couple, pas seulement une patiente et son aidant. Les mauvais jours, Mike joue de la guitare pour moi ou appelle ses amis à la rescousse. Pour mon anniversaire, ils m’ont tous envoyé un message vidéo.

Je suis proche de ma famille. Le temps passé avec Paul, mon filleul de 4 ans, me donne de la force. Il y a peu, il a osé se plonger complètement dans l’eau avec mon aide –un grand moment ! Quand je suis avec d’autres, je ne veux pas accorder trop de place au cancer. Du coup, je me sens souvent seule.

Avec une amie, j’ai fondé l’association Verein metastasierter Brustkrebs Schweiz (Cancer du sein métastatique Suisse). Là, je me sens comprise, je peux parler de tout. Cela me fait du bien. Je trouve aussi du réconfort dans nos projets.

Je souhaite que mon entourage soit là pour Mike et moi. Ce serait merveilleux que l’on aborde plus facilement les sujets difficiles. Je n’ai pas besoin de vœux de rétablissement ni de récits de miracles. Je veux que mes proches acceptent que la vie n’est pas éternelle et que nous emmagasinions des souvenirs ensemble.

Le matin de mon anniversaire, j’étais triste : combien de fois pourrai-je encore le fêter ? Puis je me suis ressaisie et je suis allée au bord de l’Aar avec Mike. Un orage a éclaté et nous avons couru jusqu’à la voiture. Peu après, le vent a déraciné un arbre. Cela peut arriver tellement vite. Nous mourrons tous. Comme mon cancer est incurable, j’ai perdu mon insouciance. Mais j’ai encore plein de projets et de rêves.

Mike : Parfois, Anna me repousse. Elle se sent coupable parce qu’un jour ou l’autre, je devrai continuer sans

elle. Je lui ai dédié une chanson : même si tu me repousses, je reste là. Je l’ai promis à notre mariage : pour le meilleur et pour le pire.

Ce n’est pas facile. J’aimerais être fort pour Anna. J’essaie de rester positif et de lui remonter le moral dans les mauvais jours. Mais au fond de moi, je broie parfois du noir et je dois me tourner pour qu’elle ne voie pas mes larmes ; il m’arrive aussi de craquer en voiture. Quand je retourne auprès d’elle après, je peux à nouveau la soutenir. Cette expérience m’a fait grandir en tant qu’homme, je suis devenu plus compréhensif, plus patient. Anna a beaucoup de choses à m’apprendre, elle est telle ment forte.

J’ai quelques amis avec qui je peux parler de tout. Faire plaisir autour de moi me donne aussi de la force. On reçoit tant en retour.

Autres témoignages : liguecancer.ch/temoignages

Anna, de Lostorf (SO), a des métastases pulmonaires. Son mari, Mike, est toujours à ses côtés.

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