Les peuples autochtones de chasseurs-cueilleurs des forĂȘts tropicales humides dâAfrique Centrale possĂšdent un patrimoine coutumier solide et prĂ©cieux, dĂ©veloppĂ© au fil des millĂ©naires dans des cultures qui sont particuliĂšrement adaptĂ©es Ă vivre en forĂȘt et Ă lâexploiter de façon harmonieuse et durable. Aujourdâhui, les cultures et la survie mĂȘme des peuples autochtones dâAfrique centrale sont gravement menacĂ©es, du fait de leur expulsion de leurs terres forestiĂšres traditionnelles par dâautres groupes dâintĂ©rĂȘt, notamment des projets dâexploitation forestiĂšre et miniĂšre, de parcs nationaux et de conservation, dâagroforesterie et dâagriculture. En consĂ©quence, les peuples autochtones des forĂȘts tropicales humides dâAfrique sont de plus en plus appauvris et marginalisĂ©s et leur bagage de connaissances traditionnelles liĂ©es aux forĂȘts risque de se perdre â au dĂ©triment de la diversitĂ© culturelle mondiale et au dĂ©triment de la connaissance mondiale des pratiques de gestion des ressources naturelles respectueuses de lâenvironnement. Ce rapport se penche tout particuliĂšrement sur la situation des moyens de subsistance et des droits humains des chasseurs-cueilleurs baka du Sud-Est du Cameroun. Les Baka de cette rĂ©gion font face Ă un avenir de plus en plus incertain, puisque presque toutes leurs terres traditionnelles leur ont Ă©tĂ© enlevĂ©es, la plupart ayant Ă©tĂ© attribuĂ©es Ă des sociĂ©tĂ©s internationales dâexploitation forestiĂšre et miniĂšre et intĂ©grĂ©es Ă des aires protĂ©gĂ©es. En consĂ©quence, plusieurs communautĂ©s baka ont Ă©tĂ© contraintes de quitter leurs terres traditionnelles et trĂšs rares sont celles qui maintiennent encore un style de vie nomade purement traditionnel. Plusieurs vivent dans des campements Ă©tablis le long des routes, oĂč elles sont gĂ©nĂ©ralement victimes de discrimination et dâatteintes aux droits humains de la part de la sociĂ©tĂ© dominante et oĂč elles sont confrontĂ©es Ă dâimmenses problĂšmes en matiĂšre de pauvretĂ© et dâaccĂšs Ă une alimentation suffisante et aux services essentiels. Les droits fondamentaux des peuples autochtones du monde â y compris ceux des Baka â sont protĂ©gĂ©s par des conventions et des dĂ©clarations des Nations Unies, ainsi que par la Charte africaine des droits de lâHomme et des peuples. Celles-ci ne sont toutefois pas mises en Ćuvre au Cameroun et il nâexiste aucune lĂ©gislation nationale assurant la protection des droits des peuples autochtones. Il nâexiste non plus aucun programme gouvernemental visant spĂ©cifiquement Ă soutenir les moyens de subsistance des Baka, qui sont essentiellement laissĂ©s Ă eux-mĂȘmes â avec un peu dâaide de la part dâONG du Cameroun. Ce rapport, publiĂ© conjointement par IWGIA, le Plan Finlande et le Plan Cameroun, analyse la situation des moyens de subsistance et des droits humains du peuple Baka et apporte des recommandations dâaction. Nous espĂ©rons que ce rapport constituera un ouvrage de rĂ©fĂ©rence utile pour les communautĂ©s baka, le gouvernement du Cameroun, les organisations non gouvernementales et la communautĂ© internationale des droits humains, et quâil contribuera Ă promouvoir les droits des Baka dans la prise de dĂ©cisions futures Ă tous les niveaux de la sociĂ©tĂ©.
DROITS ET MOYENS DE SUBSISTANCE DES PEUPLES AUTOCHTONES DANS LE SUD-EST DU CAMEROUN
Aili PyhÀlÀ INTERNATIONAL WORK GROUP FOR INDIGENOUS AFFAIRS