Transport Routier January + February 2020

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Dans l’atelier

Gagner la guerre des Ă©missions La rĂ©duction des Ă©missions de CO2 doit passer par une pensĂ©e radicale et une profonde rĂ©flexion. Chris Guerrero, directeur du marketing mondial du transport chez Shell Lubricants, nous livre quelques statistiques surprenantes sur la soif d’énergie dans le monde. La demande mondiale d’énergie devrait plus que doubler d’ici 2050, alors que la population totale atteindra 9 milliards de personnes, a-t-il soulignĂ© lors d’un exposĂ© au Texas A&M’s Transportation Institute. À lui seul, le transport devrait nĂ©cessiter 70 % plus d’énergie au cours de la mĂȘme pĂ©riode. «Ce sont les gros camions qui ont tendance Ă  ĂȘtre surreprĂ©sentĂ©s en termes d’émissions de CO2», a-t-il ajoutĂ©, prĂ©cisant qu’ils sont responsables de 40 % des Ă©missions du transport routier en gĂ©nĂ©ral. «Toutes ces choses que nous considĂ©rons prĂ©sentement comme un dĂ©fi Ă  relever ne feront que s’accentuer Ă  l’avenir.» Mais il n’y a pas de solution unique. Shell explore ainsi un large Ă©ventail de sources de carburant, et mĂȘme le rĂŽle qu’elle jouera dans les nouveaux camions Ă©lectriques qui fonctionnent avec des batteries ou des piles Ă  combustible. PlutĂŽt que d’attendre un «avenir parfait», de nombreux gains peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s grĂące Ă  des changements relativement mineurs, a soulignĂ© M. Guerrero. Si tous les camions autoroutiers aux États-Unis amĂ©lioraient leur consommation de carburant de seulement 1 %, 8,23 milliards de livres de CO2 serait Ă©vitĂ©es par l’industrie en un an. AprĂšs tout, brĂ»ler un gallon de diesel amĂ©ricain Ă©quivaut Ă  22,38 livres de CO2. NĂ©anmoins, certains gains liĂ©s aux Ă©missions nĂ©cessiteront une pensĂ©e radicale – c’est-Ă -dire pousser l’industrie du camionnage vers des carburants comme le gaz naturel ainsi que vers les vĂ©hicules Ă©lectriques Ă  batterie et les piles Ă  combustible.

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TRANSPORT ROUTIER

VĂ©hicules Ă©lectriques Ă  batterie et Ă  hydrogĂšne Les organismes de rĂ©glementation auront Ă©galement un rĂŽle Ă  jouer, selon David Tsui, gestionnaire de projet – Ă©nergie chez Kline and Company. M. Tsui souligne que les gouvernements du monde entier exigent une rĂ©duction des Ă©missions de CO2. En plus des rĂšglementations en vigueur au Canada et aux États-Unis, l’Europe est sur le point de passer Ă  sa prochaine gĂ©nĂ©ration de normes Euro 6, tandis que la Chine se prĂ©pare pour China 6. L’Allemagne veut un million de vĂ©hicules Ă©lectriques sur la route d’ici l’annĂ©e prochaine, et la Chine a ses propres projets pour promouvoir des vĂ©hicules «nouvelle Ă©nergie», a-t-il ajoutĂ©. Alors que les options de propulsion plus propre comprennent un peu de tout, du gaz naturel aux carburants synthĂ©tiques en passant par l’hydrogĂšne, les vĂ©hicules Ă©lectriques Ă  batterie semblent avoir un avantage indĂ©niable. «Les diffĂ©rents gouvernements mondiaux en sont trĂšs fortement responsables. Ils sont tous derriĂšre les vĂ©hicules Ă©lectriques Ă  batterie», a expliquĂ© M. Tsui, mentionnant notamment les incitatifs disponibles. Le Canada pourrait connaĂźtre l’un des changements les plus rapides dans cette direction. Selon une Ă©tude menĂ©e par la firme Kline, un vĂ©hicule commercial canadien sur quatre – en particulier du cĂŽtĂ© des vĂ©hicules plus lĂ©gers – fonctionnera Ă  l’électricitĂ© d’ici 2040. «Une fois que l’infrastructure sera en place, vous commencerez Ă  voir la tendance s’accentuer», de dire M. Tsui, Ă  propos de l’autonomie qui est appelĂ©e Ă  s’amĂ©liorer au cours des deux prochaines dĂ©cennies.

Les piles Ă  combustible vont-elles tomber Ă  l’eau? Les piles Ă  combustible semblent prometteuses, mais le matĂ©riel Ă  base d’hydrogĂšne n’est pas largement dĂ©fendu par les gouvernements, a dĂ©clarĂ© M. Tsui. Les vĂ©hicules Ă©lectriques Ă  batterie peuvent Ă©galement puiser dans un rĂ©seau Ă©lectrique existant. Les systĂšmes hydrogĂšne-Ă©lectriques doivent commencer Ă  partir de zĂ©ro. «Ça pourrait devenir populaire ou pas», a-t-il dit. «Il est possible que ça tombe Ă  l’eau.» L’hydrogĂšne offre des temps de ravitaillement plus rapides et permet de stocker de l’énergie pour de plus longs trajets, a expliquĂ© Mike Roeth, du North American Council for Freight Efficiency. Mais il a Ă©galement reconnu qu’il est inefficace d’utiliser de l’électricitĂ© pour produire de l’hydrogĂšne, lequel est stockĂ© comme carburant et chargĂ© sur un camion pour produire, en fin de compte
 de l’électricitĂ©. Son organisation rapporte que les camions de poids moyen seront les premiers Ă  s’électrifier, et il pense Ă©galement que l’autonomie des vĂ©hicules n’est peut-ĂȘtre pas aussi problĂ©matique qu’on pourrait croire. Alors que les entreprises en dĂ©marrage ont tendance Ă  surestimer ce que leurs technologies peuvent faire, des fabricants d’équipement Ă©tablis pourraient promettre moins et surpasser les attentes en matiĂšre d’électrification. M. Roeth a donnĂ© en exemple le transporteur NFI, qui a exploitĂ© un eCascadia dont l’autonomie promise Ă©tait d’environ 240 km. La flotte a rĂ©ussi Ă  lui faire effectuer deux voyages aller-retour vers un port, parcourant 354 km avec une seule charge. De nombreux avertissements clignotaient sur le tableau de bord, mais il a rĂ©ussi Ă  rentrer. «C’est un point de donnĂ©es», a dĂ©clarĂ© M. Roeth, «mais ça porte Ă  rĂ©flexion.»

Économie de carburant et la lutte contre le CO2 La lutte contre les Ă©missions de CO2 comprendra Ă©galement les moteurs Ă  combustion interne, alors que les designs amĂ©liorent l’économie de carburant. «Le diesel n’est pas fini», de dire M.


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