

INCARNAT
VINCENT BEAURIN
Sur l’aile d’un papillon ou le plumage d’un oiseau, une « ocelle » est une tache ronde dont le centre et le pourtour sont de couleurs différentes. Pour Vincent Beaurin, ce terme donne son nom à une série emblématique de sa pratique et de ses recherches pour, simultanément, mettre à nu et sublimer les phénomènes optiques et picturaux. Dans ces œuvres, notre regard passe, avec souplesse, de l’intérieur à l’extérieur, de la surface à la profondeur du champ, de la peinture à la sculpture, de la couleur à la sensation. La texture des œuvres, leur éclat, leurs vibrations changent selon les perspectives de notre regard et de notre corps. Leur couleur et leur apparence varient en fonction de notre positionnement et du rapprochement des œuvres entre elles. Le vaste champ chromatique s’ouvre à nous avec intensité.
Ocelle, 2022
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 71 cm × 10 cm


Ocelle, 2022
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 71 cm × 10 cm


Ocelle, 2022
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 71 cm × 10 cm


Ocelle, 2022
Polystyrène, époxy, paillette de verre, paillette d’ardoise
Ø 71 cm × 10 cm


Dais , 2022
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 40 cm × 32 cm


Ocelle, 2022
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 71 cm × 10 cm


Ocelle, 2022
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 71 cm × 10 cm


Ocelle, 2022
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 71 cm × 10 cm

Ocelle, 2022
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 71 cm × 10 cm
PEINDRE LA COULEUR
Clément Dirié
Oui, Vincent Beaurin peint. Peut-être même n’a t-il jamais fait que cela, peindre ? À sa manière, avec du polystyrène et des paillettes de verre. À sa manière, qui est celle d’un sculpteur et d’un créateur de formes et d’environnements en trois dimensions. À sa manière, celle d’un artiste pour qui priment avant tout l’élaboration d’une surface chromatique texturée et la recherche d’une relation entre les couleurs, entre l’œuvre et le spectateur, entre le regard, l’espace et le corps.
Oui, Vincent Beaurin, connu pour ses Spots et ses Ocelles , s’est décidé à exposer de « simples » peintures qu’il présente accompagnées d’éléments tridimensionnels et désigne sous le titre d’Organismes Leurs légendes précisent qu’elles sont « en cours ». L’association de ces peintures à l’huile et de ces éléments, la plupart du temps placés sous les toiles – un entablement éblouissant de jaune, un trio de dômes pailletés, une frise bleue soulignée de violet –, constitue sa dernière expérimentation pour abstraire la couleur des circonstances et des symboliques du réel et lui rendre puissance et autonomie.
Chaque tableau présente des caractéristiques communes : le format vertical d’une fenêtre, l’apaisement d’une forme accueillante1 , son inscription dans une toile à sa mesure qui l’insère tout en la laissant respirer – notamment grâce aux filets blancs latéraux où s’engouffre le souffle de l’air –, un mode identique de recouvrement par couches successives, obtenu par le balayage des trois couleurs primaires (jaune, rouge et bleu) aboutissant à des surfaces plus ou moins chaudes ou froides. Chaque Organisme exprime alors une solution chromatique singulière au sein de laquelle l’œil se déplace : de la bordure vers l’intérieur et de l’intérieur vers la bordure, le temps passé à la surface de l’œuvre amplifiant notre capacité optique et mentale de saisie, notamment à l’endroit de la frange, surface vibrante où les pigments se sont accumulés pendant l’opération de peinture. Dans un essai récent qui synthétise ses recherches en cours tout en décrivant certaines de ses sensations fondatrices, Vincent Beaurin précise sa vision de la couleur : « … le jour où las et par dépit, dans un tableau primitif, je me laissais conduire par la couleur sans plus me soucier de l’image ni de l’histoire. J’accédais presque par hasard à une matière première infinie, comme l’eau, la mer. 2 »
Cette expérience cruciale d’apparition de la couleur, vécue par abandon, presque comme un rapt, le conduit à l’envisager non plus comme un élément décoratif, comme le moyen de remplir un espace déjà dessiné, mais bien comme un agent actif, émancipé, une réalité dynamique qui s’impose d’elle-même. Ce que le titre du même essai confirme de manière emblématique,
1. Les Organismes (2019-2022) suit la série des « NUN » (depuis 2018) dans laquelle Vincent Beaurin recourt, pour la première fois, à la figure humaine. Ils sont également une manière d’évoquer l’échelle du corps humain, mieux de convoquer celui-ci dans l’expérience de la couleur.
2. Vincent Beaurin , La Couleur perçoit, Paris, 2022, p. 5.
en renversant les rôles assignés à la couleur et au spectateur : La Couleur perçoit, ou comment faire de celle-ci le principe directeur d’une pratique. En un sens, face aux Organismes de Vincent Beaurin, nous nous retrouvons face à des palettes non pas accidentelles et sorties du tube mais pleines et incarnées, apaisantes et incommensurables 3. Nous sommes face à cette confirmation : la profondeur de la couleur, son épaisseur ne sont en aucun cas dues à son application sur un volume ; cette plénitude lui est intrinsèque.
Les Organismes que révèlent aujourd’hui Vincent Beaurin, élaborés depuis 2019 au sein de son atelier, procèdent également d’une autre recherche : poursuivre la remise en jeu des catégories « traditionnelles » de l’expérience esthétique que l’artiste développe depuis ses débuts en ne considérant jamais le socle, le cadre ou l’accrochage de l’œuvre comme des éléments figés. Ici, en proposant des « tableaux sur piédestaux », des « tableaux augmentés », il explore la réunion des vocabulaires pictural et sculptural pour approfondir l’importance de l’effet de réciprocité dans son œuvre. Principalement exprimée par le rapport des couleurs entre elles, selon le principe que chaque couleur appelle visuellement sa réciproque, à la manière de l’ombre et de la lumière, ce principe créateur est désormais mis également en pratique par l’échange et la tension que provoque l’articulation entre surface et volume, entre matérialisations chromatiques (la peinture à l’huile ou la paillette de verre), entre processus de cristallisation (balayage et recouvrement, juxtaposition et contraste) ; et ceci, non pas en vue de créer des harmonies mais du mouvement, du fragile, de la perception.
De la palette à la peinture, et réciproquement. De la peinture à la sculpture, et réciproquement. De la lisière au cœur, et réciproquement.
Tels sont les chemins proposés par les Organismes de Vincent Beaurin, nouveau chapitre de ses recherches au plus près de l’expérience des couleurs.
3. En pensant au titre Incarnat de cette publication publiée à l’occasion de l’exposition de Vincent Beaurin à la Strouk Gallery en mai-juin 2022, j’aimerais aussi écrire que nous nous retrouvons face à des peaux, des carnations de peinture, que celles-ci soient incarnate – entre le rouge cerise et le rose – ou autres.
Organisme, 2019-2022
Huile sur toile
Polystyrène, époxy, paillette de verre
180 × 89 cm
Œuvre en cours

Organisme, 2019-2022
Huile sur toile
Polystyrène, époxy, paillette de verre
180 × 89 cm
Œuvre en cours

Organisme, 2019-2022
Huile sur toile
Polystyrène, époxy, paillette de verre
180 × 89 cm
Œuvre en cours

Organisme, 2019-2022
Huile sur toile
Polystyrène, époxy, paillette de verre
196 × 120 × 10 cm
Œuvre en cours

Organisme, 2019-2022
Huile sur toile
Polystyrène, époxy, paillette de verre
180 × 89 cm
Œuvre en cours

Organisme, 2019-2022
Huile sur toile
Polystyrène, époxy, paillette de verre
192 × 101 × 8 cm
Œuvre en cours


Organisme, 2019-2022
Huile sur toile
Polystyrène, époxy, paillette de verre
192 × 101 × 8 cm
Œuvre en cours

Les œuvres de Vincent Beaurin sont des témoins, tranquilles, telluriques, rayonnants.
Depuis ses recherches des années 1990 – d’abord comme designer et créateur d’objets puis, résolument, comme artiste plasticien –, il s’agit pour lui de créer des formes qui expriment son monde et le transmettent. Son monde – comme l’est notre monde à tous – n’est ni figuratif ni abstrait, ni décoratif ni spéculatif, ni futile ni utile : il est tout cela à la fois, chargé d’une puissance qui ne demande qu’à s’exprimer, irradier et imprégner notre rétine. Une imprégnation qui trouble nos perceptions des limites et des étant-donnés, permettant l’avènement d’un espace, plus fluide que les œuvres, où s’échangent leurs forces et celles qui les entourent, et d’un temps, plus vaste que leur observation, grâce à leurs potentiels optiques et aux « images d’après ». Évidemment, je pense ici aux séries des Spots et des Ocelles, spectres chromatiques aux variations infinies, et aux « tableaux » en nid d’abeille aluminium, mais également aux précieuses statuettes, aux sculptures hybrides, aux « momies debout » de la série « NUN », aux divinités excentriques et aux totems monumentaux que Vincent Beaurin érige, de plus en plus, hors des espaces traditionnels de l’art ( Arch, Maldives, 2013 ; Fleur, 2014, pour le spectacle Al Hamra ; Tree of Life, Kuala Lumpur, 2015-2016 ; Quiero, Majorque, 2017). Toutes respirent quelque chose de l’ordre du sacré mais un sacré ouvert, panthéiste, magicien, où l’infiniment grand et l’infiniment petit ne font qu’un, où les muses sont les couleurs, les disciples psalmodient les théories des couleurs, les mystiques se nomment Michel-Eugène Chevreul, Johann Wolfgang von Goethe et Paul Cézanne.
Les œuvres de Vincent Beaurin sont des instruments de mesure, du proche et de l’inatteignable, de l’homme et du paysage, du trouble et de l’histoire de l’art.
Venu de l’artisanat par sa formation de ciseleur à l’École Boulle, reconnu comme designer pour sa collection Noli me tangere (1994) et ses collaborations avec la Galerie Néotù, Andrée Putman et Alessandro Mendini, Vincent Beaurin accorde une importance cruciale à la justesse des formes et à la complétude de leur réalisation, conférant à ses œuvres une certitude assurée, quelles qu’en soient leurs dimensions. Cette certitude, cette évidence, c’est celle procurée par un langage plastique pré-sémiotique : les couleurs ne sont ni signalétiques ni symboliques mais émotionnelles et atmosphériques ; les formes ne sont pas complexes mais élémentaires et organiques ; le sens n’est jamais transcendant mais immanent. Tout est là, donné à voir, manifeste, comme au petit matin d’un jour de canicule ou au lendemain mouillé d’un orage grandiose. Les paysages, les climats, le monde minéral, le cycle du soleil forment l’horizon d’un artiste de la contemplation qui réconcilie dans ses œuvres peinture et sculpture, surface et volume, textures et contours, présence à soi et réflexion sur l’espace. Car il ne s’agit pas seulement de créer, il faut également montrer, organiser l’articulation des œuvres entre elles au sein de dispositifs qui les
révèlent, les mettent en relation et leur permettent d’englober le spectateur, de le dépasser pour mieux le piéger et l’intégrer (Yanomami, l’esprit de la forêt, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2003 ; The Fun of The Past, Mudam, Luxembourg, 2006 ; Avant la panique, Crédac, Ivry-sur-Seine, 2006 ; Le Spectre, Atelier Cézanne, Aix-en-Provence, 2010 ; Couronne, 2013 ; État alchimique, Fondation Brownstone, Paris, 2017 ; Hand-made colour sculptures: some are paintings, some are statues, Musée national de Céramique, Sèvres, 2017 ; Show show, Galerie Julien Cadet, Paris, 2019). Il s’agit également de favoriser la remise en jeu des catégories « traditionnelles » de l’expérience esthétique : le socle, le cadre, la couleur, l’univocité, l’œuvre et son hors-champ, comme le démontre le corpus récent des « Organismes » (2019-2022) où chaque toile, présence apaisante à l’échelle de nos corps, ne se perçoit que dans un échange dynamique avec l’élément tridimensionnel qui l’accompagne, formant ainsi un organisme ouvert et vibrant.
Les œuvres de Vincent Beaurin sont des intermédiaires, légers, sentimentaux, résistants.
Jamais lisses, parfois abruptes, toujours physiques, elles sont comme ces osselets, silex et cailloux qui, parfois, surgissent à leurs surfaces et que nous aimons manipuler au creux de nos mains. Memento vivi. Elles nous demandent d’être là et de nous situer, de s’abstraire de notre monde liquide pour établir une zone de contact à investir physiquement et sensuellement, en état d’introspection et d’écoute. Elles offrent pour cela une harmonie poudrée, un calme intense, une sérénité vigoureuse, celle bien sûr de l’alchimiste mais surtout celle d’un artiste aspiré par une quête radicale : celle de la mise à nu des phénomènes optiques et picturaux, des correspondances et des synesthésies, d’un état sincère du monde et de l’art.




Ocelle, 2021
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 71 cm × 13,5 cm
Ocelle, 2021
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 71 cm × 13,5 cm




Ocelles , 2021
Triptyque
Polystyrène, époxy, paillette de verre
Trois fois Ø 71 cm × 13,5 cm






Harrisson, 2021
Polystyrène, époxy, paillette de verre, sable de marbre
55 × 42 × 20 cm



Passuk , 2021
Polystyrène, époxy, paillette et bille de verre, sable de marbre
90 × Ø 40 cm
Socle : bois, Betacryl
100 × 38 × 38 cm

Sparks , 2019
Vingt-deux fois Ø 71 cm × 13,5 cm
Collection Cheval Blanc Randheli, LVMH, atoll de Noonu, Randheli, Maldives
Polystyrène, époxy, paillette de verre



Rachael + Deckard, 2019
Lumière sodium, paillette de verre
Musique : Ghost Violin, 2018 par Solrey
Installation produite par la galerie
Julien Cadet et Galilea Music, Paris
Mutatio, 2019, vue d’exposition
Commissaire : Franck James Marlot
Show show, 2019
Une splendide exposition, sans enseigne ni comptoir
Appréciable 24 / 24
Lumière sodium, paillette de verre
Invitée : Monika Kim Garza. Vue d’exposition, Galerie Julien Cadet, Paris

Stèle, 2020
Polystyrène, époxy, paillette de verre, bois, Corian
144,5 × 39 × 40 cm




Statue NUN , 2020
Stèle, 2020
Polystyrène, époxy, paillette de verre, bois, Corian 144,5 × 39 × 40 cm
Ocelle, 2020
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 71 cm × 13,5 cm
Polystyrène, époxy, paillette de verre, bois, Corian 147 × 39 × 48,5 cm




Statue NUN , 2018
Polystyrène, époxy, paillette de verre, bois laqué
180 × 47,5 × 49,5 cm


Statue NUN , 2018
Polystyrène, époxy, sable de marbre, paillette de verre, bois laqué
180 × 47,5 × 49,5 cm

Statue NUN , 2018
Polystyrène, époxy, paillette de verre, bois laqué
180 × 47,5 × 49,5 cm



Natif, 2018
Polystyrène, époxy, paillette de verre 22 × 28 × 15 cm
Téton, 2019
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 55 cm × 24 cm




Statue NUN , 2018-2020
146,5
Collection du Fonds national d’art contemporain
NUN, 2020
Ø
Polystyrène, époxy, paillette de verre, bois, Corian
× 39 × 40 cm
Ocelle
Polystyrène, époxy, paillette de verre
71 cm × 13,5 cm

Spots couleurs , 2016 et Ocelles , 2017
Polystyrène, époxy, paillette de verre
Quatre fois Ø 71 cm × 13,5 cm
Collection particulière, Paris
Vue d’exposition, Maab Gallery, Milan, Italie, 2018
Commissaire : Domenico de Chirico
NUN





Sérapis , 2018
Polystyrène, époxy, paillette de verre
73 cm × Ø 36 cm
Ocelles , 2018
Polystyrène, époxy, paillette de verre Ø 71 cm × 13,5 cm
165 × 235 × 175 cm


Horus, 2016
Polystyrène, époxy, paillette de verre
57 × 45 × 38 cm
Collection particulière, Majorque, Îles Baléares, Espagne
Collection de l’artiste

Quiero, 2017
Matériau composite, cuivre, béton armé



Tree of Life, 2015-2016
Matériau composite, cuivre, béton armé
5 m × Ø 3,40 m
Collection particulière, Kuala Lumpur, Malaisie





Yoga, 2013
Tilleul, polystyrène, époxy, sable de marbre
34 × 35 × 21,5 cm
Collection de l’artiste
Arch, 2013
5,55 × 3,50 m
Spectre chromatique de Couronne, 2013
Sable de marbre et de quartz
Matériau composite, cuivre, béton armé 4,20 ×
Collection Cheval Blanc Randheli, LVMH, atoll de Noonu, Randheli, Maldives


Couronne, 2013
Matériau composite, sable de marbre et de quartz
Quarante six fois Ø 71 cm × 13,5 cm
Vue d’exposition, galerie Laurent Godin, Paris, 2013
Couronne, 2013
Villa Cheval Blanc Randheli
Collection Cheval Blanc Randheli, LVMH, atoll de Noonu, Randheli, Maldives



Grotesque, 2016
Polystyrène, époxy, bille de verre, paillette de verre
86 × 56 × 52 cm
L’Expérience de la couleur
Vue d’exposition, Musée national de la céramique, Sèvres, 2017
Commissaire : Frédéric Bodet
Tableau, 2013
Matériau composite, sable de marbre, résidu de hauts-fourneaux 27 × 46 × 3 cm
Collection Didier Grumbach

et de la
Al Hamrã
Invité : Justin Godfrey
New Settings Festival #4, Théâtre de la Cité internationale, Paris, 2014
Une production de Lebeau & associés
Fondation Hermès
Fleur, 2014
Matériau composite, bille de verre Ø 400 cm × 80 cm




-60’ , 2014
Matériau composite, bille de verre
115 × 166,5 × 2,5 cm
Collection de l’artiste
360°, 2014
Inox, matériau composite, bille de verre
Ø 250 cm × 13 cm Vue d’atelier



, 2016
30
Collection de l’artiste
Statue, 2015
Statue
Polystyrène, époxy, bille et paillette de verre
× 32 × 22 cm
Polystyrène, époxy, sable de marbre
26 × 37 × 16 cm



Statue, 2016
Polystyrène, époxy, sable de marbre, paillette de verre
33 × 21 × 32 cm
Nuage, 2016
Polystyrène, époxy, sable de marbre, paillette de verre
32 × 33 × 23 cm
Statue, 2016
Polystyrène, époxy, sable de marbre, paillette de verre
31 × 43 × 32 cm

Triptyque bleu, 2011
Polystyrène, sable de marbre, résidu de hauts-fourneaux
Trois fois Ø 66 cm × 22 cm
Collection Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou



La nuit des Gobelins , 2015-2016
370 × 410 cm
Djinn, 2007
Polystyrène, sable de marbre
225 × 100 × 150 cm
Basilic, vue d’exposition, galerie Frédéric Giroux, Paris, 2007
Scytale, 2007
Polystyrène, sable de marbre
180 × 55 × 72 cm
Collection Gilbert Brownstone
Tapisserie basse lice de la manufacture de Beauvais
Laine et soie
Commande du Mobilier national

Marlydes , 2008
Bois, matériau composite, paillette d’ardoise 239 × 18 cm et 243 × 18 cm Collection particulière, Belgique
Scintille, avec Alessandro Mendini, vue d’exposition, Circuit, Lausanne, Suisse, 2009


Le Spectre
Dans l’atelier de Cézanne
Vues d’exposition, Aix-en-Provence, 2010
Spot vert orange, 2010
Polystyrène, époxy, sable de marbre
Ø 100 cm × 25 cm
Collection particulière, Paris
Èdre, 2010
Polystyrène, époxy, sable de marbre, résidu de hauts-fourneaux
109,5 × 51 × 29 cm
Collection particulière, Luxembourg


Albra, 2009
Polystyrène, époxy, sable de marbre
44 × 98 × 21 cm
Collection Fonds Départemental d’Art Contemporain de l’Essonne
Culte Vue d’exposition, galerie Frédéric Giroux, Paris, 2009
Spot vert jaune, 2009
Polystyrène, époxy, sable de marbre Ø 77 cm × 17 cm
Veni, Vitti, Vidi, 2009
Polystyrène, époxy, sable de marbre
86 × 75 × 62 cm
103 × 85 × 55 cm
124 × 73 × 73 cm



Enseigne chien pont de singe, 2006
Polystyrène, vinyl, paillette de polyester
90 × 93 × 450 cm
Collection particulière, Paris
Avant la panique or the New Tate at Ivry Credac, Ivry-sur-Seine, 2006
Commissaire : Claire Le Restif
Enseigne Pan, 2006
Polystyrène, vinyl, paillette de polyester
275 × 80 × 130 cm
Avant la panique or the New Tate at Ivry Credac, Ivry-sur-Seine, 2006
Commissaire : Claire Le Restif
The fun of the past, 2006
Polystyrène, paillettes, silex, banc d’école, ampoule sodium 340 × 1200 × 695 cm
Collection musée d’Art moderne Grand-Duc Jean, MUDAM, Luxembourg


Enseignes , 2003
matériaux et dimensions variables
Collection Alain Casiraghi, Londres Vue d’installation, Yanomami, l’esprit de la forêt, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2003
Bastet, 2012
Figure et console
Polystyrène, bois, sable de quartz
130,5 × 56 × 62 cm
Collection particulière, Los Angeles, États-Unis

52 × 34,5 × 34,5 cm
LSD, 2010
Polystyrène, sable de marbre, résidu de hauts-fourneaux
Collection Christian Dior Couture


Animal sans tête, Manège, Montagne, 2002
Polystyrène, crépi acrylique, dimensions variables
Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain
Fragilisme, vue d’exposition, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2002
Mémoires Vives, 1984-2014 : 30 ans d’Histoires
David Hammons, The Mask , 1997, Vincent Beaurin, Animal sans tête, 2002, Mario Merz, Tartaruga, 1975, vue d’exposition, 2014
Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris
NOTES SUR L’ATELIER, OU LA FABRIQUE DU CONTRASTE
Clément Dirié
Quand je rencontre Vincent Beaurin – je veux dire, là où je le rencontre le mieux –, c’est dans son atelier de la rue de l’Ourcq. Il y est au milieu de ses œuvres : celles accrochées au mur, destinées à être partagées ce jour-là, à faire l’objet d’une conversation, et celles qui sont en cours, placées en périphérie, pas tout à fait cachées, dont il ne sera pas vraiment question. (Et il y a également les œuvres terminées depuis un moment, en attente d’une exposition, d’un rangement ou d’un transport, présences singulières, presque étrangères, puisqu’elles sont revenues à l’atelier après avoir connu le monde extérieur.)
Il y a quelque chose de « sacrilège », peut-être, à voir des œuvres de Vincent Beaurin non encore finies, c’est-à-dire non encore « colorées », à l’état de formes et de structures blanches, avant la couleur. Quelque chose d’indécent sans doute, à découvrir les essais d’assemblage et les traces du travail en cours, à se perdre dans la variation des boites emplies de paillettes, à ne pas pouvoir s’empêcher de fureter à l’affut d’un détail, d’une piste, d’un matériau. Mais quelque chose de fertile aussi puisque si l’art de Vincent Beaurin met indéniablement une dynamique en action, c’est celle de la relation, de l’articulation, du contraste – sans doute l’un de ses mots préférés. Dans l’atelier, l’effet de contraste, volontaire et involontaire, est omniprésent puisque c’est le lieu où la sélection va avoir lieu, où elle a lieu, avec et, parfois, sans l’artiste. À chaque visite, en fonction du « menu du jour », je redécouvre des œuvres précédemment présentes mais porteuses, par la grâce d’un arrangement inédit de l’atelier, d’une nouvelle sensation, d’un nouveau contraste.
Ce mouvement de va-et-vient, cette sollicitation inhérente à l’atelier à se mouvoir entre distanciation et immersion, cette manière particulière d’appréhender les œuvres, c’est ce qu’éprouve Vincent Beaurin chaque soir en sortant de l’atelier. Sur le chemin qui le reconduit chez lui – le plus souvent, dans l’univers sourd du métropolitain parisien –, il regarde les images du jour. C’est une partie de ces arrêts sur image qu’il nous donne à voir dans les pages qui suivent. Ils sont présentés chronologiquement : de la page blanche de l’aménagement du nouvel atelier en 2014 aux derniers instantanés d’avril 2022, ultimes essais d’accrochage avant que les œuvres ne rejoignent les murs de la galerie. À les observer, me reviennent ces lignes rédigées en 2019 par Vincent Beaurin, dans l’un de ses textes écrits pour son propre usage : « Mon travail m’a toujours donné assez de satisfaction et de plaisir pour continuer à le faire. Quotidiennement, il me permet de sortir de moi-même. Jamais je n’ai prétendu l’inspiration ni ne me suis regardé dans mon travail et encore moins identifié à lui. Mais aujourd’hui, plus qu’expérimenter le dispositif que j’élabore, je me projette dedans. Je m’implique dans un face à face avec moi-même, dans l’à vif de ma respiration ». Cette implication dans le travail, ce « contraste » chaque jour renouvelé entre l’artiste et son œuvre, ils ont lieu, d’abord et avant tout,
dans l’atelier. À les observer, ces planches d’illustrations permettant la saisie quotidienne d’une œuvre en développement, jaillit également l’idée que l’artiste nous offre ainsi non pas sa théorie des couleurs – celle qu’il met résolument au point année après année – mais sa « pratique des couleurs », au plus près de la respiration des œuvres.
À parcourir le reportage que Vincent Beaurin nous propose de ses activités rue de l’Ourcq, en nous permettant de voir ce qu’il voit lorsqu’il regarde son travail en cours, nous percevons le remplissage progressif de l’atelier et la stratification des séries, le regard d’un artiste qui essaye de comprendre comment la couleur s’exprime et se diffuse, le passage des rayons du soleil, le besoin d’alterner gros plans et vues d’ensemble, l’explosion des couleurs et la recherche des formes, le désir de garder trace d’une épiphanie chromatique, la mise au point des structures et le jeu sur les échelles, la manière dont les couleurs des cieux et des nuées s’imposent certains jours irrémédiablement, les opérations d’emballage et de nettoyage, les rapprochements que l’artiste se permet juste pour la prise de vue photographique – bref la vie de l’atelier avec ses routines et ses fulgurances, ses expérimentations, ses contingences et ses visiteurs. Il y a donc une certaine indécence à nous dévoiler tout cela mais je crois aussi, surtout, une réelle franchise, une vraie générosité et une confiance décisive en ce que nous, voyeurs devenus complices, percevons de cette fabrique quotidienne du contraste.







Mangouste, 2015
Polystyrène, époxy, paillette de verre
60 × 30 × 11 cm






Collection particulière
Statue, 2015
Polystyrène, époxy, paillette de verre
20 × 23 × 13 cm

Statue, 2017
Polystyrène, époxy, sable de marbre, paillette de verre
35 × 34 × 19 cm





Oiseau bleu, 2017
Polystyrène, époxy, paillette de verre
40 × 29 × 24 cm
Socle : bois, Betacryl
105 × 31 × 31 cm










Perdika, 2019
Polystyrène, époxy, paillette de verre
38 × 41 × 27 cm

Vers uni, 2019
Polystyrène, époxy, paillette de verre
35 × 44 × 36 cm











Console, 2018
Polystyrène, époxy, bille de verre, paillette de verre
42 × 26 × 25 cm

Console, 2020
Polystyrène, époxy, paillette de verre, résidu de hauts-fourneaux
60 × 25 × 20 cm







Anecdote cycladique, 2020
Polystyrène, époxy, paillette de verre
Ø 50 cm × 40 cm







PHOTOGRAPHIES
Sonia Beaurin : pp. 12–13, 16–19, 38–45, 48, 63, 64, 66, 67, 68–71, 72, 74, 76–79, 82, 86, 89, 98, 99, 104, 105, 110, 111, 120, 121, 132, 133, 140, 141
Vincent Beaurin : pp. 92–97, 100–103, 106–109, 112–119, 122–131, 134–139, 142–147
Grégory Copitet : pp. 51–59, 60, 61, 62, 63, 67, 73, 74, 80–81, 84, 85, 87, 88
Sylvain Deleu : pp. 5–11, 14, 15, 23, 25, 27, 29, 31, 33, 34, 35
Marc Domage : p. 75
David Gagnebin de Bons : p. 83
Patrick Gries : pp. 46–47, 48, 49, 61, 63, 86, 87, 89
Fabio Mantegna : p. 65
RETOUCHE PHOTOGRAPHIQUE
Valentina Duque J
TEXTES
Clément Dirié
ÉDITION
Sonia Beaurin
GRAPHISME
Atelier C&J
REMERCIEMENTS
Marie Laborde, Serge L’estimé, Baptiste Ozenne et Laurent Strouk
© Vincent Beaurin, membre de l’Adagp, Paris et Strouk Gallery
Achevé d’imprimer en avril 2022 sur les presses d’Agpograf, Barcelone, Espagne Dépôt légal mai 2022
ISBN : 978-23-82031-02-5
Diffusion France et International - In Fine éditions d’art
