Nwww.jeuneafrique.com O 3115 âAOĂT2022 EXCLUSIF MAROC Bienvenue chez les Fassis! CĂTE DâIVOIRE Coke en stock RD CONGO CONTRE-LA-MONTRE SPĂCIAL 24 PAGES Al lemag ne 9⏠⹠Be lg iqu e9 ⏠⹠Ca nad a1 2,9 9$ CA N Es pa gn e9 ⏠⹠Fr an ce 7, 90 ⏠⹠DO M9⏠⹠It al ie 9⏠Mar oc 50 MAD âą Ma ur it anie 20 0M RU âą Pay sBa s9 ,2 0⏠Po rt uga l9 ⏠⹠RD Co ngo 10 US D âą Su is se 15 CHF Tu nisie 8T DN âą TO M1 000 XP F âą Zon eC FA 48 00 FC FA IS SN 19 50 -1 28 5 AccusĂ© de corruption en RD Congo et sanctionnĂ© par les Ătats-Unis, le milliardaire israĂ©lien proche de Joseph Kabila cultive le secret. GrĂące Ă des documents inĂ©dits et aux confessions de lâintĂ©ressĂ©, JA perce le mystĂšre de ce magnat du cuivre,ducobalt et du diamant. : H I K L T D = [ U \ ^ U ^ : ? d @ b b @ p @ k M0 1936 -3 115 F: 7,90 € -R D DAN GERTLER LâHOMME AUX MILLE ET UNE FACETTES
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Ă moins de dix-huit mois des Ă©lections gĂ©nĂ©rales, FĂ©lix Tshisekedi aura-t-il suffisamment de temps et de marges de manĆuvre pour peaufiner son bilan et convaincre les Congolais ? MajoritĂ©, opposition, sociĂ©tĂ© civile, tout le monde pense dĂ©jĂ Ă la prĂ©sidentielle. Contre-la-montre BA Z RA TNER/REUTERS JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 171 POUR TOUT COMPRENDRE DE LâĂVOLUTION DâUN PAYS ENJEUX p. 174 | ĂCONOMIE p. 186 | SOCIĂTĂ p. 200 GRAND FORMAT RD CONGO
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Le sankarisme nâengendrant guĂšre de Sankara, ni le gaullisme de De Gaulle, inutile de scruter la rĂ©cupĂ©ration de la pensĂ©e de Lumumba dans les discours de politiciens souvent nomades. Pourtant, lâĂ©lection Ă la magistrature suprĂȘme est hĂ©las! affaire de casting. Ă moins de dix-huit mois du scrutin, les ambitieux font plus que tourner autour des starting-blocks.
A vec une dent couronnĂ©e pour toute dĂ©pouille de personnalitĂ© aurĂ©olĂ©e celle de Patrice Ămery Lumumba â, la mĂ©tonymie politique dâune procession paĂŻenne a rĂ©veillĂ©, selon bon nombre dâobservateurs, le patriotisme de la jeunesse congolaise. Avec de « profonds regrets » belges en guise dâexcuses et un secrĂ©taire dâĂtat du Saint SiĂšge en guise de pape. Quâimporte, et peut-ĂȘtre tant mieux Mue par un nationalisme frottĂ© dâinternationalisme, lâAfrique francophone contemporaine perdrait Ă laisser le mot ultime de la rĂ©conciliation Ă un ancien colon et lâonction suprĂȘme Ă un souverain pontife, fĂ»t-il sensible Ă la thĂ©ologie de la libĂ©ration.
FĂ©lix Tshisekedi entend bien gagner la prĂ©sidentielle de 2023, tout comme Martin Fayulu, qui considĂšre encore avoir, lui aussi, remportĂ© la prĂ©cĂ©dente. Dans le jeu dâombre et de lumiĂšre de cette prĂ©-prĂ©-cam pagne dansent des silhouettes plus que familiĂšres du Landerneau politique. En attendant de savoir qui aura la possibilitĂ© dâĂȘtre prĂ©sent sur la ligne dĂ©part, un sondage du cabinet dâĂ©tudes Target fixait rĂ©cemment la liste des personnalitĂ©s qui pourraient, en lâĂ©tat actuel de lâopinion, dominer la confrontation suprĂȘme : FĂ©lix Tshisekedi et Martin Fayulu, les mieux placĂ©s au moment des enquĂȘtes, mais aussi MoĂŻse Katumbi, Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Augustin Matata Ponyo. Anticonformiste Quid de visages nouveaux pour un espoir inĂ©dit? Certains ont leur avis sur la question. Ă lâoccasion du 62e anniversaire de lâindĂ©pendance de la RDC, un groupe dâintellectuels congolais appelait Denis Mukwege à « prendre la tĂȘte de ce peuple meurtri » en se prĂ©sentant Ă la prochaine prĂ©sidentielle, quâil lui promettait de remporter « haut la main ». Sâil est plus simple dâobtenir un prix Nobel aprĂšs ĂȘtre passĂ© par la case politique que lâinverse, le parcours trĂšs engagĂ© du gynĂ©co logue nobĂ©lisĂ© lui vaut une popularitĂ© certaine. La RDC a-t-elle pour autant besoin dâun homme providentiel? La virginitĂ© politique est-elle gage de succĂšs? Mukwege, lui-mĂȘme, sera-t-il tentĂ© de franchir le Rubicon, au risque de sây noyer? LâĂ©lectorat rĂ©sistera-t-il, le cas Ă©chĂ©ant, aux rĂ©flexes du clientĂ©lisme et de la prime au sortant? ConfrontĂ© Ă un profil politique anticonformiste, le Congo sâenthousiasmera-t-il pour un illustre praticien comme le Liberia pour un illustre footballeur? Boudera-t-il le brillant mĂ©decin comme le Mali un brillant astrophysicien? Et pour peu quâil soit Ă©lu, « lâhomme qui rĂ©pare les femmes » sera-t-il en mesure de rĂ©parer le pays? Casting, quand tu nous tiens! Lumumba au hĂ©ros Mukwege
Ădito Damien Glez De lâicĂŽne
La RDC a-t-elle besoin dâun homme providentiel? La virginitĂ© politique est-elle gage de succĂšs?
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Une affaire de casting Ă quelques encablures des prochaines Ă©lections gĂ©nĂ©rales, comment transformer lâenthousiasme soulevĂ© par le retour, sur sa terre natale, de Lumumba, martyr soudain redĂ©couvert par la frange jeune et majoritaire de lâimmense RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo? Faudra-t-il se rĂ©soudre Ă voir le lumumbisme inhumĂ© avec son idĂ©ologue, Ă lâheure oĂč des flĂ©aux rĂ©clament plus que jamais un nouveau souffle, entre Ă©pidĂ©mies rĂ©currentes dâEbola et sempiternelles violences dans lâest du pays?
Au palais de la Nation, à Kinshasa, le 20 février JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022174 GRAND FORMAT RD CONGO
ANNA SYLVESTRE-TREINER ENJEUX
Pendant plus de deux heures, ils ont discutĂ© des grands dĂ©fis actuels et de « lamaniĂšredelesrelever ».Onaurait presque pu sây mĂ©prendre, et croire que, face au prĂ©sident, câĂ©tait son directeur de cabinet qui se tenait lĂ .
ARSENE MPIANA/AFP D e grands sourires, une embrassade, et les traits des visages qui ont Ă peine vieilli. Deux annĂ©es ont passĂ©, mais seul le bouc grisĂ© encadrant le visage de Vital Kamerhe rappelle le temps et les Ă©preuves quâil a traversĂ©es depuis sa derniĂšre rencontre avec FĂ©lix Tshisekedi.
Ce mardi 28 juin, dans la nuit kinoise, les deux hommes se sont retrouvĂ©s Ă la CitĂ© de lâUnion africaine pour afficher leur proximitĂ© devant les objectifs, comme si elle nâavait jamais manquĂ© de chavirer
Ălu en 2018 Ă la surprise gĂ©nĂ©rale et assis sur une majoritĂ© friable, le chef de lâĂtat a-t-il des raisons de sâinquiĂ©ter ? FĂ©lix Tshisekedi, seul contre tous?
Pourtant, cinq jours plus tĂŽt, avant que la cour dâappel de KinshasaGombe prononce son acquittement, Vital Kamerhe nâĂ©tait encore quâun prĂ©venu. CondamnĂ© en 2020 Ă dix ans dâinĂ©ligibilitĂ© et vingt ans de prison une peine ramenĂ©e en appel Ă treize annĂ©es de dĂ©tention pour corruption et dĂ©tourne ments de fonds, le patron de lâUnion pour la nation congolaise (UNC) nâa vu son avenir sâĂ©claircir quâen dĂ©cembre 2021 IlestalorslibĂ©rĂ©pour raisons mĂ©dicales, mais des signes laissent dĂ©jĂ entrevoir la possibilitĂ© dâune clĂ©mence de la justice Renvoi dâascenseur Un acquittement fort utile pour le prĂ©sident, Ă un an et demi de la date prĂ©vue de lâĂ©lection prĂ©sidentielle un report de quelque mois est Ă©voquĂ© de façon de plus en plus pressante. Alors que FĂ©lix Tshisekedi a annoncĂ© publiquement son inten tion de briguer un second mandat, Vital Kamerhe lui devenait indis pensable. « Nous nâavons pas encore reçu de consigne formelle, mais tous les signaux vont dans ce sens : sous lâimpulsion de Vital, notre parti va soutenir FĂ©lix en 2023, confie un Ă©lu de lâUNC. Nous nâavons pas dâautre choix. Nous savons quâen Ă©change de lâacquittement de notre leader il faut un renvoi dâascenseur. » Le nom de lâancien prisonnier est dĂ©sormais Ă©voquĂ© pour prendre la tĂȘte du gouvernement en cas de remaniement
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Ă un an et demi de la prĂ©sidentielle, les candidatures dâopposants se multiplient.
Un afflux de prĂ©tendants en somme, alors que les « grands candidats » nâĂ©taient que trois en 2018 les autres sâĂ©taient publiquement dĂ©sistĂ©s ou Ă©taient Ă la tĂȘte de formations plus modestes.
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« En dehors de Vital, seulModesteBahatiLukwebo[leprĂ©sident du SĂ©nat] aurait pu lui assurer des votes dans cette partie du pays. Mais Bahati est trop imprĂ©visible et pas assez fiable. Une fois encore, Vital Kamerhe est chargĂ© dâĂȘtre le faiseur de rois », poursuit lâĂ©lu UNC. Assis sur lâUnion sacrĂ©e, une majoritĂ© friable constituĂ©e en partie par dâanciens du camp Kabila, mal Ă©lu en 2018, et Ă la tĂȘte dâun bilan critiquĂ©, le prĂ©sident a besoin dâassurer ses alliances. Car, face Ă lui, de plus en plus de personnalitĂ©s politiques font acte de candidature. Afflux de prĂ©tendants En mai, fort de la dĂ©cision de la Cour constitutionnelle sâĂ©tant dĂ©clarĂ©e incompĂ©tente pour le juger dans de lourdes affaires de dĂ©tournements de fonds, lâancien Premier ministre de Joseph Kabila, Augustin Matata Ponyo, sâest officiellement lancĂ© dans la course. Martin Fayulu, qui continue de revendiquer la victoire Ă la prĂ©sidentielle de 2018, nâa jamais cachĂ© son intention de se prĂ©senter Ă nouveau en 2023 Adolphe Muzito, son alliĂ© au sein de la coalition Lamuka, a Ă©galement fait connaĂźtre ses ambitions. Il y a aussi les candidatures qui ne sont pas encore dĂ©clarĂ©es mais dont tous se doutent quâelles vont se manifester,Ă commencer par celle de MoĂŻse
« Nous sommes sereins », assure lâun des dirigeants de lâUDPS, qui souligne que la multiplication des candidatures bĂ©nĂ©ficie plutĂŽt Ă lâancien prĂ©sident. « Plus ils sont nombreux face Ă nous, plus les voix de lâopposition sâĂ©parpillent, et plus nous avons de chances dâĂȘtre loin en tĂȘte », calcule-t-il. Alors que le prĂ©sident a renoncĂ© Ă sa promesse de rĂ©former le mode de scrutin en instaurant une prĂ©sidentielle Ă deux tours, recueillir seulement 30 % Ă 35 % des voix pourrait permettre de lâemporter. Bienveillance Certains vont ainsi jusquâĂ Ă©voquer une candidature « tactique » de Jean-Pierre Bemba. « FĂ©lix pourrait encourager son alliĂ© Ă se prĂ©senter. Dâune part, celui-ci prendrait encore quelques voix Ă lâopposition.
PR ĂS I D E NCE
La liste ne sâarrĂȘte pas lĂ , alors quâil reste encore un an et demi pour que les prĂ©tendants se fassent connaĂźtre. Parmi les candidats potentiels, on cite dĂ©sormais Jean-Marc Kabund a Kabund. FĂąchĂ© de sa disgrĂące, lâancien tout-puissant prĂ©sident intĂ©rimaire de lâUnion pour la dĂ©mocratie et le progrĂšs social (UDPS), le parti prĂ©sidentiel, songe lui aussi Ă sâen gager. Quant au Parti du peuple pour la reconstruction et la dĂ©mocratie (PPRD), de Joseph Kabila, il nâa pas encore dĂ©signĂ© de candidat, mais prometdâĂȘtreprĂ©sentdanslabataille.
Katumbi. « Il a pris sa dĂ©cision, il y va », assure lâun de ses visiteurs rĂ©guliers.« AvecMoĂŻse,çanesentpas bon », lĂąche un cadre du parti prĂ©sidentiel. Si son parti, Ensemble pour la RĂ©publique, est toujours membre de la coalition prĂ©sidentielle, lâancien gouverneur du Katanga est dĂ©sormais considĂ©rĂ© comme un opposant par le prĂ©sident. « MoĂŻse est persuadĂ© quâilpeutlâemporter.IlsoulignerĂ©guliĂšrementlemanquedepopularitĂ©de FĂ©lix Tshisekedi, et la possibilitĂ© dâun vote âtout sauf Tshisekediâ », renchĂ© rit notre interlocuteur.
En mai, la mise Ă lâĂ©cart de Didier Kaluba Dibwa, le prĂ©sident de la Cour constitutionnelle, au profit de DieudonnĂ© Kamuleta Badibanga, rĂ©putĂ© proche du chef de lâĂtat, a sus citĂ© la polĂ©mique. Beaucoup y ont vu la volontĂ© du prĂ©sident de renforcer son emprise sur cette instance clĂ© du processus Ă©lectoral : câest elle qui Au jeu des hypothĂšses, certains vont jusquâĂ Ă©voquer une candidature « tactique » de Jean-Pierre Bemba. RDC Le prĂ©sident (Ă g.) recevant Vital Kamerhe, son ancien directeur de cabinet, Ă Kinshasa, le 28 juin.
ou pour diriger la campagne du président-candidat.
En retour, le service, câest une partie des voix de lâest de la RDC que peut assurer le natif de Bukavu Ă son alliĂ© lors de la prochaine prĂ©sidentielle Dans cette rĂ©gion, sous Ă©tat de siĂšge depuis plus dâun an et marquĂ©e par la rĂ©surgence rĂ©cente du mouvement du M23, le bilan du prĂ©sidentTshisekediestparticuliĂšrement critiquĂ©.
Dâautre part, sâil faisait un score correct, il assiĂ©rait sa lĂ©gitimitĂ© pour ĂȘtre Premier ministre », estime un diplomate Dans la bataille, FĂ©lix Tshisekedi pourra compter sur la bienveillancedeplusieurspuissances Ă©trangĂšres, qui voient dâun bon Ćil la stabilitĂ© ainsi quâune certaine maĂź trise des institutions quâassurerait un second mandat du prĂ©sident.
« Je ne suis pas sĂ»r que pareille alliance nous fasse de lâombre », balaie le cadre de lâUDPS, qui estime que « MoĂŻse y perdrait beaucoup de crĂ©dibilitĂ© ». Et de poursuivre : « Ă lâheure quâil est, aucun concurrent ni aucune alliance ne nous effraie outre mesure. La prĂ©sidentielle devrait bien se passer, nous sommes surtout concentrĂ©s sur les Ă©lections lĂ©gislatives et provinciales, qui sâannonceront plus pĂ©rilleuses.
Huit ans aprĂšs leur rupture, les meilleurs ennemis pourraient-ils se rĂ©concilier ? « Aucune alliance nâa Ă©tĂ© nouĂ©e pour lâinstant, mais, si lâancien prĂ©sident nous le demande, nous pourrions accepter de travailler avec Katumbi », lĂąche lâun des membres du comitĂ© de crise du Front commun pour le Congo (FCC).
» Une assurance que, Ă quelques mois de lâĂ©chĂ©ance prĂ©vue, il prend soin de relativiser immĂ©diatement : « Nous sommes en politique, et, dâici au scrutin, il peut encore se passer mille choses! »
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valide les candidatures et les rĂ©sultats avant de les proclamer de façon dĂ©finitive. Selon certaines sources, la dĂ©cision dâincompĂ©tence de la Cour dans le dossier Matata Ponyo avait agacĂ© en haut lieu. « Pressions et menaces » Quelques mois auparavant, en octobre 2021, câest la nomination de Denis Kadima Ă la tĂȘte de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (Ceni) qui avait provoquĂ© de vives tensions et poussĂ© les voix critiques Ă sâunir. Partisans de Martin Fayulu, soutiens de Joseph Kabila, ainsi que catholiques de la ConfĂ©rence Ă©piscopale nationale du Congo (Cenco) et protestants de lâĂglise du Christ au Congo (ECC) sâĂ©taient unis pour dĂ©noncer les « pressions et les menaces » qui avaientconduitĂ cechoixetrĂ©clamer une Ceni plus indĂ©pendante. Alors rassemblĂ©s au sein dâun Bloc patriotique, ils ont nĂ©anmoins Ă©vitĂ© de sâafficher ensemble dans ce combat, faisant cortĂšge Ă part lors des manifestations. « Il y a encore beaucoup de rancĆurs entre les diffĂ©rents camps. Martin Fayulu nâa pas digĂ©rĂ© sa dĂ©faite de 2018, Matata Ponyo en veut encore Ă Kabila de ne pas lâavoir dĂ©signĂ© candidat, certains proches de Kabila rappellent toujours la âtraĂźtriseâ de MoĂŻse, Fayulu et Muzito sont fĂąchĂ©s⊠Câest pourtant en sâunissant quâils ont une chance de lâemporter », souligne le diplomate prĂ©citĂ©. Un nouveau « GenĂšve » cet accord qui avait conduit Ă la dĂ©si gnation de Martin Fayulu comme candidat commun de lâopposition (avant que FĂ©lix Tshisekedi et Vital Kamerhe sâen dĂ©fassent) semble peu probable Cependant, la poignĂ©e de main entre MoĂŻse Katumbi et Joseph Kabila lors du Forum de rĂ©conciliation katangaise, en mai dernier, nâa Ă©chappĂ© Ă personne.
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Le PPRD face Ă la difficile reconquĂȘte du pouvoir
La rĂ©union du bureau politique qui sâest tenue ce 31 mars sous lâĂ©gide du raĂŻs avait valeur de nouveau dĂ©part avec, en ligne de mire, lâorganisation dâun congrĂšs. « Pour nous, lâenjeu est clair :câestlareconquĂȘtedupouvoir », assumeAdamChalwe,cadreduPPRD. SiunecommissionaĂ©tĂ©miseenplace pour plancher sur la prĂ©paration de ce grand raout, il nâa toujours pas Ă©tĂ© programmĂ© Le parti doit pourtant trancher sur des questions brĂ»lantes, Ă commencer par la nomination de nouveaux animateurs. Depuis la prĂ©sidentielle de 2018, le PPRD est secouĂ© par de profondes luttes dâin fluence La dĂ©signation dâEmmanuel Ramazani Shadary en tant que candi datĂ lamagistraturesuprĂȘme,puissa dĂ©faite, ont engendrĂ© des secousses qui se ressentent encore.
Luttes dâinfluence, incertitude sur les choix stratĂ©giques Ă faire avant les prochains scrutins et sur une Ă©ventuelle candidature du raĂŻs⊠La famille politique de Joseph Kabila cherche un second souffle.
Affiche de campagne dâEmmanuel Ramazani Shadary (Ă g.), dauphin de Joseph Kabila (Ă dr.), lors de la prĂ©sidentielle de dĂ©cembre 2018, Ă Kinshasa.
Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral permanent, Emmanuel Ramazani Shadary, les anciens prĂ©sidents de lâAssemblĂ©e nationale Aubin Minaku et Jeanine MabundaâŠQuâilsrestentbrascroisĂ©s ouquâilsaientdĂ©jĂ lâassietteĂ lamain, tous espĂšrent sans doute avoir droit Ă une part. Car Ă lâheure de fĂȘter cet anniversaire symbolique, le PPRD se trouve en pleine refonte AprĂšs avoir dominĂ© la scĂšne politique pendant plus de dix-huit ans, la formation de Joseph Kabila cherche Ă rebondir aprĂšs la perte de sa majoritĂ© Ă la fin de 2020 et le dĂ©part de nombre de ses cadres danslecampduprĂ©sidentTshisekedi.
ROMAIN GRAS L a gĂ©nĂ©reuse couche de crĂšme, le nappage chocolat lĂ©gĂšrement dĂ©goulinant, le glaçage bleu, jaune et rouge impeccablement rĂ©parti⊠Tout dans le gĂąteau dâanniversaire que Joseph Kabila sâapprĂȘte Ă couper semble susciter lâappĂ©tit des convives qui lâentourent. Ce 31 mars, lâancien prĂ©sident cĂ©lĂšbre les 20 ans de son Parti du peuple pour la reconstruction et le dĂ©veloppement (PPRD). Tous les cadres sont prĂ©sents pour lâoccasion.
BA Z RA TNER/REUTERS
DES MISSIONS ET DES VISITES
LA RDC ET LA BELGIQUE SIGNENT UN ACCORD DE COOPĂRATION INTERPARLEMENTAIRE COMMUNIQUĂ
«Cette coopĂ©rationinterparlementaire seraconcrĂ©tisĂ©e, entreautres, par des missions ofïŹcielles ou des visites de travail des PrĂ©sidents et des Bureaux des AssemblĂ©es, desparlementaires et des fonctionnaires, desmembres de Gouvernements, des missions dâĂ©tude par les parlementaires,des stages de perfectionnement et des bourses dâĂ©tudes,des missions dâĂ©change dâexpĂ©rience et de formation. Des missionsĂ©conomiques, politiquesouprivĂ©es font partieintĂ©grante de cette coopĂ©ration » a renchĂ©ri Modeste Bahati Lukwebo Lâagression Ă laquelle la RDC fait actuellement face de la part du Rwanda, camouïŹĂ©e derriĂšre les rebelles du M23, aaussi Ă©tĂ© mentionnĂ©e par le speaker du SĂ©nat dans son discours.Pour lui, lâaccordsignĂ©entrelesParlementsdelaRDCetde la Belgique va contribuer,Ă travers des plaidoyers et autres formes de pression, Ă lapaciïŹcation de la partie EstdupaysdePatriceEmery Lumumba, théùtredesatrocitĂ©soccasionnĂ©esparlesgroupes armĂ©s et mouvements rebelles,alimentĂ©s par les pays voisins depuis 1994.
JAMG -P HOT OS DR
La RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo (RDC) vient de signer un accorddecoopĂ©ration interparlementaireavecleRoyaume de la Belgique. Câest le prĂ©sident du SĂ©nat, Modeste Bahati Lukwebo, Ă latĂȘte dâune dĂ©lĂ©gation de neuf sĂ©nateurs, qui apersonnellement apposĂ© sa signaturesur ce document. La cĂ©rĂ©monie aeulieu le jeudi 2juin dernier, Ă Bruxelles en prĂ©sence du prĂ©sident de la Chambredes reprĂ©sentants de la Belgique. ontĂ©voquĂ©,enoutre,laprochaine visite royale en RDC et le renforcement du partenariat entre lesdeux pays. Le ministredâĂtatbelge AndrĂ©Flahaut,a Ă©galement participĂ© Ă cette rencontre.Une dĂ©lĂ©gation de neuf sĂ©nateurs congolaisa accompagnĂ© le prĂ©sident de la Chambrehautelors de son dĂ©placement en Belgique. www.senat.cd
«
L â accordsignĂ©permettraderenforcer les capacitĂ©s institutionnelles, techniques et administratives des dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs,etdelâensembledupersonnel technique des chambres des Parlementsdeces deux pays, tout en consolidant les liens dâamitiĂ© par des Ă©changes interparlementaires basĂ©s sur un dialogue permanent touchant Ă toute matiĂšre dâintĂ©rĂȘt commun»a dĂ©clarĂ©dans son allocution de circonstance,le speaker de la Chambrehaute du Parlement congolais.
RAMENERLES AGRESSEURS ĂLARAISON «Aumoment oĂč la RĂ©publiqueDĂ©mocratique du Congo est contrainte de consacrerplus de 40 %de son budget annuel aux dĂ©penses militaires, pour faireface Ă une guerre injustequi lui imposĂ©e depuis plus dâune gĂ©nĂ©ration dans plusieurs parties du pays, les plus riches en ressources naturelles de lâEst du pays, cet Accordtombe Ă point nommĂ©. Car, sâil peut contribuer Ă sensibiliser les acteurs concernĂ©sĂ revenir Ă laraison,Ă travers une coopĂ©ration interparlementairefondĂ©esur une communion des valeurs et des intĂ©rĂȘts, dans une logiquedes Ă©changes Ă©conomiques,Ă©thiques et Ă©quitables proïŹtables Ă toutesles parties,il auraatteint son objectif ultime, Ă savoir celui de contribuer Ă lâavancement et au dĂ©veloppement harmonieux de nospaysrespectifs» ainsistĂ© Modeste Bahati Lukwebo. En marge de cette cĂ©rĂ©monie, le speaker du SĂ©nat de la RDC aeuunfructueux Ă©change avec le Premier ministrebelge, Alexander de Croo, sur la situation en RDC. Lesdeux interlocuteurs
MalgrĂ© son apparent retrait de la gestion quotidienne des affaires du parti, lâex-prĂ©sident reste incontournable.
JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022180 GRAND FORMAT RD CONGO
Pour lâex-gouverneur PPRD prĂ©citĂ©, la prudence reste de mise. « Il existeplu sieurs opportunitĂ©s de dĂ©bauchage, que nous surveillons, pour voir qui est rĂ©ellement avec nous, dit-il. Il y a eulaformationdelâUnionsacrĂ©e,puis celledubureaudelacommissionĂ©lectorale Ilrestelesnominationsdansles entreprises publiques. Si lâon se prĂ©ci pite, on va Ă lâĂ©chafaud » Cependant, le temps presse. Ă un anetdemidesĂ©lectionsgĂ©nĂ©rales,les ambitions commencent Ă se dĂ©voiler PourlaprĂ©sidentielle,FĂ©lixTshisekedi estdĂ©jĂ candidatĂ unsecondmandat.
Maintenu Ă son poste de secrĂ©taire permanent du parti malgrĂ© son Ă©checlorsduscrutin,lâancienministre affronte une fronde interne. Si ses proches assurent quâil ne sâagit lĂ que de « lâexpression de la dĂ©mocratie au sein du PPRD », une rĂ©elle incertitude plane sur son avenir Ă la tĂȘte du parti. « Il est volcanique et sous sanctions, est-ce vraiment le visage que lâon veut montrerpourserelancer?»sâinterroge un ancien gouverneur de province, membre du PPRD Les soutiens de Ramazani conti nuent dâaffirmer quâil bĂ©nĂ©ficie de la confiance de Joseph Kabila, mais lâajournement, Ă lâissue dâun autre bureau politique, Ă la mi-mai, des nominations quâil avait effectuĂ©es quelques jours plus tĂŽt ont sonnĂ© comme un vĂ©ritable dĂ©saveu. Reste que si son statut au sein du PPRD demeure prĂ©caire, lâisoler totalement comportedesrisques.« OnveutĂ©viter un âeffet Kabundâ », avance un cadre du parti, en rĂ©fĂ©rence Ă lâex-patron du PPRD Ă©cartĂ© de ses fonctions avant de passer dans lâopposition. Choix cornĂ©lien Si lâex-dauphin de Kabila venait Ă ĂȘtre Ă©cartĂ© de ses fonctions de secrĂ©taire permanent, qui pourrait le rempla cer? Les noms de plusieurs personna litĂ©s susceptibles dâoccuper de hautes fonctions au sein du parti circulent. Celui de Jeanine Mabunda, lâex-prĂ© sidente de lâAssemblĂ©e nationale, dâAubin Minaku, lui aussi passĂ© par le perchoir, de NĂ©hĂ©mie Mwilanya, lâancien « dircab », ou encore dâHenri Mova Sakanyi, qui a dirigĂ© plusieurs ministĂšres. Un choix cornĂ©lien pour un parti encore traumatisĂ© par les nombreux dĂ©bauchages quâil a subis avec la pertedesamajoritĂ©.« Sinousnâavions pas laissĂ© passer suffisamment de temps, nous nâaurions pas dĂ©masquĂ© les Mende et consorts, plaide Adam Chalwe, ancien secrĂ©taire national du PPRD. Aujourdâhui, nous nâavons plus de poste Ă donner dans les ins titutions. Par consĂ©quent, on voit qui est prĂȘt Ă accepter âla galĂšreâ. Finalement, FĂ©lix Tshisekedi nous a permisdeâraffinerânotreentourage!»
Enattendant,chacunguettelesigne de son Ă©ventuel retour aux affaires. « Partout oĂč je passe ces derniers temps, tout le monde vous rĂ©clame », a encore lancĂ© Olive Lembe Kabila, lâex-premiĂšre dame lors de la cĂ©lĂ©bra tiondu30juin,jourdelâindĂ©pendance Pasdugenreprolixe,Kabilasecontente pour lâinstant dâapparitions spora diques. Alors, pour tenter de percer le mystĂšre, certains sâen remettent Ă des critĂšresplussubjectifs.« Ilavaittotale ment rasĂ© sa barbe le jour oĂč il a remis le pouvoir. CâĂ©tait pour dire quâil Ă©tait libĂ©rĂ© dâun poids, veut croire un cadre du PPRD. Depuis, il a laissĂ© repousser sa barbe de rebelle Câest le signe quâil est prĂȘt Ă sâimpliquer de nouveau. Lui seul sait Ă quel niveau. »
Augustin Matata Ponyo, lâex-Premier ministre qui a tournĂ© le dos Ă ses anciens camarades du PPRD pour fonder son propre parti, a annoncĂ© quâil serait sur la ligne de dĂ©part. Dâautres candidatures sont pressen ties, comme celle de MoĂŻse Katumbi, de Martin Fayulu ou de Jean-Marc Kabund.Danscecontexte,laquestion dâĂ©ventuelles alliances doit ĂȘtre mise sur la table. Faut-il discuter avec certains « anciens de la maison », comme Matata Ponyo, qui a conservĂ© des soutiens au parti? Faut-il continuer Ă explorer les occasions quâoffre le bloc patriotique formĂ© avec Martin Fayulu pourcontesterdanslaruelesrĂ©formes Ă©lectorales? Faut-il, au contraire, aller au bout de la logique de reconstruc tion du parti et prĂ©senter son propre candidat?« Jusque-lĂ ,ilĂ©taitquestion de voir oĂč Ă©taient nos forces et nos faiblesses », tempĂšre un membre du bureau politique du PPRD. Un Ă©vĂ©nement est tout de mĂȘme venu sâajouter Ă lâĂ©quation. Du 17 au 19 mai, les leaders katangais se sont rĂ©unis Ă Lubumbashi lors dâun grand forum de rĂ©conciliation. OrganisĂ©e sous lâĂ©gide de lâarchevĂȘque Fulgence Muteba, cette rencontre, officielle ment sans connotation politique, a surtout Ă©tĂ© lâoccasion, pour Joseph Kabila et son ancien alliĂ© MoĂŻse Katumbi (parti huit ans auparavant aprĂšs sâĂȘtre opposĂ© Ă un troisiĂšme mandat du raĂŻs) dâĂ©changer une poi gnĂ©edemainhautementsymbolique. Au-delĂ de lâimage, ce rabibochage mĂ©diatique est venu poser une vraie question :unealliancepolitiqueentre Katumbi et Kabila est-elle rĂ©ellement possible? Si, de lâaveu de cadres du PPRD comme de membres de lâen tourage direct de lâancien gouverneur du Katanga, il est encore trop tĂŽt pour poserleproblĂšmeencestermes,lâidĂ©e nâest pas Ă exclure. Chaque camp reconnaĂźtquedesdiscussionsontlieu, maispersonnenesâavancepourmiser sur celui qui acceptera de se ranger derriĂšre lâautre. MoĂŻse Katumbi, dont le parti est toujours membre de la majoritĂ© mais qui a pris ses distances avecTshisekedi,doitparailleursorga niser son propre congrĂšs dâici Ă la fin de lâannĂ©e. Barbe de rebelle De son cĂŽtĂ©, malgrĂ© son apparent retrait de la gestion quotidienne des affaires de son parti, le raĂŻs demeure incontournable au sein du PPRD, et rares sont ceux qui osent Ă©voquer la perspective dâune candidature alter nativeavantquâilaitlui-mĂȘmeclarifiĂ© ses intentions. Ses fidĂšles lieutenants se chargent rĂ©guliĂšrement de le rap peler. « Câest le seul Ă pouvoir dĂ©ci der qui pourra nous reprĂ©senter aux prochaines Ă©chĂ©ances. Quant Ă son rĂŽle Ă venir, je rappelle que Joseph Kabila nâa que 50 ans », soulignait en dĂ©cembre 2021 son ancien directeur de cabinet, NĂ©hĂ©mie Mwilanya, dans une interview Ă JeuneAfrique.
(ACGT)
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Les recettes annuelles desconcessionssâaccroissent grĂąceĂ uneamĂ©lioration de lâĂ©tat des routesconcĂ©dĂ©es.Pourillustration,de2010Ă 2021,les recettes de Kinshasa Matadi ontconnu un accroissementde125%, soit de 21.788.888Ă 49.001.876,99USD.CellesdeLubumbashiKasumbalesaetLikasiKolweziaffichent de 2015 Ă 2021unaccroissementrespectif de 48%, soit de 26.825.552Ă 39.595.974, 84USDainsi quede 113% soit 32.878.807,82de69.940.907,63 USD.
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savoir-fairequâadĂ©veloppĂ©ceservice publicĂ
projetsdâinfrastruc-
gestion
De ces6 concessions, 3jouentlerĂŽle de pĂ©age de financement.Les recettes collectĂ©es par cesderniĂšres sont affectĂ©es Ă larĂ©alisation dâautresprojets. Il sâagitdes concessions Kinshasa-Matadi,Lubumbashi-Kasumbalesa et Lubumbashi-Kolwezi. Ătitre dâexemple, lesrecettes de Kinshasa-Matadi ontfinancĂ©les travaux de rĂ©habilitationdes routesMatadi-Boma 111km,Boma-Moanda 106km,By-passĂ Kinsha sa (12km),lavoirie de Matadi (12,5km);celles deKasumbalesa-Lubumbashiont financĂ©la rĂ©habilitation de 30km de voirie Ă Lubumbashi et la constructiondelaroute de contournement de la ville (27km) ;etlaconcession Lika si-KolweziafinancĂ© la rĂ©habilitation de la route Lwambo- Mitwaba- Manono (497km).
COMMUNIQUĂMINISTĂRE DES INFRASTRUCTURES ET TRAVAUX PUBLICS
« LâAngola nâa pas cherchĂ© Ă harmoniser les positions rwandaise et congolaise car, Ă ce stade, câest qua siment inenvisageable. Lourenço a dâabord essayĂ© de sĂ©quencer les problĂšmes en proposant quâon sâat telle Ă la question du M23, puis Ă celle des FDLR », explique un diplo mate qui suit ce dossier. « Le chemin sera long », reconnaĂźt un proche de Tshisekedi, pour qui « aucun progrĂšs ne sera possible tant que le Rwanda ne reconnaĂźtra pas son implication ». Malaise
« Ce nâest pas de la naĂŻvetĂ© que de vouloir nĂ©gocier. Mais les Rwandais sont-ils sincĂšres? »
ROMAIN GRAS L e temps des sourires et des franches accolades semble bien loin. Le 6 juillet, Ă Luanda, en Angola, FĂ©lix Tshisekedi et Paul Kagame se sont Ă peine regardĂ©s dans les yeux Droits comme des piquets, visages fermĂ©s, les deux chefs dâĂtat ont bien Ă©tĂ© obligĂ©s de se prĂȘter au jeu de la photo, mais leur attitude en dit long surlâambiancequiarĂ©gnĂ©surcesommetorganisĂ©parleprĂ©sidentangolais JoĂŁo Lourenço. Depuis des mois, FĂ©lix Tshisekedi accuse son homologue rwandais de soutenir les rebelles du M23, qui mul tiplientlesaffrontementsaveclâarmĂ©e congolaise depuis novembre 2021. Dans une interview publiĂ©e la veille du sommet de Luanda, le chef de lâĂtat congolais a mĂȘme affirmĂ© ne pas exclure une guerre avec son voisin. Paul Kagame nie et dĂ©nonce de son cĂŽtĂ© une coopĂ©ration entre cette mĂȘme armĂ©e congolaise et le groupe armĂ© des Forces dĂ©mocratiques de libĂ©ration du Rwanda (FDLR). DĂ©signĂ© mĂ©diateur en sa qualitĂ© de prĂ©sident de la ConfĂ©rence internationale sur la rĂ©gion des Grands Lacs (CIRGL), JoĂŁo Lourenço sâaffairait depuis plusieurs semaines Ă rame ner ses deux homologues autour de lamĂȘmetable.LerĂ©sultataurafinale ment Ă©tĂ© mitigĂ©, comme en tĂ©moigne lâabsence de communiquĂ© final. Une feuille de route, qui prĂ©voit, entre autres, la mise en place dâune commissionadhoc,uncessez-le-feuetun retraitduM23 quianotammentpris le contrĂŽle de la ville de Bunagana, dans le Nord-Kivu, non loin de la frontiĂšre avec lâOuganda â, a tout de mĂȘme Ă©tĂ© conclue. Elle a cependant, elle aussi, immĂ©diatement suscitĂ© le scepticisme des diffĂ©rentes dĂ©lĂ©gations.
La méfiance rÚgne
Le scepticisme des participants a Ă©tĂ© rapidement justifiĂ© par la reprise, dĂšs le lendemain du sommet, des combats entre lâarmĂ©e congolaise et les rebelles, qui rĂ©clament un dialogue direct avec Kinshasa et ne se disent « pas concernĂ©s » par la feuille de route conclue Ă Luanda. Plus que jamais, le Rwanda et la RD Congo paraissent dans lâimpasse.
« Ce nâest pas de la naĂŻvetĂ© que de vouloir nĂ©gocier Mais sont-ils sincĂšres? » sâinterrogeait dans la foulĂ©e du sommet le ministre congolais de Ă lâheure oĂč une force rĂ©gionale doit ĂȘtre dĂ©ployĂ©e pour combattre les groupes armĂ©s dans lâest du pays, les Congolais suspectent le Rwanda et lâOuganda de jouer double jeu.
JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022182 GRAND FORMAT RD CONGO
IntĂ©rĂȘts divergents CebilanmitigĂ©estĂ mettreenbalance avec le coĂ»t gĂ©opolitique du lancement de cette offensive conjointe. NĂ©gociĂ©e dans la plus grande dis crĂ©tion, cette derniĂšre a Ă©tĂ© ouvertement critiquĂ©e par le Rwanda, qui sâestestimĂ©injustementtenuĂ lâĂ©cart. Elle a en outre Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e comme lâun des facteurs susceptibles dâavoir conduitĂ unregaindâactivitĂ©duM23, lequel a intensifiĂ© ses attaques Ă partirdudĂ©butdenovembre.LeBurundi etleRwandasontparailleursrĂ©guliĂš rement accusĂ©s de mener des insurrections militaires sur le territoire congolais. Dans ces conditions, la perspective du lancement dâune force conjointe impliquant des armĂ©es « rĂ©guliĂš rement accusĂ©es » de contribuer Ă lâinsĂ©curitĂ© dans lâEst suscite de nombreuses questions. Pour FĂ©lix Tshisekedi, cette force rĂ©gionale doit notamment permettre, Ă un an et demi des Ă©lections gĂ©nĂ©rales, dâobtenir des rĂ©sultats, tandis que les diffĂ©rentes stratĂ©gies Ă©laborĂ©es jusquâĂ prĂ©sent quâil sâagisse de lâĂ©tatdesiĂšgeoudelâopĂ©rationShujaa (« hĂ©ros, champion », en swahili) engagĂ©e avec lâOuganda pour combattre les ADF nâont pas produit les effets escomptĂ©s.
LesopĂ©rationsconjointes lancĂ©esĂ la fin de novembre 2021 avec lâarmĂ©e ougandaisepourcombattrelesForces dĂ©mocratiques alliĂ©es (ADF) sont notammentlâunedesraisonsdecette prudence, leur bilan Ă©tant pour le moment incertain. Si le porte-parole des Forces armĂ©es de RDC (FARDC) affirmait, le 27 mars dernier, que toutes les places fortes des terroristes avaient Ă©tĂ© dĂ©truites, lâimpact rĂ©el de cette mission reste difficile Ă mesurer puisque aucune analyse indĂ©pen dantenâaĂ©tĂ©conduitesurleterrainet, surtout, que les massacres attribuĂ©s au groupe des ADF nâont pas semblĂ© diminuer. Selon un rĂ©cent rapport du Groupe dâĂ©tude sur le Congo (GEC), cette opĂ©ration a surtout permis de protĂ©ger les projets Ă©conomiques de lâOuganda dans la rĂ©gion, Ă commen cer par les gisements de pĂ©trole et les infrastructures situĂ©s autour du lac Albert, ainsi que les tronçons routiers que Kampala a prĂ©vu de rĂ©habiliter.
FĂ©lix Tshisekedi (Ă g.), au cĂŽtĂ© de Paul Kagame, lors de la rencontre avec JoĂŁo Lourenço, Ă Luanda, en Angola, le 6 juillet. la Communication, Patrick Muyaya, avant que le chef de la diplomatie rwandaise, Vincent Biruta, mette en garde contre la « dĂ©sinformation et le populisme,[qui]sabotentlâobjectifde paix en RDC ».
En gestation depuis lâadhĂ©sion de cette derniĂšre Ă la CommunautĂ© des Ătats dâAfrique de lâEst (EAC) Ă la fin de mars et remis sur la table lors du dernier sommet des chefs dâĂtat de la sous-rĂ©gion, le 20 juin, ce projet doit en principe voir le jour en aoĂ»t. Mais son format suscite encore des dĂ©bats. Surtout, le prĂ©sident congolais sâest opposĂ© Ă ce que le Rwanda participe Ă ces opĂ©rations conjointes en raison de son soutien prĂ©sumĂ© au M23. Sâil a, sur ce point, obtenu gain de cause, lâhypothĂšse dâune arrivĂ©e dâarmĂ©es voisines nâen reste pas moins un pari risquĂ© pour Tshisekedi, lequel doit composer avec le scepticisme dâune partie de son administration. Ces derniĂšres semaines, outre le soutien prĂ©sumĂ© du Rwanda au M23, câest lâattitude de lâOuganda qui a alimentĂ© les suspicions de lâentourage du chef de lâĂtat congolais. Le 15 juin, leprĂ©sidentdelâAssemblĂ©enationale, Christophe Mboso, a ainsi annoncĂ© le gel du processus de ratification des accords Ă©conomiques conclus entre le gouvernement et lâOuganda. La raison?Dessoupçonsdâallianceentre Kigali et Kampala aprĂšs la chute de Bunagana, un carrefour commercial stratĂ©gique. FĂ©lix Tshisekedi sâest jusquâĂ prĂ©sent abstenu de tenir des propos similaires. « Nous ne pouvons pas ouvrir un autre front avec lâOu ganda alors que la situation est dĂ©jĂ difficile avec le Rwanda », estime lâun de ses conseillers.
«
FLICKR PA UL KA GAME
LoindâavoirdissipĂ©lemalaise,cette tentative de mĂ©diation intervient alors que FĂ©lix Tshisekedi souhaite accĂ©lĂ©rer la mise en place dâune force rĂ©gionale dans lâest de la RD Congo.
JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 183 GRAND FORMAT RD CONGO
LâAngola nâa pas cherchĂ© Ă harmoniser les positions rwandaise et congolaise car, Ă ce stade, câest quasiment inenvisageable.»
LES INVESTISSEURS PEUVENT REVENIR NOMBREUX EN RDC
Le GouvernementdelaRĂ©publique DĂ©mocratique du Congo,Ă travers le MinistĂšre des Affaires FonciĂšres, vamettreenĆuvre le projet «e-Foncier» danslebut de moderni ser le secteur du CadastreetdâamĂ©liorerles services fonciersrendus Ă la population ;cela conformĂ©ment au plan de relance du projet de «NumĂ©risation du Cadastre et de sĂ©curisation des titres fonciers et immobiliers de la RĂ©publique DĂ©mocratiqueduCongo », adoptĂ© en Conseil des Ministres le 20 dĂ©cembre 2019 ĂcetteïŹn, le Gouvernement de la RĂ©publique arecouru Ă lâexpertise dâun opĂ©rateur privĂ©, en lâoccurrence lâentrepriseluxembourgeoise eProseed aux rĂ©fĂ©rences avĂ©rĂ©es,spĂ©cialisĂ©e dansledĂ©veloppementdes systĂšmes numĂ©riques innovants Elleproposedes solutions idoines dâimplĂ©mentation dâuneplateforme «eFoncier »,pour gĂ©rer la numĂ©risation du Cadastre,lasĂ©curisation des titres fonciers et AimĂ© Sakombi Molendo Ministre des Affaires FonciĂšres de la RDC Chaque titrefoncier numĂ©risĂ© et sĂ©curisĂ©seraaccessible Ă tous les propriĂ©taires par la plateforme «eFoncier »
JAMG -P HOT OS DR SAUF MENTION ©A NDREY POPOV
COMMUNIQUĂ
Elle contribuera de maniĂšresigniïŹcative Ă la croissanceĂ©conomique nationale et au budget de lâĂtat
eProseed amanifestĂ© spontanĂ©ment son intĂ©rĂȘt pour concevoir,ïŹnancer et exploiter la plateformesusvisĂ©e,enproposant une offre de solution «360° clĂ© en main »,dans le cadre dâun Partenariat Public-PrivĂ©.Pour ce faire,ilvamobiliseruninvestissement initialde 140 millions USD (cent quarante millions de dol larsamĂ©ricains), sans endettement de lâĂtat, ni recours Ă une quelconque garantie souveraine La Transformation digitale par lâautomatisation des traitements de lâinformation est lâobjectif majeurdeceprojet qui sublimera le formatnumĂ©riquepour quâil devienne,Ă terme,lasource authentique et sĂ©curisĂ©e faisant foi. Cette«digitalisation »mettra ïŹn aux conïŹits fonciers endĂ©miques qui pullulent dans notrepays tout en augmentant de maniĂšreexponentielle les revenus sectoriels de lâĂtat. Ce projet permettra Ă©galement de redonner la conïŹance nĂ©cessaire aux investissements dans ce secteur Ce faisant,cette rĂ©forme phare sâimbriquera parfaitement au projet modiïŹant la loi n° 73021 du 20 juillet 1973 portant rĂ©gime gĂ©nĂ©ral des biens, rĂ©gime foncier et immobilier et rĂ© gimedes sĂ»retĂ©s, telleque modiïŹĂ©e et complĂ©tĂ©epar la loi n° 80-008 du 18 juillet 1980.
Les pratiques administratives et coutumiĂšres en marge de la loiconcernant lâattribution des concessions relĂšveront dĂ©sormais du passĂ©.
Elle permettra dâĂ©radiquer sans conteste lâinadĂ©quationdelagouvernance fonciĂšre et des conditions de concession des terres,auregard de nouvelles exigences du pays en matiĂšre de protection environnementale,delâamĂ©nagement du territoire et de lâurbanisme
immobiliers, lâarchivage,ladĂ©matĂ©rialisation Ă terme de lâensembledes procĂ©dures fonciĂšres ainsi que les interactions entre lâĂtat et tous les dĂ©tenteurs de droits fonciers et immobiliers en RDC
Lesinvestisseurspourront donc revenir nombreux en RĂ©publique DĂ©mocratiquedu Congo,car ils ytrouveront un cadre foncier plus sĂ©curisĂ©. La prolifĂ©ration des pratiques administratives et coutumiĂšres en margedela loi, spĂ©cialement en matiĂšredâattribution des concessions, relĂšvera dĂ©sormais du passĂ©. www.cadastre.gouv.cd
Un an aprÚs sa mise en exploitation, le site minier de Kamoa-Kakula, prÚs de Kolwezi, dépasse toutes les attentes. Il est appelé à devenir le troisiÚme plus grand complexe de production de cuivre au monde en 2024.
ĂCONOMIE
LatroisiĂšmephase,quiaĂ©galement dĂ©butĂ©, doit aboutir Ă lâexploitation des mines de Kamoa 1 et 2 (en cours de construction) et au dĂ©veloppe ment dâun accĂšs supplĂ©mentaire au gisement de Kakula West Elle inclut la rĂ©alisation dâun nouveau concen trateur, dâune capacitĂ© de 5 Mt de minerai par an, qui sera opĂ©rationnel Ă lafinde2024.Laproductionglobale du complexe devrait alors sâĂ©lever Ă 600000 t de cuivre contenu par an, faisantdeKamoa-KakulaletroisiĂšme plusgrandprojetdecuivreaumonde
MURIEL DEVEY MALU-MALU L a concession de KamoaKakula, qui couvre les trois permis dâexploitation de Kamoa Copper (Kamco), est immense. Elle sâĂ©tend sur 400 km2 , Ă 25 km Ă lâouest de Kolwezi, dans le Lualaba (Sud). Un paysage lunaire? Non, car les sites miniers sont sĂ©parĂ©s les uns des autres par des savanes arbustives qui colorent lâhorizon de vert. Les rĂ©serves probables de ce mĂ©gacomplexe cuprifĂšre sont estimĂ©es Ă 233 millions de tonnes (Mt) de mine rai brut, avec une teneur en cuivre de 4,46 %,soit10,4Mtdecuivrecontenu, selonOlivierBinyingo,vice-prĂ©sident des relations publiques dâIvanhoe Mines en RDC. Un jackpot pour Kamco, dont le capital est dĂ©tenu par le canadien Ivanhoe Mines (39,6 %), lechinoisZijin Mining(39,6 %),lebritannico-hongkongais Crystal River Global Ltd (0,8 %) et lâĂtat congolais (20 %). Le dĂ©veloppement du complexe se fait par Ă©tapes. La premiĂšre a portĂ© sur la construction des mines de Kakula et de Kansoko, ainsi que dâun premierconcentrateurdâunecapacitĂ© de traitement de 3,8 Mt de minerai excavĂ© par an et alimentĂ© par la mine de Kakula. Le premier concentrĂ© de cuivre est sorti le 25 mai 2021. Au total, 105884 t de cuivre contenu ont Ă©tĂ© livrĂ©es en 2021 sur seulement sept mois dâexploitation â, dĂ©passant les prĂ©visions. La deuxiĂšme phase a dĂ©marrĂ© en 2022, avec la mise en service, en mars, du deuxiĂšme concentrateur, dâune capacitĂ© de 3,8 Mt. Les prĂ©visions tablent sur une production de 340 000 t de cuivre contenu en 2022 et sur 450 000 t au deuxiĂšme trimestre de 2023, grĂące Ă un investissement rĂ©alisĂ© pour optimiser la capacitĂ© des concentrateurs.
Au cours de cette troisiĂšme phase sera Ă©rigĂ©e une « fonderie flash Ă fusiondirecte »(direct-to-blisterflash smelter), la plus grande dâAfrique, qui produira des plaques de cuivre des « blisters » â, avec une teneur en cuivre de 99,9 %. Sa capacitĂ© de production sera de 500000 t de cuivre blister par an. Autant dire que la finalisation de cette fonderie, dont la rĂ©alisationaĂ©tĂ©confiĂ©eĂ ChinaNerin Engineering, est vivement attendue Et ce pour plusieurs raisons. Tout dâabord, une partie seulement des concentrĂ©s de cuivre de Kamco est actuellement transformĂ©e en cuivre blister Ă Kolwezi, dans la Lualaba Copper Smelter (LCS), dĂ©tenue par China Nonferrous Mining Corp Ltd (CNMC, 60 %) et Yunnan Copper de Kunming (40 %). Lâaccord signĂ© en mai 2021 entre Ivanhoe Mines et CNMC porte sur 150 000 t de concentrĂ©s de cuivre, soit la capacitĂ© maximum de LCS. La production de concentrĂ©s de Kamoa-Kakula Ă©tant dâenviron 1 Mt par an, le reste
Un projet cuprifĂšre digne dâun gĂ©ant
Pour les deux premiÚres phases et, entre autres, la modernisation de la centrale de Mwadingusha, 2,5 milliards de dollars ont été investis.
JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022186 GRAND FORMAT RD CONGO
JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 187 GRAND FORMAT RD CONGO
DR Vue aĂ©rienne des mines de Kamoa 1 et 2 (en cours de dĂ©veloppement), Ă 25 km de Kolwezi, dans le Lualaba. (850000 t) est exporté⊠Et comme lâexportation de concentrĂ©s est interdite, Kamco a obtenu une dĂ©rogation du gouvernement congolais en juin 2021. Empreinte carbone EngagĂ©s en mai 2022, les travaux de la fonderie, dont le coĂ»t est estimĂ© Ă 800 millions de dollars, devraient ĂȘtre bouclĂ©s Ă la fin de 2024. Une fois mise en service, cette unitĂ© ne pourra cependant pas traiter toute la production de cuivre contenu du complexe : les 100000 t restantes seront transformĂ©es par la LCS et en partie exportĂ©es si nĂ©cessaire.
Les gisements de Kamoa-Kakula contenant des minerais sulfurĂ©s, la fonderie pourra aussi produire et vendre de lâacide sulfurique. UtilisĂ© pour rĂ©cupĂ©rer le cuivre des minerais oxydĂ©s, cet acide trouvera facilement acquĂ©reurenRDCongo.Pourlâheure, il est importĂ©, principalement de Zambie.
DotĂ©e de la technologie de pointe dufinlandaisMetsoOutotec,lafuture fonderie disposera dâune empreinte carbone limitĂ©e. « Son rĂ©acteur fermĂ© en continu protĂšge lâenvironnement des effets gazeux », assure Louis Watum, directeur gĂ©nĂ©ral de Kipushi Corp une filiale dâIvanhoe Mines etprĂ©sidentdelaChambredesmines deRDC.UnpointpositifpourKamco, qui veut impĂ©rativement produire « green ». Dâautres facteurs limitent la pollution, dont « le recours Ă lâĂ©nergie hydroĂ©lectrique, la forte teneur en cuivre des mines (6 %), qui sont souterraines et donc Ă moindre impact environnemental, ainsi que la rĂ©utilisation des rejets pour stabiliser les parties excavĂ©es des mines, ce qui en limitelestockageensurface »,prĂ©cise Olivier Binyingo. Et quand cela sera possible, lâentreprise sâĂ©quipera en vĂ©hicules Ă©lectriques. La production de cuivre blister rĂ©duira par ailleurs les volumes transportĂ©s, ce qui entraĂźnera une baisse des Ă©missions de CO2
Les acheteurs des concentrĂ©s et du cuivre blister de Kamco sont deux sociĂ©tĂ©s chinoises : Citic Metal, un conglomĂ©rat multinational appartenant Ă lâĂtat chinois, et Gold Mountains International Mining Co, une filiale de Zijin Mining. Lâaccord dâenlĂšvement signĂ© en mai 2021, puis modifiĂ© en 2022, porte sur les
OĂč Kamco trouve-t-il son Ă©nergie?
« Kamoa-Kakula, câest 126 millions de dollars de salaires, 1,3 milliard de dollars de fournitures, 17 millions de dollars de dĂ©veloppement socio-Ă©conomique et 360 millions de dollars de taxes payĂ©es. Une fois les investissements achevĂ©s, lâĂtat touchera dâimportants revenus », insiste le reprĂ©sentant dâIvanhoe Mines. Lâentreprise a aussi rĂ©alisĂ© diffĂ©rentes infrastructures, qui profitent aux populations locales. Sans compter les 12000 emplois directs et indirects, dont 97 % sont occupĂ©s par des Congolais, ainsi que les projets communautairesetlesPMEcrééspar des nationaux Ă la faveur du projet.
Pour que la cadence sâaccĂ©lĂšre, Ivanhoe Mines Energy met Ă niveau les infrastructures hydroĂ©lectriques qui alimentent les sites. Un sacrĂ© dĂ©fi.
Câ est une Ă©nergie « fiable, propre et renouvelable » quâa choisie lâentreprise Kamoa Copper pour alimenter en Ă©lectricitĂ© ses projets miniers de Kamoa-Kakula,prĂšsdeKolwezi,dans leLualaba,quisontportĂ©sparlecanadien Ivanhoe Mines Ltd et le chinois Zijin Mining Group ils dĂ©tiennent chacun 39,6 % de la coentreprise La plupartdescentraleshydroĂ©lectriques du pays sâĂ©tant dĂ©tĂ©riorĂ©es au fil des ans et la SociĂ©tĂ© nationale dâĂ©lectri citĂ© (Snel) manquant de moyens, la rĂ©habilitationdesĂ©quipementssefait danslecadredâunpartenariatpublicprivĂ©. Lâaccord de financement a Ă©tĂ© signĂ© le 21 mars 2014 entre la Snel et Ivanhoe Mines Energy, filiale Ă 100 % de Kamoa Holding Ltd (KHL), chargĂ©e du suivi de lâexĂ©cution des projets Ă©nergĂ©tiques. La premiĂšre opĂ©ration a concernĂ© la centrale de Mwadingusha, situĂ©e sur la riviĂšre Lufira (Haut Katanga), Ă quelque 220 km de Kolwezi. SupervisĂ©s par le suisse Stucky sur la base dâun contrat EPCM (Engineering, Procurement, Contruction, Management), les travaux ont portĂ© notamment sur la modernisation des six turbines, la construction de lâinfrastructure associĂ©e de 220 kV. LancĂ©s en 2017, ilsontĂ©tĂ©achevĂ©senseptembre 2021 Chaque turbine Ă©tant dotĂ©e dâune capacitĂ© de 13 mĂ©gawatts (MW), les 78 MW quâoffre dĂ©sormais la centrale permettent dâalimenter en Ă©lectricitĂ© le complexe minier (phases 1 et 2), ainsi que les communautĂ©s locales. IngĂ©nierie allemande Pour lâalimentation en Ă©nergie de la phase 3 de Kamoa-Kakula, un amendement Ă lâaccord de financement de 2014 a Ă©tĂ© conclu en avril 2021 entre la Snel et Ivanhoe Mines Energy Il prĂ©voit la modernisation de la turbine 5 du complexe hydroĂ©lectrique dâInga-II, situĂ© sur le fleuve Congo, dans le Kongo-Central, en lieu et place de la rĂ©habilitation des centrales de Koni et Nzilo « En effet, la turbine dâInga-II est plus puissante que celles des deux centrales et, en matiĂšre de ratio capital investi/puissance dĂ©gagĂ©e, elle est plus intĂ©res sante », explique Ben Munanga, le prĂ©sident du conseil dâadministration de Kamoa Copper. AttribuĂ© Ă la sociĂ©tĂ© allemande Voith Hydro, le contrat dâingĂ©nierie, dâapprovisionnement et de construction (EPC) pour la modernisation de la turbine a Ă©tĂ© signĂ© en avril. Les travaux porteront, entre autres, sur lâĂ©quipement terminal de la ligne de transmission Inga-Kolwezi pour augmenter sa capacitĂ© de trans fert. Ils devraient ĂȘtre terminĂ©s Ă la fin de 2024. Ainsi, les 78 MW de Mwadingusha couplĂ©s aux 162 MW de la turbine 5 dâInga-II fourniront Ă Kamoa Copper un accĂšs prioritaire Ă 240 MW dâĂ©lectricitĂ©, dont bĂ©nĂ©ficie ront aussi les communautĂ©s locales. Lâensemble des travaux est financĂ© par KHL au moyen dâun prĂȘt octroyĂ© Ă la Snel. Lâengagement financier pris lors de la signature de lâaccord sâĂ©lĂšve Ă 250 millionsdedollars(245 millions dâeuros). Le prĂȘt sera remboursĂ© par « une dĂ©duction sur les factures mensuelles dâĂ©lectricitĂ©, sur la base dâun pourcentagefixede40 %delafacture Ă©mise aprĂšs avoir enlevĂ© la TVA ». En plein dĂ©veloppement, le complexe minier de Kamoa-Kakula consommera de plus en plus dâĂ©nergie. Difficile dans ces conditions de dĂ©terminer exactement la durĂ©e du remboursement. « Elle dĂ©pend de la hauteur des consommations et des montants remboursĂ©s, ajoute Ben Munanga. Câest quand la puissance maximale sera atteinte que lâon pourra la calculer avec prĂ©cision. » M.D.M.-M.
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« Notre success-story reprĂ©sente une belle carte de visite pour la RDC. Cela prouve que lâon peut investir dans ce pays en dĂ©pit des dĂ©fis, qui sont rĂ©els », conclut Olivier Binyingo.
productions des phases 1 et 2, rĂ©par ties Ă parts Ă©gales entre chaque sociĂ©tĂ©. Pour la phase 3, aucune dĂ©ci sion nâa encore Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e. La majo ritĂ© des produits est transportĂ©e par camion jusquâau port de Durban, en AfriquedeSud,Ă environ3000 kmde Kolwezi. Pour rĂ©duire les distances, les coĂ»ts de transport et la pollution, des itinĂ©raires alternatifs, via le port de Dar es-Salaam, en Tanzanie, et/ou le port de Lobito, en Angola, sont Ă lâĂ©tude Combien coĂ»te un tel projet? « Les deux premiĂšres phases, la moderni sationdelacentraledeMwadingusha et divers travaux de recherche ont reprĂ©sentĂ© un investissement de 2,5 milliards de dollars », souligne Olivier Binyingo. Qui finance ? Essentiellement les deux principaux actionnaires et des parties tierces, dontlaStandardBankofSouthAfrica et la Swedish Export Credit Agency. Quelles retombĂ©es pour lâĂtat congolais et les populations locales?
Dans son discours dâouverture, FĂ©lix Tshisekedi aestimĂ© que plusieurs dĂ©ïŹs doivent ĂȘtrerelevĂ©s pour rompre la spirale des violences dĂ©coulant de lâactivisme des groupes armĂ©s locaux et rĂ©gionaux, dont le plus nocif sâavĂšrent ĂȘtreles ADF.IlaexhortĂ© toutes les parties prenantes Ă seremobiliser pour redynamiser le MĂ©canisme rĂ©gional de suivi, appelant la population Ă sâimpliquer dans la noble lutte pour la paix, la stabilitĂ© et la sĂ©curitĂ©, tant en RDC que dans les pays de la sous-rĂ©gion. Aussi voudrait-il voir lâaccent mis sur la promotion de lâintĂ©gration rĂ©gionale, celle du rĂŽle des femmes, des jeunes et de la sociĂ©tĂ© civile.
FĂ©lix Tshisekedi, PrĂ©sident de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo entourĂ©deses homologues prĂ©sents lors du Sommet des chefs dâĂtat, 10e rĂ©union de Haut Niveau du MĂ©canisme RĂ©gional de suivi.
Claude IbalankyEkolomba Ben Baruch Coordonnateur du ComitĂ© exĂ©cutif du MĂ©canisme National de Suivi lors du 10e Sommet des chefs dâĂtat.
LesparticipantsĂ la 10Ăšme rĂ©union de haut niveau de lâAccord-cadreont passĂ© en revue les avancĂ©es dans la mise en Ćuvredeleurs engagements, et relevĂ© des Ă©cueils portant atteinteĂ ceprocessus.
JAMG -P HOT OS DR
Acet effet, ils ont examinĂ© et adoptĂ© le 2Ăšme rapport dâĂ©tape sur la mise en Ćuvredelâaccord-cadre.
La RĂ©publiqueDĂ©mocratique du Congo (RDC) aabritĂ©, le 24 fĂ©vrier2022, Ă Kinshasa, la 10Ăšme rĂ©union de haut niveau du MĂ©canisme rĂ©gional de suivi de lâAccord-cadrepourlapaix, la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©rationpour la RĂ©publiqueDĂ©mocratique du Congo et la RĂ©gion. Le PrĂ©sidentdelaRDC succĂšde, pourunmandatdâun an, au PrĂ©sident ougandaisYoweri Kaguta Museveni Ă ladirection de cetteentitĂ©. FĂ©lix Tshisekedi souhaite redynamiser le MĂ©canisme rĂ©gional de suivi de lâAccord-cadredâAddis-Abeba
LES DĂFIS ĂRELEVER Toutefois, le rapport relĂšve que des dĂ©ïŹs persistent, notamment :
*Lestensions persistantes au sein et entre plusieurs pays de la RĂ©gion des Grands Lacs. Lesincursions transfrontaliĂšres dans lâest de la RDC par certains groupes armĂ©s, notamment des Ă©lĂ©ments du M23, et les accusations mutuelles dâingĂ©rence des pays voisins ont nui aux relations rĂ©gionales, minant ainsi la stabilitĂ©, en particulier dans lâest de la RDC. La mĂ©ïŹance entrepays voisins continue dâimpacter nĂ©gativement le commerce transfrontalier dans certains cas, ce qui ades rĂ©percussions sur les populations locales.
LâOPTIMISME DE FĂLIX TSHISEKEDI
«Ilrevient Ă toutes les parties prenantes de se remobiliser pour redynamiser notre structurerĂ©gionale de gouvernance du dit Accord-cadreetdemieuximpliquer les populations dans la noble lutte pour la paix, la sĂ©curitĂ© et la stabilitĂ© en RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo et dans la RĂ©gion » a dĂ©clarĂ©FĂ©lix Tshisekedi :17, avenue de la Justice Kinshasa /Gombe(RDC) â: Facebook.com/mecanismedesuivi/:
COMMUNIQUĂ
*Lâexploitation et le commerce illĂ©gal des ressources naturelles (cobalt, coltan, or, cuivre, etc.). «LaprĂ©sence, au ïŹldes ans, dâune multitude de forces nĂ©gatives et les interactions toujours plus complexesavec des Ă©lĂ©ments armĂ©s locaux, conjuguĂ©es Ă lâexistence dâimportantes sources de ïŹnancement liĂ©es Ă lâexploitation et au commerce illĂ©gal des ressources naturelles, dans un contexte socioĂ©conomique qui offredes possibilitĂ©s limitĂ©es pour la subsistance des populations civiles, ne donnent que peu de moyens aux forces nĂ©gatives et Ă certains de leurs partisans de dĂ©poser les armes et ne les incitent guĂšredans ce sens »,indique le rapport.
Il ressort, entreautres, de ce rapport, des progrĂšs au niveau interne de chaque pays signatairedelâaccord, particuliĂšrement du point de vue politique, de la coopĂ©ration en matiĂšredesĂ©curitĂ©, de lâĂ©conomie et de la justice. Au niveau politique, on constate que la diplomatie rĂ©gionale connaĂźt un nouvel Ă©lan et que des mesures ont Ă©tĂ© prises pour amĂ©liorer les relations bilatĂ©rales et multilatĂ©rales.
Antoinette NâSamba Kalambayi Jâai hĂ©ritĂ© dâun secteur marquĂ© par une fraude massive
Lâintensification des missions dâinspection et de contrĂŽle sur le terrain a permis dâaccroĂźtre les recettes du secteur minier par rapport aux annĂ©es passĂ©es. Une commission multisectorielle a par ailleurs Ă©tĂ© mise en place afin dâassurer le suivi de la cession dâactions ou de parts sociales Ă lâĂtat Ă lâoccasion de lâoc troi, de la cession ou du renouvelle ment des permis dâexploitation. Ă coup sĂ»r, cette dĂ©marche permettra Ă lâĂtat congolais de recouvrer les parts des entreprises miniĂšres qui lui reviennent. Comment abordez-vous les dĂ©fis posĂ©s par la transition Ă©cologique? Outre plusieurs rencontres organisĂ©es sous notre Ă©gide, mon ministĂšre a coorganisĂ©, avec celui de lâIndustrie, le « Business Forum 2021 », afin Titulaire du portefeuille des Mines depuis avril 2021, la ministre analyse les faiblesses des industries extractives en RDC. Surtout, elle explique les rĂ©formes en cours ainsi que les mesures quâelle envisage pour assainir les filiĂšres et valoriser les ressources.
L ongtemps prĂ© carrĂ© de lâentourage de lâex-prĂ©sident Joseph Kabila, le minis tĂšre des Mines a Ă©tĂ© confiĂ©, en avril 2021, Ă la suite du changement de majoritĂ© parlementaire, Ă Antoinette NâSamba Kalambayi, une proche du prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi. Cette juriste spĂ©cialisĂ©e en droit public se « dĂ©mĂšne pour remettre de lâordre » dans le secteur minier, poumon de lâĂ©conomie du pays. Jeune Afrique : Comment se porte le secteur minier en RD Congo? AntoinetteNâSambaKalambayi: Bien, aujourdâhui, mĂȘme sâil reste de nombreux dĂ©fis Ă relever pour parve nir Ă un rĂ©el assainissement. Il faut dâabord rappeler que je suis Ă la tĂȘte deceportefeuilledepuisunanetque, par devoir et souci de la continuitĂ© des services de lâĂtat, jâassume le pas sif de la gestion du secteur minier. Je tiens aussi Ă saluer les efforts de mes prĂ©dĂ©cesseurs carje mesure leurs dif ficultĂ©s, face au tableau peu reluisant du secteur des mines quâils mâont laissĂ© en hĂ©ritage. Pouvez-vous nous dresser ce tableau?
Au moment oĂč je suis entrĂ©e en fonction, le secteur Ă©tait pris dâas saut par des fauteurs de troubles, soutenus par des individus malveillants, et, malheureusement, par certaines autoritĂ©s politiques et autres « hommes en uniforme ». Ces personnes ont pris goĂ»t Ă dicter la loi, et ce en mĂ©connaissance du code et des rĂšglements miniers. Depuis mon arrivĂ©e Ă la tĂȘte du ministĂšre, mon cheval de bataille a Ă©tĂ© de remĂ©dier Ă cette situation Jâai hĂ©ritĂ© dâun secteur marquĂ©, entre autres, par une fraude miniĂšre massive, la non-maĂźtrise des effectifs des agents de lâĂtat, la non-maĂźtrise dupotentielrĂ©eldesmineraisenfouis dans le sol et le sous-sol du pays, la difficultĂ© Ă maĂźtriser les statistiques de production, la part trop faible de transformation locale des minerais, ainsi que le gel de certains gisements miniers⊠Quelles actions ont Ă©tĂ© engagĂ©es pour que les choses changent? Mon ministĂšre a organisĂ© des Ă©tats gĂ©nĂ©raux des mines, qui ont abouti Ă une feuille de route calquĂ©e sur le programme du gouvernement. Ces journĂ©es de rĂ©flexion mâont conduite Ă envisager plusieurs rĂ©formes, dont celles visant Ă amĂ©liorer la gouvernance des ressources miniĂšres de mon pays : lâopĂ©rationnalitĂ© du Fomin [Fonds minier pour les gĂ©nĂ© rations futures]; le retrait des droits miniers et des carriĂšres aux titulaires dĂ©faillants ; la mise en place, avec mon homologue chargĂ© des Affaires sociales, dâun cadre juridique de la gestion de la dotation de 0,3 %duchiffredâaffairesdessociĂ©tĂ©s
PROPOS RECUEILLIS Ă KINSHASA PAR STANIS BUJAKERA TSHIAMALA
«
» JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022190 GRAND FORMAT RD CONGO
miniĂšres pour contribution aux projets de dĂ©veloppement communautaire local Citons aussi la mise en Ćuvre dâun projet de localisation de nos rĂ©serves minĂ©rales grĂące Ă la signature avec la sociĂ©tĂ© X-Calibur, en avril, du deuxiĂšme avenant au contrat relatif Ă la « cartographie gĂ©o physiqueaĂ©roportĂ©eet gĂ©ologique de la RD Congo ». Quâen est-il de la lutte contre la fraude et la contrebande, qui continuent de nuire Ă la transparence et de grever lâĂ©conomie du secteur?
Le gouvernement congolais a dĂ©clarĂ© le cobalt, le germanium et le colombo-tantalite « minerais stratĂ©giques ». Pourquoi crĂ©er une seule entreprise, pour un seul minerai, et Ă laquelle on accorde un monopole? Quel sort connaĂźtra cette entreprise si, en raison du comportement fluctuant du marchĂ© au niveau international, le cobalt nâest plus stratĂ©gique? Les discussions relatives au report du dĂ©cret de crĂ©ation de lâEGC ont eu lieu au cours dâun Conseil des ministres : la sociĂ©tĂ© en tant que telle va survivre mais sera soumise Ă la concurrence, conformĂ©ment aux lois de notre pays. Quels enjeux structurels restent Ă prendre en compte? Ă lâissue de lâexamen des recours introduits par certains titulaires dĂ©faillants auxquels jâai prĂ©cĂ©demment fait allusion, jâentends procĂ©der au retrait de leurs titres miniers, qui seront reversĂ©s dans les zones de recherche gĂ©ologiques. Fort de la maĂźtrise par le S-GNC [Service gĂ©ologique national du Congo] du potentiel rĂ©el du sous-sol grĂące Ă la signature de lâavenant au contrat avec X-Calibur â, le pays pourra nĂ©gocier avec ses futurs partenaires de maniĂšre Ă©quitable. Des Ă©tudes gĂ©ologiques seront menĂ©es, qui me permettront, dâune part, dâinstituer des zones dâexploitation artisanale (ZEA) viables et, dâautrepart,dedĂ©finirdespĂ©rimĂštres dâexploitation industrielle Ă octroyer par appels dâoffres. Dans les ZEA ainsi créées, je vais installer de vĂ©ritables coopĂ©ratives miniĂšres (jâentends par lĂ de vraies associations dâexploitants artisanaux) et, afin de renforcer la traçabilitĂ© de nos minerais, je vais continuer de promouvoir la crĂ©ation de centres de nĂ©goce. Dans le cadre de lâamĂ©lio ration de la connaissance gĂ©ologique de notre pays, nous allons poursuivre les travaux de cartographie gĂ©olo gique et miniĂšre de maniĂšre Ă affiner les connaissances sur les rĂ©serves minĂ©ralesdelaRDC.Enfin,jecompte poursuivre et finaliser lâaudit du cadastre minier. Que comptez-vous faire pour redresser certaines entreprises miniĂšres dans lesquelles lâĂtat a des participations? Des actions communes sont projetĂ©es avec la ministre dâĂtat chargĂ©e du Portefeuille [AdĂšle Kahinda Mayina] Surtout, je continue dâencourager lâimplantation dâentitĂ©s de traitement et de transformation locales pour Ă©viter et, mieux, Ă©radiquer lâexportation de minerais Ă lâĂ©tat brut ou de simple concentrĂ©. Dans le but de contribuer au dĂ©veloppement socio-Ă©conomique des zones affectĂ©es par les activitĂ©s miniĂšres, je veillerai Ă lâĂ©laboration et Ă la mise en Ćuvre de cahiers des charges des responsabilitĂ©s sociales par les sociĂ©tĂ©s exploitantes.
MI N ISTĂRE DES MINES RDC
Selon moi, le dĂ©cret portant crĂ©ation de lâEGC viole non seulement le code minier, mais aussi les engagements internationaux du pays.
Pourquoi vouloir annuler le monopole de lâEntreprise gĂ©nĂ©rale du cobalt (EGC) sur le cobalt artisanal? Créée Ă la fin 2019, elle nâest opĂ©rationnelle que depuis 2021 et nâa dâailleurs pas encore achetĂ© de minerais⊠Ma dĂ©marche Ă lâĂ©gard de lâEGC est diffĂ©rente de celle de mes prĂ©dĂ©cesseurs au ministĂšre des Mines. En effet, je considĂšre que le dĂ©cret portant crĂ©ation de lâEGC viole non seulement le code minier, mais aussi les engagements internationaux et rĂ©gionaux souscrits par la RDC, puisquâil consacre le monopole dâachat du cobaltpar une seule entreprise, contrevenant ainsi au principe de la libre concurrence garanti par notre droit. En outre, la conclusion par lâEGC de lâaccord commercial avec la firme Trafigura pour procĂ©der aux achats, en vertu de lâexclusivitĂ© confĂ©rĂ©e Ă lâEGC, revient Ă transfĂ©rer cette exclusivitĂ© de lâĂtat Ă un opĂ©rateur privĂ©. Enfin, comment peut-on tolĂ©rer une sociĂ©tĂ© dont lâexistence et la survie sont incertaines, parce quâelle est tributaire du caractĂšre stratĂ©gique dâun minerai en lâoccurrence le cobalt â, qui dĂ©pend entiĂšrement du comportement de ses cours sur le marchĂ© mondial, qui peut varier Ă tout moment? Quelle est votre stratĂ©gie sur ce dossier, puisque vous avez rĂ©cusĂ© celle de vos prĂ©dĂ©cesseurs?
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dâintensifier la recherche de nouveaux gisements et minerais, face Ă la demande toujours croissante de lithium et de cobalt, utilisĂ©s entre autres pour la fabrication des batteries Ă©lectriques.
JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022192 GRAND FORMAT RD CONGO
Ătabli Ă Maurice, KKM est formĂ© de Kuramo Kapital, prĂ©sidĂ© par lâAmĂ©ricain dâorigine nigĂ©riane Wale Adeosun, et de Mafuta Investment Holding, dĂ©tenu en partie par Kalaa Mpinga (fils du Congolais Mpinga Kasenda, un ex-Premier ministre de Mobutu),qui,aprĂšsavoirinvestidans les mines, a optĂ© pour lâagribusiness.
DĂ©chets naturels PHC est le plus grand producteur dâhuile rouge du pays. Lâentreprise en a produit 42000 t en 2020 et plus de 47 540 t en 2021, avec une prĂ©vision de 60 000 t, qui pourrait ĂȘtre ramenĂ©e Ă 58000 t, en 2022. Ses trois principaux clients sont Marsavco et Palmco, Ă Kinshasa, ainsi que Congo Oil Ă Boma, dans le Kongo-Central.
Quand les fonds misent sur lâagribusiness
MURIEL DEVEY MALU-MALU A prĂšs le rachat, en novembre 2020, des parts du canadien Feronia, et, en avril 2021, de celles du fonds dâinvestissement African Agriculture Fund (AAF), le fonds Straight KKM2 (KKM) est dĂ©sormais aux commandes des Plantations et Huileries du Congo (PHC), dont il est lâactionnaire majoritaire, avec 83,2 % du capital, aux cĂŽtĂ©s de lâĂtat congolais.
Replantation de palmeraies, modernisation des usines, nouveaux travaux de recherche : les Plantations et Huileries du Congo (PHC) conforteront-elles leur position de plus gros producteur dâhuile de palme du pays ?
Pour ne pas entamer la forĂȘt, PHC mise sur une opĂ©ration de replanta tion de 800 ha dans les vieux blocs, qui sera lancĂ©e en 2022. Lâautre volet est lâaugmentation du rendement Ă lâhectare pour accroĂźtre la production dâhuile, en privilĂ©giant lâentretien, la maintenance, le sarclage et lâĂ©pandage des plantations, le tout en sâassurant que les bonnes procĂ©dures agricoles sont respectĂ©es. De lâengrais ? Oui, mais plutĂŽt en utilisant les rafles et dâautres dĂ©chets naturels qui sont rĂ©injectĂ©s dans le sol ou qui servent de combustible pour les usines. Les Ă©tendues exploitĂ©es nâĂ©tant pas suffisantes pour nourrir toutes les plantations, il faut donc des apports nutritionnels additionnels, tels que le nutrogĂšne ou le potassium, et, selon la qualitĂ© des sols, de la chaux. Bien quâils soient trĂšs Ă©loignĂ©s de Kinshasa, les sites disposent tous dâunaccĂšsdirectouindirectaufleuve
Depuis sa crĂ©ation, en 1911, jusquâĂ son acquisition par Feronia, en 2009, la concession de PHC appartenait au gĂ©ant britannico nĂ©erlandais Unilever. Elle dispose de 103 000 ha de terres dans le nord de la RD Congo. Tout nâest pas exploitĂ© : les surfaces en production, dites matures, occupent 20650 ha; les jeunes plantations, 839 ha ; les palmeraies anciennes, 7 631 ha. Soit 25 000 ha exploitĂ©s, sur plus de 29 000 ha plantĂ©s, le reste Ă©tant composĂ© de forĂȘts, dâinfrastructures, de zones de conservation et de terres utilisĂ©es par les communautĂ©s locales. Les plantations sont rĂ©parties sur trois sites : Lokutu, dans la province de la Tshopo (13700 ha); Yaligimba, dans la Mongala (11 725 ha) ; et Boteka, dans lâĂquateur (3 677 ha). Chaquesiteabriteuneusinecompre nant une unitĂ© de production dâhuile de palme rouge et une autre dâhuile de palmiste. Ătablie Ă Lokutu, lâusine de Lokumete peut usiner 30 tonnes de rĂ©gime par heure. « Câest une usine de pointe, entiĂšrement automatisĂ©e, lâune des plus performantes du continent », prĂ©cise Monique Gieskes, la directrice gĂ©nĂ©rale de PHC JusquâĂ prĂ©sent, KKM a investi quelque 50 millions de dollars dans la sociĂ©tĂ©. Dâautres investissements sont Ă lâĂ©tude, dont la modernisation Ă©ventuelle de lâusine de Lokutu, Ă lâarrĂȘt depuis la mise en service de celle de Lokumete. Tout dĂ©pendra des rĂ©sultats des Ă©tudes en cours.
Ses trois principaux clients : Marsavco et Palmco, Ă Kinshasa, ainsi que Congo Oil, Ă Boma.
PépiniÚre de Yaligimba, dans la province de la Mongala (nord du pays). Congo, par lequel sont évacués les produits.
DĂšs le dĂ©part, KKM a misĂ© sur lâemploi de nationaux et sur le leadership local. Son but est de faire de la gestion des plantations un management 100 % congolais. « Les Congolais connaissent le pays et sont les mieux placĂ©s pour rĂ©ussir. Cela sâaccompagne dâun renforcement des capacitĂ©s locales par des programmes de formation, qui peuvent ĂȘtre animĂ©s par des expatriĂ©s, mais sous lâencadrement des chefs de site congolais », insiste la directrice gĂ©nĂ©rale.PHCcompte7400ouvriers, tous sous contrat. « Les emplois temporaires sont liĂ©s Ă la pĂ©riode de pointe, prĂ©cise Monique Gieskes. On va identifier les travailleurs qui seront permanents et ceux qui seront temporaires. » Croisements innovants Câest dans le Centre de recherche et dâexpĂ©rimentation en agriculture tropicale de Yaligimba (Creaty) que sont rĂ©alisĂ©s les travaux de recherche agronomique.Descroisementsysont effectuĂ©s pour dĂ©velopper des matĂ©riels amĂ©liorĂ©s, trĂšs productifs ou rĂ©sistants aux maladies du palmier Ă huile Par exemple, le centre travaille actuellement sur une semence naturelle qui donnera une huile sans carotĂšne et avec laquelle on pourra produire de lâhuile de table. PHC produit des semences pour rĂ©pondre Ă ses propres besoins et en vend Ă©gale ment Ă dâautres producteurs du pays.
Ă la fin de juin, PHC a signĂ© un accord avec lâInternational Institute of Tropical Agriculture (IITA, Ă©tabli au Nigeria), partenaire technique du gouvernementcongolaisdanslamise en Ćuvre du programme de lâAgenda de la transformation agricole (ATA) de la RDC. Lâentreprise fournira Ă lâIITAdessemencesdecĂ©rĂ©ales(maĂŻs, soja, riz et manioc) qui seront distribuĂ©es aux communautĂ©s rurales. Cette approche, que KKM qualifie de « prospĂ©ritĂ© partagĂ©e grĂące Ă lâagri business », est-elle un simple slogan ou un vrai pari? Lâavenir le dira. Câest aussi plus tard, aprĂšs avoir consolidĂ© lâexistant, que KKM dĂ©cidera, ou non, dâinvestir dans dâautres domaines ou dâacquĂ©rir dâautres plantations.
PH C JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 193 GRAND FORMAT RD CONGO
« Le site de Boteka, le plus proche de Kinshasa, se trouve au bord de la Momboyo, lâun des bras du fleuve. Lokutu, le plus distant, borde le fleuve. Quant au site de Yaligimba, il est Ă 45 minutes par la route du port fluvial de Yambenga », explique Monique Gieskes. Ă Yaligimba, lâĂ©vacuation de lâhuile et son stockage au port de Yambenga mobilisent une flotte de camions-citernes et de tanks (citernes).Ailleurs,lâhuileesttransfĂ©rĂ©e dans les cales des barges depuis le site. Le chargement de lâhuile nĂ©cessite une sĂ©rie dâopĂ©rations : rĂ©alisation de contrĂŽles sanitaires et de tests de qualitĂ© pour vĂ©rifier lâaciditĂ© et le tauxdâhumiditĂ©deshuiles;rĂ©daction dâun procĂšs-verbal par le contrĂŽle qualitĂ© de PHC et le propriĂ©taire de la barge; remise dâun boĂźtier contenant des Ă©chantillons des huiles embarquĂ©es au gĂ©rant de la barge; scellage des cales. LâactivitĂ© logistique de PHC sâarrĂȘte au fleuve. En 2021, lâentreprise a pris lâoption de vendre « ex-usine », câestĂ -dire Ă la sortie de lâusine ou Ă lâembarcadĂšre. Yambenga, port dâintĂ©rĂȘt public, Ă©tant attaquĂ© par lâĂ©rosion, PHC a dĂ©cidĂ© de le reconstruire pour sĂ©curiser ses tanks et lâaccostage de tous les bateaux (barges, balei niĂšres, pirogues, bateaux rapides) qui utilisent le quai et permettent les Ă©changes par le fleuve. Un appel dâoffrespourlareconstructionduquai sera lancĂ© une fois achevĂ©e lâĂ©tude de faisabilitĂ©, qui prĂ©cisera les quantitĂ©s et le prix des matĂ©riaux Ă acheter.
La société conçoit et développe des semences améliorées, trÚs productives ou résistantes aux maladies.
Dans le cadre de son dĂ©partement « Programme de dĂ©veloppement communautaire », lâentreprise investitĂ©galementdansdesinfrastructures (hĂŽpitaux, centres de santĂ©, Ă©coles, systĂšmes dâeau potable) et aide les communautĂ©s locales Ă dĂ©velopper leurs propres plantations de palmiers Ă huile et de cacaoyers pour leur garantir un accĂšs Ă lâautonomie financiĂšre et alimentaire.
ARTHUR MALU-MALU Dâ immenses dĂ©fis relevĂ©s depuis une vingtaine dâannĂ©es, de grands projets en cours, de nouveaux horizons plein la tĂȘte Tout paraĂźt aller pour le mieux dans lavie de MichaĂ«lHoolans.Le quadra gĂ©naire est fier de son parcours professionnel, quâil a effectuĂ© en grande partie auprĂšs de son pĂšre JeanClaude Hoolans, nĂ© Ă Kisangani â, en particulier au sein de lâentreprise familiale, Miluna, quâil ne semble pas prĂšs de quitter.
AprĂšs avoir Ă©tudiĂ© le commerce Ă lâĂcole pratique des hautes Ă©tudes commerciales (Ephec) de Bruxelles, MichaĂ«l Hoolans suit une formation spĂ©cifiquedechefdâentrepriseĂ lâIns titut wallon de formation en alternance et des indĂ©pendants et petites et moyennes entreprises (IfaPME) de ChĂąteau-Massart, Ă LiĂšge, quâil achĂšve en 2003. « AprĂšs mes Ă©tudes, jesuisdirectementrevenuĂ Kinshasa, parce que le Congo me manquait. Et aussi parce quâil y avait beaucoup plus dâoccasions de faire des affaires en RDC quâen Belgique » Il y fait ses premierspasdanslavieactiveentant questagiaireĂ laNouvelleCompagnie africainedâexportation(Nocafex),une sociĂ©tĂ© de transit de marchandises dont le directeur gĂ©nĂ©ral nâest autre que son pĂšre Lequel rachĂšte lâentreprise quelques mois plus tard. AprĂšs avoir fait le tour des principaux services de Nocafex, MichaĂ«l Hoolans prend la tĂȘte de la direction dâexploitation de lâentreprise. « Mon pĂšre mâa fait confiance. Jâai apportĂ© des idĂ©es novatrices, qui nous ont permis, entre autres, de dĂ©velop per le secteur fluvial Notre port privĂ© accueillait principalement des bateaux tiers, et nous avons pu, par la suite,disposerdenotrepropreflotte.
Les Hoolans multiplient les succĂšs. IlssontnotammentseulspropriĂ©taires de Miluna, qui, en 2007, a rachetĂ© une concession de plus de 25000 ha aux Plantations et huileries du Congo (PHC, filiale dâUnilever), dans le SudUbangi (Nord-Ouest). Au dĂ©part spĂ©cialisĂ© dans lâhĂ©vĂ©a et le caoutchouc, Miluna a diversifiĂ© ses plantations et productions (cacaoyers, cafĂ©iers, palmiers Ă huileâŠ). Et câest sa sociĂ©tĂ© sĆur,Nocafex,quiassureletransport de lâhuile et des autres produits. AssociĂ© de Miluna, MichaĂ«l Hoolans est dĂ©sormais Ă©galement directeur gĂ©nĂ©ral de Green Congo Development (GCD), la sociĂ©tĂ© propriĂ©taire et chargĂ©e de lâamĂ©nagementdelazoneĂ©conomiquespĂ©ciale (ZES) de Gwaka, dans le Sud-Ubangi. Cette ZES privĂ©e sâinscrit dans une dĂ©marche dâĂ©conomie verte et de dĂ©veloppement durable, avec pour objectif la transformation locale des productions agricoles. Une marina Ă La Gombe Ce projet est censĂ© stimuler lâautosuf fisance alimentaire dans la province et doper les exportations agricoles, crĂ©ant, au passage, de nombreux emplois. Le Sud-Ubangi sây prĂȘte. SituĂ©e au carrefour de trois corridors de transport multimodal, la province associe routes et voies fluviales : le corridor Nord-Ouest, vers Bangui et Douala;lecorridorEst,versKisangani; le corridor Sud-Est, vers Kinshasa et Brazzaville.LecoĂ»tdelâamĂ©nagement de la phase pilote de la ZES est estimĂ© Ă prĂšs de 40 millions de dollars. Des financements extĂ©rieurs sont atten dus,etGCDestenpourparlersavecles autoritĂ©spourobtenircertainesgaran ties avant de donner le coup dâenvoi des travaux Mais rien ne semble plus sâopposerĂ lamiseenĆuvreduprojet. En attendant, et dĂšs quâil le peut, MichaĂ«lHoolanssuitlâĂ©volutiondâun autrechantier :celuidâunemarinaau bord du fleuve Congo, Ă Kinshasa, Ă La Gombe. Il est le concepteur de ce projet Ă vocation touristique estampillĂ© « famille Hoolans », qui sâinsĂšre dans un programme dâinvestisse ment global de 18 millions de dollars La premiĂšre phase doit ĂȘtre livrĂ©e Ă la fin de cette annĂ©e.
AssociĂ© dans lâentreprise familiale Miluna, dans le Sud-Ubangi, MichaĂ«l Hoolans est aussi Ă la tĂȘte de Green Congo Development, qui, avec lâamĂ©nagement de la zone Ă©conomique spĂ©ciale de Gwaka, compte doper les activitĂ©s agro-industrielles dans la province.
Entrepreneur vert, ambitions durables
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Le projet est censĂ© stimuler lâautosuffisance alimentaire, dynamiser les exportations et crĂ©er de nombreux emplois.
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DOSSIER SENSIBLE Métro-Kin, est-ce crédible?
Bien que sa crĂ©ation soit rĂ©cente (2019) et quâelle ne dispose pas encore de solides rĂ©fĂ©rences dans le secteur, TCC a conclu une convention de financement avec la sociĂ©tĂ© chinoise Sinohydro. Et alors que lâAssemblĂ©e provinciale de Kinshasa a adoptĂ© le projet en novembre 2021, certains dĂ©putĂ©s provinciaux assurent nâavoir jamais eu accĂšs aux Ă©tudes de faisabilitĂ© menĂ©es par la sociĂ©tĂ©. Trans Connexion Congo et ses « partenaires techniques et financiers », comme lâindique un document officiel relatif au projet, sont censĂ©s possĂ©der 65 % du capital de MĂ©tro-Kin. Ă terme, il est toutefois prĂ©vu que TCC cĂšde jusquâĂ 51 % de ses actions Ă des « partenaires stratĂ©giques » censĂ©s, eux, apporter des financements. De qui sâagit-il? Le flou persiste Quant Ă la SCTP, créée en 1935 sous le nom de lâOffice des transports coloniaux (Otraco), elle jouit dâun savoir-faire et dâune expertise reconnus dans le transport fluvial et lâexploitation de ports. Reste que, confrontĂ©e Ă dâimportants problĂšmes de trĂ©sorerie, elle a besoin dâĂȘtre recapitalisĂ©e. On peut ĂȘtre dâautant plus dubitatif que la mise en Ćuvre du projet requiert le dĂ©placement de nombre de riverains dont les maisons ont Ă©tĂ© bĂąties Ă moins de 15 mĂštres de la voie ferrĂ©e existante. Cette mesure affecterait un millier de foyers, et le coĂ»t de la destruction des habitations et du relogement des familles serait estimĂ© Ă lui seul Ă quelque 12 millions de dollars. Dans un pays oĂč les annonces sans lendemain sont monnaie courante, rien nâincite pour le moment Ă sâemballer trop rapide ment pour ce projet. Arthur Malu-Malu
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Lâobjectif affichĂ© est dâassurer quotidiennement les dĂ©placements dâau moins 6 millions de personnes dans cette capitale de plus de 12 millions dâhabitants, qui couvre dĂ©jĂ prĂšs de 10000 km2 et ne cesse de sâĂ©tendre vers lâEst, sans que les infrastructures de base ne suivent le mouvement.
Objectif affichĂ© : assurer au quotidien les dĂ©placements dâau moins 6 millions de personnes.
Le projet consiste Ă rĂ©habiliter les voies ferrĂ©es existantes et Ă en construire de nouvelles afin de disposer, Ă terme, dâun rĂ©seau de 300 km, le premier volet du projet portant sur le tronçon compris entre la gare centrale, Ă La Gombe, et lâaĂ©roport international de Ndjili, soit une vingtaine de kilomĂštres, pour un coĂ»t estimĂ© mais non confirmĂ© dâenviron 250 millions de dollars Cependant, si les travaux devaient dĂ©buter en fĂ©vrier, six mois plus tard, le premier coup de pioche nâa toujours pas Ă©tĂ© donnĂ© Quant aux porteurs du projet, ils se font discrets et sont peu enclins Ă sâexprimer. RĂ©sultat, le projet de MĂ©tro-Kin suscite bien des questions⊠qui restent sans rĂ©ponse. Partenaires mystĂšres
Lâannonce a Ă©tĂ© faite en grande pompe en janvier : le rĂ©seau ferrĂ© de Kinshasa sera modernisĂ© et Ă©tendu afin de faciliter la mobilitĂ© de la population et dâespĂ©rer mettre un terme aux monstrueux embouteillages qui se forment dans la mĂ©gapole aux heures de pointe. Au cĆur du dispositif, la sociĂ©tĂ© MĂ©tro-Kin, nĂ©e dâun partena riat public-privĂ© entre la ville de Kinshasa, la SociĂ©tĂ© commerciale des transports et des ports (SCTP) et Trans Connexion Congo (TCC), prĂ©sentĂ©e comme la sociĂ©tĂ© « conceptrice du projet et porteuse dâaffaires ».
JA MG -P HO TO S:D .R.
UN PARTENARIATPOUR UN AVENIR MEILLEUR
GrĂące Ă notre programme de dĂ©veloppement des entreprises (PDE) nous soutenons la formation des futurs entrepreneurs congolais, qui deviendront des intervenants critiques dans le renouveau de lâĂ©conomie locale. Leur contribution Ă nos approvisionnements en biens et services pour lâannĂ©e 2021 est estimĂ©e Ă 400 millions de dollars US.
Ainsi travaillons-nous en partenariat avec le gouvernement congolais sur des projets stratĂ©giques, essentiels pour stimuler les activitĂ©s Ă©conomiques au niveau national. GrĂące Ă un investissement ïŹnancier de 450 millions de dollars US, nous avons pu contribuer Ă larĂ©habilitation de deux turbines (G27 et G28) du barrage de INGA ainsi quâĂ dâautres projets dâinfrastructure stratĂ©giques, permettant la production de 450 mĂ©gawatts dâĂ©nergie hydroĂ©lectrique, dont 50 ont pu ĂȘtre mis Ă la disposition de la population de Kolwezi.
Nous estimons que le secteur privĂ© peut jouer un rĂŽle clĂ© dans la montĂ©e en puissance de la RDC et son accession au rang de gĂ©ant mondial de lâindustrie miniĂšre, contribuant ainsi Ă la transition Ă©nergĂ©tique Ă travers un approvisionnement responsable en cuivre et cobalt.
Nous sommes ïŹers dâĂȘtre partie prenante et membre de la Fair Cobalt Alliance (Alliance pour un cobalt Ă©quitable », ou FCA), qui Ćuvre Ă latransformation positive de lâEMAPE en RDC. Chaque annĂ©e, KCC et MUMI organisent un camp dâĂ©tĂ© pour encourager les enfants et les jeunes Ă poursuivre des carriĂšres alternatives et Ă nepas prendre partaux activitĂ©s dâextraction illĂ©gales. Entre 2016 et 2021, plus de 55 000 enfants ont pu bĂ©nĂ©ïŹcier de cette initiative.
Nous contribuons Ă lâĂ©conomie et au dĂ©veloppement de la RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo
Le Groupe Glencore est ïŹer de compter parmi les investisseurs en RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo (RDC) depuis 2008, oĂč nous gĂ©rons deux exploitations de cuivre et de cobalt industrielles, KamotoCopperCompanySA (KCC)âunpartenariat avec la GĂ©camines dont elle dĂ©tient 25%des parts et nous 75%âainsi que MutandaMiningSARL(MUMI),dĂ©tenue Ă 100%par Glencore. Ăcejour,nous avons investi plus de 8milliards de dollars US dans le dĂ©veloppement de MUMI et KCC. Notre prĂ©sence en RDC acontribuĂ© Ă lâĂ©tablissement et Ă lâexpansion dâun secteur extractif robuste, créé des milliers dâemplois, soutenu le dĂ©veloppement de lâĂ©conomie locale et gĂ©nĂ©rĂ© des avantages socio-Ă©conomiques pour la province du Lualaba qui abrite nos opĂ©rations.
Nous estimons que lâexploitation miniĂšre ar tisanale et Ă petite Ă©chelle (EMAPE) lĂ©gitime peut jouer un rĂŽle important et durable dans lâĂ©conomie de la RDC, et quâelle peut coexister avec lâexploitation miniĂšre Ă grande Ă©chelle.
UN PARTENAIRE ĂCONOMIQUE POUR LA RDC Nous avons publiĂ© ce 30 juin 2022 notre Rapportsur les paiements gouvernementaux en 2021. Ce rapportest publiĂ© conformĂ©ment aux exigences en matiĂšre de reporting
PUBLI-INFORMATION
UN PARTENAIRE EN ĂTHIQUE ET GOUVERNANCE POUR LA RDC
les mesures de prĂ©vention et de contrĂŽle et contribuer Ă lamise en Ćuvre des meilleures pratiques dans ce domaine.
VERS UNE TRANSITION ĂNERGĂTIQUE RĂUSSIE
La RDC est le premier producteur mondial de cobalt et lâun des plus grands producteurs mondiaux de cuivre, la positionnant ainsi au cĆur des transitions tant en matiĂšre dâĂ©ner gie que de mobilitĂ©. Glencore sâengage Ă ce que le pays continue de jouer un rĂŽle impor tant Ă lâĂ©chelle mondiale dans le cadre de ces transitions. Nos activitĂ©s en RDC jouent Ă©galement un rĂŽle critique dans la rĂ©alisation de notre ambition de devenir une entreprise Ă zĂ©ro Ă©mission nette dâici 2050. En aoĂ»t 2021, nous avons augmentĂ© notre objectif de rĂ©duction des Ă©missions Ă moyen terme Ă une rĂ©duction de 50%dâici 2035 ainsi quâintroduit un nouvel objectif Ă courtterme dâune rĂ©duction de 15%dâici 2026.
Pour la RDC notre contribution pour lâannĂ©e 2021 se prĂ©sente comme suit : n $856 millions de paiements en impĂŽts, taxes, redevances⊠n $4,3 millions dâinvestissement socio-communautaire n $293 millions dâinvestissement en RDC pour la seule annĂ©e 2021 n 14 800 employĂ©s et contractants
du chapitre 10 de la directive comptable de lâUE. Comptant parmi les plus grandes entreprises de matiĂšres premiĂšres au monde, nous sommes prĂ©sents Ă plusieurs niveaux de la chaĂźne dâapprovisionnement en matiĂšres premiĂšres de par nos activitĂ©s. Nous soutenons les gouvernements des pays qui accueillent nos activitĂ©s dans leur volontĂ© de crĂ©er de la valeur Ă partir de leurs ressources naturelles. Cela sâinscrit dans le cadre de notre objectif, Ă savoir fournir de maniĂšre responsable les matiĂšres premiĂšres qui amĂ©liorent la vie quotidienne.
«Nous sommesengagéspour un avenir meilleurenRépubliqueDémocratique duCongo.» www.glencore.com
La RDC est le premier producteur mondial de cobalt et lâun des plus grands producteurs mondiaux de cuivre
GLENCORE DRC Immeuble Petit-Pont 123 A, avenue de la Justice, C/ Gombé -Kinshasa République Démocratique du Congo
En tant quâopĂ©rateur responsable, nous nous appuyons sur notre Code de conduite et sur nos valeurs. Glencore ainvesti ces derniĂšres annĂ©es des ressources substantielles dans le dĂ©veloppement dâun programme dâĂ©thique et de conformitĂ© de premier ordre et travaille avec les organismes publics congolais et dâautres parties prenantes pour renforcer
SOCIĂTĂ
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Pour lâheure, lâUNH est dotĂ©e de six facultĂ©s : sciences de gestion, sciences informatiques, architecture (officiellement Ăcole dâarchitecture et dâurbanisme) les trois cursus les plusdemandĂ©s â,maisaussisciences technologiques (le gĂ©nie civil et le gĂ©nie Ă©lectrique y sont enseignĂ©s, la crĂ©ation dâun nouveau dĂ©partement mĂ©canique est Ă lâĂ©tude), sciences des aliments et de lâenvironnement, et droit (la derniĂšre nĂ©e). En 2023 sây ajouteralafacultĂ©dessciencesdelâinformation et de la communication.
Six facultĂ©s Pourtant, se former dans cette universitĂ© privĂ©e nâest pas donnĂ© Ă tout lemonde Aux50 dollarsdâinscription sâajoutent1800 dollarsparanpourles frais acadĂ©miques « un coĂ»t Ă©levĂ© », reconnaĂźt Takizala â, sans compter les dĂ©penses dâassurance pour les Ă©tudiants qui effectuent des stages sur le terrain dans le secteur minier. Outre les revenus liĂ©s aux frais dâins cription et de scolaritĂ©, lâUNH bĂ©nĂ© ficie de subventions de la Banque mondiale, de lâUnion europĂ©enne et de la Belgique. Et elle a recours Ă des dons afin dâoffrir des bourses Ă des Ă©tudiants dont les moyens financiers sont limitĂ©s.
LâidĂ©edefonderuneuniversité« de qualitĂ© » remonte Ă plusieurs annĂ©es, insiste Alexis Takizala. « Il y avait un besoin.LesenfantsdesfamillesaisĂ©es qui terminaient le cycle secondaire allaientfaireleursĂ©tudessupĂ©rieures Ă lâĂ©tranger La demande est venue de parents dont les enfants frĂ©quentaientlecomplexescolaireLâĂge-dâOr, dont mon Ă©pouse est la promotrice », explique-t-il.Crééeen2014,lâUNHest devenueopĂ©rationnelledeuxansplus tard. Ă son ouverture, elle accueillait 228 Ă©lĂšves; pour lâannĂ©e acadĂ©mique 2021-2022, ils sont plus de 1400, dont 800 Ă©tudiantes.
Ouverte en 2016 Ă Lubumbashi, lâUNH accueille dĂ©jĂ plus de 1400 Ă©tudiants. AdaptĂ©s aux besoins locaux, les cursus sont conçus en partenariat avec dâautres Ă©tablissements et avec des entreprises Mais tout cela a un prix
Une université pas comme les autres
MURIEL DEVEY MALU-MALU Câ est dans le quartier Gambela, Ă Lubumbashi (Haut-Katanga), que lâuniversitĂ© Nouveaux Horizons (UNH) a ouvert ses portes en 2016. Titulaire dâune licence de droit et dâun doctorat en linguistique, son cofondateur et recteur, le professeur Ă©mĂ©rite Alexis Takizala, est issu dâunegrandefamilleoriginairedelâex Bandundu.AprĂšsavoirpassĂ©cinqans enCalifornie,ilrentreen1974enRDC alors ZaĂŻre â, oĂč il est affectĂ© Ă lâUniversitĂ© de Lubumbashi (Unilu). « Ce nâĂ©taitpasmonchoix,maismafacultĂ© setrouvaitdanscetteville.Nousnous y sommes installĂ©s et nous y sommes trĂšs bien », confie-t-il. Dans le bureau du recteur, au troisiĂšme Ă©tage de lâaile la plus haute du bĂątiment,unegrandeafficheannonce la couleur : « Nous sommes UNH, devenons le sel de la terre, la lumiĂšre du monde. » Pourquoi ce nom de « Nouveaux Horizons » ? « Câest le rĂ©sultat dâune longue discussion, commentelerecteur.Cenomrenvoie Ă nos valeurs et fait partie de notre ambition, qui est dâouvrir les horizons. »SurunelonguetabletrĂŽneune maquette rĂ©alisĂ©e par les Ă©tudiants enarchitecturedelapromotion20192020,unprojetdâextensiondelâUnilu.
MD MM POUR JA
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Pour faire face Ă la croissance de lâuniversitĂ©,unnouveaubĂątimentest encoursdeconstruction:auxquelque vingt salles de cours et « auditoires » (sallesdeconfĂ©rences,amphithéùtres) existants et Ă la grande bibliothĂšque viendront sâajouter six auditoires de 200 places. La facultĂ© la plus frĂ©quentĂ©e est celle des sciences de gestion, qui absorbe la moitiĂ© des effectifs Ă©tudiants, puis celle dâarchitecture « Nous avons ouvert cette Ă©cole car, autrefois, les Ă©tudiants devaient aller Ă KinshasapourĂ©tudierlâarchitecture et lâurbanisme. Or il y a une demande trĂšs forte Ă Lubumbashi et dans la rĂ©gion avec lâextension de lâurbanisation », expose le recteur. En revanche, bien quâelle soit la premiĂšre et seule facultĂ© du genre en RDC, celle des sciences des aliments et de lâenvironnement est la moins frĂ©quentĂ©e. Un paradoxe pour un pays qui se positionne comme un « pays-solution pour le changement climatique » et qui dispose de la majoritĂ© des mĂ©taux stratĂ©giques de la transition Ă©nergĂ©tique. Il est vrai que,pendantlongtemps,lesĂ©tudiants rechignaient Ă sây inscrire, pensant quâonyapprenaitsurtoutdesrecettes de cuisine. Mais la tendance commence Ă sâinverser « Nous menons une grande campagne de sensibilisation sur les questions dâenvironne ment et sur les dĂ©bouchĂ©s quâoffre ce secteur », souligne Alexis Takizala. Et lamĂ©prisequantĂ lâobjetdessciences des aliments semble levĂ©e. Ă la fin de mai,lorsdesjournĂ©esportesouvertes de lâUNH, câest la facultĂ© des sciences des aliments et de lâenvironnement qui a attirĂ© le plus de monde. « Cette facultĂ© comprend entre autres une minibrasserie, qui produit la biĂšre Horiz,etlesĂ©tudiantsontfabriquĂ©de nouvellesbiĂšresavecdesfruitslocaux et du gingembre. On y fait Ă©galement de la transformation. Nous avons par exemple testĂ© la fabrication de pain Ă partir de farine de manioc. » On y produit aussi des huiles essentielles Ă base de plantes locales. RĂ©seau international Pour le moment, les cursus de lâUNH ne forment que jusquâau niveau de la licenceetdumasterrechercheouprofessionnel. Les Ă©tudiants qui veulent obtenir un doctorat partent donc Ă lâĂ©tranger, en particulier en Belgique ou en France. « Lâun de nos chefs de travaux en gestion Ă©tudie dans une Ă©cole doctorale française, un de nos Ă©lĂšves en gĂ©nie civil effectue son doctorat Ă La Rochelle, une Ă©tudiante en sciences des aliments est Ă Rennes, etc.Etnousallonssolliciterlacollabo rationdelâUnilupourlesdoctoratsen architecture. »Quantauxprofesseurs, silaplupartdâentreeuxsontdesenseignants-visiteurs,cenâestpasunchoix delâuniversitĂ©.« Ilestdifficiledetrouverdescandidatsquiveulentresteren RDC.Plusieursdenosprofesseursont fondĂ© une famille Ă lâĂ©tranger. Mais nouscomptonssurlesjeunesquinâont
Le bĂątiment principal de lâUniversitĂ© Nouveaux Horizons, dans la capitale du Haut-Katanga. Longtemps, les Ă©tudiants ont rechignĂ© Ă sâinscrire en sciences des aliments et de lâenvironnement, pensant quâon y apprenait des recettes de cuisine.
Plusieurs concours dâĂ©loquence créés ces derniĂšres annĂ©es rencontrent un franc succĂšs. Objectif : aider les jeunes Ă structurer et Ă exprimer leurs idĂ©es
JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022202 GRAND FORMAT RD CONGO
BELLISSIME PHO TO
pas encore dâengagement. » Loin dâĂȘtre isolĂ©e, lâUNH, qui fait par tie de lâAssociation internationale des universitĂ©s (AIU), multiplie les efforts pour nouer des liens avec dâautres Ă©tablissements dâensei gnement supĂ©rieur Ă commencer par lâUnilu, avec laquelle elle vient dâofficialiser une collaboration pour que les Ă©tudiants de lâUNH frĂ©quentent les laboratoires de sa facultĂ© polytechnique. Elle a par ailleurs Ă©tabli des accords de par tenariat avec deux universitĂ©s de Kinshasa : lâUniversitĂ© catholique du Congo (UCC) et lâUniversitĂ© Loyola du Congo (ULC), fondĂ©e en 2016 par des jĂ©suites Lâobjectif ? « Organiser des Ă©changes dâenseignants et dâĂ©tu diants, susciter des collaborations dans le domaine de la recherche et fairedespublicationscommunes. » Des partenariats similaires sont Ă©tablis avec des universitĂ©s Ă©tran gĂšres, dont lâuniversitĂ© de Sousse, en Tunisie, et lâĂcole supĂ© rieure spĂ©ciale dâarchitecture du Cameroun (Essaca). Des pourpar lers sont Ă©galement en cours avec lâĂcole supĂ©rieure de commerce (ESC) dâAmiens et avec lâuniversitĂ© Paris-Saclay, en France. Stages en entreprise LâUNH a fixĂ© deux prioritĂ©s Ă ses Ă©tudiants. La premiĂšre est de favoriser les stages profession nels en entreprise. Bien avant le rĂ©cent passage au systĂšme LMD (licence-master-doctorat), elle avait Ă©tabli des contacts avec des sociĂ©tĂ©s dâĂtat comme la GĂ©camines et la SociĂ©tĂ© natio nale des chemins de fer du Congo (SNCC) â, avec des brasseries et avec le groupe Hyper Psaro pour la transformation des aliments, avec des banques et des organismes de ressources humaines. Autant dâentreprises qui accueillent des stagiaires.
AutreprĂ©occupation :« quelâĂ©tu diant qui termine son cursus ait le sens de lâentrepreneuriat, dâautant plus que trouver un travail est par fois difficile », souligne le recteur. Dans le droit fil de la devise que sâest donnĂ©e lâuniversitĂ© : « Oser. Innover. PersĂ©vĂ©rer ».
Prix du prestigieux concours dâart oratoire de la ConfĂ©rence internatio nale des barreaux (CIB), Ă Lausanne, en 2018, il a créé le Concours dâĂ©loquence Tshimbadi, Ă la facultĂ© de droit de lâUniversitĂ© de Lubumbashi. Il orchestre Ă©galement les ProcĂšs dâhistoire dans le cadre de son asso ciation Congo-Culture, et anime des dĂ©bats dans son club Ăloquence. Tous sont partis du mĂȘme constat : sâil y a certes quelques exceptions, la plupart des lycĂ©ens et Ă©tudiants ont du mal Ă Ă©crire correctement et Ă sâexprimer en public, en particulier les jeunes filles, souvent plus timides que les garçons. Ă lâapprĂ©hension de prendre la parole sâajoute « la dif ficultĂ© de concevoir, de structurer et dâexprimer des idĂ©es de maniĂšre claire », prĂ©cise Jacques Mukonga. Art oratoire Au cours des Ă©tudes secondaires et supĂ©rieures congolaises, mĂȘme dans les facultĂ©s de droit on apprend rarement lâart de la rhĂ©torique. « Nous nâintĂ©grons pas les techniques dâexpressionoraledanslâenseignement », confirme Tshela Mutay. Sâil existe, ici et lĂ , des initiatives pour former les jeunes Ă la prise de parole, elles sont ponctuelles et informelles. DâoĂč lâidĂ©e de structurer lâenseignement de lâart oratoire Ă travers des concours. « Câest une maniĂšre
Joutes verbales
Mutay est Ă lâorigine du Concours fĂ©minin dâĂ©loquence, qui sâadresse aux collĂ©giennes et lycĂ©ennes ĂągĂ©es de 13 Ă 17 ans. Lâassociation lushoise Les Talents a, elle, mis en place un concours dâĂ©loquence interuniversitaire. Quant Ă Me Jacques Mukonga, avocat dâaffaires au barreau de Lubumbashiet,entreautres,Premier
Ils organisent les principaux concours dâart oratoire en langue française depuis Lubumbashi, la capitale du Haut-Katanga, qui fait figure de ville pionniĂšre en la matiĂšre en RD Congo. Juriste et agrĂ©gĂ©een langue française, Nelly Tshela
Lors du Concours fĂ©minin dâĂ©loquence, Ă Kinshasa, en mai.
Comment vous positionnez-vous ?
Le dĂ©veloppement des produits individuels est liĂ© Ă lâaugmentation du pouvoir dâachat et de la capacitĂ© dâĂ©pargne Il ya donc de rĂ©elles opportunitĂ©sâŠ
www.rawsur.com Quel bilantirez-vous de votre activitĂ© ? Nousavons dĂ©marrĂ© en 2019 et, en 2021, le montant des primes Ă©misesaatteint 65 millionsdedollars USD,soit une part de marchĂ© de 31 %. Noussommes dĂ©sormais leader sur le segment IARD (incendie,accidents et risques divers), qui reprĂ©sente la quasi-totalitĂ© du marchĂ©delâassurance en RDC actuellement.
Cette progressionsâexplique par la compĂ©tence technique de nos Ă©quipes, notre capacitĂ© ïŹnanciĂšre et la ïŹuiditĂ© en matiĂšre de gestion desprocĂ©dures.GrĂące Ă unpanel de rĂ©assureurs internationaux de premierplan, nous sommes en mesuredâindemniser nos assurĂ©s rapidement et ce,indĂ©pendamment du montant des sinistres.
Cependant, il existe un potentiel dans les produits de capitalisation (retraite complĂ©mentaire,indemnitĂ© de ïŹn de carriĂšre) que nous nous attelons Ă transformer
ENTRETIEN Hugues Toto, Directeur Général Adjoint de Rawsur Life S.A.
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Quelles solutions proposez-vous?
Comment voy Le marchĂ© d gros poten de ce po vĂ©e de Lâim da une EnïŹn, une rĂ©v les contrats impact positif
«Lâassurancevie reprĂ©sente un gros potentiel en RDC »
RawsurS.A.propose Ă ses clients corporate des solutionsglobales qui couvrenttous les risques auxquels ils sont confrontĂ©s :dommages desactifs, perte dâexploitation, responsabilitĂ© civile,ïŹotte automobile,violences politiques, incendie,transport, construction, santĂ©des salariĂ©s,etc. Nousnous adressons Ă toutes les entreprises quelsque soientleur secteur dâactivitĂ© ou leur taille,depuis uâĂ la ïŹliale de groupe multinational. side dans notre capital humain. Nos nnent le temps dâĂ©couterles clients, besoins en matiĂšrederisque et de utions personnalisĂ©es. tions dâassurance adaptĂ©es aux begolais, notamment lâassurance autohabitation,lâassurance voyage, etc yez-vous lâavenir ? des assurances de la RDC offre un ntiel de croissance. La concrĂ©tisation otentiel repose cependantsur la leeplusieurs obstacles. plicationdes diffĂ©rents ministĂšres ans le respectdes 6assurances obligatoires en RDC,nous semble indispensable. Parailleurs, la crĂ©ation dâun marchĂ© ïŹnancier structurĂ© oĂč les sociĂ©tĂ©s dâassurances pourront placer et fructiïŹer leurs liquiditĂ©s donnerait eimpulsion dĂ©cisive Ă notre secteur vision de la ïŹscalitĂ©,notamment sur dâassurances, aurait Ă©galement un f.
3ans aprĂšs la libĂ©ralisation du secteur des assurances, Rawsur SA et Rawsur LifeSAsâimposent commeleadersdu marchĂ©des assurancesenRDC.
Quelle est la situation de lâassurance-vie en RDC ? CâestunmarchĂ© trĂšs jeune avec un montant dâĂ©missions de primes de 7millions de dollars USD en 2021, soit 3%dutotal des Ă©missions. Mais le marchĂ©,qui est tirĂ© principalement par la branche prĂ©voyance,progresse trĂšs rapidement. Rawsur Life S.A. est le leader avec une part de marchĂ© de 74 %.
ENTRETIEN Tarik Lefriyekh, Directeur Général de Rawur S.A.
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COMMUNIQUĂ JAMG -P HOT OS DR
Lâassurance-vie aunvrai potentiel de dĂ©veloppement. Nous souhaitons ĂȘtre un acteur clĂ© de cette croissance en proposant des solutions pour les entreprises et les particuliers. La digitalisation est un outil essentiel pour rendre accessible lâassurance vie Ă unplus grand nombre dans le segment retail. Parailleurs, les recommandations de lâOrganisation pour lâharmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), dans le sens de la constitution de provisions dans les entreprises pour le dĂ©part Ă la retraite de leurs salariĂ©s et de lâexternalisation au bĂ©nĂ©ïŹce des assureurs, devraient Ă©galement avoir un impact positif car,elle procure un avantage ïŹscal. la petite entreprise jusqu Notre principal atout rĂ© chargĂ©s dâaffaires pren de comprendre leurs leur proposer des sol Sans oublier les solu soins du citoyen cong mobile,lamultirisques
CetteapprocheestparticuliĂšrement perceptible dans les ProcĂšs dâhistoire quâorganise Congo-Culture. « Dans la littĂ©rature consacrĂ©e Ă des personnages historiques, certains livres sont Ă charge, dâautres plus nuancĂ©s. Nous faisons revivre ces controverses dansnosprocĂšs.NousavonsmenĂ©les procĂšs de LĂ©opold II, de Mobutu, de Tshombe et de Lumumba », explique Jacques Mukonga. Et ce dernier dâin sister:«Ilestimportantdelaisservivre le dĂ©bat contradictoire, de permettre aux gens de continuer Ă rĂ©flĂ©chir, mĂȘmesicâestdifficiledanslecontexte actuel, marquĂ© par une tendance Ă la radicalisation des opinions. Ces concours sont au carrefour de nombreux enjeux sociaux. »
JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022204 GRAND FORMAT RD CONGO
« Il faut instaurer des habitudes de lecture », insiste Tshela Mutay. Vient ensuite la formation Ă la rhĂ©torique proprement dite. Cours pratiques, matĂ©riels didactiques sous forme de vidĂ©os, de manuels et de livrets⊠Les coachs utilisent tous les supports pour arriver Ă leurs fins. RĂ©putĂ© maĂźtre en la matiĂšre, Jacques Mukonga a beaucoup Ă©crit sur lâart oratoire. De mĂȘme que Tshela Mutay, auteuredumanuelModuleexpression orale ApprendreĂ communiquer:une compĂ©tencevitale. Les sujets proposĂ©s sont variĂ©s. Tshela Mutay, dont le concours se tient la premiĂšre semaine de mars, en marge de la JournĂ©e internatio nale des droits des femmes « pour que mars ne soit pas seulement un mois pendant lequel les jeunes filles portent des pagnes, mais pendant lequel elles outillent leurs cerveaux » â, privilĂ©gie les sujets sur lâĂ©cologie, sur le respect de la nature et sur les questions dâactualitĂ©.
Le Concours fĂ©minin dâĂ©loquence a quant Ă lui pour objectif de donner Ă des collĂ©giennes et lycĂ©ennes « les outils de base » pour concevoir, organiser et exprimer une idĂ©e.
Le concours Tshimbadi du nom dâun cĂ©lĂšbre avocat du barreau de Lubumbashi â, qui compte dĂ©jĂ six Ă©ditions, doit permettre Ă un jeune avocat dâapprendre Ă mieux plaider.
BienĂ©videmment,leslaurĂ©atssont primĂ©s. Les Talents propose quatre distinctions : or, argent, bronze et ishango du nom de la localitĂ© congolaise oĂč lâon a dĂ©couvert des os, appelĂ©s « bĂątons dâIshango », considĂ©rĂ©s comme les ancĂȘtres de la calculatrice. Les coachs et les jurys, composĂ©s de personnalitĂ©s des milieux acadĂ©miques, des affaires et du monde culturel (avocats, universitaires, chefs dâentreprise, etc.), sont eux-mĂȘmes formĂ©s « afin que tous aient la mĂȘme approche de lâart oratoire », prĂ©cise Live Makufa. Grands procĂšs Lâart oratoire enseignĂ© et favorisĂ© par ces concours dĂ©passe la seule dimension rhĂ©torique. Outre apprendre Ă sâinformer, Ă concevoir, Ă dĂ©velopper et Ă exprimer une idĂ©e, il sâagit aussi dâaccepter le dĂ©bat contradictoire. Chaque concours comporte en effet une Ă©tape oĂč deux candidats sâaf frontent sur un sujet, chacun dĂ©fendant un point de vue.
« Pour la 4e Ă©dition, je voudrais que les filles parlent des soft skills [capacitĂ© dâadaptation, crĂ©ativitĂ©, autono mieâŠ] », ajoute-t-elle. Les Talents, dont la compĂ©tition est Ă©galement organisĂ©e en mars, font plancher leurs candidats sur des sujets gĂ©nĂ© raux ou philosophiques tels que « La libertĂ© et le temps » ou « Doit-on se mĂ©fier les uns des autres? »
Ainsi,lapremiĂšreĂ©ditionduconcours de Tshela Mutay sâest dĂ©roulĂ©e Ă Kinshasa en 2020, la deuxiĂšme sâest tenue en 2021 Ă Lubumbashi, comme celle de mars 2022, qui a rĂ©uni une cinquantaine de jeunes filles origi naires de Kinshasa, de Lubumbashi et de Bunia (Ituri). Quant au nombre de candidats aux Talents, il est passĂ© de 140 en 2021 Ă 180 cette annĂ©e, oĂč la compĂ©tition mobilisait des Ă©tudiants de Kinshasa, de Lubumbashi et de Kolwezi (Lualaba) issus dâune vingtaine dâuniversitĂ©s. Deux nouvelles provinces devraient y ĂȘtre associĂ©es pour lâĂ©dition 2023. Ces concours suivent tous le mĂȘme schĂ©ma. Avant la finale, chaque candidat doit franchir une sĂ©rie dâĂ©tapes aucoursdesquellesilseraformĂ©,coachĂ©, jaugĂ©, Ă©ventuellement Ă©liminĂ©. Entre lâinscription, la validation de la candidature et la proclamation des rĂ©sultats, jusquâĂ trois mois peuvent sâĂ©couler. Parce quâil nây a point de rhĂ©torique sans maĂźtrise de lâĂ©crit, la premiĂšre Ă©tape de la compĂ©tition incite donc le candidat Ă lire, Ă effec tuerdesrecherchespoursedocumentersurlesujetproposĂ©(gĂ©nĂ©ralement tirĂ© au sort), Ă Ă©largir sa culture gĂ©nĂ© rale et Ă faire preuve de sa capacitĂ© de dĂ©monstration, arguments Ă lâappui.
Les compétitions sont annoncées sur les réseaux sociaux, parfois par des spots promotionnels diffusés dans les médias audiovisuels. Les organisateurs sont également en contact avec les responsables des établisse mentsscolaires,desuniversitésetdes associations culturelles étudiantes. Le bouche-à -oreille fait le reste. Au fil des années, le nombre de candidatures et de villes associées augmente.
La finalitĂ© de lâexercice diffĂšre dâun concours Ă lâautre. Celui organisĂ© par Les Talents a pour objec tif de donner aux jeunes diplĂŽmĂ©s la possibilitĂ© de sâouvrir au monde professionnel, de dĂ©crocher un travail, de valoriser ses compĂ©tences auprĂšs dâun employeur ou de dĂ©fendre un projet entrepreneurial.
dâobliger les jeunes Ă sâimpliquer, enfaisantlâeffortdesâinscrire,etĂ persĂ©vĂ©rer,ensâappliquantĂ suivretoutes les Ă©tapes jusquâĂ la finale », insiste Live Makufa, chargĂ©e de lâadministration de lâassociation Les Talents.
Est-ce ce besoin, parfois Ă©touffĂ©, de vrais dĂ©bats, de libertĂ© de parole et de tolĂ©rance qui explique le succĂšs de ces concours? En tout cas, des initiatives du mĂȘme genre naissent un peu partout : au grand sĂ©minaire Saint Paul, on veut organiser un dĂ©bat contradictoire; dans certains lycĂ©es, les prĂ©fets demandent Ă ĂȘtre formĂ©s Ă la rhĂ©torique; et les vidĂ©os sur les ProcĂšs dâhistoire sont trĂšs visionnĂ©es⊠à lâĂ©vidence, la demande est bien rĂ©elle. Reste Ă renforcer lâoffre. Muriel Devey Malu-Malu
« Laisser vivre un débat contradictoire est important dans le contexte actuel, marqué par la radicalisation des opinions.»
Arguments Ă lâappui
LâEXPLOITATIONMINIĂRE EST ESSENTIELLE Notre quĂȘte vigoureuse de ressources de haut niveau et durables, notamment le cuivre,unmĂ©tal essentiel, fournirales minĂ©raux nĂ©cessaires Ă laconstruction dâun monde sansĂ©mission de gaz Ă effet de serre.Notrefocus sur les matiĂšres premiĂšres essentielles Ă laproduction dâĂ©ner gie propre, nousinciteĂ rester ïŹdĂšle Ă notre engagement de produiredes mĂ©taux de haute qualitĂ©, Ă faible Ă©mission et dâorigine Ă©thique, en partenariat avec les parties prenantes locales. Nous voulons contribuer Ă latransformation Ă©nergĂ©tique
Chez Kamoa Copper,nous continuons Ă faire progresser notreprojet environnemental, social et de bonne gouvernance (ESG) Ă lapointe du secteur et rĂ©afïŹrmons notreengagementenvers les autoritĂ©s et communautĂ©sdâaccueil en RDC Ăcette ïŹn, le recrutement local au sein des communautĂ©s dâaccueil reste une prioritĂ©. Nous avons mis en place des programmes de formation et dâĂ©ducation de niveau international pour contribuerĂ la consolidation et au dĂ©veloppement des ressources humaines et des Ă©conomies localesautour de nos opĂ©rations. En 2021, environ 97 %des quelque 12 000 employĂ©(e) s de notrecomplexe minierdeKamoa-Kakula, en RDC, Ă©taientdes ressortissants congolais et ressortissantes congolaises.
Kamoa Copper est une sociĂ©tĂ© miniĂšredepremier plan situĂ©e en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (RDC). Elle se concentresur la prospection, le dĂ©veloppementetlaproduction de minerais au sein du complexeminier de Kamoa-Kakula. Elle sâest engagĂ©e Ă devenirunleader mondial dans la production de cuivre, un mĂ©tal indispensable Ă latransition mondiale vers un avenir Ă©lectrique et durable.
LâEXPLOITATION MINIĂRE POUR UN AVENIR PLUS VERT
En 2021, 28 puits dâeau alimentĂ©s par lâĂ©nergie solaire ontĂ©tĂ© installĂ©s, permettant Ă plus de 12 000 membres de la communautĂ© dâaccĂ©der Ă lâeau potable
LâATTENTE EN VALAIT LA PEINE Ivanhoe Mines adĂ©butĂ© ses activitĂ©sdeprospection en RDC il yaplus de 24 ans.AprĂšs la dĂ©couverte de Kamoa en 2009 et celle historique de Kakula en 2016, lâentreprise amis un peu plus de cinq ans Ă dĂ©velopper le complexe minier de Kamoa pour en faireleprochain grand producteur mondial de cuivre, alimentĂ© en Ă©nergie durable par le rĂ©seau hydroĂ©lectrique de RDC, leader mondial en devenir Kamoa Copper S.A. exploite le complexe minier cuprifĂšredeKamoa, et, est une coentreprise entrelasociĂ©tĂ© miniĂšre canadienne Ivanhoe Mines (quidĂ©tient indirectement39,6 %), la sociĂ©tĂ© miniĂšremultinationalechinoise Zijin Mining Group (qui dĂ©tient indirectement 39,6 %) et la sociĂ©tĂ© privĂ©e basĂ©e Ă HongKong, Crystal River Global Limited(qui dĂ©tient indirectement 0,8 %). Le gouvernementdelaRĂ©publique dĂ©mocratique du Congo dĂ©tient le reste des actions de la sociĂ©tĂ© (20 %).
Le programme Sustainable LivelihoodsdeKamoa-Kakula adĂ©butĂ© en 2010 et vise Ă renfor cer la capacitĂ©des communautĂ©s dâaccueil en matiĂšredesĂ©curitĂ© alimentaireetdâagriculture grĂące Ă lacrĂ©ation dâun jardin de formationagricole et au soutien des agriculteurs locaux. Aujourdâhui, environ 900 agriculteurs communautaires bĂ©nĂ©ïŹcient du programme Sustainable Livelihoods, produisant des aliments de haute qualitĂ© pour leurs familles et vendant le surplus pour gĂ©nĂ©rer des revenus supplĂ©mentaires.
Lâexploitation miniĂšreest une entreprise gĂ©nĂ©rationnelle qui doit ĂȘtremenĂ©e en partenariat avec les communautĂ©s et les gouvernements locaux de façon responsable, en mettant lâaccent sur lâemploi local durable, la gestion de lâenvironnement et le respect mutuel.
Employé du complexe minier de Kamoa-Kakula. WWW.KAMOACOPPER.COM
JAMG -P HOT OS DR
Le complexe minier de Kamoa-Kakula
COMMUNIQUĂ
Mobutu, Tshombe : lâĂ©ternel exil?
Promesse En dĂ©cembre 2007 pourtant, lâAssemblĂ©e nationale congolaise a adoptĂ© une rĂ©solution recommandant le rapatriement du corps de Mobutu. Le contexte est alors favorable : la guerre entre les partisans du marĂ©chal et ceux de Laurent-DĂ©sirĂ© Kabila, qui lâa renversĂ©, est terminĂ©e. Avant son assassinat, en 2001, le Mzee a tentĂ©, par lâintermĂ©diaire de Wivine Moleka lafille dâun proche de Mobutu â, dâĂ©tablir le contact avec des cadres de lâancien rĂ©gime. Et une fois parvenu au pouvoir, son fils, Joseph Kabila, noue une alliance avec des fils de Mobutu. Il y voit un moyen dâappuyer lâidĂ©e dâune « rĂ©conciliation nationale ». RentrĂ© en RD Congo en novembre 2002, Nzanga Mobutu, le fils de Bobi Ladawa, la seconde Ă©pouse du marĂ©chal, fonde lâUnion des dĂ©mocrates mobutistes (Udemo). AprĂšs une candidature malheureuse Ă la prĂ©sidentielle de 2006, il sâallie Ă la majoritĂ©. Lâun de ses frĂšres, Giala Mobutu, aujourdâhui sĂ©nateur, est alors dĂ©putĂ©. Lâalliance nâest pas du goĂ»t de toute la famille au sein de laquelle certains refusent de pactiser avec le fils du tombeur du marĂ©chal , mais elle ne dure pas. En 2011, Joseph Kabila rĂ©voque Nzanga Mobutu La promesse dâun retour du corps est remise sur la table deux ans plus tard Ă lâissue des concertations nationales. Elle le sera de nouveau en septembre 2019, Ă lâinitiative de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le premier chef de gouvernement de FĂ©lix Tshisekedi. « Jâai toujours trouvĂ© quâil y avait une certaine vulgaritĂ© Ă Ă©voquer comme cela le rapatriement du corps de notre pĂšre, sâagace pourtant lâun des enfants de Mobutu. Lorsque Sylvestre Ilunga Ilunkamba a fait sa dĂ©claration, nous nâavions mĂȘme pas Ă©tĂ© prĂ©a lablement informĂ©s. » Ă lâexception de Nzanga et de Giala, les autres enfants du marĂ©chal, qui ont pour la plupart grandi Ă lâĂ©tranger, nâont pas tentĂ© dâaventure politique en RDC. Leur nom nâaura pas sauvĂ© les Mobutu de la marginalisation. MĂȘme chose pour les enfants Lumumba. ĂvacuĂ©s en Ăgypte avec lâaide de Gamal Abdel Nasser et de son Ă©missaire, Abdel Aziz Ishak, ils ont grandi au Caire, ne revenant en RDC, pour les premiers dâentre eux, quâĂ partir des annĂ©es 1990 Juliana sera ministre de lâInformation puis de la Culture sous Laurent-DĂ©sirĂ© Kabila. DĂ©putĂ© pendant plusieurs annĂ©es, Roland nâa aujourdâhui plus de mandat. François, lâaĂźnĂ©, prĂ©side le Mouvement national congolais/Lumumba, un petit parti quâil promet de relancer en vue des Ă©lections de 2023. Idem pour les Tshombe. RentrĂ© au ZaĂŻre au dĂ©but des annĂ©es 1980, Jean Ditend, lâun des fils de MoĂŻse, fut ministre sous Mobutu, avant de dĂ©cĂ©der en 1993 Depuis, seule Isabel, aujourdâhui ambassadrice
JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022206 GRAND FORMAT RD CONGO
MĂMOIRE VIVE
D ifficile de savoir si la voix basse de Roland Lumumba traduit de la fatigue, du soulagement ou simplement une certaine lassitude. En ce dĂ©but de juin, la seule chose que le fils de Patrice Ămery Lumumba peine Ă masquer, câest son impatience Ă lâidĂ©e dâen finir avec cette interminable Ă©preuve. « Ăa a Ă©tĂ© difficile dâen arriver là », lĂąche-t-il, Ă©voquant ce deuil dont sa famille a Ă©tĂ© privĂ©e, faute de corps Ă inhumer. Câest peu dire que la route a Ă©tĂ© longue. La construction du mausolĂ©e a pris du retard, la famille a hĂ©sitĂ©, le cabinet prĂ©sidentiel a tĂątonnĂ©, lâĂ©vĂ©nement a Ă©tĂ© reportĂ© Ă de nombreuses reprises⊠Mais cette fois-ci, Roland Lumumba veut croire que lâissue est proche et quâune dent de son pĂšre, unique relique du hĂ©ros de lâindĂ© pendance assassinĂ© le 17 janvier 1961, va enfin revenir au Congo. Rien nâaurait Ă©tĂ© possible sans le combat menĂ© en Belgique par lâĂ©pouse de Lumumba, Pauline, dĂ©cĂ©dĂ©e en 2014, et par ses enfants. Mais ce rapatriement, qui a finale ment eu lieu ce 22 juin, ouvrira-t-il la voie Ă dâautres retours?
Les cas de Mobutu Sese Seko, qui repose au Maroc depuis quâil sâest Ă©teint le 7 septembre 1997, ou de lâex-Premier ministre et prĂ©sident de lâĂ©phĂ©mĂšre Ătat du Katanga, MoĂŻse Tshombe, mort en 1969 Ă Alger et enterrĂ© au cimetiĂšre dâEtterbeek, en Belgique, nâont jamais Ă©tĂ© rĂ©solus. Fardeau pour leurs hĂ©ritiers, enjeu politique pour les prĂ©sidents qui se sont depuis succĂ©dĂ©, le retour des dĂ©pouilles de ces personnalitĂ©s clĂ©s de lâaube des indĂ©pendances est un vĂ©ritable casse-tĂȘte.
Si une dent de lâex-Premier ministre Patrice Lumumba, assassinĂ© en 1961, a enfin Ă©tĂ© restituĂ©e Ă sa famille et ramenĂ©e, le 22 juin, Ă Kinshasa, les dĂ©pouilles dâautres figures de la vie publique congolaise restent inhumĂ©es Ă lâĂ©tranger. Histoire dâun casse-tĂȘte politique et mĂ©moriel.
de la RDC en France, occupe des fonctions de premier plan. Ironie de lâHistoire : elle a Ă©tĂ© vice-ministre des Affaires sociales en 1999, dans le mĂȘme gouvernement que⊠Juliana Lumumba.
ARSENE MPIANA/AFP
ArrivĂ©e du cercueil de Patrice Lumumba le 30 juin, Ă Kinshasa, Ă lâĂchangeur de Limete, oĂč un mausolĂ©e abritant sa dent devrait ĂȘtre ouvert au public Ă la fin du mois dâaoĂ»t.
Profanations Collaborer ou non? Les Mobutu et les Tshombe ont eux aussi peinĂ© Ă se mettre dâaccord. Le retour de la dĂ©pouille de lâex-leader katangais avait Ă©tĂ© promis en 2013. Mais le projet nâa jamais abouti. Il redevient dâactualitĂ© en 2019 avec le premier discours dâIlunga Ilunkamba. En septembre de la mĂȘme annĂ©e, FĂ©lix Tshisekedi, de passage Ă Bruxelles, reçoit plusieurs membres de la famille Tshombe. Mais « tout est restĂ© au stade des intentions », dit un membre de la famille, qui explique vouloir « Ă©viter que ce rapatriement soit prĂ©sentĂ© comme un trophĂ©e ». « Au fond, le blocage nâa jamais Ă©tĂ© politique, rĂ©sume un intime des deux familles. Ce sont surtout des questions dâharmonisation des points de vue, en interne, et de timing. » Des divisions fami liales que les pouvoirs politiques ont souvent mises en avant pour justifier les retards « La famille est soudĂ©e dans ce dossier, rĂ©torque lâun des hĂ©ritiers Mobutu La vĂ©ritĂ©, câest que les conditions ne sont pas rĂ©unies. Notre pĂšre nâaurait pas aimĂ© ĂȘtre rapatriĂ© Ă Gbadolite dans ces circonstances. » Jadis rĂ©putĂ©e pour ses somptueux palais, « Gbado » est aujourdâhui en ruine.La chapelle Marie-la-MisĂ©ricorde, dont la crypte a un temps abritĂ© les corps de Marie-Antoinette, la premiĂšre Ă©pouse de Mobutu, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1977, et de certains de ses enfants, a Ă©tĂ© profanĂ©e, et ils ont dĂ» ĂȘtre dĂ©placĂ©s dans un petit cimetiĂšre voisin.
Tous possĂšdent leur propre rĂ©seau, mais cette relative absence de poids politique ne leur a pas permis de mener Ă bien les discussions portant sur lâenterrement de leur pĂšre au pays. Sans compter que les familles sont souvent divisĂ©es. Cela sâest encore vu lors de lâorganisation de la restitution de la dent de Patrice Lumumba. « Certains nous ont dit quâil Ă©tait prĂ©fĂ©rable de se passer du gouvernement, de ne pas collaborer avec le prĂ©sident Tshisekedi, dont le pĂšre, Ătienne, a Ă©tĂ© un collaborateur du marĂ©chal, raconte lâun des fils de lâancien Premier ministre Mais il ne sâagit pas de travailler avec untel ou untel. Câest la RDC qui lui rend hommage! »
JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 207 GRAND FORMAT RD CONGO
« Compte tenu de cette situation, il est plus facile pour la famille que mon pĂšre reste au Maroc », confirme lâun des enfants Mobutu, pour qui le retour de la dĂ©pouille du marĂ©chal doit aller de pair avec la rĂ©habilitation de lâhĂ©ritage de lâancien prĂ©sident. « Lorsque notre pĂšre est dĂ©cĂ©dĂ©, on en a fait un repoussoir politique », dĂ©nonce-t-il. Au Maroc, la famille a conservĂ© un certain statut auquel il est difficile, notamment pour la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration qui a vĂ©cu au ZaĂŻre, de renoncer, rĂ©sume un proche, ancien collaborateur de Mobutu. Cette rĂ©habilitation est aussi au cĆur des revendications de la famille Tshombe. Les enfants de lâancien prĂ©sident de lâĂtat du Katanga ont dâailleurs mis sur la table des demandes prĂ©cises, dont lâannulation dâune condamnation Ă mort prononcĂ©e en 1967. Mais ces tractations sont, depuis plusieurs annĂ©es, perturbĂ©es par des bisbilles concernant la gestion de lâhĂ©ritage, qui fait lâobjet de conflits judiciaires entre les descendants.
« Le rapatriement de la dĂ©pouille de Lumumba est une Ă©tape. Si les autres suivent, nous serons amenĂ©s Ă nous questionner sur le rĂŽle que Mobutu et Tshombe ont jouĂ© dans sa mort, ou encore sur celui que Mobutu a jouĂ© vis-Ă -vis de Tshombe, et inversement », estime le politologue congolais Jean Omasombo. Chez les Lumumba, dans la rĂ©sidence aux murs jaunis de lâancien Premier ministre, sur le boulevard du 30-Juin, Ă Kinshasa, on se projette dĂ©jĂ sur ce travail de mĂ©moire. « Câest notre prioritĂ©, conclut Roland Lumumba. On veut que la vĂ©ritĂ© soit dite. La rĂ©concilia tion, oui, mais pas lâoubli » Romain Gras « On veut que la vĂ©ritĂ© soit dite. La rĂ©conciliation, oui, mais pas lâoubli. »