JA3115 du 29 juillet 2022 GF RDC

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À moins de dix-huit mois des Ă©lections gĂ©nĂ©rales, FĂ©lix Tshisekedi aura-t-il suffisamment de temps et de marges de manƓuvre pour peaufiner son bilan et convaincre les Congolais ? MajoritĂ©, opposition, sociĂ©tĂ© civile, tout le monde pense dĂ©jĂ  Ă  la prĂ©sidentielle. Contre-la-montre BA Z RA TNER/REUTERS JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 171 POUR TOUT COMPRENDRE DE L’ÉVOLUTION D’UN PAYS ENJEUX p. 174 | ÉCONOMIE p. 186 | SOCIÉTÉ p. 200 GRAND FORMAT RD CONGO

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Le sankarisme n’engendrant guĂšre de Sankara, ni le gaullisme de De Gaulle, inutile de scruter la rĂ©cupĂ©ration de la pensĂ©e de Lumumba dans les discours de politiciens souvent nomades. Pourtant, l’élection Ă  la magistrature suprĂȘme est hĂ©las! affaire de casting. À moins de dix-huit mois du scrutin, les ambitieux font plus que tourner autour des starting-blocks.

A vec une dent couronnĂ©e pour toute dĂ©pouille de personnalitĂ© aurĂ©olĂ©e celle de Patrice Émery Lumumba –, la mĂ©tonymie politique d’une procession paĂŻenne a rĂ©veillĂ©, selon bon nombre d’observateurs, le patriotisme de la jeunesse congolaise. Avec de « profonds regrets » belges en guise d’excuses et un secrĂ©taire d’État du Saint SiĂšge en guise de pape. Qu’importe, et peut-ĂȘtre tant mieux Mue par un nationalisme frottĂ© d’internationalisme, l’Afrique francophone contemporaine perdrait Ă  laisser le mot ultime de la rĂ©conciliation Ă  un ancien colon et l’onction suprĂȘme Ă  un souverain pontife, fĂ»t-il sensible Ă  la thĂ©ologie de la libĂ©ration.

FĂ©lix Tshisekedi entend bien gagner la prĂ©sidentielle de 2023, tout comme Martin Fayulu, qui considĂšre encore avoir, lui aussi, remportĂ© la prĂ©cĂ©dente. Dans le jeu d’ombre et de lumiĂšre de cette prĂ©-prĂ©-cam pagne dansent des silhouettes plus que familiĂšres du Landerneau politique. En attendant de savoir qui aura la possibilitĂ© d’ĂȘtre prĂ©sent sur la ligne dĂ©part, un sondage du cabinet d’études Target fixait rĂ©cemment la liste des personnalitĂ©s qui pourraient, en l’état actuel de l’opinion, dominer la confrontation suprĂȘme : FĂ©lix Tshisekedi et Martin Fayulu, les mieux placĂ©s au moment des enquĂȘtes, mais aussi MoĂŻse Katumbi, Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Augustin Matata Ponyo. Anticonformiste Quid de visages nouveaux pour un espoir inĂ©dit? Certains ont leur avis sur la question. À l’occasion du 62e anniversaire de l’indĂ©pendance de la RDC, un groupe d’intellectuels congolais appelait Denis Mukwege Ă  « prendre la tĂȘte de ce peuple meurtri » en se prĂ©sentant Ă  la prochaine prĂ©sidentielle, qu’il lui promettait de remporter « haut la main ». S’il est plus simple d’obtenir un prix Nobel aprĂšs ĂȘtre passĂ© par la case politique que l’inverse, le parcours trĂšs engagĂ© du gynĂ©co logue nobĂ©lisĂ© lui vaut une popularitĂ© certaine. La RDC a-t-elle pour autant besoin d’un homme providentiel? La virginitĂ© politique est-elle gage de succĂšs? Mukwege, lui-mĂȘme, sera-t-il tentĂ© de franchir le Rubicon, au risque de s’y noyer? L’électorat rĂ©sistera-t-il, le cas Ă©chĂ©ant, aux rĂ©flexes du clientĂ©lisme et de la prime au sortant? ConfrontĂ© Ă  un profil politique anticonformiste, le Congo s’enthousiasmera-t-il pour un illustre praticien comme le Liberia pour un illustre footballeur? Boudera-t-il le brillant mĂ©decin comme le Mali un brillant astrophysicien? Et pour peu qu’il soit Ă©lu, « l’homme qui rĂ©pare les femmes » sera-t-il en mesure de rĂ©parer le pays? Casting, quand tu nous tiens! Lumumba au hĂ©ros Mukwege

Édito Damien Glez De l’icîne

La RDC a-t-elle besoin d’un homme providentiel? La virginitĂ© politique est-elle gage de succĂšs?

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Une affaire de casting À quelques encablures des prochaines Ă©lections gĂ©nĂ©rales, comment transformer l’enthousiasme soulevĂ© par le retour, sur sa terre natale, de Lumumba, martyr soudain redĂ©couvert par la frange jeune et majoritaire de l’immense RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo? Faudra-t-il se rĂ©soudre Ă  voir le lumumbisme inhumĂ© avec son idĂ©ologue, Ă  l’heure oĂč des flĂ©aux rĂ©clament plus que jamais un nouveau souffle, entre Ă©pidĂ©mies rĂ©currentes d’Ebola et sempiternelles violences dans l’est du pays?

Au palais de la Nation, à Kinshasa, le 20 février JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022174 GRAND FORMAT RD CONGO

ANNA SYLVESTRE-TREINER ENJEUX

Pendant plus de deux heures, ils ont discutĂ© des grands dĂ©fis actuels et de « lamaniĂšredelesrelever ».Onaurait presque pu s’y mĂ©prendre, et croire que, face au prĂ©sident, c’était son directeur de cabinet qui se tenait lĂ .

ARSENE MPIANA/AFP D e grands sourires, une embrassade, et les traits des visages qui ont Ă  peine vieilli. Deux annĂ©es ont passĂ©, mais seul le bouc grisĂ© encadrant le visage de Vital Kamerhe rappelle le temps et les Ă©preuves qu’il a traversĂ©es depuis sa derniĂšre rencontre avec FĂ©lix Tshisekedi.

Ce mardi 28 juin, dans la nuit kinoise, les deux hommes se sont retrouvĂ©s Ă  la CitĂ© de l’Union africaine pour afficher leur proximitĂ© devant les objectifs, comme si elle n’avait jamais manquĂ© de chavirer

Élu en 2018 Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale et assis sur une majoritĂ© friable, le chef de l’État a-t-il des raisons de s’inquiĂ©ter ? FĂ©lix Tshisekedi, seul contre tous?

Pourtant, cinq jours plus tĂŽt, avant que la cour d’appel de KinshasaGombe prononce son acquittement, Vital Kamerhe n’était encore qu’un prĂ©venu. CondamnĂ© en 2020 Ă  dix ans d’inĂ©ligibilitĂ© et vingt ans de prison une peine ramenĂ©e en appel Ă  treize annĂ©es de dĂ©tention pour corruption et dĂ©tourne ments de fonds, le patron de l’Union pour la nation congolaise (UNC) n’a vu son avenir s’éclaircir qu’en dĂ©cembre 2021 IlestalorslibĂ©rĂ©pour raisons mĂ©dicales, mais des signes laissent dĂ©jĂ  entrevoir la possibilitĂ© d’une clĂ©mence de la justice Renvoi d’ascenseur Un acquittement fort utile pour le prĂ©sident, Ă  un an et demi de la date prĂ©vue de l’élection prĂ©sidentielle un report de quelque mois est Ă©voquĂ© de façon de plus en plus pressante. Alors que FĂ©lix Tshisekedi a annoncĂ© publiquement son inten tion de briguer un second mandat, Vital Kamerhe lui devenait indis pensable. « Nous n’avons pas encore reçu de consigne formelle, mais tous les signaux vont dans ce sens : sous l’impulsion de Vital, notre parti va soutenir FĂ©lix en 2023, confie un Ă©lu de l’UNC. Nous n’avons pas d’autre choix. Nous savons qu’en Ă©change de l’acquittement de notre leader il faut un renvoi d’ascenseur. » Le nom de l’ancien prisonnier est dĂ©sormais Ă©voquĂ© pour prendre la tĂȘte du gouvernement en cas de remaniement

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À un an et demi de la prĂ©sidentielle, les candidatures d’opposants se multiplient.

Un afflux de prĂ©tendants en somme, alors que les « grands candidats » n’étaient que trois en 2018 les autres s’étaient publiquement dĂ©sistĂ©s ou Ă©taient Ă  la tĂȘte de formations plus modestes.

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« En dehors de Vital, seulModesteBahatiLukwebo[leprĂ©sident du SĂ©nat] aurait pu lui assurer des votes dans cette partie du pays. Mais Bahati est trop imprĂ©visible et pas assez fiable. Une fois encore, Vital Kamerhe est chargĂ© d’ĂȘtre le faiseur de rois », poursuit l’élu UNC. Assis sur l’Union sacrĂ©e, une majoritĂ© friable constituĂ©e en partie par d’anciens du camp Kabila, mal Ă©lu en 2018, et Ă  la tĂȘte d’un bilan critiquĂ©, le prĂ©sident a besoin d’assurer ses alliances. Car, face Ă  lui, de plus en plus de personnalitĂ©s politiques font acte de candidature. Afflux de prĂ©tendants En mai, fort de la dĂ©cision de la Cour constitutionnelle s’étant dĂ©clarĂ©e incompĂ©tente pour le juger dans de lourdes affaires de dĂ©tournements de fonds, l’ancien Premier ministre de Joseph Kabila, Augustin Matata Ponyo, s’est officiellement lancĂ© dans la course. Martin Fayulu, qui continue de revendiquer la victoire Ă  la prĂ©sidentielle de 2018, n’a jamais cachĂ© son intention de se prĂ©senter Ă  nouveau en 2023 Adolphe Muzito, son alliĂ© au sein de la coalition Lamuka, a Ă©galement fait connaĂźtre ses ambitions. Il y a aussi les candidatures qui ne sont pas encore dĂ©clarĂ©es mais dont tous se doutent qu’elles vont se manifester,Ă  commencer par celle de MoĂŻse

« Nous sommes sereins », assure l’un des dirigeants de l’UDPS, qui souligne que la multiplication des candidatures bĂ©nĂ©ficie plutĂŽt Ă  l’ancien prĂ©sident. « Plus ils sont nombreux face Ă  nous, plus les voix de l’opposition s’éparpillent, et plus nous avons de chances d’ĂȘtre loin en tĂȘte », calcule-t-il. Alors que le prĂ©sident a renoncĂ© Ă  sa promesse de rĂ©former le mode de scrutin en instaurant une prĂ©sidentielle Ă  deux tours, recueillir seulement 30 % Ă  35 % des voix pourrait permettre de l’emporter. Bienveillance Certains vont ainsi jusqu’à Ă©voquer une candidature « tactique » de Jean-Pierre Bemba. « FĂ©lix pourrait encourager son alliĂ© Ă  se prĂ©senter. D’une part, celui-ci prendrait encore quelques voix Ă  l’opposition.

PR ÉS I D E NCE

La liste ne s’arrĂȘte pas lĂ , alors qu’il reste encore un an et demi pour que les prĂ©tendants se fassent connaĂźtre. Parmi les candidats potentiels, on cite dĂ©sormais Jean-Marc Kabund a Kabund. FĂąchĂ© de sa disgrĂące, l’ancien tout-puissant prĂ©sident intĂ©rimaire de l’Union pour la dĂ©mocratie et le progrĂšs social (UDPS), le parti prĂ©sidentiel, songe lui aussi Ă  s’en gager. Quant au Parti du peuple pour la reconstruction et la dĂ©mocratie (PPRD), de Joseph Kabila, il n’a pas encore dĂ©signĂ© de candidat, mais prometd’ĂȘtreprĂ©sentdanslabataille.

Katumbi. « Il a pris sa dĂ©cision, il y va », assure l’un de ses visiteurs rĂ©guliers.« AvecMoĂŻse,çanesentpas bon », lĂąche un cadre du parti prĂ©sidentiel. Si son parti, Ensemble pour la RĂ©publique, est toujours membre de la coalition prĂ©sidentielle, l’ancien gouverneur du Katanga est dĂ©sormais considĂ©rĂ© comme un opposant par le prĂ©sident. « MoĂŻse est persuadĂ© qu’ilpeutl’emporter.IlsoulignerĂ©guliĂšrementlemanquedepopularitĂ©de FĂ©lix Tshisekedi, et la possibilitĂ© d’un vote “tout sauf Tshisekedi” », renchĂ© rit notre interlocuteur.

En mai, la mise Ă  l’écart de Didier Kaluba Dibwa, le prĂ©sident de la Cour constitutionnelle, au profit de DieudonnĂ© Kamuleta Badibanga, rĂ©putĂ© proche du chef de l’État, a sus citĂ© la polĂ©mique. Beaucoup y ont vu la volontĂ© du prĂ©sident de renforcer son emprise sur cette instance clĂ© du processus Ă©lectoral : c’est elle qui Au jeu des hypothĂšses, certains vont jusqu’à Ă©voquer une candidature « tactique » de Jean-Pierre Bemba. RDC Le prĂ©sident (Ă  g.) recevant Vital Kamerhe, son ancien directeur de cabinet, Ă  Kinshasa, le 28 juin.

ou pour diriger la campagne du président-candidat.

En retour, le service, c’est une partie des voix de l’est de la RDC que peut assurer le natif de Bukavu Ă  son alliĂ© lors de la prochaine prĂ©sidentielle Dans cette rĂ©gion, sous Ă©tat de siĂšge depuis plus d’un an et marquĂ©e par la rĂ©surgence rĂ©cente du mouvement du M23, le bilan du prĂ©sidentTshisekediestparticuliĂšrement critiquĂ©.

D’autre part, s’il faisait un score correct, il assiĂ©rait sa lĂ©gitimitĂ© pour ĂȘtre Premier ministre », estime un diplomate Dans la bataille, FĂ©lix Tshisekedi pourra compter sur la bienveillancedeplusieurspuissances Ă©trangĂšres, qui voient d’un bon Ɠil la stabilitĂ© ainsi qu’une certaine maĂź trise des institutions qu’assurerait un second mandat du prĂ©sident.

« Je ne suis pas sĂ»r que pareille alliance nous fasse de l’ombre », balaie le cadre de l’UDPS, qui estime que « MoĂŻse y perdrait beaucoup de crĂ©dibilitĂ© ». Et de poursuivre : « À l’heure qu’il est, aucun concurrent ni aucune alliance ne nous effraie outre mesure. La prĂ©sidentielle devrait bien se passer, nous sommes surtout concentrĂ©s sur les Ă©lections lĂ©gislatives et provinciales, qui s’annonceront plus pĂ©rilleuses.

Huit ans aprĂšs leur rupture, les meilleurs ennemis pourraient-ils se rĂ©concilier ? « Aucune alliance n’a Ă©tĂ© nouĂ©e pour l’instant, mais, si l’ancien prĂ©sident nous le demande, nous pourrions accepter de travailler avec Katumbi », lĂąche l’un des membres du comitĂ© de crise du Front commun pour le Congo (FCC).

» Une assurance que, Ă  quelques mois de l’échĂ©ance prĂ©vue, il prend soin de relativiser immĂ©diatement : « Nous sommes en politique, et, d’ici au scrutin, il peut encore se passer mille choses! »

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valide les candidatures et les rĂ©sultats avant de les proclamer de façon dĂ©finitive. Selon certaines sources, la dĂ©cision d’incompĂ©tence de la Cour dans le dossier Matata Ponyo avait agacĂ© en haut lieu. « Pressions et menaces » Quelques mois auparavant, en octobre 2021, c’est la nomination de Denis Kadima Ă  la tĂȘte de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (Ceni) qui avait provoquĂ© de vives tensions et poussĂ© les voix critiques Ă  s’unir. Partisans de Martin Fayulu, soutiens de Joseph Kabila, ainsi que catholiques de la ConfĂ©rence Ă©piscopale nationale du Congo (Cenco) et protestants de l’Église du Christ au Congo (ECC) s’étaient unis pour dĂ©noncer les « pressions et les menaces » qui avaientconduitĂ cechoixetrĂ©clamer une Ceni plus indĂ©pendante. Alors rassemblĂ©s au sein d’un Bloc patriotique, ils ont nĂ©anmoins Ă©vitĂ© de s’afficher ensemble dans ce combat, faisant cortĂšge Ă  part lors des manifestations. « Il y a encore beaucoup de rancƓurs entre les diffĂ©rents camps. Martin Fayulu n’a pas digĂ©rĂ© sa dĂ©faite de 2018, Matata Ponyo en veut encore Ă  Kabila de ne pas l’avoir dĂ©signĂ© candidat, certains proches de Kabila rappellent toujours la “traĂźtrise” de MoĂŻse, Fayulu et Muzito sont fĂąchĂ©s
 C’est pourtant en s’unissant qu’ils ont une chance de l’emporter », souligne le diplomate prĂ©citĂ©. Un nouveau « GenĂšve » cet accord qui avait conduit Ă  la dĂ©si gnation de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition (avant que FĂ©lix Tshisekedi et Vital Kamerhe s’en dĂ©fassent) semble peu probable Cependant, la poignĂ©e de main entre MoĂŻse Katumbi et Joseph Kabila lors du Forum de rĂ©conciliation katangaise, en mai dernier, n’a Ă©chappĂ© Ă  personne.

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Le PPRD face Ă  la difficile reconquĂȘte du pouvoir

La rĂ©union du bureau politique qui s’est tenue ce 31 mars sous l’égide du raĂŻs avait valeur de nouveau dĂ©part avec, en ligne de mire, l’organisation d’un congrĂšs. « Pour nous, l’enjeu est clair :c’estlareconquĂȘtedupouvoir », assumeAdamChalwe,cadreduPPRD. SiunecommissionaĂ©tĂ©miseenplace pour plancher sur la prĂ©paration de ce grand raout, il n’a toujours pas Ă©tĂ© programmĂ© Le parti doit pourtant trancher sur des questions brĂ»lantes, Ă  commencer par la nomination de nouveaux animateurs. Depuis la prĂ©sidentielle de 2018, le PPRD est secouĂ© par de profondes luttes d’in fluence La dĂ©signation d’Emmanuel Ramazani Shadary en tant que candi datĂ lamagistraturesuprĂȘme,puissa dĂ©faite, ont engendrĂ© des secousses qui se ressentent encore.

Luttes d’influence, incertitude sur les choix stratĂ©giques Ă  faire avant les prochains scrutins et sur une Ă©ventuelle candidature du raĂŻs
 La famille politique de Joseph Kabila cherche un second souffle.

Affiche de campagne d’Emmanuel Ramazani Shadary (Ă  g.), dauphin de Joseph Kabila (Ă  dr.), lors de la prĂ©sidentielle de dĂ©cembre 2018, Ă  Kinshasa.

Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral permanent, Emmanuel Ramazani Shadary, les anciens prĂ©sidents de l’AssemblĂ©e nationale Aubin Minaku et Jeanine Mabunda
Qu’ilsrestentbrascroisĂ©s ouqu’ilsaientdĂ©jĂ l’assietteĂ lamain, tous espĂšrent sans doute avoir droit Ă  une part. Car Ă  l’heure de fĂȘter cet anniversaire symbolique, le PPRD se trouve en pleine refonte AprĂšs avoir dominĂ© la scĂšne politique pendant plus de dix-huit ans, la formation de Joseph Kabila cherche Ă  rebondir aprĂšs la perte de sa majoritĂ© Ă  la fin de 2020 et le dĂ©part de nombre de ses cadres danslecampduprĂ©sidentTshisekedi.

ROMAIN GRAS L a gĂ©nĂ©reuse couche de crĂšme, le nappage chocolat lĂ©gĂšrement dĂ©goulinant, le glaçage bleu, jaune et rouge impeccablement rĂ©parti
 Tout dans le gĂąteau d’anniversaire que Joseph Kabila s’apprĂȘte Ă  couper semble susciter l’appĂ©tit des convives qui l’entourent. Ce 31 mars, l’ancien prĂ©sident cĂ©lĂšbre les 20 ans de son Parti du peuple pour la reconstruction et le dĂ©veloppement (PPRD). Tous les cadres sont prĂ©sents pour l’occasion.

BA Z RA TNER/REUTERS

DES MISSIONS ET DES VISITES

LA RDC ET LA BELGIQUE SIGNENT UN ACCORD DE COOPÉRATION INTERPARLEMENTAIRE COMMUNIQUÉ

«Cette coopĂ©rationinterparlementaire seraconcrĂ©tisĂ©e, entreautres, par des missions ofïŹcielles ou des visites de travail des PrĂ©sidents et des Bureaux des AssemblĂ©es, desparlementaires et des fonctionnaires, desmembres de Gouvernements, des missions d’étude par les parlementaires,des stages de perfectionnement et des bourses d’études,des missions d’échange d’expĂ©rience et de formation. Des missionsĂ©conomiques, politiquesouprivĂ©es font partieintĂ©grante de cette coopĂ©ration » a renchĂ©ri Modeste Bahati Lukwebo L’agression Ă laquelle la RDC fait actuellement face de la part du Rwanda, camouïŹ‚Ă©e derriĂšre les rebelles du M23, aaussi Ă©tĂ© mentionnĂ©e par le speaker du SĂ©nat dans son discours.Pour lui, l’accordsignĂ©entrelesParlementsdelaRDCetde la Belgique va contribuer,Ă  travers des plaidoyers et autres formes de pression, Ă lapaciïŹcation de la partie EstdupaysdePatriceEmery Lumumba, théùtredesatrocitĂ©soccasionnĂ©esparlesgroupes armĂ©s et mouvements rebelles,alimentĂ©s par les pays voisins depuis 1994.

JAMG -P HOT OS DR

La RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo (RDC) vient de signer un accorddecoopĂ©ration interparlementaireavecleRoyaume de la Belgique. C’est le prĂ©sident du SĂ©nat, Modeste Bahati Lukwebo, Ă latĂȘte d’une dĂ©lĂ©gation de neuf sĂ©nateurs, qui apersonnellement apposĂ© sa signaturesur ce document. La cĂ©rĂ©monie aeulieu le jeudi 2juin dernier, Ă Bruxelles en prĂ©sence du prĂ©sident de la Chambredes reprĂ©sentants de la Belgique. ontĂ©voquĂ©,enoutre,laprochaine visite royale en RDC et le renforcement du partenariat entre lesdeux pays. Le ministred’Étatbelge AndrĂ©Flahaut,a Ă©galement participĂ© Ă cette rencontre.Une dĂ©lĂ©gation de neuf sĂ©nateurs congolaisa accompagnĂ© le prĂ©sident de la Chambrehautelors de son dĂ©placement en Belgique. www.senat.cd

«

L ’ accordsignĂ©permettraderenforcer les capacitĂ©s institutionnelles, techniques et administratives des dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs,etdel’ensembledupersonnel technique des chambres des Parlementsdeces deux pays, tout en consolidant les liens d’amitiĂ© par des Ă©changes interparlementaires basĂ©s sur un dialogue permanent touchant Ă toute matiĂšre d’intĂ©rĂȘt commun»a dĂ©clarĂ©dans son allocution de circonstance,le speaker de la Chambrehaute du Parlement congolais.

RAMENERLES AGRESSEURS ÀLARAISON «Aumoment oĂč la RĂ©publiqueDĂ©mocratique du Congo est contrainte de consacrerplus de 40 %de son budget annuel aux dĂ©penses militaires, pour faireface Ă une guerre injustequi lui imposĂ©e depuis plus d’une gĂ©nĂ©ration dans plusieurs parties du pays, les plus riches en ressources naturelles de l’Est du pays, cet Accordtombe Ă point nommĂ©. Car, s’il peut contribuer Ă sensibiliser les acteurs concernĂ©sĂ revenir Ă laraison,Ă  travers une coopĂ©ration interparlementairefondĂ©esur une communion des valeurs et des intĂ©rĂȘts, dans une logiquedes Ă©changes Ă©conomiques,Ă©thiques et Ă©quitables proïŹtables Ă toutesles parties,il auraatteint son objectif ultime, Ă savoir celui de contribuer Ă l’avancement et au dĂ©veloppement harmonieux de nospaysrespectifs» ainsistĂ© Modeste Bahati Lukwebo. En marge de cette cĂ©rĂ©monie, le speaker du SĂ©nat de la RDC aeuunfructueux Ă©change avec le Premier ministrebelge, Alexander de Croo, sur la situation en RDC. Lesdeux interlocuteurs

MalgrĂ© son apparent retrait de la gestion quotidienne des affaires du parti, l’ex-prĂ©sident reste incontournable.

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Pour l’ex-gouverneur PPRD prĂ©citĂ©, la prudence reste de mise. « Il existeplu sieurs opportunitĂ©s de dĂ©bauchage, que nous surveillons, pour voir qui est rĂ©ellement avec nous, dit-il. Il y a eulaformationdel’UnionsacrĂ©e,puis celledubureaudelacommissionĂ©lectorale Ilrestelesnominationsdansles entreprises publiques. Si l’on se prĂ©ci pite, on va Ă  l’échafaud » Cependant, le temps presse. À un anetdemidesĂ©lectionsgĂ©nĂ©rales,les ambitions commencent Ă  se dĂ©voiler PourlaprĂ©sidentielle,FĂ©lixTshisekedi estdĂ©jĂ candidatĂ unsecondmandat.

Maintenu Ă  son poste de secrĂ©taire permanent du parti malgrĂ© son Ă©checlorsduscrutin,l’ancienministre affronte une fronde interne. Si ses proches assurent qu’il ne s’agit lĂ  que de « l’expression de la dĂ©mocratie au sein du PPRD », une rĂ©elle incertitude plane sur son avenir Ă  la tĂȘte du parti. « Il est volcanique et sous sanctions, est-ce vraiment le visage que l’on veut montrerpourserelancer?»s’interroge un ancien gouverneur de province, membre du PPRD Les soutiens de Ramazani conti nuent d’affirmer qu’il bĂ©nĂ©ficie de la confiance de Joseph Kabila, mais l’ajournement, Ă  l’issue d’un autre bureau politique, Ă  la mi-mai, des nominations qu’il avait effectuĂ©es quelques jours plus tĂŽt ont sonnĂ© comme un vĂ©ritable dĂ©saveu. Reste que si son statut au sein du PPRD demeure prĂ©caire, l’isoler totalement comportedesrisques.« OnveutĂ©viter un “effet Kabund” », avance un cadre du parti, en rĂ©fĂ©rence Ă  l’ex-patron du PPRD Ă©cartĂ© de ses fonctions avant de passer dans l’opposition. Choix cornĂ©lien Si l’ex-dauphin de Kabila venait Ă  ĂȘtre Ă©cartĂ© de ses fonctions de secrĂ©taire permanent, qui pourrait le rempla cer? Les noms de plusieurs personna litĂ©s susceptibles d’occuper de hautes fonctions au sein du parti circulent. Celui de Jeanine Mabunda, l’ex-prĂ© sidente de l’AssemblĂ©e nationale, d’Aubin Minaku, lui aussi passĂ© par le perchoir, de NĂ©hĂ©mie Mwilanya, l’ancien « dircab », ou encore d’Henri Mova Sakanyi, qui a dirigĂ© plusieurs ministĂšres. Un choix cornĂ©lien pour un parti encore traumatisĂ© par les nombreux dĂ©bauchages qu’il a subis avec la pertedesamajoritĂ©.« Sinousn’avions pas laissĂ© passer suffisamment de temps, nous n’aurions pas dĂ©masquĂ© les Mende et consorts, plaide Adam Chalwe, ancien secrĂ©taire national du PPRD. Aujourd’hui, nous n’avons plus de poste Ă  donner dans les ins titutions. Par consĂ©quent, on voit qui est prĂȘt Ă  accepter “la galĂšre”. Finalement, FĂ©lix Tshisekedi nous a permisde“raffiner”notreentourage!»

Enattendant,chacunguettelesigne de son Ă©ventuel retour aux affaires. « Partout oĂč je passe ces derniers temps, tout le monde vous rĂ©clame », a encore lancĂ© Olive Lembe Kabila, l’ex-premiĂšre dame lors de la cĂ©lĂ©bra tiondu30juin,jourdel’indĂ©pendance Pasdugenreprolixe,Kabilasecontente pour l’instant d’apparitions spora diques. Alors, pour tenter de percer le mystĂšre, certains s’en remettent Ă  des critĂšresplussubjectifs.« Ilavaittotale ment rasĂ© sa barbe le jour oĂč il a remis le pouvoir. C’était pour dire qu’il Ă©tait libĂ©rĂ© d’un poids, veut croire un cadre du PPRD. Depuis, il a laissĂ© repousser sa barbe de rebelle C’est le signe qu’il est prĂȘt Ă  s’impliquer de nouveau. Lui seul sait Ă  quel niveau. »

Augustin Matata Ponyo, l’ex-Premier ministre qui a tournĂ© le dos Ă  ses anciens camarades du PPRD pour fonder son propre parti, a annoncĂ© qu’il serait sur la ligne de dĂ©part. D’autres candidatures sont pressen ties, comme celle de MoĂŻse Katumbi, de Martin Fayulu ou de Jean-Marc Kabund.Danscecontexte,laquestion d’éventuelles alliances doit ĂȘtre mise sur la table. Faut-il discuter avec certains « anciens de la maison », comme Matata Ponyo, qui a conservĂ© des soutiens au parti? Faut-il continuer Ă  explorer les occasions qu’offre le bloc patriotique formĂ© avec Martin Fayulu pourcontesterdanslaruelesrĂ©formes Ă©lectorales? Faut-il, au contraire, aller au bout de la logique de reconstruc tion du parti et prĂ©senter son propre candidat?« Jusque-lĂ ,ilĂ©taitquestion de voir oĂč Ă©taient nos forces et nos faiblesses », tempĂšre un membre du bureau politique du PPRD. Un Ă©vĂ©nement est tout de mĂȘme venu s’ajouter Ă  l’équation. Du 17 au 19 mai, les leaders katangais se sont rĂ©unis Ă  Lubumbashi lors d’un grand forum de rĂ©conciliation. OrganisĂ©e sous l’égide de l’archevĂȘque Fulgence Muteba, cette rencontre, officielle ment sans connotation politique, a surtout Ă©tĂ© l’occasion, pour Joseph Kabila et son ancien alliĂ© MoĂŻse Katumbi (parti huit ans auparavant aprĂšs s’ĂȘtre opposĂ© Ă  un troisiĂšme mandat du raĂŻs) d’échanger une poi gnĂ©edemainhautementsymbolique. Au-delĂ  de l’image, ce rabibochage mĂ©diatique est venu poser une vraie question :unealliancepolitiqueentre Katumbi et Kabila est-elle rĂ©ellement possible? Si, de l’aveu de cadres du PPRD comme de membres de l’en tourage direct de l’ancien gouverneur du Katanga, il est encore trop tĂŽt pour poserleproblĂšmeencestermes,l’idĂ©e n’est pas Ă  exclure. Chaque camp reconnaĂźtquedesdiscussionsontlieu, maispersonnenes’avancepourmiser sur celui qui acceptera de se ranger derriĂšre l’autre. MoĂŻse Katumbi, dont le parti est toujours membre de la majoritĂ© mais qui a pris ses distances avecTshisekedi,doitparailleursorga niser son propre congrĂšs d’ici Ă  la fin de l’annĂ©e. Barbe de rebelle De son cĂŽtĂ©, malgrĂ© son apparent retrait de la gestion quotidienne des affaires de son parti, le raĂŻs demeure incontournable au sein du PPRD, et rares sont ceux qui osent Ă©voquer la perspective d’une candidature alter nativeavantqu’ilaitlui-mĂȘmeclarifiĂ© ses intentions. Ses fidĂšles lieutenants se chargent rĂ©guliĂšrement de le rap peler. « C’est le seul Ă  pouvoir dĂ©ci der qui pourra nous reprĂ©senter aux prochaines Ă©chĂ©ances. Quant Ă  son rĂŽle Ă  venir, je rappelle que Joseph Kabila n’a que 50 ans », soulignait en dĂ©cembre 2021 son ancien directeur de cabinet, NĂ©hĂ©mie Mwilanya, dans une interview Ă  JeuneAfrique.

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De ces6 concessions, 3jouentlerĂŽle de pĂ©age de financement.Les recettes collectĂ©es par cesderniĂšres sont affectĂ©es Ă larĂ©alisation d’autresprojets. Il s’agitdes concessions Kinshasa-Matadi,Lubumbashi-Kasumbalesa et Lubumbashi-Kolwezi. Àtitre d’exemple, lesrecettes de Kinshasa-Matadi ontfinancĂ©les travaux de rĂ©habilitationdes routesMatadi-Boma 111km,Boma-Moanda 106km,By-passĂ  Kinsha sa (12km),lavoirie de Matadi (12,5km);celles deKasumbalesa-Lubumbashiont financĂ©la rĂ©habilitation de 30km de voirie Ă Lubumbashi et la constructiondelaroute de contournement de la ville (27km) ;etlaconcession Lika si-KolweziafinancĂ© la rĂ©habilitation de la route Lwambo- Mitwaba- Manono (497km).

COMMUNIQUÉMINISTÈRE DES INFRASTRUCTURES ET TRAVAUX PUBLICS

« L’Angola n’a pas cherchĂ© Ă  harmoniser les positions rwandaise et congolaise car, Ă  ce stade, c’est qua siment inenvisageable. Lourenço a d’abord essayĂ© de sĂ©quencer les problĂšmes en proposant qu’on s’at telle Ă  la question du M23, puis Ă  celle des FDLR », explique un diplo mate qui suit ce dossier. « Le chemin sera long », reconnaĂźt un proche de Tshisekedi, pour qui « aucun progrĂšs ne sera possible tant que le Rwanda ne reconnaĂźtra pas son implication ». Malaise

« Ce n’est pas de la naĂŻvetĂ© que de vouloir nĂ©gocier. Mais les Rwandais sont-ils sincĂšres? »

ROMAIN GRAS L e temps des sourires et des franches accolades semble bien loin. Le 6 juillet, Ă  Luanda, en Angola, FĂ©lix Tshisekedi et Paul Kagame se sont Ă  peine regardĂ©s dans les yeux Droits comme des piquets, visages fermĂ©s, les deux chefs d’État ont bien Ă©tĂ© obligĂ©s de se prĂȘter au jeu de la photo, mais leur attitude en dit long surl’ambiancequiarĂ©gnĂ©surcesommetorganisĂ©parleprĂ©sidentangolais JoĂŁo Lourenço. Depuis des mois, FĂ©lix Tshisekedi accuse son homologue rwandais de soutenir les rebelles du M23, qui mul tiplientlesaffrontementsavecl’armĂ©e congolaise depuis novembre 2021. Dans une interview publiĂ©e la veille du sommet de Luanda, le chef de l’État congolais a mĂȘme affirmĂ© ne pas exclure une guerre avec son voisin. Paul Kagame nie et dĂ©nonce de son cĂŽtĂ© une coopĂ©ration entre cette mĂȘme armĂ©e congolaise et le groupe armĂ© des Forces dĂ©mocratiques de libĂ©ration du Rwanda (FDLR). DĂ©signĂ© mĂ©diateur en sa qualitĂ© de prĂ©sident de la ConfĂ©rence internationale sur la rĂ©gion des Grands Lacs (CIRGL), JoĂŁo Lourenço s’affairait depuis plusieurs semaines Ă  rame ner ses deux homologues autour de lamĂȘmetable.LerĂ©sultataurafinale ment Ă©tĂ© mitigĂ©, comme en tĂ©moigne l’absence de communiquĂ© final. Une feuille de route, qui prĂ©voit, entre autres, la mise en place d’une commissionadhoc,uncessez-le-feuetun retraitduM23 quianotammentpris le contrĂŽle de la ville de Bunagana, dans le Nord-Kivu, non loin de la frontiĂšre avec l’Ouganda –, a tout de mĂȘme Ă©tĂ© conclue. Elle a cependant, elle aussi, immĂ©diatement suscitĂ© le scepticisme des diffĂ©rentes dĂ©lĂ©gations.

La méfiance rÚgne

Le scepticisme des participants a Ă©tĂ© rapidement justifiĂ© par la reprise, dĂšs le lendemain du sommet, des combats entre l’armĂ©e congolaise et les rebelles, qui rĂ©clament un dialogue direct avec Kinshasa et ne se disent « pas concernĂ©s » par la feuille de route conclue Ă  Luanda. Plus que jamais, le Rwanda et la RD Congo paraissent dans l’impasse.

« Ce n’est pas de la naĂŻvetĂ© que de vouloir nĂ©gocier Mais sont-ils sincĂšres? » s’interrogeait dans la foulĂ©e du sommet le ministre congolais de À l’heure oĂč une force rĂ©gionale doit ĂȘtre dĂ©ployĂ©e pour combattre les groupes armĂ©s dans l’est du pays, les Congolais suspectent le Rwanda et l’Ouganda de jouer double jeu.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022182 GRAND FORMAT RD CONGO

IntĂ©rĂȘts divergents CebilanmitigĂ©estĂ mettreenbalance avec le coĂ»t gĂ©opolitique du lancement de cette offensive conjointe. NĂ©gociĂ©e dans la plus grande dis crĂ©tion, cette derniĂšre a Ă©tĂ© ouvertement critiquĂ©e par le Rwanda, qui s’estestimĂ©injustementtenuĂ l’écart. Elle a en outre Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e comme l’un des facteurs susceptibles d’avoir conduitĂ unregaind’activitĂ©duM23, lequel a intensifiĂ© ses attaques Ă  partirdudĂ©butdenovembre.LeBurundi etleRwandasontparailleursrĂ©guliĂš rement accusĂ©s de mener des insurrections militaires sur le territoire congolais. Dans ces conditions, la perspective du lancement d’une force conjointe impliquant des armĂ©es « rĂ©guliĂš rement accusĂ©es » de contribuer Ă  l’insĂ©curitĂ© dans l’Est suscite de nombreuses questions. Pour FĂ©lix Tshisekedi, cette force rĂ©gionale doit notamment permettre, Ă  un an et demi des Ă©lections gĂ©nĂ©rales, d’obtenir des rĂ©sultats, tandis que les diffĂ©rentes stratĂ©gies Ă©laborĂ©es jusqu’à prĂ©sent qu’il s’agisse de l’étatdesiĂšgeoudel’opĂ©rationShujaa (« hĂ©ros, champion », en swahili) engagĂ©e avec l’Ouganda pour combattre les ADF n’ont pas produit les effets escomptĂ©s.

LesopĂ©rationsconjointes lancĂ©esĂ  la fin de novembre 2021 avec l’armĂ©e ougandaisepourcombattrelesForces dĂ©mocratiques alliĂ©es (ADF) sont notammentl’unedesraisonsdecette prudence, leur bilan Ă©tant pour le moment incertain. Si le porte-parole des Forces armĂ©es de RDC (FARDC) affirmait, le 27 mars dernier, que toutes les places fortes des terroristes avaient Ă©tĂ© dĂ©truites, l’impact rĂ©el de cette mission reste difficile Ă  mesurer puisque aucune analyse indĂ©pen danten’aĂ©tĂ©conduitesurleterrainet, surtout, que les massacres attribuĂ©s au groupe des ADF n’ont pas semblĂ© diminuer. Selon un rĂ©cent rapport du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), cette opĂ©ration a surtout permis de protĂ©ger les projets Ă©conomiques de l’Ouganda dans la rĂ©gion, Ă  commen cer par les gisements de pĂ©trole et les infrastructures situĂ©s autour du lac Albert, ainsi que les tronçons routiers que Kampala a prĂ©vu de rĂ©habiliter.

FĂ©lix Tshisekedi (Ă  g.), au cĂŽtĂ© de Paul Kagame, lors de la rencontre avec JoĂŁo Lourenço, Ă  Luanda, en Angola, le 6 juillet. la Communication, Patrick Muyaya, avant que le chef de la diplomatie rwandaise, Vincent Biruta, mette en garde contre la « dĂ©sinformation et le populisme,[qui]sabotentl’objectifde paix en RDC ».

En gestation depuis l’adhĂ©sion de cette derniĂšre Ă  la CommunautĂ© des États d’Afrique de l’Est (EAC) Ă  la fin de mars et remis sur la table lors du dernier sommet des chefs d’État de la sous-rĂ©gion, le 20 juin, ce projet doit en principe voir le jour en aoĂ»t. Mais son format suscite encore des dĂ©bats. Surtout, le prĂ©sident congolais s’est opposĂ© Ă  ce que le Rwanda participe Ă  ces opĂ©rations conjointes en raison de son soutien prĂ©sumĂ© au M23. S’il a, sur ce point, obtenu gain de cause, l’hypothĂšse d’une arrivĂ©e d’armĂ©es voisines n’en reste pas moins un pari risquĂ© pour Tshisekedi, lequel doit composer avec le scepticisme d’une partie de son administration. Ces derniĂšres semaines, outre le soutien prĂ©sumĂ© du Rwanda au M23, c’est l’attitude de l’Ouganda qui a alimentĂ© les suspicions de l’entourage du chef de l’État congolais. Le 15 juin, leprĂ©sidentdel’AssemblĂ©enationale, Christophe Mboso, a ainsi annoncĂ© le gel du processus de ratification des accords Ă©conomiques conclus entre le gouvernement et l’Ouganda. La raison?Dessoupçonsd’allianceentre Kigali et Kampala aprĂšs la chute de Bunagana, un carrefour commercial stratĂ©gique. FĂ©lix Tshisekedi s’est jusqu’à prĂ©sent abstenu de tenir des propos similaires. « Nous ne pouvons pas ouvrir un autre front avec l’Ou ganda alors que la situation est dĂ©jĂ  difficile avec le Rwanda », estime l’un de ses conseillers.

«

FLICKR PA UL KA GAME

Loind’avoirdissipĂ©lemalaise,cette tentative de mĂ©diation intervient alors que FĂ©lix Tshisekedi souhaite accĂ©lĂ©rer la mise en place d’une force rĂ©gionale dans l’est de la RD Congo.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 183 GRAND FORMAT RD CONGO

L’Angola n’a pas cherchĂ© Ă  harmoniser les positions rwandaise et congolaise car, Ă  ce stade, c’est quasiment inenvisageable.»

LES INVESTISSEURS PEUVENT REVENIR NOMBREUX EN RDC

Le GouvernementdelaRĂ©publique DĂ©mocratique du Congo,Ă travers le MinistĂšre des Affaires FonciĂšres, vamettreenƓuvre le projet «e-Foncier» danslebut de moderni ser le secteur du Cadastreetd’amĂ©liorerles services fonciersrendus Ă la population ;cela conformĂ©ment au plan de relance du projet de «NumĂ©risation du Cadastre et de sĂ©curisation des titres fonciers et immobiliers de la RĂ©publique DĂ©mocratiqueduCongo », adoptĂ© en Conseil des Ministres le 20 dĂ©cembre 2019 ÀcetteïŹn, le Gouvernement de la RĂ©publique arecouru Ă l’expertise d’un opĂ©rateur privĂ©, en l’occurrence l’entrepriseluxembourgeoise eProseed aux rĂ©fĂ©rences avĂ©rĂ©es,spĂ©cialisĂ©e dansledĂ©veloppementdes systĂšmes numĂ©riques innovants Elleproposedes solutions idoines d’implĂ©mentation d’uneplateforme «eFoncier »,pour gĂ©rer la numĂ©risation du Cadastre,lasĂ©curisation des titres fonciers et AimĂ© Sakombi Molendo Ministre des Affaires FonciĂšres de la RDC Chaque titrefoncier numĂ©risĂ© et sĂ©curisĂ©seraaccessible Ă tous les propriĂ©taires par la plateforme «eFoncier »

JAMG -P HOT OS DR SAUF MENTION ©A NDREY POPOV

COMMUNIQUÉ

Elle contribuera de maniĂšresigniïŹcative Ă la croissanceĂ©conomique nationale et au budget de l’État

eProseed amanifestĂ© spontanĂ©ment son intĂ©rĂȘt pour concevoir,ïŹnancer et exploiter la plateformesusvisĂ©e,enproposant une offre de solution «360° clĂ© en main »,dans le cadre d’un Partenariat Public-PrivĂ©.Pour ce faire,ilvamobiliseruninvestissement initialde 140 millions USD (cent quarante millions de dol larsamĂ©ricains), sans endettement de l’État, ni recours Ă une quelconque garantie souveraine La Transformation digitale par l’automatisation des traitements de l’information est l’objectif majeurdeceprojet qui sublimera le formatnumĂ©riquepour qu’il devienne,Ă  terme,lasource authentique et sĂ©curisĂ©e faisant foi. Cette«digitalisation »mettra ïŹn aux conïŹ‚its fonciers endĂ©miques qui pullulent dans notrepays tout en augmentant de maniĂšreexponentielle les revenus sectoriels de l’État. Ce projet permettra Ă©galement de redonner la conïŹance nĂ©cessaire aux investissements dans ce secteur Ce faisant,cette rĂ©forme phare s’imbriquera parfaitement au projet modiïŹant la loi n° 73021 du 20 juillet 1973 portant rĂ©gime gĂ©nĂ©ral des biens, rĂ©gime foncier et immobilier et rĂ© gimedes sĂ»retĂ©s, telleque modiïŹĂ©e et complĂ©tĂ©epar la loi n° 80-008 du 18 juillet 1980.

Les pratiques administratives et coutumiĂšres en marge de la loiconcernant l’attribution des concessions relĂšveront dĂ©sormais du passĂ©.

Elle permettra d’éradiquer sans conteste l’inadĂ©quationdelagouvernance fonciĂšre et des conditions de concession des terres,auregard de nouvelles exigences du pays en matiĂšre de protection environnementale,del’amĂ©nagement du territoire et de l’urbanisme

immobiliers, l’archivage,ladĂ©matĂ©rialisation Ă  terme de l’ensembledes procĂ©dures fonciĂšres ainsi que les interactions entre l’État et tous les dĂ©tenteurs de droits fonciers et immobiliers en RDC

Lesinvestisseurspourront donc revenir nombreux en RĂ©publique DĂ©mocratiquedu Congo,car ils ytrouveront un cadre foncier plus sĂ©curisĂ©. La prolifĂ©ration des pratiques administratives et coutumiĂšres en margedela loi, spĂ©cialement en matiĂšred’attribution des concessions, relĂšvera dĂ©sormais du passĂ©. www.cadastre.gouv.cd

Un an aprÚs sa mise en exploitation, le site minier de Kamoa-Kakula, prÚs de Kolwezi, dépasse toutes les attentes. Il est appelé à devenir le troisiÚme plus grand complexe de production de cuivre au monde en 2024.

ÉCONOMIE

LatroisiĂšmephase,quiaĂ©galement dĂ©butĂ©, doit aboutir Ă  l’exploitation des mines de Kamoa 1 et 2 (en cours de construction) et au dĂ©veloppe ment d’un accĂšs supplĂ©mentaire au gisement de Kakula West Elle inclut la rĂ©alisation d’un nouveau concen trateur, d’une capacitĂ© de 5 Mt de minerai par an, qui sera opĂ©rationnel Ă lafinde2024.Laproductionglobale du complexe devrait alors s’élever Ă  600000 t de cuivre contenu par an, faisantdeKamoa-KakulaletroisiĂšme plusgrandprojetdecuivreaumonde

MURIEL DEVEY MALU-MALU L a concession de KamoaKakula, qui couvre les trois permis d’exploitation de Kamoa Copper (Kamco), est immense. Elle s’étend sur 400 km2 , Ă  25 km Ă  l’ouest de Kolwezi, dans le Lualaba (Sud). Un paysage lunaire? Non, car les sites miniers sont sĂ©parĂ©s les uns des autres par des savanes arbustives qui colorent l’horizon de vert. Les rĂ©serves probables de ce mĂ©gacomplexe cuprifĂšre sont estimĂ©es Ă  233 millions de tonnes (Mt) de mine rai brut, avec une teneur en cuivre de 4,46 %,soit10,4Mtdecuivrecontenu, selonOlivierBinyingo,vice-prĂ©sident des relations publiques d’Ivanhoe Mines en RDC. Un jackpot pour Kamco, dont le capital est dĂ©tenu par le canadien Ivanhoe Mines (39,6 %), lechinoisZijin Mining(39,6 %),lebritannico-hongkongais Crystal River Global Ltd (0,8 %) et l’État congolais (20 %). Le dĂ©veloppement du complexe se fait par Ă©tapes. La premiĂšre a portĂ© sur la construction des mines de Kakula et de Kansoko, ainsi que d’un premierconcentrateurd’unecapacitĂ© de traitement de 3,8 Mt de minerai excavĂ© par an et alimentĂ© par la mine de Kakula. Le premier concentrĂ© de cuivre est sorti le 25 mai 2021. Au total, 105884 t de cuivre contenu ont Ă©tĂ© livrĂ©es en 2021 sur seulement sept mois d’exploitation –, dĂ©passant les prĂ©visions. La deuxiĂšme phase a dĂ©marrĂ© en 2022, avec la mise en service, en mars, du deuxiĂšme concentrateur, d’une capacitĂ© de 3,8 Mt. Les prĂ©visions tablent sur une production de 340 000 t de cuivre contenu en 2022 et sur 450 000 t au deuxiĂšme trimestre de 2023, grĂące Ă  un investissement rĂ©alisĂ© pour optimiser la capacitĂ© des concentrateurs.

Au cours de cette troisiĂšme phase sera Ă©rigĂ©e une « fonderie flash Ă  fusiondirecte »(direct-to-blisterflash smelter), la plus grande d’Afrique, qui produira des plaques de cuivre des « blisters » –, avec une teneur en cuivre de 99,9 %. Sa capacitĂ© de production sera de 500000 t de cuivre blister par an. Autant dire que la finalisation de cette fonderie, dont la rĂ©alisationaĂ©tĂ©confiĂ©eĂ ChinaNerin Engineering, est vivement attendue Et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, une partie seulement des concentrĂ©s de cuivre de Kamco est actuellement transformĂ©e en cuivre blister Ă  Kolwezi, dans la Lualaba Copper Smelter (LCS), dĂ©tenue par China Nonferrous Mining Corp Ltd (CNMC, 60 %) et Yunnan Copper de Kunming (40 %). L’accord signĂ© en mai 2021 entre Ivanhoe Mines et CNMC porte sur 150 000 t de concentrĂ©s de cuivre, soit la capacitĂ© maximum de LCS. La production de concentrĂ©s de Kamoa-Kakula Ă©tant d’environ 1 Mt par an, le reste

Un projet cuprifĂšre digne d’un gĂ©ant

Pour les deux premiÚres phases et, entre autres, la modernisation de la centrale de Mwadingusha, 2,5 milliards de dollars ont été investis.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022186 GRAND FORMAT RD CONGO

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 187 GRAND FORMAT RD CONGO

DR Vue aĂ©rienne des mines de Kamoa 1 et 2 (en cours de dĂ©veloppement), Ă  25 km de Kolwezi, dans le Lualaba. (850000 t) est exporté  Et comme l’exportation de concentrĂ©s est interdite, Kamco a obtenu une dĂ©rogation du gouvernement congolais en juin 2021. Empreinte carbone EngagĂ©s en mai 2022, les travaux de la fonderie, dont le coĂ»t est estimĂ© Ă  800 millions de dollars, devraient ĂȘtre bouclĂ©s Ă  la fin de 2024. Une fois mise en service, cette unitĂ© ne pourra cependant pas traiter toute la production de cuivre contenu du complexe : les 100000 t restantes seront transformĂ©es par la LCS et en partie exportĂ©es si nĂ©cessaire.

Les gisements de Kamoa-Kakula contenant des minerais sulfurĂ©s, la fonderie pourra aussi produire et vendre de l’acide sulfurique. UtilisĂ© pour rĂ©cupĂ©rer le cuivre des minerais oxydĂ©s, cet acide trouvera facilement acquĂ©reurenRDCongo.Pourl’heure, il est importĂ©, principalement de Zambie.

DotĂ©e de la technologie de pointe dufinlandaisMetsoOutotec,lafuture fonderie disposera d’une empreinte carbone limitĂ©e. « Son rĂ©acteur fermĂ© en continu protĂšge l’environnement des effets gazeux », assure Louis Watum, directeur gĂ©nĂ©ral de Kipushi Corp une filiale d’Ivanhoe Mines etprĂ©sidentdelaChambredesmines deRDC.UnpointpositifpourKamco, qui veut impĂ©rativement produire « green ». D’autres facteurs limitent la pollution, dont « le recours Ă  l’énergie hydroĂ©lectrique, la forte teneur en cuivre des mines (6 %), qui sont souterraines et donc Ă  moindre impact environnemental, ainsi que la rĂ©utilisation des rejets pour stabiliser les parties excavĂ©es des mines, ce qui en limitelestockageensurface »,prĂ©cise Olivier Binyingo. Et quand cela sera possible, l’entreprise s’équipera en vĂ©hicules Ă©lectriques. La production de cuivre blister rĂ©duira par ailleurs les volumes transportĂ©s, ce qui entraĂźnera une baisse des Ă©missions de CO2

Les acheteurs des concentrĂ©s et du cuivre blister de Kamco sont deux sociĂ©tĂ©s chinoises : Citic Metal, un conglomĂ©rat multinational appartenant Ă  l’État chinois, et Gold Mountains International Mining Co, une filiale de Zijin Mining. L’accord d’enlĂšvement signĂ© en mai 2021, puis modifiĂ© en 2022, porte sur les

OĂč Kamco trouve-t-il son Ă©nergie?

« Kamoa-Kakula, c’est 126 millions de dollars de salaires, 1,3 milliard de dollars de fournitures, 17 millions de dollars de dĂ©veloppement socio-Ă©conomique et 360 millions de dollars de taxes payĂ©es. Une fois les investissements achevĂ©s, l’État touchera d’importants revenus », insiste le reprĂ©sentant d’Ivanhoe Mines. L’entreprise a aussi rĂ©alisĂ© diffĂ©rentes infrastructures, qui profitent aux populations locales. Sans compter les 12000 emplois directs et indirects, dont 97 % sont occupĂ©s par des Congolais, ainsi que les projets communautairesetlesPMEcrééspar des nationaux Ă  la faveur du projet.

Pour que la cadence s’accĂ©lĂšre, Ivanhoe Mines Energy met Ă  niveau les infrastructures hydroĂ©lectriques qui alimentent les sites. Un sacrĂ© dĂ©fi.

C’ est une Ă©nergie « fiable, propre et renouvelable » qu’a choisie l’entreprise Kamoa Copper pour alimenter en Ă©lectricitĂ© ses projets miniers de Kamoa-Kakula,prĂšsdeKolwezi,dans leLualaba,quisontportĂ©sparlecanadien Ivanhoe Mines Ltd et le chinois Zijin Mining Group ils dĂ©tiennent chacun 39,6 % de la coentreprise La plupartdescentraleshydroĂ©lectriques du pays s’étant dĂ©tĂ©riorĂ©es au fil des ans et la SociĂ©tĂ© nationale d’électri citĂ© (Snel) manquant de moyens, la rĂ©habilitationdesĂ©quipementssefait danslecadred’unpartenariatpublicprivĂ©. L’accord de financement a Ă©tĂ© signĂ© le 21 mars 2014 entre la Snel et Ivanhoe Mines Energy, filiale Ă  100 % de Kamoa Holding Ltd (KHL), chargĂ©e du suivi de l’exĂ©cution des projets Ă©nergĂ©tiques. La premiĂšre opĂ©ration a concernĂ© la centrale de Mwadingusha, situĂ©e sur la riviĂšre Lufira (Haut Katanga), Ă  quelque 220 km de Kolwezi. SupervisĂ©s par le suisse Stucky sur la base d’un contrat EPCM (Engineering, Procurement, Contruction, Management), les travaux ont portĂ© notamment sur la modernisation des six turbines, la construction de l’infrastructure associĂ©e de 220 kV. LancĂ©s en 2017, ilsontĂ©tĂ©achevĂ©senseptembre 2021 Chaque turbine Ă©tant dotĂ©e d’une capacitĂ© de 13 mĂ©gawatts (MW), les 78 MW qu’offre dĂ©sormais la centrale permettent d’alimenter en Ă©lectricitĂ© le complexe minier (phases 1 et 2), ainsi que les communautĂ©s locales. IngĂ©nierie allemande Pour l’alimentation en Ă©nergie de la phase 3 de Kamoa-Kakula, un amendement Ă  l’accord de financement de 2014 a Ă©tĂ© conclu en avril 2021 entre la Snel et Ivanhoe Mines Energy Il prĂ©voit la modernisation de la turbine 5 du complexe hydroĂ©lectrique d’Inga-II, situĂ© sur le fleuve Congo, dans le Kongo-Central, en lieu et place de la rĂ©habilitation des centrales de Koni et Nzilo « En effet, la turbine d’Inga-II est plus puissante que celles des deux centrales et, en matiĂšre de ratio capital investi/puissance dĂ©gagĂ©e, elle est plus intĂ©res sante », explique Ben Munanga, le prĂ©sident du conseil d’administration de Kamoa Copper. AttribuĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© allemande Voith Hydro, le contrat d’ingĂ©nierie, d’approvisionnement et de construction (EPC) pour la modernisation de la turbine a Ă©tĂ© signĂ© en avril. Les travaux porteront, entre autres, sur l’équipement terminal de la ligne de transmission Inga-Kolwezi pour augmenter sa capacitĂ© de trans fert. Ils devraient ĂȘtre terminĂ©s Ă  la fin de 2024. Ainsi, les 78 MW de Mwadingusha couplĂ©s aux 162 MW de la turbine 5 d’Inga-II fourniront Ă  Kamoa Copper un accĂšs prioritaire Ă  240 MW d’électricitĂ©, dont bĂ©nĂ©ficie ront aussi les communautĂ©s locales. L’ensemble des travaux est financĂ© par KHL au moyen d’un prĂȘt octroyĂ© Ă  la Snel. L’engagement financier pris lors de la signature de l’accord s’élĂšve Ă 250 millionsdedollars(245 millions d’euros). Le prĂȘt sera remboursĂ© par « une dĂ©duction sur les factures mensuelles d’électricitĂ©, sur la base d’un pourcentagefixede40 %delafacture Ă©mise aprĂšs avoir enlevĂ© la TVA ». En plein dĂ©veloppement, le complexe minier de Kamoa-Kakula consommera de plus en plus d’énergie. Difficile dans ces conditions de dĂ©terminer exactement la durĂ©e du remboursement. « Elle dĂ©pend de la hauteur des consommations et des montants remboursĂ©s, ajoute Ben Munanga. C’est quand la puissance maximale sera atteinte que l’on pourra la calculer avec prĂ©cision. » M.D.M.-M.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022188 GRAND FORMAT RD CONGO

« Notre success-story reprĂ©sente une belle carte de visite pour la RDC. Cela prouve que l’on peut investir dans ce pays en dĂ©pit des dĂ©fis, qui sont rĂ©els », conclut Olivier Binyingo.

productions des phases 1 et 2, rĂ©par ties Ă  parts Ă©gales entre chaque sociĂ©tĂ©. Pour la phase 3, aucune dĂ©ci sion n’a encore Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e. La majo ritĂ© des produits est transportĂ©e par camion jusqu’au port de Durban, en AfriquedeSud,Ă environ3000 kmde Kolwezi. Pour rĂ©duire les distances, les coĂ»ts de transport et la pollution, des itinĂ©raires alternatifs, via le port de Dar es-Salaam, en Tanzanie, et/ou le port de Lobito, en Angola, sont Ă  l’étude Combien coĂ»te un tel projet? « Les deux premiĂšres phases, la moderni sationdelacentraledeMwadingusha et divers travaux de recherche ont reprĂ©sentĂ© un investissement de 2,5 milliards de dollars », souligne Olivier Binyingo. Qui finance ? Essentiellement les deux principaux actionnaires et des parties tierces, dontlaStandardBankofSouthAfrica et la Swedish Export Credit Agency. Quelles retombĂ©es pour l’État congolais et les populations locales?

Dans son discours d’ouverture, FĂ©lix Tshisekedi aestimĂ© que plusieurs dĂ©ïŹs doivent ĂȘtrerelevĂ©s pour rompre la spirale des violences dĂ©coulant de l’activisme des groupes armĂ©s locaux et rĂ©gionaux, dont le plus nocif s’avĂšrent ĂȘtreles ADF.IlaexhortĂ© toutes les parties prenantes Ă seremobiliser pour redynamiser le MĂ©canisme rĂ©gional de suivi, appelant la population Ă s’impliquer dans la noble lutte pour la paix, la stabilitĂ© et la sĂ©curitĂ©, tant en RDC que dans les pays de la sous-rĂ©gion. Aussi voudrait-il voir l’accent mis sur la promotion de l’intĂ©gration rĂ©gionale, celle du rĂŽle des femmes, des jeunes et de la sociĂ©tĂ© civile.

FĂ©lix Tshisekedi, PrĂ©sident de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo entourĂ©deses homologues prĂ©sents lors du Sommet des chefs d’État, 10e rĂ©union de Haut Niveau du MĂ©canisme RĂ©gional de suivi.

Claude IbalankyEkolomba Ben Baruch Coordonnateur du ComitĂ© exĂ©cutif du MĂ©canisme National de Suivi lors du 10e Sommet des chefs d’État.

LesparticipantsĂ  la 10Ăšme rĂ©union de haut niveau de l’Accord-cadreont passĂ© en revue les avancĂ©es dans la mise en Ɠuvredeleurs engagements, et relevĂ© des Ă©cueils portant atteinteĂ ceprocessus.

JAMG -P HOT OS DR

Acet effet, ils ont examinĂ© et adoptĂ© le 2Ăšme rapport d’étape sur la mise en Ɠuvredel’accord-cadre.

La RĂ©publiqueDĂ©mocratique du Congo (RDC) aabritĂ©, le 24 fĂ©vrier2022, Ă  Kinshasa, la 10Ăšme rĂ©union de haut niveau du MĂ©canisme rĂ©gional de suivi de l’Accord-cadrepourlapaix, la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©rationpour la RĂ©publiqueDĂ©mocratique du Congo et la RĂ©gion. Le PrĂ©sidentdelaRDC succĂšde, pourunmandatd’un an, au PrĂ©sident ougandaisYoweri Kaguta Museveni Ă  ladirection de cetteentitĂ©. FĂ©lix Tshisekedi souhaite redynamiser le MĂ©canisme rĂ©gional de suivi de l’Accord-cadred’Addis-Abeba

LES DÉFIS ÀRELEVER Toutefois, le rapport relĂšve que des dĂ©ïŹs persistent, notamment :

*Lestensions persistantes au sein et entre plusieurs pays de la RĂ©gion des Grands Lacs. Lesincursions transfrontaliĂšres dans l’est de la RDC par certains groupes armĂ©s, notamment des Ă©lĂ©ments du M23, et les accusations mutuelles d’ingĂ©rence des pays voisins ont nui aux relations rĂ©gionales, minant ainsi la stabilitĂ©, en particulier dans l’est de la RDC. La mĂ©ïŹance entrepays voisins continue d’impacter nĂ©gativement le commerce transfrontalier dans certains cas, ce qui ades rĂ©percussions sur les populations locales.

L’OPTIMISME DE FÉLIX TSHISEKEDI

«Ilrevient Ă toutes les parties prenantes de se remobiliser pour redynamiser notre structurerĂ©gionale de gouvernance du dit Accord-cadreetdemieuximpliquer les populations dans la noble lutte pour la paix, la sĂ©curitĂ© et la stabilitĂ© en RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo et dans la RĂ©gion » a dĂ©clarĂ©FĂ©lix Tshisekedi :17, avenue de la Justice Kinshasa /Gombe(RDC) —: Facebook.com/mecanismedesuivi/:

COMMUNIQUÉ

*L’exploitation et le commerce illĂ©gal des ressources naturelles (cobalt, coltan, or, cuivre, etc.). «LaprĂ©sence, au ïŹldes ans, d’une multitude de forces nĂ©gatives et les interactions toujours plus complexesavec des Ă©lĂ©ments armĂ©s locaux, conjuguĂ©es Ă l’existence d’importantes sources de ïŹnancement liĂ©es Ă l’exploitation et au commerce illĂ©gal des ressources naturelles, dans un contexte socioĂ©conomique qui offredes possibilitĂ©s limitĂ©es pour la subsistance des populations civiles, ne donnent que peu de moyens aux forces nĂ©gatives et Ă certains de leurs partisans de dĂ©poser les armes et ne les incitent guĂšredans ce sens »,indique le rapport.

Il ressort, entreautres, de ce rapport, des progrĂšs au niveau interne de chaque pays signatairedel’accord, particuliĂšrement du point de vue politique, de la coopĂ©ration en matiĂšredesĂ©curitĂ©, de l’économie et de la justice. Au niveau politique, on constate que la diplomatie rĂ©gionale connaĂźt un nouvel Ă©lan et que des mesures ont Ă©tĂ© prises pour amĂ©liorer les relations bilatĂ©rales et multilatĂ©rales.

Antoinette N’Samba Kalambayi J’ai hĂ©ritĂ© d’un secteur marquĂ© par une fraude massive

L’intensification des missions d’inspection et de contrĂŽle sur le terrain a permis d’accroĂźtre les recettes du secteur minier par rapport aux annĂ©es passĂ©es. Une commission multisectorielle a par ailleurs Ă©tĂ© mise en place afin d’assurer le suivi de la cession d’actions ou de parts sociales Ă  l’État Ă  l’occasion de l’oc troi, de la cession ou du renouvelle ment des permis d’exploitation. À coup sĂ»r, cette dĂ©marche permettra Ă  l’État congolais de recouvrer les parts des entreprises miniĂšres qui lui reviennent. Comment abordez-vous les dĂ©fis posĂ©s par la transition Ă©cologique? Outre plusieurs rencontres organisĂ©es sous notre Ă©gide, mon ministĂšre a coorganisĂ©, avec celui de l’Industrie, le « Business Forum 2021 », afin Titulaire du portefeuille des Mines depuis avril 2021, la ministre analyse les faiblesses des industries extractives en RDC. Surtout, elle explique les rĂ©formes en cours ainsi que les mesures qu’elle envisage pour assainir les filiĂšres et valoriser les ressources.

L ongtemps prĂ© carrĂ© de l’entourage de l’ex-prĂ©sident Joseph Kabila, le minis tĂšre des Mines a Ă©tĂ© confiĂ©, en avril 2021, Ă  la suite du changement de majoritĂ© parlementaire, Ă  Antoinette N’Samba Kalambayi, une proche du prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi. Cette juriste spĂ©cialisĂ©e en droit public se « dĂ©mĂšne pour remettre de l’ordre » dans le secteur minier, poumon de l’économie du pays. Jeune Afrique : Comment se porte le secteur minier en RD Congo? AntoinetteN’SambaKalambayi: Bien, aujourd’hui, mĂȘme s’il reste de nombreux dĂ©fis Ă  relever pour parve nir Ă  un rĂ©el assainissement. Il faut d’abord rappeler que je suis Ă  la tĂȘte deceportefeuilledepuisunanetque, par devoir et souci de la continuitĂ© des services de l’État, j’assume le pas sif de la gestion du secteur minier. Je tiens aussi Ă  saluer les efforts de mes prĂ©dĂ©cesseurs carje mesure leurs dif ficultĂ©s, face au tableau peu reluisant du secteur des mines qu’ils m’ont laissĂ© en hĂ©ritage. Pouvez-vous nous dresser ce tableau?

Au moment oĂč je suis entrĂ©e en fonction, le secteur Ă©tait pris d’as saut par des fauteurs de troubles, soutenus par des individus malveillants, et, malheureusement, par certaines autoritĂ©s politiques et autres « hommes en uniforme ». Ces personnes ont pris goĂ»t Ă  dicter la loi, et ce en mĂ©connaissance du code et des rĂšglements miniers. Depuis mon arrivĂ©e Ă  la tĂȘte du ministĂšre, mon cheval de bataille a Ă©tĂ© de remĂ©dier Ă  cette situation J’ai hĂ©ritĂ© d’un secteur marquĂ©, entre autres, par une fraude miniĂšre massive, la non-maĂźtrise des effectifs des agents de l’État, la non-maĂźtrise dupotentielrĂ©eldesmineraisenfouis dans le sol et le sous-sol du pays, la difficultĂ© Ă  maĂźtriser les statistiques de production, la part trop faible de transformation locale des minerais, ainsi que le gel de certains gisements miniers
 Quelles actions ont Ă©tĂ© engagĂ©es pour que les choses changent? Mon ministĂšre a organisĂ© des Ă©tats gĂ©nĂ©raux des mines, qui ont abouti Ă  une feuille de route calquĂ©e sur le programme du gouvernement. Ces journĂ©es de rĂ©flexion m’ont conduite Ă  envisager plusieurs rĂ©formes, dont celles visant Ă  amĂ©liorer la gouvernance des ressources miniĂšres de mon pays : l’opĂ©rationnalitĂ© du Fomin [Fonds minier pour les gĂ©nĂ© rations futures]; le retrait des droits miniers et des carriĂšres aux titulaires dĂ©faillants ; la mise en place, avec mon homologue chargĂ© des Affaires sociales, d’un cadre juridique de la gestion de la dotation de 0,3 %duchiffred’affairesdessociĂ©tĂ©s

PROPOS RECUEILLIS À KINSHASA PAR STANIS BUJAKERA TSHIAMALA

«

» JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022190 GRAND FORMAT RD CONGO

miniĂšres pour contribution aux projets de dĂ©veloppement communautaire local Citons aussi la mise en Ɠuvre d’un projet de localisation de nos rĂ©serves minĂ©rales grĂące Ă  la signature avec la sociĂ©tĂ© X-Calibur, en avril, du deuxiĂšme avenant au contrat relatif Ă  la « cartographie gĂ©o physiqueaĂ©roportĂ©eet gĂ©ologique de la RD Congo ». Qu’en est-il de la lutte contre la fraude et la contrebande, qui continuent de nuire Ă  la transparence et de grever l’économie du secteur?

Le gouvernement congolais a dĂ©clarĂ© le cobalt, le germanium et le colombo-tantalite « minerais stratĂ©giques ». Pourquoi crĂ©er une seule entreprise, pour un seul minerai, et Ă  laquelle on accorde un monopole? Quel sort connaĂźtra cette entreprise si, en raison du comportement fluctuant du marchĂ© au niveau international, le cobalt n’est plus stratĂ©gique? Les discussions relatives au report du dĂ©cret de crĂ©ation de l’EGC ont eu lieu au cours d’un Conseil des ministres : la sociĂ©tĂ© en tant que telle va survivre mais sera soumise Ă  la concurrence, conformĂ©ment aux lois de notre pays. Quels enjeux structurels restent Ă  prendre en compte? À l’issue de l’examen des recours introduits par certains titulaires dĂ©faillants auxquels j’ai prĂ©cĂ©demment fait allusion, j’entends procĂ©der au retrait de leurs titres miniers, qui seront reversĂ©s dans les zones de recherche gĂ©ologiques. Fort de la maĂźtrise par le S-GNC [Service gĂ©ologique national du Congo] du potentiel rĂ©el du sous-sol grĂące Ă  la signature de l’avenant au contrat avec X-Calibur –, le pays pourra nĂ©gocier avec ses futurs partenaires de maniĂšre Ă©quitable. Des Ă©tudes gĂ©ologiques seront menĂ©es, qui me permettront, d’une part, d’instituer des zones d’exploitation artisanale (ZEA) viables et, d’autrepart,dedĂ©finirdespĂ©rimĂštres d’exploitation industrielle Ă  octroyer par appels d’offres. Dans les ZEA ainsi créées, je vais installer de vĂ©ritables coopĂ©ratives miniĂšres (j’entends par lĂ  de vraies associations d’exploitants artisanaux) et, afin de renforcer la traçabilitĂ© de nos minerais, je vais continuer de promouvoir la crĂ©ation de centres de nĂ©goce. Dans le cadre de l’amĂ©lio ration de la connaissance gĂ©ologique de notre pays, nous allons poursuivre les travaux de cartographie gĂ©olo gique et miniĂšre de maniĂšre Ă  affiner les connaissances sur les rĂ©serves minĂ©ralesdelaRDC.Enfin,jecompte poursuivre et finaliser l’audit du cadastre minier. Que comptez-vous faire pour redresser certaines entreprises miniĂšres dans lesquelles l’État a des participations? Des actions communes sont projetĂ©es avec la ministre d’État chargĂ©e du Portefeuille [AdĂšle Kahinda Mayina] Surtout, je continue d’encourager l’implantation d’entitĂ©s de traitement et de transformation locales pour Ă©viter et, mieux, Ă©radiquer l’exportation de minerais Ă  l’état brut ou de simple concentrĂ©. Dans le but de contribuer au dĂ©veloppement socio-Ă©conomique des zones affectĂ©es par les activitĂ©s miniĂšres, je veillerai Ă  l’élaboration et Ă  la mise en Ɠuvre de cahiers des charges des responsabilitĂ©s sociales par les sociĂ©tĂ©s exploitantes.

MI N ISTÈRE DES MINES RDC

Selon moi, le dĂ©cret portant crĂ©ation de l’EGC viole non seulement le code minier, mais aussi les engagements internationaux du pays.

Pourquoi vouloir annuler le monopole de l’Entreprise gĂ©nĂ©rale du cobalt (EGC) sur le cobalt artisanal? Créée Ă  la fin 2019, elle n’est opĂ©rationnelle que depuis 2021 et n’a d’ailleurs pas encore achetĂ© de minerais
 Ma dĂ©marche Ă  l’égard de l’EGC est diffĂ©rente de celle de mes prĂ©dĂ©cesseurs au ministĂšre des Mines. En effet, je considĂšre que le dĂ©cret portant crĂ©ation de l’EGC viole non seulement le code minier, mais aussi les engagements internationaux et rĂ©gionaux souscrits par la RDC, puisqu’il consacre le monopole d’achat du cobaltpar une seule entreprise, contrevenant ainsi au principe de la libre concurrence garanti par notre droit. En outre, la conclusion par l’EGC de l’accord commercial avec la firme Trafigura pour procĂ©der aux achats, en vertu de l’exclusivitĂ© confĂ©rĂ©e Ă  l’EGC, revient Ă  transfĂ©rer cette exclusivitĂ© de l’État Ă  un opĂ©rateur privĂ©. Enfin, comment peut-on tolĂ©rer une sociĂ©tĂ© dont l’existence et la survie sont incertaines, parce qu’elle est tributaire du caractĂšre stratĂ©gique d’un minerai en l’occurrence le cobalt –, qui dĂ©pend entiĂšrement du comportement de ses cours sur le marchĂ© mondial, qui peut varier Ă  tout moment? Quelle est votre stratĂ©gie sur ce dossier, puisque vous avez rĂ©cusĂ© celle de vos prĂ©dĂ©cesseurs?

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 191 GRAND FORMAT RD CONGO

d’intensifier la recherche de nouveaux gisements et minerais, face Ă  la demande toujours croissante de lithium et de cobalt, utilisĂ©s entre autres pour la fabrication des batteries Ă©lectriques.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022192 GRAND FORMAT RD CONGO

Établi Ă  Maurice, KKM est formĂ© de Kuramo Kapital, prĂ©sidĂ© par l’AmĂ©ricain d’origine nigĂ©riane Wale Adeosun, et de Mafuta Investment Holding, dĂ©tenu en partie par Kalaa Mpinga (fils du Congolais Mpinga Kasenda, un ex-Premier ministre de Mobutu),qui,aprĂšsavoirinvestidans les mines, a optĂ© pour l’agribusiness.

DĂ©chets naturels PHC est le plus grand producteur d’huile rouge du pays. L’entreprise en a produit 42000 t en 2020 et plus de 47 540 t en 2021, avec une prĂ©vision de 60 000 t, qui pourrait ĂȘtre ramenĂ©e Ă  58000 t, en 2022. Ses trois principaux clients sont Marsavco et Palmco, Ă  Kinshasa, ainsi que Congo Oil Ă  Boma, dans le Kongo-Central.

Quand les fonds misent sur l’agribusiness

MURIEL DEVEY MALU-MALU A prĂšs le rachat, en novembre 2020, des parts du canadien Feronia, et, en avril 2021, de celles du fonds d’investissement African Agriculture Fund (AAF), le fonds Straight KKM2 (KKM) est dĂ©sormais aux commandes des Plantations et Huileries du Congo (PHC), dont il est l’actionnaire majoritaire, avec 83,2 % du capital, aux cĂŽtĂ©s de l’État congolais.

Replantation de palmeraies, modernisation des usines, nouveaux travaux de recherche : les Plantations et Huileries du Congo (PHC) conforteront-elles leur position de plus gros producteur d’huile de palme du pays ?

Pour ne pas entamer la forĂȘt, PHC mise sur une opĂ©ration de replanta tion de 800 ha dans les vieux blocs, qui sera lancĂ©e en 2022. L’autre volet est l’augmentation du rendement Ă  l’hectare pour accroĂźtre la production d’huile, en privilĂ©giant l’entretien, la maintenance, le sarclage et l’épandage des plantations, le tout en s’assurant que les bonnes procĂ©dures agricoles sont respectĂ©es. De l’engrais ? Oui, mais plutĂŽt en utilisant les rafles et d’autres dĂ©chets naturels qui sont rĂ©injectĂ©s dans le sol ou qui servent de combustible pour les usines. Les Ă©tendues exploitĂ©es n’étant pas suffisantes pour nourrir toutes les plantations, il faut donc des apports nutritionnels additionnels, tels que le nutrogĂšne ou le potassium, et, selon la qualitĂ© des sols, de la chaux. Bien qu’ils soient trĂšs Ă©loignĂ©s de Kinshasa, les sites disposent tous d’unaccĂšsdirectouindirectaufleuve

Depuis sa crĂ©ation, en 1911, jusqu’à son acquisition par Feronia, en 2009, la concession de PHC appartenait au gĂ©ant britannico nĂ©erlandais Unilever. Elle dispose de 103 000 ha de terres dans le nord de la RD Congo. Tout n’est pas exploitĂ© : les surfaces en production, dites matures, occupent 20650 ha; les jeunes plantations, 839 ha ; les palmeraies anciennes, 7 631 ha. Soit 25 000 ha exploitĂ©s, sur plus de 29 000 ha plantĂ©s, le reste Ă©tant composĂ© de forĂȘts, d’infrastructures, de zones de conservation et de terres utilisĂ©es par les communautĂ©s locales. Les plantations sont rĂ©parties sur trois sites : Lokutu, dans la province de la Tshopo (13700 ha); Yaligimba, dans la Mongala (11 725 ha) ; et Boteka, dans l’Équateur (3 677 ha). Chaquesiteabriteuneusinecompre nant une unitĂ© de production d’huile de palme rouge et une autre d’huile de palmiste. Établie Ă  Lokutu, l’usine de Lokumete peut usiner 30 tonnes de rĂ©gime par heure. « C’est une usine de pointe, entiĂšrement automatisĂ©e, l’une des plus performantes du continent », prĂ©cise Monique Gieskes, la directrice gĂ©nĂ©rale de PHC Jusqu’à prĂ©sent, KKM a investi quelque 50 millions de dollars dans la sociĂ©tĂ©. D’autres investissements sont Ă  l’étude, dont la modernisation Ă©ventuelle de l’usine de Lokutu, Ă  l’arrĂȘt depuis la mise en service de celle de Lokumete. Tout dĂ©pendra des rĂ©sultats des Ă©tudes en cours.

Ses trois principaux clients : Marsavco et Palmco, Ă  Kinshasa, ainsi que Congo Oil, Ă  Boma.

PépiniÚre de Yaligimba, dans la province de la Mongala (nord du pays). Congo, par lequel sont évacués les produits.

DĂšs le dĂ©part, KKM a misĂ© sur l’emploi de nationaux et sur le leadership local. Son but est de faire de la gestion des plantations un management 100 % congolais. « Les Congolais connaissent le pays et sont les mieux placĂ©s pour rĂ©ussir. Cela s’accompagne d’un renforcement des capacitĂ©s locales par des programmes de formation, qui peuvent ĂȘtre animĂ©s par des expatriĂ©s, mais sous l’encadrement des chefs de site congolais », insiste la directrice gĂ©nĂ©rale.PHCcompte7400ouvriers, tous sous contrat. « Les emplois temporaires sont liĂ©s Ă  la pĂ©riode de pointe, prĂ©cise Monique Gieskes. On va identifier les travailleurs qui seront permanents et ceux qui seront temporaires. » Croisements innovants C’est dans le Centre de recherche et d’expĂ©rimentation en agriculture tropicale de Yaligimba (Creaty) que sont rĂ©alisĂ©s les travaux de recherche agronomique.Descroisementsysont effectuĂ©s pour dĂ©velopper des matĂ©riels amĂ©liorĂ©s, trĂšs productifs ou rĂ©sistants aux maladies du palmier Ă  huile Par exemple, le centre travaille actuellement sur une semence naturelle qui donnera une huile sans carotĂšne et avec laquelle on pourra produire de l’huile de table. PHC produit des semences pour rĂ©pondre Ă  ses propres besoins et en vend Ă©gale ment Ă  d’autres producteurs du pays.

À la fin de juin, PHC a signĂ© un accord avec l’International Institute of Tropical Agriculture (IITA, Ă©tabli au Nigeria), partenaire technique du gouvernementcongolaisdanslamise en Ɠuvre du programme de l’Agenda de la transformation agricole (ATA) de la RDC. L’entreprise fournira Ă  l’IITAdessemencesdecĂ©rĂ©ales(maĂŻs, soja, riz et manioc) qui seront distribuĂ©es aux communautĂ©s rurales. Cette approche, que KKM qualifie de « prospĂ©ritĂ© partagĂ©e grĂące Ă  l’agri business », est-elle un simple slogan ou un vrai pari? L’avenir le dira. C’est aussi plus tard, aprĂšs avoir consolidĂ© l’existant, que KKM dĂ©cidera, ou non, d’investir dans d’autres domaines ou d’acquĂ©rir d’autres plantations.

PH C JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 193 GRAND FORMAT RD CONGO

« Le site de Boteka, le plus proche de Kinshasa, se trouve au bord de la Momboyo, l’un des bras du fleuve. Lokutu, le plus distant, borde le fleuve. Quant au site de Yaligimba, il est Ă  45 minutes par la route du port fluvial de Yambenga », explique Monique Gieskes. À Yaligimba, l’évacuation de l’huile et son stockage au port de Yambenga mobilisent une flotte de camions-citernes et de tanks (citernes).Ailleurs,l’huileesttransfĂ©rĂ©e dans les cales des barges depuis le site. Le chargement de l’huile nĂ©cessite une sĂ©rie d’opĂ©rations : rĂ©alisation de contrĂŽles sanitaires et de tests de qualitĂ© pour vĂ©rifier l’aciditĂ© et le tauxd’humiditĂ©deshuiles;rĂ©daction d’un procĂšs-verbal par le contrĂŽle qualitĂ© de PHC et le propriĂ©taire de la barge; remise d’un boĂźtier contenant des Ă©chantillons des huiles embarquĂ©es au gĂ©rant de la barge; scellage des cales. L’activitĂ© logistique de PHC s’arrĂȘte au fleuve. En 2021, l’entreprise a pris l’option de vendre « ex-usine », c’estĂ -dire Ă  la sortie de l’usine ou Ă  l’embarcadĂšre. Yambenga, port d’intĂ©rĂȘt public, Ă©tant attaquĂ© par l’érosion, PHC a dĂ©cidĂ© de le reconstruire pour sĂ©curiser ses tanks et l’accostage de tous les bateaux (barges, balei niĂšres, pirogues, bateaux rapides) qui utilisent le quai et permettent les Ă©changes par le fleuve. Un appel d’offrespourlareconstructionduquai sera lancĂ© une fois achevĂ©e l’étude de faisabilitĂ©, qui prĂ©cisera les quantitĂ©s et le prix des matĂ©riaux Ă  acheter.

La société conçoit et développe des semences améliorées, trÚs productives ou résistantes aux maladies.

Dans le cadre de son dĂ©partement « Programme de dĂ©veloppement communautaire », l’entreprise investitĂ©galementdansdesinfrastructures (hĂŽpitaux, centres de santĂ©, Ă©coles, systĂšmes d’eau potable) et aide les communautĂ©s locales Ă  dĂ©velopper leurs propres plantations de palmiers Ă  huile et de cacaoyers pour leur garantir un accĂšs Ă  l’autonomie financiĂšre et alimentaire.

ARTHUR MALU-MALU D’ immenses dĂ©fis relevĂ©s depuis une vingtaine d’annĂ©es, de grands projets en cours, de nouveaux horizons plein la tĂȘte Tout paraĂźt aller pour le mieux dans lavie de MichaĂ«lHoolans.Le quadra gĂ©naire est fier de son parcours professionnel, qu’il a effectuĂ© en grande partie auprĂšs de son pĂšre JeanClaude Hoolans, nĂ© Ă  Kisangani –, en particulier au sein de l’entreprise familiale, Miluna, qu’il ne semble pas prĂšs de quitter.

AprĂšs avoir Ă©tudiĂ© le commerce Ă  l’École pratique des hautes Ă©tudes commerciales (Ephec) de Bruxelles, MichaĂ«l Hoolans suit une formation spĂ©cifiquedechefd’entrepriseĂ l’Ins titut wallon de formation en alternance et des indĂ©pendants et petites et moyennes entreprises (IfaPME) de ChĂąteau-Massart, Ă  LiĂšge, qu’il achĂšve en 2003. « AprĂšs mes Ă©tudes, jesuisdirectementrevenuĂ Kinshasa, parce que le Congo me manquait. Et aussi parce qu’il y avait beaucoup plus d’occasions de faire des affaires en RDC qu’en Belgique » Il y fait ses premierspasdanslavieactiveentant questagiaireĂ laNouvelleCompagnie africained’exportation(Nocafex),une sociĂ©tĂ© de transit de marchandises dont le directeur gĂ©nĂ©ral n’est autre que son pĂšre Lequel rachĂšte l’entreprise quelques mois plus tard. AprĂšs avoir fait le tour des principaux services de Nocafex, MichaĂ«l Hoolans prend la tĂȘte de la direction d’exploitation de l’entreprise. « Mon pĂšre m’a fait confiance. J’ai apportĂ© des idĂ©es novatrices, qui nous ont permis, entre autres, de dĂ©velop per le secteur fluvial Notre port privĂ© accueillait principalement des bateaux tiers, et nous avons pu, par la suite,disposerdenotrepropreflotte.

Les Hoolans multiplient les succĂšs. IlssontnotammentseulspropriĂ©taires de Miluna, qui, en 2007, a rachetĂ© une concession de plus de 25000 ha aux Plantations et huileries du Congo (PHC, filiale d’Unilever), dans le SudUbangi (Nord-Ouest). Au dĂ©part spĂ©cialisĂ© dans l’hĂ©vĂ©a et le caoutchouc, Miluna a diversifiĂ© ses plantations et productions (cacaoyers, cafĂ©iers, palmiers Ă  huile
). Et c’est sa sociĂ©tĂ© sƓur,Nocafex,quiassureletransport de l’huile et des autres produits. AssociĂ© de Miluna, MichaĂ«l Hoolans est dĂ©sormais Ă©galement directeur gĂ©nĂ©ral de Green Congo Development (GCD), la sociĂ©tĂ© propriĂ©taire et chargĂ©e de l’amĂ©nagementdelazoneĂ©conomiquespĂ©ciale (ZES) de Gwaka, dans le Sud-Ubangi. Cette ZES privĂ©e s’inscrit dans une dĂ©marche d’économie verte et de dĂ©veloppement durable, avec pour objectif la transformation locale des productions agricoles. Une marina Ă  La Gombe Ce projet est censĂ© stimuler l’autosuf fisance alimentaire dans la province et doper les exportations agricoles, crĂ©ant, au passage, de nombreux emplois. Le Sud-Ubangi s’y prĂȘte. SituĂ©e au carrefour de trois corridors de transport multimodal, la province associe routes et voies fluviales : le corridor Nord-Ouest, vers Bangui et Douala;lecorridorEst,versKisangani; le corridor Sud-Est, vers Kinshasa et Brazzaville.LecoĂ»tdel’amĂ©nagement de la phase pilote de la ZES est estimĂ© Ă  prĂšs de 40 millions de dollars. Des financements extĂ©rieurs sont atten dus,etGCDestenpourparlersavecles autoritĂ©spourobtenircertainesgaran ties avant de donner le coup d’envoi des travaux Mais rien ne semble plus s’opposerĂ lamiseenƓuvreduprojet. En attendant, et dĂšs qu’il le peut, MichaĂ«lHoolanssuitl’évolutiond’un autrechantier :celuid’unemarinaau bord du fleuve Congo, Ă  Kinshasa, Ă  La Gombe. Il est le concepteur de ce projet Ă  vocation touristique estampillĂ© « famille Hoolans », qui s’insĂšre dans un programme d’investisse ment global de 18 millions de dollars La premiĂšre phase doit ĂȘtre livrĂ©e Ă  la fin de cette annĂ©e.

AssociĂ© dans l’entreprise familiale Miluna, dans le Sud-Ubangi, MichaĂ«l Hoolans est aussi Ă  la tĂȘte de Green Congo Development, qui, avec l’amĂ©nagement de la zone Ă©conomique spĂ©ciale de Gwaka, compte doper les activitĂ©s agro-industrielles dans la province.

Entrepreneur vert, ambitions durables

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Le projet est censĂ© stimuler l’autosuffisance alimentaire, dynamiser les exportations et crĂ©er de nombreux emplois.

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DOSSIER SENSIBLE Métro-Kin, est-ce crédible?

Bien que sa crĂ©ation soit rĂ©cente (2019) et qu’elle ne dispose pas encore de solides rĂ©fĂ©rences dans le secteur, TCC a conclu une convention de financement avec la sociĂ©tĂ© chinoise Sinohydro. Et alors que l’AssemblĂ©e provinciale de Kinshasa a adoptĂ© le projet en novembre 2021, certains dĂ©putĂ©s provinciaux assurent n’avoir jamais eu accĂšs aux Ă©tudes de faisabilitĂ© menĂ©es par la sociĂ©tĂ©. Trans Connexion Congo et ses « partenaires techniques et financiers », comme l’indique un document officiel relatif au projet, sont censĂ©s possĂ©der 65 % du capital de MĂ©tro-Kin. À terme, il est toutefois prĂ©vu que TCC cĂšde jusqu’à 51 % de ses actions Ă  des « partenaires stratĂ©giques » censĂ©s, eux, apporter des financements. De qui s’agit-il? Le flou persiste Quant Ă  la SCTP, créée en 1935 sous le nom de l’Office des transports coloniaux (Otraco), elle jouit d’un savoir-faire et d’une expertise reconnus dans le transport fluvial et l’exploitation de ports. Reste que, confrontĂ©e Ă  d’importants problĂšmes de trĂ©sorerie, elle a besoin d’ĂȘtre recapitalisĂ©e. On peut ĂȘtre d’autant plus dubitatif que la mise en Ɠuvre du projet requiert le dĂ©placement de nombre de riverains dont les maisons ont Ă©tĂ© bĂąties Ă  moins de 15 mĂštres de la voie ferrĂ©e existante. Cette mesure affecterait un millier de foyers, et le coĂ»t de la destruction des habitations et du relogement des familles serait estimĂ© Ă  lui seul Ă  quelque 12 millions de dollars. Dans un pays oĂč les annonces sans lendemain sont monnaie courante, rien n’incite pour le moment Ă  s’emballer trop rapide ment pour ce projet. Arthur Malu-Malu

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L’objectif affichĂ© est d’assurer quotidiennement les dĂ©placements d’au moins 6 millions de personnes dans cette capitale de plus de 12 millions d’habitants, qui couvre dĂ©jĂ  prĂšs de 10000 km2 et ne cesse de s’étendre vers l’Est, sans que les infrastructures de base ne suivent le mouvement.

Objectif affichĂ© : assurer au quotidien les dĂ©placements d’au moins 6 millions de personnes.

Le projet consiste Ă  rĂ©habiliter les voies ferrĂ©es existantes et Ă  en construire de nouvelles afin de disposer, Ă  terme, d’un rĂ©seau de 300 km, le premier volet du projet portant sur le tronçon compris entre la gare centrale, Ă  La Gombe, et l’aĂ©roport international de Ndjili, soit une vingtaine de kilomĂštres, pour un coĂ»t estimĂ© mais non confirmĂ© d’environ 250 millions de dollars Cependant, si les travaux devaient dĂ©buter en fĂ©vrier, six mois plus tard, le premier coup de pioche n’a toujours pas Ă©tĂ© donnĂ© Quant aux porteurs du projet, ils se font discrets et sont peu enclins Ă  s’exprimer. RĂ©sultat, le projet de MĂ©tro-Kin suscite bien des questions
 qui restent sans rĂ©ponse. Partenaires mystĂšres

L’annonce a Ă©tĂ© faite en grande pompe en janvier : le rĂ©seau ferrĂ© de Kinshasa sera modernisĂ© et Ă©tendu afin de faciliter la mobilitĂ© de la population et d’espĂ©rer mettre un terme aux monstrueux embouteillages qui se forment dans la mĂ©gapole aux heures de pointe. Au cƓur du dispositif, la sociĂ©tĂ© MĂ©tro-Kin, nĂ©e d’un partena riat public-privĂ© entre la ville de Kinshasa, la SociĂ©tĂ© commerciale des transports et des ports (SCTP) et Trans Connexion Congo (TCC), prĂ©sentĂ©e comme la sociĂ©tĂ© « conceptrice du projet et porteuse d’affaires ».

JA MG -P HO TO S:D .R.

UN PARTENARIATPOUR UN AVENIR MEILLEUR

GrĂące Ă notre programme de dĂ©veloppement des entreprises (PDE) nous soutenons la formation des futurs entrepreneurs congolais, qui deviendront des intervenants critiques dans le renouveau de l’économie locale. Leur contribution Ă nos approvisionnements en biens et services pour l’annĂ©e 2021 est estimĂ©e Ă  400 millions de dollars US.

Ainsi travaillons-nous en partenariat avec le gouvernement congolais sur des projets stratĂ©giques, essentiels pour stimuler les activitĂ©s Ă©conomiques au niveau national. GrĂące Ă un investissement ïŹnancier de 450 millions de dollars US, nous avons pu contribuer Ă larĂ©habilitation de deux turbines (G27 et G28) du barrage de INGA ainsi qu’à d’autres projets d’infrastructure stratĂ©giques, permettant la production de 450 mĂ©gawatts d’énergie hydroĂ©lectrique, dont 50 ont pu ĂȘtre mis Ă la disposition de la population de Kolwezi.

Nous estimons que le secteur privĂ© peut jouer un rĂŽle clĂ© dans la montĂ©e en puissance de la RDC et son accession au rang de gĂ©ant mondial de l’industrie miniĂšre, contribuant ainsi Ă  la transition Ă©nergĂ©tique Ă travers un approvisionnement responsable en cuivre et cobalt.

Nous sommes ïŹers d’ĂȘtre partie prenante et membre de la Fair Cobalt Alliance (Alliance pour un cobalt Ă©quitable », ou FCA), qui Ɠuvre Ă latransformation positive de l’EMAPE en RDC. Chaque annĂ©e, KCC et MUMI organisent un camp d’étĂ© pour encourager les enfants et les jeunes Ă poursuivre des carriĂšres alternatives et Ă nepas prendre partaux activitĂ©s d’extraction illĂ©gales. Entre 2016 et 2021, plus de 55 000 enfants ont pu bĂ©nĂ©ïŹcier de cette initiative.

Nous contribuons Ă l’économie et au dĂ©veloppement de la RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo

Le Groupe Glencore est ïŹer de compter parmi les investisseurs en RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo (RDC) depuis 2008, oĂč nous gĂ©rons deux exploitations de cuivre et de cobalt industrielles, KamotoCopperCompanySA (KCC)–unpartenariat avec la GĂ©camines dont elle dĂ©tient 25%des parts et nous 75%–ainsi que MutandaMiningSARL(MUMI),dĂ©tenue Ă  100%par Glencore. Àcejour,nous avons investi plus de 8milliards de dollars US dans le dĂ©veloppement de MUMI et KCC. Notre prĂ©sence en RDC acontribuĂ© Ă l’établissement et Ă l’expansion d’un secteur extractif robuste, créé des milliers d’emplois, soutenu le dĂ©veloppement de l’économie locale et gĂ©nĂ©rĂ© des avantages socio-Ă©conomiques pour la province du Lualaba qui abrite nos opĂ©rations.

Nous estimons que l’exploitation miniĂšre ar tisanale et Ă petite Ă©chelle (EMAPE) lĂ©gitime peut jouer un rĂŽle important et durable dans l’économie de la RDC, et qu’elle peut coexister avec l’exploitation miniĂšre Ă grande Ă©chelle.

UN PARTENAIRE ÉCONOMIQUE POUR LA RDC Nous avons publiĂ© ce 30 juin 2022 notre Rapportsur les paiements gouvernementaux en 2021. Ce rapportest publiĂ© conformĂ©ment aux exigences en matiĂšre de reporting

PUBLI-INFORMATION

UN PARTENAIRE EN ÉTHIQUE ET GOUVERNANCE POUR LA RDC

les mesures de prĂ©vention et de contrĂŽle et contribuer Ă lamise en Ɠuvre des meilleures pratiques dans ce domaine.

VERS UNE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE RÉUSSIE

La RDC est le premier producteur mondial de cobalt et l’un des plus grands producteurs mondiaux de cuivre, la positionnant ainsi au cƓur des transitions tant en matiĂšre d’éner gie que de mobilitĂ©. Glencore s’engage Ă ce que le pays continue de jouer un rĂŽle impor tant Ă l’échelle mondiale dans le cadre de ces transitions. Nos activitĂ©s en RDC jouent Ă©galement un rĂŽle critique dans la rĂ©alisation de notre ambition de devenir une entreprise Ă zĂ©ro Ă©mission nette d’ici 2050. En aoĂ»t 2021, nous avons augmentĂ© notre objectif de rĂ©duction des Ă©missions Ă moyen terme Ă  une rĂ©duction de 50%d’ici 2035 ainsi qu’introduit un nouvel objectif Ă courtterme d’une rĂ©duction de 15%d’ici 2026.

Pour la RDC notre contribution pour l’annĂ©e 2021 se prĂ©sente comme suit : n $856 millions de paiements en impĂŽts, taxes, redevances
 n $4,3 millions d’investissement socio-communautaire n $293 millions d’investissement en RDC pour la seule annĂ©e 2021 n 14 800 employĂ©s et contractants

du chapitre 10 de la directive comptable de l’UE. Comptant parmi les plus grandes entreprises de matiĂšres premiĂšres au monde, nous sommes prĂ©sents Ă plusieurs niveaux de la chaĂźne d’approvisionnement en matiĂšres premiĂšres de par nos activitĂ©s. Nous soutenons les gouvernements des pays qui accueillent nos activitĂ©s dans leur volontĂ© de crĂ©er de la valeur Ă partir de leurs ressources naturelles. Cela s’inscrit dans le cadre de notre objectif, Ă savoir fournir de maniĂšre responsable les matiĂšres premiĂšres qui amĂ©liorent la vie quotidienne.

«Nous sommesengagéspour un avenir meilleurenRépubliqueDémocratique duCongo.» www.glencore.com

La RDC est le premier producteur mondial de cobalt et l’un des plus grands producteurs mondiaux de cuivre

GLENCORE DRC Immeuble Petit-Pont 123 A, avenue de la Justice, C/ Gombé -Kinshasa République Démocratique du Congo

En tant qu’opĂ©rateur responsable, nous nous appuyons sur notre Code de conduite et sur nos valeurs. Glencore ainvesti ces derniĂšres annĂ©es des ressources substantielles dans le dĂ©veloppement d’un programme d’éthique et de conformitĂ© de premier ordre et travaille avec les organismes publics congolais et d’autres parties prenantes pour renforcer

SOCIÉTÉ

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022200 GRAND FORMAT RD CONGO

Pour l’heure, l’UNH est dotĂ©e de six facultĂ©s : sciences de gestion, sciences informatiques, architecture (officiellement École d’architecture et d’urbanisme) les trois cursus les plusdemandĂ©s –,maisaussisciences technologiques (le gĂ©nie civil et le gĂ©nie Ă©lectrique y sont enseignĂ©s, la crĂ©ation d’un nouveau dĂ©partement mĂ©canique est Ă  l’étude), sciences des aliments et de l’environnement, et droit (la derniĂšre nĂ©e). En 2023 s’y ajouteralafacultĂ©dessciencesdel’information et de la communication.

Six facultĂ©s Pourtant, se former dans cette universitĂ© privĂ©e n’est pas donnĂ© Ă  tout lemonde Aux50 dollarsd’inscription s’ajoutent1800 dollarsparanpourles frais acadĂ©miques « un coĂ»t Ă©levĂ© », reconnaĂźt Takizala –, sans compter les dĂ©penses d’assurance pour les Ă©tudiants qui effectuent des stages sur le terrain dans le secteur minier. Outre les revenus liĂ©s aux frais d’ins cription et de scolaritĂ©, l’UNH bĂ©nĂ© ficie de subventions de la Banque mondiale, de l’Union europĂ©enne et de la Belgique. Et elle a recours Ă  des dons afin d’offrir des bourses Ă  des Ă©tudiants dont les moyens financiers sont limitĂ©s.

L’idĂ©edefonderuneuniversité« de qualitĂ© » remonte Ă  plusieurs annĂ©es, insiste Alexis Takizala. « Il y avait un besoin.LesenfantsdesfamillesaisĂ©es qui terminaient le cycle secondaire allaientfaireleursĂ©tudessupĂ©rieures Ă  l’étranger La demande est venue de parents dont les enfants frĂ©quentaientlecomplexescolaireL’Âge-d’Or, dont mon Ă©pouse est la promotrice », explique-t-il.Crééeen2014,l’UNHest devenueopĂ©rationnelledeuxansplus tard. À son ouverture, elle accueillait 228 Ă©lĂšves; pour l’annĂ©e acadĂ©mique 2021-2022, ils sont plus de 1400, dont 800 Ă©tudiantes.

Ouverte en 2016 Ă  Lubumbashi, l’UNH accueille dĂ©jĂ  plus de 1400 Ă©tudiants. AdaptĂ©s aux besoins locaux, les cursus sont conçus en partenariat avec d’autres Ă©tablissements et avec des entreprises Mais tout cela a un prix

Une université pas comme les autres

MURIEL DEVEY MALU-MALU C’ est dans le quartier Gambela, Ă  Lubumbashi (Haut-Katanga), que l’universitĂ© Nouveaux Horizons (UNH) a ouvert ses portes en 2016. Titulaire d’une licence de droit et d’un doctorat en linguistique, son cofondateur et recteur, le professeur Ă©mĂ©rite Alexis Takizala, est issu d’unegrandefamilleoriginairedel’ex Bandundu.AprĂšsavoirpassĂ©cinqans enCalifornie,ilrentreen1974enRDC alors ZaĂŻre –, oĂč il est affectĂ© Ă  l’UniversitĂ© de Lubumbashi (Unilu). « Ce n’étaitpasmonchoix,maismafacultĂ© setrouvaitdanscetteville.Nousnous y sommes installĂ©s et nous y sommes trĂšs bien », confie-t-il. Dans le bureau du recteur, au troisiĂšme Ă©tage de l’aile la plus haute du bĂątiment,unegrandeafficheannonce la couleur : « Nous sommes UNH, devenons le sel de la terre, la lumiĂšre du monde. » Pourquoi ce nom de « Nouveaux Horizons » ? « C’est le rĂ©sultat d’une longue discussion, commentelerecteur.Cenomrenvoie Ă  nos valeurs et fait partie de notre ambition, qui est d’ouvrir les horizons. »SurunelonguetabletrĂŽneune maquette rĂ©alisĂ©e par les Ă©tudiants enarchitecturedelapromotion20192020,unprojetd’extensiondel’Unilu.

MD MM POUR JA

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Pour faire face Ă  la croissance de l’universitĂ©,unnouveaubĂątimentest encoursdeconstruction:auxquelque vingt salles de cours et « auditoires » (sallesdeconfĂ©rences,amphithéùtres) existants et Ă  la grande bibliothĂšque viendront s’ajouter six auditoires de 200 places. La facultĂ© la plus frĂ©quentĂ©e est celle des sciences de gestion, qui absorbe la moitiĂ© des effectifs Ă©tudiants, puis celle d’architecture « Nous avons ouvert cette Ă©cole car, autrefois, les Ă©tudiants devaient aller Ă KinshasapourĂ©tudierl’architecture et l’urbanisme. Or il y a une demande trĂšs forte Ă  Lubumbashi et dans la rĂ©gion avec l’extension de l’urbanisation », expose le recteur. En revanche, bien qu’elle soit la premiĂšre et seule facultĂ© du genre en RDC, celle des sciences des aliments et de l’environnement est la moins frĂ©quentĂ©e. Un paradoxe pour un pays qui se positionne comme un « pays-solution pour le changement climatique » et qui dispose de la majoritĂ© des mĂ©taux stratĂ©giques de la transition Ă©nergĂ©tique. Il est vrai que,pendantlongtemps,lesĂ©tudiants rechignaient Ă  s’y inscrire, pensant qu’onyapprenaitsurtoutdesrecettes de cuisine. Mais la tendance commence Ă  s’inverser « Nous menons une grande campagne de sensibilisation sur les questions d’environne ment et sur les dĂ©bouchĂ©s qu’offre ce secteur », souligne Alexis Takizala. Et lamĂ©prisequantĂ l’objetdessciences des aliments semble levĂ©e. À la fin de mai,lorsdesjournĂ©esportesouvertes de l’UNH, c’est la facultĂ© des sciences des aliments et de l’environnement qui a attirĂ© le plus de monde. « Cette facultĂ© comprend entre autres une minibrasserie, qui produit la biĂšre Horiz,etlesĂ©tudiantsontfabriquĂ©de nouvellesbiĂšresavecdesfruitslocaux et du gingembre. On y fait Ă©galement de la transformation. Nous avons par exemple testĂ© la fabrication de pain Ă  partir de farine de manioc. » On y produit aussi des huiles essentielles Ă  base de plantes locales. RĂ©seau international Pour le moment, les cursus de l’UNH ne forment que jusqu’au niveau de la licenceetdumasterrechercheouprofessionnel. Les Ă©tudiants qui veulent obtenir un doctorat partent donc Ă  l’étranger, en particulier en Belgique ou en France. « L’un de nos chefs de travaux en gestion Ă©tudie dans une Ă©cole doctorale française, un de nos Ă©lĂšves en gĂ©nie civil effectue son doctorat Ă  La Rochelle, une Ă©tudiante en sciences des aliments est Ă  Rennes, etc.Etnousallonssolliciterlacollabo rationdel’Unilupourlesdoctoratsen architecture. »Quantauxprofesseurs, silaplupartd’entreeuxsontdesenseignants-visiteurs,cen’estpasunchoix del’universitĂ©.« Ilestdifficiledetrouverdescandidatsquiveulentresteren RDC.Plusieursdenosprofesseursont fondĂ© une famille Ă  l’étranger. Mais nouscomptonssurlesjeunesquin’ont

Le bĂątiment principal de l’UniversitĂ© Nouveaux Horizons, dans la capitale du Haut-Katanga. Longtemps, les Ă©tudiants ont rechignĂ© Ă  s’inscrire en sciences des aliments et de l’environnement, pensant qu’on y apprenait des recettes de cuisine.

Plusieurs concours d’éloquence créés ces derniĂšres annĂ©es rencontrent un franc succĂšs. Objectif : aider les jeunes Ă  structurer et Ă  exprimer leurs idĂ©es

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022202 GRAND FORMAT RD CONGO

BELLISSIME PHO TO

pas encore d’engagement. » Loin d’ĂȘtre isolĂ©e, l’UNH, qui fait par tie de l’Association internationale des universitĂ©s (AIU), multiplie les efforts pour nouer des liens avec d’autres Ă©tablissements d’ensei gnement supĂ©rieur À commencer par l’Unilu, avec laquelle elle vient d’officialiser une collaboration pour que les Ă©tudiants de l’UNH frĂ©quentent les laboratoires de sa facultĂ© polytechnique. Elle a par ailleurs Ă©tabli des accords de par tenariat avec deux universitĂ©s de Kinshasa : l’UniversitĂ© catholique du Congo (UCC) et l’UniversitĂ© Loyola du Congo (ULC), fondĂ©e en 2016 par des jĂ©suites L’objectif ? « Organiser des Ă©changes d’enseignants et d’étu diants, susciter des collaborations dans le domaine de la recherche et fairedespublicationscommunes. » Des partenariats similaires sont Ă©tablis avec des universitĂ©s Ă©tran gĂšres, dont l’universitĂ© de Sousse, en Tunisie, et l’École supĂ© rieure spĂ©ciale d’architecture du Cameroun (Essaca). Des pourpar lers sont Ă©galement en cours avec l’École supĂ©rieure de commerce (ESC) d’Amiens et avec l’universitĂ© Paris-Saclay, en France. Stages en entreprise L’UNH a fixĂ© deux prioritĂ©s Ă  ses Ă©tudiants. La premiĂšre est de favoriser les stages profession nels en entreprise. Bien avant le rĂ©cent passage au systĂšme LMD (licence-master-doctorat), elle avait Ă©tabli des contacts avec des sociĂ©tĂ©s d’État comme la GĂ©camines et la SociĂ©tĂ© natio nale des chemins de fer du Congo (SNCC) –, avec des brasseries et avec le groupe Hyper Psaro pour la transformation des aliments, avec des banques et des organismes de ressources humaines. Autant d’entreprises qui accueillent des stagiaires.

AutreprĂ©occupation :« quel’étu diant qui termine son cursus ait le sens de l’entrepreneuriat, d’autant plus que trouver un travail est par fois difficile », souligne le recteur. Dans le droit fil de la devise que s’est donnĂ©e l’universitĂ© : « Oser. Innover. PersĂ©vĂ©rer ».

Prix du prestigieux concours d’art oratoire de la ConfĂ©rence internatio nale des barreaux (CIB), Ă  Lausanne, en 2018, il a créé le Concours d’éloquence Tshimbadi, Ă  la facultĂ© de droit de l’UniversitĂ© de Lubumbashi. Il orchestre Ă©galement les ProcĂšs d’histoire dans le cadre de son asso ciation Congo-Culture, et anime des dĂ©bats dans son club Éloquence. Tous sont partis du mĂȘme constat : s’il y a certes quelques exceptions, la plupart des lycĂ©ens et Ă©tudiants ont du mal Ă  Ă©crire correctement et Ă  s’exprimer en public, en particulier les jeunes filles, souvent plus timides que les garçons. À l’apprĂ©hension de prendre la parole s’ajoute « la dif ficultĂ© de concevoir, de structurer et d’exprimer des idĂ©es de maniĂšre claire », prĂ©cise Jacques Mukonga. Art oratoire Au cours des Ă©tudes secondaires et supĂ©rieures congolaises, mĂȘme dans les facultĂ©s de droit on apprend rarement l’art de la rhĂ©torique. « Nous n’intĂ©grons pas les techniques d’expressionoraledansl’enseignement », confirme Tshela Mutay. S’il existe, ici et lĂ , des initiatives pour former les jeunes Ă  la prise de parole, elles sont ponctuelles et informelles. D’oĂč l’idĂ©e de structurer l’enseignement de l’art oratoire Ă  travers des concours. « C’est une maniĂšre

Joutes verbales

Mutay est Ă  l’origine du Concours fĂ©minin d’éloquence, qui s’adresse aux collĂ©giennes et lycĂ©ennes ĂągĂ©es de 13 Ă  17 ans. L’association lushoise Les Talents a, elle, mis en place un concours d’éloquence interuniversitaire. Quant Ă  Me Jacques Mukonga, avocat d’affaires au barreau de Lubumbashiet,entreautres,Premier

Ils organisent les principaux concours d’art oratoire en langue française depuis Lubumbashi, la capitale du Haut-Katanga, qui fait figure de ville pionniĂšre en la matiĂšre en RD Congo. Juriste et agrĂ©gĂ©een langue française, Nelly Tshela

Lors du Concours fĂ©minin d’éloquence, Ă  Kinshasa, en mai.

Comment vous positionnez-vous ?

Le dĂ©veloppement des produits individuels est liĂ© Ă  l’augmentation du pouvoir d’achat et de la capacitĂ© d’épargne Il ya donc de rĂ©elles opportunitĂ©s


www.rawsur.com Quel bilantirez-vous de votre activitĂ© ? Nousavons dĂ©marrĂ© en 2019 et, en 2021, le montant des primes Ă©misesaatteint 65 millionsdedollars USD,soit une part de marchĂ© de 31 %. Noussommes dĂ©sormais leader sur le segment IARD (incendie,accidents et risques divers), qui reprĂ©sente la quasi-totalitĂ© du marchĂ©del’assurance en RDC actuellement.

Cette progressions’explique par la compĂ©tence technique de nos Ă©quipes, notre capacitĂ© ïŹnanciĂšre et la ïŹ‚uiditĂ© en matiĂšre de gestion desprocĂ©dures.GrĂące Ă unpanel de rĂ©assureurs internationaux de premierplan, nous sommes en mesured’indemniser nos assurĂ©s rapidement et ce,indĂ©pendamment du montant des sinistres.

Cependant, il existe un potentiel dans les produits de capitalisation (retraite complĂ©mentaire,indemnitĂ© de ïŹn de carriĂšre) que nous nous attelons Ă transformer

ENTRETIEN Hugues Toto, Directeur Général Adjoint de Rawsur Life S.A.

Nous avons une gamme complĂšte de produits d’assurance-vie.Jeciterais, en particulier,l’assurance emprunteur qui couvre le risque en cas de dĂ©cĂšs de ce dernier.Nousproposons Ă©galement un produit d’assurance-vie collective que les entreprises peuvent souscrire au bĂ©nĂ©ïŹce de leurs salariĂ©s.

Quelles solutions proposez-vous?

Comment voy Le marchĂ© d gros poten de ce po vĂ©e de L’im da une EnïŹn, une rĂ©v les contrats impact positif

«L’assurancevie reprĂ©sente un gros potentiel en RDC »

RawsurS.A.propose Ă ses clients corporate des solutionsglobales qui couvrenttous les risques auxquels ils sont confrontĂ©s :dommages desactifs, perte d’exploitation, responsabilitĂ© civile,ïŹ‚otte automobile,violences politiques, incendie,transport, construction, santĂ©des salariĂ©s,etc. Nousnous adressons Ă toutes les entreprises quelsque soientleur secteur d’activitĂ© ou leur taille,depuis u’à la ïŹliale de groupe multinational. side dans notre capital humain. Nos nnent le temps d’écouterles clients, besoins en matiĂšrederisque et de utions personnalisĂ©es. tions d’assurance adaptĂ©es aux begolais, notamment l’assurance autohabitation,l’assurance voyage, etc yez-vous l’avenir ? des assurances de la RDC offre un ntiel de croissance. La concrĂ©tisation otentiel repose cependantsur la leeplusieurs obstacles. plicationdes diffĂ©rents ministĂšres ans le respectdes 6assurances obligatoires en RDC,nous semble indispensable. Parailleurs, la crĂ©ation d’un marchĂ© ïŹnancier structurĂ© oĂč les sociĂ©tĂ©s d’assurances pourront placer et fructiïŹer leurs liquiditĂ©s donnerait eimpulsion dĂ©cisive Ă notre secteur vision de la ïŹscalitĂ©,notamment sur d’assurances, aurait Ă©galement un f.

3ans aprĂšs la libĂ©ralisation du secteur des assurances, Rawsur SA et Rawsur LifeSAs’imposent commeleadersdu marchĂ©des assurancesenRDC.

Quelle est la situation de l’assurance-vie en RDC ? C’estunmarchĂ© trĂšs jeune avec un montant d’émissions de primes de 7millions de dollars USD en 2021, soit 3%dutotal des Ă©missions. Mais le marchĂ©,qui est tirĂ© principalement par la branche prĂ©voyance,progresse trĂšs rapidement. Rawsur Life S.A. est le leader avec une part de marchĂ© de 74 %.

ENTRETIEN Tarik Lefriyekh, Directeur Général de Rawur S.A.

Il est sûr

«Nous proposons ànos clients des solutions personnalisées en fonction de leurs besoins »

COMMUNIQUÉ JAMG -P HOT OS DR

L’assurance-vie aunvrai potentiel de dĂ©veloppement. Nous souhaitons ĂȘtre un acteur clĂ© de cette croissance en proposant des solutions pour les entreprises et les particuliers. La digitalisation est un outil essentiel pour rendre accessible l’assurance vie Ă unplus grand nombre dans le segment retail. Parailleurs, les recommandations de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), dans le sens de la constitution de provisions dans les entreprises pour le dĂ©part Ă la retraite de leurs salariĂ©s et de l’externalisation au bĂ©nĂ©ïŹce des assureurs, devraient Ă©galement avoir un impact positif car,elle procure un avantage ïŹscal. la petite entreprise jusqu Notre principal atout rĂ© chargĂ©s d’affaires pren de comprendre leurs leur proposer des sol Sans oublier les solu soins du citoyen cong mobile,lamultirisques

CetteapprocheestparticuliĂšrement perceptible dans les ProcĂšs d’histoire qu’organise Congo-Culture. « Dans la littĂ©rature consacrĂ©e Ă  des personnages historiques, certains livres sont Ă  charge, d’autres plus nuancĂ©s. Nous faisons revivre ces controverses dansnosprocĂšs.NousavonsmenĂ©les procĂšs de LĂ©opold II, de Mobutu, de Tshombe et de Lumumba », explique Jacques Mukonga. Et ce dernier d’in sister:«Ilestimportantdelaisservivre le dĂ©bat contradictoire, de permettre aux gens de continuer Ă  rĂ©flĂ©chir, mĂȘmesic’estdifficiledanslecontexte actuel, marquĂ© par une tendance Ă  la radicalisation des opinions. Ces concours sont au carrefour de nombreux enjeux sociaux. »

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022204 GRAND FORMAT RD CONGO

« Il faut instaurer des habitudes de lecture », insiste Tshela Mutay. Vient ensuite la formation Ă  la rhĂ©torique proprement dite. Cours pratiques, matĂ©riels didactiques sous forme de vidĂ©os, de manuels et de livrets
 Les coachs utilisent tous les supports pour arriver Ă  leurs fins. RĂ©putĂ© maĂźtre en la matiĂšre, Jacques Mukonga a beaucoup Ă©crit sur l’art oratoire. De mĂȘme que Tshela Mutay, auteuredumanuelModuleexpression orale ApprendreĂ communiquer:une compĂ©tencevitale. Les sujets proposĂ©s sont variĂ©s. Tshela Mutay, dont le concours se tient la premiĂšre semaine de mars, en marge de la JournĂ©e internatio nale des droits des femmes « pour que mars ne soit pas seulement un mois pendant lequel les jeunes filles portent des pagnes, mais pendant lequel elles outillent leurs cerveaux » –, privilĂ©gie les sujets sur l’écologie, sur le respect de la nature et sur les questions d’actualitĂ©.

Le Concours fĂ©minin d’éloquence a quant Ă  lui pour objectif de donner Ă  des collĂ©giennes et lycĂ©ennes « les outils de base » pour concevoir, organiser et exprimer une idĂ©e.

Le concours Tshimbadi du nom d’un cĂ©lĂšbre avocat du barreau de Lubumbashi –, qui compte dĂ©jĂ  six Ă©ditions, doit permettre Ă  un jeune avocat d’apprendre Ă  mieux plaider.

BienĂ©videmment,leslaurĂ©atssont primĂ©s. Les Talents propose quatre distinctions : or, argent, bronze et ishango du nom de la localitĂ© congolaise oĂč l’on a dĂ©couvert des os, appelĂ©s « bĂątons d’Ishango », considĂ©rĂ©s comme les ancĂȘtres de la calculatrice. Les coachs et les jurys, composĂ©s de personnalitĂ©s des milieux acadĂ©miques, des affaires et du monde culturel (avocats, universitaires, chefs d’entreprise, etc.), sont eux-mĂȘmes formĂ©s « afin que tous aient la mĂȘme approche de l’art oratoire », prĂ©cise Live Makufa. Grands procĂšs L’art oratoire enseignĂ© et favorisĂ© par ces concours dĂ©passe la seule dimension rhĂ©torique. Outre apprendre Ă  s’informer, Ă  concevoir, Ă  dĂ©velopper et Ă  exprimer une idĂ©e, il s’agit aussi d’accepter le dĂ©bat contradictoire. Chaque concours comporte en effet une Ă©tape oĂč deux candidats s’af frontent sur un sujet, chacun dĂ©fendant un point de vue.

« Pour la 4e Ă©dition, je voudrais que les filles parlent des soft skills [capacitĂ© d’adaptation, crĂ©ativitĂ©, autono mie
] », ajoute-t-elle. Les Talents, dont la compĂ©tition est Ă©galement organisĂ©e en mars, font plancher leurs candidats sur des sujets gĂ©nĂ© raux ou philosophiques tels que « La libertĂ© et le temps » ou « Doit-on se mĂ©fier les uns des autres? »

Ainsi,lapremiĂšreĂ©ditionduconcours de Tshela Mutay s’est dĂ©roulĂ©e Ă  Kinshasa en 2020, la deuxiĂšme s’est tenue en 2021 Ă  Lubumbashi, comme celle de mars 2022, qui a rĂ©uni une cinquantaine de jeunes filles origi naires de Kinshasa, de Lubumbashi et de Bunia (Ituri). Quant au nombre de candidats aux Talents, il est passĂ© de 140 en 2021 Ă  180 cette annĂ©e, oĂč la compĂ©tition mobilisait des Ă©tudiants de Kinshasa, de Lubumbashi et de Kolwezi (Lualaba) issus d’une vingtaine d’universitĂ©s. Deux nouvelles provinces devraient y ĂȘtre associĂ©es pour l’édition 2023. Ces concours suivent tous le mĂȘme schĂ©ma. Avant la finale, chaque candidat doit franchir une sĂ©rie d’étapes aucoursdesquellesilseraformĂ©,coachĂ©, jaugĂ©, Ă©ventuellement Ă©liminĂ©. Entre l’inscription, la validation de la candidature et la proclamation des rĂ©sultats, jusqu’à trois mois peuvent s’écouler. Parce qu’il n’y a point de rhĂ©torique sans maĂźtrise de l’écrit, la premiĂšre Ă©tape de la compĂ©tition incite donc le candidat Ă  lire, Ă  effec tuerdesrecherchespoursedocumentersurlesujetproposĂ©(gĂ©nĂ©ralement tirĂ© au sort), Ă  Ă©largir sa culture gĂ©nĂ© rale et Ă  faire preuve de sa capacitĂ© de dĂ©monstration, arguments Ă  l’appui.

Les compétitions sont annoncées sur les réseaux sociaux, parfois par des spots promotionnels diffusés dans les médias audiovisuels. Les organisateurs sont également en contact avec les responsables des établisse mentsscolaires,desuniversitésetdes associations culturelles étudiantes. Le bouche-à-oreille fait le reste. Au fil des années, le nombre de candidatures et de villes associées augmente.

La finalitĂ© de l’exercice diffĂšre d’un concours Ă  l’autre. Celui organisĂ© par Les Talents a pour objec tif de donner aux jeunes diplĂŽmĂ©s la possibilitĂ© de s’ouvrir au monde professionnel, de dĂ©crocher un travail, de valoriser ses compĂ©tences auprĂšs d’un employeur ou de dĂ©fendre un projet entrepreneurial.

d’obliger les jeunes Ă  s’impliquer, enfaisantl’effortdes’inscrire,etĂ persĂ©vĂ©rer,ens’appliquantĂ suivretoutes les Ă©tapes jusqu’à la finale », insiste Live Makufa, chargĂ©e de l’administration de l’association Les Talents.

Est-ce ce besoin, parfois Ă©touffĂ©, de vrais dĂ©bats, de libertĂ© de parole et de tolĂ©rance qui explique le succĂšs de ces concours? En tout cas, des initiatives du mĂȘme genre naissent un peu partout : au grand sĂ©minaire Saint Paul, on veut organiser un dĂ©bat contradictoire; dans certains lycĂ©es, les prĂ©fets demandent Ă  ĂȘtre formĂ©s Ă  la rhĂ©torique; et les vidĂ©os sur les ProcĂšs d’histoire sont trĂšs visionnĂ©es
 À l’évidence, la demande est bien rĂ©elle. Reste Ă  renforcer l’offre. Muriel Devey Malu-Malu

« Laisser vivre un débat contradictoire est important dans le contexte actuel, marqué par la radicalisation des opinions.»

Arguments à l’appui

L’EXPLOITATIONMINIÈRE EST ESSENTIELLE Notre quĂȘte vigoureuse de ressources de haut niveau et durables, notamment le cuivre,unmĂ©tal essentiel, fournirales minĂ©raux nĂ©cessaires Ă laconstruction d’un monde sansĂ©mission de gaz Ă effet de serre.Notrefocus sur les matiĂšres premiĂšres essentielles Ă laproduction d’éner gie propre, nousinciteĂ rester ïŹdĂšle Ă notre engagement de produiredes mĂ©taux de haute qualitĂ©, Ă faible Ă©mission et d’origine Ă©thique, en partenariat avec les parties prenantes locales. Nous voulons contribuer Ă latransformation Ă©nergĂ©tique

Chez Kamoa Copper,nous continuons Ă faire progresser notreprojet environnemental, social et de bonne gouvernance (ESG) Ă lapointe du secteur et rĂ©afïŹrmons notreengagementenvers les autoritĂ©s et communautĂ©sd’accueil en RDC Àcette ïŹn, le recrutement local au sein des communautĂ©s d’accueil reste une prioritĂ©. Nous avons mis en place des programmes de formation et d’éducation de niveau international pour contribuerĂ  la consolidation et au dĂ©veloppement des ressources humaines et des Ă©conomies localesautour de nos opĂ©rations. En 2021, environ 97 %des quelque 12 000 employĂ©(e) s de notrecomplexe minierdeKamoa-Kakula, en RDC, Ă©taientdes ressortissants congolais et ressortissantes congolaises.

Kamoa Copper est une sociĂ©tĂ© miniĂšredepremier plan situĂ©e en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (RDC). Elle se concentresur la prospection, le dĂ©veloppementetlaproduction de minerais au sein du complexeminier de Kamoa-Kakula. Elle s’est engagĂ©e Ă devenirunleader mondial dans la production de cuivre, un mĂ©tal indispensable Ă latransition mondiale vers un avenir Ă©lectrique et durable.

L’EXPLOITATION MINIÈRE POUR UN AVENIR PLUS VERT

En 2021, 28 puits d’eau alimentĂ©s par l’énergie solaire ontĂ©tĂ© installĂ©s, permettant Ă plus de 12 000 membres de la communautĂ© d’accĂ©der Ă l’eau potable

L’ATTENTE EN VALAIT LA PEINE Ivanhoe Mines adĂ©butĂ© ses activitĂ©sdeprospection en RDC il yaplus de 24 ans.AprĂšs la dĂ©couverte de Kamoa en 2009 et celle historique de Kakula en 2016, l’entreprise amis un peu plus de cinq ans Ă dĂ©velopper le complexe minier de Kamoa pour en faireleprochain grand producteur mondial de cuivre, alimentĂ© en Ă©nergie durable par le rĂ©seau hydroĂ©lectrique de RDC, leader mondial en devenir Kamoa Copper S.A. exploite le complexe minier cuprifĂšredeKamoa, et, est une coentreprise entrelasociĂ©tĂ© miniĂšre canadienne Ivanhoe Mines (quidĂ©tient indirectement39,6 %), la sociĂ©tĂ© miniĂšremultinationalechinoise Zijin Mining Group (qui dĂ©tient indirectement 39,6 %) et la sociĂ©tĂ© privĂ©e basĂ©e Ă HongKong, Crystal River Global Limited(qui dĂ©tient indirectement 0,8 %). Le gouvernementdelaRĂ©publique dĂ©mocratique du Congo dĂ©tient le reste des actions de la sociĂ©tĂ© (20 %).

Le programme Sustainable LivelihoodsdeKamoa-Kakula adĂ©butĂ© en 2010 et vise Ă renfor cer la capacitĂ©des communautĂ©s d’accueil en matiĂšredesĂ©curitĂ© alimentaireetd’agriculture grĂące Ă lacrĂ©ation d’un jardin de formationagricole et au soutien des agriculteurs locaux. Aujourd’hui, environ 900 agriculteurs communautaires bĂ©nĂ©ïŹcient du programme Sustainable Livelihoods, produisant des aliments de haute qualitĂ© pour leurs familles et vendant le surplus pour gĂ©nĂ©rer des revenus supplĂ©mentaires.

L’exploitation miniĂšreest une entreprise gĂ©nĂ©rationnelle qui doit ĂȘtremenĂ©e en partenariat avec les communautĂ©s et les gouvernements locaux de façon responsable, en mettant l’accent sur l’emploi local durable, la gestion de l’environnement et le respect mutuel.

Employé du complexe minier de Kamoa-Kakula. WWW.KAMOACOPPER.COM

JAMG -P HOT OS DR

Le complexe minier de Kamoa-Kakula

COMMUNIQUÉ

Mobutu, Tshombe : l’éternel exil?

Promesse En dĂ©cembre 2007 pourtant, l’AssemblĂ©e nationale congolaise a adoptĂ© une rĂ©solution recommandant le rapatriement du corps de Mobutu. Le contexte est alors favorable : la guerre entre les partisans du marĂ©chal et ceux de Laurent-DĂ©sirĂ© Kabila, qui l’a renversĂ©, est terminĂ©e. Avant son assassinat, en 2001, le Mzee a tentĂ©, par l’intermĂ©diaire de Wivine Moleka lafille d’un proche de Mobutu –, d’établir le contact avec des cadres de l’ancien rĂ©gime. Et une fois parvenu au pouvoir, son fils, Joseph Kabila, noue une alliance avec des fils de Mobutu. Il y voit un moyen d’appuyer l’idĂ©e d’une « rĂ©conciliation nationale ». RentrĂ© en RD Congo en novembre 2002, Nzanga Mobutu, le fils de Bobi Ladawa, la seconde Ă©pouse du marĂ©chal, fonde l’Union des dĂ©mocrates mobutistes (Udemo). AprĂšs une candidature malheureuse Ă  la prĂ©sidentielle de 2006, il s’allie Ă  la majoritĂ©. L’un de ses frĂšres, Giala Mobutu, aujourd’hui sĂ©nateur, est alors dĂ©putĂ©. L’alliance n’est pas du goĂ»t de toute la famille au sein de laquelle certains refusent de pactiser avec le fils du tombeur du marĂ©chal , mais elle ne dure pas. En 2011, Joseph Kabila rĂ©voque Nzanga Mobutu La promesse d’un retour du corps est remise sur la table deux ans plus tard Ă  l’issue des concertations nationales. Elle le sera de nouveau en septembre 2019, Ă  l’initiative de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le premier chef de gouvernement de FĂ©lix Tshisekedi. « J’ai toujours trouvĂ© qu’il y avait une certaine vulgaritĂ© Ă  Ă©voquer comme cela le rapatriement du corps de notre pĂšre, s’agace pourtant l’un des enfants de Mobutu. Lorsque Sylvestre Ilunga Ilunkamba a fait sa dĂ©claration, nous n’avions mĂȘme pas Ă©tĂ© prĂ©a lablement informĂ©s. » À l’exception de Nzanga et de Giala, les autres enfants du marĂ©chal, qui ont pour la plupart grandi Ă  l’étranger, n’ont pas tentĂ© d’aventure politique en RDC. Leur nom n’aura pas sauvĂ© les Mobutu de la marginalisation. MĂȘme chose pour les enfants Lumumba. ÉvacuĂ©s en Égypte avec l’aide de Gamal Abdel Nasser et de son Ă©missaire, Abdel Aziz Ishak, ils ont grandi au Caire, ne revenant en RDC, pour les premiers d’entre eux, qu’à partir des annĂ©es 1990 Juliana sera ministre de l’Information puis de la Culture sous Laurent-DĂ©sirĂ© Kabila. DĂ©putĂ© pendant plusieurs annĂ©es, Roland n’a aujourd’hui plus de mandat. François, l’aĂźnĂ©, prĂ©side le Mouvement national congolais/Lumumba, un petit parti qu’il promet de relancer en vue des Ă©lections de 2023. Idem pour les Tshombe. RentrĂ© au ZaĂŻre au dĂ©but des annĂ©es 1980, Jean Ditend, l’un des fils de MoĂŻse, fut ministre sous Mobutu, avant de dĂ©cĂ©der en 1993 Depuis, seule Isabel, aujourd’hui ambassadrice

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022206 GRAND FORMAT RD CONGO

MÉMOIRE VIVE

D ifficile de savoir si la voix basse de Roland Lumumba traduit de la fatigue, du soulagement ou simplement une certaine lassitude. En ce dĂ©but de juin, la seule chose que le fils de Patrice Émery Lumumba peine Ă  masquer, c’est son impatience Ă  l’idĂ©e d’en finir avec cette interminable Ă©preuve. « Ça a Ă©tĂ© difficile d’en arriver lĂ  », lĂąche-t-il, Ă©voquant ce deuil dont sa famille a Ă©tĂ© privĂ©e, faute de corps Ă  inhumer. C’est peu dire que la route a Ă©tĂ© longue. La construction du mausolĂ©e a pris du retard, la famille a hĂ©sitĂ©, le cabinet prĂ©sidentiel a tĂątonnĂ©, l’évĂ©nement a Ă©tĂ© reportĂ© Ă  de nombreuses reprises
 Mais cette fois-ci, Roland Lumumba veut croire que l’issue est proche et qu’une dent de son pĂšre, unique relique du hĂ©ros de l’indĂ© pendance assassinĂ© le 17 janvier 1961, va enfin revenir au Congo. Rien n’aurait Ă©tĂ© possible sans le combat menĂ© en Belgique par l’épouse de Lumumba, Pauline, dĂ©cĂ©dĂ©e en 2014, et par ses enfants. Mais ce rapatriement, qui a finale ment eu lieu ce 22 juin, ouvrira-t-il la voie Ă  d’autres retours?

Les cas de Mobutu Sese Seko, qui repose au Maroc depuis qu’il s’est Ă©teint le 7 septembre 1997, ou de l’ex-Premier ministre et prĂ©sident de l’éphĂ©mĂšre État du Katanga, MoĂŻse Tshombe, mort en 1969 Ă  Alger et enterrĂ© au cimetiĂšre d’Etterbeek, en Belgique, n’ont jamais Ă©tĂ© rĂ©solus. Fardeau pour leurs hĂ©ritiers, enjeu politique pour les prĂ©sidents qui se sont depuis succĂ©dĂ©, le retour des dĂ©pouilles de ces personnalitĂ©s clĂ©s de l’aube des indĂ©pendances est un vĂ©ritable casse-tĂȘte.

Si une dent de l’ex-Premier ministre Patrice Lumumba, assassinĂ© en 1961, a enfin Ă©tĂ© restituĂ©e Ă  sa famille et ramenĂ©e, le 22 juin, Ă  Kinshasa, les dĂ©pouilles d’autres figures de la vie publique congolaise restent inhumĂ©es Ă  l’étranger. Histoire d’un casse-tĂȘte politique et mĂ©moriel.

de la RDC en France, occupe des fonctions de premier plan. Ironie de l’Histoire : elle a Ă©tĂ© vice-ministre des Affaires sociales en 1999, dans le mĂȘme gouvernement que
 Juliana Lumumba.

ARSENE MPIANA/AFP

ArrivĂ©e du cercueil de Patrice Lumumba le 30 juin, Ă  Kinshasa, Ă  l’Échangeur de Limete, oĂč un mausolĂ©e abritant sa dent devrait ĂȘtre ouvert au public Ă  la fin du mois d’aoĂ»t.

Profanations Collaborer ou non? Les Mobutu et les Tshombe ont eux aussi peinĂ© Ă  se mettre d’accord. Le retour de la dĂ©pouille de l’ex-leader katangais avait Ă©tĂ© promis en 2013. Mais le projet n’a jamais abouti. Il redevient d’actualitĂ© en 2019 avec le premier discours d’Ilunga Ilunkamba. En septembre de la mĂȘme annĂ©e, FĂ©lix Tshisekedi, de passage Ă  Bruxelles, reçoit plusieurs membres de la famille Tshombe. Mais « tout est restĂ© au stade des intentions », dit un membre de la famille, qui explique vouloir « Ă©viter que ce rapatriement soit prĂ©sentĂ© comme un trophĂ©e ». « Au fond, le blocage n’a jamais Ă©tĂ© politique, rĂ©sume un intime des deux familles. Ce sont surtout des questions d’harmonisation des points de vue, en interne, et de timing. » Des divisions fami liales que les pouvoirs politiques ont souvent mises en avant pour justifier les retards « La famille est soudĂ©e dans ce dossier, rĂ©torque l’un des hĂ©ritiers Mobutu La vĂ©ritĂ©, c’est que les conditions ne sont pas rĂ©unies. Notre pĂšre n’aurait pas aimĂ© ĂȘtre rapatriĂ© Ă  Gbadolite dans ces circonstances. » Jadis rĂ©putĂ©e pour ses somptueux palais, « Gbado » est aujourd’hui en ruine.La chapelle Marie-la-MisĂ©ricorde, dont la crypte a un temps abritĂ© les corps de Marie-Antoinette, la premiĂšre Ă©pouse de Mobutu, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1977, et de certains de ses enfants, a Ă©tĂ© profanĂ©e, et ils ont dĂ» ĂȘtre dĂ©placĂ©s dans un petit cimetiĂšre voisin.

Tous possĂšdent leur propre rĂ©seau, mais cette relative absence de poids politique ne leur a pas permis de mener Ă  bien les discussions portant sur l’enterrement de leur pĂšre au pays. Sans compter que les familles sont souvent divisĂ©es. Cela s’est encore vu lors de l’organisation de la restitution de la dent de Patrice Lumumba. « Certains nous ont dit qu’il Ă©tait prĂ©fĂ©rable de se passer du gouvernement, de ne pas collaborer avec le prĂ©sident Tshisekedi, dont le pĂšre, Étienne, a Ă©tĂ© un collaborateur du marĂ©chal, raconte l’un des fils de l’ancien Premier ministre Mais il ne s’agit pas de travailler avec untel ou untel. C’est la RDC qui lui rend hommage! »

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 207 GRAND FORMAT RD CONGO

« Compte tenu de cette situation, il est plus facile pour la famille que mon pĂšre reste au Maroc », confirme l’un des enfants Mobutu, pour qui le retour de la dĂ©pouille du marĂ©chal doit aller de pair avec la rĂ©habilitation de l’hĂ©ritage de l’ancien prĂ©sident. « Lorsque notre pĂšre est dĂ©cĂ©dĂ©, on en a fait un repoussoir politique », dĂ©nonce-t-il. Au Maroc, la famille a conservĂ© un certain statut auquel il est difficile, notamment pour la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration qui a vĂ©cu au ZaĂŻre, de renoncer, rĂ©sume un proche, ancien collaborateur de Mobutu. Cette rĂ©habilitation est aussi au cƓur des revendications de la famille Tshombe. Les enfants de l’ancien prĂ©sident de l’État du Katanga ont d’ailleurs mis sur la table des demandes prĂ©cises, dont l’annulation d’une condamnation Ă  mort prononcĂ©e en 1967. Mais ces tractations sont, depuis plusieurs annĂ©es, perturbĂ©es par des bisbilles concernant la gestion de l’hĂ©ritage, qui fait l’objet de conflits judiciaires entre les descendants.

« Le rapatriement de la dĂ©pouille de Lumumba est une Ă©tape. Si les autres suivent, nous serons amenĂ©s Ă  nous questionner sur le rĂŽle que Mobutu et Tshombe ont jouĂ© dans sa mort, ou encore sur celui que Mobutu a jouĂ© vis-Ă -vis de Tshombe, et inversement », estime le politologue congolais Jean Omasombo. Chez les Lumumba, dans la rĂ©sidence aux murs jaunis de l’ancien Premier ministre, sur le boulevard du 30-Juin, Ă  Kinshasa, on se projette dĂ©jĂ  sur ce travail de mĂ©moire. « C’est notre prioritĂ©, conclut Roland Lumumba. On veut que la vĂ©ritĂ© soit dite. La rĂ©concilia tion, oui, mais pas l’oubli » Romain Gras « On veut que la vĂ©ritĂ© soit dite. La rĂ©conciliation, oui, mais pas l’oubli. »

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JA3115 du 29 juillet 2022 GF RDC by Régie Difcom - Issuu