Ruth pour toi ‱ Tony MERIDA

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TONY MERIDA Préface de Jean-Jacques Riou

SI TU VEUX T’ÉMERVEILLER ET TROUVER TON PLAISIR DANS

LA PAROLE DE DIEU

SI TU VEUX APPRENDRE

À VIVRE ET APPLIQUER

LA PAROLE DE DIEU

SI TU VEUX T’ÉQUIPER POUR

ENSEIGNER ET PARTAGER

LA PAROLE DE DIEU

CE LIVRE EST POUR TOI

POUR TOI RUTH

Ils recommandent la collection

Peu de commentaires sont à la fois respectueux du texte et adaptés au grand public : les commentaires de cette collection sont parmi les meilleurs. Je recommande la lecture de cet ouvrage à tout un chacun.

Auteur et professeur émérite à la Trinity Evangelical Divinity School

Les commentaires de la collection La parole de Dieu pour toi vous aident Ă  lire et comprendre une portion des Écritures. Ils vous aident Ă  vous nourrir de la parole de Dieu et Ă  vous Ă©quiper pour l’enseigner au sein de votre Église ou groupe d’étude biblique. Qu’importe le contexte dans lequel vous les utilisez, je prie qu’ils stimulent votre rĂ©flexion et enflamment votre cƓur.

Pasteur et auteur de nombreux best-sellers

Je recommande cette sĂ©rie de commentaires tout public des livres de la Bible, verset par verset, ayant pour cible premiĂšre les membres laĂŻcs de l’Église, car elle est pratique, encourageante et stimulante. À la fois accessibles et riches, ces guides peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour nourrir vos dĂ©votions personnelles quotidiennes ou comme appui pour des Ă©tudes bibliques en groupe.

Pasteur et fondateur de Madagascar 3M

Je me rĂ©jouis de pouvoir parcourir ce genre de super commentaires mĂ©ditatifs, pleins d’observations pertinentes, autour d’un bon cafĂ© avec ma chĂšre Ă©pouse Flavie.

Pasteur à l’Église des Deux Rives à Toulouse

Voici une collection qui allie une exĂ©gĂšse et une thĂ©ologie biblique bien menĂ©es Ă  un dĂ©sir de les rendre accessibles et pertinentes en vue de l’édification de l’Église. Elle contribuera sans nul doute Ă  donner davantage de profondeur et de passion Ă  notre lecture des Écritures.

Cédric EugÚne

Professeur de Nouveau Testament et de Grec Ă  la FLTE de Vaux-sur-Seine

C’est une grande joie pour moi de dĂ©couvrir la sĂ©rie La parole de Dieu pour toi. À la fois profonde et accessible, je crois que ces commentaires seront au bĂ©nĂ©fice du prĂ©dicateur, de l’animateur d’étude biblique et du simple lecteur de la Bible (c’est-Ă -dire pour chaque chrĂ©tien). J’apprĂ©cie particuliĂšrement l’approche visant Ă  montrer comment chaque partie de la Bible parle de JĂ©sus.

Disciple de JĂ©sus, pasteur de l’Église Ă©vangĂ©lique Action Biblique de la Servette Ă  GenĂšve

J’ai dĂ©couvert la collection La parole de Dieu pour toi alors que j’étais jeune missionnaire en Angleterre. Je peux tĂ©moigner que le Seigneur s’en est servi comme d’un instrument puisqu’elle a richement nourri ma foi et profondĂ©ment irriguĂ© mes temps de priĂšre. Depuis mon retour en France, je rĂȘvais que cette collection de commentaires soit un jour traduite. C’est dĂ©sormais chose faite, merci Seigneur ! Alors n’hĂ©sitez plus, c’est de l’or en barre !

Missionnaire de Christ Church Cambridge et youtubeur (Théologie pour tous, Le Café Théo)

Préface de Jean-Jacques Riou

TONY MERIDA

SI TU VEUX T’ÉMERVEILLER ET TROUVER TON PLAISIR DANS

LA PAROLE DE DIEU

SI TU VEUX APPRENDRE

À VIVRE ET APPLIQUER

LA PAROLE DE DIEU

SI TU VEUX T’ÉQUIPER POUR

ENSEIGNER ET PARTAGER

LA PAROLE DE DIEU

CE LIVRE EST POUR TOI

POUR TOI RUTH

Les éditeurs remercient chaleureusement toutes les relectrices pour leur précieuse collaboration à cet ouvrage : Ludvine, Catherine, Véronique, Lydie et Claudine.

Édition originale publiĂ©e en langue anglaise sous le titre :

Ruth for you ‱ Tony Merida

© 2020 Tony Merida

The Good Book Company Limited

Blenheim House, 1 Blenheim Road

Epsom, Surrey, KT19 9AP, Royaume-Uni

Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.

Édition publiĂ©e en langue française :

Ruth pour toi ‱ Tony Merida

© 2023 ‱ BLF Éditions

Rue de Maubeuge, 59164 Marpent, France

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation rĂ©servĂ©s.

Traduction : BLF Éditions

Couverture : NouvelleCreation

Mise en page : BLF Éditions

Sauf mentions contraires, les citations bibliques sont tirées de la Bible version

Segond 21.

Texte copyright © 2007 Société biblique de GenÚve. Avec permission.

Les caractĂšres italiques ou gras sont ajoutĂ©s par l’auteur de cet ouvrage. Les autres versions employĂ©es sont indiquĂ©es en lettres abrĂ©gĂ©es et concernent la Bible du Semeur 2015 (BDS), la Nouvelle version Segond révisée (COL), la Bible en français courant (BFC), la Bible « Nouvelle édition de Genève » (NEG) et la Bible Darby (DRB).

Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.

Une coĂ©dition BLF Éditions et Évangile21

ISBN 978-2-36249-783-4 relié

ISBN 978-2-36249-845-9 broché

ISBN 978-2-36249-784-1 numérique

Imprimé en République tchÚque par Finidr

DĂ©pôt lĂ©gal 4e trimestre 2023

PrĂ©face de la collection 9 PrĂ©face 11 Introduction 15 CHAPITRE 1 – Ruth 1.1-5 Le sĂ©jour 21 CHAPITRE 2 – Ruth 1.6-18 Le retour 41 CHAPITRE 3 – Ruth 1.19-22 L’arrivĂ©e 59 CHAPITRE 4 – Ruth 2.1-13 Le champ 77 CHAPITRE 5 – Ruth 2.14-23 Le repas 97 CHAPITRE 6 – Ruth 3.1-18 L’aire de battage 117 CHAPITRE 7 – Ruth 4.1-12 La porte de la ville 135 CHAPITRE 8 – Ruth 4.13-22 Le f ils 151 Notes 169
Table des matiĂšres

Présentation de la collection

Ouvrir la Bible et la lire marquera inĂ©vitablement nos vies. Ce in’est pas un livre ordinaire. Nous nous mettons Ă  l’écoute de Dieu. Nous lisons les paroles du crĂ©ateur de l’univers. Il nous parle Ă  travers un livre, Ă  travers son livre : la Bible.

Afi n que nos moments Ă  l’écoute de Dieu soient le plus profitables et nourrissants, nous vous prĂ©sentons la nouvelle collection La parole de Dieu pour toi.

L’objectif de chaque commentaire de la sĂ©rie est d’ĂȘtre :

▶ profondĂ©ment biblique ;

▶ centrĂ© sur Christ ;

▶ trĂšs pratique ;

▶ accessible Ă  tous !

D’ailleurs, c’est dans cet esprit que la couverture de ce livre tutoie le lecteur. N’en soyez pas Ă©tonnĂ©s, mais voyez plutĂŽt dans le « toi » du titre un rappel constant que ces livres ne sont pas des ouvrages techniques. Sans rien enlever Ă  leur grande qualitĂ© et Ă  leur prĂ©cision thĂ©ologique, ces commentaires n’exigent aucune comprĂ©hension des langues bibliques originales, ni un haut niveau de connaissances.

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Vous pouvez lire cet ouvrage de trois maniÚres :

1. Comme un livre normal que vous lirez passionnĂ©ment et rapidement, pour vous Ă©merveiller devant le panorama de l’enseignement d’un livre biblique.

2. Comme un livre de mĂ©ditation, pour accompagner votre culte personnel. Nous avons divisĂ© chaque chapitre en deux ou trois parties plus courtes, d’une taille idĂ©ale pour ĂȘtre lues rapidement aprĂšs avoir Ă©tudiĂ© par soi-mĂȘme le texte biblique. En fin de chaque partie, les questions « RĂ©flĂ©chir pour agir » vous aideront Ă  vivre et appliquer la parole de Dieu.

3. Comme un outil pour vous équiper pour enseigner la parole de Dieu dans les divers contextes dans lesquels le Seigneur vous place. Les références aux versets bibliques du passage étudié sont indiquées en gras afin que vous puissiez vous y référer facilement.

Nous prions que cette lecture vous aide dans la découverte des richesses de la parole de Dieu pour nos vies et à trouver toujours plus plaisir en lui.

12 Ruth pour toi

Préface

Alors qu’il Ă©tait le premier ambassadeur des États-Unis en France, Benjamin Franklin aurait fait la lecture du livre de Ruth Ă  des critiques littĂ©raires parisiens. Grandement sĂ©duits, les auditeurs ont insistĂ© pour savoir d’oĂč venait cette Ɠuvre remarquable
 et ont Ă©tĂ© trĂšs déçus d’apprendre qu’elle Ă©tait tirĂ©e de la Bible.

L’histoire de Ruth est pleine de rebondissements. Elle se dĂ©roule au temps des juges et elle est en effet digne des plus beaux romans.

Le rĂ©cit s’ouvre sur une sĂ©rie d’évĂ©nements tragiques : une famille part s’exiler pour Ă©chapper Ă  la famine, puis, touchĂ©e par la maladie et la mort, trois veuves se retrouvent seules dans un pays lointain.

Lorsque qu’un jour, la famine est terminĂ©e, doivent-elle retourner au pays, ou plutĂŽt rester sur place ? Naomi a fait son choix : elle rentre chez elle. Sa belle-fille ne se rĂ©sout pas Ă  la quitter, mieux, elle s’attache Ă  elle, affirme sa foi en son Dieu et prend la route Ă  ses cĂŽtĂ©s.

Peu Ă  peu, la lumiĂšre revient dans le quotidien de Naomi et de Ruth : elles sont finalement sauvĂ©es de la pauvretĂ© grĂące Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ© d’un proche parent. Le rĂ©cit s’achĂšve sur un paragraphe qui rappelle la phrase de conclusion des plus beaux contes pour enfants : « Ils se mariĂšrent, vĂ©curent heureux et eurent beaucoup

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Ruth pour toi

d’enfants et de petits enfants. » AssurĂ©ment, les critiques littĂ©raires parisiens avaient raison : c’est une belle histoire, trĂšs Ă©mouvante. Oui, mais pas seulement.

Ce rĂ©cit est d’autant plus magnifique qu’il fait partie de la Bible : le chef d’Ɠuvre littĂ©raire de Dieu qui raconte son projet de rĂ©demption. Dans un sens, il est vrai que le livre de Ruth se distingue de bien des livres bibliques qui relatent diffĂ©rentes pĂ©riodes de l’histoire du peuple de Dieu. Ici, Dieu n’est pas au premier plan de l’histoire ; ses actions ne sont ni commentĂ©es, ni expliquĂ©es, ni mĂȘme annoncĂ©es par un prophĂšte. Au premier abord, il s’agit d’une histoire ordinaire, mettant en scĂšne deux femmes ordinaires, vivant dans un pays ordinaire. C’est une histoire qui aborde toutes sortes de thĂšmes trĂšs ordinaires : la famille, le pain, le manque d’espoir, la mort, le veuvage, le commĂ©rage, l’amertume, le travail, etc.

Pourtant, Ă  travers cette histoire ordinaire, Tony Merida nous montre que le livre de Ruth nous fait dĂ©couvrir comment Dieu, en dĂ©pit de son apparente absence, est bel et bien Ă  l’Ɠuvre en coulisses. L’histoire de Ruth n’en devient que plus belle et plus pertinente pour nous dĂ©voiler comment Dieu intervient encore aujourd’hui dans un monde oĂč il est ignorĂ© et mis de cĂŽtĂ©. ScĂšne aprĂšs scĂšne, l’auteur nous encourage Ă  mĂ©diter sur nos vies : Comment voyons-nous la providence de Dieu dans notre quotidien ? Comment vivons-nous les pĂ©riodes d’épreuves, les temps de silence de Dieu, ou ce que nous prenons comme Ă©tant les hasards de la vie ? Au fur et Ă  mesure de la lecture, nous apprenons Ă  ne pas nĂ©gliger ou mĂ©priser l’ordinaire, mais Ă  y discerner la providence extraordinaire de Dieu.

Tony Merida nous incite Ă  regarder au-delĂ  de la vie de Naomi ou de Ruth pour admirer le grand plan de rĂ©demption de Dieu pour l’humanitĂ©. Il nous montre comment Boaz prĂ©figure l’Ɠuvre de Christ qui, se dĂ©pouillant de tout jusqu’à la mort, nous a rachetĂ©s pour nous sauver de nos pĂ©chĂ©s, a fait de nous ses bien-aimĂ©s et nous offre un glorieux hĂ©ritage. Au travers de ce commentaire, Tony Merida nous prĂ©sente un Boaz manifestant l’amour dĂ©sintĂ©ressĂ© de JĂ©sus-Christ notre RĂ©dempteur et nous invite Ă  l’adorer en retour.

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Avec Ruth pour toi, Tony Merida nous offre un ouvrage clair, accessible, agréable à lire et truffé de questions pratiques pour accompagner notre méditation quotidienne.

Sans ĂȘtre un ouvrage technique qui entrerait dans les subtilitĂ©s du vocabulaire ou de la structure poĂ©tique du livre, ce commentaire sera Ă©galement un outil prĂ©cieux pour les prĂ©dicateurs, en raison de son approche pastorale. Il les aidera Ă  prĂȘcher le texte et proposer des applications concrĂštes et actuelles, ainsi que des encouragements Ă  grandir dans la connaissance de Christ et de son Ɠuvre de rĂ©demption.

Préface 15

Introduction

Lorsque j’ai annoncĂ© Ă  mon Église que nous allions suivre une sĂ©rie de prĂ©dications de l’Avent sur le livre de Ruth*, plusieurs personnes dans l’assemblĂ©e ont applaudi ! D’habitude, notre Église n’est pas trĂšs dĂ©monstrative, alors cette rĂ©action m’a beaucoup surpris. Pourquoi le livre de Ruth suscite-t-il tant d’intĂ©rĂȘt chez ceux qui lisent la Bible ?

PremiĂšrement, Ruth est l’une des meilleures nouvelles jamais Ă©crites. Tout le monde aime les belles histoires ! Quel plaisir de lire ces mots : « Il Ă©tait une fois » ou « Ils vĂ©curent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Ruth possĂšde toutes les composantes d’une histoire bien Ă©crite. Les personnages sont attachants : Naomi, la veuve Ă©plorĂ©e, Ruth, la jeune fille loyale et Boaz, l’homme compatissant. Le cadre aussi est intĂ©ressant. Les Ă©vĂ©nements se dĂ©roulent Ă  l’époque des juges (Ruth 1.1) et nous transportent de BethlĂ©hem jusqu’au pays de Moab**, puis dans le champ de Boaz, au milieu d’une aire de battage, Ă  la porte de la ville et mĂȘme dans une chambre Ă  coucher. L’ intrigue parle de rachat*** qui, comme

* Pour des raisons de clartĂ© et de concision, j’ai choisi de mettre « Ruth » en italique lorsque je parle du livre et de ne pas utiliser d’italique quand je parle du personnage.

** Moab : royaume ennemi d’IsraĂ«l, situĂ© dans l’actuelle Jordanie.

*** Rachat : acte de libĂ©ration d’un esclave contre le paiement d’une somme d’argent.

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nous le verrons, s’inscrit dans la grande histoire de la rĂ©demption (4.17-22). Les pĂ©ripĂ©ties dĂ©marrent au moment oĂč Naomi devient veuve, sans plus aucun fils pour prolonger la lignĂ©e familiale. Enfin, le dĂ©nouement se focalise sur Boaz, personnage central qui prĂ©sente de nombreux points communs avec le plus grand descendant de David : JĂ©sus.

L’histoire d’amour entre Ruth et Boaz est formidable. Comme tant d’autres, elle dĂ©crit la rencontre improbable entre deux personnes que tout oppose. Pensez Ă  ces histoires bien connues : une jeune femme et un monstre terrifiant dans La Belle et la BĂȘte ; une novice sortie du couvent et un officier de marine dans La MĂ©lodie du bonheur ; une riche passagĂšre et un vagabond en troisiĂšme classe dans Titanic ; un aristocrate orgueilleux et une jeune fille pauvre et indĂ©pendante dans Orgueil et prĂ©jugĂ©s ; un vampire et une humaine dans Twilight ! Si vous aimez ce genre d’histoires, alors vous aimerez Ruth. Cette histoire rĂ©unit deux personnes que tout oppose : un riche propriĂ©taire israĂ©lite et une jeune veuve moabite. Cette derniĂšre finira mĂȘme par devenir l’une des ancĂȘtres de JĂ©sus.

À premiĂšre vue, le titre de « Ruth » ne semble pas appropriĂ©. Elle est tout de mĂȘme une Moabite ! Ce livre est le seul de l’Ancien Testament Ă  porter le nom d’une Ă©trangĂšre Ă  la nation d’IsraĂ«l. Le fait qu’elle soit moabite est d’autant plus choquant que Moab Ă©tait un ennemi de longue date du peuple d’IsraĂ«l. Par ailleurs, les rĂ©pliques de Ruth sont moins nombreuses et plus courtes que celles de Boaz et Naomi.

Pourquoi ne pas avoir intitulĂ© ce livre « Naomi » ? En effet, c’est elle qui perd tout ce qu’elle possĂšde dans les premiers versets et qui reçoit, de maniĂšre Ă©tonnante, une merveilleuse bĂ©nĂ©diction Ă  la fin du rĂ©cit. La tension principale de l’intrigue vient du fait que Naomi se sent abandonnĂ©e de Dieu, ce qui contraste avec la façon dont Dieu utilise sa famille pour donner plus tard un roi Ă  IsraĂ«l. Nous pourrions aussi appeler ce livre « Boaz ». Il s’exprime plus que tous les autres personnages et apporte le dĂ©nouement en Ă©pousant Ruth et en assurant l’avenir des deux femmes. Nous aurions aussi pu choisir comme titre « Obed », le fils nĂ© de Ruth et Boaz,

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Ruth pour toi

pour souligner l’importance de cet enfant. Cependant, je crois que « Ruth » est bien le titre le plus appropriĂ©. Elle apparaĂźt dans toutes les scĂšnes, sauf Ă  la porte de la ville au chapitre 4. C’est grĂące Ă  elle que la situation critique de Naomi pourra ĂȘtre rĂ©solue. Ruth est le fil conducteur entre tous les personnages tout au long du rĂ©cit.

Pourquoi étudier Ruth ?

Outre le fait que cette histoire d’amour est trĂšs bien Ă©crite, il existe plusieurs raisons d’approfondir ce livre.

PremiĂšrement, nous avons besoin de l’étudier, car il s’agit de la parole de Dieu. Paul dĂ©clare que toute l’Écriture est « utile » (2 TimothĂ©e 3.16), y compris le livre de Ruth. Bien que cette histoire d’amour ressemble Ă  tant d’autres, elle se distingue clairement par le fait qu’elle est l’Écriture « inspirĂ©e de Dieu ». En tant que son peuple, nous ne vivons « pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4.4). C’est pourquoi, nous avons besoin du livre de Ruth pour nous nourrir spirituellement.

DeuxiĂšmement, nous avons besoin de considĂ©rer la grande histoire de la grĂące rĂ©demptrice de Dieu. Dieu nous a donnĂ© toute sa Parole, composĂ©e de 66 livres, pour nous raconter une seule et grande histoire. La Bible dĂ©bute en GenĂšse, comme le ferait un rĂ©cit (« Au commencement, Dieu crĂ©a le ciel et la terre »), et se termine de la mĂȘme maniĂšre dans le livre de l’Apocalypse (bien que la conclusion soit surprenante, puisqu’elle annonce un nouveau commencement !). La Bible ne nous a pas Ă©tĂ© donnĂ©e sous la forme d’un manuel de thĂ©ologie systĂ©matique, quoique ces ouvrages soient utiles. Les livres de thĂ©ologie fonctionnent par thĂšme et ont pour but d’expliquer diverses doctrines. Cependant, la Bible est bel et bien une histoire et tous les petits rĂ©cits qui la composent s’insĂšrent dans quelque chose de plus grand. Elle forme un tout qui nous rapporte l’histoire de la rĂ©demption dont JĂ©sus est le hĂ©ros. Nous devons donc Ă©tudier chaque rĂ©cit individuellement, tout en gardant Ă  l’esprit la vision d’ensemble. Nous comprendrons ainsi comment chacun des petits rĂ©cits contribue Ă  la grande histoire. Ruth montre

Introduction 19

la progression de la grĂące rĂ©demptrice de Dieu envers l’humanitĂ© dĂ©chue* depuis Adam. Ce livre cĂ©lĂšbre la hesed de Dieu : sa fidĂ©litĂ© Ă  l’alliance** et sa constante bontĂ©.

TroisiĂšmement, nous avons besoin de mieux comprendre la providence *** de Dieu. Le livre de Ruth contient des informations dĂ©taillĂ©es tirĂ©es de situations rĂ©ellement vĂ©cues par de vraies personnes. La plupart d’entre nous « vivons » dans le livre de Ruth, pas dans le livre de l’Exode ! C’est vrai, nous ne ramassons pas de la manne tombĂ©e du ciel tous les matins et ne traversons pas de mer Ă  pied sec. Nous vivons par la foi, bĂ©nĂ©ficiant de la « providence ordinaire » de Dieu. Il n’y a pas de miracle dans Ruth, mais cela ne veut pas dire que Dieu n’intervient pas. Quand nous ne voyons pas de miracle, n’en concluons jamais que Dieu n’est pas en train d’agir. Il est prĂ©sent dans la vie de ces personnages apparemment insignifiants. Il dĂ©ploie sa minutieuse providence, tout comme il le fait dans chacune de nos vies. Notre Dieu « met tout en Ɠuvre conformĂ©ment aux dĂ©cisions de sa volonté » (ÉphĂ©siens 1.11). Il est digne de notre confiance et de notre adoration.

QuatriĂšmement, nous avons besoin de nous rappeler la grĂące universelle de Dieu. L’Évangile ne s’adresse pas seulement au peuple juif mais au monde entier, y compris aux Moabites tels que Ruth. Dieu ne permet pas seulement Ă  Ruth d’intĂ©grer son peuple, il fait d’elle un maillon essentiel de son plan. Il conduit cette Ă©trangĂšre au milieu de son peuple et lui donne une place d’honneur. Nous avons besoin de nous le rappeler. La lecture de Ruth devrait nous aider Ă  comprendre et Ă  reflĂ©ter l’amour de Dieu pour les nations, autant dans notre maniĂšre de vivre que dans notre ministĂšre.

* Déchu : affecté par le jugement de Dieu en conséquence de la chute, événement au cours duquel le premier homme et la premiÚre femme ont désobéi à Dieu (GenÚse 3).

** FidĂ©litĂ© Ă  l’alliance : engagement de Dieu Ă  respecter le contrat (l’alliance) qu’il a conclu avec Abraham et ses descendants (c’est-Ă -dire la nation d’IsraĂ«l).

*** Providence : action protectrice, attentionnée et puissante de Dieu, qui conduit toute chose pour le bien de son peuple.

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Ruth pour toi

Enfin, nous avons besoin de modĂšles de piĂ©tĂ©. De nombreux personnages de l’Ancien Testament sont des exemples d’attachement Ă  l’Éternel. C’est aussi le cas dans ce livre. Ruth nous incite Ă  demeurer loyaux, sincĂšres, bienveillants, audacieux et dĂ©vouĂ©s. Boaz, lui, est un modĂšle de masculinitĂ©. En effet, il recherche la justice et ne reste pas inactif, il est compatissant et non violent. L’histoire de Naomi fait naĂźtre en nous l’espoir, tandis qu’elle passe du dĂ©nuement Ă  l’abondance. Nous sommes ainsi instruits et encouragĂ©s par « tout ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit d’avance » (Romains 15.4).

J’aimerais partager avec vous l’excellent plan1 du livre de Ruth proposĂ© par Daniel I. Block :

▶ Acte 1 : La lignĂ©e royale en pĂ©ril (1.1-21)

▶ Acte 2 : Une lueur d’espoir pour la lignĂ©e royale (1.22-2.23)

▶ Acte 3 : La lignĂ©e royale confrontĂ©e Ă  un problĂšme (3.1-18)

▶ Acte 4 : Le sauvetage de la lignĂ©e royale (4.1-7)

▶ Épilogue (4.18-22)

Le plan de Block rappelle le thĂšme central du rĂ©cit : la venue du Messie*. Il ne s’agit pas simplement de l’histoire d’une femme qui retrouve un mari ou d’une veuve qui retrouve une famille. À la fin du livre, nous dĂ©couvrons que les descendants de Ruth seront des rois en IsraĂ«l. Ruth appartient Ă  la lignĂ©e royale qui conduira jusqu’à JĂ©sus. Pour nous faciliter le passage d’une scĂšne Ă  une autre, j’ai structurĂ© ce commentaire en fonction des diffĂ©rents lieux et dĂ©placements contenus dans le rĂ©cit :

6.

7.

* Messie : Christ, celui qui est oint. Dans l’Ancien Testament, Dieu a promis que le Messie viendrait sauver son peuple et rĂ©gner sur lui.

Introduction 21
1. Le sĂ©jour 2. Le retour 3. L’arrivĂ©e 4. Le champ 5. Le repas L’aire de battage La porte de la ville 8. Le fils

Pour rĂ©diger cet ouvrage, je me suis appuyĂ© sur le travail de plusieurs commentateurs : Daniel I. Block, Robert Hubbard, K. Lawson Younger Jr, Iain M. Duguid, Sinclair Ferguson, ainsi que Peter Lau et Gregory Goswell. Je leur suis profondĂ©ment redevable. J’ai cherchĂ© Ă  citer chacune de mes sources avec la plus grande exactitude. Je ne prĂ©tends pas ĂȘtre un Ă©rudit, mais un pratiquant rĂ©flĂ©chi. Je suis reconnaissant envers toutes les personnes qui travaillent sans relĂąche pour le bien de l’Église du Seigneur, en dispensant tant de prĂ©cieuses ressources.

22
pour toi
Ruth

Chapitre un Le séjour Ruth 1.1-5

Certaines paroles peuvent nous bouleverser. Personne n’aimerait entendre son patron lui annoncer : « Je vais devoir me passer de vos services », ou le pilote d’un avion prĂ©venir ses passagers : « Accrochez-vous, ça va secouer », ou encore un mĂ©decin prononcer cette terrible phrase : « DĂ©solĂ©, je ne peux plus rien pour vous ».

Ainsi commence pourtant le livre de Ruth, par des paroles bouleversantes. La premiĂšre fois que j’ai lu ces cinq versets d’introduction Ă  mes enfants, en expliquant qui Ă©taient les personnages et le contexte, ils Ă©taient choquĂ©s et ne savaient pas trop quoi en penser. Les Ă©vĂ©nements allaient de mal en pis.

Dans le livre des Juges qui prĂ©cĂšde, nous dĂ©couvrons les problĂšmes auxquels le peuple d’IsraĂ«l est confrontĂ© au niveau national et local. Ruth, de son cĂŽtĂ©, dĂ©crit les Ă©preuves et les tragĂ©dies qui s’abattent sur une famille en particulier. L’histoire se dĂ©roule « à l’époque des juges » (v. 1*), une pĂ©riode de tĂ©nĂšbres spirituelles. Nous apprenons de plus qu’une famine sĂ©vit dans le pays, sans doute le signe d’une condamnation. Mais la situation ne fait qu’empirer, puisque le texte nous annonce trois dĂ©cĂšs. Au bout de quelques versets Ă  peine, nous nous retrouvons avec une veuve Ă©plorĂ©e vivant dans un pays Ă©tranger, avec ses deux belles-filles, veuves elles aussi (v. 2-5).

Nous vivons dans le mĂȘme monde dĂ©chu que ces femmes et, dans une certaine mesure, nous pouvons compatir Ă  leurs souffrances. Toutefois, la peine que vit cette famille n’est pas la seule chose que nous devons remarquer. Le thĂšme principal de Ruth porte sur les origines de la lignĂ©e royale d’IsraĂ«l. La gĂ©nĂ©alogie que nous trouvons Ă  la fin du livre en est la preuve (4.18-22). La situation critique qui nous est rapportĂ©e dĂšs le premier chapitre laisse Naomi et Ruth sans Ă©poux. Autrement dit, la postĂ©ritĂ© de cette famille est sĂ©rieusement menacĂ©e. Cependant, la gĂ©nĂ©alogie nous montre que cette crise est finalement rĂ©solue et que la lignĂ©e est prĂ©servĂ©e grĂące Ă  la naissance d’Obed. Ce dernier deviendra le

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1.1-5
Ruth
* Toutes les références bibliques correspondant à la section étudiée sont en gras

grand-pĂšre de David, le plus grand roi d’IsraĂ«l. Dieu avait promis d’envoyer un roi qui rĂ©gnerait en son nom sur son peuple (GenĂšse 17.6 ; 35.11 ; 49.10 ; Nombres 24.17 ; DeutĂ©ronome 17.14-20). Dans le livre des Juges, la rĂ©alisation de cette promesse est mise en pĂ©ril Ă  cause de l’infidĂ©litĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e du peuple. Dans Ruth, la menace commence Ă  s’estomper.

Le tout premier verset de Ruth nous donne un indice. En effet, nous lisons qu’ÉlimĂ©lec Ă©tait un « homme de BethlĂ©hem en Juda ». Les premiers lecteurs savaient peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  que David descendait de cette lignĂ©e, ce fait ayant Ă©tĂ© relevĂ© en 1 Samuel 17.12.

Le séjour 25

PremiĂšre partie

L’époque des juges

Le rĂ©cit de Ruth se dĂ©roule pendant l’une des Ă©poques les plus sombres de l’histoire d’IsraĂ«l, celle des juges. Le peuple venait de s’installer dans le pays promis et la monarchie n’était pas encore instaurĂ©e. Aucun gouvernement national n’exerçait d’autoritĂ©. IsraĂ«l n’était qu’un ensemble de tribus. Les juges Ă©taient en quelque sorte des chefs de clans, appelĂ©s Ă  renverser les oppresseurs Ă©trangers. Ils assuraient le commandement militaire de leur rĂ©gion, mais ne possĂ©daient aucun pouvoir politique Ă  l’échelle du pays.

Le livre des Juges dĂ©crit la spirale infernale dans laquelle IsraĂ«l est entraĂźnĂ© aux niveaux national et spirituel. Il met l’accent sur le besoin d’un roi selon Dieu pour diriger son peuple (Juges 2.11-19). Un cycle d’évĂ©nements ne cesse de se rĂ©pĂ©ter : le peuple se rebelle contre Dieu ; Dieu le livre aux mains de ses oppresseurs ; le peuple se repent (tout au moins dans les premiers chapitres) ; Dieu envoie un libĂ©rateur pour accorder au peuple une pĂ©riode de repos. Le livre de Tim Keller, Juges pour toi2 , propose un graphique intĂ©ressant qui reprĂ©sente ces cycles (p. 207). Les derniers chapitres de Juges (Juges 17-21) sortent de cette spirale infernale pour illustrer de maniĂšre plus prĂ©cise comment la nation s’est totalement Ă©garĂ©e. Elle ne vaut pas mieux que les nations paĂŻennes des alentours.

Nous ne savons pas exactement oĂč se situe l’histoire de Ruth par rapport Ă  la succession des juges. En revanche, il est Ă©vident que l’auteur de ce livre considĂšre que cette pĂ©riode fait partie du passĂ©. La façon dont certaines coutumes sont expliquĂ©es sous-entend que le livre a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© longtemps aprĂšs que les faits se sont produits (par exemple, Ruth 4.7). Ruth a Ă©tĂ© Ă©crit soit Ă  l’époque de la monarchie en IsraĂ«l, soit aprĂšs l’exil. Il revient sur une pĂ©riode rĂ©volue. Nous pouvons donc considĂ©rer le temps des juges comme la toile de fond de l’histoire de Ruth.

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1.1-5
Ruth

En ce temps-lĂ  rĂ©gnaient la violence, l’idolĂątrie, la dĂ©pravation morale et la guerre civile. La phrase suivante est rĂ©pĂ©tĂ©e plusieurs fois dans le livre des Juges et c’est d’ailleurs elle qui conclut le livre : « À cette Ă©poque-lĂ , il n’y avait pas de roi en IsraĂ«l. Chacun faisait ce qui lui semblait bon » (Juges 21.25 ; voir aussi 17.6 ; 18.1 ; 19.1). Sur cette sombre toile de fond, Boaz et Ruth se dĂ©tachent telles de brillantes Ă©toiles. Il est surprenant de trouver de tels exemples de piĂ©tĂ© en ce temps-là ! La providence de Dieu apparaĂźt, elle aussi, de maniĂšre Ă©clatante dans cette pĂ©riode obscure. MalgrĂ© le pĂ©chĂ© et la rĂ©bellion, Dieu continue de rĂ©aliser son plan de rĂ©demption.

L’expression « chacun faisait ce qui lui semblait bon » (Juges 21.25) ne s’applique-t-elle pas aussi Ă  notre Ă©poque ? Les fausses religions, l’ignorance de la Bible, la corruption politique et le dĂ©shonneur, la guerre civile et la violence sont autant de caractĂ©ristiques de notre monde actuel. De nos jours, la « tolĂ©rance » est souvent prĂŽnĂ©e comme la vertu par excellence. La dĂ©finition qu’en donne notre sociĂ©tĂ© rejoint cette phrase tirĂ©e du livre des Juges : chacun fait ce qui lui semble bon. Les personnes tolĂ©rantes rĂ©agissent gĂ©nĂ©ralement mal aux vĂ©ritĂ©s bibliques, surtout lorsqu’il s’agit du pĂ©chĂ©.

Toutefois, ce problĂšme ne se retrouve pas seulement Ă  l’extĂ©rieur de l’Église. Les chrĂ©tiens sont, eux aussi, tentĂ©s d’adopter la vision du monde dominante de notre culture actuelle. Lorsque des pĂ©chĂ©s se banalisent dans notre sociĂ©tĂ©, il est facile pour les chrĂ©tiens de les tolĂ©rer. Beaucoup d’Églises ont cĂ©dĂ© Ă  la pression culturelle et ont abandonnĂ© certains enseignements Ă©thiques pourtant clairement Ă©noncĂ©s dans la Bible. De nombreux chrĂ©tiens n’ont pas le courage de rĂ©sister face Ă  ces tentations ; d’autres manquent de discernement thĂ©ologique pour dĂ©tecter ces erreurs.

C’est justement dans ce type de contexte que les chrĂ©tiens sont appelĂ©s Ă  briller. Ruth et Boaz nous montrent l’exemple. La noblesse et le courage de Ruth, la compassion et la droiture de Boaz nous Ă©blouissent. Lorsque nous considĂ©rons leur comportement Ă  l’époque des juges, nous sommes motivĂ©s Ă  nous dĂ©tourner des pratiques actuelles pour suivre Christ.

Le séjour 27

L’attachement à Dieu

La place de Ruth dans l’ensemble des Écritures nous permet de saisir l’importance de l’attachement Ă  Dieu dont Boaz et Ruth font preuve. Selon l’ordre des livres bibliques dans le canon chrĂ©tien, Ruth vient aprĂšs Juges, respectant ainsi la chronologie historique. Cependant, certaines traditions hĂ©braĂŻques placent ce livre aprĂšs les Proverbes, d’autres encore avant les Psaumes. Daniel I. Block explique :

Dans la grande majoritĂ© des manuscrits hĂ©braĂŻques et des textes publiĂ©s, Ruth apparaĂźt comme le premier des cinq Megilloth, cinq rouleaux gĂ©nĂ©ralement lus lors des fĂȘtes juives annuelles. Dans l’ensemble des manuscrits de Ben Asher, ces derniers figurent aprĂšs les Proverbes [
] L’ordre adoptĂ© par la plupart des manuscrits hĂ©braĂŻques, cependant, ne rejoint pas celui que l’on retrouve dans plusieurs listes talmudiques, plus particuliĂšrement, Bava Batra 14b, oĂč Ruth prĂ©cĂšde les Psaumes, au dĂ©but des Écrits 3

Le dernier chapitre des Proverbes fait l’éloge des qualitĂ©s d’une femme sage et vertueuse. Il s’agit d’un acrostiche alphabĂ©tique composĂ© de 22 vers et cĂ©lĂ©brant la femme de valeur. Si vous n’avez jamais lu Proverbes 31, voici sans doute une bonne occasion de le faire. La lecture de Ruth en parallĂšle avec la lecture de ce chapitre permet de voir Ă  quoi ressemble concrĂštement la femme de Proverbes 31 vivant dans une sociĂ©tĂ© impie.

Les similitudes entre Proverbes 31 et Ruth sont pour le moins frappantes. Dans leur livre Unceasing kindness4 [Une constante bonté], Peter Lau et Gregory Goswell énumÚrent les correspondances suivantes :

▶ Les deux femmes sont Ă©nergiques et actives (Proverbes 31.15, 27 ; Ruth 2.2, 7, 17) ;

▶ Toutes deux travaillent pour subvenir aux besoins de leur famille (Proverbes 31.15, 21 ; Ruth 2.18) ;

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Ruth

▶ Toutes deux font preuve de bontĂ© (hesed ; Proverbes 31.26 ; Ruth 3.10) ;

▶ Toutes deux sont reconnues par leur Ă©poux et leur entourage comme Ă©tant au-dessus des autres femmes (Proverbes 31.28-29 ; Ruth 3.10-11 ; 4.15) ;

▶ Toutes deux travaillent dur (Proverbes 31.13, 27 ; Ruth 2.2, 17, 23) ;

▶ Toutes deux craignent l’Éternel (Proverbes 31.30 ; Ruth 1.16 ; 2.12).

Bien entendu, il existe aussi des différences entre ces femmes, telles que leur classe sociale et leurs origines. Mais leurs ressemblances sont évidentes.

Au dĂ©but du rĂ©cit, Ruth ne possĂšde pas encore toutes ces qualitĂ©s. Elle doit d’abord confesser sa foi en YahvĂ©* et intĂ©grer la communautĂ© d’IsraĂ«l. Nous touchons ici Ă  un point essentiel : il est impossible de mener une vie juste sans une relation avec Dieu ! Il est celui qui pardonne nos pĂ©chĂ©s et qui fait de nous un peuple saint. Cette vĂ©ritĂ© est aussi porteuse d’espoir, puisque Dieu continue de transformer des paĂŻens en saints**.

D’autres traditions hĂ©braĂŻques placent Ruth juste avant les Psaumes. AprĂšs tout, le plus grand psalmiste d’IsraĂ«l n’était autre que David, l’arriĂšre-petit-fils de Ruth. Il Ă©tait le roi auquel Dieu a pourvu par l’intermĂ©diaire de Ruth. Il Ă©tait celui dont les tribus d’IsraĂ«l avaient tant besoin.

Le rĂšgne de David a Ă©tĂ© marquĂ© par des hauts et des bas. Il Ă©tait loin d’ĂȘtre parfait. Le peuple de Dieu allait devoir patienter jusqu’à la venue de JĂ©sus. NĂ©anmoins, David Ă©tait un homme juste. DĂšs l’instant oĂč il entre en scĂšne, nous lisons que l’Éternel

* Yahvé : nom par lequel Dieu s’est rĂ©vĂ©lĂ© Ă  MoĂŻse (Exode 3.13-14). LittĂ©ralement, il signifie « Je suis qui je suis » ou « Je serai qui je serai ». La plupart des Bibles en français le traduisent par « l’Éternel ».

** Saints : terme biblique qui désigne tous les chrétiens.

Le séjour 29

Ruth 1.1-5

est avec lui (1 Samuel 16.13) et que David se confie en lui (17.37). Ses psaumes nous dĂ©voilent aussi son caractĂšre en tant que serviteur de Dieu et dirigeant : il demande la bĂ©nĂ©diction pour son peuple (Psaumes 3.9), il rĂ©clame la justice (7.8-10), il appelle le peuple Ă  se tourner vers Dieu (51.15) et l’invite Ă  l’adorer (145.6). La confiance de David et son plaisir en l’Éternel contrastent totalement avec la ruine et l’immoralitĂ© que nous trouvons dans le livre des Juges, lorsqu’IsraĂ«l n’avait pas de roi.

À la lecture du livre de Ruth, nous dĂ©couvrirons que la fidĂ©litĂ© de cette femme sera dĂ©terminante dans le rĂ©cit. Boaz admire particuliĂšrement son dĂ©vouement pour sa belle-mĂšre (Ruth 2.11-12). Apparemment, c’est son comportement qui le conduit Ă  vouloir la protĂ©ger. Dieu se sert des qualitĂ©s de Ruth — son zĂšle et sa loyauté — pour subvenir Ă  ses besoins et Ă  ceux de Naomi. Il agit au travers de la fidĂ©litĂ© de Ruth et de ses descendants pour donner au peuple un roi qui le conduira dans la justice. Ruth est aussi un exemple Ă  suivre pour les femmes chrĂ©tiennes. Elle se dĂ©marque Ă©tonnamment de ses contemporains qui vivent dans l’immoralitĂ© Ă  « l’époque des juges » (1.1).

Il en est de mĂȘme pour nous. Notre attachement Ă  Dieu constitue un moyen par lequel Dieu agit Ă  travers nous. Suivre l’exemple de Ruth ne signifie pas se comporter en donneur de leçons, mais il s’agit de « porter du fruit » (Jean 15.5 ; Galates 5.16-24). Lorsque nous resterons fermement attachĂ©s Ă  Christ, le Saint-Esprit travaillera en nous afin de produire de bonnes Ɠuvres. En demeurant fidĂšles Ă  Dieu, nous montrons que nous sommes disciples de Christ et nous le glorifions.

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Réfléchir pour agir

1. Pensez-vous à des personnes de votre entourage qui font ce qui leur semble bon, que ce soit dans l’Église ou en dehors ?

2. En quoi est-ce utile de mettre le livre de Ruth en parallÚle avec le livre des Proverbes ou celui des Psaumes ? Cela change-t-il votre regard sur ce livre ?

3. En lisant Ruth, qu’espĂ©rez-vous surtout dĂ©couvrir ou dans quel domaine aimeriez-vous progresser ?

Le séjour 31

DeuxiĂšme partie

La famine et l’infidĂ©litĂ©

L’évocation de la « famine dans le pays » (Ruth 1.1) met en Ă©vidence les difficultĂ©s Ă©conomiques auxquelles le peuple est confrontĂ© Ă  cette pĂ©riode. Les gens sont pauvres et affamĂ©s. La famine s’est mĂȘme propagĂ©e jusqu’à BethlĂ©hem (qui signifie « maison du pain »). IsraĂ«l est censĂ© ĂȘtre un pays oĂč coulent le lait et le miel (Exode 3.8), mais il n’y a mĂȘme plus de pain dans la maison du pain !

Nous devons considĂ©rer cette situation en gardant le livre du DeutĂ©ronome Ă  l’esprit. Dieu avait promis de bĂ©nir son peuple s’il lui obĂ©issait. Cette bĂ©nĂ©diction comprenait la victoire sur ses ennemis et des moissons abondantes (DeutĂ©ronome 28.1-14).

Cependant, Dieu avait aussi prĂ©venu les IsraĂ©lites que, s’ils lui dĂ©sobĂ©issaient, des malĂ©dictions s’abattraient sur eux : la stĂ©rilitĂ©, la dĂ©faite et la famine (28.15-68 ; voir aussi 1 Rois 16.29-34 ; 17.1). IsraĂ«l ayant dĂ©sobĂ©i, les sanctions annoncĂ©es sont tombĂ©es Ă  l’époque de Ruth . Les champs sont arides et les rĂ©coltes mauvaises. Les granges sont vides. Le peuple est dĂ©sespĂ©rĂ©, car il subit le jugement divin. En mĂȘme temps, Dieu s’était autrefois servi de la famine pour dĂ©livrer son peuple et faire avancer ses projets souverains (par exemple en GenĂšse 45.5-8).

Cette famine aurait dĂ» amener le peuple Ă  se repentir. Dieu avait promis de dĂ©tourner la malĂ©diction s’il revenait Ă  lui (DeutĂ©ronome 30.2-3, 8-10). Pourtant, la famille que nous rencontrons en Ruth 1.2 dĂ©cide de prendre les choses en main plutĂŽt que de se repentir. ÉlimĂ©lec est le chef de cette famille. Son nom signifie « mon Dieu est Roi », mais il ne se comporte pas comme si son Dieu Ă©tait rĂ©ellement Roi. Sinclair Ferguson dĂ©clare : « Au lieu de se tourner vers l’Éternel, cette petite famille se dĂ©tourne de l’Éternel et va sĂ©journer dans le pays de Moab5. » PlutĂŽt que de regretter le pĂ©chĂ© commis par son peuple et d’implorer Dieu pour qu’il restaure le pays, ÉlimĂ©lec quitte la campagne de BethlĂ©hem pour la campagne de Moab.

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Ruth 1.1-5

Nous comprenons Ă©videmment qu’un homme veuille subvenir aux besoins de sa famille. Toutefois, la situation est particuliĂšre. ÉlimĂ©lec habite le pays promis. Son dĂ©part n’est pas comparable Ă  celui d’un migrant qui chercherait une nouvelle vie dans un autre pays parce qu’il n’a pas d’autre choix. Dieu avait promis que sa prĂ©sence demeurerait en IsraĂ«l. Il s’était engagĂ© Ă  bĂ©nir son peuple sur ce territoire, s’il marchait selon ses commandements.

Tout d’abord, ÉlimĂ©lec semble vouloir rester dans le pays de Moab pour une courte durĂ©e : ils partent seulement y « sĂ©journer » (Ruth 1.1 – BDS). Puis, lui et sa famille dĂ©cident de prolonger leur sĂ©jour, « ils s’y établirent » (v. 2), et finalement Naomi passera dix ans dans le pays (v. 4). ÉlimĂ©lec adopte la mĂȘme attitude que ses contemporains. Il fait ce qui lui semble bon. Face Ă  la famine, sa rĂ©action aurait dĂ» ĂȘtre de demeurer en IsraĂ«l, de se repentir, d’appeler son entourage Ă  faire de mĂȘme et de compter sur Dieu. Mais de toute Ă©vidence, il se sent plus Ă  l’aise dans le pays du compromis que dans le pays promis.

ÉlimĂ©lec emmĂšne sa femme Naomi, dont le nom signifie « charmante » ou « douce » (en français, cela reviendrait Ă  l’appeler « ma chĂ©rie »), ainsi que leurs deux fils, Machlon et Kiljon. Machlon est sans doute un dĂ©rivĂ© du mot signifiant « malade ». Le nom Kiljon Ă©voque « la fragilitĂ© et la mortalité ». Block affirme que ces noms ne leur ont probablement pas Ă©tĂ© attribuĂ©s par leurs parents, mais que, tels des signes pour les lecteurs, ils annoncent le sort qui attend les deux fils et Naomi6.

Moab se situait de l’autre cĂŽtĂ© de la mer Morte. Le choix de cette destination est intĂ©ressant. Les Moabites sont issus de la relation incestueuse entre Lot et sa fille aĂźnĂ©e (GenĂšse 19.30-38). Plus tard, Balak, roi de Moab, a louĂ© les services du prophĂšte Balaam afin de maudire IsraĂ«l. Les Moabites ont ensuite incitĂ© le peuple Ă  pĂ©cher en les invitant Ă  adorer leurs faux dieux et Ă  pratiquer l’immoralitĂ© sexuelle. Par consĂ©quent, l’Éternel a frappĂ© de mort 24 000 IsraĂ©lites (Nombres 25.9). Peu de temps avant les Ă©vĂ©nements du livre de Ruth, Eglon, roi de Moab, avait asservi IsraĂ«l (Juges 3.14). En se rendant dans le pays de Moab, ÉlimĂ©lec et sa famille tournent manifestement le dos Ă  l’Éternel et son peuple.

Le séjour 33

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Ruth pour toi ‱ Tony MERIDA by BLF Éditions - Issuu