LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES, LIVRES & PHOTOGRAPHIES
Vente aux enchĂšres
Aguttes Neuilly
164 bis, avenue Charles-de-Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine
10 octobre 2023, 14h30
Exposition publique
Jeudi 5 octobre : 10h-13h et 14h-18h
Vendredi 6 octobre : 10h-13h et 14h-17h30
Lundi 9 octobre : 10h-13h et 14h-18h
Mardi 10 octobre : 10h-12h
La vente se continue le 11 octobre à 14h30 par un important ensemble de manuscrits vendus en lots. Consultation obligatoire pour enchérir.
Les conditions et termes rĂ©gissant la vente des lots figurant dans le catalogue sont fixĂ©s dans les conditions gĂ©nĂ©rales de vente figurant en fin de catalogue dont chaque enchĂ©risseur doit prendre connaissance. Ces CGV prĂ©voient notamment que tous les lots sont vendus « en lâĂ©tat », câest-Ă -dire dans lâĂ©tat dans lequel ils se trouvent au moment de la vente avec leurs imperfections et leurs dĂ©fauts. Une exposition publique prĂ©alable Ă la vente se dĂ©roulant sur plusieurs jours permettra aux acquĂ©reurs dâexaminer personnellement les lots et de sâassurer quâils en acceptent lâĂ©tat avant dâenchĂ©rir. Les rapports de condition, ainsi que les documents affĂ©rents Ă chaque lot sont disponibles sur demande.
The terms and conditions governing the sale of the lots appearing in the catalogue are set out in the general terms and conditions of sale appearing at the end of the catalogue, which each bidder must read. These GTC provide in particular that all the lots are sold âas isâ, i.e. in the condition in which they are found at the time of sale with their imperfections and defects. A public display prior to the sale taking place over several days will allow buyers to personally examine the lots and ensure that they accept their condition before bidding. Condition reports, as well as documents relating to each vehicle, are available on request.
Aguttes Neuilly
164 bis, avenue Charles-de-Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine
3
detail lot 67
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+33 (0)1 47 45 91 59 âą vignon@aguttes.com
4
99
Lot 30 Lot
5 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 Lot 127 Lot 156 Lot 55 Lot 67
1
ACADĂMIE FRANĂAISE, XVII e siĂšcle.
CHAPELAIN Jean. 6 L.A.S., Paris 1664 - 1670, Ă Carlo DATI, Ă Florence (11 p. in-8 ou in-4). Bel ensemble au secrĂ©taire de lâAccademia della Crusca que Chapelain nomme « Primo Umanista nello Studio Fiorentino ».
PELLISSON-FONTANIER Paul. L.A.S., Saint-Germain en Laye 20 novembre 1670, Ă lâĂ©vĂȘque dâAngers Henri ARNAULD (3 p. in-8). Sur son abjuration du protestantisme et sa conversion au catholicisme. Plus une autre L.A.S. (1675) et un manuscrit autographe
2
ACADĂMIE FRANĂAISE, XVIII e siĂšcle.
LEFRANC, marquis de POMPIGNAN Jean-Jacques. L.A.S., Paris 27 novembre 1760 (4 p. in4). Belle et longue lettre sur la campagne menĂ©e contre lui par VOLTAIRE, et sur sa dĂ©cision de dĂ©missionner de lâAcadĂ©mie Française. On joint un manuscrit autographe, Les Travaux et les Jours (cahier de 19 p. in-4), manuscrit de travail dâune traduction dâHĂ©siode en vers.
THOMAS Antoine-LĂ©onard. 6 L.A.S., 2 L.A. et 1 L.S., Paris 1770 - 1779, au prĂ©sident Antoine Bonnier dâAlco, Ă Montpellier (10 p. in-4, adresses). Belle correspondance littĂ©raire.
MONTESQUIOU-FĂZENSAC Anne-Pierre, marquis de. 4 manuscrits autographes de poĂšmes, et une L.A.S., 1771 et s.d. (8 p. in-8 ou petit in-4). On joint 2 lettres de lâabbĂ© de Montesquiou.
DUCIS Jean-François. PoÚme autographe signé et 7 L.A.S., Paris et Versailles 1786 - 1814 (2 et 14 p. in-4). »⊠Plus 10 lettres ou piÚces relatives à Ducis.
LEBRUN Ponce-Denis Ăcouchard (1729 - 1807). 7 manuscrits autographes de poĂšmes (8 p. in-4 ou in-8), dont un sur la suppression de lâAcadĂ©mie. Plus une L.A.S (1763).
FRANĂOIS DE NEUFCHĂTEAU Nicolas-Louis. 5 L.A.S., 1792 - 1824 (9Â p. formats divers, portrait joint), Ă Dumouriez, Raynouard, N. Lemercier, etc.
GARAT Dominique-Joseph. 10 L.A.S. et 4 L.S., 1793 - 1825 et s.d., à Marmontel, Jarente, Raynouard, Lacretelle, son neveu Maillia-Garat, etc. ; plus une P.S. cosignée par Pache et un décret portant sa griffe (1792), une lettre de son frÚre Garat aßné, et 2 décrets impr. de la Convention.
DEVAINES Jean. 5 L.A.S., 2 L.S. et un ms autogr., 1771 - 1803.
On joint 8 L.A.S. de Jean-Baptiste DELISLE de SALES, 1807 - 1816, plus un ms autogr. et une note jointe.
ACADĂMIE FRANĂAISE. â GUIBERT Jacques-Antoine-Hippolyte, comte de (1743 - 1790) officier, tacticien et Ă©crivain.
MANUSCRITS autographes pour son Histoire de la constitution militaire de la France depuis la fondation de la monarchie jusquâĂ nos jours, [vers 1780] ; 145 pages in-fol. ou in-4.
Important ensemble de manuscrits pour son Histoire de la constitution militaire de la France restĂ©e inachevĂ©e De cet ouvrage, Guibert nâa Ă©crit que la « PrĂ©face » et une « Introduction », recueillies dans les Ćuvres militaires publiĂ©es par sa veuve, tome V, Ćuvres diverses (Magimel, 1803). Les prĂ©sents manuscrits correspondent aux pages 3 Ă 176 de ce volume. * PrĂ©face (titre et 26 pages en un cahier in-fol.), abondamment raturĂ©e et corrigĂ©e. Guibert y explique lâhistoire de la conception de son ouvrage, et son projet de remonter jusquâaux Gaules et Ă la fondation de la monarchie française, pour aller jusquâĂ lâadministration du prince de Montbarey (1777 - 1780). « Qui je suis ? Un militaire citoĂżen, ces deux titres [âŠ] doivent supposer de la hardiesse et du courage »... Etc.
* Introduction. Tableau de la dĂ©cadence de lâempire romain en Occident. Invasion des Gaules. Commencements de la monarchie françoise. 5 cahiers : 2 cahiers in-fol. numĂ©rotĂ©s « 4 » et « 5 », un cahier in-4 numĂ©rotĂ© « 2 et 3 », plus 2 petits cahiers in-4, formant un manuscrit de premier jet de 42 pages in-fol. et 77 pages in-4, abondamment raturĂ© et corrigĂ©. Sur lâEmpire romain, admirable par sa constitution, ses routes, ses monuments, son juste partage entre les autoritĂ©s civile et militaire, sa lĂ©gislation, lâuniversalitĂ© de sa langue, son systĂšme militaire, ses soldats aguerris, disciplinĂ©s et ayant le sens de lâhonneur, quoi quâen dise Montesquieu⊠* Plus un dossier de piĂšces utilisĂ©es par Guibert pour sa documentation, et de piĂšces historiques diverses.
On joint 2 autres manuscrits autographes : * Testament militaire dâun vieux officier gĂ©nĂ©ral, [vers 1789 ?] ; cahier de 16 pages in-fol. Projet de prĂ©face pour un ouvrage militaire, avec de nombreuses corrections et additions.
* Compte rendu Ă lâassemblĂ©e generale par Mrs les commissaires ; 8 pages in-fol. Projet de rĂ©forme et de rĂšglement dâune sociĂ©tĂ© littĂ©raire, « le Sallon ».
Provenance : Archives du comte de GUIBERT (vente 14 octobre 1993, n° 64, 62 et 68).
400 - 500
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 6
400 - 500 3
-
500
700
4 ACADĂMIE FRANĂAISE. â LAMARTINE Alphonse de (1790 - 1869).
2 L.A.S. « Lamartine », 16 et 27 octobre 1829, à Abel VILLEMAIN ; 3 et 4 pages in-8 (quelques petites fentes).
Lamartine prĂ©pare son Ă©lection Ă lâAcadĂ©mie française (il sera Ă©lu le 5 novembre 1829).
Au chĂąteau de Montculot, 16 octobre : « il y a plus que lâadmiration dans mes sentiments envers vous. [âŠ] Je sens que je devrais ĂȘtre Ă Paris, aider au moins mes amis dans ce qui me concerne moi-mĂȘme. Je le sens, je le dis, jâen rougis et je ne puis prendre sur moi dây aller. Lâamour-propre est plus fort que la convenance, je songe au lendemain dâune Ă©lection malheureuse, aux condolĂ©ances de mes amis, au rire mal voilĂ© de mes adversaires, Ă la peine de mon pĂšre et de ma mĂšre, au ridicule dâaller deux fois avec assurance chercher et raporter un dĂ©sapointement. [âŠ] Mais je prie du moins sur la montagne ». On lui dit que CHATEAUBRIAND ne votera pas pour lui, et que CUVIER votera le duc de BassanoâŠ
27 octobre. « Je crois que si je ne suis pas admis vos quatre lettres me consoleront. Mes descendants diront Ă lâavenir : regardez il ne fut pas reçu parmi lâĂ©lite des hommes de son Ă©poque mais M. Villemain jugea leur jugement et le trouva digne dâĂȘtre son collĂšgue autant que son ami. Nâayez donc pas de souci trop fort de mon Ă©lection, si jâai un Ă©chec jâen suis consolĂ© dâavance. [...] La tristesse et lâennui sont mes deux muses. Qui les connaĂźt mieux que moi ? LâĂąme se replie en elle-mĂȘme et ses tortures sont ce quâon appelle du gĂ©nie »...
On joint 2 autres L.A.S. , chĂąteau de Montculot 20 octobre 1829 et s.d., Ă un duc et Ă AmĂ©dĂ©e de Pastoret, sur sa candidature Ă lâAcadĂ©mie. Plus 3 L.A.S., une lettre dictĂ©e et la copie dâune lettre (28 mai 1848).
On joint aussi 2 L.A.S. de Jules SIMON concernant lâAcadĂ©mie, 1861 et 1875 (plus 9 L.A.S. Ă divers).
5 ACADĂMIE FRANĂAISE. â TROYAT Henri (1911 - 2007).
MANUSCRIT autographe signĂ© « Henri Troyat », Discours de rĂ©ception Ă lâAcadĂ©mie Française, 1960 ; 2-127 feuillets petit in-fol. montĂ©s sur onglets et reliĂ©s en un volume petit in-fol. carrĂ© demi-chagrin bordeaux Ă coins. Manuscrit de travail de son discours de rĂ©ception Ă lâAcadĂ©mie française au fauteuil de Claude FarrĂšre
Lev Aslanovitch Tarassov, dit Henri Troyat, a Ă©tĂ© Ă©lu le 21 mai 1959 Ă lâAcadĂ©mie au fauteuil de Claude FarrĂšre (dĂ©cĂ©dĂ© le 21 juin 1957) ; nĂ© Ă Moscou, il Ă©tait le premier Ă©crivain dâorigine Ă©trangĂšre admis dans cette institution.
La réception eut lieu le 25 février 1960 ; Henri Troyat fut reçu par le maréchal Juin.
Troyat fait part de son Ă©motion en songeant Ă sa Russie natale, « Ă la distance qui sĂ©pare mon lieu de naissance du lieu oĂč me voici », aux coupoles du Kremlin bien diffĂ©rentes de celle-ci, au petit garçon enfin quâil Ă©tait et qui, « fuyant avec ses parents son pays dĂ©chirĂ© par la guerre, dĂ©barqua Ă Paris au dĂ©but de lâannĂ©e 1920 », pensant quâil nây resterait que quelques mois. Il Ă©voque la force quâeurent bientĂŽt la culture et lâart français sur le jeune immigrĂ© quâil Ă©tait : « BientĂŽt la France le saisit tout entier ». Puis il retrace, avec son talent de biographe, la vie et lâĆuvre de son prĂ©dĂ©cesseur Claude FARRĂRE (1876 - 1957), pour conclure : « Pareil aux vieux conteurs arabes quâil avait rencontrĂ©s, Claude FarrĂšre a voulu, jusquâĂ son dernier souffle, imaginer des fables et les rĂ©pandre autour de lui pour notre dĂ©lassement. Ă une Ă©poque oĂč trop dâĂ©crivains croiraient dĂ©choir sâils nâapportaient au monde un message politique, mystique, esthĂ©tique ou social, il a eu le naĂŻf courage de nâĂȘtre quâun romancier. Si certains de ses hĂ©ros manquent de poids, si une psychologie sommaire les anime, si des pĂ©ripĂ©ties invraisemblables les poussent dâun chapitre Ă lâautre, lâespĂšce dâentrain chaleureux que met lâauteur Ă Ă©crire ses livres lui gagne plus dâune fois la sympathie du lecteur. Que ceux qui jugent sĂ©vĂšrement la littĂ©rature dite dâĂ©vasion interrogent bien leur mĂ©moire : il nâest personne, ou presque, qui, Ă un moment de sa vie, nâait Ă©tĂ© charmĂ© par un roman, par un conte de Claude FarrĂšre, personne qui, Ă lâĂąge des vocations hĂ©sitantes, ne lui soit redevable dâune envie de voyage, dâun rĂȘve japonais, turc ou indochinois, dâun Ă©lan dâhĂ©roĂŻsme ou dâamour, personne dont lâunivers intĂ©rieur ne porte sa marque, Ă lâĂ©tage des belles illusions de lâadolescence »...
Le manuscrit, de premier jet, Ă lâencre bleue au recto des pages de bifeuillets, comporte de nombreuses ratures, des passages entiers biffĂ©s (souvent au crayon rouge), des renvois et des ajouts sur le verso de la page en regard, et des variantes avec le texte publiĂ© (Plon, 1960). Il a Ă©tĂ© offert au grand bibliophile Jean DAVRAY (1914 - 1985), ami trĂšs intime de Troyat, comme en tĂ©moigne cette belle dĂ©dicace (sur le feuillet suivant la page de titre) : « Pour Jean Davray. Mon cher Jean, tu fus si prĂšs de moi tandis que jâĂ©crivais ce discours ! Nous en avons tellement parlĂ© ensemble ! Reçois-en le manuscrit comme gage de mon amitiĂ© fraternelle ! Henri le 19 mars 1960 ». Jean Davray a fait relier en tĂȘte une belle photo de Troyat jeune, le bulletin de souscription pour son Ă©pĂ©e dâacadĂ©micien et 4 cartons dâinvitations.
On joint 3 L.A.S., 1954 - 1959, à André MAUROIS ; et une L.A.S. à André Lasseray, 1959 (avec brouillons de Lasseray).
Plus 2 L.A.S. de Paul CLAUDEL relatives Ă une Ă©ventuelle candidature Ă lâAcadĂ©mie (1927 - 1932).
7 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
300 - 400
500 - 600
ALBUM AMICORUM.
Ensemble de 25 feuillets avec poĂšmes et P.A.S. de divers Ă©crivains ; 25 feuillets oblong in-4 tirĂ©s dâun album, tranches dorĂ©es.
PoĂšmes par Jacques ANCELOT ( Adieux de Lord Byron Ă Venise, annotĂ© par J. Janin), Ămile BARATEAU (Pour Marie, quand elle aura trois ans), Hippolyte BIS (Fragment du CimetiĂšre en vente), Louis BOULANGER (« Il est au fond des forĂȘts sombres »âŠ), Edmond COTTINET (Octobre), Antoni DESCHAMPS (« Dans ce temps dâĂ©goĂŻsme »âŠ), Alexandre DUMAS pĂšre (« Vierge Ă qui le calice Ă la liqueur amĂšre »âŠ, avec note de Jules Janin), Charles DUPEUTY (« Excusez-moi, je ne vous connais pas »âŠ), Charles-Guillaume ĂTIENNE (extrait de la comĂ©die des Deux Gendres), Ernest FOUINET (Sonnet Ă©crit pour la loterie tirĂ©e Ă lâopĂ©ra, au profit des pauvres), Jean-Baptiste de PONGERVILLE (« Si tout pĂ©rit en nous »âŠ), SAINTE-BEUVE (Sonnet Ă Madame xxx), EugĂšne de PLANARD (Prologue inĂ©dit de La Belle au Bois dormant, opĂ©ra-comique), J.B.A. SOULIĂ ( Ă la Lune), Alexandre SOUMET (fragment de lâEnfer rachetĂ© ), Alfred de VIGNY (LâEsprit Parisien, Sonnet pour la fĂȘte de la mi-carĂȘme Ă lâOpĂ©ra, au bĂ©nĂ©fice des pauvres), Jean-Charles VIAL (« Monsieur de Castignac »⊠sizain)âŠ
Textes divers par Virginie ANCELOT, Antoine JAY, P.F. TISSOT (Sur la jeunesse de notre temps), Joseph MICHAUD, etc.
7 ALBUM AMICORUM.
Environ 25 lettres, cartes, dessins ou inscriptions autographes ou autographes signĂ©s (plus qqs photos), 1911 - 1927, au poĂšte Roger de NEREĆžS et aux siens ; in-8, reliure maroquin bordeaux, tranches dorĂ©es, Ă©tui (qqs mouill.). R. de NEREĆžS, Jules MASSENET, Henri de RĂGNIER (quatrain), Louis BARTHOU, Jean RICHEPIN (poĂšme), Ădouard SCHURĂ (vers), Sarah BERNHARDT (avec fleur sĂ©chĂ©e), Henri BERGSON (maxime), Antoine CALBET (dessin), Vincent dâINDY (extrait de Fervaal ), Pierre CARRIER-BELLEUSE (dessin), CAROL-BĂRARD (9 mesures de sa Symphonie des forces mĂ©caniques), Han RYNER, Jean de BONNEFON, H. de CALLIAS (dessin aquarellĂ©), Jean de GOURMONT, Ămile BOURDELLE (belle L.A.S. ornĂ©e de 2 aquarelles, 1921, au sujet de ses Peintures pour la Reine de Saba), Francis VIELĂ-GRIFFIN (poĂšme, Transposition), Raoul GUNSBOURG, J.-C. MARDRUS, etc.
8 ALEXANDRE I er (1777 - 1825) Tsar de Russie.
L.S. « Alexandre », Sarskoe Selo 8 octobre 1821, à « Votre Altesse Royale » (le Prince EUGĂNE DE BEAUHARNAIS) ; 2 pages in-4 ; en français.
Le Tsar nâa pu rĂ©pondre Ă la lettre du 26 juillet (lui parlant sans doute de la mort de NapolĂ©on qui fut connue seulement Ă cette Ă©poque en Europe). Alexandrevoue Ă EugĂšne « un trop sincĂšre attachement pour ne pas ressentir une vive peine de son affliction [...] Le vĆu dont Votre Altesse Royale mâentretient [...] honore Ses sentimens, et il seroit impossible de nây pas trouver une nouvelle preuve des qualitĂ©s de Son cĆur. Il me semble nĂ©anmoins que dans cette occasion les affections, quelques vives quâelles soient [...] devraient cĂ©der aux calculs de cette prudence qui a toujours marquĂ© la conduite de Votre Altesse Royale. Je crois donc que sous tous les rapports il seroit prĂ©fĂ©rable quâelle renonçùt Ă Son dĂ©sir. Dans les temps oĂč nous vivons, la malveillance est si active, ses interprĂ©tations sont si perfides et si fausses, quâon ne saurait mettre trop de soins Ă sâabstenir de toute dĂ©marche dont elle pourrait sâemparer »...
9 ALEXANDRE II (1818 - 1881) Tsar de Russie.
L.A., S.P. [Saint Petersbourg] 7/19 janvier 1868, Ă Catherine DOLGOROUKI, « Katia » ; 4 pages in8. Lettre dâamour Ă sa maĂźtresse
Il lui reproche de lui faire une scĂšne, et il a la mort dans lâĂąme. Il cite longuement la lettre de Katia, et ajoute : « AprĂšs tout cela je te laisse juger toi mĂȘme ta conduite, envers lâĂȘtre qui vit et ne respire que par toi ». Il ne peut lui en garder rancune, car il lâaime « plus que la vie [âŠ] je veux que tu viennes, car ce serait par trop vilain de ta part de me priver du bonheur de te revoir et comme preuve, que tu ne gardes rien sur le cĆur, je te supplie, quand tu mâapperceveras, de toucher de ta main ton mĂ©daillon au cou et moi en rĂ©ponse je toucherai ma croix de St George. Tu me rendras la vie par là »âŠ
10
ANDERSEN Hans Christian (1805 - 1875).
POĂME autographe signĂ© « H. C. Andersen », Stuttgart 2 octobre 1860 ; 1 page oblong in-8 (montĂ©e sur carte ; un peu jaunie, avec traces de montage) ; en allemand.
Tercet en allemand
« Die Vernunft in der Vernunf[t] ist das Wahre. Die Vernunft in den Willen ist das Gute, Die Vernunft in der Phantasie ist das Schöne ! »
Ce qui compte câest la raison dans la raison. Ce qui est bien câest la raison dans la volontĂ©, Ce qui est beau câest la raison dans la fantaisie !
1Â 000 - 1Â 500
1Â 500 - 2Â 000
1Â 500 - 2Â 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 8 6
800 - 1 000
800 - 1 000
11 ART CANANĂEN.
Plaquette (élément de mobilier) sculptée en léger relief dans un encadrement.
« Dame Ă sa fenĂȘtre » : tĂȘte fĂ©minine parĂ©e dâune lourde perruque Ă©gyptisante dĂ©gageant les oreilles et surmontant une balustrade soutenue par quatre colonnettes. Il sâagit probablement dâune reprĂ©sentation de la dĂ©esse AstartĂ©-hor. Ivoire.
DépÎt calcaire. Restaurations.
Art Cananéen, IXe -VIII e s. av. J.C. 7,3 x 5,8 cm.
Des plaquettes similaires sont conservĂ©es au MusĂ©e du Louvre et au British Museum, provenant des sites dâArslan Tash et Nimrud.
Provenance : vente Piasa 17 mars 2003.
CITES N°FR2309200222-K
12 ARTS.
6 L.A.S. de peintres adressées à Jacques LASSAIGNE, par André BEAUDIN (2), GeneviÚve CLAISSE, François DESNOYER, Jean LE MOAL, Francis TAILLEUX ; plus un tapuscrit corrigé, Francis Gruber vu par Francis Tailleux
Robert DOISNEAU. « La voiture de Tabou dĂ©colant devant lâĂ©glise Saint Germain », photographie de Robert DOISNEAU. Exceptionnel tirage argentique dâĂ©poque, photomontage reprĂ©sentant le peintre Yves CORBASSIERE au volant de la cĂ©lĂšbre voiture du Tabou. SignĂ© au dos du cachet timbre humide de lâartiste, titrĂ© au crayon par sa main et datĂ© de 1947 (23,5 x 27 cm). Probablement un tirage unique. Photo originale piĂšce N° 2494. Plus un dessin de danseuse par Hubert YENCESSE (31,5 x 23,5 cm).
13 APOLLINAIRE Guillaume (1880 - 1918).
L.A.S. « Guillaume Apollinaire », Paris « 15 rue Gros » 5 septembre 1910, à Pierre LAFITTE ; 3 pages in-8.
Belle lettre au directeur de la revue Excelsior
Il rappelle sa « qualitĂ© dâancien collaborateur de la Revue Blanche », et pense quâil nâest pas un inconnu pour lâĂ©diteur. « Depuis la Revue Blanche, jâai beaucoup travaillĂ© et je crois avoir fait des progrĂšs sensibles. Câest pourquoi je pense pouvoir ĂȘtre utile Ă un journal qui consentirait Ă insĂ©rer rĂ©guliĂšrement mes productions littĂ©raires ». La rĂ©ussite de sa dĂ©marche auprĂšs de Lafitte « est pour moi de la derniĂšre importance et me dĂ©livrerait de mille soucis, de toutes les difficultĂ©s qui embarassent ma vie » ; et il attend avec confiance une rĂ©ponse favorable. Il annonce la parution Ă la fin de septembre chez Stock dâun « livre [LâHĂ©rĂ©siarque et Cie] oĂč vous retrouverez les nouvelles qui ont eu lâhonneur de paraĂźtre dans la Revue Blanche. Câest M. ĂlĂ©mir Bourges qu a eu lâextrĂȘme bontĂ© de chercher un Ă©diteur pour ce livre et obtenir des conditions excellentes »âŠ
14 APOLLINAIRE Guillaume (1880 - 1918).
MANUSCRIT autographe, Avertissement ; 2Â pages in-12, sur des bulletins de demande de livres Ă une bibliothĂšque [BibliothĂšque Mazarine], quelques ratures et corrections.
Notice pour une Ă©dition du « roman cĂ©lĂšbre de Bernard de TrĂ©vies », Lâhistoire de Pierre de Provence et de la belle Maguelonne : « LâĂ©dition que nous avons suivie est une des plus anciennes et peut-ĂȘtre mĂȘme la plus ancienne. Câest un petit in-folio gothique », probablement antĂ©rieur Ă 1490⊠« on ne doute pas que le lecteur instruit ne trouve un dĂ©licat plaisir Ă lire lâhistoire des amours de Pierre, fils du comte de Provence et de la belle Maguelonne, fille du roi de Naples. Ces deux parfaits amants dont les aventures ont Ă©tĂ© traduites en flamand, en grec vulgaire, en castillan, en catalan, en allemand, en danois et en polonais, mĂ©ritent encore aujourdâhui de retenir lâintĂ©rĂȘt des gens de goĂ»t ».
9 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
800 - 1000
200 - 300
1Â 000 -
1Â 200
1Â 000 - 1Â 500
ARAGON Louis (1897 - 1982).
MANUSCRIT autographe signé « Aragon », Une histoire contemporaine : Claude-André Puget, [1947] ; 22 pages et demie in-4 (quelques bords légÚrement effrangés).
Préface pour le recueil de poÚmes de Claude-André PUGET (1900 - 1975), La Nuit des temps (Clairefontaine, 1947).
« DâoĂč naĂźt le chant, et qui est le chanteur ? Quâest-ce que câest que cette murmurante folie dans un jeune homme, qui sâĂ©veille... Quâest-ce que câest que cette musique en lui, ce besoin de la communiquer aux autres par des arrangements de mots, arbitraires sĂ»rement, arbitraires... On dit câest un poĂšte ; il fait des vers... [âŠ] Ce siĂšcle est un puits profond et noir, et si je me penche Ă la margelle, que de choses inexplicables au trĂ©fond ! [âŠ] Un poĂšte aussi est la crĂ©ature du temps. [...] Il se croit libre, il invente sa romance, il avance et se met Ă chanter. [...] comment sont les poĂštes cingalais, ou ceux de Carcassonne ? Les uns Ă©crivent pour les yeux, et dâautres ne sont que voix, et jâai connu des poĂštes de lâabsence, qui prenaient leur grandeur de ce quâils ne disaient pas. [âŠ] Câest vers 1920, Ă dix-sept ans, Ă Nice, [âŠ] que Claude-AndrĂ© Puget Ă©crivit les premiers poĂšmes qui nous sont parvenus de lui ! ».... Arago parcourt alors lâĆuvre poĂ©tique de Puget, depuis son premier livre Pente sur la mer⊠« Câest une poĂ©sie de la chute. Câest pourquoi elle mĂ©prise les tambours, la rime. Chose extraordinaire quâun chant qui nâest chant que dâĂȘtre retenu. Ce jeune homme que nous entendons encore, quel trouble exprimait-il donc, quel trouble Ă ces poĂšmes commun, quelle tristesse si diffĂ©rente des plaintes du temps de la PlĂ©iade ou de cette nostalgie de Lamartine quâon aurait cru, le prenant au mot, mĂȘme Ă vingt ans, toujours sur le point de mourir ? [âŠ] Je ne parle pas dâinfluence : je constate les analogies du chant sur une assez courte pĂ©riode de la poĂ©sie française, comme si dans un temps donnĂ© les chanteurs ne pouvaient sortir de certaines rĂšgles informulĂ©es, dâun certain cadre vocal, oĂč le chant se plie Ă des traditions neuves, aussi exigeantes que celles du sonnet ou de la sextine. Jâaime ces premiers livres oĂč les hommes trĂšs jeunes livrent dâeux-mĂȘmes plus quâil ne paraĂźt »⊠Etc. Aragon continue Ă explorer et commenter les divers recueils de Puget, faisant de nombreuses citations, pour terminer par La Nuit des temps : « Oui, nous sommes Ă une charniĂšre du siĂšcle, Ă un seuil de lâaventure humaine, et Ă ce lieu de passage il faut savoir lire aux variations de la poĂ©sie les variations de lâhomme. Jâai suivi pas Ă pas ce poĂšte pendant vingt annĂ©es, et il pouvait ne sembler suivre que sa rĂȘverie, mais je sais cependant que comme les reflets dâun incendie sur les nuages, ces variations du rouge au noir par le rose venaient dâun brasier extĂ©rieur et lointain. Rien nâest arbitraire dans la poĂ©sie, bien quâon en pense. Et câest Ă ce moment seul oĂč la voix du poĂšte semble dans la rĂ©alitĂ© se perdre, quâelle chante enfin, quâelle emplit le cĆur de sa musique, et les yeux de larmes, Ă ce moment oĂč la poĂ©sie avec le destin de lâhomme se confond, dans La Nuit des Temps »âŠ
16 AUERBACH Berthold (1812 - 1882) écrivain allemand.
MANUSCRIT autographe signé, Lederherz ; et 26 L.A.S., 1862 - 1881, à Ignaz ELLISSEN ; 13 pages in-4 (plus un feuillet de dédicace ; qqs légers défauts), et 49 pages in-8, plusieurs à son chiffre ou à son nom, qqs enveloppes ; en allemand.
TrĂšs bel ensemble de lâauteur des SchwarzwĂ€lder Dorfgeschichten ( RĂ©cits villageois de la ForĂȘt Noire) Le manuscrit, sur papier bleutĂ©, sans autre correction quâune addition marginale, est datĂ© en fin de Berlin 6 fĂ©vrier 1862. Il est dĂ©diĂ© sur un feuillet liminaire Ă son ami Ignaz Ellissen. Lederherz (CĆur de cuir) est sous-titrĂ© « Aus den Erinnerungen des Pfarrers vom Berge » (des souvenirs du pasteur des montagnes), et a Ă©tĂ© publiĂ© anonymement par Auerbach dans ses Deutsche BlĂ€tter. Beilage zur Gartenlaube (N° 261, p. 81-85), Ă©ditĂ©es par Auerbach de 1862 Ă 1864, comme a bien voulu nous lâindiquer M. Eberhard Koestler. Lederherz (CĆur de cuir) est lâhistoire dâun pauvre colporteur juif en Alsace, qui vend du cuir ; son surnom vient des piĂšces de cuir qui couvrent les coudes de sa redingote ; il est lâami du cordonnier Lipp, trĂšs versĂ© dans lâĂ©tude de la Bible, qui lâaidera Ă mourir religieusement. Ce texte est marquĂ© par les idĂ©es de tolĂ©rance politique et religieuse, et par lâamour de lâhumanitĂ©. Nous en citons le dĂ©but : « Wahre Menschenfreundlichkeit zeigt sich darin, dass wir jedem Mitlebenden, der uns ungekannt und flĂŒchtig begegnet, die gemeinsam gegebenen Augenblicke mit Gutem zu erfĂŒllen trachten. Die wahre Menschenliebe bethĂ€tigt sich darin, dass wir den Gedanken der Zusammengehörigkeit festhalten, auch da, wo wir den Widerspruch und Gegensatz vor Augen haben. Nur wenn wir uns liebevoll gegen Menschen anderen Glaubens, anderer Ăberzeugung bewĂ€hren, nur dann haben wir das Recht, uns Bekenner der Religion der Liebe zu nennen »...
Câest Ă Ignaz ELLISSEN, habitant Frankfurt am Main, quâest adressĂ©e lâimportante correspondance littĂ©raire et amicale, commençant le 9 janvier 1862 pour sâachever le 8 mars 1881. La plupart des lettres sont Ă©crites de Berlin ; pendant les vacances de 1863, Auerbach sĂ©journe Ă Cannstatt prĂšs Stuttgart (aoĂ»t), Ă Heiden dans le canton dâAppenzell (septembre)⊠Auerbach a joint Ă deux de ses lettres de 1862 des lettres reçues des professeurs B. Frankfurter et Russ. Cette correspondance est complĂ©tĂ©e par la copie ancienne de 5 lettres manquant Ă lâensemble, comme lâexplique une lettre jointe de lâexĂ©cuteur testamentaire dâEllissen, transmettant lâensemble en 1884.
3000 - 3500
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 10 15
1Â 500 - 2Â 000
17 BALZAC Honoré de (1799 - 1850).
L.A.S. « de Balzac », 8 octobre [1831], Ă lâimprimeur-lithographe Charles MOTTE ; 2 pages in-8, adresse (pli central du bifeuillet fendu).
Belle lettre accompagnant lâenvoi des Romans et contes philosophiques
« Mon cher Monsieur Motte, je nâai pas perdu le souvenir des obligations que jâai contractĂ©es envers vous. Vous mâavez donnĂ© de charmantes lithographies et je vous promis de vous faire des articles. Ils nâont point Ă©tĂ© faits et cette conduite constituerait une sorte dâindĂ©licatesse trĂšs Ă©loignĂ©e de mon caractĂšre ; mais la Mode a changĂ© de maĂźtres Ă cette Ă©poque ; je me suis brouillĂ© avec le Tems ; et les occasions de vous servir nâont pas rĂ©pondu au dĂ©sir que jâen avais. VoilĂ lâhistoire de mon manque de soin apparent ; perdonate mi ». Il nâa pas osĂ© demander le prix de lâalbum (de lithographies) quâil a reçu de Motte : « voulez-vous me permettre de vous offrir un Ă©change de nos productions ; Ă©change auquel vous perdrez ; mais au moins avec le tems, la quantitĂ© de mes produits finira peut-ĂȘtre par Ă©quivaloir Ă la qualitĂ© des vĂŽtres et ma conscience sera plus tranquille. Maintenant permettez-moi dâajouter sĂ©rieusement que je vous offre mon livre comme un tĂ©moignage de notre ancien voisinage, et comme une marque de profonde estime pour vous qui nâĂȘtes pas le moindre artiste parmi ceux dont vous traduisez les Ćuvres »... [Motte avait son atelier rue des Marais-Saint-Germain (actuelle rue Visconti), oĂč Balzac avait aussi son imprimerie, de 1826 Ă 1828.] Balzac ajoute en post-scriptum : « Il va sans dire, quâaussitĂŽt que par une position journalistique je pourrai vous ĂȘtre utile, vous nâaurez quâĂ demander. Pour le moment, je serais en mesure Ă lâArtiste et jâai des amis au Messager ».
18
BALZAC Honoré de (1799 - 1850).
L.A.S. « de Balzac », 22 mai [1833, Ă Ămile DESCHAMPS] ; 1 pages et demie in-8 sur papier fin. Belle lettre, en partie inĂ©dite, sur les Contes drolatiques
[Le « premier dixain » des Contes drolatiques avait paru chez Gosselin en avril 1832, et le second allait paraĂźtre chez le mĂȘme Ă©diteur en juillet 1833. Balzac complimente Deschamps sur son conte « physiologique » RenĂ©-Paul et Paul-RenĂ© qui venait de paraĂźtre dans le tome III du Livre des conteurs.]
Il envoie ses remerciements Ă Deschamps « pour la bonne fortune que vous mâavez donnĂ©e. Jâavais dĂ©jĂ lu, en voyage, allĂ©chĂ© par votre nom, les Deux FrĂšres que je viens de relire en rentrant dans mon bouge parisien â et cette ravissante aventure, pleine de poĂ«sie mâavait si fort frappĂ© que je dĂ©sirais la relire. Par le dĂ©luge de contes dont nous sommes inondĂ©s, votre Paul, cet ĂȘtre double, est une de ces crĂ©ations destinĂ©es Ă demeurer dans toutes les mĂ©moires artistes. Mais jâaurais voulu plus de dĂ©tails, non pas un conte, mais une histoire, un livre, comme Paul et Virginie, gourmand que je suis ! mais vous ĂȘtes parti pour faire un conte et sans le savoir ou le sachant sans doute, vous avez Ă©tĂ© plus loin, comme tous les esprits qui (passez moi cette trivialitĂ©,) agrandissent toujours le trou par lequel ils passent parce quâils sont grands. [âŠ]
Pour nâĂȘtre pas insolvable moi-mĂȘme jâespĂšre pouvoir vous envoyer dâici Ă qlq. jours le 1er et le 2e dixain des Contes drolatiques, et si, par hazard, je vous avais envoyĂ© le 1er dixain, faites le moi savoir, car Gosselin est avare comme un libraire, et me mesure lâexemplaire comme Dieu mesure le vent aux brebis tondues. Je voudrais que cet Ă©change de nos produits coloniaux me valĂ»t encore un livre de vous, trop paresseux poĂ«te qui rĂȘvez sans doute vos livres et ne les Ă©crivez pas, en sultan jaloux de votre sĂ©rail intellectuel ».
[Ămile Deschamps rĂ©pondit Ă Balzac le lendemain : « Je garderai toute ma vie de ce monde votre lettre qui est une lettre de noblesse pour moi. Câest un titre de famille dont jâai le cĆur et le front triomphants »âŠ
19
BALZAC Honoré de (1799 - 1850).
L.A.S. « Honoré », [SÚvres, aux Jardies 3 juin 1839], à Madame DELANNOY ; 1 page in-8, adresse.
Balzac raconte sa chute dans sa propriété des Jardies
« Ma chĂšre madame Delannoi, il vient de mâarriver un petit accident assez dĂ©plorable, je me suis foulĂ© le tendon dâAchille et les nerfs qui envellopent la cheville, dans une chute sur un terrain glissant et je suis condamnĂ© Ă demeurer au moins dix jours au lit, Ă la campagne sans pouvoir bouger sous peine dâĂȘtre blessĂ© pour le reste de mes jours, ainsi point de mercredi ! pardonnez moi dâĂȘtre si malheureux, câest arrivĂ© bien Ă contretemps pour mes affaires. un de vos enfants HonorĂ© ».
3Â 000 -
2Â 500 - 3Â 000
1 000 - 1 200
11 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
Correspondance (Bibl. de la Pléiade), t. I, p. 413, n° 31-103. 4 000
Correspondance (Pléiade), t. I, n° 33-84, p. 796.
Correspondance (Pléiade), t. II, n° 39-103, p. 493.
20
BARRE Auguste et Albert (1811 - 1896 et 1818 - 1878).
9 CARNETS de DESSINS ; 9 carnets oblong in-12 (8 x 12 à 8,5 x 14,5 cm), couvertures cartonnées, toilées ou maroquinées, les carnets inégalement remplis, principalement à la mine de plomb.
Carnets de croquis et dessins des deux frĂšres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs et mĂ©dailleurs . Des archives de la dynastie BARRE, derniers graveurs gĂ©nĂ©raux et indĂ©pendants Ă lâHĂŽtel des Monnaies de Paris et en France Ă statut privĂ©.
3 carnets dâAuguste. â Groupe « 1832 Mme Tremyn et sa fille », ornements et Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs, tĂȘtes de femmes et de CĂ©rĂšs, projet de mĂ©daille de la RĂ©publique française, esquisses dâorateurs (dont Odilon Barrot), bijou⊠â TĂȘte de pape, esquisse de la statuette de Rachel, mĂšre donnant la bouillie Ă un enfant, broderie, poignĂ©es de glaive⊠â Feuilles de vigne, amours, barque en construction, enclume et outils, emblĂšmes pontificauxâŠ
6 carnets dâAlbert . â Notes autographes (scĂšnes historiques, recette de fixatif), esquisses de vignettes ou tableaux (sujets antiques ou religieux, scĂšne de jeunesse de Diderot, Jean-Jacques RousseauâŠ), aigle impĂ©riale, une femme dans un intĂ©rieur, mobilier⊠â Esquisse de femme Ă la sanguine, plans dâun appartement. â BrĂšves notes de voyage en Italie (cĂŽte amalfitaine, 1844) ; tĂȘtes et statues antiques ; signes du zodiaque ; vues de Paestum et Sorrente⊠â Notes de voyage Ă Gand et Bruges, comptes (1847) ; sujets de tableau ; un fauteuil ; Ă©tudes de tĂȘtes et de costumes ; paysage ; ornements et Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs⊠â Vues de Saint-Malo et de rochers, croquis au Mont Saint-Michel⊠â Recettes pour bronzer le cuivre, souder lâĂ©tain ou lâacier, faire « la colle au fromage » (3 photos de statues jointes, dont la princesse Mathilde).
On joint 21 lettres adressĂ©es Ă Albert BARRE, 1858 - 1880, par JosĂ© de AraĂșjo Ribeiro, A. Brochon (avec dâautres membres de la SociĂ©tĂ© de progrĂšs de lâArt industriel), le gĂ©nĂ©ral Malherbe, Ch. Masset, Natalis Rondot (3), JeanLouis Ruau, Henry Uhlhorn (3), F.G. Wagner jeune, Bronislaw Zaleski, etc. ; la minute a.s. dâune lettre dâAlbert Barre Ă Hainol, directeur de la Monnaie de Munich ; plus la minute dâune lettre de son pĂšre Jean-Jacques Barre (et 4 lettres Ă lui adressĂ©es).
21
BAUDELAIRE
Charles (1821 - 1867).
L.A.S. « Ch. Baudelaire », [Paris, vers le 16 fĂ©vrier 1860, Ă lâĂ©crivain PhiloxĂšne BOYER] ; 1 page in-8 avec ratures et corrections.
« Ayez lâobligeance, cher ami, de laisser ici pour moi une note-catalogue des diffĂ©rents ouvrages Ă©crits sur la VĂ©nus de Milo. GUYS mâĂ©crit de Londres Ă ce sujet. Je crois quâil veut Ă©crire une brochure, un article, illustrĂ© de dessins reprĂ©sentant les hypothĂšses, câest-Ă -dire la VĂ©nus restaurĂ©e selon les diffĂ©rentes imaginations des auteurs »âŠ
[Baudelaire Ă©prouvait une vive admiration pour le talent du peintre Constantin GUYS dont il fit lâĂ©loge dans Le Peintre de la vie moderne. Il mit en contact Guys avec plusieurs auteurs au sujet de ce projet autour de la VĂ©nus de Milo, mais aucun ne convint Ă lâartiste. Baudelaire apprĂ©ciait Ă©galement PhiloxĂšne BOYER, auteur de piĂšces dramatiques et de vers, pour sa grande culture et les banquets littĂ©raires quâil organisait.]
Correspondance, Pléiade, t. I, pp. 671 - 672.
22 BAUDELAIRE Charles (1821 - 1867).
L.A.S. « CB », 6 janvier 1863, Ă POULET-MALASSIS Ă la maison dâarrĂȘt des Madelonnettes ; 1 page et demie in-8, adresse, marque postale, trace de cachet cire rouge. Lettre Ă son Ă©diteur emprisonnĂ©
[Poulet-Malassis est alors détenu et en attente de procÚs pour ses agissements républicains.]
Baudelaire vient de dĂźner avec un ami [probablement Charles Asselineau] dont la jambe va mieux et qui pense, comme lui, que le fameux cadeau de Poulet-Malassis est une idĂ©e tout Ă fait absurde... Puis il donne quelques nouvelles de la vie artistique et littĂ©raire parisienne : ThĂ©ophile GAUTIER quitterait Le Moniteur et recevrait des fonctions aux Beaux-Arts, le comte de Nieuwerkerke [alors directeur des MusĂ©es impĂ©riaux] irait au SĂ©nat « et M. DELACROIX prendrait la direction des MusĂ©es. [...] Enfin, pour comble dâabsurditĂ©, F. Desnoyers prĂ©tendait hĂ©riter de dâAUREVILLY au Pays. Mais son ami Ulysse Pic, devenu directeur du Pays, nâa pas cru pouvoir oser cela »...
BEETHOVEN Ludwig van (1770 - 1827).
Cinq éditions anciennes de Sonates pour piano.
Grande Sonate pour le Clavecin, ou Fortepiano⊠Ćuvre XXVI [Op.26] (Leipzig, Bureau de musique, [ca 1802]),
19 pages, cotage 118 [Hoboken 136]. PremiĂšre Ă©dition allemande, quasiment contemporaine de la premiĂšre Ă©dition Ă Vienne chez Cappi.â Sonata quasi una Fantasia⊠Op.27 n° 2 [« Clair de lune »] (Vienna, Cappi, [ca 1806]), 15 pages, cotage 879 [Hoboken 144] (sous chemise verte toilĂ©e, marges un peu froissĂ©es et dĂ©chirĂ©es). â Trois Sonates pour le Piano-forte, Op. 31, n os 1-3, « Edition tres Correcte. Prix 6 francs » (Bonn, Simrock, [1803 - 1804]), 65 pages (renumĂ©rotĂ©es Ă lâencre, coin rĂ©parĂ© au dernier f.), cotage 345 [cf Hoboken 171 - 172]. â Sonate fĂŒr das Piano-Forte, Op.110 (Wien, Cappi & Czerny, [ca1826]), 15 pages, cotage N° 2500. â Deux Sonates pour le PianofortĂ© et Violoncell... Op.102 Liv[raison] 1 [Sonate pour violoncelle op.102, n° 1] (Bonn: Simrock, [1817]), cotage 1337, en partition, sans la partie sĂ©parĂ©e de violoncelle, premiĂšre Ă©dition [Hoboken 423]
1Â 000 - 1Â 500
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 12
300 - 400
1
23
1 200 -
500
600 - 800
24
BEETHOVEN Ludwig van (1770 - 1827).
Messa a quattro Voci collâ accompagnamento dellâ Orchestra⊠Drey Hymnen fĂŒr vier Singstimmen mit Begleitung des Orchesters⊠86 s Werk (Leipzig, Breitkopf & HĂ€rtel, [1812]) ; un volume oblong in-fol. (26,5 x 35 cm) de 107[1] pages, couverture dâorigine sur papier bleu-gris (le plat sup. imprimĂ© Messe von L. v. Beethoven, avec prix ms), sous cartonnage ancien (petites dĂ©chirures marginales rĂ©parĂ©es p. 71-74, tache dâencre marginale Ă partir de la p. 59, quelques trous infimes, fente marginale Ă la p. 106 ; cachets de possession ; cartonnage usagĂ© et dos usĂ©).
Rare premiĂšre Ă©dition de la Messe en ut, la premiĂšre des deux Messes de Beethoven Ădition gravĂ©e, chaque planche portant le n° de cotage 1667. [Hoboken 374]. DĂ©diĂ©e au Prince von Kinsky, elle est divisĂ©e en trois parties titrĂ©es « Erster [Zweyter, Dritter] Hymnus » (pp. 3, 39, 71).
Ătat original des pp. 92-93 (dĂ©but de lâAgnus Dei ) ; « Anmerkung » pour la p. 71 au verso de la p. 107.
25 BEETHOVEN Ludwig van (1770 - 1827).
[Ouverturen]. Recueil de cinq premiÚres éditions, [1823 - 1838] ; 5 partitions in-fol. (32,5 x 24,5 cm) reliées en un volume, reliure ancienne dos percaline vert bronze avec titre doré et orné.
PremiĂšres Ă©ditions de cinq Ouvertures en partition dâorchestre
Musique gravée. Cachets encre sur les pages de titre A. Le LiÚvre et Musis Sacrum 1828
Ouverture zu Aug: v: Kotzebueâs Ruinen von Athen, Op. 113 (Wien, S.A. Steiner und Comp., [1823]) ; 26 pages, cotage S: u. C: 3951, [Hoboken 469]. â Grosse Ouverture in C. dur [ut], Op. 115 [« Jour de fĂȘte »] (Wien, S.A. Steiner & Comp., [1825]) ; 43 pages, cotage S: u. C: 4682, [Hoboken 475]. â Grosse Ouverture (in Es) zu König Stephan, Op. 117, 2e Ă©d. (Wien, Tobias Haslinger, [1828]), 48 pages, cotage S: u. C: 4691, [Hoboken 479]. â Ouverture en Ut Ă grand orchestre, Op. 124 [« Die Weihe des Hauses »] (Mayence, B. Schott Fils, [1825]), 60 pages, cotage 2262 (manque la liste des souscripteurs) [Hoboken 498]. â Ouverture in C. componiert im Jahre 1805 zur Oper Leonore, Op. 138 [Leonore  I] (Wien, Tobias Haslinger, [1838]), titre gravĂ© dĂ©corĂ©, 48 pages, cotage T.H. 5141 [Hoboken 537].
26 BELLMER Hans (1902 - 1975).
L.A.S. « Bellmer », Revel [vers 1946], Ă RenĂ© MAGRITTE ; 2 pages in-4. Longue lettre dans laquelle Bellmer Ă©voque les pamphlets de Magritte « Votre lettre et celle qui mâest parvenue parallĂšlement dâEliane mâont fait un plaisir immense : si je ne vous ai pas rĂ©pondu de suite [...] câest que ma vie a subi une modification totale et bouleversante. Ceci et, encore, un travail pour lequel je nâĂ©tais pas outillĂ© (eaux-fortes) â dĂ©mĂ©nagement etc. ne mâont pas laissĂ© de rĂ©pit [...] Parmi vos tracts et publications qui me sont parvenus par lâun ou par lâautre chemin, câest particuliĂšrement celui qui porte le titre lâenculeur qui me paraĂźt efficace et essentiel comme une bonne potion dâacide nitrique »⊠[La plupart de ces pamphlets particuliĂšrement virulents, dirigĂ©s contre le gouvernement belge, avaient Ă©tĂ© confisquĂ©s par la poste]. « DĂšs la âlibĂ©rationâ, jâavais proposĂ© Ă un ami fidĂšle Brun de faire imprimer des feuilles qui, pliĂ©es en quatre, rentreraient facilement dans les enveloppes habituelles. Nous Ă©tions trop isolĂ©s, trop emmerdĂ©s et trop chargĂ©s de travail quelconque pour les rĂ©aliser ». Mais il ajoute avoir « lâintention de faire un petit tract de ce modĂšle sur ce que lâon a pas dit pendant et depuis cette guerre : la glorification froide et nette de celui qui nâa pas marchĂ© (dĂ©serteurs, objecteurs de conscience, rĂ©sistants etc.) â et il y en a qui ont payĂ© cher le maintien de cette position [...] Brun vient de me dire que vous insĂ©rez mes âlettres dâamourâ dans ce âsavoir vivreâ [...] Ces lettres dâamour sont extraites dâun livre : Petite anatomie de lâinconscient physique qui doit paraĂźtre â comme suite des Jeux de la PoupĂ©e mais il en manquent deux, dont une sera une lettre de haine »âŠ
27 BIZET Georges (1838 - 1875).
Carmen. Opéra Comique en 4 actes Tiré de la nouvelle de Prosper Mérimée. PoÚme de H. Meilhac et L. Halévy. Musique de Georges Bizet (Paris, Choudens PÚre et Fils, s.d. [1875]). In-4 de (4)-351 pp. (titre lithographié, catalogue des morceaux et musique imprimés) ; reliure demi-basane fauve à coins (fortes rousseurs, accidents aux premier et dernier feuillets, réparations, plats frottés).
Rare édition originale de Carmen (partition pour chant et piano)
Bibl. : James Fuld, The Book of World Famous Music, 4 e éd (New York, 1995, p. 585) ; Hugh Macdonald, The Bizet Catalogue (en ligne).
13 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
600 - 800
600 - 800
500 - 600
1Â 000 - 1Â 200
29
BLANC Louis (1811 - 1882).
L.A.S. « Louis Blanc lâun des deux rĂ©dacteurs en chef du Bon Sens », Paris 10 fĂ©vrier 1836 : 2 pages in-4 Ă en-tĂȘte
Le Bon Sens, journal de la démocratie
« Nous nâaccordons Ă personne le droit de rĂ©voquer en doute notre sincĂ©ritĂ© et de nier notre patriotisme. Celui qui vous rĂ©pond Ă©crit dans le Bon Sens depuis plus de deux ans. Et il sait le cas quâon doit faire des reproches qui portent sur la versatilitĂ© de ce journal demeurĂ© scrupuleusement fidĂšle Ă son origine. [âŠ] le Bon Sens est celui de tous les journaux qui sâest imposĂ© pour le peuple le plus de sacrifices et qui a apportĂ© le plus dâabnĂ©gation dans son Ćuvre de propagande ». Il rejette comme une insulte lâaccusation de patriotisme de la Bourse, alors quâil reçoit des lettres de soutien « de patriotes qui sont ouvriers aussi [âŠ] Et certes au lieu des travaux, des fatigues, des chagrins de tout genre auxquels nous expose la dĂ©fense dâune cause sainte, il est consolant pour nous dâacquĂ©rir de plus en plus cette conviction : quâil nâen est pas de la reconnaissance des Peuples comme de la reconnaissance des rois »âŠ
On joint 3 L.A.S. par E.X. Poisson de LA CHABEAUSSIĂRE (1811, Ă Stanislas Champein), LAMOTHE-LANGON (1830, Ă M. Sclesinger) et SULLY-PRUDHOMME (1896).
BONAPARTE Joseph (1768 - 1844) frĂšre aĂźnĂ© de NapolĂ©on, Roi de Naples puis dâEspagne.
MANUSCRIT autographe, Mon Brouillon de la lettre sur lâhistoire de M. de Norvins. â RĂ©ponse Ă M. de Norvins, Philadelphie janvier 1829 ; 25 pages in-4
Brouillon dâun article adressĂ© aux rĂ©dacteurs du Courrier des Ătats-Unis pour rĂ©futer les erreurs de lâHistoire de NapolĂ©on du baron de Norvins
Sous couvert de lâanonymat, lâauteur se donne comme lâinterlocuteur privilĂ©giĂ© du comte de Survilliers, ayant consultĂ© des piĂšces originales inĂ©dites⊠Il dĂ©fend notamment le bilan politique et militaire de Joseph en Espagne. On joint une copie avec une nouvelle conclusion, et des corrections, feuillet intercalaire et couverture autographes ; et une autre copie avec qqs corrections et des compliments autographes ; plus le numĂ©ro du 31 janvier 1829 du journal new-yorkais avec qqs notes autographes.
30
BOULEZ Pierre (1925 - 2016).
MANUSCRIT MUSICAL autographe signĂ©, DeuxiĂšme Sonate pour piano (1948) ; 1 feuillet de titre et 23 pages in-fol. PrĂ©cieux manucrit de la DeuxiĂšme Sonate pour piano, Ćuvre majeure de la production du premier Boulez et du rĂ©pertoire pianistique du vingtiĂšme siĂšcle
ComposĂ©e dâoctobre 1947 Ă mai 1948, elle fut créée par Yvette Grimaud Ă lâĂcole Normale de Musique, au Concert des Ă©diteurs, le 29 avril 1950, et publiĂ©e la mĂȘme annĂ©e chez Heugel.
Le manuscrit est tracĂ© avec prĂ©cision Ă lâencre noire sur papier Ă 26 lignes Il est signĂ© et datĂ© en fin : « mai 48 / octobre-novembre 47 fĂ©vrier 48 ». Il porte cette note en tĂȘte : « Remarque gĂ©nĂ©rale : Pour lâinterprĂ©tation des nuances, Ă©viter absolument, surtout dans les tempos lents, ce que lâon convient dâappeler les ânuances expressivesâ ».
La Sonate est divisée en quatre mouvements :
I. ExtrĂȘmement rapide ;
II. Lent ;
III. ModĂ©rĂ©, presque vif (page 15 : 22 mesures biffĂ©es et insertion dâun feuillet avec 9 mesures nouvelles) ;
IV. TrĂšs librement, avec de brusques oppositions de mouvement et de nuance
Citons le beau commentaire de cette DeuxiĂšme Sonate par AndrĂ© Boucourechliev : « Dans cette Ćuvre, le systĂšme dodĂ©caphonique se transforme en une conception sĂ©rielle â beaucoup plus Ă©largie â du langage musical, qui rĂ©git non plus les sons mais les rapports sonores, et fait entrer le rythme, sous une forme extrĂȘmement dĂ©veloppĂ©e et une organisation autonome, dans ses nouvelles structures. Boulez procĂšde ici par cellules rythmiques brĂšves, constituĂ©es en vĂ©ritables thĂšmes rythmiques indĂ©pendants, et dĂ©veloppĂ©es selon des principes mis en valeur et enseignĂ©s par Messiaen : rythmes non rĂ©trogradables, canons rythmiques, transformations, augmentation et diminutions proportionnelles des valeurs, etc. Lâautonomie rythmique des contrepoints dans la Sonate de Boulez (oĂč, comme lâindique le compositeur, toutes les voix sont Ă©galement importantes), lâabolition totale de toute pulsation rĂ©guliĂšre (la barre de mesure nâest plus quâun repĂšre visuel pour lâexĂ©cutant), crĂ©ent un temps musical nouveau, dâune totale discontinuitĂ©, qui exige de la part de lâauditeur une Ă©coute nouvelle car, Ă©videmment, câest tout le contraire dâune Ă©vasion que nous propose lâĆuvre de Boulez ; elle fait appel Ă notre participation, Ă notre propre inquiĂ©tude : alors seulement â et bien plus vite quâil ne semble au premier abord â elle se rĂ©vĂšle, avec ses violences rythmiques discontinues et imprĂ©visibles, Ă©tonnamment proche de nous, de notre sensibilitĂ© dâhommes modernes ».
On a joint les épreuves corrigées (Heugel 1950) tirées en bleu par le graveur Buchardt (48 pages chaque) : la premiÚre épreuve (8 décembre 1949) est surchargée de corrections autographes ; la 2e épreuve porte la commande du tirage (datée 21-2-50).
Plus une L.A.S. de Pierre Boulez (1 p. in-8), avec une page in-4 de corrections autographes pour lâErrata ; plus le feuillet dâĂ©preuve de lâErrata.
Bibliographie : Dominique Jameux, Pierre Boulez (Fayard 1984), p. 298 - 315 (analyse détaillée de la DeuxiÚme Sonate).
Discographie : Maurizio Pollini (Deutsche Grammophon, enr. 1976).
1Â 200 - 1Â 500
30Â 000 - 40Â 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 14 28
100 - 150
31 BRAHMS Johannes (1833 - 1897).
Sonate⊠fĂŒr das Pianoforte, Op. 1, 2 et 5 (Leipzig, [1853 - 1854] ; 3 partitions gravĂ©es ; in-fol. PremiĂšres Ă©ditions des trois Sonates pour piano de Brahms
Sonate (C Dur) fĂŒr das Pianoforte .... Joseph Joachim zugeeignet, Op.1 (Leipzig, Breitkopf & HĂ€rtel, [1853]) ; 31 pages in-fol. (34 x 27 cm), musique gravĂ©e, cotage 8833, couverture originale dâĂ©diteur jaune (brunissure) avec le catalogue des Ćuvres de Beethoven au verso [Hofmann p. 3 ; Hoboken n° 1].
Sonate Fis moll fĂŒr das Pianoforte ... Frau Clara Schumann verehrend zugeeignet, Op.2 (id., [1854]) ; 27 pages in-fol. (32,2 x 26 cm), musique gravĂ©e, cotage 8834, sans la couv., signature du possesseur « Rheinthaler » sur le titre, sous chemise Ă rabats percaline verte, piĂšce de titre sur le plat sup. [Hofmann p. 5 ; Hoboken 2].
Sonate (F moll) fĂŒr das Pianoforte... der Frau GrĂ€fin Ida von Hohenthal gb. GrĂ€fin von Scherr-Thoss zugeiegnetâŠ
Op.5 (Leipzig, Bartholf Senff, [1854]) ; 39 pages in-fol. (32,5 x 26 cm), musique gravĂ©e, cotage n° 101, cartonnage moderne avec couverture dâĂ©diteur impr. collĂ©e sur le plat sup., dos de veau fauve titrĂ© [Hofmann, p. 11 ; Hoboken 5].
On joint : Variationen fĂŒr das Pianoforte ĂŒber ein Thema von Robert Schumann, Frau Clara Schumann zugeeignetâŠ
Op.9 (Leipzig, Breitkopf & HĂ€rtel, [1854]) ; 19 pages in-fol. (33 x 26 cm), musique gravĂ©e, cotage n°9001, couvertures dâĂ©diteur impr. sur papier vert, la couv. sup. (avec la dĂ©dicace Ă Clara Schumann) montĂ©e sur cartonnage de lâĂ©poque Ă dos toilĂ©, la couv. inf. avec le catalogue des « Robert Schumannâs Werke im Verlage von Breitkopf & HĂŠrtel in Leipzig » (quelques notes musicologiques au crayon, lĂ©ger manque dans le coin sup. de la couv.) [Hofmann, p. 21 ; Hoboken 10].
32 BRASSAĂ Gyula Halasz dit (1899 - 1984) photographe.
Tapuscrit signé « Brassaï » avec corrections autographes, Marie, [ca 1948] 47 pages in-4 sous chemise titrée. Le dossier comprend également le tapuscrit corrigé des Nouveaux propos de Marie (5 pages in-4), reprenant certains passages de Marie avec des variantes
On joint lâĂ©dition originale : Histoire de Marie, avec une introduction par Henry Miller (Paris, Ăditions du Point du jour, 1949), in-8, brochĂ©.
33 BRETON André (1896 - 1966).
MANUSCRIT autographe signé « André Breton », Magie quotidienne, avec 2 dessins à la plume, Paris 1955 ;
1Â page in-4 sur papier vert.
Curieux texte, relatant un cas de hasard surréaliste
Ce beau manuscrit, illustré de deux dessins, est déidé à Lise DEHARME : « Pour Lise ». Magie quotidienne a paru dans la revue La Tour Saint Jacques en novembre 1955.
« Lundi 21 fĂ©vrier. â 20 heures. Ă mon retour chez moi, mon chien, Uli, mâaccueille par des transports de joie tout Ă fait inhabituels. [âŠ] câest comme sâil avait Ă mâavertir dâun Ă©vĂ©nement exceptionnellement heureux. » Breton retrouve ensuite dans son courrier une enveloppe qui « contient une plaquette intitulĂ©e Salades, par Robert-Guy, qui porte cette dĂ©dicace : âA M.A.B., en souvenir du chien qui faillit nous rapprocherâ ». Lâavocat Robert- Guy lâavait en effet aidĂ© auprĂšs du gĂ©rant de lâimmeuble pour quâil puisse garder son chien. Le manuscrit est agrĂ©mentĂ© de deux dessins faisant Ă©cho au contenu du texte.
34 BROSSOLETTE Pierre (1903 - 1944) journaliste, homme politique ; héros de la Résistance, il se suicida pour ne pas parler.
L.A.S. « Pierre Brossolette », Royan 27 aoĂ»t 1930, [Ă G. PELLETIER, de lâAgence Ă©conomique de Madagascar] ; 1 page in-8.
TrÚs rare lettre du grand résistant, au début de sa carriÚre journalistique
« Jâai fait beaucoup de copie pour une foule de revues, achevĂ© un bouquin pour POMARET, assurĂ© la permanence rue Oudinot. LâamitiĂ© a souffert de tout cela â et je mâen excuse. LâactivitĂ© âministĂ©rielleâ demeure toujours aussi vague et incoordonnĂ©e. Il âtientâ plus que jamais aux projets qui nous sont chers. Nous savons tout cela. Et ça devient plutĂŽt exaspĂ©rant. Serez-vous Ă Paris au dĂ©but de septembre. Jây passerai, aprĂšs quelques jours de mer (il fait beau par hasard) et avant quelques jours de campagne⊠hĂ©las quasi Ă©lectorale. Je serais heureux de vous voir »âŠ
15 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
800 - 1 000
1Â 000
1Â 200
-
1Â 000 - 1Â 500
1Â 000 - 1Â 200
36
CALDER Alexander (1898 - 1976).
L.A.S. « Alexander Calder », Roxbury 2 novembre 1949, Ă Mr & Mrs. Bressler ; 1 page in-4 Ă son cachet en-tĂȘte (traces dâadhĂ©sif) ; en anglais.
Sur ses mobiles
Il vend souvent ses mobiles lui-mĂȘme en direct, les prix allant de 100 $ pour les petits Ă plusieurs milliers. Il aimerait savoir ce que les Bressler ont dans lâidĂ©e, oĂč ils veulent le placer, la couleur des murs, afin quâil puisse travailler pour eux..
« I often sell my âmobilesâ myself â (direct). Perhaps that is what you would like. Prices range from $ 100 â for very minute affairs â up to several thousands. If you will let me know what you had in mind, i.e., where you wanted to put it, surroundings, etc, color of walls, etc., and, perhaps, what you had thought of spending on it, I will let you know what I would make for you »âŠ
CAMBRONNE Pierre (1770 - 1842) général.
L.A.S. « C A », [Boulogne vers 1804], Ă Augustine CORBISEZ, chez le gĂ©nĂ©ral Joba Ă Nieuport ; 1 page in-fol., adresse au verso avec marque postale Boulogne-sur -Mer (petite dĂ©chirure en tĂȘte par bris de cachet). Magnifique lettre amoureuse et Ă©rotique Ă une maĂźtresse
« Ma chĂšre Augustine Mon amour, on attachement pour toi, sont si grands, que je ne puis mâcmpecher de vouloir ce qui te fait plaisir ». Il approuve donc ce quâelle a « fait faire Ă mon portrait », et elle a bien fait de suivre son caprice : « Ta lettre est si jolie touchant ce vestige que je voudrois tous les jours que tu aies de pareilless occupations et encore en ton lit que de dĂ©licieux moments sont venus se retracer Ă ma mĂ©moire, je te croyois tenir dans mes bras Ă©tant dans les instants delicieux malheureusement passĂ©s ou tes beaux bras me faisoient jouir de si douces Ă©treintes, ma chere si je ne craignois dâĂȘtre traitĂ© de polison comme tu me fis une fois, cette lettre seroit couverte du sperme que je verse tous les jours pour toi et plus particuliĂšrement Ă cette minute oĂč la seule pensĂ©e de ton amour inviolable me le fait rĂ©pandre naturellement. Tu mâavois promis de ne me rien faire cadeau Ă la foire, dâaprĂšs ce que je tâĂ©crivois, tu nâas pas tenu parole, tu mâas donnĂ© un habit neuf et tu ne veux rien recevoir de moi, jâespĂšre que tu reviendras de cette dĂ©cision et que tu me diras que tu acceptes aussi le mien [âŠ] Sais tu que tu agis un peu militairement dans tes actions, tu fais ce que tu veux [âŠ] câest assez montrer ta force et ma foiblesse elle est trop naturelle, mon amie, câest pour une jolie aimable adorable enfin parfaite femme, je nâen rougis donc pas et me trouve trop heureux de pouvoir conserver une aussi chĂšre maĂźtresse que toi Ă ce prix. Je tâembrasse et suis pour la vie non seulement ton constant mais mĂȘme fidĂšle amant ».
37 CAMPAGNE DE RUSSIE.
L.A.S. « Delbois », Moscou 6 octobre 1812, Ă ses parents, « Monsieur Delbois, cultivateur Ă Chamant prĂšs Senlis » ; 2 pages in-4, adresse avec marque postale N°11 Grande ArmĂ©e (quelques dĂ©fauts, mouillure dans la marge inf.). Rare lettre de soldat racontant lâincendie de Moscou
Il Ă©crit Ă ses parents « dâune ville qui a Ă©tĂ© la proie des flammes ; lâincendie de cette ville, belle, riche, la plus vaste & la plus commerçante de lâEurope, nous offrait un spectacle aussi magestueux quâeffrayant. Plusieurs milliers de forçats lachĂ©s par lâennemi, et Ă qui on avait promis le pillage, attendirent que nous fussions tous entrĂ©s dans Moscou, et espĂ©rant nous trouver dans lâivresse & dans la joie, et nous faire pĂ©rir par les flammes, ils mirent le feu Ă plus de vingt endroits ; en un moment un vent impĂ©tueux porta la flamme dans presque tous les faubourgs, et dans une grande partie des quartiers de la ville ; de sorte que les deux tiers dâune citĂ© qui devait faire lâadmiration des voyageurs ont Ă©tĂ© brĂ»lĂ©s. Personne ne fut victime des mauvais desseins de ces scĂ©lĂ©rats, et le mal quâils voulaient nous faire retomba sur leur tĂȘte ; car on en fusille autant quâon en trouve. On aura bien de la peine Ă rĂ©tablir Moscou dans sa premiĂšre beautĂ©, & lâEmpire de Russie fait une perte irrĂ©parable dans la ruine de cette ville qui pouvait passer pour la plus commerçante de lâunivers, puisque toutes les marchandises de lâAsie y abondaient »âŠ
38
CAMUS Albert (1913 - 1960).
L.A.S. « Albert Camus », Le Panelier (Haute-Loire) 6 septembre [1942], à Raymond QUENEAU aux éditions Gallimard ; 1 page oblong in-12 sur carte postale avec adresses au dos. Belle lettre littéraire sur Pierrot mon ami
Il remercie Queneau de son livre, quâil a lu dâun trait avant de le reprendre avec plaisir... « Je crois que vous avez raison de vouloir appeler votre livre un poĂšme. Il fait penser aussi aux compositions admirables des Flamands ou, plus prĂšs de nous, aux mascarades de James Ensor. Vous excellez dans le âfantastique naturelâ : personnages lunaires, foires, belluaires, monstres et fakirs, le tout jetĂ© dans les arrondissements de Paris. Parce quâil y a aussi Paris et sans lui on ne comprendrait pas votre Ćuvre. Je pense ici Ă Odile que jâai beaucoup aimĂ©. Est-ce encore Ă cause de Paris ? Vos livres, malgrĂ© les apparences, ne sont pas gais. Ils racontent presque tous des Ă©checs. Ce sont des fĂ©eries vraies et mĂ©lancoliques »...
1Â 000 - 1Â 500
1500 - 2000
1Â 000 - 1Â 200
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 16
35
800 - 1 000
39 CASSATT Mary (1844 - 1926).
2 L.A.S., [Paris 1911], au critique dâart Achille SEGARD ; 3 et 2 pages in-8 Ă son adresse 10 rue de Marignan (deuil). Au futur auteur de Mary Cassatt, un peintre des enfants et des mĂšres (Ollendorff, 1913).
18 octobre [1911]. Elle le prie dâexcuser son retard Ă lui rĂ©pondre : « La vĂ©ritĂ© est que je suis en ce moment une pauvre femme malade, incapable de mâoccuper de rien. AprĂšs un hiver passĂ© en Egypt jâai eu la grande douleur de perdre le dernier membre de ma famille Ă Paris au printemps dernier [son frĂšre Gardner]. La chose a Ă©tĂ© trop pour moi et je ne commence que maintenant Ă sortir dâune dĂ©pression nerveuse qui mâa enlevĂ© toute force »⊠Elle ne fait que passer Ă Paris pour voir un mĂ©decin, et remet Ă plus tard le plaisir de le voir. « Quant Ă ce que Monsieur DestrĂ©es vous a dit, il y a erreur je ne possĂšde quâun seul de mes tableaux, et je ne crois pas que ce soit parmi les meilleurs. Mess. DURAND-RUEL savent beaucoup mieux que moi oĂč sont mes tableaux, aussi chez M. VOLLARD
6 rue Lafitte il y a des pastels »⊠Elle le charge de rĂ©pondre au souvenir de CLEMENCEAU « JâespĂšre quâil garde toujours sa grande vitalitĂ© et son bel Ă©nergie. Les hommes en AmĂ©rique sâen vont de si bon heur terrassĂ© par la lutte Ă soixante ans. Combien on est plus sage ici »⊠Jeudi. Elle est rentrĂ©e mardi et aura plaisir Ă le voir, en dĂ©but dâaprĂšs-midi, « car je suis obligĂ©e de prendre lâair quand le temps est beau »âŠ
40 CASSATT Mary (1844 - 1926).
L.A.S., Mesnil-Breaufresne par Mesnil-Theribus (Oise) Samedi [automne 1911], au critique dâart Achille SEGARD ; 4 pages in-8 Ă son adresse (petit deuil).
« JâĂ©tais Ă Paris cette semaine pour deux jours, mais je nâaurais pas eu la force de causer art, je suis en convalescence mais câest long et je ne travaille pas encore. Je suis obligĂ©e de vous demander de venir ici puisque je ne puis retourner de suite Ă Paris ». Sa niĂšce, qui va repartir pour lâAmĂ©rique, doit venir la voir⊠« Mon auto est en rĂ©paration mais jâai une petite voiture en location, je serai obligĂ©e de vous demander de venir jusquâĂ Chaumont en Vexin. Je serais heureuse de vous dire de vive voix combien jâadmire votre beau livre sur le SODOMA [Giov. Antonio Bazzi detto Sodoma et la fin de lâĂ©cole de Sienne au XVI e siĂšcle]. Je lâai lue avec un grand plaisir. Quand au livre que vous me dĂ©diez, il me semble que mon bagage artistique est bien lĂ©ger. Il y a bien longtemps que je nâai vue de mes tableaux, on me dit quâil y a deux trĂšs anciennes choses au salon dâAutomne de moi. Comment trouvez-vous ce procĂ©dĂ©e, dâexposer des tableaux dâun peintre sans lui en demander lâautorisation ? »âŠ
41 CĂLINE Louis-Ferdinand (1894 - 1961).
L.A.S. « Destouches », [Prison de Copenhague] Jeudi 1er aoĂ»t 1946, Ă son avocat danois Thorvald MIKKELSEN et Ă SA FEMME Lucette DESTOUCHES ; 2 pages in-4 au crayon sur papier rose Ă en-tĂȘte de la prison KĂžbenhavns
FĂŠngsler, Vestre Foengsel
Belle lettre de prison, en grande partie à sa femme Lucette , publiée dans les Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maßtre Mikkelsen (Gallimard, 1998, n° 103).
« VOLTAIRE caractĂ©rise la France comme une nation âlĂ©gĂšre et dureâ. Rien hĂ©las nâest plus exact » ; il est vain dâattendre une amnistie : « Je nâattends rien de la magnanimitĂ© française ! ». Quant Ă CHARBONNIERE, « ce petit roquet foireux enragĂ© reprĂ©sente ma pauvre Patrie »âŠ
Ă sa femme : il ne faut plus compter sur une libĂ©ration prochaine, il en a pour des annĂ©es : « Lâimpatience est le vinaigre des supplices ». Il est vain dâattendre de lâaide de BIDAULT, « un pauvre petit merdeux Ă©clos dans la mascarade de la rĂ©sistance oĂč tout petit merdeux capable de dĂ©valiser un bureau de tabac sâest pris pour un nouveau Clemenceau », de TEITGEN et autres nabots, « poux de catastrophe ». Il fait des recommandations pour lâhiver Ă Lucette, et pour le chat BĂBERT. Il regrette : « Jâai manquĂ© de rĂ©flexe, de vivacitĂ©, dâinstinct de conservation. [âŠ] Plus Ă©veillĂ© je filais en Espagne 1 an plus tĂŽt et tout Ă©tait dit. [âŠ] Ce sont les vieux sangliers qui tombent les premiers Ă la chasse ».
42 CĂLINE Louis-Ferdinand (1894 - 1961).
L.A.S. « LFC », [KĂžrsĂžr] Le 31 [dĂ©cembre 1947], Ă son ami Georges GEOFFROY ; 3 pages in-fol., enveloppe. Il lui souhaite une bonne annĂ©e, et lâencourage Ă venir le voir... « je te vois encore bien mĂ©lancolique avec ton HĂ©lĂšne ! Et foutre elle rigole bien, baise bien, bouffe bien. Elle te mĂ©nage pardi dans le cas oĂč⊠Si tu es assez cave pour te laisser mettre au placard, en pot de confiture Ă©ventuel ! » Quâil fasse comme Popol [Gen-Paul] qui « jouit seconde par seconde. Fais en autant bordel ! Demain quand [les] Chinois seront Place de la Concorde, ce nâest pas le souvenir dâHĂ©lĂšne qui te rattrapera le moment perdu ! [âŠ] quand on est condamnĂ© Ă mort on va tout de suite Ă lâessentiel on ne le quitte plus. 4 ans de misĂšre infecte de supplice sans nom vous ĂŽtent le goĂ»t des vains chichis. [âŠ] Lâhomme libre est celui qui a de lâargent en poche. Alors la vie, les filles, la libertĂ©, lâamour, et nom de Dieu la jeunesse ! »...
17 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1 200 - 1 500
1Â 000 - 1Â 500
1Â 000 - 1Â 500
800 - 1 000
43 CĂLINE Louis-Ferdinand (1894 - 1961).
L.A.S. « LF CĂ©line », Meudon 28 juin [1957], Ă Pascal PIA ; 3 pages in-4 Ă son cachet en-tĂȘte, enveloppe. Il a pris connaissance de son article dans Carrefour [Ă propos de son roman Dâun ChĂąteau lâautre] et est trĂšs heureux « dâĂȘtre si bien compris et si justement commentĂ© [âŠ] Que les autres critiques en prennent de la graine ! avant que jâexpire !... et eux aussi !... Petit dĂ©tail⊠si je suis encore Ă peu prĂšs en vie et capable de vous remercier câest que jâai quittĂ© la France en AoĂ»t 44⊠oĂč pouvais-je aller ?... en Espagne ? CâĂ©tait signer ma condamnation⊠restait le Danemark neutre oĂč jâavais dĂ©posĂ© tous mes droits dâauteurs, qui nous servirent Ă vivre moi et ma femme, en prison et hors prison, pendant sept ans⊠Mais le Danemark via lâAllemagne, pas dâautres chemins !... Il faut se reporter aux Ă©poques et aux faits, pour se mettre Ă ma place⊠En France je nâaurais mĂȘme pas vu la Cour de Justice, jâĂ©tais Ă©charpĂ© bien avant dâĂȘtre jugĂ© ! Ă mesure que les annĂ©es passent tout devient conforme Ă une certaine vĂ©ritĂ© âconvenableâ et complĂštement dĂ©raillĂ©eâŠabracadabrant⊠»⊠Il termine en lâinvitant Ă venir le voir : « en deux mots, vous en saurez plus que cent Ă©quipes de jaseurs Ă vide »âŠ
44 CHAMFORT Sébastien Roch Nicolas de (1740 - 1794) écrivain et moraliste.
L.A.S. « de Chamfort », Paris 16 septembre [1770, Ă Jean-François de LA HARPE] ; 3 pages et demie in-4. Il se dit inconsolable de nâavoir pu lui rĂ©pondre plus tĂŽt, mais une fiĂšvre lâa forcĂ© Ă prolonger son sĂ©jour Ă la campagne... Son ami connaissait les raisons qui lâont « privĂ© du plaisir de passer quelque tems auprĂšs de vous et de M e de Marnesia », mais le silence lui faisait craindre dâavoir perdu sa si prĂ©cieuse amitiĂ© : « Je suis charmĂ© [âŠ] dâĂȘtre rassurĂ© par vous mĂȘme et jâattribue tout Ă cette mauvaise goute dont vous parlez ». Il serait ravi « si je pouvois me dedomager cet hyver du tems perdu », mais il est retenu Ă Paris par sa santĂ© et toutes sortes dâengagements, dont sa comĂ©die Le Marchand de Smyrne « qui sera peut-ĂȘtre jouĂ© cet hyver, une autre bagatelle qui le sera Ă la cour au commencement de novembre, une tragĂ©die qui doit ĂȘtre prĂȘte au printems prochain, voila plus de besogne quâil nâen faut Ă une tĂȘte et Ă une santĂ© comme la mienne. Ainsi Monsieur je suis obligĂ© de remettre Ă un autre tems le projet dâaller partager votre solitude »⊠Il est enchantĂ© de le voir songer Ă un Ăloge de FĂ©nelon : « Ce sujet vous convient de toutes les maniĂšres et son Ăąme est digne dâĂȘtre louĂ©e par la votre. Des occupations dâun autre genre mâempĂȘcheront dâĂȘtre votre concurrent et mes vĆux sont sans rĂ©serve pour lâamitiĂ© »âŠ
45 CHATEAUBRIAND François-René de (1768 - 1848).
L.A., Lausanne 26 juin 1826, à son amie la duchesse de DURAS ; 2 pages et quart in-4. Lettre évoquant la censure et la publication du Dernier Abencérage
Il annonce leur retour Ă Paris; Mme de Chateaubriand va bien et lâinfirmerie la rappelle. « Moi, jâai mis au net la plus difficile besogne et je souffre tant que ces deux raisons me dĂ©terminent Ă abrĂ©ger. Enfin, imaginez que dans cette rĂ©publique on vient dâĂ©tablir la censure. Je fuis cette peste au risque de la retrouver Ă Paris ». Il va faire un bref voyage Ă GenĂšve, avant de revenir pour une douzaine de jours Ă Lausanne, et de rentrer Ă Paris. « Je ne sais rien de ce monde, ni de la politique aprĂšs la session, ni mĂȘme de mon Ă©dition et du destin dâAben-Hamet. Je nâĂ©cris Ă personne, personne ne mâĂ©crit, et je serois dans le repos le plus complet si vous nâĂ©tiez pas malade, si je ne travaillois pas trop et si je nâĂ©tois pas boĂźteux. Jâai dormi la nuit derniĂšre quatre heures pour la premiĂšre fois depuis trois semaines : je plains bien Ă prĂ©sent les insomnies du pauvre Frisel. Je vais voir Ă GenĂšve une autre malade M de de CUSTINE. Elle me fait grandâpitiĂ©. Astolphe est venu me voir. [...] Que devenez-vous ? Restez-vous dans votre forĂȘt ? Allez-vous Ă la mer ? Enfin avant un mois je vous verrai. Dieu soit louĂ© de tout ».
46 CHRISTINE DE SUĂDE (1626 - 1689) Reine de SuĂšde.
L.A. (minute), [Rome 1669 ?], Ă Franz Egon von FĂRSTENBERG, Ă©vĂȘque de Strasbourg ; 4 pages in-4 avec ratures et corrections.
Belle lettre dâexil Ă Rome sur sa situation financiĂšre difficile, et ses relations avec la Cour de France au sujet de lâargent promis lors de son abdication
Elle remercie lâĂ©vĂȘque de sa lettre pour la nouvelle annĂ©e, « vous priant de croire que ces marques de vostre amitie ont este agreablement receus de moy et je veux bien aussi vous asseurer quâon ne vous a pas trompĂ© en vous persuadant que je suis sincerement vostre amye a vous et a Mr le Prince vostre frere ». Elle le remercie de son offre « de me servir a la cour de France », et lui expose « lestat des choses »âŠ
« Il y a longtemps quâon me doit un reste de subsides des gens passes dâAllemange que je me suis reserve a mon Abdication », et quâelle a sollicitĂ© Ă la Cour de France « en personne lorsque jây estoy. Lon me promit de me satisfaire et on me paya mesme quelque peu dargent que je receus a ce conte differant le reste a un temps plus comode », quâelle nâa pas rĂ©clamĂ©. « Mais les malheurs du temps et la perte de tous ce que possedois en Suede et en Allemange mont forcĂ© de remettre sur le tapis cette ancienne pretension, qui est lunique ressource qui me reste dans lestat present [âŠ] Cest pourquoy jescrivis sur ce sujet en France pour tacher den tirer quelque chose ou du capital ou de linterest ». Le cardinal dâESTE a Ă©tĂ© chargĂ© de lui porter la rĂ©ponse, oĂč elle comprit « quon nestoit pas dispose a me rendre justice la dessus a present, et je ne men estonnoy pas trop sachant tres bien que je ne suis pas la seulle au monde a qui largent manque »⊠Le cardinal dâEste est retournĂ© en France, et elle attend son retour avec espoir⊠« Vous ne me persuaderez pas aysement que les dispositions de la Cour de France se treuvent favorables pour moy car je say les bons offices quon my rendt touts les jours dycy qui ne manqueront pas de produire leurs effets ordinaires comme ils les ont produits autrefois. Par bonheur je me suis accoustume depuis que jay lage de la rayson a me passer de tout ce qui nest pas Dieu, ainsi vous voyez que je nauray pas de poine a me consoler de tous les malheurs qui marrive »âŠ
1Â 000 - 1Â 500
1Â 000 - 1Â 200
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 18
1 500 - 2 000
2 500 - 3 000
47 COCTEAU Jean (1889 - 1963).
6 POĂMES autographes, dont 3 signĂ©s ; 12 pages in-4 et 1 page in-fol. Bel ensemble de poĂšmes de jeunesse, la plupart inĂ©dits
La Trahison, 6 quatrains (2 ff.) : « A seize ans on n âa pas une attache profonde »âŠ
Petite chanson plaisante pour la dame inconnue, 8 quatrains, signé « Jean Cocteau » (3 ff. sur papier bleu) :
« Nul prestige ne te dĂ©core / (Et sur quel sol ? Et sous quel toit ?) »âŠ
Ăloge d âune tranche de pastĂšque, 4 quatrains, signĂ© (3 ff.), publ. dans les « PoĂšmes de jeunesse inĂ©dits », Ćuvres poĂ©tiques complĂštes, Bibl. de la PlĂ©iade, p. 1522) : « Verte gondole oĂč gĂšle et vogue un sorbet au palais de Doges »âŠ
« Pourtant ce n âest plus lâĂąge oĂč je devais bientĂŽt / Sentir couler en moi l âadolescence Ă©mue »âŠ. 6 quatrains (1 p. in-fol.), signĂ© « JC ».
« Peut-ĂȘtre un grand vapeur qui fait escale aux rives / MĂšnera-t-il un jour mon tumulte enfin las »âŠ., sonnet signĂ© « JC » (1 p.).
« Tu seras sur ma bouche et contre mon oreille »âŠ, , 7 quatrains, signĂ© « JC » (3 ff.).
48 COLETTE (1873 - 1954).
L.A.S. « Colette et Maurice », La Treille Muscate, Ă Misz MARCHAND ; 2 pages in-4 sur papier bleu Ă en-tĂȘte de La Treille Muscate
« Ma-Misz, le beau temps, la mer tiĂšde ne mâempĂȘchent pas de regretter CostaĂ©rĂšs et mes LĂ©o. [...] Jâai dĂ©jĂ accompli mille travaux, trouvĂ© une grenouille verte adorable dans mon fauteuil et sauvĂ© un beau lĂ©zard tombĂ© dans un petit bassin. Il levait les bras pour appeler au secours ! Je suis arrivĂ©e Ă temps. La couleuvre de la cuisine sâest Ă©tablie dans le garage. Beaucoup dâoiseaux, Ă cause de la sĂ©cheresse environnante. Et des fleurs. Et tout. Tout, mais pas mes LĂ©o »âŠ
49 COURTELINE Georges (1858 - 1929).
MANUSCRIT autographe signé « Georges Courteline », Un mec ; 12 pages in-8 ou in-12..
Amusant conte, oĂč Courteline, apprenant que son ami dâenfance Lagrillade est devenu maquereau, Ă©voque ses annĂ©es de collĂšge, le projet de son livre Les Leçons de la Vie, puis trace avec humour les 4 types dâ« Incorrects » : le Poseur de lapins, le Gigolo, le Gigolo appointĂ© et le Mec proprement dit... Le manuscrit, de lâĂ©criture du jeune Courteline, prĂ©sente des ratures et corrections. Il a Ă©tĂ© dĂ©coupĂ© pour lâimpression, et remontĂ©.
Ancienne collection Daniel SICKLES (XIII, 5253).
50 DAUDET Alphonse (1840 - 1897).
MANUSCRIT en partie autographe, Bompard et Tartarin, aventures de deux alpinistes, [ Tartarin sur les Alpes, 1884] ; 239 feuillets petit in-4 (21,5 x 17 cm), foliotés 1 à 241 (83-84 et 93-94 sur un feuillet) ; reliure maroquin bleu nuit, dos à nerfs, doublure de maroquin havane, encadrement de feuillages mosaïqués de maroquin vert et rouge, gardes de faille havane, doubles gardes de papier jaspé, étui.
Manuscrit complet du roman Tartarin sur les Alpes
Suite des aventures de Tartarin de Tarascon, le roman raconte le nouvel exploit du chasseur de fauves, parti Ă lâassaut des sommets alpins, la Jungfrau et le Mont BlancâŠ
Le manuscrit porte le titre primitif : Bompard et Tartarin, aventures de deux alpinistes. Seul le premier chapitre est autographe (16 feuillets) est autographe. Le reste du manuscrit est de la main de son secrĂ©taire Jules Ebner, Ă qui Daudet dictait, et porte de nombreuses corrections autographes de Daudet. Le manuscrit est rĂ©digĂ© Ă lâencre brune au recto des feuillets ; il prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections ; il a servi pour lâimpression de lâĂ©dition originale, publiĂ©e sous le titre Tartarin sur les Alpes. Nouveaux exploits du hĂ©ros tarasconnais (Calmann-LĂ©vy, « Collection Guillaume », 1885), et porte des indications du typographe au crayon bleu. Il est divisĂ© en 14 chapitres, le dernier, XIV, intitulĂ© Ăpilogue
On a reliĂ© en tĂȘte : â un portrait de Daudet gravĂ© par Adrien Nargeot ; â 2 L.A.S. dâAlphonse Daudet Ă lâĂ©diteur Ădouard Guillaume : Champrosay 25 juillet 1884 (1 p.in-8) : « DĂ©cidĂ©ment votre offre me sĂ©duit et je suis prĂȘt Ă mâengager avec vous et vos associĂ©s pour un roman inĂ©dit Ă illustrer. Comme vous avez plus la pratique des affaires que moi, veuillez faire un traitĂ© que nous lirons et dĂ©battrons ensemble. Mes conditions sont celles-ci : une prime de 25.000 francs me sera payĂ©e quand je livrerai la premiĂšre moitiĂ© de mon manuscrit. Je toucherai 3 fr. 50 par exemplaire sur le volume Ă 20 francs [...] Titre provisoire : Bompard et Tartarin, ou le Voyage en Suisse »⊠10 mars 1885 (1 p. in-12) : « Tartarin est Ă Interlaken, il veut aller Ă Montreux. Quel chemin de fer prend-il, par oĂč passe-t-il pour arriver vite ? » â Un reçu autographe signĂ© de Daudet, Paris 30 dĂ©cembre 1885 : « Reçu de MM.Guillaume la somme de vingt mille francs »âŠ
Provenance : Alain de Suzannet (ex-libris armoriĂ© ; vente 1936, n° 44) ; Pierre GuĂ©rin (ex libris) ; Du Bourg de Bozas Chaix dâEst Ange (ex-libris armoriĂ©, vente 27-28 juin 1990, n° 170).
1Â 000 - 1Â 500
19 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
800
600 -
1Â 000 - 1Â 200
4 000 - 5 000
51 DICKENS Charles (1812 - 1870).
L.A.S. « Charles Dickens », [Londres] « 48 Doughty Street » mercredi matin [1837 ?], Ă William B. ARCHER Esquire ; 4 pages in-8 (lĂ©gĂšres traces dâencadrement) ; en anglais. Belle lettre de conseils littĂ©raires, et sur la prĂ©sence des morts bien-aimĂ©s dans les pensĂ©es et les rĂȘves des vivants
Il a lu avec plaisir et intĂ©rĂȘt le rĂ©cit dâArcher, et lui fait des suggestions, notamment de fortement condenser la scĂšne dâouverture avec le prĂȘtre, et mĂȘme de supprimer complĂštement la visite au chĂąteau, en ajoutant quelques mots sur les rapports que nos esprits entretiennent couramment avec ceux des morts bien-aimĂ©s dans des pensĂ©es Ă©veillĂ©es et dans des rĂȘves dans lesquels nous les voyons (les sachant ne plus ĂȘtre de ce monde) sans crainte ni douleurâŠ. [Ă cette pĂ©riode, Dickens est hantĂ© par le fantĂŽme de sa belle-sĆur, Mary Hogarth (dĂ©cĂ©dĂ©e le 7 mai 1837), dont on trouvera la trace peu aprĂšs dans Nicholas Nickleby.]
« I would condense â greatly condense â the opening scene with the priest [âŠ] But to my mind you would make the tale a much better one if you wholly omitted the visit of the Priest and yourself to the castle, [âŠ] adding a few words to the effect that our spirits commonly hold intercourse with those of the beloved dead in waking thoughts and dreams in which we see them (knowing them to be no longer of this world) without fear or pain, tender might come to the story. I would materially shorten the commencement of the story itself, and I would describe a little more forcibly the Heros holdness when he sees the shade and mokes after it [âŠ] I reserve my final suggestion for a fresh paragraph, because it is a sweeping one. I beg you to understand that I leave it entirely to yourself, and if you prefer the paper in its present and that if there be any case in which strong and blameless sympathy could be supposed to bring the dead and living together, it would be such a case as you describe »âŠ
52 DIVERS
Environ 95 lettres ou piĂšces, la plupart L.A.S. dâhommes politiques ou militaires.
Joseph BarthĂ©lemy, Louis Barthou, R. BĂ©renger, V. de Broglie, F. Buisson, Ămile Combes, Ad. CrĂ©mieux, Ălie duc Decazes (1884), Th. DelcassĂ©, Paul Deschanel, Eug. Ătienne, Fabvier (Ă Gourgaud), C. de Freycinet, Galliffet, Yves Guyot, Ed. Herriot, Anatole de La Forge, amiral Mornet, g al NĂ©grier, Paul PainlevĂ©, Louis Passy, G. Payelle, R. PoincarĂ©, Antonin Proust, Th. Ribot, g al Rolin, LĂ©on Say (4), Jules Simon, Ădouard Vaillant, m al Vaillant, RenĂ© Viviani, R. Waldeck-Rousseau, etc.
Plus un registre de signatures pendant la maladie dâĂlie Le Royer et lors son dĂ©cĂšs (1897).
53 EINSTEIN Albert (1879 - 1955).
L.S. « Albert Einstein », Le Coq que mer 14 juillet 1933, Ă Ădouard GUILLAUME ; 1 page in-4 dactylographiĂ©e (traduction anglaise jointe).
Il soutient chaudement lâinitiative de Lisa Einstein pour obtenit la permission dâun Ă©jour en Angleterre. Lisa Einstein est la fille dâun des meilleurs docteurs de Stuttgart. Elle a Ă©tudiĂ© la mĂ©decine pendant deux ans mais est forcĂ©e, Ă Â cause des mesures contre les juifs allemands (« durh die gegen die deutschen Juden gerichteten Massnahmen ») dâabandonner ses Ă©tudes. Elle souhaite devenir infirmiĂšre, carriĂšre qui lui est Ă©galement interdite en Allemagne Ă Â la suite des nouveaux rĂ©glements. Le Guys Hospital de Londres serait prĂȘt Ă lâaccueillirâŠ
54
EINSTEIN Albert (1879 - 1955).
L.A.S. « Albert », [Berlin] 27 mars 1931, à Mileva EINSTEIN-MARIC ; 1 page in-4 ; en allemand. à sa premiÚre femme
Il est, Dieu merci, de retour du tourbillon des Ătats-Unis (« Wieder zurĂŒck von dem Strudel von Amerika â gottseidank »). Il y a cherchĂ© en vain les cactus demandĂ©s par Mileva ; mais il a appris que des cactus rares sont Ă©levĂ©s par une pĂ©piniĂšre dâErfurt.
Il aimerait contribuer financiĂšrement au dĂ©mĂ©nagement de son fils Albert, mais prĂ©fĂšre confier lâargent Ă Mileva, ayant toute confiance en ses capacitĂ©s financiĂšres (« weil ich zu Deinen wirtschaftlichen FĂ€higkeiten besonderes Vertrauen habe »).
Il profite de la tranquillitĂ© (relative !) de Berlin et travaille dâarrache-pied sur lâespace Ă structure parallĂšle : « Ich arbeite fest und geniesse die (relative !) Ruhe von Berlin. Es geht immer noch um den Raum mit Parallelstruktur ».
Il est trĂšs content des messages quâil a reçus de Tetel (Eduard son second fils), dont Toni lui a parlĂ© avec beaucoup dâenthousiasmeâŠ
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 20
1 200 - 1 500
200 - 300
1Â 000 - 1Â 200
2Â 000 - 2Â 500
55 EINSTEIN Albert (1879 - 1955).
L.A.S. « A.E. », 11 mai 1950, Ă Ernst Gabor STRAUS ; 2 pages in-4 trĂšs remplies dâune Ă©criture serrĂ©e ; en allemand. Belle lettre scientifique sur la question de la compatibilitĂ© dans la thĂ©orie de la relativitĂ©, avec calculs, Ă©quations et tableau
[Ernst Gabor STRAUS (1922 - 1983), nĂ© Ă Munich, avait fui les persĂ©cutions nazies et fait ses Ă©tudes de mathĂ©matiques en Palestine Ă lâuniversitĂ© de JĂ©rusalem, puis aux Ătats-Unis ; en 1944, devenu lâassistant dâEinstein Ă lâInstitute of Advanced Study de Princeton, il apporta comme mathĂ©maticien une aide importante au physicien, Straus formulant un cadre mathĂ©matique pour les concepts dâEinstein. Ils cosignĂšrent trois communications et remirent Ă jour ensemble de nombreuses publications anciennes dâEinstein. Câest pendant leur collaboration que fut conçue une idĂ©e nouvelle dans la recherche dâune thĂ©orie du champ unifiĂ©, quâils appelĂšrent « ThĂ©orie complexe ». La ThĂ©orie complexe se distinguait dâapproches antĂ©rieures, par lâutilisation dâun tenseur mĂ©trique Ă valeurs complexes plutĂŽt que le tenseur rĂ©el de relativitĂ© gĂ©nĂ©rale. Des communications furent Ă©bauchĂ©es, rejetĂ©es ou retravaillĂ©es et publiĂ©es. En 1948, Straus partit comme professeur Ă UCLA, mais les Ă©changes scientifiques entre les deux savants continuĂšrent, sur la ThĂ©orie.]
Correspondre est une chose fastidieuse. Mais comme il sâagit dâune question intĂ©ressante, Einstein aimerait quâils parviennent Ă un accord total. Il ne trouve pas lâobjection de Straus justifiĂ©e, et maintient que son calcul est correct. Il reprend diverses Ă©quations, dans le cas de la gravitation pure, et dresse une liste dâĂ©quations dâintersection⊠Cependant, le nombre dâĂ©quations dans chaque ligne est limitĂ© par les identitĂ©s de Bianchi. Et câest sur ce point quâils ne sont pas dâaccord, notamment au sujet des g ik. Plus loin, Eistein dresse un tableau donnant le schĂ©ma des Ă©quations F, S et BianchiâŠCe qui reste sans rĂ©ponse dans cette considĂ©ration est la question du nombre de fonctions librement sĂ©lectionnables de moins de 3 variables. Mais cela nâa pas dâimportance pour juger de la multiplicitĂ© des solutions. Puis il est gĂȘnĂ© par un paradoxe qui ne le laisse pas en paix : le paradoxe rĂ©side dans le fait que le choix particulier des coordonnĂ©es requis pour la dĂ©rivation sâĂ©vapore en moyenne, car on arrive Ă un systĂšme dans lequel il nây a pas de choix spĂ©cial de coordonnĂ©es. Il serait bien entendu plus satisfaisant si lâon pouvait trouver un Ă©tat de surface indĂ©pendant dâune spĂ©cialisation des coordonnĂ©esâŠ
« Es ist eine langwierige Sache, das Korrespondieren. Da es sich aber um eine interessante Frage handelt, sollten wir es zu einer vollen Einigung bringen. Also muss ich sagen, dass ich Ihren Einwand nicht gerechtfertigt finde, sondern immer noch daran festhalte, dass meine AbzĂ€hlung richtig ist. Worin wir ĂŒbereinstimmen, ist folgendes. (zunĂ€chst im Falle der reinen Gravitation) Die Gleichungen Rik = 0 können nicht nach gik 144 aufgelöst werden. Sonst waren alle gik,144, gik,444 etc. in einem Schnitte aus den gik und gik,4 (als gegebene Funktionen der x, x 2 x 3) berechnet worden, was nicht mit der Freiheit der Koordinatenwahl (ausserhalb des Schnittes) vereinbar wĂ€re. Die Gleichungen können also gespalten werden in vier F = 0 und sechs S = 0
wobei F die gik,44 nicht enthĂ€lt (sondern nur die gik,4, etc), wĂ€hrend S auch die gik,44 (linear) enthĂ€lt. [âŠ] Dies lĂ€sst sich zwar in einem Punkte durch die Koordinatenwahl gik = nik erreichen, aber nicht fĂŒr ein endliches Gebiet der FlĂ€che x4 = konst, Das oben angegebene Argument fĂŒr diese Spaltbarkeit von Rik im F und S ist aber von jeglicher speziellen Darstellung unabhĂ€ngig.
Die Schnittgleichungen sind also zunÀchst. [tableau]
Die Zahl der Gleichungen in den einzelnen Zeilen wird aber durch die Bianchi-IdentitĂ€ten eingeschrĂ€nkt. Hier ist nun der Punkt, in dem wir nicht ĂŒbereinstimmen. Sie sagen nĂ€mlich, dass die Bianchi-Id. die gik,444 nicht enthalten. Dies ist zwar richtig fĂŒr eine Normierung gik =nik. Eine solche Normierung ist aber fĂŒr eine endliche Ausdehnung der SchnittflĂ€che nicht erzielbar ; deshalb ist die Behauptung nicht zutreffend, dass in den Bianchi-IdentitĂ€ten die gik,444 nicht auftreten. Die vier Bianchi-IdentitĂ€ten treten deshalb erst in der vierten Zeile auf. In diesen Zeile gibt es 4+6-4 also 6 unabhĂ€ngige Gleichungen fĂŒr die gik,444. FĂŒr die dritte Zeile gibt es keine Bianchi-IdentitĂ€t. Die 4+6 Gleichungen sind also voneinander unabhĂ€ngig. [âŠ]
In der dritte Zeile hat man dann 4 Bedingungen zu viel fĂŒr die gik,44. Durch Elimination (unter Verwendung von Differentiation nach x, x2 x3) entstehen vier weitere Gleichungen die gik, 4.
Vor der Koordinatenwahl hat man also fĂŒr die Gleichungen der Schema [tableau F/S/Bianchi].
Die Zeilen liefern also 0,4,10,6,6⊠Gleichungen also 10,6,0,4,4⊠frei bleibende Grössen. Nach vollstÀndiger Koordinatenwahl 6,2,-4,0,0 frei bleibende Grössen, im Ganzen also 4.
Was bei dieser Betrachtung unbeantwortet bleibt, ist die Frage nach der Zahl der frei wĂ€hlbaren Funktionen von weniger als 3 Variabeln. Dies ist aber unwichtig fĂŒr das Beurteilen der Mannigfaltigkeit der Lösungen. [âŠ]
Es ist aber hierbei eine Paradoxie, dir mir keine Ruhe lĂ€sst. Ich adjungiere zu dem Gleich. System (Ia) die KoordinatenBedingungen [âŠ]
Um nun von hier zum System I zu gelangen, hat man nur die einzige FlĂ€chenbedingung in der ernsten Zeile zu erfĂŒllen [âŠ]
Dadurch vermindert sich ja die Zahl der freien Funktionen von 3 Variabeln nur um 1. Das Paradoxe aber liegt darin, dass die fĂŒr die Ableitung erforderliche besondere Koordinatenwahl durch das HinzufĂŒgen von M4=0 im Schnitt sozusagen âverdampftâ, indem man zu einem System gelangt, in dem es keine besondere Koordinatenwahl M1=M2=M3=0 gibt. Es wĂ€re natĂŒrlich befriedigender, wenn man eine FlĂ€chenbedingung unabhĂ€ngig von einer Spezialisierung der Koordinaten finden könnte, die den Ăbergang von (Ia) zu (I) leistet »âŠ
21 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
10 000 - 15 000
56 ĂLUARD Paul (1895 - 1952).
POĂME autographe signĂ© « Paul Eluard », Les amis II, 1937 ; 1 page in-4.
PoĂšme en prose recueilli en 1947 dans Le Livre ouvert. Ăluard a inscrit la date sous sa signature : « chez RenĂ© Char le 19-1-37 ». Le manuscrit, sur papier jaune, prĂ©sente des ratures et corrections.
« Entre la porte et le sommeil de ceux qui, tout Ă lâheure, ne voulaient pas dormir »âŠ
On joint une L.A.S. de RenĂ© CHAR , Cannet 29 mars 1937, Ă IrĂšne HAMOIR et Ă son mari Jean SCUTENAIRE (1 page in-8), leur envoyant le poĂšme dâEluard : « Toujours Ă deux pas de la mer, mais le âprintempsâ a tendance Ă faire lever de multiples hypothĂšques. [âŠ] Et voici pour prĂ©texter le sommeil un petit poĂšme [âŠ] avec toute mon amitiĂ© â elle plus grande et meilleure que lui ».
57 ĂLUARD Paul (1895 - 1952).
POĂME autographe signĂ© « Paul Eluard », Critique de la poĂ©sie, [1944] ; 1 page et demie in-4 sur papier Ă bordure dĂ©corative gaufrĂ©e dorĂ©e et M dorĂ©.
TrÚs beau poÚme en hommage aux poÚtes martyrs, qui conclut le recueil Le lit la table, publié en Suisse au début de 1944 ; il a été également publié dans Poésie 44 (n° 20).
Ăluard y Ă©voque les morts de Garcia LORCA, de SAINT-POL ROUX (et le supplice de sa fille Divine), et de Jacques DECOUR.
Le poĂšme, de 25 vers, est soigneusement Ă©crit Ă lâencre noire sur ce joli papier dĂ©corĂ©.
« Le feu rĂ©veille la forĂȘt
Les troncs les cĆurs les mains les feuilles
Le bonheur en un seul bouquet
Confus léger fondant sucré
Câest toute une forĂȘt dâamis
Qui sâassemble aux fontaines vertes
Du bon soleil du bois flambant
FABRE DâĂGLANTINE François-Nazare (1750 - guillotinĂ© 1794) acteur, poĂšte et auteur dramatique ; conventionnel (Paris), il prĂ©para le calendrier rĂ©publicain.
MANUSCRIT autographe (fragments) ; 12 pages petit in-4.
Ăloge de MARAT, aprĂšs son assassinat (14 juillet 1793).
Fabre fait valoir toutes les qualités de son collÚgue : sa bonhomie, sa simplicité, son amour du vrai, sa pudeur...
Il parlait Ă la tribune de façon prĂ©cise et lumineuse, frappant ses adversaires par sa sagesse. Mais alors « son amour pour la justice et pour la vĂ©ritĂ© lui fesait illusion, il en croyait toute lâassemblĂ©e pĂ©nĂ©trĂ©e comme lui, il se figurait lâoccasion excellente pour faire triompher la patrie et le voilĂ soudain qui remontant Ă la tribune venait avec confiance prĂ©senter ses moyens dâutilitĂ©, et de regime politique », et lâapparente exagĂ©ration de ses propos stupĂ©fiait ses auditeurs... Ses adversaires apprirent Ă se servir de sa franchise abondante et impĂ©tueuse... Par ailleurs, Marat Ă©tait naĂŻf, sensible et faible, donc crĂ©dule, ce qui ne lâempĂȘcha pas de prĂ©tendre au machiavĂ©lisme... Homme de gĂ©nie, dâesprit, dâĂ©rudition et de goĂ»t, il avait de grandes vertus, quelques dĂ©fauts, point de vices. « Il fut patriote excellent, rĂ©volutionnaire intrĂ©pide. Sâil est arrivĂ© quelque mal par lui, la faute en est Ă ses ennemis et aux traĂźtres, nul nâa voulu plus que lui le salut et la prospĂ©ritĂ© de la patrie, peu lui ont rendu de plus grands services. [...] Marat a bien mĂ©ritĂ© de la patrie et la postĂ©ritĂ© se souviendra religieusement de lui partout ou lâamour de la libertĂ© sera une passion »...
On joint deux autres pages autographes, oĂč Fabre parle avec admiration dâune accusĂ©e digne et fiĂšre, et rappelle les deux vertus essentielles du peuple : la pitiĂ© et la pudeur de conscience.
1Â 800 - 2Â 000
1Â 000 -
1Â 500
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 22
1Â 000 - 1Â 500
Garcia Lorca a été mis à mort »⊠58
59 FEYDEAU Ernest (1821 - 1873).
MANUSCRIT autographe, [La Comtesse de Chalis, ou les MĆurs du jour], 1867 ; 160 pages in-fol montĂ©es sur onglets, reliure de lâĂ©poque maroquin jansĂ©niste rouge, dos Ă 6 nerfs, dentelle intĂ©rieure (Belz-NiĂ©drĂ©e ; reliure un peu frottĂ©e).
Manuscrit de travail complet de ce roman
Ce roman Ă grand succĂšs fut donnĂ© en prime, en novembre 1867, par le journal La LibertĂ©, puis publiĂ© en dĂ©cembre en librairie par Michel LĂ©vy frĂšres. Le 13 dĂ©cembre, Flaubert fĂ©licite ainsi Feydeau : « Je suis enchantĂ©. [âŠ] Câest leste et bien fait et amusant et vrai. Par ci par lĂ des mots exquis. La comtesse de ChĂąlis mâexcite dĂ©mesurĂ©ment, moi qui ai comme elle âla plus inconcevable des dĂ©pravationsâ. Ce qui me plaĂźt lĂ -dedans, câest le sentiment de la ModernitĂ© ». Et le 15 dĂ©cembre, il Ă©crit Ă son ami Duplan : « lâartiste Feydeau a un vrai succĂšs avec La Comtesse de ChĂąlis ».
De lâaveu de lâauteur, La Comtesse de ChĂąlis fit « un bruit du diable ainsi que de beaucoup dâautres choses », car on croyait y reconnaĂźtre beaucoup de personnages de la haute sociĂ©tĂ© contemporaine. Ce rĂ©cit Ă la premiĂšre personne raconte lâaventure de Charles KĂ©rouan, fils dâune excellente famille, qui devient professeur dâhistoire. Il rencontre la comtesse de ChĂąlis avec son amant le prince Titiane. La comtesse le charge de rĂ©cupĂ©rer des lettres compromettantes et son portrait ; aprĂšs le dĂ©part du prince, Charles devient lâamant de la comtesse. Puis il quitte lâenseignement, perd au jeu, sombre dans la misĂšre. Le comte de ChĂąlis le retrouve et lâengage comme prĂ©cepteur de ses enfants, mais le charge aussi dâespionner sa femme. Charles surprend une scĂšne sado-masochiste oĂč la comtesse se fait battre par Titiane. Il provoque en duel Titiane, qui le blesse ; il quitte alors Paris et se rĂ©fugie chez son pĂšre. Il apprendra plus tard que le comte de ChĂąlis, excĂ©dĂ© de la conduite scandaleuse de sa femme, la surprit au lit se livrant Ă la dĂ©bauche entre Florence et Titiane, Ă©trangla Titiane, et fit interner la comtesse dans la maison de santĂ© du Docteur Blanche. Avant de mourir, le comte Ă©crit Ă Charles en le chargeant, pour expier son adultĂšre, de raconter, sans en rien attĂ©nuer, la triste histoire dont il fut le tĂ©moin. Le manuscrit, datĂ© Ă la fin « Trouville 15 octobre 1867 », est Ă©crit sur de grandes feuilles de papier rĂ©glĂ© Ă lâencre brune ou bleue. Il est complet, bien que paginĂ© de 2 Ă 160. Il est surchargĂ© de ratures et corrections, avec des passages biffĂ©s, de nombreuses additions dans les marges, et dâimportantes nouvelles rĂ©dactions collĂ©es sur la version primitive.
23 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
700 - 900
60
FLAUBERT Gustave (1821 - 1880).
MANUSCRIT autographe signé « G ve Flaubert », Loys XI , drame, 1838 ; 88 feuillets in-fol. (31,5 x 22, 5 cm) montés sur onglets en un volume in-fol., relié demi-maroquin havane à coins, dos lisse avec titre doré en long, non rogné (Canape et Corriez).
Unique manuscrit de cette premiĂšre tentative théùtrale du jeune Flaubert « Ce drame achevĂ©, cette reprĂ©sentation Ă©tendue et dominĂ©e dâun moment important de lâhistoire, est lâĆuvre dâun collĂ©gien de seize ans et demi », comme lâindique Guy Sagnes, qui ajoute que ce drame est « incontestablement supĂ©rieur aux rĂ©cits historiques que Flaubert avait composĂ©s deux ans plus tĂŽt en empruntant Ă la maniĂšre de Dumas. Une documentation sĂ©rieuse et prolongĂ©e a fourni Ă lâimagination toujours puissante une matiĂšre sĂ»re tandis que son intelligence passionnĂ©e avait acquis le sens de lâhistoire ».
Caroline Franklin-Grout, niĂšce et hĂ©ritiĂšre de Flaubert, a rĂ©sumĂ© ce drame, dont elle possĂ©dait le manuscrit, dans un article de 1906 : « Câest une peinture du roi, de sa cour, de sa lutte contre le duc de Bourgogne, de son entrevue avec saint François de Paule et de sa mort Ă Plessis-les-Tours. Olivier, Tristan, Commines, Coictier sont les principaux personnages ; il y a une scĂšne de tendresse entre le duc de Bourgogne et sa fille Marie, peu dâinstants avant quâil soit vaincu et tuĂ© sous les murs de Nancy ». LâĂ©dition originale a paru chez Conard en 1910. Le manuscrit est restĂ© inconnu des Ă©diteurs des Ćuvres de jeunesse dans la PlĂ©iade.
La page de titre est datĂ©e « FĂ©vrier 1838 ». Le drame est prĂ©cĂ©dĂ© dâune prĂ©face datĂ©e « Samedi soir 3 mars 1838 ». Le manuscrit, dâune Ă©criture cursive Ă lâencre brune au recto et verso de feuillets numĂ©rotĂ©s par Flaubert ([1] Ă 85, avec deux ff. 66), prĂ©sente des ratures et corrections, ainsi que quelques passages biffĂ©s. La piĂšce comprend un Prologue (5 scĂšnes), et cinq actes, le quatriĂšme Ă©tant divisĂ© en deux tableaux. Citons le texte de prĂ©sentation rĂ©digĂ© par Flaubert en tĂȘte de son manuscrit : « Je viens enfin de finir mes 85 pages, et jâĂ©prouve maintenant le besoin de rĂ©sumer les impressions que jâai subies pendant ces quinze jours de travail et dâenfantement. â Jâavais Ă©tĂ© vivement Ă©pris de la physionomie de Louis XI, placĂ©e comme Janus entre deux moitiĂ©s de lâhistoire, il en reflĂ©tait les couleurs et en indiquait les horizons. MĂ©lange de tragique et de grotesque, de trivialitĂ© et de hauteur, cette tĂȘte-lĂ mise en face de celle de Charles le TĂ©mĂ©raire Ă©tait tentante, vous lâavouerez, pour une imagination de seize ans amoureuse des sĂ©vĂšres formes de lâhistoire et du drame. [âŠ] Ă mesure que jâĂ©tudiais son histoire le drame sây fondait naturellement, lâĆuvre dâimagination se trouva faite dans la sienne elle-mĂȘme, et quand je crus avoir assez travaillĂ© câest-Ă -dire avoir lu pendant deux mois je me mis Ă lâĆuvre. VoilĂ lâhistoire de mon enfant. â Il nâa pas Ă©tĂ© 9 mois Ă germer et nâa pas suivi toutes les phases fatales depuis le molusque jusquâĂ lâembryon. Mais je crains bien aussi, pour cet avortĂ©, quâil nâait pas vie dâhomme et quâil meure avant peu dâune fluxion de poitrine faute de chaleur.
Chose bizarre que dâĂ©crire un drame, pleine de difficultĂ©s et dâobstacles, â un drame historique surtout. Resserrez donc une grande figure dans les limites de 5 actes, vous la rapetissez et vous ferez rire »âŠ
Provenance : Caroline Franklin-Grout-Flaubert (niÚce de Flaubert) ; Docteur Lucien-Graux (ex-libris ; vente VIII, 11 décembre 1958, n° 117 bis).
Bibliographie : Flaubert, Ćuvres de jeunesse, Bibl. de la PlĂ©iade, t. I, notice par Guy Sagnes, p. 1306 - 1310.
61
FLAUBERT Gustave (1821 - 1880).
L.A.S. « Gve », [Croisset] 12 décembre 1872, à Philippe LEPARFAIT ; 1 page in-8 (deuil).
Au sujet de sa brouille avec lâĂ©diteur Michel LĂ©vy pour lâĂ©dition des Ćuvres posthumes de Louis Bouilhet [Philippe Leparfait est le fils adoptif de Louis BOUILHET, dont Flaubert avait confiĂ© Ă Michel LĂ©vy lâĂ©dition des DerniĂšres Chansons.]
Flaubert a su que Leparfait avait vu LĂ©vy : « Je suis curieux de connaĂźtre le rĂ©sultat de la visite. Je te dirai pourquoi je nâai pas Ă©tĂ© Ă Paris. Mon voyage est remis au milieu de janvier. Mais je peux payer lâenfant de Jacob [LĂ©vy] dĂšs maintenant. M me Sand veut quâil me fasse des excuses pour nous rĂ©concilier. â Vas y voir ! » Il a appris, à « lâenterrement du pĂšre Pouchet », quâil y avait un terrain libre [pour Ă©lever un monument Ă la mĂ©moire de Bouilhet]âŠ
Correspondance (Pléiade), t. IV, p. 623.
62 FLAUBERT Gustave (1821 - 1880).
L.A.S. « Gve Flaubert », Paris Lundi soir [fĂ©vrier 1874, Ă Jules ROHAUT] ; 1 page in-8. « Je suis pour le moment dans les derniĂšres retouches du Candidat. Mon ms est Ă la Censure, on copie les rĂŽles & jâentre en rĂ©pĂ©tition vers la fin de cette semaine, donc votre serviteur est fort occupĂ© »... Il aurait cependant besoin de Rohaut pour un renseignement, et il lâinvite Ă venir chez lui un matin. « Il sâagit (mystĂšre :) de me dĂ©couvrir un amoureux. â Jeune, beau et romantique ! »âŠ
Correspondance (Pléiade), t. V, p. 1077.
600 - 800
600 - 800
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 24
6 000 - 8 000
63 FORT Paul (1812 - 1960).
Manuscrit autographe signĂ©, Chansons Ă la GauloiseâŠ, 1918 ; 311 pages in-8, montĂ©es dans un volume in-fol., reliure jansĂ©niste maroquin bronze, dos Ă 5 nerfs, double filet sur les coupes, large dentelle intĂ©rieure, doublure et garde de papier marbrĂ©, Ă©tui bordĂ© et doublĂ© (Lortic).
Manuscrit complet de ce recueil de Ballades françaises (25 e sĂ©rie, EugĂšne Fasquelle, 1919), soigneusement mis au net et calligraphiĂ© en vue de lâĂ©dition : mise en page calligraphiĂ©e, aucun dĂ©tail nâest omis, la dĂ©dicace, les filets, les paginations, les titre-courant, ce qui doit ĂȘtre soulignĂ©, le justificatif de tirage, la table... le tout Ă lâencre noire. Paul Fort a, en outre, ajoutĂ© sur chaque page, Ă la mine de plomb, les indications typographiques de corps, de caractĂšres, de tailles, de blanc.
Le titre primitif Ă©tait Ăcoutez la Caille ! ; il a Ă©tĂ© remplacĂ© par Chansons Ă la Gauloise sur la vie, le rĂȘve, lâamour, avec Ăcoutez la Caille ! en Ă©pigraphe. Les titres de ces cinquante chansons sont Ă©vocateurs : Les Amoureux, Les Parents abandonnĂ©s, La Ronde joyeuse, La Valse de lâoursin, Sur les jolis ponts de Paris, Le Coucou, LâIf, Le Dit du Crapaud, La MĂ©gĂšre apprivoisĂ©e, VoluptĂ©, LâOmbre interminable
Une carte de visite a Ă©tĂ© montĂ©e en tĂȘte, adressĂ©e Ă Pierre GOMPEL : »Mon cher ami, je vous remets le manuscrit dâun livre qui va paraĂźtre chez Fasquelle, et dont je voulais vous montrer les Ă©preuves : Chansons Ă la Gauloise
Vous trouverez aussi sur votre table Barbe Bleue avec grande quantitĂ© de brouillons et de premiers jets »âŠ
Provenance : Pierre GOMPEL (dédicace), puis Vicomte CLAIR (ex-libris).
64 FRANCE Anatole (1844 - 1924).
MANUSCRIT autographe, [Discours prononcĂ© Ă la Ligue des Droits de lâHomme, 1904] ; 8 pages in-4 en un volume demi-maroquin rouge Ă coins. Discours en faveur de la sĂ©paration de lâĂglise et de lâĂtat
Ce vibrant discours politique, prononcĂ© le 18 dĂ©cembre 1904 lors de la « JournĂ©e laĂŻque pour la sĂ©paration des Ăglises et de lâĂtat » organisĂ©e par la Ligue des Droits de lâHomme et du Citoyen au TrocadĂ©ro, a Ă©tĂ© publiĂ© dans le Bulletin officiel de la Ligue des Droits de lâHomme du 16 janvier 1905 ; recueilli en 1906 dans Vers les temps meilleurs (Pelletan, 1906, t. II, p. 89), il a Ă©tĂ© rĂ©utilisĂ© et dĂ©veloppĂ© dans plusieurs chapitres de LâĂglise et la RĂ©publique (Pelletan, 1904). Anatole France a insĂ©rĂ© dans son manuscrit, de premier jet, Ă lâencre noire ou violette, quelques coupures de presse.
France expose « le vĂ©ritable sens du Concordat et les raisons pour lesquelles lâĂ©glise veut maintenir Ă tout prix cette convention dĂ©testable »⊠Attaquant vivement le pouvoir temporel que lâĂglise de Rome veut Ă©tablir en France, il conclut : « Mais les forces quâelle tourne contre vous, de qui les tient-elle ? De vous. Câest vous qui, par le Concordat, maintenez son organisation, son unitĂ©. Câest vous qui la constituez en puissance temporelle. [âŠ] AdministrĂ©e par vous, elle domine toutes vos administrations. Rompez les liens par lesquels vous lâattachez Ă lâĂtat, brisez les formes par lesquelles vous lui donnez la contenance et la figure dâun grand corps politique. Et vous la verrez bientĂŽt se dissoudre dans la libertĂ© ».
25 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1 000 - 1 200
300 - 400
65 GANCE Abel (1889 - 1981).
Environ 300 L.A.S., 1954 - 1979, à Nelly KAPLAN ; environ 400 pages formats divers, la plupart in-4. au stylo à bille rouge, bleu, plus rarement au crayon, de différents formats souvent in-4. Importante correspondance amoureuse et artistique du cinéaste à Nelly Kaplan, qui fut sa maßtresse et sa collaboratrice
Correspondance amoureuse et passionnée, voire érotique, souvent dévorée par la jalousie, elle est aussi évocatrice du travail du cinéaste avec celle qui fut sa Muse dans ses derniÚres années.
Câest en 1954, lors dâune rĂ©ception en hommage Ă Georges MĂ©liĂšs quâHenri Langlois, directeur de la CinĂ©mathĂšque, prĂ©sente Nelly Kaplan Ă Abel Gance ; la beautĂ© de la jeune femme Ă©blouit le vieux cinĂ©aste dont elle deviendra lâassistante ; Ă ses cĂŽtĂ©s, elle se passionne pour la Polyvision. Elle lâassiste dans le tournage de La Tour de Nesle (1954, oĂč elle tient un petit rĂŽle sous le pseudonyme de Nelly Dominique). Elle lâassiste Ă©galement pour le projet de Magirama (1956) et dans le scĂ©nario et le tournage dâAusterlitz (1960).
Le 19 dĂ©cembre 1956, au Studio 28, le Magirama concrĂ©tise les recherches du gĂ©nial cinĂ©aste sur la Polyvision (dont Nelly Kaplan Ă©crira le Manifeste). ComposĂ© avec Nelly Kaplan, le dispositif comprend quatre courts mĂ©trages : AuprĂšs de ma blonde, ChĂąteaux de nuages, FĂȘte foraine, et le dessin animĂ© Begone Dull Care de Norman MacLaren, ainsi quâune version dâune heure du Jâaccuse ! de 1937 en polyvision. Conçu pour « sauver le cinĂ©ma qui se meurt », Magirama quitte lâaffiche au bout de huit semaines.
En 1959 - 1960, Nelly Kaplan publie sous le pseudonyme de Belen des nouvelles Ă©rotiques sous forme de plaquettes Ă tirage limitĂ© : La GĂ©omĂ©trie dans les spasmes, DĂ©livrez nous du mĂąle, Le RĂ©servoir des sens... Son premier court mĂ©trage est consacrĂ© au peintre Gustave Moreau (1961) ; plus tard, en 1969, elle rĂ©alisera La FiancĂ©e du pirate Nous ne pouvons donner ici quâun bref aperçu de cette abondante correspondance (accompagnĂ©e de petits papiers de NK datant ou rĂ©sumant les lettres), adressĂ©e à « Mon PhĂ©nix enflammĂ© », « Mon Ă©toile australe », « Mon SCygne », « Ma fontaine dâArĂ©thuse », « Diamant noir », « Cygne noir », « Ma chĂšre Source », « Amanelly », « Ma magicienne Ă©toilĂ©e », « Ma chĂšre petite sirĂšne », « Mon cher petit Hamlet fĂ©minin », etc. Des pages couvertes de « Je tâaime », dont une rĂ©partie en « Polyvision »oĂč se mĂȘlent tous le Ă©lĂ©ments du blason fĂ©minin (15 aoĂ»t 1955).
On relĂšve aussi une note ancienne sur les « Essais-inventions Ab. Gance Ă faire en 1928 » : « Projeter avec triptyque : une bande avec Ă©cran bleu », une avec Ă©cran rouge, une avec Ă©cran jaune « superposĂ©es. On doit avoir ainsi la COULEUR et le RELIEF »⊠Ainsi quâune liste de brevets (de 1926 Ă 1954) : Pictographe, ProtĂ©rama, perspective sonore, etc. ; des extraits recopiĂ©s par Gance de son livre Prisme ; des poĂšmes : « Princesse aux yeux couleur dâabeille »⊠(23 mars 1957) ; quelques dessins sur des nappes de restaurantâŠ.
1954 AoĂ»t. Jalousie aprĂšs un dĂźner de NK avec Michel Boisrond (assistant dans La Tour de Nesle) : « Travaille. Soigne ta santĂ©. Couche toi tĂŽt. Respire. [âŠ] Ne te laisse pas envahir par les sens »⊠9 septembre (aprĂšs une scĂšne terrible avec Mme Gance qui veut faire expulser de France NK), il la rassure : « Courage. PersĂ©vĂ©rance. ĂlĂ©vation. Optimisme. Je suis malade de dĂ©pression nerveuse et cependant je rĂ©agis ». Septembre : jugement du caractĂšre de NK : « passivitĂ© et indolence, dues Ă ses origines argentines » ; rĂ©criminations ; il cite Nietzsche ; il ne fera pas de raccords avec NK sur La Tour de Nesle⊠En octobre, NK, se considĂ©rant comme trahie, sâenfuit seule Ă Juan-les-Pins, Gance sâinquiĂšte (9 octobre) : « Travailles-tu au CinĂ©ma de lâAvenir ? Tu me parais bien silencieuse sur la direction nouvelle de tes idĂ©es. La flĂšche de lâenthousiasme fait-elle boomerang ? En vĂ©ritĂ© je te reconnais mal depuis que le sel te lave de nos nuits. Es-tu descendue du train ? Me laisses-tu seule Ă poser les rails parce quâil y a eu un heurt ? OĂč est ton visage ? OĂč est ta vraie force ? Ma naĂŻvetĂ© tâinterroge mon Cygne adorable. Chaque silence de toit est un aveu dâĂ©loignement ». Il commente la Lyrosophie de Jean EPSTEIN, puis revient Ă ses jalousies⊠18 octobre : « Le feu sâĂ©teignait lorsque le CSygne pour la seconde fois est entrĂ© dans ma vie. Ton haleine de grand oiseau solitaire sâest complu Ă souffler sur la cendre chaude que le vent sâapprĂȘtait Ă disperser, et la flamme sâest rallumĂ©e plus brillante quâelle ne le fut jamais. Les embra ss ements dâun monde meilleur dans les embra s ements de demain : câest Ă toi que je le devrai ». Ailleurs, au milieu dâobsessions Ă©rotiques, il sâĂ©crie : « Aide-moi Ă me retrouver ». Il est Ă©bloui par la beautĂ© physique de NK, mais son psychisme lui Ă©chappe ; et cela le dĂ©stabilise⊠15 novembre : « Pourquoi nâes-tu pas plus libre et plus indĂ©cente avec moi ? [âŠ] Je sens que tu nâas pas confiance dans ce que je tâai dit une fois pour toutes, que loin de tirer fiel ou jalousie de tes prouesses ou de tes recherches Ă©rotiques elles ne faisaient quâenflammer et amplifier mes propres ardeurs. LâĂ©rotisme pour moi, câest le surrĂ©alisme de lâamour. Nous le cherchons tous deux en art. Et nous le frĂ©nerions en amour ? Cela nâest explicable que par une mĂ©connaissance de ta part des rouages de mon cerveau. [âŠ] La belle inconnue de lâOrient-Express ne doit plus avoir aucun secret de cet ordre pour lâhomme quâelle reçoit de nuit dans sa cabine, mĂȘme si fatiguĂ© il sâendort dans ses bras ! »âŠ
1955. Il est beaucoup question cette annĂ©e de leur travail en commun sur la Polyvision. 8 janvier : « Je nâai pas Ă accepter de suggestion sur ce quâil convient de faire dans la Polyvision. En Ă©troit accord avec ma collaboratrice Nelly Kaplan je ne veux pas servir de cobaye pour des expĂ©riences qui, entreprises dans un esprit diffĂ©rent du nĂŽtre, se tourneraient certainement Ă notre dĂ©savantage, par exemple collaborer ou rafistoler des films dâautres metteurs en scĂšne ». 20 mars. Il se demande si NK lâaime ou seulement lâadmire⊠« Tu mĂ©rites mieux que moi »⊠Lettre mĂ©taphysique oĂč Gance explique a eu la vision des jours qui lui restaient Ă vivre ; le pont entre la Vie et la Mort⊠17 avril Il dĂ©plore le retard pour le Royaume. Il a pleurĂ©, il a besoin dâelle⊠26 avril. ProblĂšmes financiers de la Polyvision.
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 26
1 500 - 2 000
Projet du Bal interrompu, quâil juge trop froid : « Nous nâavons pas assez souffert en lâĂ©crivant »⊠29 avril. Il revient sur lâaffaire des photos de La Tour de Nesle, parle du tournage de la FĂȘte foraine 6 mai. Le programme de Polyvision se met en route. Il parle de films divers et des complots contre la PolyvisionâŠ7 ou 8 mai. UGC et CNC se renvoient la balle pour payer⊠Il a une intuition de graves dangers. Il ne vit que pour NK. 9 mai. Il ira la chercher Ă la gare Ă son retour de Cannes. Il se dĂ©sole du « pĂ©pin » de santĂ© (elle est enceinte de Gance). Le paiement dâUGC arrive. Il aurait primĂ© French Cancan. Orages chez luiâŠ. 21 juin, longue analyse en 3 parties (A, B, C) du caractĂšre de NK. Ailleurs, il cite les lignes prophĂ©tiques dâApollinaire qui font entrer de plain-pied dans le cinĂ©ma tel que Gance le voit.. Il transcrit et commente un Ă©loge de la sodomie par le chevalier de NerciatâŠ.
1956. PrĂ©paration du programme de Magirama (29 avril) ; les locaux de montage de GTC Ă Joinville. Orages chez lui. Il faut retravailler le Bal interrompu. Reproches : si NK nâentretient pas sa flamme, le pire arrivera. Soucis dâargent, mais il est fou dâespoir tant que NK sera lĂ . Les thĂ©ories dâEinstein et les siennes. 25 novembre, trĂšs beau texte sur NK destinĂ© au programme de Magirama au Studio 28 : Un nom Ă retenir  : « Inconnue dâhier, elle sera cĂ©lĂšbre demain. Elle est venue intuitivement Ă la Polyvision comme Mozart jeune Ă©tait venu Ă la musique, pressentant avec une sorte de gĂ©niale prĂ©monition que les ondes visuelles du CinĂ©ma devaient possĂ©der elles aussi leur musique, dont personne encore ne savait jouer faute dâun langage technique pour la rendre sensible »⊠Etc.
1957. RĂ©cit dâun rĂȘve dans la nuit du 12 au 13 janvier, avec AndrĂ© BRETON dans son atelierâŠDessin sur une nappe de restaurant, tĂȘte de femme : « La fĂ©e assassinĂ©e ». Crises de jalousie Ă lâĂ©gard de Philippe Soupault et AndrĂ© Breton. Carton jouant le « douanier » pour essayer dâempĂȘcher les amis de NK de jouer aux contrebandiers de lâamour⊠1958. Belle lettre dâamour (6 mai ) : « Je ne tâĂ©cris pas mon oiseau dâor aux ailes invisibles parce que je ne trouve pas de mots assez beaux pour toi. Le parfum qui nâexiste pas, la fleur inconnue, la couleur que personne ne perçoit, câest toi. [âŠ] Tu fabriques de lâinfini comme les nĂ©buleuses, et je ne puis suivre ton essor que parce que tes ailes me recouvrent »⊠9 mai. Travail laborieux sur le son et lumiĂšre du chĂąteau de Chenonceau ; Gance est déçu du rĂ©sultat⊠ProblĂšmes avec les producteurs dâAusterlitz. Lettre Ă Henri LANGLOIS interdisant de projeter la mauvaise copie de La Roue. RĂ©union Ă Ăvian avec les Salkind, producteurs dâAusterlitz  ; les discussions vont commencer⊠Brigitte Friang et AndrĂ© MALRAUX sâoccupent de ses problĂšmes. Il nâaime pas La Soif du Mal. ProblĂšmes fiscaux. DĂ©pression et ennuis de santĂ©. Il part se reposer au chĂąteau du Rondon (26 aoĂ»t). Il dĂ©cline lâoffre de NK de lui prĂȘter de lâargent⊠Il a vu un mĂ©decin : arthrose cervicale. Soucis de travail, il avance mal, mĂ©lancolie (27 aoĂ»t). Crise de larmes Ă la lecture du NapolĂ©on de Joseph DELTEIL : « Câest un poĂšte du mot qui parle dâun poĂšte de lâaction »⊠Coup de fil de Brigitte Friang qui le rassure quant au soutien de Malraux : « M ne me laissera pas tomber »⊠(28 aoĂ»t). Jalousie : il craint que NK ne lui Ă©chappe⊠Il se remet au travail : idĂ©e dâun film comique avec un personnage genre de FunĂšs en opposition Ă un Soldat Chveik (29 aoĂ»t). Risque de saisie par le Fisc. Malraux nâa pas tenu sa promesse et lui propose de faire un documentaire sur les constructions de la DĂ©fense ! Il nâest pas dupe de la ruse de NK qui a inventĂ© dâavoir gagnĂ© Ă la loterie pour quâil accepte un prĂȘt dâargent (30 aoĂ»t). Lettre officielle pour confirmer lâengagement de NK comme sa collaboratrice et assistante « dans la prĂ©paration, lâexĂ©cution, et le montage de cette grande Ćuvre historique », louant son apport intellectuel et son dĂ©vouement (1er octobre). Il a enfin trouvĂ© le ton du film : « Je joue beaucoup sur le cĂŽtĂ© âintimeâ je dirai mĂȘme âcomiqueâ : lâenvers de la gloire, les pantoufles. Je crois que jâai trouvĂ© ce ton, pour Ă©viter ce cĂŽtĂ© âcompassĂ©â quâon attend » (2 septembre). Longue lettre dĂ©taillĂ©e sur lâĂ©criture du scĂ©nario dâAusterlitz (3 septembre). Il ne veut pas lĂącher Austerlitz aprĂšs les Ă©checs de la Polyvision, du Royaume et du Vampire de Dusseldorf. Il remercie NK de lui avoir donnĂ© de lâargent pour payer ses impĂŽts.
1959. La distribution dâAusterlitz  : Jean Marais, Annie Girardot pour JosĂ©phine⊠Le 22 mai, il menace de casser lâaffaire sâil nâa pas les contrats pour lui et NK. Lors du tournage dâAusterlitz Ă Zagreb, Gance est inquiet, il craint que NK sâĂ©loigne de lui, il sait quâil nâest souvent que lâombre de lui-mĂȘme (11 octobre) ; il accuse NK de vivre dans lâalcool et les nuits blanches, et de nĂ©gliger son travail (14 novembre). Reproches : NK lui prend ses pensĂ©es, « Nelly triomphe et Belen pleure »âŠ
1960. Il commente un poĂšme dâApollinaire en le comparant Ă ses sentiments. Commentaires sur les contes de Belen :
dâoĂč NK tient-elle cette « connaissance » des abymes de lâĂ©rotisme ? Mais elle est sauvĂ©e car elle a repris le goĂ»t du travail⊠Il nâest plus jaloux ; il va Ă©crire la prĂ©face (pour Le Sunlight dâAusterlitz de NK, 9 mai). Reproches et jalousie ; il Se plaint du peu de « faveurs » quâon lui octroie. Il signe « Ton vampire qui a perdu son groupe sanguin » (4 juillet).
NK nâa quâune seule amie : elle-mĂȘme. « Ne laisse pas ton cĆur dans le chaudron du sabbat » (13 juillet)⊠NK Ă©tant Ă Venise, Gance fantasme dans un miroir magique. ProblĂšmes avec le fisc. Austerlitz a dĂ©passĂ© les 300.000 entrĂ©es, et ses forces lui reviennent. Introspection : il voit en lui trois ĂȘtres diffĂ©rentsâŠ. (15 septembre).
1961. NK est Ă New York pour son film sur Gustave Moreau. Lettre sur un Ă©trange phĂ©nomĂšne mĂ©tapsychique. Sonorisation de JâAccuse. Soucis matĂ©riels. Mais lâAu-delĂ sâintĂ©resse Ă lui (2 juillet)âŠ. ProblĂšmes dâargent. DĂ©but du projet de Cyrano. Gance rend les avances Ă Lux, qui nâaime pas le scĂ©nario... Il sâinquiĂšte de lâavenir du CinĂ©rama (qui a tout pris Ă ses inventions) et envisage des salles ambulantes. Il se sent trahi. DĂ©couragĂ©, il se remet au projet de Cyrano (11 dĂ©cembre). Pourparlers avec les gens de CinĂ©ramaâŠ
27 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
Le film perd sa base. Comment tiendra-t-il en équilibre ? » Il termine en couvrant NK de « baisers fantÎmes » et juge
Le ProcĂšs de Jeanne dâArc de Robert Bresson « aussi barbant que BĂ©rĂ©nice, mais câest superbe de sobriĂ©tĂ©. Ă force de supprimer le cinĂ©ma, on arrive Ă un autre langage idĂ©ographique »âŠ
1963. Il est « harcelĂ© par les mille soucis de la prĂ©paration de Cyrano » (lettre signĂ©e du dessin dâun petit oiseau « bleu ! »).
1964. Lettres de GrĂšce (aprĂšs lâĂ©puisement du tournage de Cyrano et dâArtagnan, NK avait offert Ă Gance un voyage en GrĂšce). Son voyage le rend encore plus voyant. Il voit Belen dans chaque statue, dans chaque paysage⊠(9 avril). DifficultĂ©s avec le remontage de Cyrano et les sous-titres⊠26 aoĂ»t. Enthousiasme Ă la lecture du Manifeste dâun art nouveau la Polyvision de NK : « chargĂ© dâune Bombe H abstraite dâune puissance incalculable. On ne dira pas mieux dans 50 ans, sur lâĂ©poque, sur le cinĂ©ma, sur la Polyvision » ; il faut le faire traduire en chinois, NK est une prophĂ©tesse⊠Projets dâun voyage en Chine, avec rencontre de Mao ; liste des projets Ă monter avec les ChinoisâŠ
1965 1er janvier. Longue lettre dĂ©moralisĂ©e : « je pense avec effroi Ă cette date limite de 77 ans que je mâĂ©tais assignĂ©e [âŠ] On ne ravale pas lâamour comme une maison. Aucune des taches dâombre ou de soleil quâil a laissĂ© ne sâefface. Je nâai pas pu oublier ces trois derniĂšres annĂ©es oĂč je tâai senti couler entre mes bras comme un sauveteur qui nâa plus la force dâatteindre la rive. Mais tu es sirĂšne et tu sais vivre sous lâeau de la vie mieux que moi. [âŠ] Je me bats sur tous les fronts mais je nâai plus aucune illusion â ma âphosphorescenceâ est mouillĂ©e par des larmes internes, et je nâai jamais si bien compris lâabsurditĂ© totale de la Vie »⊠Il songe Ă un Marie Tudor⊠Etc.
66
GAUGUIN Paul (1848 - 1903).
L.A.S. « Gauguin », [Rouen vers la mi-aoĂ»t 1884], Ă Camille PISSARRO ; 2 pages in-8 Ă lâencre violette. Gauguin Ă Pissarro
Il sâinquiĂšte dâĂȘtre sans nouvelles de son ami, et craint quâil ne soit fĂąchĂ© contre lui ; mais il nâa peut-ĂȘtre pas reçu sa lettre dâil y a 15 jours « avec 2 photographies de mes enfants »âŠ
Il a reçu la visite de Paul LAFOND, « un ami à DEGAS qui vient assez souvent à Rouen ; depuis deux mois il me cherchait »...
Quant Ă EugĂšne MURER, « il est Ă Paris depuis pas mal de temps ; je crois que son affaire de lâhĂŽtel ne va pas tout Ă fait bien. Jâai lu dans le journal un jugement qui le condamnait pour cette affaire avec la faillite. Maintenant je ne sais de quelle importance est ce jugement »âŠ
Correspondance (éd. V. MerlhÚs), t. I, p. 67 (n° 51).
10
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LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 28
Provenance : Archives Camille PISSARRO (vente 21 novembre 1975, n° 66). - 12
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1962 3 janvier, longue lettre aux encres de diffĂ©rentes couleurs faisant le point sur leur relation : « Ami, Amant, Associé ? Les mois qui viennent en dĂ©cideront. [âŠ] Il nous faut donc signer un contrat moral dâami et dâassociĂ©, sans faille, et au-dessus des vagues passionnelles quelles quâelles soient si nous voulons regagner le temps perdu. Tous les petits problĂšmes personnels me semblent dĂ©passĂ©s. Mais il faut que tu arrives Ă avoir le poids de ton or, moi aussi dâailleurs ! »âŠ19 mai, autre longue lettre sur lâĂ©loignement de NK, lâĂ©criture de Cyrano  : « je dois couper 180 pages !
67 GAUGUIN Paul (1848 - 1903).
L.A.S. « P. Gauguin », [Copenhague fin novembre-début décembre 1884], à Camille PISSARRO ; 4 pages in-8. Belle et longue lettre de Gauguin sur son arrivée au Danemark et ses nouvelles peintures
Il a Ă peine fini son « qui a Ă©tĂ© fort difficile, vu que les propriĂ©taires sont dans ce pays excessivement mĂ©ticuleux ; la plupart ne veulent pas dâenfants, si cela continue ce sera un crime dâavoir des descendants »...
Il remercie Pissarro de ses observations sur son tableau... « Dans ma nouvelle recherche les ciels sont difficiles.
Je cherche Ă faire trĂšs simple et cependant trĂšs divisĂ© de tons : ma nouvelle facture qui est peu croisĂ©e rĂ©pond Ă cela avec de grands points dâarrĂȘt. Le ciel est toujours trĂšs lumineux sans grands Ă©carts ; par suite de son essence limpide et humide il ne peut comme un mur avoir des rudesses de grain quoique mat. Je sais bien que la grande justesse de ton doit donner cela. Il me faut de lâexercice et jâen ai encore trĂšs peu par rapport Ă vous tous. Nous verrons par la suite.
Copenhague est extraordinairement pittoresque et oĂč je demeure on peut peindre des choses trĂšs caractĂ©ristiques et trĂšs jolies. En ce moment il gĂšle Ă 10 degrĂ©s et les traĂźneaux circulent dans la rue.
Jâenrage de ne pouvoir peindre en ce moment, dans quelque temps jâespĂšre envoyer Ă Paris plusieurs choses intĂ©ressantes. En Danemarck câest trĂšs facile ou trĂšs difficile dâĂȘtre un peintre fort. TrĂšs facile parce que ce que lâon voit est tellement mauvais, de si mauvais goĂ»t, que la moindre chose dâart doit Ă©clater au milieu de cela. Dâun autre cĂŽtĂ© câest trĂšs difficile parce que ce courant mauvais est tellement dans le caractĂšre national que câest presque une impolitesse de faire autrement ».
Il dĂ©crit Ă son ami lâintĂ©rieur dâun salon danois, avec « des meubles en noyer verni toujours neufs », des bustes de poĂštes « avec des fleurs et des rubans autour », des photographies partout, et « quelques paysages Ă lâhuile comme des chromo ».
Il attend les eaux-fortes de Pissarro. sa femme a trouvĂ© des leçons de français⊠« les Danois sont gens mĂ©ticuleux aigre doux mesquins et dâun schoking extravagant. Un enfant de 2 ans ne pisse pas dans la rue, cela choquerait les mĆurs. Un mĂ©nage illĂ©gal est dĂ©fendu par la loi et peut ĂȘtre puni. Par contre les fiancĂ©s peuvent se promener nâimporte oĂč deux Ă deux. Que dites-vous de cela »âŠ
Puis il parle longuement de ses talents de graphologue, qui lui permettent de dĂ©couvrir le caractĂšre des gens dâaprĂšs leur Ă©criture : « Je ne suis pas encore trĂšs savant mais je suis sĂ»r de dĂ©couvrir un jour non seulement le caractĂšre mais le sentiment qui a guidĂ© une lettre. [âŠ] la pensĂ©e influe directement sur lâĂ©criture ».
Il demande si Pissarro a reçu une lettre de CĂZANNE. Mette, la femme de Gauguin, ajoute quelques mots pour Mme Pissarro. Correspondance (Ă©d. V. MerlhĂšs), t. I, p. 76-77 (n° 57).
Provenance : Archives Camille PISSARRO (vente 21 novembre 1975, n° 59).
68 GAULLE Charles de (1890 - 1970).
L.A.S. « C. de Gaulle », 24 novembre 1946, Ă Michel DEBRĂ ;1 page in-8 Ă son en-tĂȘte Le GĂ©nĂ©ral de Gaulle, enveloppe autographe.
RĂ©ponse Ă des vĆux pour son anniversaire (22 novembre).
« TrĂšs touchĂ© de vos vĆux, mon cher ami, je prends lâoccasion de mes remerciements pour vous dire quâĂ©tant donnĂ© le cours des Ă©vĂ©nements je mâaffecte peu de ne pas vous voir Ă©lu. Venez me voir au dĂ©but de dĂ©cembre »âŠ
[La Constitution de la IVe RĂ©publique avait Ă©tĂ© adoptĂ©e par rĂ©fĂ©rendum le 13 octobre 1946, contre lâavis du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, et, le 10 novembre, les Ă©lections lĂ©gislatives virent lâĂ©chec presque total de lâUnion gaulliste. Michel DebrĂ©, qui avait adhĂ©rĂ© au parti radical sur le conseil du gĂ©nĂ©ral, Ă©choua Ă conquĂ©rir un mandat de dĂ©putĂ© en Indre-et-Loire, mais, devenu secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral au secrĂ©tariat aux Affaires allemandes et autrichiennes, continua dâĂȘtre un fidĂšle soutien de de Gaulle.]
69 [Charles de GAULLE (1890 - 1970)].
Edgard PILLET (1912 - 1996)
Buste de Charles de Gaulle, Alger 1943. Ăpreuve en bronze patinĂ© Ă cire perdue. SignĂ©e du monogramme, justifiĂ©e Ă©preuve dâartiste 2/4. Cachet du fondeur J. Cappelli Cire perdue. MarquĂ© sur la terrasse : « Alger 43 ». Hauteur : 47 cm. Ce buste a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă Alger en 1943, Ă lâinstigation de Gaston Palewski et Georges Gorse du cabinet du GĂ©nĂ©ral. Edgar PILLET, titulaire dâune bourse de sĂ©jour Ă la villa Abd el Tiff en tant que laurĂ©at de lâĂcole supĂ©rieure des Beaux-arts de Paris, se trouvait depuis 1939 Ă Alger.
Provenance : vente Ader, 3 décembre 2010, n° 110.
29 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
8 000 - 10 000
1Â 000 - 1Â 200
600 - 800
70
GAUTIER Théophile (1811 - 1872).
POĂME autographe signĂ© « ThĂ©ophile Gautier », Ghazel ; 1 page oblong in-fol. (papier un peu jauni).
Belle page dâalbum
Ce poĂšme de 4 quatrains conte lâhistoire dâun sultan fou de jalousie qui tue sa favorite, quâun nuage a pu contempler nue. Il parut en 1838 sous le titre Le Nuage dans le recueil La ComĂ©die de la mort
« Dans son jardin la Sultane se baigne
Elle a quittĂ© son dernier vĂȘtement
Et délivrés des morsures du peigne
Ses grands cheveux baisent son dos charmant  »...
Au verso de cette page dâalbum, trois trois autres poĂšmes, autographes signĂ©s.
Sophie GAY : Ă un exilĂ©, par (quatrain) : « En dĂ©pit des regrets oĂč lâabsence vous livre »âŠ
Antoni DESCHAMPS, 2 poĂšmes : â Ă Jules Janin, 6 vers, dĂ©but de la piĂšce XXIII de son recueil RĂ©signation (1839) :
« Il est sous le soleil deux adorables choses »⊠; â Ă Monrose, 15 vers, piĂšce XCI de RĂ©signation : « Hier je rencontrai sur le bord dâun chemin / Thalie assise en pleurs, la tĂȘte dans sa main »...
GLEIZES Albert (1881 - 1953).
MANUSCRIT autographe signé « Albert Gleizes », La Peinture et ses lois. La nouvelle conception du naturalisme, 1922 ; 28 feuillets in-4 sous chemise autographe (bords effrangés à quelques feuillets).
Important texte théorique
La chemise prĂ©sente un sous-titre diffĂ©rent de celui placĂ© en tĂȘte du manuscrit : « ou Du cubisme Ă une nouvelle application du naturalisme dans lâĆuvre plastique », avec la date : « CommencĂ© le Lundi 5 Juin 1922 », et un petit croquis Ă la plume.
Le manuscrit est rĂ©digĂ© Ă lâencre violette, dâune petite Ă©criture serrĂ©e emplissant le recto des feuillets ; il prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections. Le dĂ©but est en deux versions diffĂ©rentes ; le manuscrit est inachevĂ©, et a servi Ă Ă©tablir un dactylogramme Un feuillet, intitulĂ© LâĆuvre peinte, prĂ©sente un sommaire en 9 chapitres :1. Le Moyen Ăąge au point de vue renaissant et actuel. 2. La Peinture et la Religion. [âŠ] 9. DĂ©but du XXe, intellectualité ».
Ce manuscrit donne une version primitive du dĂ©but de lâessai de Gleizes, La peinture et ses lois : ce qui devait sortir du Cubisme, publiĂ© dans la revue La Vie des Lettres et des Arts en mars 1923, et en plaquette en 1924 « Nous vivons une Ă©poque extraordinairement Ă©mouvante. Il semble que nous soyons entraĂźnĂ©s par un courant dâune puissance inouie qui projette contre une muraille les hommes et les ouvrages sortis dâeux comme pour en annuler lâapparence et effacer le souvenir »⊠Ainsi commence Gleizes, avant dâentamer un long dĂ©veloppement sur lâhistoire de lâart, qui sâinterrompt ici avec lâEmpire ; le dernier feuillet, dont un quart seulement est Ă©crit, est lâĂ©bauche dâun dĂ©veloppement sur le XIXe siĂšcle.
72 GONCOURT Edmond de (1822 - 1896).
12 L.A.S. « Edmond de Goncourt », 1891 - 1894,Ă Henry SIMOND ; 15 pages in-8 ou in-12. Au rĂ©dacteur de LâĂcho de Paris Edmond de Goncourt Ă©voque la publication du Journal, dont il a donnĂ© la PrĂ©face au Figaro, la correction des placardsâŠIl demande (18 dĂ©cembre 1891) dâannoncer « La Guimard ou la Terpsichore de lâOpĂ©ra, une biographie de la cĂ©lĂšbre danseuses dâaprĂšs des documents inĂ©dits »⊠17 avril 1893, envoi dâune article « du plus haut intĂ©rĂȘt au point de vue du bon marchĂ© de la vie dans les premiĂšres annĂ©es du 18 Ăšme siĂšcle, comparĂ© Ă la chertĂ© de la vie dâĂ prĂ©sent »⊠16 juin 1893, en cure Ă Vichy (en-tĂȘte Casino de lâĂtablissement thermal de Vichy ), il envoie, pour publication dans le journal, le texte de sa ferme rĂ©ponse Ă lâarmateur Georges Faustin, qui lui interdisait dâintituler sa piĂšce La Faustin
800 - 1Â 000
1 000 - 1 500
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 30
1 000 - 1 500
71
73 GOUNOD Charles (1818 - 1893).
L.A.S. « Charles Gounod », Vienne 17 aoĂ»t 1842, Ă Jean-Dominique INGRES ; 3 pages et demiein-8 avec adresse. TrĂšs belle et longue lettre du jeune compositeur au peintre Ingres, unis dans lâamour de la musique de Beethoven
Gounod est allĂ© en pĂšlerinage sur le tombeau « de lâImmortel BEETHOVEN [âŠ] vous savez avec quel culte je prononçais ce nom Ă Rome [âŠ] Je ne sais quelle impĂ©rieuse influence lâidĂ©e de Beethoven a toujours exercĂ©e sur moi, mais je ne puis mây soustraire ; il me tient, et je lâaime comme on aime le Soleil : or, on nâa quâune maniĂšre dâaimer son soleil, parce que lâon en a quâun. Oui je crois toujours que Beethoven est lâAstre le plus beau le plus splendide que le firmament musical ait encore vu luire. [âŠ] Ici, Ă Vienne, oĂč cet homme sublime a tant vĂ©cu, oĂč chacun sait encore et peut vous montrer les promenades quâil frĂ©quentait, je recueille avec aviditĂ© le moindre mot que jâen puis entendre dire. Quoique lâĂ©tat actuel de la musique Ă Vienne souffre aussi de la gangrĂšne de lâItalie, cependant le nom de Beethoven sây prononce encore avec une solennitĂ© qui vous va droit au cĆur, et on se sent tout Ă©mu et une bonne grosse envie de pleurer comme un enfant, en voyant que le souvenir au moins conserve lâempreinte de cette majestĂ© que la marche momentanĂ©e de lâArt a malheureusement dĂ©savouĂ©e. Pour moi le soutien le plus fort en musique câest lui : câest toujours Ă lui que je pense et je lâaime avec un amour infini. Je me fais raconter ici les moindres dĂ©tails de sa vie [âŠ] si bizarre, si inquiĂšte, si capricieuse [âŠ] Si comme forme dâart il sâest Ă©levĂ© Ă des hauteurs immenses cette infatigable et errante mĂ©ditation qui fait la Base et on peut dire lâAbime infini de ses Ćuvres nâest elle pas lĂ dans cette vie agitĂ©e, nomade, quâil menait Ă Vienne et autour de Vienne ? »⊠On peut rire de lui, mais moi je suis heureux de cette tendresse fanatique pour le moindre trait qui touche Ă Beethoven [âŠ] je sais si bien votre chaleureuse et intelligente admiration pour ce gĂ©ant de le musique que je vous associais en pensĂ©e » devant sa tombe, quâil dĂ©crit, ainsi que la pauvre tombe de SCHUBERT⊠« Moi pauvre aspirant en fait de gloire, jâai aussi cueilli un souvenir de Schubert : mais câest pour moi : je ne vous envoie, cher Monsieur Ingres, quâun brin dâherbe pris Ă Beethoven. [âŠ] jâai donc pu malgrĂ© ma profonde et unique vĂ©nĂ©ration pour lâEmpereur de toute les musiques, mâincliner aussi avec respect devant le Roi de la Ballade et des chansons : câest une petite province, mais il en Ă©tait le n°I, et jusquâĂ prĂ©sent il conserve cette suprĂ©matie »⊠Est jointe une enveloppe contenant une feuille sĂ©chĂ©e, avec lâinscription : « Feuille cueillie sur le tombeau de Beethoven par Ch. Gounod le 16 AoĂ»t 1842 ».
31 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
600 - 800
74
GOUNOD Charles (1818 - 1893).
MANUSCRIT MUSICAL autographe signĂ©, [37 cantiques et motets, vers 1843 - 1846] ; carnet oblong petit in-4 de [1-33] feuillets la plupart recto-verso, plus des ff. vierges, reliure de lâĂ©poque basane noire, cadre de filets dorĂ©s et Ă froid sur les plats, titre au dos Saluts
Important recueil de 37 chĆurs religieux, motets et cantiques en latin, du jeune compositeur au dĂ©but de sa carriĂšre, alors quâil songe Ă entrer dans les ordres.
Ces compositions sont notĂ©es avec soin dans un carnet de papier musique Ă 16 lignes, Ă lâencre brune ou parfois bleue, probablement directement, comme en tĂ©moignent plusieurs pages oĂč une esquisse au crayon a Ă©tĂ© ensuite repassĂ©e Ă lâencre. Gounod a utilisĂ© ce carnet alors quâil Ă©tait maĂźtre de chapelle Ă lâĂ©glise des Missions Ă©trangĂšres, oĂč il prit ses fonctions le 1er novembre 1843. Lâeffectif requis dans ces motets correspond Ă celui de la maĂźtrise quâil avait sous ses ordres. Le carnet est divisĂ© en trois parties, sĂ©parĂ©es par plusieurs feuillets vierges. Gounod a organisĂ© ces compositions en « Saluts », fĂȘtes solennelles rĂ©servĂ©es Ă certaines dates, comprenant, outre les chants traditionnels, un motet au Saint-Sacrement et une antienne Ă la Sainte Vierge, et parfois une priĂšre pour la paix (Da pacem). Certaines antiennes Ă la Vierge pouvaient Ă©galement ĂȘtre chantĂ©es Ă lâoffice des Complies. Ce carnet a Ă©tĂ© cĂ©dĂ© vers 1858 Ă lâĂ©diteur Alfred Lebeau (18355 - 1906), comme en tĂ©moigne cette note autographe signĂ©e de Gounod sur le feuillet de garde :
« Moyennant que Mr Lebeau ainĂ©, Ă©d. de musique, 4, rue Ste Anne, sâengage Ă graver :
1° Les Sept paroles de N.S.J.C. (dédié à Mgr Sibour)
2° La Symphonie en mi b, partition orchestre ; Je reconnais comme étant sa propriété, les susdits morceaux, ainsi que tous ceux contenus dans ce volume ; sauf ceux paraphés de ma signature, et qui sont gravés ailleurs.
Je reconnais en outre que ma Messe solennelle de Ste Cécile, en sol majeur, gravée chez Mr Lebeau, est également sa propriété.
Ch. Gounod
[Une note de Lebeau renvoie au 2° :] La symphonie est passĂ©e entre les mains de Mr Choudens par un traitĂ© dâun commun accord, le 28 octobre 1862. Lebeau aĂźnĂ©.
CertifiĂ© â Ch. Gounod ».
Trois de ces motets avaient en effet paru, rassemblĂ©s en un « Salut », Ă la suite de la Messe brĂšve en ut mineur publiĂ©e par Richault en 1846, un autre dans le journal La MaĂźtrise (15 avril 1858) ; la plupart furent publiĂ©s par Alfred Lebeau dans son journal ou sĂ©parĂ©ment, et recueillis dans les 60 Chants sacrĂ©s, Motets avec accompagnement dâorgue ou de piano, pour messes, saluts, mariages, offices divers (Lebeau, 1878).
La premiÚre partie du carnet est consacrée à treize Saluts a cappella
â S A lUT I (en fa majeur) : Adoro te Supplex Ă 4 voix (dessus 1 et 2, tĂ©nor et basse, 1 p.) ; Salve Regina Ă 4 voix, Andante (2 p.) ; Da Pacem Ă 3 voix (dessus, tĂ©nor et basse), Moderato (2 p.). â S A lUT II (en la bĂ©mol majeur), Ă 4 voix dâhommes (2 tĂ©nors, 2 basses) : O Salutaris (1 p.) ; Alma Redemptoris mater (Temps de lâAvent), Andante (2 p.) ; Deus meminerit, TrĂšs large (1 p.). â S A lUT III, Ă 4 voix dâhommes (2 tĂ©nors, 2 basses) : Ave Verum (en ut), Andante (2 p.) ; Sub tuum prĂŠsidium (en mi bĂ©mol majeur) (2 p., avec note a.s. en marge : « chez Richault Ch. Gounod »). â S A lUT IV, Ă 4 voix mixtes (2 dessus et 2 basses) : O Salutaris (en fa majeur, 1 p.) ; Ave Regina, « Depuis la Purification jusquâau Mardi Saint, inclusivement » (en la majeur, 2 p.). â S A lUT V, Ă 5 voix : O Salutaris (en rĂ© bĂ©mol majeur, soprano, 2xtĂ©nors, 2 basses, 1 p.) ; Regina CĆli (en la bĂ©mol majeur, 2 sopranos, tĂ©nor, 2 basses, 2 p.), Allegretto giocoso. La table prĂ©voit aussi un Deus meminerit qui nâa pas Ă©tĂ© Ă©crit. â S A lUT VI, Ă 3 voix dâhommes (tĂ©nor et 2 basses) : Ave verum (en ut majeur), Andante (2 p.) ; Da Pacem (en fa majeur, 1 p.). La table prĂ©voit entre les deux un Sancta Maria qui nâa pas Ă©tĂ© Ă©crit. â S A lUT VII, Ă 4 voix dâhommes (2 tĂ©nors, 2 basses) : O Salutaris (en mi bĂ©mol majeur, 1 p.) ; Per Sanctissimam Virginitatem (en la bĂ©mol majeur), Large (1 p.) ; Da Pacem (en mi bĂ©mol majeur, 2 p., avec note a.s. en marge : « chez Richault Ch. Gounod »). â S A lUT VIII, Ă 4 voix dâhommes (2 tĂ©nors, 2 basses) : Qui carne nos pascis (titre seul) ; Virgo Singularis (en la mineur, 1 p.) ; Da Pacem (titre seul). â S A lUT IX : Ecce Panis Angelorum (en fa majeur, 2 dessus, tĂ©nors, basses, 1 p.) ; Sancta Maria (en fa majeur, 2 dessus, tĂ©nors, basses), Andante (1 p.) ; « Le mĂȘme (Ă 4 voix dâhommes) » (en la bĂ©mol majeur, 2 tĂ©nors, 2 basses), Andante (1 p.). â S A lUT X : Adoramus te Christe (en fa majeur, Ă 4 voix : soprano, alto, tĂ©nor et basse, 1 p.). La table prĂ©voit aussi un Deus meminerit qui nâa pas Ă©tĂ© Ă©crit. â S A l UT XI, voix dâhommes : Ave verum (en ut majeur, 2 tĂ©nors, 2 basses, 2 p.) ; Ave Regina cĆlorum (en ut majeur, 2 tĂ©nors, 2 basses, 1 p.) ; Da Pacem (en sol majeur, tĂ©nor et basse). â S A lUT XII, Ă 4 voix dâhommes (2 tĂ©nors, 2 basses) : Ave Verum (en rĂ© majeur, 2 p.) ; Inviolata (en ut majeur), Moderato quasi allegretto (2 p.) ; Deus meminerit (en ut mineur, 1 p.). â S A lUT XIII, Ă 2 voix (tĂ©nor et basse) : Panis Angelicus (titre seul) ; Sancta Maria, succurre miseris (en sol majeur, 1 p.). La table prĂ©voit aussi un Deus meminerit qui nâa pas Ă©tĂ© Ă©crit.
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 32
1 000 - 1 500
75
AprĂšs plusieurs feuillets vierges, viennent trois Saluts avec accompagnement dâorgue. â S A lUT n° 1 : Ave verum (en si bĂ©mol majeur, pour tĂ©nor solo et orgue), Andante sostenuto (2 p.) ; Sub tuum PrĂŠsidium (en si bĂ©mol majeur, pour tĂ©nor et basse, partie dâorgue non Ă©crite, sur 3 p.) ; Da pacem (en si bĂ©mol majeur, pour tĂ©nor, basse et continuo, 2 p., note a.s. en marge : « Journal la MaĂźtrise Gounod »). â S A lUT n° 2 (en fa majeur) : Ave verum (pour tĂ©nor et basse, partie dâorgue non Ă©crite, 2 p.) ; Salve Regina (pour tĂ©nor, hautbois, cor et orgue, seules les 4 premiĂšres mesures du hautbois solo sont Ă©crites). â SA lUT n° 3 : Ave Verum (en mi bĂ©mol mineur, pour basse et orgue), Large (2 p.) ; Ave Regina cĆlorum (en la bĂ©mol majeur, pour dessus, tĂ©nor et orgue, 2 p.) ; Panis Angelicus (titre seul, 4 mesures gommĂ©es).
à la fin du volume, un motet esquissé au crayon (16 mesures), une Oraison à la TrÚs Sainte Vierge Marie à 4 voix en français (2 dessus, ténor et basse, en fa majeur), Lent (1 p.) ; et un Pater Noster (en fa majeur, pour 2 ténors et 2 basses), TrÚs large (2 p.).
à la fin : « Table des morceaux contenus dans ce volume » (en fait, les seuls 13 premiers Saluts).
Bibliographie  : sur lâimportance de ces piĂšces dans lâĆuvre de Gounod, et leur analyse dĂ©taillĂ©e, voir GĂ©rard CondĂ©, Charles Gounod (Fayard, 2009), p.760 - 823.
MANUSCRIT MUSICAL autographe signé « Ch. Gounod », Suite concertante en 4 parties pour piano-pédalier et orchestre, arrangement pour piano-pédalier et piano (1886) ; 1 feuillet de titre et 32 pages in-fol., relié en un volume demi-basane grenat.
Manuscrit de la transcription par Gounod de sa Suite concertante pour piano-pédalier et piano
Le 14 janvier 1886, Gounod cĂ©dait Ă Alphonse Leduc, pour 7.000 francs, la propriĂ©tĂ© dâune Suite concertante avec piano-pĂ©dalier, dont il devait donner le manuscrit le 7 avril, puis une rĂ©duction pour piano de la partie dâorchestre et une transcription pour deux pianos (qui sera finalement rĂ©alisĂ©e par Saint-SaĂ«ns). Câest la rencontre de la jeune et jolie Lucie Palicot, virtuose du piano-pĂ©dalier, qui incita Gounod Ă Ă©crire une Ćuvre concertante pour ce rare instrument, pour lequel il composa trois autres Ćuvres, et dont elle est la dĂ©dicataire.
Paul Landormy se souvenait de Lucie Palicot jouant : « lâimpression fut Ă©trange de cette toute gracieuse et mignonne personne juchĂ©e sur une immense caisse contenant les cordes graves du pĂ©dalier sous un piano de concert reposant sur ladite caisse ; et surtout, ce qui nous surprit, assez agrĂ©ablement dâailleurs, ce fut de voir madame Palicot vĂȘtue dâune jupe courte, au genou, bien nĂ©cessaire, mais Ă©tonnante en ce temps-lĂ et sâescrimant fort adroitement de ses jolies jambes pour atteindre successivement les diffĂ©rentes touches du clavier quâelle avait sous ses pieds, tout semblable Ă un pĂ©dalier dâorgue ».
Cette Suite concertante [CG 526] fut créée Ă Bordeaux le 22 mars 1887, lors dâun concert dirigĂ© par Gounod, avec Lucie Palicot au piano-pĂ©dalier : « Je suis charmĂ© de lâavoir enfin fait entendre », dira-t-il ; elle fut redonnĂ©e Ă Anvers le 8 dĂ©cembre, puis Ă Angers le 6 fĂ©vrier 1888.
Les quatre parties de cette Suite concertante recevront des titres, qui ne figurent pas sur le manuscrit : EntrĂ©e de fĂȘte, Chasse, Romance et Tarentelle
Le manuscrit est Ă lâencre noire sur papier Ă 12 lignes, annotĂ© et corrigĂ© au crayon noir et au crayon bleu ; il est signĂ© Ă la fin. La page de titre porte la dĂ©dicace « Ă Madame Lucie Palicot », et la mention : « ArrangĂ©e pour PianoPĂ©dalier et Piano par lâauteur ». La partie de piano-pĂ©dalier nâest pas toujours notĂ©e, avec renvois pour le graveur Ă la partition. Cette transcription avec rĂ©duction de lâorchestre pour « piano dâaccompagnement » a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e chez Alphonse Leduc en 1888 (lâĂ©diteur a portĂ© sa signature sur la page de garde, avec son cachet encre).
Le manuscrit est divisé en 4 parties (les mouvements ont été notés au crayon bleu par Gounod) : Moderato maestoso ; Allegro con fuoco, puis Andante con moto ; Andante cantabile ;
Vivace
On joint le manuscrit autographe par Camille SAINT-SAĂNS de la transcription de la partie de piano-pĂ©dalier pour piano, qui servira Ă la publication de la transcription de la Suite concertante pour piano et orchestre chez Alphonse Leduc (cahier de 24 pages in-fol. dâune Ă©criture trĂšs soignĂ©e Ă lâencre noire sur papier Lard-Esnault Ă 16 lignes).
76
GOURMONT Remy de (1858 - 1915).
MANUSCRIT autographe signé « Remy de Gourmont », Revue des deux mondes, [1894] ; 3 pages et demie in-8, montées sur onglets en un volume demi-percaline bronze.
Commentaire ironique dâun article de RenĂ© DOUMIC (« LittĂ©rature et dĂ©gĂ©nĂ©rescence », Revue des deux mondes, 15 janvier 1894) attaquant la littĂ©rature symboliste et StĂ©phane MALLARMĂ ; Gourmont conclut : « les Doumic âcomme dâautres â ne comprennent jamais ; câest leur raison dâĂȘtre et leur ouvrir les yeux, ce serait les tuer, â par lâhorreur que leur causerait la vue de la BeautĂ© (je parle de la PoĂ©sie de M. MallarmĂ©) ».
Le manuscrit prĂ©sente des ratures et corrections ; il a servi pour lâimpression, avec des variantes, dans la rubrique « Journaux et revues » du Mercure de France du 1er fĂ©vrier 1894 (p. 185 - 187).
On a reliĂ© en tĂȘte une L.A.S. (1903) et un portrait de R. de Gourmont ; plus une carte postale de Jean de Gourmont.
800 - 1Â 000
33 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
GOUNOD Charles (1818 - 1893).
600 -
800
77 GRIMM Wilhelm (1786 - 1859).
L.A.S. « Wilh. Grimm », [Kassel février 1838], à la Dieterichsche Buchhandlung, librairie de Göttingen ; 1 page in-4 ; en allemand.
Ă lâĂ©diteur de son adaptation de la Chanson de Roland ( Rolandeslied )
Il prie de faire le nĂ©cessaire pour envoyer en son nom des exemplaires du Rolandslied Ă onze personnalitĂ©s, dont il fait la liste, parmi lesquelles Moritz Haupt, le professeur Hoffmann von Fallersleben Ă Breslau, âle directeur des archives Mone Ă Karlsruhe, le professeur Uhland Ă Stuttgart, le professeur et bibliothĂ©caire Schmeller Ă Munich, le romaniste Ferdinand Wolf⊠[La version de Grimm de la Chanson de Roland Ă©tait parue Ă la fin de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente chez Dieterich Ă Göttingen ; cette annĂ©e-lĂ les frĂšres Grimm, qui faisaient partie des « Sept de Göttingen », avaient Ă©tĂ© relevĂ©s de leurs fonctions et Ă©taient partis pour Kassel.]
Au verso, cachet de la collection Gottfried Doehler (1863 - 1943).
78
GUERRE DE 1870.
L.A.S. par Alfred MAINGAUD, Passy 24 janvier 1871, à sa tante Mme Maréchal à Brest (FinistÚre) ; 1 page in-8 sur la 3 e page de la Gazette des Absents du 21 janvier 1871, adresse avec mention Par ballon monté et cachets postaux Paris 27 janv. 71 et Brest 31 [janv. 1871]
Lettre par ballon montĂ©, portĂ©e par le GĂ©nĂ©ral Cambronne Nouvelles de parents et voisins ; prix du bois Ă Paris ; le gĂ©nĂ©ral VINOY a pris la tĂȘte de lâarmĂ©e et le gĂ©nĂ©ral TROCHU reste Ă la tĂȘte du gouvernement. « La population est calme malgrĂ© les tentatives de quelques rares Ă©nergumĂšnes ». Au dos, il ajoute, le 26 janvier : « On prĂ©pare une sortie, les journaux Prussiens nous donnent de trĂšs mauvaises nouvelles de province ».
1Â 000 - 1Â 200
300 - 400
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 34
79 GUEZ DE BALZAC Jean-Louis (1597 - 1654) littĂ©rateur et Ă©pistolier, membre fondateur de lâAcadĂ©mie française.
MANUSCRIT (copie dâĂ©poque) du Discours Ă la Reyne Par le Sr de Balzac 1643 ; cahier in-fol. avec titre-couverture et 22 feuillets soit 43 pages in-4 (env. 22 x 175 cm), enmargĂ©s Ă lâĂ©poque et mis au format in-fol. (31 x 21 cm), paginĂ© 26-[48] (les derniers numĂ©ros cachĂ©s par les marges ; galeries de ver dans la marge intĂ©rieure).
Version intĂ©grale inconnue, avant la censure, de ce plaidoyer pour la paix adressĂ© Ă la Reine RĂ©gente Anne dâAutriche
Le Discours Ă la Reyne est publiĂ© pour la premiĂšre fois, sous le titre de Harangue faite Ă la Reyne sur sa RĂ©gence, en 1649 chez Toussaint Quinet (plaquette in-4), mais dans une version censurĂ©e. Cinq ans avant la Fronde, Guez de Balzac rĂ©dige ce magnifique plaidoyer pour la paix, et lâadresse Ă la Reine RĂ©gente ANNE DâAUTRICHE. Le poĂšte politique implore la RĂ©gente de sâappliquer Ă prĂ©server la paix, qui dĂ©truira les abus. Il commence : « Madame Nous ne desesperons plus du salut de nostre Estat. Nous ne croyons plus que les maux de nostre siecle soient incurables. Si le premier jour de vostre Regence nous a apris dâesperer un advenir bien heureux : Et si le peuple chrĂ©tien chastiĂ© si longtemps et si exemplairement par la Justice du Ciel doit enfin avoir la Grace de Dieu irritĂ©, vraysemblablement il la recevra par des mains si pures et si innocentes que les vostres »âŠ.
Et il conclut : « Je ne finirois jamais si je voulois compter tous les avantages qui doivent naistre de cette bienheureuse Paix. Il faut conclure par le plus grand et plus considerable, Madame, quâelle fournira Ă vostre MajestĂ© des journĂ©es tranquilles et un beau loisir pour lâemployer Ă la bonne nourriture du Roy vostre Fils. Vos pensĂ©es qui se divisent aujourdhuy en autant dâendroits que la ChrĂ©tientĂ© a besouin, et qui embrassent a mesme temps plusieurs Provinces et plusieurs Royaumes seront alors toutes recueillies et arrestĂ©es Ă ce seul objet. Apres nous avoir donnĂ© un Prince vostre MajestĂ© nous fera un second present de ce mesme Prince, et par une excellente Institution, elle nous le redonnera le meilleur et le plus vertueux de son siecle ».
En 1643, date de rĂ©daction de ce manuscrit, Richelieu est mort depuis quelques mois, Louis XIII meurt le 14 mai, Louis XIV est mineur, Anne dâAutriche rĂšgne Ă sa place. MAZARIN domine. Guez de Balzac se range du cĂŽtĂ© du pouvoir royal : il soutient le pouvoir lĂ©gitime contre « les corps estrangers ». Sâil avance avec prudence lorsquâil mentionne les « abus de lâauthoritĂ© », il conseille courageusement le rĂ©tablissement du Parlement, et dĂ©nonce les favoris « domestiquĂ©s » dont la France eut dĂ©jĂ Ă souffrir. Les Princes sont un danger, cependant les Ă©loigner tous serait un dĂ©sastre. Balzac fait notamment, parmi les Princes, lâĂ©loge de GASTON, duc dâOrlĂ©ans, qui « fera Ă jamais taire la calomnie ». Il dresse Ă©galement un beau portrait du Grand CONDĂ qui sera supprimĂ© avant la parution de sa Harangue
Ce manuscrit donne la version originale du texte avec le plaidoyer pour CondĂ© : la Paix « scaura separer de tous ceux qui sâapellent Princes Monseigneur le Prince de CondĂ©, et reconnoistre par des marques singulieres, et des honneurs choisis, le sacrĂ© caractere de sa naissance, son affection au bien de lâEstat, lâassiduitĂ©, le mĂ©rite et la necessitĂ© dud[it] Seigneur »... En 1649, lorsque le texte est publiĂ© pour la premiĂšre fois, sous le titre de Harangue faite Ă la Reyne sur sa RĂ©gence, cette belle recommandation aura disparu : si le Grand CondĂ© Ă©tait en cette annĂ©e 1643 le vainqueur de Rocroi, aprĂšs quelques annĂ©es au service de Mazarin, il a pris la tĂȘte de la Fronde des Princes contre la toute-puissance du ministre, et est depuis en disgrĂące ; ce nâest quâen 1659 que CondĂ© se ralliera Ă Louis XIV.
On ne connaĂźt quâun seul autre manuscrit de ce plaidoyer. Il est conservĂ© Ă la BibliothĂšque nationale de France, dans un recueil de mĂ©langes provenant des Du Bouchet et lĂ©guĂ© Ă lâabbaye de Saint-Victor (Ms Français 23024, fol. 271).
En 1651, au plus fort de la Fronde, le Discours nâest pas publiĂ© dans les Ćuvres diverses de Guez de Balzac imprimĂ©es par les Elzevier. Il paraĂźt dans la deuxiĂšme Ă©dition quâils donnent des Ćuvres diverses, en 1658, mais amputĂ© de lâĂ©loge de CondĂ©, comme dans lâĂ©dition Quinet de 1649. Il faudra attendre lâĂ©dition in-folio de Billaine en 1665, pour lire enfin le portrait Ă©logieux de CondĂ© (tome II, p. 466 - 482), ralliĂ© depuis au Roi.
35 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
800 - 1 000
80 GUITRY Sacha (1885 - 1957).
15 lettres ou cartes autographes, la plupart signĂ©es (« Sacha » ou « S »), 1938 - 1944, Ă GeneviĂšve de SĂRĂVILLE (puis Madame Sacha GUITRY) ; 20 pages formats divers, 9 enveloppes, la plupart au crayon. Charmante et tendre correspondance Ă GeneviĂšve de SĂ©rĂ©ville (1914 - 1963), qui va devenir sa quatriĂšme femme
21 FĂ©vrier [1938], charmant quatrain : « Ginette chaque jour que jâaime davantage / Nul ne sait mieux que moi le plaisir de donner ! / Mais en outre je sais que quand on a mon Ăąge / Il faut se faire pardonner ! »⊠[1938 ?] : « Mon amour, Bon pour une robe du soir ! VoilĂ pour ce matin ! Je tâaime »⊠Mont PĂšlerin sur Vevey [dĂ©but mai 1938], billet en anglais le priant de lui dire comment elle se porte ce matin, en attendant de la voir Ă midi et demi⊠Salzburg [aoĂ»t 1938], poĂšme de 12 vers : « Petit ChĂ©ri, Petit Coco, / je suis enchantĂ© quâils te plaisent, / Tous ces vieux meubles Rococo. / Nos sentiments y sont Ă lâaise/ Et notre amour sâen accommode ! »⊠18 avenue ĂlisĂ©e-Reclus [1939], rĂ©capitulatif de huit robes et manteaux quâil lui offre pour « souhaiter ce premier anniversaire que tu passes contre mon cĆur, Petit Ătre chĂ©ri que jâaime »⊠[Vevey 28 avril 1939], carte postale : « Vevey â 38 ! Vevey â 39 ! La fiĂšvre monte !!! Je tâaime »⊠[4 ? juillet 1939], dans une enveloppe oĂč « Mademoiselle » est biffĂ© et corrigĂ© en « Madame » : « Bavardez toutes les trois. Vous avez mille choses Ă vous dire »⊠[DĂ©cembre 1939], Ă lâoccasion de sa sĂ©rie dâĂ©missions radiophoniques consacrĂ©es aux Lettres dâamour, il remercie son « adorĂ©e » de sa lettre qui est « le reflet de ton visage aimĂ© » ; il adore ses doigts pour « le mĂ©pris quâils ont des choses qui sont laides. Ils sont armĂ©s pour se dĂ©fendre. Ils sont prĂ©cis et familiers quand ils caressent. Ils sont hautains et dĂ©daigneux quand il le faut. [âŠ] tes mains sont adorablement françaises [âŠ] et ce sont des mains qui sont faites pour retenir entre leurs doigts des Fleurs de Lys. Ce sont des mains comme on en voit dans les missels, ce sont des mains comme on en voit dans les peintures de Clouet, mains qui sont faites pour prier â Ă©trangĂšres Ă toute besogne vile â et câest prĂ©cisĂ©ment ce qui les rend si chĂšres Ă celui qui tâadore car ce quâelles touchent, elles lâennoblissent. Oui, caressĂ© par elles on se gonfle dâorgueil, on relĂšve la tĂȘte, et lâon se sent grandi dans des proportions quâon ne soupçonnait pas â et va-t-on sâĂ©tonner dâune certaine raideur, bon signe en somme de noblesse â et tĂ©moignage aussi dâune vigueur quâelles vous donnent â et quâon leur donne aussi, car les voilĂ soudain devenues vigoureuses â elles ont un but â que veulent-elles de moi ? Le meilleur de moi-mĂȘme »⊠[Juillet 1940 ?], Ă Madame Sacha Guitry « quelque part dans son lit ». « Il est Ă toi dâun bout Ă lâautre, mon amour. Il te dira que je tâadore. Il te demandera dâexcuser sa tenue â mais nâest-il pas normal que par une chaleur pareille on soit Ă poil ? Je tâaime â bien plus quâil y a 2 ans ! »⊠5 juillet [1941 ?]. « Je tâoffre la moitiĂ© de ce tableau que tu aimes â oui, la moitiĂ© pour que ce soit une petite raison de plus de ne jamais nous sĂ©parer ! »⊠1er janvier 1944 : dĂ©sormais « tes appointements au Théùtre de la Madeleine seront de cinq cents francs par jour pendant toute la durĂ©e des reprĂ©sentations de la piĂšce en cours. Ces appointements reprendront avec les reprĂ©sentations de Marie se marie »âŠ
« Mademoiselle G. Guitry actrice » : « A Toi ma chĂ©rie, Bravo de tout mon cĆur »⊠â « Merci Gin, de tout mon cĆur â qui nâest pas bien fameux ! â et tous mes vĆux de bonheur »⊠â « Pour couvrir les plus jolies mains du monde. Ă toi mon amour pour te dire merci et bravo du fond de mon cĆur Ă©mu et aimant »⊠â « Bon pour une robe chez Molyneux »...
On joint un télégramme ; et le n° de Match du 1er juin 1939.
81 GUITRY Sacha (1885 - 1957).
MANUSCRITS autographes (fragments), [LâHumour] ; 47 pages in-4 au crayon ou Ă lâencre. Brouillons pour une ou des causeries sur lâhumour,et lâhumour au théùtre. Brillante causerie truffĂ©e de bons mots, mais aussi rĂ©flexion sur ce quâest lâhumour : « Ignorant tout de la chimie, je vous aurais peut-ĂȘtre amusĂ© en vous en parlant⊠tandis que je vais probablement vous ennuyer en vous parlant de lâhumour⊠car je vais en parler sĂ©rieusement. Je suis obligĂ© de vous en parler sĂ©rieusement car lâhumour est une chose qui mâest chĂšre, infiniment. Tandis que la chimie, je mâen passe ! »⊠« Si la plupart des grands Ă©crivains ont eu le sens et le goĂ»t de lâhumour, les humoristes, les vrais humoristes, ceux qui nâont Ă©tĂ© que des humoristes sont extrĂȘmement rares » ; et de citer Alphonse ALLAIS, « le seul vĂ©ritable humoriste français », sur lequel il livre quelques souvenirsâŠ
1Â 000 - 1Â 200
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 36
5 000 - 6000
82 HAHN Reynaldo (1874 - 1947).
MANUSCRIT MUSICAL autographe, Nausicaa (1919) ; environ 110 et 440 pages in-fol.
Manuscrit de cet opĂ©ra dans ses deux versions : chant et piano, et partition dâorchestre
Cet opĂ©ra en 2 actes, sur un livret de RenĂ© Fauchois (le librettiste de PĂ©nĂ©lope de Gabriel FaurĂ©), commencĂ© en 1913 et achevĂ© au front en Argonne en 1917, fut créé Ă lâOpĂ©ra de Monte-Carlo le 13 avril 1919, alors dirigĂ© par Raoul Gunsbourg, avec Marthe Davelli (Nausicaa) et Robert Couzinou (Ulysse) dans les principaux rĂŽles, lâorchestre Ă©tant dirigĂ© par Albert Wolff. La partition fut publiĂ©e chez Heugel en 1919.
« Nausicaa, dont le poĂšme calme et harmonieux est de M. RenĂ© Fauchois, fait revivre le gracieux Ă©pisode de lâOdyssĂ©e, quand Ulysse, jetĂ© par la tempĂȘte sur le rivage phĂ©acien, et un moment Ă©mu par la beautĂ© et la grĂące de la princesse Nausicaa, reprend nĂ©anmoins sa course fabuleuse vers Ithaque et vers PĂ©nĂ©lope, non sans laisser dans les larmes la douce jeune fille qui lâaimait. La musique de M. Reynaldo Hahn est du charme le plus profond, du coloris le plus dĂ©licat dans sa vraie et pure richesse, sâĂ©levant parfois Ă la haute puissance, et parvenant Ă la plus profonde Ă©motion dans la grande scĂšne finale des adieux et du dĂ©part », Ă©crivait J. Darthenay dans Le Figaro du 16 avril 1919.
Le manuscrit chant-piano est Ă lâencre bleue sur papier Lard-Esnault/Bellamy Ă 20 lignes, avec de nombreuses ratures et corrections ; câest le manuscrit de premier jet et de travail. LâActe I compte 96 pages sous chemise avec titre (les p. 8 bis-11 et 16-17 sont dâune autre main) ; il est datĂ© en fin : « Hambourg, Janv. 1913 ». LâActe II, sous chemise, est incomplet : 15 pages, chiffrĂ©es 80-84, 85/82 (avec feuillet double occultĂ© par Ă©pinglage), 86-[93] ; Ă la fin de la page 91, la note : « Fini le 19 juin 1916 dans le grenier dâAuzĂ©ville » a Ă©tĂ© biffĂ©e ainsi que les derniĂšres mesures, et deux pages ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es.
La partition dâorchestre est Ă lâencre bleue sur papier Ă 24 lignes, et prĂ©sente de nombreuses corrections, mesures biffĂ©es, grattages, et collettes. LâActe I comprend les pages 23-241 (le dĂ©but manque, avec une page 55-61, plus de nombreuses pages bis et ter ), datĂ© en fin : « Grenier dâAuzĂ©ville 31 juillet minuit ». LâActe II comprend un feuillet de titre et 207 pages.
On a joint des fragments autographes de la musique de scĂšne dâ Esther (1905, pour Sarah Bernhardt) : 2e Acte (18 pages, pagination discontinue), et 3 e Acte (9 p., incomplet) ; et 2 lettres autographes concernant les corrections dâĂ©preuves.
Bibliographie : Jacques Depaulis, Reynaldo Hahn (SĂ©guier, 2007), p. 95-96 ; texte complet du livret, et articles sur la crĂ©ation et les reprĂ©sentations de lâĆuvre : http://reynaldo-hahn.net/Html/operasNausicaa.htm
83 HAHN Reynaldo (1874 - 1947).
MANUSCRIT MUSICAL autographe, La Colombe de Bouddha, [1921] ; un volume in-fol. de 146 pages, relié dos toile noire (reliure usagée).
Partition dâorchestre de cet opĂ©ra en un acte La Colombe de Bouddha, « conte lyrique japonais en un acte », sur un livret dâAndrĂ© Alexandre, fut créée au Théùtre du Casino municipal de Cannes le 21 mars 1921, sous la direction du compositeur, qui la dirigea Ă©galement Ă Deauville dans lâĂ©tĂ©. La partition a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e par Heugel en 1921 (le manuscrit porte le cachet des Archives Heugel aux premiĂšres et derniĂšre pages).
« M. Reynaldo Hahn vient de donner, au Casino, son nouvel ouvrage, La Colombe de Bouddha, conte lyrique japonais, quâil composa sur une poĂ©tique lĂ©gende de M. AndrĂ© Alexandre. Comment le jardinier KobĂ©, Ă©pris dâune mousmĂ©e, mourut dâamour aprĂšs lâavoir vue sâĂ©loigner pour suivre un chanteur ambulant, câest lĂ toute la simple histoire qui a inspirĂ© Ă M. Reynaldo Hahn une trĂšs fine partition mĂ©lodique, dâinstrumentation moderne, colorĂ©e, Ă la façon des images un peu grimaçantes du Japon. PrĂ©sentĂ©e dans un trĂšs joli dĂ©cor par M. LĂ©on Devaux, tendrement interprĂ©tĂ©e et chantĂ©e par la pure voix de Mlle Raymonde VĂ©cart, les basses prenantes de MM. Aquistapace (le jardinier) et Vieuille (le bonze), par le charmant tĂ©nor M. Capitaine (le chanteur), La Colombe de Bouddha a valu Ă tous de nombreux rappels ». (Le Figaro, 20 mars 1921).
Le manuscrit, en partition dâorchestre, est notĂ© Ă lâencre bleue sur papier Ă 24 lignes, et prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections, grattages et collettes (dont les p. 47 et 65 entiĂšrement refaites). Il a servi de conducteur pour les reprĂ©sentations et porte des annotations au crayon rouge/bleu et au crayon noir). En tĂȘte de la page 1, un titre a Ă©tĂ© notĂ© dâune autre main : Le Jardinier de la Pagode
Lâeffectif orchestral comprend : petite flĂ»te, 2 flĂ»tes, un hautbois, un cor anglais, 2 clarinettes en la, un basson, 2 cors en fa, 2 trompettes en ut, timbales, une harpe, piano, percussion (triangle, crotales, cymbales, cloche), 1e et 2e violons solo, alto solo, violons I et II, altos, violoncelles, contrebasse.
Bibliographie : articles sur la crĂ©ation et les reprĂ©sentations de lâĆuvre : http://reynaldo-hahn.net/Html/operasBouddha.htm
37 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1 200 - 1 500
1 000 - 1 500
84 HENRI III (1551 - 1589) Roi de France.
L.A.S. « Henry », [fin 1580 ?], Ă Nicolas dâANGENNES, sieur de RAMBOUILLET ; 1 page in-fol., adresse au verso « A Monsieur de Rambouillet » (petite rousseur, fente marginale rĂ©parĂ©e).
« Msr de Pons estant mort ie vous ai honorĂ© de sa charge de lune de mes Compagnies des Cent jentishomes pour la fiance que jay de vous et bonne estime je ne vous an diray pas davantaige sinon que je suis fort satisfait du service que vous me randez pres de la Reyne ma bonne mere Jespere que vous continuyrez et vous me ferez service tres agreable vous connoitrez tousjours que je vous ayme »âŠ
[Nicolas dâAngennes, seigneur de Rambouillet (1533 - 1611) avait Ă©tĂ© capitaine des gardes du corps de Charles IX ; il fut souvent cahrgĂ© de missions diplomatiques par Henri II et Catherine de MĂ©dicic, et admis en dĂ©cembre 1580 dans lâordre des chevaliers du Saint-Esprit.
85 HENRI IV (1553 - 1610) Roi de France.
L.S. avec compliment autographe « Vre plus afectyone & assure amy Henry », au camp devant Fontenay 28 mai 1587, au baron de LAROCHEBEAUCOURT ; 1 page in-fol., adresse au verso.
Lettre comme roi de Navarre, lors du siĂšge de Fontenay (la ville sera prise le 1er juin).
Il est rassurĂ© dâapprendre, par son Ă©cuyer Jean de Lambert, que le baron ne sâest pas liĂ© Ă ses ennemis, contrairement Ă ce quâil croyait savoir, et quâil dĂ©sire le voir secrĂštement pour en discuter avec lui.
« Monsieur le Baron, Jâay estĂ© bien ayse dâavoir entendu par Lambert auquel jâavoys commandĂ© de vous voir de ma part, le contraire de ce quâon mâavoyt dit de vous jusques icy qui estoyt que comme plusieurs autres de mes plus proches vous vous estiez liguĂ© avec les plus grands ennemys de cest estat et les miens, ce qui mâavoyt retenu de vous rechercher comme jâay faict les personnes qui vous ressemblent. Lâayse que jay donc de ceste bonne affection que vous mâavez gardĂ©e, me fera avoir moings de regret au temps de service que jâay perdu de vous jusques icy, avec lâesperance que Lambert me donne den recevoir comme plus au long il ma faict entendre de vostre part, et de ce dont lui avez discouru que je trouve bon puis quil vous est utille, masseurant que quelque part que vous soyez vous rendrez a temps les effects de vostre parolle. Mais avant que vous allissiez la, je desireroys vous avoir veu une heure seulement, car autrement ny pourriez vous apporter lâutilitĂ© que vous desirez. Regardez dâen trouver le moyen, et si secretement que lon ne scache point que vous mayez veu »âŠ
86 HENRI II DâALBRET (1503 - 1555) Roi de Navarre, beau-frĂšre de François I er et grand-pĂšre dâHenri IV. L.S. avec compliment autographe « Vre bon cousin Henry », Lyon 19 janvier [1526 ?], Ă Mme dâESTOUTEVILLE ; 1 page in-fol., adresse (quelques rĂ©parations au dos).
Intéressante lettre
Il a reçu sa lettre « sur la neutralitĂ© de ceulx des cinq villes du costĂ© de Navarre », et le prie de toujours bien lâavertir.
« Au demeurant jescripvay du premier jour au Roy ou il luy plaira ordonner quil soit prins argent pour le payeur des gaiges des cappitaines [âŠ] Et quant a ce que mescripvez que noz voisins besoignent Ă Behobie [âŠ] quilz y menent de lartillerye, je ne veoy point qui y ayt moyen de les y empescher veu que cest de leur costĂ©, et que long temps le leur chasteau est fort pour eulx, et de faire quelque fort pour nous de deca vous voyez que ce ne pourroit estre sans une bien grande despence [âŠ] le Roy a mandĂ© de ne le mettre en fraiz que le moings quon pourra attandu ses affaires. Au moyen dequoy je suys bien dadvis de ny toucher sans premier len avoir adverty »âŠ
87 HERGà Georges Rémi, dit (1907 - 1983).
L.S. « HergĂ© », Bruxelles 24 mai 1977, Ă J.P. Verheylewegen Ă Bruxelles ; 1 page in-4 avec vignette et en-tĂȘte
Studios Hergé
Il remercie pour les vĆux Ă lâoccasion de son anniversaire, avec lâenvoi de « 70 dessins Ă©manant de vos Ă©lĂšves : « Que vous ayez eu cette initiative est une preuve de plus de votre fidĂ©litĂ© et de votre extrĂȘme dĂ©licatesse. Jâai regardĂ© ces dessins un Ă un et serais bien en peine dâaccorder la palme au meilleur dâentre eux, car la plupart porte la marque de lâoriginalitĂ© et de lâesprit crĂ©atif. Je voudrais remercier chacun des auteurs. Ne pouvant le faire, jâadresse Ă lâensemble des Ă©lĂšves un souvenir collectif, lui aussi sous forme graphique [âŠ] Ă tous ces sympathiques petits amis de Tintin »âŠ
1Â 500 - 1Â 800
1Â 200 - 1Â 500
1Â 000 - 1Â 500
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 38
700 - 800
88 HUGO Victor (1802 - 1885) et MĂRY Joseph (1798 - 1865).
POĂME autographe par les deux, Ă Victor Hugo ; 1Â page in-4. Amusant poĂšme Ă deux mains
Victor Hugo a complété de sa main le dernier mot de chacun des 24 vers (alexandrins) de Méry, ou a-t-il écrit les rimes, en fonction desquelles Méry a rédigé son poÚme.
« Nul mieux que vous ne sait mettre en scĂšne une femme, Vous avez inventĂ© la langue de lâamour, Au cĆur de vos hĂ©ros vous infusez votre Ăąme, Des bords du Nil au Rhin, de Moyse Ă Bauldour.
Pour vous le cĆur humain nâa point dâ hiĂ©roglyphe, & le doute mortel qui blanchit nos cheveux , Lorsque nous poursuivons un problĂšme apocryphe, Est une vĂ©ritĂ© pour vous, selon vos vĆux  »⊠Etc.
Ancienne collection Louis BARTHOU (II, 1935, n° 1046-35).
89 HUGO Victor (1802 - 1885).
Manuscrit autographe, RĂ©solution proposĂ©e par M. V. Hugo, [16 avril 1849 ?] ; 3/4 page in-8. RĂ©solution comme dĂ©putĂ© lors du vote de lâexpĂ©dition militaire Ă Rome
« LâAssemblĂ©e nationale, adoptant, pour le maintien de la libertĂ© et des droits du peuple romain, les principes contenus dans la lettre du prĂ©sident de la RĂ©publique et dans les dĂ©pĂȘches du gouvernement clot la discussion gĂ©nĂ©rale ».
90 HUGO Victor (1802 - 1885).
MANUSCRIT autographe pour Les MisĂ©rables , [1860] ;46 x 10 cm au dos dâune bande dâadresse du journal
La Presse du 1er fĂ©vrier 1860 (en 2 morceaux, petites dĂ©chirures et fentes par corrosion de lâencre).
Brouillon de premier jet pour lâĂ©pisode de la barricade dans Les MisĂ©rables
Ce brouillon a Ă©tĂ© biffĂ© aprĂšs insertion et dĂ©veloppement dans le manuscrit des MisĂ©rables ; il prĂ©sente des variantes avec le texte Ă©ditĂ©. LâĂ©pisode se rattache au premier chapitre (La Charybde du faubourg Saint-Antoine et la Scylla du faubourg du Temple) du livre I (La Guerre entre quatre murs) de la cinquiĂšme partie (Jean Valjean).
3Â 000
4Â 000
L.A.S. « Victor Hugo », H.H. [Hauteville House] 25 juin [1865 ?], à EugÚne RASCOL ; 2 pages in-8 sur papier bleu. Contre la peine de mort.
[EugĂšne RASCOL dirigeait le Courrier de lâEurope, hebdomadaire publiĂ© Ă Londres.]
« Voulez-vous me permettre dâabuser de vous pour deux obligeances. 1° Si vous savez oĂč demeure et vit le Freemasonsâ Magazine, lui envoyer ce pli. 2° â gros service Ă rendre Ă un jeune et beau talent. M. E. PILOTELL, peintre parisien dâun grand avenir, a fait un trĂšs beau dessin sur la peine de mort ; câest dramatique et saisissant ; mais saisissant jusquâĂ pouvoir ĂȘtre saisi. De lĂ , Ă©pouvante des Ă©diteurs de Paris qui nâosent publier cette estampe. Connaissez-vous Ă Londres un Ă©diteur qui serait plus brave ? Acheter ce dessin Ă M. Pilotell, et le publier, ce serait rendre deux services, lâun au talent, lâautre Ă la vie humaine. La bonne Angleterre fait terriblement fausse route en ce moment avec ses pendaisons Ă huis-clos. Rien de plus hideux. Vous avez Ă©loquemment et vaillamment protestĂ© »⊠Il part pour Bruxelles, et rentrera en octobre Ă Guernesey, oĂč il attend Rascol : « Votre couvert est toujours mis, vous le savez, Ă ma table de famille »âŠ
1 000 - 1 500
39 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1Â 000
- 1Â 500
1Â 000 - 1Â 500
« On regardait cela et lâon parlait bas. De temps en temps, si quelquâun se hasardait Ă traverser la chaussĂ©e [...] on entendait un sifflement aigu et faible, et lâon voyait sâenfoncer dans un volet fermĂ© ou dans le plĂątre dâun mur, une balle, quelquefois un biscayen. Car les hommes de la barricade sâĂ©taient fait de deux tronçons de tuyaux de fonte du gaz bouchĂ©s Ă un bout avec de la terre Ă poĂ«le, deux petits canons. Je me souviens dâun tranquille blessĂ© qui allait et venait dans la rue. [...] Le c[olonel] M[onteynard] admirait cette barricade avec un frĂ©missement. â Comme câest bĂąti ! disait-il Ă un reprĂ©sentant. [...] Pas un pavĂ© ne dĂ©borde lâautre. Câest de la porcelaine. â En ce moment une balle lui brisa sa croix sur sa poitrine, et il tomba. [...] La barricade St Antoine Ă©tait le tumulte ; la barricade du Temple Ă©tait le silence. Il y avait entre ces deux redoutes la diffĂ©rence du formidable au sinistre »... -
91 HUGO Victor (1802 - 1885).
[Le peintre et caricaturiste de presse Georges Labadie, dit PILOTELL (1844 - 1918), remplaça AndrĂ© Gill Ă LâĂclipse et fonda sans succĂšs Le Gamin de Paris (1866) et La Feuille (1867). TrĂšs actif aux cĂŽtĂ©s des insurgĂ©s durant la Commune, fondant La Caricature politique, il dut vivre ensuite en exil et mourut Ă Londres.]
HUGO Victor (1802 - 1885).
L.A.S. « Victor Hugo », Paris 26 mars 1877, à Alice HUGO ; 1 page in-fol. (légÚre fente au pli). TrÚs belle lettre à sa bru qui va se remarier
[Alice Lehaene, veuve de Charles Hugo (mort le 13 mars 1871), et mĂšre des petits Georges et Jeanne, va se remarier le 3 avril avec lâhomme politique Ădouard Lockroy.]
« ChĂšre Alice, En vous remariant, vous cessez dâĂȘtre tutrice de vos enfants, mais vous ne cessez pas dâĂȘtre la mĂšre ; câest-Ă -dire que ce que vous perdez du cĂŽtĂ© de la loi, vous le retrouvez du cĂŽtĂ© de Dieu ; vous continuez dâavoir pour vous la loi naturelle, la loi des lois ; ce titre de mĂšre est le plus sacrĂ© et le plus vĂ©nĂ©rable de tous ; le titre dâaĂŻeul, qui est le mien, ne vient quâaprĂšs. Vous ĂȘtes donc pour moi, en dehors et au dessus de toutes les restrictions lĂ©gales, la mĂšre, câest-Ă -dire ce quâil y a de plus auguste sur la terre. Georges et Jeanne nous appartiennent ; Ă vous dâabord, Ă moi ensuite. Quâajouter Ă cela ? Je vous appartiens. Je bĂ©nis Georges et Jeanne, et je vous bĂ©nis. Venez dans mes bras »âŠ
On joint 2 autres L.A.S. de Victor HUGO et une L.A.S. de Juliette DROUET.
L.A.S. « Victor Hugo », H[auteville] H[ouse] 5 avril [1867, Ă M. Richard (2 p. in-12), le fĂ©licitant pour son charmant album, avec ce conseil : « soyez de plus en plus ce que vous ĂȘtes. Câest-Ă -dire affirmez de plus en plus lâart, le progrĂšs, lâidĂ©al, la libertĂ©, et le grand dix-neuviĂšme siĂšcle »âŠ
L.A.S. « V.H. », 2 janvier [1874], à Richard Lesclide (1 page in-8 contrecollée, avec grande fente), invitant son confrÚre (et futur secrétaire) à dßner : « Mon deuil aura la force de vous sourire. Il est éternel, mais tranquille »...
L.A.S. « Juliette », 28 novembre [1844 ?], Ă Victor Hugo (4 p. in-8). Belle lettre amoureuse et de reproches Ă lâamant infidĂšle : « Je tâaime, je tâaime trop hĂ©las ! puisque cela va jusquâĂ lâobsession, jusquâau ridicule et jusquâĂ la folie. [âŠ] tu tâacoquines au dĂ©colletĂ© de Mlle Ozy. Je souffre et je pleure dans ma sollitude [âŠ] je subis la loi fatale dâun amour trop persistant. [...] câest odieux et jâaime mieux mille fois la mort quâune pareille vie »âŠ
93 HUGO Léopold (1773 - 1828) général, pÚre de Victor Hugo.
L.A.S. « Le GĂ©nĂ©ral Hugo », Blois 28 avril 1820, au Doyen de la facultĂ© de droit de Paris, Ătienne-Claude DELVINCOURT ; 2 pages in-4, adresse. Interrogations du pĂšre de Victor et EugĂšne Hugo sur le sĂ©rieux des Ă©tudes de ses fils « Je paye depuis deux ans Ă mes jeunes fils EugĂšne et Victor une pension pour quâils Ă©tudient en droit Ă lâuniversitĂ© de Paris, mais je nâai jamais pu apprendre dâeux sâils suivent leurs cours avec exactitude et quelque distinction. Jâignore mĂȘme si une entreprise littĂ©raire [la revue Le Conservateur littĂ©raire] que les journaux seuls mâont apprise, et des motifs de laquelle lâun dâeux a fait lâĂ©loge le plus touchant et le plus mensonger (puisque je paye rĂ©guliĂšrement une autre pension Ă la personne [son ex-Ă©pouse Sophie TrĂ©buchet, mĂšre de ses fils], pour le prĂ©tendu soutien de laquelle cette entreprise aurait lieu) ; jâignore, dis-je, si lâentreprise dont je parle nâa pas entiĂšrement arrachĂ© mes fils Ă leurs Ă©tudes. Aurez-vous lâobligeance, Monsieur le Doyen, de me faire connaĂźtre le nombre des inscriptions dĂ©jĂ prises et celles encore Ă prendre par eux, ainsi que votre opinion sur la maniĂšre dont ils se disposent Ă subir les premiers examens qui auront lieu »âŠ
Provenance : collection Noilly. â BibliothĂšque de Louis Barthou (II, 1935, n° 1046-9).
94 HUGO AdĂšle Foucher, Madame Victor (1803 - 1868).
L.A., Samedi 25 [dĂ©cembre 1852], Ă Victor HUGO ; 8 pages in-8. Longue lettre intime dâAdĂšle Hugo Ă son mari au sujet de leur fils François-Victor et de ses amours François-Victor Hugo (1828 - 1873) a pris pour maĂźtresse lâactrice AnaĂŻs LiĂ©venne, laquelle, ayant rĂ©cemment quittĂ© Alexandre Dumas fils, dĂ©pense des sommes folles au jeu et entraĂźne son amant vers la ruine. AdĂšle est venue Ă Paris pour chercher son fils et le ramener au foyer paternel. Elle rend compte ici de sa mission. « Cher ami, je suis en retard pour tâĂ©crire, jâattendais une bonne rĂ©solution de la part de Toto pour le faire. Le premier jour il mâa dit je partirai avec toi, il a dit cela avec une telle facilitĂ© que jâai vu quâil nâavait aucune intention de tenir sa promesse. En effet le soir il a Ă©tĂ© dire Ă la personne que jâĂ©tais venue le chercher, disant que tu allais pester mais que les preuves que je lui avais donnĂ©es pour justifier ce dĂ©part ne prouvaient rien. Il a donnĂ© sa parole Ă cette personne quâil ne partirait pas. Cependant nous avons ce progrĂšs des choses qui mâont fait lui parler si vertement quâil sâest aperçu que ma volontĂ© de lâemmener Ă©tait absolue et que je mâaccrocherais Ă lui jusquâĂ ce quâil sâaccrochĂąt Ă moi. Son grand cheval de bataille est toujours que la personne sâest ruinĂ©e pour lui, quâil serait un lĂąche sâil ne se dĂ©vouait pas Ă elle, et que si il la quitte elle fera quelque malheur [âŠ] je lui ai dit que je lui offrais dâemmener la personne, quâil vivrait dans un lieu de St HĂ©lier avec elle, ou bien que je lui proposais de me remuer pour la faire engager aux VariĂ©tĂ©s, ce qui le liquiderait vis-Ă -vis dâelle. Elle prĂ©tend que Toto lui a fait perdre une position et lui en doit une autre, mais Toto ne doit plus rien. Je vois Toto tous les jours, dans certains moments la personne veut venir, dans dâautres elle ne le veut pas, et menace sans cesse Toto de quelque malheur »⊠Etc.
La fin de la lettre est consacrĂ©e Ă des questions dâargent : ce quâelle doit Ă sa sĆur Julie, Ă Meurice ; lâargent quâelle avait prĂȘtĂ© Ă ses fils pour leur journal LâĂvĂ©nement ; la diminution du budget que lui allouait son mari en 1848, et les soucis consĂ©cutifs au coup dâĂtat et au dĂ©part Ă Bruxelles, etc.
2Â 500 - 3Â 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 40
92
800 - 1 000
1Â 000 - 1Â 500
95 HUGO Charles (1826 - 1871).
MANUSCRIT autographe, [vers 1845] ; cahier petit in-4 (19 x 15 cm) de 22 pages plus ff. blancs, cartonnage dâorigine de papier gaufrĂ© noir Ă motifs vĂ©gĂ©taux, dos de basane noire (dĂ©coupage au premier plat de la couverture, petite dĂ©coupe en haut du 1er f., quelques ff. arrachĂ©s au dĂ©but du cahier), chemise demi-maroquin bleu nuit, Ă©tui. Curieux document inĂ©dit, rapportant des propos de Victor Hugo, et une causerie au sujet de Mme de StaĂ«l Charles Hugo, dont lâĂ©criture imite celle de son pĂšre, rapporte dans la premiĂšre partie des propos de Victor Hugo. Le texte (incomplet de son dĂ©but) passe de la fin dâune histoire de montre volĂ©e, au rĂ©cit dâun crime commis par des brigands basques, dits « traboucaires », le 21 fĂ©vrier 1845 : vol de passagers dâune diligence, et enlĂšvement, sĂ©questration, mutilation et assassinat de lâun dâentre eux. Ă ce rĂ©cit Ă©maillĂ© de dĂ©tails cocasses, sâajoutent plusieurs anecdotes de voyageurs face aux brigands, recueillies au Pays basque (oĂč Hugo sâĂ©tait rendu en 1843) ; puis le souvenir du bagne de Brest (que Victor Hugo a visitĂ© en 1834), oĂč Hugo rencontre lâhomme « qui arrĂȘta Ă lui tout seul la diligence de Toulouse. Il avait affublĂ© dâhabits et de chapeaux des Ă©chalas qui bordaient la route. Puis il avait mis dâautres Ă©chalas en travers, comme des fusils faisant le mouvement de coucher en joue. [âŠ] Il fut condamnĂ© aux galĂšres Ă perpĂ©tuitĂ©. Je lâai vu au bagne de Brest. Il avait lâair intelligent et fin. Je mâapprochai de lui et je lui dis : âIl y avait de lâesprit dans votre idĂ©e.â Il me rĂ©pondit : âEt de la bĂȘtise aussi puisque câest ce qui fait que je suis ici.â » La seconde partie, intitulĂ©e M. de Lacretelle et Mme de StaĂ«l, est en quelque sorte le procĂšs-verbal dâune causerie entre Hugo et LACRETELLE jeune, et leurs Ă©pouses au sujet de Mme de STAĂL, Ă qui lâon attribue du charme, des boutons et lâinconvenance de recevoir des personnages haut placĂ©s pendant sa toilette : « Victor Hugo. Câest incroyable. Toujours entre deux chemises ? M. de Lacretelle. Toujours. Elle appuya nonchalamment son bras nu sur mon Ă©paule. Je restai interdit. Jâavoue quâen ce moment je fus le garçon plus sot du monde »⊠Et Lacretelle de multiplier des souvenirs de Corinne, Benjamin Constant, Soumet, M. de ***, M. de Rocca, Mme Tallien⊠« Victor Hugo â On ne se figure pas une impudence pareille Ă celle de M me de StaĂ«l. Un jour, lâempereur Ă©tait au bain ; elle voulut entrer malgrĂ© la consigne ; elle entra de force en sâĂ©criant : le gĂ©nie ne connaĂźt point de sexe ! LâEmpereur la reçut comme elle mĂ©ritait, avec sĂ©vĂ©ritĂ©. Jâavoue que je me sentirais pour une telle femme une rĂ©pugnance inexprimable. Je comprends parfaitement les dĂ©dains de M. de Lacretelle. Dâailleurs, elle nâavait aucun talent.
Câest un prĂ©jugĂ© que M me de StaĂ«l. Elle a Ă©crit des ouvrages empire, et elle a inventĂ© des hĂ©ros style-pendule »âŠ
96 HUYSMANS Joris-Karl (1848 - 1907).
MANUSCRIT autographe signĂ© « J.K. Huysmans », Les frĂšres Le Nain, [1899] ; 4 pages in-fol., avec ratures et corrections, dĂ©coupĂ©es pour lâimpression et remontĂ©es.
R emarquable article de critique dâart sur les frĂšres LE NAIN , publiĂ© dans Lâ Ăcho de Paris du 5 juillet 1899, et recueilli dans De tout (Stock, 1902).
Huysmans dĂ©nonce le chauvinisme qui a prĂ©sidĂ© Ă lâaccrochage des tableaux au Louvre, les Primitifs de lâĂ©cole dite française Ă©tant mis en valeur dans la Grande Galerie et le Salon carrĂ©, ceux de lâĂ©cole dite flamande Ă©tant relĂ©guĂ©s dans de petites piĂšces de dĂ©barras. Câest dâautant plus bĂȘte et injuste que les « Français » sont souvent des pasticheurs ou des Ă©lĂšves des maĂźtres flamands, voire des Flamands venus en France⊠Huysmans passe rapidement sur le XVIII e siĂšcle, oĂč il ne trouve que deux artistes, Watteau et Chardin, pour le consoler, mais il trouve dans la salle rĂ©servĂ©e au XVII e, une famille dâartistes qui, par extraordinaire, sâest intĂ©ressĂ©e aux humbles, les frĂšres Le Nain. Il rĂ©sume le peu que lâon sait de la vie des trois frĂšres originaires de Laon, puis dĂ©crit longuement leur Repos de paysans, voyant dans cette scĂšne un souvenir des Ăvangiles ; il cite aussi les apprĂ©ciations de Burger, Saint-Victor et Champfleury. Le plus singulier, câest que les Le Nain ont tĂ©moignĂ© dâun sens religieux dans une Ćuvre qui ne lâexigeait point, mais se sont rĂ©vĂ©lĂ©s dĂ©nuĂ©s de ce mĂȘme sens dans la NativitĂ© de Saint-Ătiennedu-Mont que HuĂżsmans juge « prĂ©venante, et un peu lĂąche, dâune saveur pieuse, nulle ». Il rĂ©sume lâapport des Le Nain : « lâon peut dire que sâils ont brossĂ©, ainsi que les maĂźtres des Flandres, des scĂšnes de mĆurs, ils les ont conçues dâune façon autre, ne prenant point, de mĂȘme que Steen ou Brauwer, que Teniers ou quâOstade, le paysan et lâouvrier, au moment oĂč ils se rĂ©jouissent dans les cabarets et se grisent dans les bouges. Eux ne les ont pas connus joyeux ; ils nâont pas Ă©tĂ© les peintres des dimanches et des lundis, mais ceux des autres jours, des jours oĂč lâon besogne, Ă la forge, Ă la ferme, aux champs, et oĂč lâon trime. En peinture, ils furent les seuls au XVIIe siĂšcle, que la misĂšre du peuple toucha, car Callot et Valentin ne sâoccupĂšrent que de nippes arrangĂ©es et dâindigences bouffonnes. Ils ont Ă©tĂ©, en un mot, les peintres des pauvres gens et ce titre me paraĂźt vraiment noble, car il fallait une certaine audace pour oser reprĂ©senter de vĂ©ritables manants Ă une Ă©poque oĂč ils Ă©taient considĂ©rĂ©s un peu moins que les animaux domestiques, que les chiens surtout quâil Ă©tait de bon ton alors de faire portraiturer par les artistes Ă la mode, par Jean-Baptiste Oudry et par Desportes »âŠ
41 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1Â 200 - 1 500
2Â 000 - 3Â 000
97
IBERT Jacques (1890 - 1962).
MANUSCRIT MUSICAL autographe signĂ©, La Ballade de la GeĂŽle de Reading (1921) ; 1 feuillet de titre et 98 pages in-fol., sous couverture illustrĂ©e de lâĂ©dition (dĂ©chirure rĂ©parĂ©e au 1er feuillet, cachets de lâĂ©diteur). Partition dâorchestre de la premiĂšre Ćuvre symphonique de Jacques Ibert, inspirĂ©e par Oscar Wilde Ayant remportĂ© le Premier Grand Prix de Rome en 1919, Jacques Ibert part pour Rome en 1920, et câest Ă la Villa MĂ©dicis quâil compose son premier envoi de Rome qui est aussi sa premiĂšre grande Ćuvre, terminĂ©e en 1921, lâimpressionnante Ballade de la GeĂŽle de Reading pour orchestre, inspirĂ©e du poĂšme dâOscar WILDE, qui sera créée le 22 octobre 1922 aux Concerts Colonne sous la direction de Gabriel PIERNĂ, Ă qui elle est dĂ©diĂ©e. LâĆuvre sera publiĂ©e en 1923 aux Ă©ditions Alphonse Leduc, et mise en ballet en 1947 par le chorĂ©graphe Jean-Jacques Etcheverry.
Ce poĂšme symphonique est directement inspirĂ© du fameux poĂšme dâOscar Wilde (1898), La Ballade de la GeĂŽle de Reading, Ă©voquant les derniers moments dâun condamnĂ© Ă mort ; Jacques Ibert en reproduira en tĂȘte de sa partition trois extraits qui ont inspirĂ© les trois mouvements de sa musique (nous nâen citons que les incipit) : « Il nâavait plus sa tunique Ă©carlate, car le sang et le vin sont rouges et sur ses mains il y avait du sang et du vin quand on le trouva avec la morte, la pauvre morte quâil aimait et quâil avait tuĂ©e dans son lit »⊠« Cette nuit-lĂ , les corridors vides furent pleins de formes effrayantes, et du haut en bas de la Ville de Fer, on sentait des pas furtifs quâon ne pouvait entendre, et Ă travers les barreaux qui cachaient les Ă©toiles, des faces blanches semblaient regarder curieusement »... « Le vent frais du matin commença Ă gĂ©mir, le vent frĂ©missant vint errer Ă lâentour de la prison. Lentement, lourdement, lâhorloge de la prison Ă©branla lâair et de la geĂŽle entiĂšre sâĂ©leva un gĂ©missement de dĂ©sespoir comme le cri, quâentendent les marĂ©cages effrayĂ©s, de quelque lĂ©preux dans son repaire »...
Lâeffectif requiert : 3 grandes flĂ»tes (et petite flĂ»te), 2 hautbois, cor anglais, 2 clarinettes en la, clarinette basse, bassons, sarrussophone, 4 cors en fa, 3 trompettes en ut, 3 trombones (et tuba), 4 timbales, percussions (triangle et tambour militaire, tam-tam, grosse caisse, cymbales), xylophone, celesta, 2 harpes, et les cordes. « En trois mouvements enchaĂźnĂ©s, cette page symphonique atteint une puissance Ă©motive stupĂ©fiante et dĂ©cĂšle un sens aigu du coloris par les jeux de timbres et de contrastes quâelle met en Ćuvre, ainsi que par son langage modal Ă©largi par quelques touches polytonales. Le premier volet alterne les expressions dâangoisse morbide et dâespoir lumineux contenues dans le poĂšme, par lâopposition entre, dâune part, un discours hachĂ© constituĂ© de bribes thĂ©matiques essentiellement rythmiques que se dĂ©chirent les diffĂ©rents pupitres, et dâautre part, des Ă©lans lyriques gĂ©nĂ©reux intensifiĂ©s par une pleine pĂąte orchestrale chaleureuse. La seconde partie mĂȘle de maniĂšre quasi alchimique, fantasque et fantastique par lâexploitation de deux mouvements esquissĂ©s, lâun dans lâesprit du Scherzo (3/4 et 3/8), lâautre, de la sarabande (5/4 sic), vĂ©ritables spectres hantĂ©s de modalitĂ© et enveloppĂ©s dâune orchestration qui nâest pas sans rappeler celle de LâApprenti Sorcier de Dukas. TraitĂ©s en un formidable crescendo, les deux Ă©lĂ©ments se dĂ©fient avant de se retrouver en un 6/8 dĂ©bridĂ© qui conclue lâĂ©pisode en contrastant avec lâintroduction ( pianissimo) sombre et plaintive de la derniĂšre section. Celle-ci fait entendre une mĂ©lopĂ©e tortueuse Ă©noncĂ©e dâemblĂ©e par les violoncelles et les contrebasses, avant que les Ă©lĂ©ments thĂ©matiques des mouvements prĂ©cĂ©dents ne rĂ©apparaissent par fragments, pour atteindre un nouveau sommet lyrique intense en un tutti orchestral fortissimo. Interrompue brusquement, cette ultime envolĂ©e fait place Ă un mouvement trĂšs calme qui clĂŽt la partition dans une sorte de halo crĂ©pusculaire et la ramĂšne dans le ton initial de fa diĂšse » (Bruno Berenguer). Le manuscrit est Ă lâencre noire sur papier Ă 26 lignes ; il prĂ©sente quelques corrections, grattages et collettes. En tĂȘte de la premiĂšre page, figure la dĂ©dicace : « Ă M. Gabriel PiernĂ© ». Il est signĂ© en fin et datĂ© : « Roma MCM xx I ». Il est conservĂ© sous la couverture de lâĂ©dition portant une note au crayon : « Tirage le 27 mai 1924 ». Discographie : Adriano, Orchestre Symphonique de la Radio Slovaque (Naxos 1993).
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 42
5Â 000 - 6Â 000
98 IBERT Jacques (1890 - 1962).
5Â 000 - 6Â 000
MANUSCRIT
MUSICAL autographe signé, Concerto pour flûte et orchestre (1933) ; 1 feuillet et 90 pages in-fol. montés sur onglets en un volume broché sous couverture jaune (projet de maquette).
Partition dâorchestre de ce cĂ©lĂšbre concerto pour flĂ»te
Jacques Ibert a composĂ© son Concerto pour flĂ»te en 1932 - 1933, en partie dans sa propriĂ©tĂ© de Longuemare prĂšs des Andelys, pour le grand flĂ»tiste français Marcel MOYSE (1889 - 1984), qui en est le dĂ©dicataire et qui en assura la crĂ©ation le 25 fĂ©vrier 1934 Ă la SociĂ©tĂ© des Concerts sous la direction de Philippe Gaubert. Il fut publiĂ© en 1934 aux Ă©ditions Alphonse Leduc (cachets de lâĂ©diteur). Ce Concerto sâest vite imposĂ© au rĂ©pertoire des grands flĂ»tistes comme une des grandes pages de leur rĂ©pertoire.
« Il y a trois mouvements, vif â lent â vif. LâAllegro initial, tout de grĂące lĂ©gĂšre, est Ă deux thĂšmes, â le premier en notes Ă©gales et vives sur les ponctuations des cordes, le second plus lyrique. LâAndante est bĂąti sur lâambiguĂŻtĂ© modale majeur/mineur, â selon des alternances ou des fondus crĂ©ant un prĂ©cieux climat harmonique. Longue mĂ©lodie de la flĂ»te Ă©pousant des contours incertains, â tandis que les premiers violons sâĂ©panchent en un commentaire Ă©lĂ©giaque. Reprise par le soliste, plus dĂ©gagĂ©, avant une conclusion en majeur. Enfin, avec lâAllegro scherzando, la flĂ»te se lance en une suite de variations infinies, â bondissante, tourbillonnante, intarissable. Lâorchestre nâest dâailleurs pas en reste. Cependant la mĂ©lancolie, un moment, sâinsinue, â avant quâune reprise du thĂšme initial amĂšne une cadence extraordinairement virtuose, quelques trilles, puis, sur les accords en tutti du dĂ©but du mouvement, une conclusion assez acĂ©rĂ©e » (François-RenĂ© Tranchefort).
Lâeffectif requiert, outre le soliste : 2 grandes flĂ»tes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, une trompette, 2 timbales, et les cordes.
Le manuscrit est soigneusement notĂ© Ă lâencre noire sur papier Lard-Esnault Ă 26 lignes ; il est datĂ© en fin « ParisLonguemare 1932-33 ». Il est ainsi divisĂ© :
I. Allegro (p. 1-29) ;
II. Andante (p. 30-44) ;
III. Allegro scherzando (p. 45-90) ; la cadence (p. 86-87) est notĂ©e Ă lâencre rouge.
Jacques Ibert a calligraphiĂ© lui-mĂȘme la maquette de couverture, au dos de laquelle il a dressĂ© la nomenclature des instruments, et notĂ© la durĂ©e de lâĆuvre : « 18 min. 30 sec. »
Discographie : Emmanuel Pahud, Orchestre de la Tonhalle de Zurich, David Zinman (EMI 2004).
43 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
99
IBERT Jacques (1890 - 1962).
MANUSCRIT MUSICAL autographe, Golgotha (1935). ; 1 feuillet de titre et 130 pages in-fol. sous dossier toile noire avec Ă©tiquette de titre (un feuillet rĂ©parĂ© au scotch ; cachets de lâĂ©diteur). Importante musique pour le film Golgotha de Julien Duvivier.
Le film de Julien DUVIVIER (1896 - 1967), tournĂ© en 1934 et sorti sur les Ă©crans le 10 avril 1935, retrace les derniers jours et la mort du Christ, sur un scĂ©nario du chanoine Joseph Reymond. Une distribution prestigieuse rĂ©unit lâextraordinaire Robert Le Vigan dans le rĂŽle de JĂ©sus, Harry Baur (HĂ©rode), Charles Granval (CaĂŻphe), Jean Gabin (Ponce Pilate), Lucas Gridoux (Judas), Edwige FeuillĂšre (Claudia Procula), Juliette Verneuil (Marie), etc. Pour ce film, Jacques Ibert conçut une importante partition, qui fut enregistrĂ©e par lâorchestre Walther Staram sous la direction de Maurice Jaubert.
La musique de Jacques Ibert, trĂšs dramatique, joue un grand rĂŽle dans le film, qui contient de longues sĂ©quences presque sans dialogues, avec un grand usage des vents, des percussions et des ondes Martenot. Lâeffectif requiert : 2 flĂ»tes, hautbois, clarinette, saxophone, basson, 2 cors, 2 trompettes, tuba, trombone, percussions, 2 ondes Martenot, piano, harpe, et les cordes.
Le manuscrit est Ă lâencre noire sur papier Ă 26 lignes ; il porte les cachets de la SACEM en date du 8 septembre 1938. Il prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections, avec des collettes ; il a servi de conducteur, et est couvert dâannotations au crayon bleu ou rouge, avec des notes et corrections crayon faisant rĂ©fĂ©rence au dĂ©coupage et aux sĂ©quences du film. Il semble avoir Ă©tĂ© rĂ©organisĂ© en suite dâorchestre.
AprĂšs un titre : « Golgotha / N° II. Bob. â ScĂšne des vendeurs du Temple », un premier ensemble paginĂ© 1-56 donne les numĂ©ros A Ă C ter, avec le dĂ©coupage suivant : A . SanhĂ©drin (int. scĂšne parlĂ©e) â Plan oliviers â Plan gens (Hosannah) â Bords CĂ©dron â Grand Plan ensemble Porte Sion (1Ăšre fois) â Gens jettent tapis â Ensemble porte Sion (2e fois) â Plan chameliers â LitiĂšre â Haut de la tour â Bords CĂ©dron (lointain) â B. Guetteur « le voilà » â Porte ogive JĂ©rusalem â Porte fer forgĂ© Temple â C. Chez Pilate â C bis. Ensemble porte Sion â Plan gens criant Hosannah âPlan Jean et Pierre â Foule dans parvis â C ter. Christ sommet parvis â ApĂŽtres dans cour du Temple â Gros plan Judas â Sortie Judas â Porte Sion ».
Pages 1-18. G. Marchands du temple â I bis. Marchands jet de pierres â Grand ensemble foule â Christ monte marche ; plus 1 feuillet « pour finir ».
Pages 1-49, sĂ©quences J Ă M. J. Escalier Antonia âPinacle du Temple â Gros plan Christ â Femmes et enfants âChrist avec croix â Stes Femmes â Ruelle â Plan rue et escalier â Plan visages â Christ croix â Foule Christ chute. K Ruelle â Plan Jean dans rue â 2e chute Christ â Gros plan SanhĂ©drin â Centurion â Gros plan Christ â Stes Femmes « Mon fils » â Vue JĂ©rusalem (maquette) â Porte de Sion â Collines moutons â CortĂšge sous la voute â Campement sortie du Christ â Golgotha â L . Pendaison de Judas â Nuages, vue sur Golgotha â Crucifixion condamnĂ© â Maquette, nuages sur JĂ©rusalem â Christ attachĂ© en croix â Foule â Jean et mĂšre Christ â Croix condamnĂ© quâon dresse âCenturion avec croix au fond â Soldats jouant tunique â Stes Femmes, Jean et Christ groupe â CaĂŻphe â M. Colline des oliviers â Maquette JĂ©rusalem nuages â Groupe SanhĂ©drites foule qui commence Ă fuir â Gens qui regardent et fuient â Mort du Christ â Centurion arc en ciel â Temple (voile dĂ©chirĂ©).
8Â 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 44
Pages 1-6. N. CortĂšge funĂšbre â Tombeau â EntrĂ©e du Temple SanhĂ©drites (scĂšne parlĂ©e) â fin dialogue soldats. Discographie : Adriano, Orchestre Symphonique de la Radio Slovaque (Naxos 2005). - 10 000
100 IBERT Jacques (1890 - 1962).
MANUSCRIT MUSICAL autographe signé, Le Chevalier errant (1936) ; titre et 239 pages in-fol. montés sur onglets, en un volume relié toile noire à coins.
Importante musique dâun ballet sur Don Quichotte, composĂ© pour Ida Rubinstein et montĂ© par Serge Lifar Jacques Ibert confiait : « le personnage de Don Quichotte mâa toujours poursuivi, Ă moins que ce ne soit moi qui lâai recherchĂ©. Mais il ne faut pas en conclure que jâaime me battre contre les moulins ou faire figure de redresseur de torts. Don Quichotte reprĂ©sente pour moi un homme Ă la poursuite dâun idĂ©al quâil ne rencontre jamais. Peut-ĂȘtre y a-t-il lĂ une mystĂ©rieuse et secrĂšte correspondance avec mon propre tempĂ©rament ». Ibert composa successivement en effet en 1932 pour Chaliapine les chansons du film Don Quichotte de Georg Wilhelm Pabst ; en 1935 - 1936 le « chorĂ©odrame » Le Chevalier errant ; et en 1947 la musique de Don Quichotte de la Manche, une Ă©vocation radiophonique de William Aguet.
Câest Ă la demande de la danseuse Ida RUBINSTEIN, qui en sera la dĂ©dicataire, que Jacques Ibert a Ă©crit Le Chevalier errant, « Ă©popĂ©e chorĂ©graphique en 4 tableaux dâaprĂšs CervantĂšs », sur un scĂ©nario dâĂlisabeth de Gramont et des textes dâAlexandre Arnoux. Un contrat fut signĂ© en dĂ©cembre 1937 par Ida Rubinstein avec le directeur de lâOpĂ©ra de Paris, Jacques RouchĂ©, pour une sĂ©rie de reprĂ©sentations oĂč elle devait monter et danser ce « chorĂ©odrame » ; mais ce projet nâaboutit pas. Câest Serge LIFAR qui monta enfin le ballet Ă lâOpĂ©ra de Paris le 26 avril 1950, dans des dĂ©cors de Pedro FlorĂšs ; Serge Lifar, en Don Quichotte, Ă©tait entourĂ© par les meilleures Ă©toiles de lâOpĂ©ra : Lycette Darsonval, Christiane Vaussard, Micheline Bardin. La musique Ă©tait dirigĂ©e par Louis Fourestier. La partition avait paru lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente aux Ă©ditions Alphonse Leduc (cachets de lâĂ©diteur). Jacques Ibert en tirera une suite symphonique.
Le Prologue sâouvre deux ans aprĂšs la mort de Don Quichotte : sa niĂšce Antonia et Carrasco sâinterrogent sur lâhomme, qui va ĂȘtre Ă©voquĂ© au fil des tableaux ; les rĂ©citants et les chĆurs, assis en gradins sur un des cĂŽtĂ©s de la scĂšne, commentent le rĂ©cit chorĂ©graphique ; le « chevalier errant » apparaĂźtra comme un homme de foi, une Ăąme pure, un chevalier de lâAbsolu.
Le manuscrit est Ă lâencre noire sur papier Ă 32 lignes, avec des corrections, grattages et collettes ; il a servi de conducteur pour les reprĂ©sentations, et est annotĂ© au crayon noir ou rouge. Il est signĂ© et datĂ© en fin « ParisHoulgate 1935/36 ». Il porte en tĂȘte la nomenclature des instruments : 3 flĂ»tes (dont petite flĂ»te), 2 hautbois, cor anglais, 2 clarinettes, clarinette basse, saxo alto, 3 bassons, contrebasson, 6 cors, 4 trompettes, 3 trombones, tuba, 4 timbales, batterie (tam-tam, cymbales, tambour de basque, caisse claire, wood block, triangle, grosse caisse, tom-tom, glockenspiel, tambourin, cloches), xylophone, cĂ©lesta, 4 guitares, 2 harpes, quintette Ă cordes. Il est ainsi dĂ©coupĂ© :
1. Prélude (p. I-IV), Moderato molto ;
2. Les Moulins (p. 1-33), Larghetto avec chĆurs « Toutes les fois que lâhomme fabrique un outil »⊠; Apparition de DulcinĂ©e (p. 1-12), Andante grazioso ;
3. Les GalĂšres (p. 34-90) ;
4. LâĂge d âOr (p. 91-137) ;
5. Les Comédiens (138 - 178), Animato assai ; Enchaßnement du III e au IVe tableau (14 p., la p. 14 est intitulée Entrée des Géants ; plus une page par copiste) ; puis pages 179 - 209.
Discographie : Georges Tzipine, ChĆurs et Orchestre National de lâORTF, 1955 (LâEmpreinte digitale 2000).
101 JAMMES Francis (1868 - 1938).
L.A.S. « Francis Jammes », Orthez mai 1901, Ă TĂ©odor de WYZEWA ; 3 pages in-fol. (petites fentes rĂ©parĂ©es). Longue et belle lettre. Jammes remercie dâabord Wyzewa pour sa lettre , qui lui a donnĂ© « la plus pure sensation de gloire ». Il lui Ă©crit « devant la chaude prairie, dans une mansarde oĂč je m âisole au-dessus de la chambre que ma mĂšre occupe. Ma vieille chienne est lĂ , harassĂ©e. Ma pipe est allumĂ©e. JâĂ©coute mon cĆur pour vous Ă©crire ». Il Ă©voque « ce mystĂšre de l âinspiration », et ses Ćuvres qui plaisent tant Ă Mme de Wyzewa, Ă qui il enverra lâĂ©pruve dâAlmaĂŻde dâEntremont, refusĂ©e par la Revue de Paris
45 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
6 000 - 8 000
400
500
-
102
JEAN CHRYSOSTOME (c. 347 - 407).
Manuscrit grec (fragment) sur parchemin, XI e - XII e s. ; un feuillet recto-verso sur parchemin, 299 x 215 mm ; 35 lignes sur deux colonnes ; encre carbone ; rĂ©glures Ă la pointe sĂšche, foliotation grecque « ÎÎ/Iâ» (19/1) ; minuscule grecque cursive lĂ©gĂšrement italique, quelques ligatures calligraphiĂ©es ; initiales rubriquĂ©es, bandeau Ă lâencre noire avec un travail dâentrelacs, frise Ă lâencre rouge et noire ornĂ© en fin dâun motif trifoliĂ© Ă la fin du recto du feuillet, guillemets rubriquĂ©s marginaux au verso du feuillet ; le feuillet porte les marques dâun ancien rĂ©emploi de reliure, marge intĂ©rieure rognĂ©e avec lĂ©ger manque de texte (2 ou 3 lettres manquantes).
Fragment dâun manuscrit grec du plus cĂ©lĂšbre commentaire biblique du dĂ©but de la chrĂ©tientĂ© provenant de la bibliothĂšque dâun des fondateurs de la Renaissance florentine, NiccolĂČ Niccoli Chrysostomus Johannes, in epistulam I ad Timotheum argumentum et homiliĂŠ 1-18. Les homĂ©lies de Jean de Constantinople, cĂ©lĂšbre orateur grec du Ve siĂšcle qui reçut le surnom posthume de Chrysostome, « Bouche dâor », rassemble plus de 900 prĂ©dications. Notre feuillet commence sur les six derniĂšres lignes du sixiĂšme chapitre de la dix-septiĂšme HomĂ©lie sur les ĂpĂźtres de S. Paul Ă TimothĂ©e I (Pat. Graec. 62:600) et la seconde colonne ouvre sur deux lignes de TimothĂ©e II 1:1-2 et lâincipit du premier chapitre de la premiĂšre homĂ©lie sur TimothĂ©e II qui continue au verso du feuillet (Pat. Graec. 62:599 - 600 ou Clavis Patrum Graecorum 4436 et 4437 ). Il provient de la cĂ©lĂšbre bibliothĂšque du prĂ©curseur des humanistes florentins, NiccolĂČ NICCOLI (c.1364/5-1437), inspirateur de la cursive humanistique et qui « built up a magnificent library, notable for the rarity and quality of the texts that it contained » (A. C. de la Mare, The Handwriting of Italian Humanists, I, i, 1973, p.46). Poggio Bracciolini (dit en français Le Pogge), cĂ©lĂšbre philologue et proche de Niccoli, dĂ©crit la bibliothĂšque de son ami comme admirable car elle contenait plus de 800 manuscrits. Cette somme importante pour lâĂ©poque a mĂȘme Ă©tĂ© confirmĂ©e par un libraire et biographe de la pĂ©riode, Vespasiano da Bisticci. Cette bibliothĂšque Ă©tait dâautant plus remarquable quâelle contenait plus de 146 volumes en grecs ; fait rare pour lâĂ©poque, car les Ă©rudits grecs aprĂšs la chute de Constantinople (1453) nâĂ©taient pas encore arrivĂ©s avec leurs manuscrits pour nourrir les publications de la Renaissance (B. L. Ullman and P. A. Stadter, The Public Library of Renaissance Florence, NiccolĂČ Niccoli, Cosimo deâ Medici and the Library of San Marco, 1972, pp. 59-60). Niccoli apprit le grec auprĂšs de Manuel Chrysoloras qui enseignait alors Ă Florence (c.1497 - 1400), cependant il ne le ma Ăź trisa probablement jamais parfaitement. Ce manuscrit pourrait bien provenir de Chrysoloras lui-mĂȘme. Entre 1429 et 32, le volume dâoĂč provient le feuillet a Ă©tĂ© prĂȘtĂ© Ă Ambrogio Traversari, qui le traduisit en latin ( Vite, ed. A. Greco, 1970, I, p. 451). La version latine de cette traduction Ă©crite de la main de Niccoli, datĂ©e de 1432, est aujourdâhui conservĂ©e Ă Florence (Bib. Naz. Conv. Sopp. J.VI.6).
La bibliothĂšque de Niccoli fut transmise Ă seize hĂ©ritiers ; câest auprĂšs dâeux que Cosme de Medicis (1389 - 1464) se tourna pour acquĂ©rir les plus beaux volumes de ce qui formera le noyau de la nouvelle bibliothĂšque publique du couvent de San Marco Ă Florence. La provenance de Niccoli « ex hereditate Nicolai de Niccolis » avec l âexlibris de San Marco fut inscrite sur ces volumes par le bibliothĂ©caire du couvent, Zanobi Acciaiuoli (actif de 1497 Ă 1513). Il indique Ă la suite que le volume contenait Ă©galement les HomĂ©lies des ĂpĂźtres aux Philippiens. Une note manuscrite en marge supĂ©rieure attribuĂ©e au mĂȘme bibliothĂ©caire par le chercheur Xavier van Binnebeke (voir art. p.30), indique que le feuillet isolĂ© Ă©tait Ă la fin dâun autre volume : « âčpropter or obâș ignorationem avulsa est ab alio volumine quod desinit in quaternione / âč Îâșh et in prima ad Thimoteum, cum ligari simul debuissent ». Les chercheurs Ullman and Stadter rattachent le feuillet Ă lâentrĂ©e 1098 de lâinventaire de la bibliothĂšque datĂ© de 1499/1500 « Iohannes Chrysostomus in epistolas ad Timotheum secundam et in ephâas [sic for «eplâam »] ad Philippenses, in membranis  » ( Ullman and Stadter, p. 253). Xavier van Binnebeke explique plus en dĂ©tail lâidentification : « At least one further leaf can be added to the group of identified Chrysostom manuscripts with links to Niccoli and San Marco. This is London-Oslo, SchĂžyen Coll. Ms. 1571/1 (PL. VII), transmitting the end of Chrysostom, In Epist. Pauli I ad Timotheum, and the beginning of II ad Timotheum. As becomes clear from partly cut off inscriptions by Zanobi Acciaiuoli, Ms. 1571/1 served as a (?temporary) flyleaf to a volume of the convent library that came âex hereditate Nicolai de Niccolisâ and contained Chrysostomâs âexpositio in epistolam S Pauli ad Timotheum secundam per homilias .X.â and âexpositio eiusdem in espitolam ad Philippenses per homilias .XVI.mâ1. This lanuscript is still identifiable in the inventory of 1499/1500 at no. 1098, but remains in hiding. The single leaf may originally also have belonged to a Chrysostom from San Marco but I havenât yet been able to securely identify it ». Durant les guerres et lâoccupation napol Ă© onienne (1808) la majorit Ă© de la bibliothĂšque de San Marco fut saisie pour ĂȘtre transmise Ă la BibliothĂšque nationale de Florence. La confusion du dĂ©mĂ©nagement de la bibliothĂšque permit s Ă» rement Ă quelques personnes, probablement les moines eux-mĂȘmes, de cacher certains volumes. Les marchands londoniens Payne and Foss en achetĂšrent quelques-uns entre 1829 et 1832 quâils proposĂšrent ensuite dans une lettre datĂ©e du 16 mars 1833 au cĂ©lĂšbre bibliophile Sir Thomas Phillipps. La liste des seize manuscrits qui accompagnait la lettre des marchands Ă Phillipps Ă©tait dans la collection Sch Ăž yen (Ms. 1571/2, voir Ullman and Stadter). Cependant notre manuscrit ne fut pas acquis par Phillipps. On le retrouve ensuite dans la collection de Mark Lansburgh, « The Illuminated Manuscript Collection at Colorado », The Art Journa l, XXVIII, 1968, p.6. Son cachet Ă lâencre bleue se trouve au verso du feuillet. Le libraire Jorn Gunther vendit ensuite le feuillet en 1992 Ă Martin SchĂžyen (MS 1571/1).
Bibliographie : Van Binnebeke, 2010, « Payne & Foss, Sir Thomas Phillipps, and the Manuscripts of San Marco », 30-31 (et n. 5, p. 30, n. 1-3, p. 31), pl. VII. â B. L. Ullman and P. A. Stadter, « The Public Library of the Renaissance: Niccolo Niccoli, Cosimo deâ Medici and the Library of San Marco », Medioevo e Umanesimo 10 (Padua, 1972). âSothebyâs, Londres, 10 juillet 2012, lot 4. â Pinakes 46875.
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 46
3 000 - 4 000
103 JOSĂPHINE (1761 - 1814) ImpĂ©ratrice des Français, premiĂšre femme de NapolĂ©on.
P.S. « Tascher Lapagerie Bonaparte », Malmaison 1er prairial IX (21 mai 1801) ; demi-page in-4 (rousseurs).
« Marie Josephine Tascher La Pagerie Ă©pouse de Napoleon Bonaparte premier Consul au nom & comme Mere & Tutrice de Eugene Rose & Hortense Eugenie Beauharnais » certifie que leur aĂŻeul feu François Beauharnais nâa joui dâaucun traitement dâactivitĂ© Ă partir du 1er janvier 1790, et quâil ne touchait quâune pension rĂ©duite Ă 3 000 francs. Rare forme de signature
104 KAFKA Franz (1883 - 1924).
The Metamorphosis (Paris, Didier Mutel, 1996). 3 volumes in- 4, reliés box gris, ponçage de réserve sur une composition typographique, formes en relief biseautées sur le premier plat (François Brindeau, 2001).
Livre conçu et illustrĂ© par Didier MUTEL, tirĂ© Ă 60 exemplaires sur vĂ©lin dâArches, celui-ci n° 1 SignĂ© par D. Mutel et numĂ©rotĂ© 1 au justificatif.
IllustrĂ© de 24 gravures originales sur cuivre par Didier Mutel, lâouvrage, traduit en anglais par Wille et Edwin Muir, est une rĂ©alisation originale, par son concept, sa typographie et sa mise en pages. La police de caractĂšres a Ă©tĂ© créée spĂ©cialement pour Metamorphosis par Didier Mutel, Ă partir de lettres fragmentĂ©es, comme une mĂ©taphore du rĂ©cit de Kafka sur Gregor Samsa transformĂ© en insecte gĂ©ant. Dans le tome 1, des marques verticales remplacent des mots du roman. Dans les volumes 1 et 2, on peut voir plusieurs images abstraites de Samsa, mais dans le volume 3, seules des marques abstraites sont reprĂ©sentĂ©es. Les mots du volume 2 sont imprimĂ©s avec des marques verticales combinĂ©es Ă des lettres en MĂ©tamorphosis. Selon D. Mutel, « câest lâhistoire de deux mondes. Le monde de Samsa, qui ne peut pas rencontrer sa famille ou le monde extĂ©rieur [car] il nây a pas de communication. Quand on peut lire les gravures, on ne peut pas lire le texte et vice versa ».
105 KESSEL Joseph (1898 - 1979).
MANUSCRIT autographe, Notice sur J. Kessel et sur son roman lâĂquipage, [1924] ; 6 pages petit in-4. IntĂ©ressante notice autobiographique et prĂ©sentation du roman LâĂquipage Cette notice, rĂ©digĂ©e Ă la troisiĂšme personne, aprĂšs la publication de LâĂquipage (Ăditions de la Nouvelle Revue française, 1923), prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections. Kessel y trace en quelques pages son enfance et sa jeunesse, insistant sur son caractĂšre nomade : « J. Kessel est nĂ© le 10 fĂ©vrier 1898 en RĂ©publique Argentine.
[âŠ] J. Kessel nâa jamais vĂ©cu plus de trois annĂ©es de suite dans la mĂȘme ville. Il semble que le hasard favorable Ă ses goĂ»ts le pousse toujours Ă travers les grandes routes du monde »⊠Plus loin il Ă©voque son premier livre La Steppe rouge qui « rĂ©unit des nouvelles sur le bolchevisme », puis LâĂquipage qui « a Ă©tĂ© lâannĂ©e derniĂšre un des plus vivement discutĂ©s Ă la grande saison des prix littĂ©raires ».
Kessel expose sa conception de la littĂ©rature : « Il nâa en littĂ©rature quâune thĂ©orie : câest quâil ne faut pas en avoir.
Il a le goĂ»t des livres vigoureusement charpentĂ©s, animĂ©s de pĂ©ripĂ©ties violentes, oĂč lâintĂ©rĂȘt ne languisse pas un instant ». Exigence que lâauteur pense avoir tenue puisque La Steppe rouge est « une suite dâhistoires terribles, oĂč le lecteur palpite sans arrĂȘt » ; quant Ă LâĂquipage : « câest la vie dâescadrille quâa retracĂ©e J. Kessel. Il a su en peindre la camaraderie merveilleuse [...] une intrigue naĂźt de ce milieu et se dĂ©veloppe, une intrigue dont la hardiesse et la nouveautĂ© mĂšnent aux situations les plus dramatiques et les plus douloureuses »...
106 LACLOS Pierre Choderlos de (1741 - 1803).
P.A.S. « P. Choderlos » (dans le texte), 15 dĂ©cembre 1791 ; 4 pages in-4 (petite rĂ©par.). Rare projet autographe, qui semble inĂ©dit, dâune association pour la manufacture et le commerce de drap feutrĂ©
« Ce jourdhuy quinze decembre 1791, entre M rs J.H. Mouton, P. Choderlos, et ⊠Antheaume, ce dernier inventeur dâune nouvelle Ă©toffe denommĂ©e drap feutrĂ©, il a Ă©tĂ© convenu ce qui suit. Savoir : 1° Le S r P. Choderlos sâoccupera des moyens de tirer un parti utile de la susditte invention, tant auprĂšs du gouvernement et que par les relations commerciales, soit a lâintĂ©rieur soit Ă lâextĂ©rieur ; et nottament aupres de la comp. des Indes angloise »⊠Il est Ă©galement chargĂ© de surveiller les expĂ©riences pour sâassurer de la qualitĂ© et du prix des Ă©toffes, et Ă©ventuellement de lâĂ©tablissement et du rĂ©gime de la manufacture⊠Le sieur MOUTON sâengage Ă y placer 100.000 livres, et le sieur ANTHEAUME, Ă fabriquer les Ă©toffes pour Ă©chantillons, Ă se pourvoir dâune patente dâinventeur en France et Ă©ventuellement en Angleterre, et Ă ne former aucun autre traitĂ© relatif Ă la fabrication du drap feutrĂ© dans lâespace de 6 mois⊠Sont aussi prĂ©cisĂ©es les conditions de distribution de bĂ©nĂ©fices, Antheaume recevant un cinquiĂšme comme « inventeur et fabricateur », « P. Choderlos comme inspecteur, un cinquiĂšme », et Mouton trois cinquiĂšmes « comme bailleur de fonds »âŠ
1Â 500 - 2Â 000
47 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1 000 - 1 500
2Â 000 - 2Â 500
1Â 500 - 2Â 000
107
LAMARTINE Alphonse de (1790 - 1869).
MANUSCRIT autographe signé « Lamartine », Vie de PériclÚs ; 108 pages in-4, sur 108 feuillets chiffrés 1-108. Manuscrit complet de cette biographie
Cette vie de PĂRICLĂS, le grand homme dâĂtat athĂ©nien, forme le deuxiĂšme chapitre du tome I des Civilisateurs et ConquĂ©rants (Paris, Libraire internationale, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1865, p. 41-147), oĂč il succĂšde Ă Solon et prĂ©cĂšde Michel-Ange.
Le graphisme du manuscrit laisse penser que cette biographie fut rĂ©digĂ©e pour son journal mensuel Le Civilisateur, histoire de lâhumanitĂ© par les grands hommes (1852 - 1854).
Le manuscrit, Ă lâencre brune sur beau papier vergĂ© filigranĂ© de Lacroix & FrĂšres, prĂ©sente de nombreuses corrections et additions, avec quelques passages biffĂ©s. Lamartine a collĂ© dans son manuscrit trois courts extraits imprimĂ©s tirĂ©s dâune Ă©dition ancienne de Plutarque (p. 33 et 105) ; on relĂšve p. 91 quelques lignes (en partie biffĂ©es) de la main dâun copiste. Le manuscrit est divisĂ© en 38 chapitres numĂ©rotĂ©s ; le dĂ©coupage sera diffĂ©rent dans lâĂ©dition. Lamartine commence ainsi : « Le gĂ©nie des grands hommes politiques est en eux-mĂȘmes, mais leur gloire est dans les circonstances heureuses et dans les autres grands hommes, dont ils sont comme par une prodigalitĂ© de la nature ou de la civilisation entourĂ©s escortĂ©s suivis devant la postĂ©ritĂ©. Avoir son nom insĂ©parable dans lâhistoire dâune foule dâindividualitĂ©s Ă©minentes qui se groupent autour de votre nom et qui rejaillissant en splendeur rĂ©ciproque les uns sur les autres forment un Ă©blouissement historique au milieu duquel vous resplendissait comme lâaxe au centre des rayons câest ĂȘtre plus quâun grand homme, câest ĂȘtre un siĂšcle. PĂ©riclĂšs eut ce bonheur en GrĂšce, comme Auguste Ă Rome, comme les MĂ©dicis en Italie, comme Louis XIV en France »...
Et il conclut par un parallĂšle avec William PITT : « Un seul homme dans les temps modernes de lâEurope nous semble avoir Ă©tĂ© lâĂ©mule et la ressemblance historique de PĂ©riclĂšs, cet homme est le grand ministre anglais William Pitt ; comme PĂ©riclĂšs il naquit homme dâĂtat ; comme PĂ©riclĂšs il fut le premier orateur politique de son temps ; comme PĂ©riclĂšs [âŠ] il prit son point dâappui dans la libertĂ© et non dans la tyrannie et il ne demanda Ă son pays le sacrifice dâaucune des libertĂ©s de sa constitution sous prĂ©texte du Salut Public ; comme PĂ©riclĂšs il aima mieux persuader quâopprimer et tomber du pouvoir quand lâopinion lui faillit que dây rester en faisant violence Ă sa Patrie. Comme PĂ©riclĂšs enfin il resta honnĂȘte homme, probe et dĂ©sintĂ©ressĂ© au milieu des tentations de la domination presque absolue quâil exerça sur sa nation et sur la couronne. Il ne fit quâune guerre dĂ©fensive ce devoir douloureux du grand patriote et il mourut sans avoir fait prendre pour sa cause le deuil dâun seul citoyen. PĂ©riclĂšs fut donc selon nous dans des conditions de constitution diverse le Pitt de lâAntiquitĂ© et Pitt fut le PĂ©riclĂšs de lâAngleterre ».
108
LAMARTINE Alphonse de (1790 - 1869).
MANUSCRIT autographe signé « Lamartine », Histoire de la Russie, [1855] ; environ 820 pages in-4 (27 x 20,5 cm).
Important manuscrit complet de cette Histoire de la Russie
Lamartine a publiĂ© son Histoire de la Russie en 1855 chez Perrotin, en deux volumes ; elle avait Ă©tĂ© annoncĂ©e comme un complĂ©ment de son Histoire de la Turquie (1854), ce que confirme le manuscrit. Il lâa reprise en un volume au tome XXXI de ses Ćuvres complĂštes (Paris, chez lâauteur, 1863).
Le manuscrit, Ă lâencre brune sur beau papier vergĂ©, prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections, et des additions interlinĂ©aires ; quelques corrections supplĂ©mentaires ont Ă©tĂ© portĂ©es au crayon lors dâune relecture. Il est divisĂ© en deux volumes, dont la pagination est parfois incohĂ©rente (Lamartine allant jusquâĂ se tromper de centaine !).
Lamartine a insĂ©rĂ© dans son manuscrit une quarantaine de feuillets imprimĂ©s extraits dâouvrages historiques (dont le CongrĂšs de VĂ©rone de Chateaubriand, et lâHistoire intime de la Russie de Schnitzler), sur lesquels il a portĂ© des corrections.
Lâouvrage est divisĂ© en dix livres non titrĂ©s, les derniers non numĂ©rotĂ©s (« mettez le chiffre », note-t-il), eux-mĂȘmes divisĂ©s en chapitres en chiffres romains.
La page de titre porte : « Histoire de Russie â Suite et complĂ©ment de lâHistoire de Turquie â Par Lamartine » (au bas une sĂ©rie dâinitiales qui restent pour nous mystĂ©rieuses). Le 1er volume comprend les livres suivants : I sur la Russie avant Pierre le Grand (p. 1-98) ;II consacrĂ© au rĂšgne de Pierre le Grand (p. 99-169) ; III de Catherine I re Ă Ălisabeth (p. 169 - 239) ; IV sur Pierre III (p. 239 - 345). Le 2e volume comprend les livres suivants : [V] (« Livre 6 Ăšme ») sur Catherine II (p. 1-124) [qui sera divisĂ© en deux livres V-VI dans lâĂ©dition (ici 1-12 et 62-124)] ; [VII] (« Livre VI ») sur Paul I er (p. 125 - 203) ; [VIII] consacrĂ© Ă Alexandre I er (p. 204 - 285), ainsi que le livre [IX] (p. 286 - 386) ; [X] sur lâavĂšnement de Nicolas I er (p. 387 - 454) ; Ă la fin, Lamartine a notĂ© : « Fin du 2e et dernier volume ». Citons les derniĂšres lignes, aprĂšs la cĂ©rĂ©monie de prestation de serment : « Le rĂšgne politique de Nicolas commença Ă dater de jour. Il est trop prĂšs de nous pour ĂȘtre aujourdâhui racontĂ©. Avant de lâentreprendre il faut avoir jetĂ© dans son tombeau Ă peine ouvert les partialitĂ©s, les ressentiments et les sĂ©vĂ©ritĂ©s lĂ©gitimes que ses derniĂšres annĂ©es de rĂšgne ont accumulĂ©s avec tant de sang sur son nom. MĂȘme pour accuser lâhistoire a besoin de justice et la justice a besoin de tems ».
Suit un « Ăpilogue de lâhistoire de Russie ou RĂ©flexions sur la guerre prĂ©sente » (23 pages, ch. 1-23), qui semble ĂȘtre restĂ© inĂ©dit . Lamartine rĂ©flĂ©chit sur la guerre de CrimĂ©e. Nous en citons le dĂ©but : « Le caractĂšre gĂ©nĂ©ral du rĂšgne de lâempereur Nicolas fut baignĂ© la derniĂšre annĂ©e de sa vie lâimmobilitĂ© du monde, non seulement en Occident mais en Orient. LâimmobilitĂ© du monde pendant une certaine pĂ©riode de tems Ă©tait pour la Russie non seulement un systĂšme mais un orgueil »..
3Â 000 - 4Â 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 48
800 - 1 000
108 bis LOUISE DE SAVOIE (1476 - 1536) mÚre de François Ier, Régente de France pendant la captivité de son fils.
P.S. « Loyse », Lyon 17 mai 1525; contresignée par BRETON; vélin oblong in-fol. (déchirure marginale sans perte de texte, brunissures).
Régente de France, elle donne ordre de payer à Jehan LE SIEUR, conseiller au Parlement de Rouen, la somme de 663 livres, pour le « parfaict payement de ses voyages sallaires et vaccacions »...
Provenance: ancienne collection MONMERQUĂ
109 Félicité de LAMENNAIS (1782 - 1854).
L.A.S. « LâabbĂ© de la Mennais », Paris 25 avril 1820, au baron de SYON Ă Turin ; 1 page et quart in-8, adresse. Il lui recommande M. DELPLAN, « jeune architecte qui se rend Ă Rome [âŠ] Ce jeune artiste est lâami dâune des personnes pour qui jâai le plus dâattachement et dâestime »âŠ
110 LAMENNAIS Félicité de (1782 - 1854).
7 L.A.S., 1827 - 1841, au marquis ou au comte de CORIOLIS DâESPINOUSSE (5), et au baron de VITROLLES (2) ; 13Â pages in-8 ou in-12, adresses et une enveloppe.
25 septembre [1827], aprĂšs une grave maladie : « Ma tĂȘte est encore trĂšs peu capable dâapplication, mais je nâai besoin que de suivre le mouvement naturel de mon cĆur pour vous parler de la tendre et respectueuse affection que je conserverai pour vous jusquâĂ la fin dâune vie dont jâai vu le terme de bien prĂšs »âŠ
25 novembre [1840 ?], apprenant la maladie du marquis : « DĂšs que les soins de mon procĂšs me laisseront deux heures dont je puisse disposer, jâirai mâinformer de vos nouvelles, si toutefois je ne suis pas en prison. On a si grande envie de mây mettre, et tant de moyens pour se passer cette envie, quâil me paraĂźt assez difficile quâon nây rĂ©ussisse pas »âŠ
Deux lettres sont Ă©crites de la prison de Sainte-PĂ©lagie au comte de Coriolis, fils du marquis. 19 janvier, aprĂšs la mort du marquis : « Si jâavais pu concevoir une crainte de ce genre, jâaurais certainement essayĂ©, malgrĂ© les embarras de mon procĂšs, de revoir encore une fois lâami si constant et si bon que je ne cesserai jamais de regretter »âŠ
8Â avril, au sujet de la visite que le comte veut lui rendre dans sa prison.
Au baron de VITROLLES. 10 septembre 1836 : de retour dâun petit voyage Ă Fontainebleau, il a trouvĂ© son neveu et sa sĆur, quâil ne peut quitter jusquâĂ leur dĂ©part. Dimanche 12 avril [1835 ?], au sujet dâun achat de bon vin, et dâun billet de George Sand.
111 LARGUIER Léo (1878 - 1950).
MANUSCRIT autographe dâun journal intime, 15 mai-novembre 1940 ; 52 pages in-fol. Chronique de la dĂ©bĂącle et du dĂ©but de lâOccupation
Alertes frĂ©quentes, cafĂ©s vides, amis absents (DorgelĂšs, Carco, RenĂ© Benjamin) : Larguier se sauve Ă Chevreuse : « Je nâai emportĂ© quâune valise et le manuscrit du Temps passĂ©, mon asile, ma chartreuse, mon seul refuge »⊠Quelques jours plus tard, un train bondĂ© lâemmĂšne Ă Viales en LozĂšre (500 habitants)⊠Larguier a collĂ© dans son manuscrit des L.A.S. de la princesse Ernest dâARENBERG et de RenĂ© BENJAMIN, des coupures de presse concernant lâarmistice et Paris occupé⊠La vie quotidienne Ă Viales sous lâombre de la guerre⊠Souvenirs dâenfance et de jeunesse⊠Nouvelles de Vichy⊠En novembre, il retrouve Ă NĂźmes RenĂ© Benjamin, qui lui rapporte les confidences du marĂ©chal PĂ©tain sur lâentrevue de Montoire⊠Larguier relit le journal des GoncourtâŠ
On joint quelques notes autographes, plus une coupure de presse sur lâarrestation dâAbel Hermant Ă la LibĂ©ration.
112 Romain Thomas dit LHĂRITIER (1809 - 1885) acteur.
ALBUM de 23 aquarelles originales, dont 6 signĂ©es « Lh », [1860 - 1873] ; montĂ©es sur 12 feuillets de carton bleu oblong in-fol. dans un album en reliure dâĂ©poque demi-basane brune (rel. usagĂ©e).
Bel ensemble de caricatures des acteurs du Palais-Royal
Dans Le Roi Candaule (de Meilhac et Halévy, créé au Palais-Royal en 1873) : Romain Lhéritier, Jean-Marie-Michel
GEOFFROY, et René LUGUET.
Dans Le Plus Heureux des trois (de Labiche et Gondinet, Palais-Royal 1870), sur une mĂȘme feuille : Jules BRASSEUR, GEOFFROY, LHĂRITIER et GIL-PĂRĂS.
Dans LâHomme masquĂ© (des frĂšres Cogniard et Choler, Palais-Royal 1867) : Hyacinthe, LhĂ©ritier, DĂ©sirĂ©, Paul, Lassouche, Kalkaire, Gobin.
Dans La Sensitive (de Labiche, Palais-Royal 1860) : Amand, Arnal, Hyacinthe, Gil-PĂ©rĂšs, Brasseur et RenĂ© Luguet. Autres portraits de LASSOUCHE, BRASSEUR, PELLERIN, GIL-PĂRĂS, PRISTON, FITZELIER, HYACINTHE, LHĂRITIER (dans La Cagnotte de Labiche, 1864), ACHARD, LEVASSOR, RAVEL, FĂ©licia THIERRET, DĂSIRĂ ; Paul GRASSOT dans trois de ses rĂŽles (Le CĂ©lĂšbre Vergeot, Le Terrible Savoyard et DansorĂšs Españolas ; une page est Ă©galement consacrĂ©e aux « Esclaves » du Palais-Royal : le garçon dâaccessoires, le 1er et le 2e rĂ©gisseurs.
49 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
750
1 000
-
80
100
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800 - 1 000
1Â 000 - 1Â 200
800 - 1 000
113 LINCOLN Abraham (1809 - 1865).
L.A.S. « A. Lincoln », 17 août 1861, au général Lorenzo THOMAS (1804 - 1875) ; 1 page in-8, avec L.A.S. de Lorenzo Thomas et du général FRANKLIN sur 3 pages ; en anglais.
En répnse à une lettre des généraux Thomas et Franklin du 13 août 1861 concernant le capitaine DALLAS.
« I repeat that if Adjutant Genl. Thomas is reasonably well satisfied that Capt. Dallas was rejected by the Senate through misappre[hen]sion of facts, he is to be re-appointed. It is the opinion of the Adjutant General, and of Genl. Franklin, as shown by what they have written written [sic] within, that he is a good officer »âŠ.
114 LISZT Franz (1811 - 1886).
L.A.S. « F. Liszt », Weymar 7 aoĂ»t 1852, Ă Joseph AUTRAN ; 4 pages in-8. Belle lettre sur son cycle choral Les Quatre ĂlĂ©ments et sur son poĂšme symphonique Les PrĂ©ludes [Ces deux Ćuvres sont inspirĂ©es de poĂšmes de Joseph AUTRAN (1813 - 1877). Lors de la venue de Liszt Ă Marseille, Joseph Autran lui offrit une suite de quatre poĂšmes, La terre, Les aquilon, Les flots et Les astres. Liszt conçut alors lâidĂ©e dâune cycle de choeurs pour voix dâhommes avec accompagnement de piano, Les Quatre ĂlĂ©ments, et composa immĂ©diatement la musique pour Les aquilons ; il en dirigea au piano la crĂ©ation Ă Marseille mĂȘme lors de son dernier concert le 6 aoĂ»t 1844. Il complĂ©ta jusquâen 1845 cette suite musicale avec les chĆurs des trois autres parties, mais il ne la publia ni ne la fit interprĂ©ter de son vivant. En revanche, il y ajouta en 1848 une ouverture symphonique qui utilise le thĂšme principal du chĆur Les Aquilons, mais cette ouverture devint une Ćuvre symphonique indĂ©pendante, Les PrĂ©ludes, qui fut créée Ă Weimar le 23 fĂ©vrier 1854. Liszt Ă©voque Ă©galement ici le recueil dâAutran Les PoĂšmes de la mer (Michel LĂ©vy, 1852), qui recueille les poĂšmes offerts Ă Liszt et une piĂšce intitulĂ©e Ă Franz Liszt
« Votre lettre et le beau volume de vos PoĂšmes de la Mer mâont fait un trĂšs grand plaisir, et je vous remercie bien cordialement de cette aimable preuve de votre bon souvenir. Il semble que vous ayez devinĂ© que la mer devait me manquer beaucoup ici et que vous ayez voulu y supplĂ©er par une de ces gĂ©nĂ©reuses libĂ©ralitĂ©s dont les poĂštes sont seuls capables. En effet vos vers me tiendront lieu de cette sublime sociĂ©tĂ©, de ces infinis horizons, de ces irrĂ©trouvables harmonies, qui mâĂ©taient devenues familiĂšres durant mes voyages, et câest avec vous que je les Ă©voquerai dĂ©sormais ! DĂšs la premiĂšre feuille jâai Ă©tĂ© charmĂ© de retrouver plusieurs strophes que jâavais composĂ© autrefois et que je compte vous faire entendre lorsque je reviendrai Ă Paris. Vous vous souvenezpeut-ĂȘtre mâavoir confiĂ© Ă Marseille quatre textes â Les Flots â Les Bois â Les Astres â Les Autans. Jâen ai achevĂ© la musique il y a longtemps, et en les orchestrant, lâidĂ©e me prit dây joindre une assez longue ouverture. Nous en ferons quelque chose Ă quelque beau jour ; malheureusement la musique ne prend vie que par lâexĂ©cution et il nâest pas toujours aisĂ© de disposer dâun personnel suffisant pour ce genre de composition qui ne sâadapte quâĂ des programmes de concerts peu frĂ©quents ». Puis il fĂ©licitĂ© Autran pour son mariage avec Mme Fitch quâil sera heureux de revoir, lors dâun voyage des Autran en Allemagne : « Tout aux portes de Weymar vous trouveriezla forĂȘt de Thuringe, renommĂ©e pour ses beaux points de vue, et la Wartbourg qui conserve ses traditions de combats de PoĂštes. Peut-ĂȘtre vous laisserez-vous tenter un jour de visiter ces contrĂ©es et me ferez-vous lâamitiĂ© de venir passer quelques jours avec moi et causer tout Ă lâaise de nos Flots »âŠ
115
LISZT Franz (1811 - 1886).
L.A.S. « F. Liszt », [Paris] Jeudi matin ; 1 page in-12. « Merci de votre beau zçle, cher vaillant collaborateur. Je me mets complĂštement Ă votre disposition demain et aprĂšs demain dans lâaprĂšs-midi, soit chez Ărard soit chez vous »âŠ
116 LIVRES.
Ensemble de 3 ouvrages en 2 volumes.
BUNGUS Petrus (â 1601). Mysticae numerorum significationis (Bergame, C. Venturae, ). 2 tomes en 1 vol. in-folio (32 x 20,5 cm) demi-veau brun Ă petits coins, dos Ă nerfs ornĂ© (remboĂźtage XIXe s.)
Rare Ă©dition originale de cet important traitĂ© de numĂ©rologie qui Ă©tudie cette discipline au travers de plusieurs centaines dâauteurs et sur une pĂ©riode sâĂ©tendant de lâAntiquitĂ© Ă la Renaissance. Ancienne coll. RenĂ© Alleau. (Mouillures, forte brunissure aux derniers feuillets, quelques rousseurs, galerie de ver aux premiers feuillets, dĂ©chirures marginales, Ă©tiquette scotchĂ©e au premier contreplat, remboĂźtage malhabile du XIXe siĂšcle trĂšs dĂ©fraĂźchi.
COCLES Bartolomeo (1467 - 1504). La Geomantia, [suivi de :] GEBER Gioanni , De la Geomantia (Venise, G. Rapirio, 1550 et 1552). Ens. 2 ouvrages en 1 vol. petit in-8 (14,8 x 9,7 cm), maroquin vert, cadre intĂ©rieur de mĂȘme peau ornĂ© de dentelles, dos Ă nerfs ornĂ© (reliure postĂ©rieure). RĂ©union de deux traitĂ©s abondamment illustrĂ©s dans le texte. Ex-libris manuscrit « Gaspard de Ronnat » sur le titre ; ancienne coll. Guy Bechtel (ex-libris gravĂ©). Taches et mouillures, annotations Ă lâencre, dernier cahier partiellement dĂ©brochĂ©.
6 000 - 8 000
800 - 1 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 50
800 - 1 000
1 200 - 1 500
117 LOMAZZO Giovanni Paolo (1538 - 1592).
Traicté de la proportion naturelle et artificielle des choses par Ian Pol Lomazzo peintre milanois. Ouvrage necessaire aux Peintres, Sculpteurs, Graveurs, & à tous ceux qui pretendent à la perfection du Dessein (Toulouse, Arnaud Colomiez, 1649) ; grand in-4 (32,7 x 22,5 cm), [f. bl.]-[f.de titre]-[13 ff.]-[6 ff.]-91 pp. (erreur de numérotation à la p.61 indiquée 81)-[6 pp.] ; cartonnage bradel bleu, dos lisse orné, piÚce de titre en maroquin brun, tranches jaunies, emboßtage de toile bleu (reliure vers 1800).
Livre de peintre majeur, dâune extrĂȘme raretĂ©
PremiĂšre Ă©dition de la traduction française, partielle, du Trattato dellâarte della pittura de Lomazzo par Hilaire PADER, illustrĂ©e de bandeaux, lettres ornĂ©es et culs de lampe gravĂ©s sur bois, marque dâimprimeur gravĂ©e sur bois, 50 illustrations gravĂ©es sur cuivre, sur des planches hors-texte ou dans le texte (certaines signĂ©es H. Pader), et un portrait de Giovanni Paolo Lomazzo gravĂ© Ă lâeau-forte.
Traduction du premier des sept livres de cet ouvrage publiĂ© Ă Milan en 1584. Celui-ci concerne uniquement la science des proportions, mais occupe une place de premier ordre dans la littĂ©rature artistique de lâĂ©poque : « par sa date, puisque prĂ©cĂ©dant de deux ans la traduction du TraitĂ© de la peinture de LĂ©onard de Vinci par Roland FrĂ©art de Chambray, elle constitue le premier ouvrage acadĂ©mique publiĂ© en France Ă ĂȘtre spĂ©cialement consacrĂ© Ă la thĂ©orie de la peinture ; par son influence, puisquâelle aida notamment Poussin Ă formuler lâinterprĂ©tation nĂ©oplatonicienne de lâart de peindre Ă laquelle il resta ensuite attachĂ© ; enfin par la qualitĂ© de son illustration, oĂč les eaux-fortes de Pader offrent le paradoxal tĂ©moignage de figures maniĂ©ristes tracĂ©es de la main dâun maĂźtre du dessin classique » (Des livres rares depuis lâinvention de lâimprimerie, BnF, 1998, p. 175).
Certains exemplaires contiennent une gravure au verso de la gravure n°5 ; sur dâautres, comme celui-ci, le verso est restĂ© vierge. Un lecteur de lâĂ©poque a soulignĂ© Ă lâencre noire certains passages du texte.
Provenance : Theo Dobbelmann, 1941 (ex-libris collé sur le contreplat) ; ex-libris du XIXe siÚcle non identifié (collé au verso du feuillet de titre).
RĂ©fĂ©rences : Cicognara, n°332. - Robert-Dumesnil, t. VIII, pp. 262 - 270, n°2-53. (Mouillure rĂ©pĂ©tĂ©e sur plusieurs feuillets, petits trous sans manques au titre ; reliure en Ă©tat dâusage, frottements et dos abĂźmĂ©).
118 LOUĆžS Pierre (1870 - 1925) et BATAILLE Henry (1872 - 1922).
MANUSCRIT autographe signĂ© de Pierre LOUĆžS, 1894, illustrĂ© dâun DESSIN signĂ© et lĂ©gendĂ© par Henry BATAILLE, 1908 ; 1 page oblong in-4 (17 x 21,5 cm).
Belle page Ă propos des Chansons de Bilitis
En haut Ă gauche, LouĂżs a inscrit les deux derniĂšres strophes de La Jongleuse des Chansons de Bilitis (CXXI) : « Louez la, car elle fut adroite et fit des tours difficiles. Elle jonglait avec des cerceaux sans rien casser dans la salle et se glissallit au travers comme une sauterelle. Parfois elle faisait la roue sur les mains et sur les pieds. Ou bien, les deux jambes en lâair et les genoux Ă©cartĂ©s, elle se courbait Ă la renverse et touchait la terre en riant ». Henry BATAILLE a dessinĂ©, Ă la mine de plomb et Ă lâencre noire, une contorsionniste nue simulant une dĂ©capitation, lĂ©gendĂ©e : « SalomĂ© dansant devant HĂ©rode la danse de la âDĂ©collation de S. J. Baptisteâ Henry Bataille 1908 ».
On joint un ensemble de 19 lettres ou piĂšces, la plupart L.A.S.
Paul ADAM, Henri BARBUSSE, Julien BENDA, Pierre BENOIT, Henry BERNSTEIN, Maurice DEKOBRA, Lucie DELARUE-MARDRUS, Georges DUHAMEL, Claude FARRĂRE, Jean-Jacques GAUTIER, Bernard GAVOTY, AndrĂ© LEBEY, Marius-Ary LEBLOND, Georges LECOMTE, Francis DE MIOMANDRE, Robert SABATIERâŠ
51 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
-
1Â 000
1Â 500
600 - 800
119
[LOWE Hudson (1769 - 1844) général anglais, geÎlier de Napoléon à Sainte-HélÚne.]
4 lettres et documents, Sainte-HélÚne 1816 - 1821 ; sur 14 pages in-fol., avec analyse au dos des documents ; en anglais.
L.A.S. du major Gideon GORREQUER (1781 - 1841), aide de camp dâHudson Lowe, Sainte-HelĂšne 1er aoĂ»t 1817, Ă Denzil IBBETSON, commissaire gĂ©nĂ©ral Ă Sainte-HĂ©lĂšne (3 p. in-fol.). Hudson Lowe fait part de son opposition au transfert dâIbbetson demandĂ© par lâEast India Company, notamment en raison de la demande accrue de fournitures causĂ©e par lâaugmentation de la population de lâĂźle causĂ©e par la prĂ©sence de NapolĂ©on. Le magasinier par qui la dĂ©livrance des provisions Ă©tait faite autrefois, sâest rĂ©vĂ©lĂ© incompĂ©tent, mais sâest dĂ©fendu des irrĂ©gularitĂ©s relevĂ©es par Lowe en arguant quâil nâa pas eu dâassistant supplĂ©mentaire aprĂšs lâarrivĂ©e du gĂ©nĂ©ral Bonaparte et lâaugmentation de la population sur lâĂźle... Il a Ă©tĂ© jugĂ© opportun, mĂȘme par principe dâĂ©conomie ainsi que pour assurer un approvisionnement rĂ©gulier et bon, de faire fournir par le Commissariat les viandes et les fourrages pour les Ă©tablissements du gĂ©nĂ©ral Bonaparte. Lowe propose quâIbbetson soit commissaire aux comptes des Ă©tablissements de NapolĂ©on, ce qui devrait inciter le TrĂ©sor Ă lâautoriser Ă rester sur lâĂźle. [Ibbetson, arrivĂ© sur lâĂźle avec NapolĂ©on sur le Northumberland en 1815, y resta en effet jusquâen juin 1823.] « The storekeeper by whom the issue of Provisions was formerly made, has been found incompetent to the complete discharge of all duties in other branches and having had no additional assistant in consequence of the arrival of General Bonaparte and of the increase in population on the island, has assigned this as a cause to the Court of Directors for some irregularities which the governor has represented to them. ... It has been found expedient, even from principles of economy as well as to ensure a regular and good supply, to have meats and forage for General Bonaparteâs establishments furnished from the Commissary »⊠On y a joint des extraits dâune lettre de LOWE Ă lâEast Company of India (2 juin 1816), et de la rĂ©ponse de la Company (6 dĂ©cembre 1816) (ensemble 3 p. in-fol.).
Copie par Thomas READE (adjudant gĂ©nĂ©ral adjoint) du General Order dâHudson Lowe le 25 juillet 1821 (6 pages et demie in-fol.). Ordre gĂ©nĂ©ral rĂ©digĂ© par Lowe lors de son dĂ©part de Sainte-HĂ©lĂšne, remerciant avec gratitude les militaires (dont un certain nombre sont nommĂ©s), le corps mĂ©dical, le RĂ©vĂ©rend Vernon (aumĂŽnier militaire) et Denzil Ibbetson, qui a eu des tĂąches diverses et dĂ©licates Ă accomplirâŠ.
120 MAGRITTE René (1898 - 1967).
L.A.S. « RM », Bruxelles 8 septembre 1964, Ă son ami AndrĂ© BOSMANS ; 1 page in-8 Ă son en-tĂȘte et adresse. Ă propos de lâaffaire des fausses Cartes dâaprĂšs nature Ă©ditĂ©es par le groupe de la revue Vendonah Il ne croit pas souhaitable de reproduire les cartes dans la revue RhĂ©torique. Il suffirait dâen donner la description suivante sous le chapeau VariĂ©tĂ©s : « De fausses âCartes dâaprĂšs Natureâ ont Ă©tĂ© mises en circulation. Elles portent les n os 11 et 12. Le n° 11 ne contient aucun texte, ni illustration. Le n° 12 : âCeci nâest pas un Magritte-Magritteâ et le mot âRĂ©ponseâ et rien de plus. La discrĂ©tion du ou des auteurs anonymes de ces fausses âcartes dâaprĂšs natureâ est tout juste bonne Ă les faire sâimiter eux-mĂȘmes »...
121
MAINTENON Françoise dâAubignĂ©, marquise de (1635 - 1719) Ă©pouse secrĂšte de Louis XIV, fondatrice de la maison de Saint-Cyr pour les jeunes filles.
L.A.S. « Maintenon », 6 octobre, à Mme du MARETZ à Paris ; 1 page et demie in-4, adresse avec fragments de cachet cire aux armes (brunissures aux bords).
Mme de Maintenon voit avec peine la mauvaise santĂ© de Mme du Maretz, et ne sait comment la remercier de sa peine : « Vous menvoyĂ©s bien promptement largent de M e Dillon, vous nen rabattĂ©s rien. Mr dâArche paye avant davoir jouy du revenu de son EveschĂ© une pension que le Roy a donnĂ© Ă un curĂ© de mes amis, qui ne devoit toucher que dans un an, il nen diminue rien a vostre exemple et comble dâhonnestetĂ©s un pauvre religieux qui nen peut revenir destonnement. Mr de Bercy a des attantions particulieres pour ce qui regarde Maintenon et qui depend de luy. Vous voyĂ©s Madame, que tout ce qui vous est proche me traitte assez bien, et que jâay raison de faire passer par vous la regnoissance que jâen ay »...
122
MALLARMà Stéphane (1842 - 1898)
L.A.S. « StĂ©phane MallarmĂ© », Tournon samedi soir [automne 1864, Ă Henri HERLUISON] ; 3 pages in-8 Ă lâencre bleue su papier Ă son en-tĂȘte gravĂ©
RĂ©clamation Ă un bibliophile indĂ©licat [Henri HERLUISON (1835 - 1905) Ă©tait un libraire-Ă©diteur dâOrlĂ©ans, et historien dâart ; il fut conservateur des musĂ©es dâOrlĂ©ans.]
« Mon ami Albert GLATIGNY, qui Ă©tait au commencement de lâannĂ©e Ă OrlĂ©ans, mâa dit vous avoir prĂȘtĂ© un exemplaire, fort rare et au quel je tiens beaucoup, du Tragaldabas de VACQUERIE. Depuis, soit quâil ait nĂ©gligĂ© de vous le redemander, soit que vous ayez oubliĂ© de le lui renvoyer, Ă chacune de mes trĂšs pressantes rĂ©clamations, Glatigny a invariablement rĂ©pondu que vous ne le lui remettiez pas, et Ă la fin mâa fait part de votre adresse.
Mon ami est maintenant en Allemagne, et câest parce quâil se trouve trop loin pour que vous lui fissiez parvenir cette brochure que je me permets de mâadresser directement Ă vous.
Voici longtemps que jâai infiniment besoin de cette comĂ©die, et je vous serais, Monsieur, trĂšs obligĂ© de me la faire parvenir de suite ».
Il donne son adresse Ă Tournon (ArdĂšche).
800 - 1Â 000
1Â 200 - 1Â 500
300 - 500
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 52
1Â 000
- 1Â 200
123 MALLARMà Stéphane (1842 - 1898).
L.A.S. « Stéphane Mallarmé », Valvins 20 août 1887, à Camille de SAINTE-CROIX ; 4 pages in-8 avec vignette à la derniÚre page (papier bruni, quelques fentes et marques de plis). Beau commentaire de Contempler (Albert Savine, 1887).
« Câest, comme lâautre, un livre particuliĂšrement griffĂ© ! Le genre prĂ©somptueux qui a voulu remplacer le poĂ«me et tout, sans les raccourcis de pensĂ©e prodigieux et le vers, ou le Roman, se dĂ©gonfle et les Ă©crivains clairvoyants ramĂšnent aux MĂ©moires, qui seuls lui conservent sa grĂące et sa force primesautiĂšres, leur prose. Vous me paraissez de lâheure mĂȘme en cela, avec des sons anciens et de terroir littĂ©raire possĂ©dĂ©s presque par vous seul ! Notamment que de quelque vie vous animiez vos si intĂ©ressantes figures, on les sent, les pages finies, dĂ©pendre dâun livre, tout en Ă©tant jusquâau miracle ! cela Ă la plus grande gloire de lâĂ©crit, quâelles nâont point lâimpudence de nier pour se vautrer Ă mĂȘme nous. Voici qui est subtil ! je veux dire quâon jouit Ă la fois et selon un dosage excellent, de vos hautes puissances de recrĂ©ation et de vos qualitĂ©s rares de style si dans le gĂ©nie mĂȘme de la langue et magistralement rythmĂ©, tout cela ne faisant quâun : cet acte dâĂ©crire, dont vous parlez dans votre prĂ©face et qui est lâautre acte humain quâaimer ! »âŠ
Correspondance (éd. B Marchal), n° 834, p. 651.
124
MALLARMà Stéphane (1842 - 1898)
L.A.S. « SM », Valvins Lundi [28 septembre 1896], Ă Mademoiselle Paule GOBILLARD Ă Rouen ; 2 pages in-12 (petite fente), enveloppe (dĂ©chir. Ă lâemplacement du timbre).
« Bonjour, les volages. On vous met Ă part, sur ce carton, vos compliments, pour bien montrer quâon croit Ă votre existence particuliĂšre, Ă Paule, Ă Julie et Ă Jeannie ; la preuve est quâon ressent un vrai vide Ă ne vous avoir pas lĂ . [âŠ] Alors amusez-vous bien, dĂ©pensez au long de la route et rapportez du rire »... Il explique ensuite quâon a mis par mĂ©garde Ă la poste une lettre pour sa fille GeneviĂšve, que ce billet devait accompagner ; une autre lettre attend GeneviĂšve Ă Rouen, poste restanteâŠ
125 MALRAUX André (1901 - 1976).
MANUSCRIT autographe signé « André Malraux ». 1976 ; 1 page in-4.
Un des derniers textes de Malraux, évoquant son ami Galanis
Il a Ă©tĂ© reproduit en fac-similĂ© en tĂȘte du catalogue de lâHommage Ă Demetrius Galanis (1897 - 1966), organisĂ© du 1er juin au 18 septembre 1976 par le Centre culturel hellĂ©nique de Paris au musĂ©e de Montmartre. Malraux est mort le 23 novembre.
« Que sont devenues ces natures mortes dâAnthologie grecque â figues, amandes, flĂ»tes de Pan, raisins â si diffĂ©rentes de lâillustration des Nuits dâOctobre, alors dans sa gloire, quâen 1922 les jeunes Ă©crivains comparaient aux fruits des CĂšnes toscanes, Ă ceux de Derain ? (Plusieurs ont appartenu Ă Vanili PhotiadĂšs) Combien de surprises nous donnerait une exposition, peintures, et gravures, du temps oĂč GALANIS se reposait en dĂ©corant dâautres figues et dâautres flĂ»tes, lâharmonium quâil avait fabriquĂ© patiemment entre 1920 et 1930⊠»
126 MANET Ădouard (1832 - 1883).
P.A.S. « Ed. Manet » au bas dâune reproduction de son tableau Le Bon Bock ; 3 lignes au crayon noir sous une photographie (18,3 x 16 cm) montĂ©e sur carton gris de 34 x 18,4 cm (un coin dĂ©chirĂ©). DĂ©dicace du fameux tableau Le Bon Bock Ă son Ă©lĂšve Ăva GonzalĂšs.
« à M lle Eva GonzalÚs hommage affectueux Ed. Manet ».
[Manet a peint Le Bon Bock en 1873 ; le tableau remporta un grand succĂšs au Salon de 1873. Peintre impressionniste et seule Ă©lĂšve de Manet, Ăva GONZALĂS (1849 - 1883) lui servit souvent de modĂšle ; elle connut son premier succĂšs au Salon de 1870, oĂč Manet exposa dâailleurs un magnifique portrait dâelle (Londres, National Gallery).]
2Â 000 - 2Â 500
53 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1Â 000 - 1Â 500
700 - 800
1Â 000
- 1Â 200
MANUSCRIT MĂROVINGIEN.
MANUSCRIT de lâabbaye de Saint-Martin de Tours, Tours VII e siĂšcle. Feuillet de parchemin (225 x 195 mm) en latin, contrecollĂ© Ă des feuillets de papyrus Ă©gyptien en grec du VI e ou VII e siĂšcle. Ătui de conservation. Rare fragment de la comptabilitĂ© domaniale de lâabbaye Saint-Martin de Tours, collĂ© sur un fragment dâun poĂšme grec sur la vie de Saint Joseph par ĂphraĂŻm le Syrien sur papyrus
Le feuillet de comptes sur parchemin a Ă©tĂ© contrecollĂ© Ă des feuillets de papyrus, probablement afin de le renforcer et de rĂ©duire le recourbement des feuillets de parchemin (Sati, âMerovingian Accounting Documents â, pp. 147-51).
Il est Ă©crits sur deux colonnes de 22 et 24 lignes, Ă lâencre carbone, sans rĂ©glure, avec ligne de sĂ©paration entre les deux colonnes tracĂ©e sans le secours dâune rĂšgle, foliotation « 3a » tardive sans rapport avec le texte (tĂ©moignant probablement de lâappartenance Ă un ancien recueil du XIXe s. provenant de la collection dâAmans-Alexis de Monteuil), cursive mĂ©rovingienne, notes tironiennes â onciales grecques de type copte, plusieurs mains (?) de la mĂȘme pĂ©riode sont intervenues dans ce document (des notes tironiennes, croix, notes en marges et biffures). Feuillet rognĂ© de tous cĂŽtĂ©s, principalement dans les marges gauche, supĂ©rieure et infĂ©rieure avec manques de texte dans la premiĂšre colonne.
Un feuillet manuscrit descriptif de la main dâAlexis de Monteuil accompagne le document. Ce feuillet issu dâun manuscrit mĂ©rovingien identifiĂ© comme provenant du plus grand centre culturel français du septiĂšme siĂšcle, lâabbaye Saint Martin de Tours, prĂ©serve aussi une partie du seul papyrus tĂ©moignant dâun texte classique survivant au nord des Alpes
Document Ă©crit Ă lâabbaye de Saint-Martin de Tours, fondĂ©e au Ve siĂšcle par Saint Brice, devenant bĂ©nĂ©dictine au VIIe s., puis cathĂ©drale laĂŻque sous Charlemagne en 806. Plusieurs fragments identifiĂ©s comme appartenant au mĂȘme ensemble par Pierre Gasnault se trouvent dĂ©sormais Ă Paris (voir art. de Sati) et mentionnent lâabbĂ© Agrycus de Saint-Martin. Il en a conclu que cet ensemble, auquel se rattache sĂ»rement notre feuillet, a certainement Ă©tĂ© Ă©crit lĂ -bas.
Le document mĂ©rovingien contient une liste de noms avec les redevances dues au domaine de Saint-Martin de Tours. Il rĂ©pertorie les prĂ©noms Ă consonance principalement germanique des 46 habitants locataires de lâabbaye, avec Ă leur suite les volumes des diffĂ©rents grains dĂ»s (froment, seigle, orge, âŠ) et leur mesure en muid (modium) ou demi-muid (semodium). La transcription du texte a Ă©tĂ© publiĂ©e par Gasnault (pp. 310-14) ; parmi les 24 noms lisibles qui y figurent, on retrouve Childoberthus (col.2, l.3), Domoramnus (col.2, l.5), Dignon (col.2, l.6), Flanoberthus (col.2, l.7), Lupogisel (col.2, l.9), Genoaldus (col.2, l.13) et Taheuderamnus (col.2, l.21, etc. Pour comprendre la nature exacte de ce document, il faut remonter aux origines de lâadministration des biens clĂ©ricaux. Les abbayes durant cette pĂ©riode nâavaient pas dâautonomie pour la gestion de leur domaine et devaient se rĂ©fĂ©rer directement aux diocĂšses conformĂ©ment au concile de ChalcĂ©doine en 451. Il est donc curieux dâobserver ici directement un Ă©cart aux recommandations papales, est-ce une dĂ©rogation ou un document de suivi ? Selon Sati, une Ă©tude reste Ă faire sur le rĂŽle exact de ce document au sein de la lâadministration du domaine abbatial car il existe peu de documentation sur la question. LâhypothĂšse de la provenance du feuillet a Ă©tĂ© proposĂ©e par Pierre Gasnault, dans son article dĂ©diĂ© aux deux fragments apparus lors de la vente de Sothebyâs en 1989 (« Deux nouveaux feuillets de la comptabilitĂ© domaniale de lâabbaye Saint-Martin de Tours Ă lâĂ©poque mĂ©rovingienne »). Selon lui ces feuilles ont Ă©tĂ© rĂ©utilisĂ©es pour former la couvrure dâune reliure dâun exemplaire de Philippus sur Job dans la bibliothĂšque de Saint-Martin, MS 88 dans le catalogue dressĂ©, selon toute apparence, en 1700 du Fonds de Saint-Martin enrichi des observations faites par Chalmel en 1807 (Tours, BM, ms 1296) (voir L. Delisle, « Notice sur les manuscrits disparus de la bibliothĂšque de Tours », Notices et extraits des manuscrits de la Bibl. Nationale, 31, 1884, Appendice VII). Ils y ont Ă©tĂ© vus au dĂ©but du XVIII e siĂšcle in situ par le mauriste Bernard de Montfaucon (1665 - 1741) qui en a publiĂ© une description accompagnĂ©e dâune gravure du script sur papyrus dans sa Palaeographica graeca, 1708, pp. 214-15, en citant une lettre de Dom LĂ©on Chevalier, c. 1706, sur ces « Nobilia fragmenta inter membranas varias conglutinae » (Papiers de BrĂ©quigny, vol. XXXIV et XXXV). Ce sont les seuls manuscrits sur papyrus que Montfaucon ait jamais vus.
Lors de la rĂ©volution, les manuscrits de la cathĂ©drale ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s Ă la BibliothĂšque Municipale de Tours et beaucoup de volumes se sont retrouvĂ©s perdus ou vendus vers 1830 Ă Paris par les marchands comme Techener ou Monteuil. Cet Ă©pisode de de la vie des collections françaises est dĂ©crit ainsi par Delisle dans sa Notice sur les manuscrits de la ville de Tours : « Il faut dĂ©plorer la coupable nĂ©gligence qui a fatalement amenĂ©, pendant les trente premiĂšres annĂ©es de ce siĂšcle, lâaliĂ©nation, au poids du papier ou du parchemin, de plusieurs centaines de manuscrits dont beaucoup sont arrivĂ©s, vers lâannĂ©e 1830, chez les brocanteurs de Paris... On ne pourra jamais savoir assez de grĂ© aux Ă©tablissements et aux particuliers qui ont alors recueilli ces Ă©paves dâun grand naufrage, et sans lâintervention desquels de magnifiques manuscrits du moyen-Ăąge auraient Ă©tĂ© condamnĂ©s aux plus vils usages et abandonnĂ©s, comme matiĂšre premiĂšre, aux relieurs, aux batteurs dâor, aux fabricants de colle et Ă©piciers. » Une note de Chalmel en 1807 sur lâĂ©tat du dĂ©pĂŽt et des 272 manuscrits de Saint-Martin laisse Ă penser quâun certain nombre Ă©taient dĂ©jĂ jugĂ©s « victimes de leur vĂ©tustĂ© et du dĂ©faut de conservation », dont 150 en mauvais Ă©tat qui mĂ©ritaient des rĂ©parations.
20Â 000 - 30Â 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 54 127
Peut-on supposer quâentre sa visite et lâarrivĂ©e chez les brocanteurs de Paris, un tri aurait Ă©tĂ© fait par certaines personnes de la bibliothĂšque ? Pierre Gasnault explique que ces feuillets avaient Ă©tĂ© donnĂ©s par le libraire Techener vers 1830 a Amans-Alexis Monteil (1769 - 1850) pour le remercier dâune expertise sur des manuscrits, et il aurait vendu le reste au cĂ©lĂšbre collectionneur anglais Phillipps. Le feuillet manuscrit qui accompagne notre fragment, comme ceux qui accompagnaient les autres vu par Pierre Gasnault en 1967, est de la main du fils de Monteil (« Deux nouveaux feuillets », pp. 308-09). Un recueil de fragments rĂ©unis dans un volume apparait dans la vente de 1833 de Monteil et le prĂ©sent feuillet Ă©tait sans doute parmi eux (une foliotation tardive 3a pourrait correspondre Ă ce recueil). Vendu chez Sothebyâs Londres le 29 juin 1989, lot 26 (lâautre feuillet rĂ©apparaitra ultĂ©rieurement [Fogg, cat.16, 1995, n° 14]),
SchĂžyen MS 570.
Le papyrus copte
Lâenvers du parchemin, qui porte du papyrus contrecollĂ©, a attirĂ© lâattention du cardinal Giovanni Mercati (1866 - 1957), Ă©rudit bibliothĂ©caire du Vatican. Il a travaillĂ© sur le texte dâaprĂšs les transcriptions de Montfaucon quelque deux siĂšcles plus tard, ne sachant pas que lâoriginal avait survĂ©cu. Il a identifiĂ© les mots en onciale copte du VI e/VII e siĂšcle, comme faisant partie dâun poĂšme grec sur la vie de Saint Joseph par le thĂ©ologien syriaque, EphraĂŻm le Syrien (c. 306 - 373). Ce papyrus est Ă ce jour le tĂ©moin le plus ancien de ce poĂšme. La question de la prĂ©sence de ce manuscrit grec au sein des murs de lâabbaye tourangelle dĂšs le dĂ©but du haut moyen-Ăąge peut se poser, car la maĂźtrise du grec Ă©tait alors une compĂ©tence trĂšs rare. Lâhistorien Max Ludwig W. Laistner observe quâau VIII e et IXe siĂšcle, les personnes pouvant encore le lire se comptaient sur les doigts dâune main (Thought & Letters in Western Europe, 1931, p. 238). Lâautre hypothĂšse probable serait un usage des papyrus non comme tĂ©moin textuel mais comme matiĂšre premiĂšre. Les auteurs anciens furent probablement victime du manque dâintĂ©rĂȘt pour la culture antique dans lâempire devenu chrĂ©tien. GrĂ©goire de Tours raconte que le commerce des papyrus en Europe au VI e siĂšcle rĂ©sistait encore face Ă lâarrivĂ©e du parchemin, et il fut mĂȘme utilisĂ© pour les bulles pontificales jusquâau XI e siĂšcle. Le spĂ©cialiste des manuscrits du Haut Moyen Ăge, E.A. Lowe, rĂ©pertorie seulement une poignĂ©e de manuscrits sur papyrus pour la pĂ©riode (Codices Latini Antiquiores). Notre fragment dâorigine Ă©gyptienne est dâautant plus prĂ©cieux que la destruction de la bibliothĂšque dâAlexandrie par les troupes arabes Ă©tait survenue quelques dĂ©cennies plus tĂŽt, vers 640.
Bibliographie : P. Gasnault, « Deux nouveaux feuillets de la comptabilitĂ© domaniale de lâabbaye Saint-Martin de Tours Ă lâĂ©poque mĂ©rovingienne », Journal des savants 1995, pp. 307-21 ; S. Sati « The Merovingian Accounting Documents of Tours: form and function », Early Medieval Europe, 9 (2000), pp. 143-61.
128 MARIE LESZCZINSKA(1703 - 1768) Reine de France, femme de Louis XV.
L.A., Versailles 22 aoĂ»t 1745, Ă son gendre lâInfant Dom PHILIPPE, duc de PARME ; 1 page in-4, adresse « A mon frere, cousin et gendre, lâInfant Dom Phillippe », cachets de cire rouge Ă ses armes sur soies roses. Belle lettre familiale, aprĂšs le mariage (23 fĂ©vrier 1745) du Dauphin Louis de France avec Marie-ThĂ©rĂšse dâEspagne, fille de Philippe V et sĆur de lâInfant Philippe, duc de Parme, qui avait Ă©pousĂ© en 1739 la fille aĂźnĂ©e de Louis XV, Louise-Ălisabeth-Marie.
Elle a eu plaisir Ă recevoir sa lettre, car elle Ă©tait fĂąchĂ©e de son silence : « Jâavois chargĂ© vostre sĆur de vous en gronder. Je luy scait tres bon grĂ© de sâen etre acquitĂ©e. Il est juste que je vous instruise de mes sentimens pour elle, je lâaime de tout mon cĆur, je desire quâelle soit heureuse, je tacherois dâi contribuer toute ma vie. Il faut vous parler aussi du principal personage sur ce qui la regarde qui est mon fils cela me paroit tenir plus de lâamour que de lâamitiĂ©, et jâen suis enchantĂ©. Dieu veuille que cela dure toujours. De meme je le desire, et lâespere »âŠ
128 bis [MARIE-LOUISE]. â DU ROZOIR Charles.
Ăloge de Pie VI, avec lâHistoire religieuse de lâEurope sous son pontificat, accompagnĂ© de piĂšces officielles et de documents authentiques. Paris, Arthus Bertrand, 1825. In-8, demi-cuir de Russie rouge avec coins, chiffre couronnĂ© au centre, dos lisse ornĂ© (Reliure de lâĂ©poque).
Ădition originale, ornĂ©e dâun portrait lithographiĂ© de Pie VI.
Histoire du pape PIE VI (1775 - 1799), martyr de la RĂ©volution française, du Directoire et du Consulat. AprĂšs avoir assistĂ©, impuissant, Ă lâentrĂ©e des troupes de Berthier dans Rome en fĂ©vrier 1798 et Ă la proclamation de la RĂ©publique romaine, le souverain pontife fut contraint de renoncer Ă son pouvoir temporel et de quitter la Ville Ă©ternelle. RĂ©fugiĂ© en Toscane, il fut capturĂ© par lâarmĂ©e française et dĂ©portĂ© dans la prison de Valence oĂč, aprĂšs un interminable pĂ©riple, il succomba dâĂ©puisement.
Un ouvrage Ă©clairant sur lâaffrontement que la RĂ©publique française puis NapolĂ©on ont livrĂ©, au-delĂ de la personne de Pie VI, Ă la PapautĂ©.
Exemplaire provenant de la bibliothĂšque de Marie-Louise Ă Parme, reliĂ© au chiffre de lâancienne impĂ©ratrice des Français.
Quelques rousseurs. Dos un peu noirci.
Provenance : Calvin Bullock (ex-libris).
55 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1Â 200 - 1Â 500
400 - 500
129 MATISSE Henri (1869 - 1954).
L.A.S. « H Matisse », 14 novembre 1946, Ă Mary HUTCHINSON ; 1 page in-8, enveloppe. Il lui envoie deux invitations : « Vous y verrez que la sĂ©ance sera trĂšs intĂ©ressante. Je souhaite que vous puissiez remettre votre rendez-vous pour y assister »âŠ
400
500
1 500 - 2 000
L.A.S. « Giu. Mazarini », Rome 1er dĂ©cembre 1636, au baron Giuseppe MATTHEI (Ă Civitavecchia) ; 3 pages in-4, dont le dĂ©but par un secrĂ©taire (petit trou par corrosion dâencre) ; en italien. Lettre du sĂ©jour romain de Mazarin, avant dâentrer au service de Richelieu
Le dĂ©but de la lettre est Ă©crit par un secrĂ©taire ; puis Mazarin prend la plume pour Ă©crire 17 lignes. Il remercie le baron de son extrĂȘme courtoisie, et de bien vouloir prendre soin du transport de ses biens et de deux chevaux, dont un gris que le cardinal BICHI souhaite prĂ©senter Ă Monseigneur GIORI. Il ne manquera pas de servir le baron si lâoccasion se prĂ©sente. Il promet de le rembourser des dĂ©penses occasionnĂ©es. Dans le post-scriptum autographe, Mazarin renouvelle ses remerciements et annonce que les chevaux sont bien arrivĂ©s. Il a rendez-vous avec le Cardinal [Francesco] BARBERINI...
On joint la fin dâune L.A.S. aux Surintendants (1 page oblong in-12), les priant de « faire payer de bonnes grace » une somme au cardinal Grimaldi.
MANUSCRIT autographe, [fin 1934 ?] ; 16 pages in-4 au crayon, avec ratures et corrections (le dĂ©but manque). Important exposĂ© sur le dĂ©veloppement de la ligne dâAmĂ©rique du Sud et la traversĂ©e de lâAtlantique pour le service postal et pour des passagers, avec un parallĂšle entre lâavion et lâhydravion, et le rĂ©cit de ses traversĂ©es
Pour Mermoz, « lâavion et lâhydravion on chacun leur place dans lâavenir des traversĂ©es aĂ©riennes transatlantiques commerciales :
Lâavion au point de vue purement postal
Lâhydravion au point de vue purement passagers ».
800 - 1 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 56
On joint un tĂ©lĂ©gramme de Matisse Ă la mĂȘme (30.XII.1948), remerciements et vĆux. -
130 MAZARIN Jules, cardinal (1602 - 1661).
131 MERMOZ Jean (1901 - 1936) aviateur.
Il faut adopter lâavion (et Ă©carter lâhydravion) pour le service postal, pour la vitesse dâabord, « base fondamentale des traversĂ©es transatlantiques postales rĂ©guliĂšres ».... « Le pilotage sans visibilitĂ© aux instruments reprĂ©sente un progrĂšs considĂ©rable et ses possibilitĂ©s certes sont immenses tout particuliĂšrement dans la brume, les plafonds bas et mĂȘme dans un grand nombre de systĂšmes orageux europĂ©ens [...], mais il existe des temps dans lesquels je ne mâengagerai pas en pilotage sans visibilitĂ© et de nuit ». Quant aux perturbations mĂ©tĂ©orologiques sur lâAtlantique Sud, elles peuvent ĂȘtre trĂšs dangereuses, sans compter « le fameux pot-au-noir », notamment lors de la mousson. « Pour ma part, jâai eu lâoccasion dâen rencontrer deux fois entre Natal et le rocher St Paul dans la zone de lâĂźle Fernando de Noronha. La premiĂšre fois de jour ce nâĂ©tait pas une succession de grains relativement espacĂ©s comme ceux du pot-au-noir mais un vĂ©ritable systĂšme cyclonique avec un front de tornade barrant la route dâEst en Ouest sur une distance inapprĂ©ciable parce que trop Ă©tendue, aux nuages collĂ©s Ă lâeau avec par endroits quelques trombes marines suffisamment caractĂ©ristiques par leur forme pour ne pas les reconnaĂźtre comme extrĂȘmement dangereuses. La mer Ă©tait dĂ©montĂ©e et semblait se soulever comme aspirĂ©e. Pour passer au-dessus, il aurait fallu au moins atteindre cinq mille mĂštres pour trouver le calme. Changeant de route et circulant pendant vingt bonnes minutes vers lâEst, en bordure de ce front sans fissures, jâai fini par trouver une vague issue qui semblait plus claire et mây suis engagĂ©. En deux abattĂ©es successives, lâappareil engagĂ© Ă fond est descendu jusquâĂ lâeau. De justesse il sâest redressĂ© sous lâeffort dĂ©sespĂ©rĂ© des commandes. En mĂȘme temps nous sommes entrĂ©s dans une vĂ©ritable masse dâeau qui semblait sâĂ©crouler. Pendant un quart dâheure, propulsĂ©s par les rafales de vent dans un vĂ©ritable dĂ©luge, Ă quelques mĂštres dâune mer dĂ©montĂ©e, Dabry, GimiĂ©, Collenot (et moi) avons trouvĂ© les minutes longues⊠Puis peu Ă peu tout se calma dans une pluie trĂšs dense comme celle des queues de tornade. GimiĂ© put passer le fatidique T.V.B. » Mermoz raconte une autre perturbation qui lâobligea, aprĂšs plusieurs tentatives, Ă retourner se poser, non sans mal, Ă Natal. Il nâest pas sĂ»r quâil aurait rĂ©ussi Ă sâen sortir par nuit noire et en pilotage sans visibilitĂ©. Il vaut donc mieux, pour ne pas courir au dĂ©sastre Ă cause des importantes perturbations atmosphĂ©riques, porter lâeffort sur les vols transatlantiques de jour. Avec une vitesse de croisiĂšre de 300 km Ă lâheure de croisiĂšre, « on ira de Port-Etienne Ă Porto-PraĂŻa en 3 heures ; de Porto-PraĂŻa Ă Noronha en 7 heures ; de Noronha Ă Natal en 1 heure 20 ; de Dakar Ă Noronha en 8 h 45 ; de Dakar Ă Natal en 10 h. Je pense que voilĂ la vĂ©ritable sĂ©curitĂ©. Il est prĂ©fĂ©rable de passer 10 h sur lâeau et de jour que dây rester vingt ou vingt-trois heures »... Mermoz expose alors le dĂ©veloppement des infrastructures des terrains Ă PraĂŻa, lâĂźle Maio, Ă Noronha, Ă Recife : « La plus longue distance transatlantique sans escale ne sera plus que 2.150 km ». Il veut aussi dĂ©velopper les liaisons radio, notamment avec les bateaux, par un accord entre Air-France et les compagnies maritimes...
Il faut dâabord envisager « la question postale sur la ligne dâAmĂ©rique du Sud [...] Câest la seule susceptible de faire vivre Ă©conomiquement cette ligne malgrĂ© toutes les rĂ©ductions de subventions Ă envisager », le problĂšme des passagers passant au second plan. « Or pour transporter du courrier, le gros tonnage et le confort sont des Ă©lĂ©ments inutiles et superflus. Il faut tendre simplement sans cesse vers la plus grande vitesse pour une utilisation de puissance et un tonnage limitĂ© Ă©conomique », alors que pour les passagers « la plus grande sĂ©curitĂ©, le gros tonnage et le confort » sont essentiels. « Lâavion postal doit en principe ne jamais perdre de temps. Il va sans cesse contre la montre, passe aux escales Ă toutes les heures du jour et de la nuit, tend toujours Ă gagner sur un horaire plus ou moins bien dĂ©fini. Le pilote qui voyage avec son radio et le courrier a le droit de risquer davantage, en toute conscience professionnelle et en toute connaissance de son devoir avec une complĂšte libertĂ© dâesprit ». Pour les passagers, au contraire, la sĂ©curitĂ© est primordiale, et coĂ»teuse en personnel et en infrastructures. Pour lui, « les nĂ©cessitĂ©s dâune exploitation de ligne postale sont souvent incompatibles avec celle dâune ligne de transports », et il ne croit pas, sur le parcours de la ligne France-AmĂ©rique du Sud, aux solutions mixtes « qui diminuent la valeur respective des deux formules dâexploitation, en sacrifiant lâune au profit de lâautre »...
Lâautre raison dâadopter lâavion au point de vue postal est la question du tonnage. Prendre des hydravions pour assurer Ă la fois le service du courrier et celui de passagers prĂ©sente de gros risques financiers et de sĂ©curité ; la rentabilitĂ© ne sera pas assurĂ©e, et le moindre accident annulerait tous les efforts. Mermoz donne des chiffres qui montrent lâavantage dâun dĂ©veloppement dâun service postal rapide et rĂ©gulier, qui assurerait un gain de temps dâune vingtaine de jours sur le service normal : « On peut penser que le poids du courrier triplera et quadruplera rapidement. [...] Pour rĂ©aliser une exploitation Ă©conomique il faut des appareils rapides et Ă©conomiques, avec des appareils du type le Comet de Haviland de la course Londres Melbourne qui peut transporter 160 kgs de poste Ă 320 km Ă lâheure sur un parcours de 3600 km et cela avec moins de 500 chevaux consommant 75 litres dâessence et 1 l. dâhuile Ă lâheure, on peut arriver Ă une exploitation postale hebdomadaire coĂ»tant moins de vingt cinq millions par an. En doublant la frĂ©quence lâaugmentation des frais gĂ©nĂ©raux ne dĂ©passe pas 5 Ă 6 millions. Or si 130 kgs de poste hebdomadaires correspondent Ă 20 millions de recettes annuelles, si en doublant la frĂ©quence on double le courrier, il est facile de se rendre compte que la ligne France AmĂ©rique du Sud peut vivre et peut ĂȘtre assurĂ©e dâune existence normale, mĂȘme si lâon diminue un jour les surtaxes postales »... Cela nâempĂȘchera pas de penser un jour Ă une ligne de prestige pour les passagers, avec une subvention comme celles accordĂ©es aux compagnies de paquebots...
« Pour le moment, il nây a quâun effort Ă faire. Comme je lâai dĂ©jĂ dit il nâexiste en ce moment pour moi ni avion ni hydravion sur lâAtlantique Sud. Je suis prĂȘt Ă prendre lâun comme lâautre sans mâarrĂȘter Ă une question de formule. Jâai tenu simplement Ă mettre certaines choses au point Ă formuler des idĂ©es sur un avenir plus ou moins immĂ©diat ». Puis Mermoz revient sur lâavantage de lâavion qui « a toujours Ă©tĂ© en tĂȘte du progrĂšs aĂ©ronautique. Lâavion va plus vite plus haut et plus loin que lâhydravion. Il lâa prouvĂ© dans maintes expĂ©riences par maints records. Ă lâheure actuelle il nây a pas dâhydravion capable de battre lâavion quant Ă la vitesse, le plafond, la charge utile emportĂ©e, le rayon dâaction et il faut bien penser que si lâhydravion gagnait en qualitĂ©s techniques, celles de lâavion augmenteraient proportionnellement dans le mĂȘme ordre de grandeur ». En cas dâamerrissage forcĂ©, lâavion offre plus de sĂ©curitĂ© que lâhydravion... « On peut donc reconnaĂźtre Ă lâavion un rĂŽle important Ă jouer dans la solution dâun problĂšme qui exige la plus grande charge utile Ă emporter pour un maximum de rendement Ă©conomique et de vitesse. [...] Je pense dâabord quâun avion marchant Ă 300 km Ă lâheure grĂące Ă sa finesse, Ă son hĂ©lice Ă pas variable et dâici peu Ă son compresseur a moins de chance de panne et dâincident de vol en 7 ou 10 h. de traversĂ©e quâen 20 ou 23 h. de vol. Quand lâhydravion fera du 300 km Ă lâheure, lâavion fera du 400 km. Il restera toujours moins longtemps au-dessus de la mer, et cela, câest dĂ©jĂ la premiĂšre sĂ©curitĂ©. DĂšs que lâIle Fernando-de-Noronha va possĂ©der sa piste de dĂ©part [...], il faudra sept heures pour aller de PraĂŻa Ăźles du Cap Vert Ă Noronha. Si un avion terrestre bi ou trimoteur est calculĂ© pour voler Ă pleine charge avec un des moteurs stoppĂ©, je doute fort quâil ne puisse rejoindre Ă©tant Ă mi-route lâune ou lâautre de ses escales : au maximum en 3 h 30 de vol. Lorsque les hĂ©lices Ă pas variable seront dĂ©finitivement au point, pourquoi un trimoteur, ne serait-il pas calculĂ© pour au dĂ©part nâĂȘtre autre chose quâun bi-moteur emportant son troisiĂšme moteur stoppĂ© avec une hĂ©lice au pas complĂštement effacĂ© comme secours ? »...
Et il conclut : « La technique aĂ©ronautique fait de tels progrĂšs et les possibilitĂ©s dâavenir sont si vastes que lâon doit se dĂ©tacher de plus en plus de la crainte de venir au sol ou Ă lâeau malgrĂ© soi. Il ne faut pas prĂ©juger de garantir une sĂ©curitĂ© complĂšte. Il nây aura des sacrifices Ă consentir quoi que lâon fasse pour les Ă©viter. Ils sont trop Ă lâabri des raisonnements et des discussions pour que lâon sây attarde. Mais avec une infrastructure solidement Ă©tablie, une organisation mĂ©tĂ©orologique et radio goniomĂ©trique solide, si les compagnies de navigation maritime sâintĂ©ressent davantage au sort des traversĂ©es aĂ©riennes transatlantiques, on peut envisager lâavenir avec sĂ©rĂ©nitĂ© ».
Provenance : archives MERMOZ (vente Artcurial 11 octobre 2008, M93).
57 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
132
[MERMOZ Jean (1901 - 1936) aviateur.
30 tĂ©lĂ©grammes adressĂ©s Ă Jean M ERMOZ, 13-24 janvier 1933 ; la plupart dactylographiĂ©s avec en-tĂȘte The Western Telegraph Company ou Republica Argentina Telegrafo de la Nacion VĆux et fĂ©licitations pour le premier vol transatlantique de lâArc-en-Ciel (un trimoteur Couzinet 70) du Bourget le 7 janvier 1933 Ă Istres, Port-Ătienne et Saint-Louis du SĂ©nĂ©gal, dâoĂč il part au matin du 16 janvier pour rejoindre Natal oĂč il arrive le soir mĂȘme, et dâoĂč il repart le lendemain matin pour Rio. Il a traversĂ© lâAtlantique en 14 h 32, en compagnie du constructeur Couzinet, du copilote Pierre Carretier, du navigateur Louis Mailloux, du mĂ©canicien Camille Jousse et du radio Jean Manuel.
On relĂšve les noms dâAntoine de SAINT-E xUPĂRY (« Tiens avant votre dĂ©part vous redire toute mon amitiĂ© mes meilleurs souhaits et regret de nâavoir pu vous dire adieu »..), la marquise de NOAI ll ES , Jacques de SAINT-PIERRE , Edmond
DâO l IVEIRA , le Consul de France GIACHETTI , le Service mĂ©tĂ©orologique dâUruguay, lâAĂ©ro-Club de France, etc.
On joint 2 télégrammes de Mermoz à sa mÚre lors de son voyage de retour (Dakar et Saint-Louis du Sénégal 16 et 17 mai 1933), et 4 télégrammes reçus par Mermoz (18-23 mai).
Provenance : Aéronautique, Lettres et manuscrits de Jean Mermoz (Artcurial, 13 octobre 2008, M76).
1Â 000
133
MESSIAEN Olivier (1908 - 1992).
MANUSCRIT autographe signĂ© « Olivier Messiaen », Vingt Leçons dâharmonie (1940) ; 1 f. de titre + 48 pages de musique in-fol. (sur feuillets doubles), et 1 f. de titre + 6 pages de texte in-4.
Importante contribution en musique Ă lâhistoire de lâharmonie musicale, en hommage de Messiaen aux maĂźtres quâil admire
Câest dans lâĂ©tĂ© 1939 que Messiaen commença Ă rassembler et ordonner ces exercices Ă©crits les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes pour ses cours Ă lâĂcole Normale et Ă la Schola Cantorum, dans des styles allant de Monteverdi Ă Messiaen lui-mĂȘme, et dont il avait dĂ©jĂ donnĂ© un Ă©chantillon dans Le Monde musical en fĂ©vrier-mars 1937. La publication eut lieu aux Ă©ditions Alphonse Leduc en mai 1940.
Messiaen a composĂ© un projet de page de titre : « Olivier Messiaen / Vingt Leçons dâharmonie / Dans le style de quelques auteurs importants de âlâHistoire Harmoniqueâ de la musique, depuis Monteverdi jusquâĂ Ravel. / PrĂ©cĂ©dĂ©es dâune note de lâAuteur et de Remarques sur la rĂ©alisation de chaque leçon en particulier / Prix majorĂ© : 30 francs / Selon une nouvelle mĂ©thode de travail, ce volume sert Ă la fois au MaĂźtre et Ă lâĂ©lĂšve »âŠ
La Note de lâauteur explique : « Ces leçons sont destinĂ©es aux Ă©lĂšves ayant dĂ©jĂ terminĂ© âlâapprentissageâ du TraitĂ© dâharmonie. Leur difficultĂ© est Ă peu prĂšs celle des concours dâharmonie du Conservatoire de Paris. Pour inciter lâĂ©lĂšve Ă lire les Ćuvres des maĂźtres anciens et modernes, Ă y trouver la source des rĂšgles quâon lui impose et des licences quâon lui tolĂšre, elles ont Ă©tĂ© conçues dans le style de quelques auteurs importants de âlâhistoire harmoniqueâ de la musique, depuis Monteverdi jusquâĂ Ravel. Il ne sâagit point de pastiches, mais de lâĂ©tude Ă quatre voix de diffĂ©rents styles »⊠Etc. Suivent des remarques explicatives sur chacune des 20 leçons⊠Le manuscrit musical est rĂ©alisĂ© Ă lâencre noire sur papier Ă 16 lignes. Il comprend :
1. Chant donnĂ© (dans le style de Monteverdi) (p. 1-3), ModĂ©rĂ© un peu vif. â 2. Chant donnĂ© (dans le style dâun Passepied de Rameau) (p. 4-5), Vif et gracieux. â 3. Basse donnĂ©e (dans le style des chorals de J.S. Bach) (p. 6), DĂ©cidĂ©, un peu vif. â 4. Basse donnĂ©e (dans le style dâun PrĂ©lude de J.S. Bach) (p. 7-8), Bien modĂ©rĂ©. â 5. Basse donnĂ©e (Ă 3 voix, dans le style des sonates et trio pour orgue de J.S. Bach) (p. 9-10), Bien modĂ©rĂ©. â 6. Chant donnĂ© (dans le style de Gluck) (p. 11), Un peu lent, noble. â 7. Basse donnĂ©e (dans le style des quatuors Ă cordes de Mozart) (p. 12-14), Gai, modĂ©rĂ©. â 8. Chant donnĂ© (dans le style des quatuors Ă cordes de Mozart) (p. 15-17), TrĂšs lent et tendre. â 9. Basse donnĂ©e (dans le style de Schumann) (p. 18-19), TrĂšs vif et lĂ©ger. â 10. Chant donnĂ© (dans le style des canons de CĂ©sar Franck) (p. 21-22), TrĂšs lent, expressif et recueilli. â 11. Basse donnĂ©e (style mi-Schumann, mi-Lalo) (p. 23-24), Vif et lĂ©ger. [p. 25 faux dĂ©but grattĂ©]. â 12. Chant donnĂ© (style mi-Chabrier, mi-Massenet) (p. 26-27), PassionnĂ©, presque vif. â 13. Basse donnĂ©e (dans le style de la Sicilienne de FaurĂ©) (p. 28), ModĂ©rĂ©. â 14. Chant donnĂ© (style trĂšs hybride : un peu Schumann, un peu FaurĂ©, un peu Albeniz) (p. 29-31), Presque vif, et lĂ©ger. â 15. Chant donnĂ© (style mi-Franck, mi-Debussy) (p. 32-33), Un peu lent, expressif et recueilli â 16. Chant donnĂ© (style mi-Massenet, mi-Debussy) (p.34-35), Lent et tendre. â 17. Chant donnĂ© (style mi-Chabrier, mi-Debussy) (p. 35-36), BalancĂ©, un peu vif. â 18. Chant donnĂ© (dans le style du PellĂ©as et MĂ©lisande de Cl. Debussy) (p. 37-39), ModĂ©rĂ©, profondĂ©ment expressif. â 19. Chant donnĂ© (Ă 5 voix, dans le style de Maurice Ravel) (p. 40-43), Presque vif, et caressant. â 20. Chant donnĂ© (style trĂšs spĂ©cial, se rapprochant un peu des cantilĂšnes hindoues) [titre primitif biffĂ© : dans le style des PoĂšmes pour Mi de lâauteur] (p. 44-47), ModĂ©rĂ©, avec charme Bibliographie : Peter Hill et Nigel Simeone, Olivier Messiaen (Fayard, 2008), p. 112 - 113 et 550 - 551.
1Â 500 - 2Â 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 58
- 1Â 500
134 MESSIAEN Olivier (1908 - 1992).
MANUSCRIT MUSICAL autographe signĂ© « Olivier Messiaen », Chronochromie pour orchestre (1960). ; un fort volume in-fol. de 4 feuillets et 215 pages (plus 6 titres intermĂ©diaires), interfoliĂ©s de serpentes, reliure de toile noire. Manuscrit dâune des Ćuvres majeures de Messiaen pour lâorchestre
Commande de Heinrich Strobel pour le festival de Donaueschingen en Allemagne, Chronochromie fut Ă©crite en 1959 - 1960. Le titre primitif en Ă©tait « Postlude », et Messiaen lâavait probablement dâabord conçu comme une conclusion orchestrale au Catalogue dâoiseaux. Sans renoncer Ă la prĂ©sence des oiseaux, auxquels il ajoute la transcription des bruits de cascades et torrents des Alpes, avec de grandes violences dâeffets, Messiaen fait de son Ćuvre une sorte de synthĂšse de ses recherches rythmiques et chromatiques, et pousse aussi loin que possible les lois de lâorchestration. Se libĂ©rant des formes classiques, Messiaen adopte les pĂ©riodes de la triade de la poĂ©sie chorale grecque selon une structure libre mais complexe de sept mouvements qui sâenchaĂźnent.
Créée le 16 octobre 1960 au concert de clĂŽture du Festival de Donaueschingen par Hans Rosbaud et lâOrchestre du SĂŒdwestfunk, puis au Festival de Besançon par Georges PrĂȘtre avec lâOrchestre National le 13 septembre 1961, et enfin Ă Paris au Théùtre des Champs-ĂlysĂ©es par le mĂȘme orchestre sous la direction dâAntal Dorati, Chronochromie suscita, lors de ces premiĂšres auditions, un scandale avec de vives rĂ©actions dâune partie du public, dĂ©sorientĂ©e par la nouveautĂ© de lâĆuvre et choquĂ©e par sa violence sonore, et une vigoureuse polĂ©mique ; mais elle apparut nĂ©anmoins comme « un des sommets de la musique de ce temps, et dâautre part Ă la fois comme un aboutissement et une synthĂšse de lâart de Messiaen, et comme un nouveau dĂ©part » (Harry Halbreich). Elle fut publiĂ©e aux Ă©ditions Alphonse Leduc en mai 1963.
Le manuscrit est trĂšs soigneusement notĂ© au crayon noir sur des papiers de 18 Ă 32 lignes. Il est mĂ©ticuleusement annotĂ©, avec de trĂšs nombreuses indications de tempo, de dynamique, de nuance, et les diverses interventions dâoiseauxâŠ
La page de titre (on devine le titre primitif Postlude gommĂ©) porte diverses notes au crayon : une explication du titre adoptĂ©, des notes pour la relecture et rĂ©vision de la partition, et la « durĂ©e totale de lâĆuvre : environ 35 minutes ».
Suivent deux notes de lâauteur, la premiĂšre Ă©tant une sorte de prĂ©face. « Ăcrite en 1959 - 1960, sur la demande dâHeinrich Strobel et du SĂŒdwestfunk, la Chronochromie repose sur un double matĂ©riau sonore et temporel. Le matĂ©riau temporel en rythmique utilise 32 durĂ©es diffĂ©rentes, traitĂ©es en interversions symĂ©triques, toujours interverties dans le mĂȘme ordre. Les 36 permutations ainsi obtenues sont entendues soit seules et fragmentairement, soit superposĂ©es 3 par 3. Toutes ne sont pas employĂ©es. Celles qui figurent dans la partition sont indiquĂ©es par des nombres correspondant Ă leur place exacte dans le tableau gĂ©nĂ©ral des 36 permutations. Le matĂ©riau sonore ou mĂ©lodique utilise des chants dâoiseaux de France, de SuĂšde, du Japon, et du Mexique. Les noms dâoiseaux sont inscrits sur la partition au moment prĂ©cis oĂč ils entrent en scĂšne musicale. Leur pays dâorigine est Ă©galement indiquĂ©. Les oiseaux nâayant pas de nom de pays sont des oiseaux de France. On trouve aussi dans le matĂ©riau sonore des bruits de torrents de montagne, notĂ©s dans les Alpes françaises. Les mĂ©langes de sons et de timbres, trĂšs complexes, restent au service des durĂ©es, quâils doivent souligner en les colorant. La couleur sert donc Ă manifester les dĂ©coupages du Temps. DâoĂč le titre : Chronochromie (du grec Khronos = Temps, et KhrĂŽma = Couleur)
â traduction : Couleur du Temps. LâĆuvre comporte 7 parties enchaĂźnĂ©es : Introduction â Strophe I â Antistrophe I â Strophe II â Antistrophe II â ĂpĂŽde â Coda ».
La 2e Note est plus technique : « Toute la partition est notĂ©e en sons rĂ©els et Ă lâoctave rĂ©elle, et cela pour tous les instruments. Il nây a donc pas dâinstruments transposĂ©s â exemple : les clarinettes en si bĂ©mol sonnent comme elles sont Ă©crites, les cors en fa sonnent comme ils sont Ă©crits. Il nây a pas non plus dâinstruments Ă©crits Ă lâoctave infĂ©rieure ou supĂ©rieure », etc.
Suit la Nomenclature des instruments, classĂ©s par familles. « B ois : 1 petite flĂ»te, 3 flĂ»tes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 1 petite clarinette en mi bĂ©mol, 2 clarinettes en si bĂ©mol, 1 clarinette basse en si bĂ©mol, 3 bassons. C uivres : 1 petite trompette en rĂ©, 3 trompettes en ut, 4 cors en fa, 3 trombones, 1 tuba. C laviers, 3 exĂ©cutants : 1 glockenspiel (Ă clavier), 1 xylophone (Ă baguette), 1 marimba ; N.B. : les parties de xylophone et de marimba sont difficiles (surtout dans les 2 Antistrophes) et rĂ©clament dâexcellents instrumentalistes. C lo C hes : Jeu de 25 cloches donnant tous les degrĂ©s chromatiques [âŠ] (en 2 rangĂ©es de tubes superposĂ©es) â jouĂ© par un seul exĂ©cutant. Per C ussions mĂ©talliques : 1er gong (aigu), 2e gong (mĂ©dium aigu), 3 e gong (mĂ©dium), jouĂ©s par un seul exĂ©cutant ; cymbale suspendue (mĂ©dium grave), cymbale chinoise (grave), tam-tam (trĂšs grave), jouĂ©s par un seul exĂ©cutant. C ordes : 16 premiers violons, 16 seconds violons, 14 altos, 12 violoncelles, 10 contrebasses. LâĂpĂŽde comporte : 6 1ers violons soli, 6 2es violons soli, 4 altos soli, 2 violoncelles soli. Ces parties devront ĂȘtre confiĂ©es aux chefs de pupitre, les seconds de pupitres leur tournant les pages ».
La partition dâorchestre est ainsi divisĂ©e :
Introduction (p. 1-33)Â ; Strophe I (p. 34-50)Â ; Antistrophe I (p. 51-79)Â ; Strophe II (p. 80-96)Â ; Antistrophe II (p. 97-152)Â ; ĂpĂŽde (p. 153 - 189)Â ; Coda (p. 190 - 215).
Bibliographie  : Peter Hill et Nigel Simeone, Olivier Messiaen (Fayard, 2008), p. 300 - 309, 314 - 316. Discographie  : Pierre Boulez, Cleveland Orchestra (DG 1993)
59 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
10Â 000 - 15Â 000
135
MILHAUD Darius (1892 - 1974).
MANUSCRIT MUSICAL autographe signĂ© « Darius Milhaud », âadame Miroir, ballet (1948) ; 1 feuillet de titre et 15 pages in-fol. (34,5 x 27,5 cm).
Musique de ballet pour Roland Petit sur un livret de Jean Genet
Câest pour les Nouveaux Ballets de Roland PETIT que Milhaud Ă©crivit cette musique, sur un livret de Jean GENET, dont ce fut le seul ballet. La chorĂ©graphie fut confiĂ©e Ă Janine Charrat, dans un dĂ©cor de Paul Delvaux et des costumes de LĂ©onor Fini. La crĂ©ation eut lieu au Théùtre Marigny le 30 mai 1948. Roland Petit dansait le Matelot, avec son reflet Serge Perrault (lâImage) et le Domino (ou la Mort) dansĂ© en alternance par Volodia Skouratoff et LĂ©o
Auer. Ce fut « montĂ© avec beaucoup de soin et de goĂ»t par les Nouveaux ballets de Roland Petit. Un beau dĂ©cor de Delvaux reprĂ©sentait un labyrinthe tout en glaces, un marin sây perdait, escortĂ© sans cesse par son double, et il se trouvait subitement en prĂ©sence de la Mort » (Darius Milhaud, Ma vie heureuse). La critique salua cette Ćuvre « trĂšs charnelle, trĂšs trouble, trĂšs attachante », comme « le plus puissant ballet que lâon nous ait prĂ©sentĂ© depuis la LibĂ©ration ».
Câest lâopus 283 du compositeur ; la partition fut aussitĂŽt publiĂ©e chez Heugel.
Ce manuscrit de la « rĂ©duction pour piano » est notĂ© Ă lâencre noire sur papier Parchment Band de Belwin Ă 20 lignes ; il est signĂ© et datĂ© en fin « Paris 8 Avril 1948 », avec la durĂ©e : « Total 18 minutes » ; un minutage dĂ©taillĂ© figure au dos de la page de titre. La partition comprend cinq numĂ©ros.
I. Entrée et Danses du Matelot devant les Miroirs (p. 1) ;
II. Le Matelot et son Image (Pas de deux), Modéré (p. 6) ;
III. Entrée de la Femme (la Mort) et Danse avec le Matelot (Pas de trois), Modéré (p. 8) ;
IV. Danse de la Mort et du Matelot (p. 10) ;
V. La Mort et lâImage du Matelot (Final), Vif (p. 13).
Bibliographie : Edmund White, Jean Genet (Gallimard, 1993), p. 337 - 338 ; Jean Genet, Théùtre, Bibl. de la Pléiade (Gallimard, 2002), p. 245 - 253.
136 MILITARIA.
9 L.S., 1806 - 1842.
-
300
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 60
- 1 000
800
MarĂ©chal BERTHIER, 2 novembre 1806, Ă Lannes. CLARKE, duc de Feltre, 13 mai 1808. MarĂ©chal DAVOUT, prince dâEckmulh, 24 janvier 1812, au gĂ©nĂ©ral LefĂšbvre. GOUVION SAINT CYR, 30 dĂ©cembre 1818, au Comte Rivard de la RaffiniĂšre. MarĂ©chal SOULT, duc de Dalmatie, 21 aoĂ»t 1842. MarĂ©chal VICTOR, duc de Bellune, 10 mai et 2 dĂ©cembre 1822. Jean-Baptiste FRANCESCHI, copie dâune lettre du marĂ©chal Berthier (sur papier Ă en-tĂȘte dâOudinot). MarĂ©chal SUCHET duc dâAlbufera, copie de lettre Ă son en-tĂȘte. 400
137 MIRABEAU Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de (1749 - 1791) le grand orateur des débuts de la Révolution.
L.A.S. « Mirabeau fils », [Londres] 28 décembre 1784, à un ami ; 2 pages in-8.
Belle lettre de son exil Ă Londres, sur sa situation difficile et sur ses Ćuvres [Dans sa lettre, datĂ©e du mĂȘme jour que la prĂ©face de ses Doutes sur la libertĂ© de lâEscaut, rĂ©clamĂ©e par lâEmpereur (Londres, G. Faden, 1784), Mirabeau parle de son travail, de sa maĂźtresse Henriette de NEHRA, et dâun pamphlet de Joseph SERVAN, probablement Questions du jeune docteur Rhubarbini de Purgandis, adressĂ©es Ă MM. les docteurs-rĂ©gens, de toutes les facultĂ©s de mĂ©decine de lâunivers, au sujet de M. Mesmer, & du magnĂ©tisme animal (Padoue, dans le cabinet du Docteur, 1784).]
« Je vois bien que lorsquâil nây a ni services Ă rendre Ă tes amis, ni mĂ©moires balloniques Ă demander tu te rappelles tout au plus, le nom de ceux qui tâaiment, et tu nâas pas la plus lĂ©gĂšre dĂ©mangeaison de leur Ă©crire. Mais moi qui brĂ»le la fievre au coin de mon feu, et dont la poitrine, par sympathie je crois, souffre cruellement, je pense Ă toi parce que je me porte mal, et que tu te portes bien, ce qui fait dans mon ame compensation de plaisir et de peine, de sorte quâen y joignant lâaimable convalescence de ma compagne [Henriette de NEHRA] qui reprend sa force et sa beautĂ©, je supporte avec une patience dont je suis moi-mĂȘme Ă©tonnĂ© ma situation pĂ©nible. Je mâen veux pourtant de ne tâavoir pas Ă©crit depuis plusieurs jours, et je ne mâabsous pas en me disant que tu me dois une rĂ©ponse ; je me dis au contraire que tout autre que le philosophique Toi seroit inquiet de moi ou fĂąchĂ© contre moi. Dans les deux cas je puis te dire : frappe mais Ă©coute. Ă dater depuis les derniers jours du mois dernier, je suis occupĂ© dâun travail instant, pĂ©nible et nĂ©cessaire qui a tellement rempli mon temps que mes journĂ©es nây ont pas suffi ; jâai pris plus de la moitiĂ© de mes nuits, ce dont mon Henriette mâauroit bien dispensĂ©, et je me suis tuĂ© Ă ce mĂ©tier. Je nâai plus un corps de fer comme autrefois et quoique je sois de la trempe de ceux quâun sentiment dĂ©lasse dâun travail, la fatigue dâĂ©crire aprĂšs avoir Ă©crit mâa toujours fait remettre au lendemain, et le repos absolu aprĂšs la besogne mâĂ©toit encore plus nĂ©cessaire le lendemain que la veille. Cela tient Ă ce que je sens quâil mâest impossible de tâĂ©crire briĂšvement [âŠ]. Le Docteur ELLIOT a Ă©tĂ© tout aussi dĂ©licat et gĂ©nĂ©reux que tu lâavois prĂ©vu. Nous nâavons pu lui rien faire accepter ; il nous a renvoyĂ© Ă la mort de mon pĂšre. Quelle que soit ma fortune, je ne pourrai pas payer le service quâil mâa rendu en redonnant la santĂ© Ă mon ami ; câest pour moi le retour du bonheur. Jâaime je lâavoue, la mĂ©decine qui arrive et qui chasse la maladie. Comment veux-tu que ces gens lĂ ne tiennent pas le genre humain bridĂ© Ă leur service jusquâĂ la fin des siecles, quand on voit un dâentrâeux nous rendre avec deux lignes dâĂ©criture lâĂȘtre chĂ©ri pour qui nous venons de trembler. Bien des superstitions se sont Ă©tablies Ă moins de frais et sur des raisons plus lĂ©gĂšres. Servant [Joseph SERVAN] vient de faire un livre contre eux qui me paroĂźtroit dâune consĂ©quence fĂącheuse pour la facultĂ© si quelque chose pouvoit lâĂȘtre. Il me semble que depuis le chapitre de Montaigne et les sarcasmes de Moliere, ils nâont guĂšre Ă©tĂ© plus rudoyĂ©s. Je te prĂȘterai cela Ă ton retour ; Ă quand ton retour ? Car tes quinze jours se prolongent cruellement »âŠ
138 MIRĂ Joan (1893 - 1983).
L.A.S. « MirĂł », 24.VII.1975, Ă Maurice BRUZEAU ; 1 page in-4 Ă son en-tĂȘte, enveloppe. Il le remercie pour son article : « Cet article me parait trĂšs juste et avec une claire vision de ma dĂ©marche »âŠ
139 MONET Claude (1840 - 1926).
LAS, Argenteuil 30 mai 1875 ; 3Â pages in-8.
Il a reçu la lettre de son correspondant annonçant quâil pouvait lui « donner 150 F espĂšces [âŠ] mais je ne sais oĂč prendre les 250 autres tellement le moment est mauvais pour moi. Bien certainement vous ne voudrez pas faire de frais inutiles. TĂąches donc Monsieur de pousser jusquâau bout lâobligeance ». Il lâengage Ă aller voir RENOIR chez lui. Il sera quant Ă lui « toute la semaine Ă Argenteuil », oĂč on le trouvera entre onze heures et midiâŠ
140 MONET Claude (1840 - 1926).
L.A.S. « Claude Monet », Fresselines 1er mai [1889, à Gustave GEFFROY] ; 4 pages in-8.
Lors de son séjour en Creuse chez Maurice Rollinat
Il le prie dâaller voir Ă lâExposition universelle ou regarder dans le catalogue « sâil y a des tableaux de moi, et surtout sâil y en a un appartenant Ă Faure [le chanteur Jean-Baptiste FAURE]. Croyez-vous que ce misĂ©rable mâĂ©crit ce matin quâil me refuse de me prĂȘter un seul tableau pour chez Petit, sous prĂ©texte quâil en a envoyĂ© beaucoup au Champ de Mars et quâil ne veut pas dĂ©garnir son appartement. Sâil en a envoyĂ© Ă lâexposition comme je nâai Ă©tĂ© consultĂ© par personne je ferai tout pour les faire retirer »âŠ
Il fait « un temps Ă©pouvantable et câest folie Ă moi de rester encore mais je ne veux avoir aucun regret ni reproche Ă me faire et je persiste sans aucune chance de rĂ©ussite. Jamais je ne me suis tant rongĂ© et donnĂ© de mal et dire que ce sera pour rien »âŠ
Il ajoute que ROLLINAT lui a « lu hier soir sa derniĂšre chose en prose (la vieille cheminĂ©e) et pour y faire suite (le feu) câest trĂšs trĂšs bien ».
61 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
600 - 800
700 - 800
1Â 000 - 1Â 200
1Â 200 - 1Â 500
140 bis MONET Claude (1840 - 1926).
L.A.S. « Claude Monet », Giverny 10 mai 1893, Ă Gustave GEFFROY ; Ÿ page in-8 Ă en-tĂȘte Giverny par Vernon, enveloppe.
Il lui rappelle quâil lâattend « samedi comme vous me lâavez promis », et le prie de confirmer lâheure de son arrivĂ©e.
141 MONET Claude (1840 - 1926).
L.A.S. « Claude Monet », Christiania 13 fĂ©vrier 1895, Ă SA FEMME ALICE ; 4 pages in-8 Ă en-tĂȘte de Giverny (3 marques au stylo rouge).
Belle lettre sur son travail en NorvĂšge
Il a reçu ses lettres, mais commençait Ă se tourmenter. « Je vois que vous avez bien froid aussi mais ce nâest rien Ă cĂŽtĂ© dâici ce que vous avez la nuit nous lâavons le jour. Je comprends la joie des patineurs, mais je tremble bien pour le jardin, pour les oignons, pense-t-on bien Ă surveiller la glace dans le bassin. Ce serait bien malheureux si tout ce quâil y a de plantĂ© allait pĂ©rir. Je suis du reste aux regrets de mâĂȘtre absentĂ© Ă prĂ©sent, car Ă part la joie dâĂȘtre avec Jacques [HoschedĂ©, fils dâAlice] et de pouvoir tâen donner de bonnes nouvelles, ce voyage ne me sera dâaucune utilitĂ©, jusquâĂ prĂ©sent jâavais pensĂ© pouvoir travailler. Hier encore nous avons voyagĂ© toute la journĂ©e pour cela et vu des choses de toute beautĂ©, mais je vois la chose trop difficile lâinstallation matĂ©rielle, les pertes de temps dâallĂ©es et venues rendent tout travail impossible. Et comme je trouve inutile de couvrir des toiles pour les planter lĂ , jây renonce, Ă la grande dĂ©ception de Jacques. Tout cela me rend dâhumeur assez sombre et regrette bien de ne pas ĂȘtre Ă Giverny oĂč jâaurais pu profiter des belles choses quâil y a en ce moment, et comme jâai maintenant assez vu la NorvĂšge il se pourrait que subitement je reprenne le chemin de la France nâayant aucun goĂ»t pour voir des pays que je ne puis peindre. Du reste je suis trop vieux pour mâembarquer dĂ©sormais pour des pays Ă©trangers, en France tant quâon voudra oĂč lâon peut se caser et vivre Ă sa guise et oĂč lâon peut profiter de son temps. Ici manger Ă une autre heure quâeux est chose presque impossible, on se couche fort tard et on se lĂšve de mĂȘme. Enfin malgrĂ© lâamabilitĂ© des NorvĂ©giens jâen ai presque plein le dos et tout cela parce que je ne peux pas travailler, que câest chose impossible. Mais en voilĂ assez mĂȘme trop tu vas mâen vouloir de me laisser ainsi abattre et dĂ©courager. Heureusement nous nous portons Ă merveille. [âŠ] prends garde aussi de prendre froid. [âŠ] Dis Ă Blanche que je lâenvie bien de pouvoir de pouvoir travailler quâelle ne dĂ©courage pas, câest bon pour un vieux comme moi »âŠ
142
MONET Claude (1840 - 1926).
L.A.S. « Claude Monet », Giverny 21 mars 1899, Ă François DEPEAUX ; 4 pages in-8 (deuil) Ă en-tĂȘte de Giverny Importante lettre rappelant les responsabilitĂ©s de Monet auprĂšs des enfants de Sisley aprĂšs la mort de ce dernier
[Monet Ă©crit au collectionneur dâart impressionniste François DEPEAUX (1853 - 1920) pour mettre au point avec lui deux actions en faveur de la postĂ©ritĂ© dâAlfred SISLEY mort le 29 janvier 1899. Sisley, malade depuis plusieurs annĂ©es et sentant sa fin proche, avait demandĂ© Ă Monet de prendre en charge ses deux enfants qui avaient dĂ©jĂ perdu leur mĂšre Ă la fin de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente. Claude Monet dĂ©cida alors dâorganiser une souscription pour rĂ©unir des fonds nĂ©cessaires Ă lâachat dâune Ćuvre de Sisley afin dâen faire don au MusĂ©e du Luxembourg. Dans cette lettre, Monet tente aussi de se concerter avec Depeaux pour fixer la date dâune vente des Ćuvres de Sisley et dâĆuvres offertes par dâautres artistes de ses amis pour venir en aide financiĂšrement Ă ses enfants sans ressources. La vente aura bien lieu le 1er mai Ă la galerie Petit. Deux ans auparavant, Sisley avait proposĂ© 147 de ses toiles dans cette mĂȘme galerie et avait connu un trĂšs cruel insuccĂšs et le critique et collectionneur, Adolphe Tavernier, ici mentionnĂ©, y avait Ă©tĂ© un des rares acheteurs. ]
Monet, ne pouvant quitter Giverny, avertit Depeaux « 1° que la souscription en vue de lâachat dâun tableau de Sisley pour offrir au Luxembourg devant ĂȘtre close sous peu. 2° Que la vente dâun certain nombre de toiles de Sisley et de dons de ses amis et confrĂšres Ă©tant chose dĂ©cidĂ©e pour la date des 29 -30 avril et 1er mai, il Ă©tait urgent avant dâentamer quoi que ce soit dâautre, de choisir dâabord le tableau Ă offrir au Luxembourg et ensuite les toiles destinĂ©es Ă la vente publique. Cela fait il nây aurait plus quâĂ profiter prudemment des offres qui se prĂ©senteront, mais la premiĂšre chose Ă mon avis serait de faire dĂ©finitivement ces deux choix, et puisque vous ĂȘtes Ă Paris vous pourriez vous concerter Ă ce sujet avec M rs Tavernier et [Georges] Viau, ne voulant aucunement prendre de responsabilitĂ©. Bref pour faire de la bonne besogne il faut ĂȘtre bien dâaccord et je serais dĂ©solĂ© que lâon puisse me reprocher dâavoir fait manquer une occasion profitable aux enfants. Câest cette considĂ©ration qui me fait dĂ©sirer quâavant tout ces deux choix soient faits une fois pour toute. Mâoccupant actuellement de la vente projetĂ©e je voudrais quâelle soit un succĂšs pour notre cher ami et pour ses enfants jâai directement Ă©crit aux peintres qui ont montrĂ© de sympathie Ă Sisley. Jâai dĂ©jĂ reçu plusieurs rĂ©ponses favorables et jâai tout lieu dâespĂ©rer que ça marchera Ă souhait »âŠ
1Â 500 - 2Â 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 62
500 - 600
2Â 000
- 2Â 500
143 MONET Claude (1840 - 1926).
L.A.S. « Claude Monet », Giverny 12 mai 1899, Ă François DEPEAUX ; 3 pages et quart in-8(deuil) Ă en-tĂȘte de Giverny
Il invite Depeaux Ă venir le voir Ă Giverny avant sa rencontre avec Georges Viau : « je ne compte pas aller Ă Paris de sitĂŽt voilĂ plus de 18 mois que je nâai touchĂ© un pinceau. Je viens dâen passer 4 Ă mâoccuper des enfants de SISLEY et Ă la mĂ©moire de leur pĂšre, il est temps que je pense Ă moi et que je travaille, vous comprendrez donc le dĂ©sir que jâai de me confiner Ă Giverny oĂč jâai aussi bien des devoirs Ă remplir ». Il a reçu une rĂ©clamation dâun marchand de couleurs « Ă qui Sisley devait un compte, il serait urgent, il me semble, avant de placer ce qui revient aux enfants, de savoir exactement les quelques dettes restant en souffrance ». Georges VIAU dĂ©sire ĂȘtre « dĂ©chargĂ© de son rĂŽle de trĂ©sorier de la souscription », et Monet aimerait savoir comment la somme sera employĂ©eâŠ
144 MONET Claude (1840 - 1926).
L.A.S. « Cl. Monet », Giverny 21 fĂ©vrier 1921, Ă Gustave GEFFROY ; 3 pages in-8 au crayon, Ă en-tĂȘte Giverny par Vernon, enveloppe.
Il nâa pas rĂ©pondu Ă sa bonne lettre, Ă©tant « assez patraque depuis quelques jours [âŠ] Ă©crire est pour moi toute une affaire jây vois de moins en moins ce qui me rend terriblement malheureux et nerveux ». Mais il tient Ă dire Ă Geffroy « toute lâamitiĂ© que je nâai cessĂ© dâavoir pour vous, ainsi que le regret de ne pas vous voir plus souvent et qui nâest de la faute ni de vous ni de moi ». Il est Ă sa disposition pour les questions que Geffroy veut lui poser et auxquelles Mme Jean Monet rĂ©pondra pour lui. Il a reçu son livre sur Guys, quâil ne peut lire pour lâinstant ; il est curieux de lire aussi le livre sur Firmin Maillard « que jâai beaucoup connu jadis »âŠ
145 MONGE Gaspard (1746 - 1818).
L.A.S. « Monge Examinateur des Ă©lĂšves de la Marine », Paris 18 juin 1788 ; 1 page in-4. Il est de retour de sa « tournĂ©e dans les Colleges de la Marine », et aimerait ĂȘtre payĂ© rapidement des 1800 livres « seconde moitiĂ© de mes frais de voyage ».
146 MONTESQUIOU Robert de (1855 - 1921).
26 L.A.S. « Robert de Montesquiou » ou « Robert de M », 1892 - 1913 et s.d., à Adolphe ADERER ; 84 pages in-8 ou in-12.
Ăchange littĂ©raire Ă©voquant notamment des envois respectifs de livres et le travail de critique dâAderer au Temps Montesquiou sollicite un article sur son « second volume dâessais, Les Autels privilĂ©giĂ©s »⊠« Vos drames restreints et concentrĂ©s, Ă©difiĂ©s sur des exceptions sentimentales, sont poignants et palpitants, pleins de pathĂ©tique dĂ©licat, et de dĂ©corative surprise »⊠Il viendra le voir « en costume de voyage, comme il convient Ă ceux qui passent, et mĂ» par cette forme supĂ©rieure de lâAmitiĂ© que le doux latin appelle fiducia »⊠Il remercie dâun « joli compte rendu bien que vos âgens de lettres un peu crottĂ©s et trĂšs timidesâ mâaient valu quelques mouchetures et quelques moues. Mais câest le succĂšs paraĂźt-il »⊠Il remercie dâun mot dâamitiĂ© « dans mon profond deuil dâamitiĂ© » (24 aoĂ»t 1905)âŠ. Il Ă©voque les « fĂȘtes de Douai », ses relations avec les directeur et rĂ©dacteur du Temps, HĂ©brard et Deschamps, des notes Ă insĂ©rer dans le journal⊠Il regrette lâabsence dâAderer Ă sa confĂ©rence sur Gustave Moreau, etc.
147 MONTHERLANT Henry de (1895 - 1972).
L.A.S., notes et manuscrits autographes, la plupart pour Michel de SAINT-PIERRE ; 12Â pages formats divers.
L.A.S. du 23 octobre 1951 : il disait Ă Daniel-Rops « comme il serait beau que des priĂšres fussent Ă©crites par de grands Ă©crivains, alors que trop souvent elles ont du bla-bla-bla, sinon du vĂ©ritable galimatias. [âŠ] Je nâai pas souvenir quâil y ait bcp de priĂšres dans mon Ćuvre (je ne compte pas les priĂšres de Malatesta, priant Dieu de pouvoir bien tuer le Pape) » ; mais il signale celle de La RelĂšve du matin
Notes et projets divers, souvent Ă©crits au dos de tapuscrits ou lettre reçues : au sujet de ses Carnets ; remarque sur la piĂšce Les Ăcrivains de M. de Saint-Pierre ; note concernant une crique de Beigbeder sur Malatesta
On joint divers documents, dont des l.a.s. adressées à M. de Saint-Pierre par Robert Merle, Jeanne Sandelion, etc.
400 - 500
63 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1Â 200 - 1Â 500
800 - 1 000
80 - 100
800
- 1Â 000
148
MONTHERLANT Henry de (1896 - 1972).
2 L.A.S. « Montherlant », 1950 - 1955, à un journaliste de Montréal ; 2 pages in-8 chaque.
31 aoĂ»t 1950, remerciant dâun article : « Il y a une certaine richesse intĂ©rieure qui, en effet, ne pouvant se montrer tout entiĂšre Ă la fois, devra prĂ©senter successivement ses diffĂ©rents visages. Et il est trĂšs bien que vous ayez mis lâaccent lĂ -dessus dans votre article. Je suis content aussi dây voir citĂ©s TolstoĂŻ et DostoĂŻevsky (je prĂ©fĂšre de beaucoup le premier au second) »âŠ
22 septembre 1955 : « Jâai fait ce que jâai pu pour votre livre. Je nâai pas rĂ©ussi ; je ne puis faire plus. Câest chaque semaine que de jeunes gens mâenvoient des manuscrits, sans me demander si je nâai pas autre chose Ă faire que de les lire, me pressent de les lire, toutes affaires cessantes, me demandent des rendez-vous, des apprĂ©ciations, des articles, des prĂ©faces. Jâai trouvĂ© votre livre intĂ©ressant, surtout la mort du pĂšre. Vous avez du talent. Mais 9 sur 10 des inconnus qui mâenvoient des manuscrits ont du talent »âŠ
On joint un ensemble de 10 lettres autographes (brouillons) , 1939 - 1959, principalement sur des affaires dâĂ©dition, au traducteur allemand Berndorf, Ă Tournier (sur la Rose de sable), Ă Hamonic, Ă son avocat M e Rault, Ă . Godemart (sur les offres du Seuil et les droits que Grasset prĂ©tend dĂ©tenir sur ses Ćuvres), Ă Roland Laudenbach (sur Le Solstice de juin), Ă Mlle Duvivier (pour une couverture), Ă G. Govone (pour la traduction en Argentine de son livre sur Mariette Lydis).
149 MONTHERLANT Henry de (1895 - 1972). â TRĂMOIS Pierre-Yves (1921 - 2020).
Le Cardinal dâEspagne. Gravures de TRĂMOIS (Paris, Henri Lefebvre, 1960) ; in-folio, en feuilles sous couverture rempliĂ©e, chemise et Ă©tui (Ă©tui usagĂ©). Ădition originale, illustrĂ©e de 34 eaux-fortes et burins de TRĂMOIS, tirage limitĂ© Ă 250 exemplaires. Un des 200 exemplaires sur grand vĂ©lin dâArches (ex. n°74), signĂ© par lâauteur, lâillustrateur et lâĂ©diteur ; et enrichi dâun grand dessin original de Pierre-Yves TrĂ©mois, Ă la plume, sur double page, signĂ© et annotĂ© : « En souvenir du Cardinal dâEspagne, TrĂ©mois juillet 1960 », ainsi que de deux cuivres rayĂ©s : « Le bouffon du cardinal » (p. 59, 41 x 34 cm) et « Cisneros » (p. 159, 27,5 x 24,5 cm), Envoi autographe signĂ© (sur le faux-titre) : « Voici un drame oĂč rien nâest, mĂȘme le tout, oĂč tout est, mĂȘme le rien. Les personnages hĂ©sitent entre ces deux interprĂ©tations de la vie. Montherlant ».
150 MOORE Henry (1898 - 1986).
L.S. « Henry » avec 2 lignes autographes, Much Hadham 13 aoĂ»t 1952, Ă John ; 1 page in-8 dactyl. Ă son adresse (trous de classeur en marge) ; en anglais. Sur son travail de sculpteur Il va envoyer les photographies demandĂ©es, ainsi que quelques photographies de nouveaux petits bronzes. Il expĂ©rimente encore la prĂ©sentation de ses bronzes : certains sont modelĂ©s en cire et prĂ©sentĂ©s sur le sol de son jardin. Sculpter en cire prĂ©sente lâavantage de pouvoir rĂ©aliser facilement des formes filigranes sans avoir lâinconvĂ©nient de devoir construire des armatures. Il a beaucoup plus de travail de sculpture quâĂ lâaccoutumĂ©e, et est en train de commencer le projet dâune trĂšs grande sculpture pour un bĂątimentâŠ
1Â 500 - 2Â 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 64
120 - 150
300
- 400
151 MOULIN Jean (1889 - 1943) préfet, héros de la Résistance.
L.A.S. « Jean », Chartres 15 janvier 1940, Ă sa mĂšre Mme Antoine-Ămilie MOULIN et sa sĆur Laure MOULIN, Ă Montpellier ; 2 pages oblong in-12 Ă en-tĂȘte Le PrĂ©fet, et 1 page et quart in-8 Ă en-tĂȘte Le Cabinet du PrĂ©fet dâEure-et-Loir, enveloppe.
Rare lettre familiale
« ChĂšre maman, chĂšre Laure, Jâai reçu hier la lettre de Laure et jâavais prĂ©cĂ©demment reçu de vos nouvelles par Marcelle qui, installĂ©e Ă S t RaphaĂ«l, mâa tenu au courant ses tribulations et exprimĂ© sa satisfaction dâĂȘtre dans un beau pays, gratifiĂ© dâun climat agrĂ©able. Comme elle mâa indiquĂ© Ă©galement que la Seine et Oise lui avait accordĂ© un congĂ©, je ne suis pas intervenu Ă nouveau auprĂšs de lâinspecteur dâacadĂ©mie. Enfin, tout est bien qui finit bien ! Je viens, quant Ă moi, de mâoffrir une bonne grippe qui mâa contraint Ă garder le lit pendant 5 ou 6 jours, avec au dĂ©but 40 et 3/10 e de fiĂšvre. Jâai Ă©tĂ© aussitĂŽt Ă©nergiquement soignĂ© par lâinspecteur dâhygiĂšne et par Kathleur : ventouses, inhalations, potions, purges, etc⊠etcâŠ. et je suis maintenant Ă peu prĂšs complĂštement rĂ©tabli. Seulement je vais garder la chambre encore deux ou trois jours, sur les conseils du mĂ©decin, pour ĂȘtre absolument Ă lâabri de toute rechute. Dâailleurs, il fait toujours trĂšs froid dehors et aujourdâhui il y a encore, en plein midi, 5 degrĂ©s au dessus de zĂ©ro. Les cas de grippe sont trĂšs nombreux dans la rĂ©gion. Ils ne sont heureusement pas graves. Je pense que vous ĂȘtes toutes deux complĂštement remises des vĂŽtres et que vous prenez toutes les prĂ©cautions nĂ©cessaires, par ces temps de fraicheur. Jâai Ă©crit au maire dâAvignon pour Jeanne Moureu. EnvoyĂ© Ă©galement un mot Ă Bellessort pour sa nomination comme secrĂ©taire perpĂ©tuel »⊠[AndrĂ© Bellessort avait Ă©tĂ© nommĂ© le 11 janvier secrĂ©taire perpĂ©tuel de lâAcadĂ©mie française.]
152 MOULIN Jean (1889 - 1943) préfet, héros de la Résistance.
L.A.S. « Jean », Chartres 14 juillet 1940, Ă sa sĆur Laure MOULIN, Ă Montpellier ; 3 pages et demie in-8, enveloppe. Belle et rare lettre de Jean Moulin, moins dâun mois aprĂšs son arrestation par les Allemands et sa tentative de suicide en juin 1940
« ChĂšre Laure, Triste 14 juillet ! Je suis allĂ© ce matin, avec le maire dĂ©poser une gerbe au monument aux morts. Ici, aprĂšs un reflux en masse de gens qui Ă©taient partis vers le sud, il semble que les retours se fassent maintenant plus rares. Et pourtant tout le monde nâest pas rentrĂ©. Il paraĂźt quâil y aurait des difficultĂ©s Ă passer la Loire. Jâai reçu hier des nouvelles de ma vieille cuisiniĂšre, Marie, qui Ă©tait partie dans lâIndre et Loire et qui voudrait bien revenir Ă Chartres. Elle est employĂ©e lĂ -bas dans un hĂŽtel oĂč les employĂ©s de la SantĂ© Publique prennent pension et elle espĂšre rentrer avec ce personnel lorsquâil sera rapatriĂ©. Je la reprendrai volontiers, quoique Nelly soit trĂšs dĂ©vouĂ©e et se soit donnĂ© du mal pour mettre de lâordre dans la maison. Mais elle a Ă©videmment beaucoup Ă faire et elle ne demandera pas mieux que dâĂȘtre remplacĂ©e. JâespĂšre que tu as de bonnes nouvelles de maman et quâelle se plaĂźt toujours Ă S Jean. Peut-ĂȘtre as-tu pu aller la voir depuis. Je lui envoie dâailleurs un mot par le mĂȘme courrier. As-tu de bonnes nouvelles de St Andiol ? Y es-tu retournĂ©e ? Le jardin doit ĂȘtre bien joli en ce moment avec les rosiers grimpants. Ă ce sujet, jâai oubliĂ© de te dire â il y a eu tant dâĂ©vĂšnements importants depuis ! â que les graines que je tâavais envoyĂ©es, en sacs, ne sont pas pour le jardin de Maguelonne, mais pour celui de SaintAndiol. Peut-ĂȘtre dâailleurs, avec toute cette tourmente, ne les as-tu pas reçues encore. Je nâai reçu quâhier une de tes lettres datĂ©es du 13 juin (juste un mois). [âŠ] Jâai peur que tu te donnes trop de mal avec tous tes examens, tes hĂŽtes et tes rĂ©fugiĂ©s »âŠ
65 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1Â 500 - 2Â 000
2 000 - 2 500
153
NADAR Félix Tournachon dit (1820 - 1910)
Photographie avec NOTE autographe signée « N. », 1870 ; papier albuminé, 10,7 x 8,5 cm, monté sur carte à la marque Nadar, 11 x 16,5 cm (quelques légers défauts).
Photographie originale de son ballon Le Neptune, premier ballon Ă avoir quittĂ© Paris assiĂ©gĂ© le 23 septembre 1870. PilotĂ© par Claude-Jules Duruof, lâun des trois signataires de la Convention des aĂ©rostiers, il sâenvole de la Place Saint-Pierre Ă Montmartre. Le ballon atterrit Ă cĂŽtĂ© dâĂvreux, au chĂąteau de Cracouville, aprĂšs un vol de 100 kilomĂštres.
Au verso, lĂ©gende autographe : « Notre ballon dâobservation le Neptune, et notre 1er poste Place S t Pierre Montmartre SiĂšge de Paris 1870. N. »
154 [NAPOLĂON I er].
7 ouvrages en 5 volumes.
REGNAULT WARIN Jean-Joseph Introduction Ă lâhistoire de lâempire Français, ou Essai sur la monarchie de NapolĂ©on. Paris, Paul Domire, 1820. 2 volumes in-8, demi-veau fauve glacĂ©, dos or et Ă froid (Reliure de lâĂ©poque). Ădition originale. Portrait de NapolĂ©on ajoutĂ©.
Polygraphe, lâauteur est surtout connu pour ses romans populaires, tel Le CimetiĂšre de la Madeleine paru en 1800. Provenance : Dominique de Villepin (ex-libris).
MASSON FrĂ©dĂ©ric NapolĂ©on Ă Sainte-HĂ©lĂšne. Paris, Manzi, Joyant, 1912. 2 volumes in-4, demi-maroquin vert empire avec coins, piĂšces fauve, tĂȘte dorĂ©e, couverture et dos (Lemardeley-Huser ). Ădition originale, richement illustrĂ©e et ornĂ©e dâun frontispice et de 47 planches. Tirage Ă 350 exemplaires, celui-ci un des 50 de tĂȘte sur japon impĂ©rial. Dos passĂ©.
SISMONDI Jean-Charles-LĂ©onard Simonde de Examen de la constitution françoise. Paris, Treuttel et WĂŒrtz, 1815. 4 ouvrages en un volume in-8, demi-veau fauve avec coins, dos lisse ornĂ©, piĂšce de titre de maroquin rouge, tranches mouchetĂ©es (Reliure de lâĂ©poque).
Ădition originale de cette dĂ©fense de la constitution libĂ©rale des Cent-Jours .
On trouve reliĂ© avec : â PRADT de. Histoire de lâambassade dans le grand duchĂ© de Varsovie en 1812, par M. de Pradt, archevĂȘque de Malines, alors ambassadeur Ă Varsovie. QuatriĂšme Ă©dition. Paris, Pillet, 1815. â ROCCA
Jean de. Campagne de Walcheren et dâAnvers, en 1809. [Paris, 1815]. Le titre manque. â ConsidĂ©rations sur la constitution morale de la France. GenĂšve, J.J. Paschoud, 1815. Ex-libris autographe de Mariet, avec liste manuscrite des piĂšces sur le contreplat. Reliure restaurĂ©e, dos et coins refaits, le dos ancien rĂ©appliquĂ©.
Provenance : Dominique de Villepin (ex-libris, BibliothÚque impériale, 19 mars 2008, n° 274).
155 OTTO Louis-Guillaume (1753 - 1817) diplomate.
13 L.A.S. « Louis » « Otto » ou « O », Vienne fĂ©vrier 1810-mai 1812, Ă SA MĂRE Mme OTTO Ă Paris (2 Ă sa femme Fanny) ; 35 pages in-4, 6 adresses.
Belle correspondance familiale comme ambassadeur en Autriche [Otto a Ă©tĂ© nommĂ© Ă Vienne pour nĂ©gocier les conditions du mariage de NapolĂ©on et Marie-Louise.] Nous ne pouvons donner quâun rapide aperçu de cette intĂ©ressante correspondance.
1810 . â 19 fĂ©vrier (Ă sa femme). M. de Narbonne va le remplacer Ă Munich. Il parle des dispositions des Viennois : « La joie est universelle ici, les gens de tous les partis boivent Ă la santĂ© de NapolĂ©on, [âŠ] lâAmbassadeur est considĂ©rĂ© comme un ange de paix »⊠â 20 fĂ©vrier. Il espĂšre « que la paix sera bien durable », car sa mĂšre aura appris le « grand mariage qui unira pour longtems les Empires de France et dâAutriche ». Les neiges ont empĂȘchĂ© sa famille de le rejoindre⊠â 25 fĂ©vrier (Ă sa femme). Description de MARIE-LOUISE : « Notre future ImpĂ©ratrice est pleine de talens, grande musicienne et peintre Ă lâhuile. Elle parle 3 ou 4 langues, a infiniment de douceur et de bontĂ©, une belle taille et de la grace »⊠â 3 avril. RĂ©cit de la brillante fĂȘte quâil a donnĂ©e : « tous les archiducs et 400 personnes du premier rang y ont assistĂ© »⊠â 10 juin. Sur ses propriĂ©tĂ©s de Sarcelles, sa femme et sa fille Sophie⊠â 27 juin, sur leurs affaires et Sarcelles. â 23 septembre. Il parle de son installation : « il a fallu remeubler Ă neuf. Jâai ajoutĂ© au grand appartement cinq salons, ce qui me fait une suite de 19 piĂšces [âŠ] je peux faire asseoir Ă table 400 personnes »⊠Il a retrouvĂ© avec joie sa femme et sa fille. Il a « 56 ans passĂ©s » et songe Ă se retirer du monde : « Sarcelles mâoffrira un doux repos »⊠â 23 octobre. Nouvelles de sa famille. 1811. â 1er juin. Sur sa maison de campagne de Weinhauss.â 24 juillet. Nouvelles familiales. â 30 aoĂ»t : arrivĂ©e de son neveu Alexandre. â 26 dĂ©cembre. Au sujet du bail de Mosloy. 1er mai 1812. Il se rĂ©jouit du mariage de sa fille SophieâŠ
800 - 1Â 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 66
250 - 300
2Â 000 - 2Â 500
156 PIEYRE DE MANDIARGUES André (1909 - 1991).
MANUSCRIT autographe, La Motocyclette, 1960 - 1962 ; 134 pages in-4 montĂ©es sur onglets ; reliure de maroquin noir, les plats ornĂ©s dâun dĂ©cor abstrait mosaĂŻquĂ© en veau glacĂ© noir, blanc et rouge et de piĂšces de veau argentĂ©e Ă la feuille ; doublures, bords Ă bords, et gardes de veau rouge ; doubles gardes de papier Ă la main : tranches argentĂ©es sur tĂ©moin ; chemise et Ă©tui (M. de Bellefroid ).
Manuscrit complet de ce roman
PubliĂ© en 1963 chez Gallimard, le roman retrace la rĂȘverie Ă©rotique de la belle amazone RĂ©becca, nue sous sa combinaison de cuir, chevauchant sa Harley-Davidson Ă la poursuite de son amant, quelque part en Allemagne sur les bords du Neckar. Au retour, elle sâĂ©crase avec sa machine sur un camion.
Le roman a été adapté au cinéma en 1968 par Jack Cardiff, avec Marianne Faithfull et Alain Delon dans les rÎles principaux.
CommencĂ© le 14 mars 1960 et achevĂ© le 14 mai 1962, le manuscrit, au stylo noir au recto de 134 feuillets de papier bleu, prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections, notamment une premiĂšre version de la fin qui a Ă©tĂ© biffĂ©e. On a reliĂ© en tĂȘte le cahier prĂ©paratoire, cahier dâĂ©colier autographe signĂ©, contenant les premiĂšres Ă©bauches, des plans et notes prĂ©paratoires (titre et 10 feuillets).
Plus une L.A.S. de Pieyre de Mandiargues au collectionneur Louis de Sadeleer qui lui acheta directement le manuscrit, accusant réception du paiement, 23 juin 1963. Et une photo de la Harley-Davidson. Belle reliure mosaïquée de Micheline de BELLEFROID
Exposition Les Richesses de la bibliophilie belge, II de la Société des bibliophiles et iconophiles de Belgique, Bruxelles, BibliothÚque Albert I er, octobre-novembre 1966, n° 195. Ancienne collection Louis de SADELEER (ex-libris).
157 PIEYRE DE MANDIARGUES André (1909 - 1991).
MANUSCRIT autographe signé « A.P.M. », [Chagall ], Paris 11 mai 1973 ; 50 feuillets in-4 écrits au recto (quelques rares déchirures sans manque).
Manuscrit complet de son livre sur Marc CHAGALL , publiĂ© chez Maeght en 1975. Citant dâemblĂ©e des critiques de LĂ©ger et Delaunay reprochant Ă Chagall « dâĂȘtre un peintre âlittĂ©raireâ », Mandiargues donne une longue biographie de Chagall, Ă©maillĂ©e de nombreux aperçus sur son style. « Son pinceau devient une sorte de baguette [...], capable dâenchanter et dâensorceler les paysages urbains ». Il le proclame « peintre poĂšte par excellence » et qualifie sa peinture de « feux dâartifice du langage poĂ©tique, feux dâartifice de la peinture poĂ©tique ». Il Ă©voque au passage Verlaine, Rimbaud, Cendrars, Germain Nouveau, les surrĂ©alistes mais surtout Ăluard qui sut si bien sentir lâart de Chagall et « qui lâa transportĂ© en poĂ©sie mieux que quiconque, Cendrars exceptĂ©. [...] Certains seront-ils Ă©tonnĂ©s [...] si je dis encore que lâĂ©rotisme de la peinture de Chagall me paraĂźt aussi Ă©blouissant que celui de la poĂ©sie dâEluard [...] Bestial et divin Ă la fois, le sexe selon Chagall, projette lâhomme au-dessus de lui-mĂȘme »⊠AprĂšs avoir dĂ©crit de nombreux tableaux, Mandiargues conclut : « lâart de Chagall, Ă travers le printemps de lâamour universel, sâest identifiĂ© avec la vie ».
On joint le tapuscrit (58 feuillets in-4), daté du 11 mai 1973, comportant quelques infimes corrections et ajouts.
158 PREVEL Jacques (1915 - 1951).
L.A.S. « Jacques », 11 aoĂ»t 1948, à « Mon tout petit » ; 2 pages in-8. Il est malade et pris en charge par « lâOffice publique dâHygiĂšne sociale. Je suis toujours bien faible et fatiguĂ© avec beaucoup de tempĂ©rature. [âŠ] ici les repas sont si mauvais que je ne peux rien manger. Jâai beaucoup maigri ». Il demande de venir le voir, et de lui envoyer des fruits, ainsi que « le Rimbaud quâArtaud mâavait donnĂ© et la vie fantastique de Mary Baker Eddy ».
67 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
8 000 - 10 000
1Â 000 - 1Â 200
400 - 500
159
PRĂVERT Jacques (1900 - 1977).
L.A.S. « Jacques » avec dessin, Ă Claudy CARTER ; 4 pages in-4 Ă lâencre bleue. Longue et belle lettre Ă lâun des amours de sa vie, lâinspiratrice des Feuilles mortes Sâil nâa pas encore Ă©crit Ă son « cher petit [âŠ] câest que nous avons Ă©tĂ© plongĂ©s nous aussi dans un univers dâune telle vacherie, un des plus sales hivers que jâai jamais vu de ma vie ». Il attendait pour Ă©crire dâavoir de meilleures nouvelles ; il ne lâoublie pas et pense beaucoup Ă elle. « Une seule chose heureuse, la petite MichĂšle qui elle aussi a lâair dâune petite mandarine avec des yeux bleus, ou dâune enfant ogresse et douce, comme dans les contes chinois⊠et je lui souhaite pour plus tard une petite Ă©pĂ©e de cristal... et quâelle vive comme dans ces contes oĂč les amoureux sâaiment et se tuent sans se faire du mal. En attendant elle est trĂšs difficile Ă nourrir⊠et la seule vue dâun biberon avec du lait la met en transe. Elle nâaime que dormir, se rĂ©veiller et rire, elle nâaime pas pleurer, ni crier mais quand elle mange câest un vrai mĂ©lodrame (drame mĂȘlĂ© de musique)⊠Pas marrant pour Janine, qui est trĂšs fatiguĂ©e, et mĂȘme trĂšs malade⊠Pour moi qui nâai pu me reposer depuis que jâai Ă©tĂ© opĂ©rĂ© je suis lamentablement surmenĂ©, par un travail incessant de cinĂ©matographe parlant [âŠ] Je suis tombĂ© dans des piĂšges Ă con : 1° pas de grands films et autres superproductions 2°âŠ.et qui de ce fait ne rapporte mĂȘme pas dâargent »⊠Il se plaint de Marcel CARNà « qui dĂ©cidĂ©ment âa chiĂ© dans ma malle jusquâau cadenasâŠâ [âŠ] je ne veux plus travailler avec lui. Quelle fatigue⊠et quelle tristesse⊠ce petit homme trĂ©pignant sans cesse⊠et ces incessantes et dĂ©risoires sautillantes petites colĂšres [âŠ] si certaines choses sâarrangent je travaillerai pour Monte-Carlo, spectacles et ballet⊠» Etc.
160
PROUDHON Pierre-Joseph (1809 - 1865).
L.A.S. « P.-J. Proudhon », Sainte-PĂ©lagie 17 dĂ©cembre 1849, [Ă EugĂšne SUE] ; 1 page et demie in-8 Ă en tĂȘte du journal La Voix du Peuple
TrĂšs belle lettre de prison Ă EugĂšne Sue sur Les MystĂšres du peuple
Il a reçu ses livraisons, dont la lecture lui donnera « autant dâinstruction que dâamusement. Je compare votre genre de Roman au Magasin pittoresque et au MusĂ©e des familles, oĂč je trouve des histoires de tous les personnages, de tous les lieux et Ă©vĂ©nements cĂ©lĂšbres, plus amusantes Ă lire que de sĂšches notices. Je trouve, il est vrai, pour la promptitude des recherches, les Atlas, les Voyages, les Chroniques, les biographies, beaucoup plus commodes : mais cela se place sur des rayons, le plus souvent on nâen lit rien, et quand on a lu, non sans une grande fatigue, on oublie tout. Le public connaĂźt mieux le jĂ©suite par le Juif errant, que par toutes les histoires authentiques. Continuez donc : prĂȘchez-nous, cette fois, la patrie, que nous avons oubliĂ©e, que les Romains de 93 ne nous ont pas rendue. Faites-nous connaĂźtre notre nationalitĂ©, notre esprit indigĂšne, que lâhistoire nous montre apparaissant çà et lĂ , depuis lâassaut du Capitole, jusquâau 24 fĂ©vrier, dans nos vieux chroniqueurs, puis dans nos vieux romanciers, de Rabelais, Montaigne, MoliĂšre, La Fontaine, Voltaire, â esprit continuellement offusquĂ© par le biblisme, le classicisme, et le romantisme, qui nâest pour moi que du cosmopolitisme, du panthĂ©isme en littĂ©rature, quand ce nâest pas du plus misĂ©rable Ă©clectisme »âŠ
161 PROUST Marcel (1871 - 1922).
L.A.S. « Marcel Proust », [vers le 25 fĂ©vrier 1909, Ă Robert de MONTESQUIOU] ; 3 pages in-8. Belle lettre remerciant Montesquiou de lâenvoi de son livre AssemblĂ©e de notables (FĂ©lix Juven, 1908). « Pardonnez-moi de proportionner lâexpression de ma reconnaissance Ă mon extrĂȘme fatigue. Jâai retrouvĂ©, dĂšs le premier coup dâĆil, avec un plaisir sans mĂ©lange, cette ravissante comparaison tirĂ©e de lâarchitecte et du jardinier, dans un tout autre genre âcelle qui nous a appris Ă nous raser les sourcilsâ, tant de choses spirituelles, profondes, merveilleuses dâintelligence et de talent, originales, rien quâĂ vous, ne pouvant ĂȘtre que de vous. Comme on voudrait savoir les noms des amatrices de porcelaines (B et LR), de lâacadĂ©micien qui a dit âaide mĂ©moireâ et Ganderax mâa coupĂ© ce passage, et lâautre acadĂ©micien (sphinge), de la dame qui a vendu 50 fois sa collection. Car câest en mĂȘme temps que si fort, si vivant (sans doute est-ce cela qui le rend balzacien) quâen partageant lâintelligence et en charmant lâinspiration, cela pique encore la curiositĂ© et redonne Ă ceux qui ne peuvent plus travailler du cerveau, un goĂ»t de sociĂ©tĂ©, sinon de revoir du moins de resonger Ă ces Dames dâAutomne, depuis longtemps fort bannies de mon souvenir »âŠ
Correspondance, t. IX, n° 17, p. 45.
1Â 200 - 1Â 500
500 - 600
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 68
3Â 000 - 4Â 000
162 PROUST Marcel (1871 - 1922).
L.A.S. « Bunnnn », Mardi [23 mai 1911, Ă Reynaldo HAHN ; 4 pages in-8 Belle lettre Ă son ami, Ă propos du Martyre de Saint SĂ©bastien dansĂ© par Ida Rubinstein [Proust a assistĂ© le 21 mai Ă la rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale du Martyre de Saint SĂ©bastien de Gabriele DâANNUNZIO, musique de Claude DEBUSSY, dansĂ© par Ida RUBINSTEIN.]
« Petit Gunimels, Pardonnez-moi monstrueux Ă©goĂŻsme de vous avoir mĂȘlĂ© Ă mes stupides agitations, mon Ă©tat de santĂ© Ă©tait mon excuse. Et hĂ©las, en revoyant votre lettre jâai vu la nouvelle de cette mort [Leni Falk, nĂ©e Seligman, niĂšce de Reynaldo Hahn, morte le 22 mai], faisant Ă©vanouir toute cette stĂ©rile agitation auprĂšs des chagrins rĂ©els, de la vie terrible quâon oublie trop. Depuis quelques jours je ne cessais de penser Ă votre pauvre petit neveu [Ădouard Seligman, frĂšre de Leni, mort en 1907] le sourd muet, Ă qui je pense souvent, dont je rĂȘve souvent, un des seuls ĂȘtres pour qui je ne puisse pas croire que lâexistence est finie et quâil nâa pas ailleurs une compensation Ă son incomplĂšte vie. [âŠ]
Cher Buncht, mĂȘlĂ© sans interruption Ă toute ma vie (je vous avais Ă©crit plusieurs lettres hier).
Tout ce quâil y a dâĂ©tranger chez Annunzio sâest rĂ©fugiĂ© dans lâaccent de M e Rubinstein. Mais pour le style, comment croire que câest dâun Ă©tranger. Combien de Français Ă©crivent avec cette prĂ©cision. Comme je finis toujours par venir Ă vos opinions jâai trouvĂ© les jambes de M e Rubinstein (qui ressemble moitiĂ© Ă Clomenil [la courtisane LĂ©onie de Clomesnil], moitiĂ© Ă Maurice de Rothschild) sublimes. Cela a Ă©tĂ© pour moi, tout. Mais jâai trouvĂ© la piĂšce bien ennuyeuse malgrĂ© des moments, et la musique agrĂ©able mais bien mince, bien insuffisante, bien Ă©crasĂ©e par le sujet, la rĂ©clame et lâorchestre bien immense pour ces q.q. pets. Dans le temple du 3 e acte, jâĂ©tais persuadĂ© que câĂ©tait la marche des Petits Joyeux [chanson dâAristide Bruant] quâon jouait. Mais tout Ă la fin, sous le soleil aux rayons raides, aprĂšs la mort de S t SĂ©bastien, il y a un bel instrument joyeux »⊠Et il ajoute : « Câest un four noir pour le poĂšte et le musicien. On nâest mĂȘme pas venu dire les noms ». Correspondance, t. X, n° 139, p. 288.
163
QUENEAU Raymond (1903 - 1976).
MANUSCRIT autographe et TAPUSCRIT corrigĂ©, Les Temps mĂȘlĂ©s , [1939 - 1941] ; 188 pages la plupart in-4 ou petit in-4, et 133 pages in-4.
Ensemble des notes et manuscrits préparatoires et du tapuscrit corrigé de ce septiÚme roman de Queneau, suite de Gueule de pierre
DĂšs aoĂ»t 1938, Queneau songe Ă Ă©crire une suite Ă son roman Gueule de pierre (1934), dâabord sous forme dâun poĂšme en 24 chants, auquel il va travailler jusquâen octobre 1938 Ă Coye-la-ForĂȘt (Oise). Il se remet au travail en juin-juillet 1939, mais la guerre va lâinterrompre ; il reprendra la rĂ©daction du livre en janvier 1941, pour lâachever le 3 juillet. Les Temps mĂȘlĂ©s paraĂźtra chez Gallimard en novembre 1941, avec le sous-titre (Gueule de pierre, II ). Les deux romans seront intĂ©grĂ©s avec une suite dans Saint Glinglin en 1948, Les Temps mĂȘlĂ©s Ă©tant fortement remaniĂ©. Pierre Kougard est devenu maire de la Ville Natale ; devant la mairie, se dresse le corps pĂ©trifiĂ© de son pĂšre. Lors des fĂȘtes de la Saint-Glinglin, des touristes dĂ©barquent, dont la vedette de cinĂ©ma CĂ©cile Haye, dont Paul (frĂšre de Pierre) va tomber amoureux. Pierre veut introduire des rĂ©formes, et il arrĂȘte le chasse-nuages de lâinventeur TimothĂ©e Worwass, qui maintenait un ciel pur sur la ville. La pluie diluvienne provoque la dissolution et lâeffondrement de la statue. La population mĂ©contente chasse Pierre, et son frĂšre Paul lui succĂšde. Le roman est divisĂ© en trois parties : la premiĂšre est une sĂ©rie de poĂšmes Ă©voquant divers habitants de la Ville Natale ; la seconde, un monologue de Paul ; la troisiĂšme, une piĂšce en cinq actes ou tableaux. Le manuscrit se compose de :
A. PremiĂšre partie (en vers) : feuillets dĂ©tachĂ©s (papier lignĂ© ou Ă grands carreaux) dans 2 cahiers dâĂ©colier (22 x 17 cm) des Comptoirs français ; le 1er Ă couverture verte, portant la mention « GDP II (pas net) » (28 pages) ; le 2e Ă couverture rose, portant la mention « GDP II (net) » (23 pages) Ă lâencre noire, plus 5 feuillets in-4 et un dactylographiĂ©.
B. DeuxiĂšme et troisiĂšme parties (prose et théùtre). 14 pages in-4 dactylographiĂ©es et corrigĂ©es, suivies de 62 pages autographes Ă lâencre noire.
C. Un ensemble de 36 pages in-4 Ă lâencre noire, version primitive de la troisiĂšme partie rĂ©digĂ©e en style romanesque.
D. « Dialogue de Jean et dâHĂ©lĂšne », 9 pages in-4 sur papier vert accompagnĂ©es de 15 feuillets dactylographiĂ©s.
E. Ensemble de notes, plans, Ă©bauches diverses : 9 pages in-4 Ă lâencre noire et au crayon sur papier gris, et 16 pages de formats divers (in-8 ou in-12).
F. 6 feuillets dactylographiés paginés 1-6 (texte sur les « médians »).
G. Tapuscrit complet (133 ff. in-4), ayant servi pour la composition de lâĂ©dition. Il semble avoir Ă©tĂ© rĂ©digĂ© directement Ă la machine par Queneau lui-mĂȘme, Ă partir des diverses Ă©bauches manuscrites. Il prĂ©sente des ratures et de nombreuses corrections, avec des passages biffĂ©s. Il est datĂ© en fin (lâindication a Ă©tĂ© rayĂ©e pour la typographie) : « Neuilly, le 3 juillet 1941 ; midi 25 (Ă ma montre, avance un peu) ».
H. Tapuscrit des poĂšmes La Vieille et Le FantĂŽme (4 ff. in-4), et placard dâĂ©preuve de la revue Mesures (non publiĂ©s, la revue ayant disparu aprĂšs avril 1940).
69 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
6 000 - 8000
4 000 - 5 000
Le dossier des notes et plans est fort intĂ©ressant. On y trouve notamment une chronologie, un tableau des personnages, des indications topographiques, etc. Les notes prĂ©paratoires montrent aussi les hĂ©sitations du romancier lors de lâĂ©laboration de son livre. Ainsi : « Paul convaincu dâinceste. DĂ©missionnera-t-il ou se dĂ©mariera-t-il ? HĂ©sitations » ; et Queneau ajoute, non sans ironie : « CornĂ©lien. Racinien. Eschylien (au moins) ». On trouve aussi sur ces feuillets des jeux sur le langage comme cette variation Ă partir du mot insecte : « In-Secte. InsectualitĂ©. In-sexualitĂ©. IntellectualitĂ©.
In-Secte : celui qui nâappartient Ă aucune secte. In-Sexue : pas de sexualitĂ©. In-Texte : ni de texte Ă©crit (intellectualitĂ©).
Un Tel est que tu as lité ».
Des douze poÚmes de la premiÚre partie, onze sont présents dans les cahiers, et dans des versions offrant de trÚs nombreuses et importantes variantes. Le premier poÚme, Le Veilleur, dont on a dans les notes un plan-graphique, figure ici dans une version primitive intitulée Les Douze Quilles de la nuit, trÚs différente :
« Le tans a renversé les douz quilles de la nui
Plus une mintenan ; que le zéro demeure
Dans les orĂšres des chemins de fer
JusquâĂ la correspondance avec le nombre pi »âŠ
La seconde partie est intitulĂ©e LâĂ©toile du nord. Queneau a commencĂ© Ă taper son texte directement Ă la machine (sur les 14 premiers feuillets) ; ce qui deviendra un monologue est alors une « Lettre de Paul Kougard Ă la belle dame ».
Les 14 feuillets dactylographiĂ©s sont corrigĂ©s Ă lâencre ; puis Queneau va poursuivre Ă la main Ă partir de la page 15.
La troisiĂšme partie se prĂ©sente sous la forme de cinq actes ou tableaux (il manque dans ce manuscrit une partie du 4 e et le 5 e), dont on a une version primitive en manuscrit sous le titre « Dialogue de Jean et dâHĂ©lĂšne ». Mais Queneau avait dâabord songĂ© Ă lâĂ©crire sous forme romanesque. Le manuscrit offre ainsi la version primitive du « VI e livre » sous le titre :
« Les Touristes » : « Harmonieuse comme un cigare et luisante comme un scarabĂ©e, lâauto sâavançait Ă travers des rĂ©gions pierrouteuses et cailleuses, plus dessĂ©chĂ©es que les feuilles de tabac dâun cigare et sans plus de chair quâun insecte. Les petites collines se succĂ©daient, petits moutons ; et les routes en serpentin se dĂ©veloppaient sur les pentes de leurs contours. Et Madame Decrumel sâendormit, avec distinction. Le chauffeur faisait rouler sa voiture avec grĂące »⊠Un autre fragment dĂ©crit une excursion Ă la Source PĂ©trifiante, un troisiĂšme lâarrivĂ©e en train dans la Ville Natale dâĂdouard Dussouchel.
Au bas dâune des pages de ces feuillets Ă©cartĂ©s, on lit cette poignante confession : « Au fond je croyais que quand jâaurais une âsituationâ je serais heureux. Il nâen est rien. Impuissance et difficultĂ© dâĂ©crire » (Queneau avait Ă©tĂ© embauchĂ© aux Ă©ditions Gallimard en 1938).
Romans, I, (Ćuvres complĂštes, II), BibliothĂšque de la PlĂ©iade, tome II, Gallimard, 2002 (pour Les Temps mĂȘlĂ©s, Ă©d. de Jean-Philippe Coen : p. 997 - 1092, 1409 - 1429, 1670 - 1699, 1744 - 1745).
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 70
164 QUENEAU Raymond (1903 - 1976).
MANUSCRIT autographe, Mon associĂ©, Monsieur Davis (1962) ; 90 pages in-4 ; plus tapuscrits et documents joints. Dossier complet de ce scĂ©nario inĂ©dit dâun film destinĂ© Ă Bourvil, mais non rĂ©alisĂ© Avec le cinĂ©aste Yves CIAMPI (1921 - 1982), Queneau a prĂ©parĂ© cette adaptation du roman El Socio du Chilien Jenaro Prieto, et il en a Ă©crit les dialogues. Câest BOURVIL qui avait Ă©tĂ© pressenti pour interprĂ©ter le rĂŽle principal, mais, quand il se dĂ©sista, les producteurs abandonnĂšrent le projet ; le film ne fut jamais tournĂ©.
Câest lâhistoire du vicomte Louis de LĂ©on, excentrique et amateur de plaisanteries, qui dirige une petite affaire de publicitĂ©, lâA.P. F. (Agence de PublicitĂ© Familiale). Christian Pratter dâArmon, le nouveau mari de son ex-femme, hommes dâaffaires prospĂšre et ambitieux, lui aussi dans la publicitĂ©, lui propose de racheter lâA.P. F., qui bat de lâaile. Louis de LĂ©on refuse, au prĂ©texte quâun richissime Sud-amĂ©ricain, M. Davis, va sâassocier Ă lui. Il avoue Ă son ex-femme que câest une blague. Mais entre-temps, il a rencontrĂ© une journaliste, Florence, qui pour parachever la plaisanterie Ă©crit un article sur le mystĂ©rieux M. Davis. Lâaffaire prend de telles proportions que Louis de LĂ©on va regagner des clients et imposer toutes ses idĂ©es, mĂȘme les plus loufoques, comme les rĂ©clames sur timbre-poste ou la publicitĂ© inaudible. Le succĂšs est tel que Pratter dâArmon se retrouve au bord de la faillite. Mais Louis de LĂ©on est de plus en plus mal Ă lâaise avec ce double si loin de sa personnalitĂ© simple et joyeuse. La mystification tourne au cauchemar, et quand il avoue la vĂ©ritĂ©, on ne le croit pas. Ă la fin, voulant tuer M. Davis, Louis de LĂ©on se suicide. Les dialogues de Queneau sont brillants, pleins de plaisanteries exigĂ©es par le caractĂšre du personnage et destinĂ©es explicitement Ă Bourvil, comme lorsquâil sâessaye Ă dire « soutien gorge mes pommes », ou Ă parler avec lâaccent amĂ©ricain. Au fur et Ă mesure que lâaction progresse, le ton devient grinçant, et Louis de LĂ©on sombre dans la folie. LâĂ©crivain rend cette descente aux enfers sans pathos ni grandiloquence, et le suicide final apparaĂźt comme la meilleure plaisanterie de Luis de LĂ©on, faisant passer Davis pour son assassin.
Le manuscrit de travail prĂ©sente deux versions, lâune en et compte 38 pages autographes, 42 pages en partie dactylographiĂ©es avec des bĂ©quets et plusieurs pages autographes, plus 10 pages autographes. Il compte 107 sĂ©quences
Sây ajoute un dossier de plans et notes de travail autographes (11 p. in-4), avec dĂ©coupage et minutage.
« Notes Davis » par Yves CIAMPI (10 p. in-4), remarques sur les personnages, modifications à apporter au scénario, etc.
Tapuscrits : le synopsis (22 p.), plus une version corrigée par Yves Ciampi avec béquets et additions (29 p.) ; la liste des séquences (4 p., manque la 1Úre) ; scénario de travail (environ 130 p. en désordre avec quelques corrections de Queneau) ; découpage (133 p.).
Copies CompÚre dactylographiées ou ronéotées (dos toilés) : tapuscrit du synopsis (double carbone, 51 p.) ; ronéo du synopsis (39 p.) ; scénario (115 p., couvertes au verso de notes mathématiques autographes de Queneau) ; autre version du scénario ronéotée (152 p.) ; version anglaise du scénario (163 p. ronéotées, reliure spirale).
Dossier de correspondance et contrat, 19 lettres par Jean Rossignol (chargé des droits cinématographiques chez Gallimard) et le producteur Jacques Simonnet (Sorafilms), 1961 - 1962.
165 QUENEAU Raymond (1903 - 1976).
MANUSCRIT autographe, [ En passant , 1944] ; 48 pages petit in-4 dans un cahier Student Book.
Manuscrit complet de cette piĂšce en deux actes.
En passant, « un acte plus un acte pour prĂ©cĂ©der un drame », fut publiĂ© en avril 1944 dans le n° 8 de la revue LâArbalĂšte ; la piĂšce fut créée en avril 1947 au théùtre AgnĂšs Capri, par la compagnie Masques nus, dans une mise en scĂšne de Pierre Gout, devant un dĂ©cor photographique de BrassaĂŻ, en « lever de rideau » du drame de Luigi Pirandello La vie que je tâai donnĂ©e. La piĂšce de Queneau, se dĂ©roulant dans un couloir de mĂ©tro, prĂ©sente deux actes symĂ©triques, dont les personnages et les pĂ©ripĂ©ties se rĂ©pondent deux Ă deux. TonalitĂ© poĂ©tique dominante, humour verbal qui Ă©voque le théùtre de lâabsurde, cette piĂšce se rattache aux thĂšmes de lâincommunicabilitĂ© et des rĂȘves impossibles.
Le manuscrit, Ă lâencre noire, comprend 48 pages provenant de deux cahiers, conservĂ© sous une couverture de cahier gris-vert Student Book : le premier acte (25 pages) sur papier lignĂ© (22,5 x 14,6 cm), et le « 2Ăšme tableau » (23 pages) sur papier de cahier dâĂ©colier Ă grands carreaux (22,5 x 17,6 cm). Il prĂ©sente de nombreuses et importantes ratures, corrections, suppressions et additions, Ă lâencre ou au crayon, avec notamment une dizaine de pages biffĂ©es ; ainsi que de nombreuses variantes avec la version publiĂ©e, notamment le prĂ©nom de lâhĂ©roĂŻne IrĂšne qui deviendra Odile.
Un feuillet de titre Ă en-tĂȘte de la nrf prĂ©sente le titre primitif biffĂ© « Un invitĂ© », remplacĂ© par Un passant, avec deux couples de personnages : « Joachim / Le Passant » et « IrĂšne / La Mendiante ».
On joint lâinvitation Ă la gĂ©nĂ©rale et le programme du Théùtre AgnĂšs Capri ; plus une photocopie de la publication en revue.
600 - 800
71 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1 000 - 1 200
166 RACINE Jean (1639 - 1699).
La Thebayde ou les FrÚres ennemis. Tragédie (Paris, Gabriel Quinet, 1664) ; in-12 (147 x 90 mm), [7]-70-[1] pp. Maroquin rouge janséniste, dos à nerfs titré, filet doré sur les coupes, large dentelle intérieure, tranches dorées, signet conservé (Trautz-Bauzonnet ).
Ădition originale de la premiĂšre piĂšce Ă©crite et publiĂ©e par Jean Racine : La ThĂ©baĂŻde, relatant le mythe grec de la querelle fratricide des deux fils maudits dâĆdipe pour le trĂŽne de ThĂšbes. ReprĂ©sentĂ©e pour la premiĂšre fois en 1664 au théùtre du Palais Royal par la troupe de MoliĂšre, elle fut Ă©crite en peu de temps et sera remaniĂ©e. Ainsi cette Ă©dition originale contient-elle une centaine de vers qui furent supprimĂ©s dans les Ă©ditions suivantes. TrĂšs bel exemplaire. (Ătat dâusage de la reliure).
Provenance : BibliothÚque Léon Rattier (1913, n°178, ex-libris) ; bibliothÚque Mortimer L. Schiff (1938, n°503, ex-libris).
167 RĂGNIER Henri de (1864 - 1936).
Les Bonheurs perdus (Paris, Mercure de France, 1924) ; in-8, demi-maroquin Ă coins rouge, dos Ă nerfs, tĂȘte dorĂ©e, couverture et dos conservĂ©s (Canape).
Ădition originale. Un des 25 exemplaires hors commerce sur vergĂ© pur fil Lafuma (n° I). Envoi autographe signĂ© de lâauteur Ă Armand GODOY : « Ă M. Armand Godoy / cordial hommage / Henri de RĂ©gnier ».
168 RENĂ I er (1409 - 1480) « le bon roi RenĂ© », duc dâAnjou, de Bar et de Lorraine, roi de Naples et de Sicile, poĂšte.
L.S. « Rene », Aix-en-Provence 10 septembre 1472, à Cicco SIMONETTA ; contresignée « P. Puig » ; 1 page oblong in-4, adresse au verso avec sceau sous papier (quelques légÚres mouillures) ; en latin.
Rare lettre du bon Roi René
Comme roi dâAragon, de JĂ©rusalem et de Sicile, il Ă©crit à « Ciccho de Simonetis » [Francisco dit Cicco SIMONETTA (1410 - 1480), diplomate, secrĂ©taire et chancelier du duc de Milan Galeazzo Sforza ; il avait Ă©tĂ© le conseiller du Roi RenĂ© Ă Naples, lors de la lutte entre Aragon et Anjou pour le trĂŽne de Naples], pour lui annoncer quâil a envoyĂ© Hector Scaglioni (SCALIGER) vers le Duc son cousin et ses chers fils : « Uti ab eodem Hectore latique intelligetis est quoque vobis quedam nri pre explicativens. Rogamus vos magnopre ut et sibi in iis que vobis nostro nome referet fidem firma habere, et rem ita ut spes nostra est et necessitas expostulat commendatam nostro amore suscipereâŠ
169 RENOIR Auguste (1841 - 1919).
L.A.S. « Renoir », Essoyes 20 aoĂ»t 1901, Ă une dame ; 1 page in-8 (2 dĂ©chirures rĂ©parĂ©es au scotch). Il demande Ă sa correspondante de le « recevoir seul vers le 27 aoĂ»t pour deux jours. Si Ă cette Ă©poque vous ne pouviez pas je pourrais remettre vers le 15 septembre. Et voilĂ pourquoi. Il faut que jâaille Fontainebleau pour des portraits le 1er septembre. Je quitterais Essoyes un peu plus tĂŽt pour aller vous voir, ou Ă mon retour de Fontainebleau vers le 15 ou 20 septembre. Tout va bien Ă la maison mĂšre, mĂšre et enfant, moi bien portant Ă part les rhumatismes qui ne bougent pas »âŠ
170 RENOIR Auguste (1841 - 1919).
L.A.S. « Renoir », Cagnes 6 mars 1904 Ă Jeanne BAUDOT ; 2 pages et quart in-8. Belle lettre Ă son ancienne Ă©lĂšve [Jeanne BAUDOT (1877 - 1957) a Ă©tĂ© lâĂ©lĂšve de Renoir, qui a fait plusieurs portraits dâelle. Elle a Ă©tĂ© la marraine de Jean Renoir, deuxiĂšme fils du peintre, le futur cinĂ©aste. Il a eu beaucoup dâoccupations ennuyeuses et a dĂ» aller Ă Paris « pour en finir. Je vais pouvoir je pense avoir le loisir de mettre quelques couleurs sur des toiles ce que je nâai pu faire depuis longtemps. Jâai su par votre mĂšre tous vos enthousiasmes et je les ai partagĂ©s de loin. Câest dĂ©licieux quand jeune comme vous lâon peut voir des choses nouvelles et surtout quand comme vous lâon peut les comprendre (je ne dis pas les faire) ne soyons pas trop gourmands. JâĂ©tais content de vous voir dans cette AlgĂ©rie si claire dans ce pays oĂč lâon est si loin et si prĂšs, oĂč lâarabe Ă lâair dâun vieux copain que lâon a toujours connu. Ce roublard gentil, auquel il ne faudrait pas trop se fier cependant, mais tout cela est amusant au possible et rien autre ne peut vous donner les joies de lâAlgĂ©rie. Pour moi du moins et je vois avec plaisir pour vous aussi. Je suis de retour Ă Cagnes avec toujours le temps changeant. Quel hiver grands Dieux »âŠ
171 RENOIR Auguste (1841 - 1919).
L.A.S. « Renoir », 21 novembre 1904, Ă Mlle Paule GOBILLARD ; 1 page in-12, enveloppe. « Voulez-vous dire Ă votre sĆur que quand elle pourra venir elle me prĂ©vienne la veille. Demain si elle vient, ou aprĂšs. [âŠ] Je vous envoie ce mot par un modĂšle gentil ».
800 - 1Â 000
700 - 800
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 72
1 000 - 1 500
100 - 150
1Â 000 - 1Â 500
1Â 000 - 1Â 200
172 RENOIR Auguste (1841 - 1919).
L.A.S. « Renoir », Cagnes 8 novembre 1912, [Ă Mme Maurice GANGNAT] ; 3 pages in-8, en-tĂȘte Les Collettes Cagnes (A.-M.)
Il demande des nouvelles de Philippe en espĂ©rant « que ce rhume de cerveau ne sâĂ©tendra pas davantage malgrĂ© cette sale saison que vous avez. Nous nous sommes en pleine douceur de tempĂ©rature dont je profite pour sortir souvent ». Mais il a besoin du conseil de Gangnat pour ses affaires : « ce nâest pas la peine dâavoir des amis si ce nâest pour les mettre de temps en temps Ă contribution. Mon ami RiviĂšre me fait constamment entrevoir monts et merveilles du CrĂ©dit Foncier Argentin. Je fais peut-ĂȘtre une bĂȘtise, mais je sais que je lui suis agrĂ©able en prenant de ses valeurs. Je lui ai donc Ă©crit Ă cet Ă©gard puisque le hazard fait que je ne puis avoir de rente Suisse câest peut-ĂȘtre un avis du ciel »..
173 RĂVOLUTION.
Constitution de la RĂ©publique Française (Paris, Imprimerie du DĂ©pĂŽt des lois, [1795]) ; in-4 de 43 pages, suivies de ff. blancs ; reliure de lâĂ©poque en maroquin rouge, cadre de filets dorĂ©s avec le faisceau de licteur surmontĂ© du bonnet phrygien et la devise Union Force et LibertĂ© sur les plats, et le titre en lettres dorĂ©es sur le plat sup., dos ornĂ© de faisceaux et de bonnets phrygiens.
TrĂšs bel exemplaire dans une reliure en maroquin de lâĂ©poque aux armes de la RĂ©publique
La Constitution du 5 fructidor an III (22 aoĂ»t 1795) fonde le Directoire. Elle sâouvre sur la DĂ©claration des droits et des devoirs de lâhomme et du citoyen
On joint une mĂ©daille en bronze dorĂ© (diamĂštre 6 cm) dĂ©livrĂ©e Ă un reprĂ©sentant du Peuple au Conseil des CinqCents, avec le titre Constitution de lâan trois frappĂ© Ă lâavers.
174 REYNOLDS Joshua (1723 - 1792) peintre anglais.
L.A.S. « Joshua Reynolds », Londres 18 octobre 1783, à John WAMHOPE , « Writer to the Signet » à Edinburgh ; 1 page in-4, adresse avec sceau de cire rouge ; en anglais.
Rare lettre au sujet de portraits impayés
Sir William Forbes lâa invitĂ© Ă adresser au notaire un mĂ©moire des dettes de feu Lord Errol [James Hay (1726 - 1778)
15th Earl of ERROLL], pour des tableaux peints pour lui : portrait en pied de Lord Errol (105ÂŁ), Lady Errol (25ÂŁÂ 5), rĂ©plique de la feue Lady Errol (idem), modification de la draperie dâun tableau (5ÂŁÂ 5), plus une caisse de transport (10 schillings), en tout 163ÂŁÂ 5âŠ22
175 RIMBAUD Arthur (1854 - 1891).
Une saison en enfer (Bruxelles, Alliance typographique, 1873) ; in-8, brochĂ©. Ădition originale du seul ouvrage dont Rimbaud ait entrepris la publication, Ă compte dâauteur. Une saison en enfer fut tirĂ©e Ă 500 exemplaires environ, il nây a pas eu de grand papier. Sur ces quelque 500 exemplaires, 425 restĂšrent chez lâĂ©diteur Poot, et ne furent pas diffusĂ©s, Rimbaud nâayant pu les rĂ©cupĂ©rer, faute dâargent. Il ne put disposer que dâune dizaine dâexemplaires. Le reste du tirage demeura dans la cave de lâAlliance typographique jusquâĂ sa redĂ©couverte en 1901 par LĂ©on Losseau. Ă partir de 1911, le bibliophile belge dispersa peu Ă peu lâouvrage sur le marchĂ©. Bel exemplaire, conservĂ© brochĂ© et non coupĂ©, tel que paru. Quelques rousseurs.
176 ROLAND Manon Phlipon, Madame (1754-guillotinĂ©e 1793) lâĂ©gĂ©rie des Girondins.
L.A., [Amiens] « Mercredy 21 janvier 1782 » [pour mardi 22 ?, à son mari] ; 4 pages in-4. Belle lettre à son mari
Il y a eu un peu de beau temps pour la fĂȘte : « jâai respirĂ© lâair dans mon jardin avec plaisir et lâair me paroissoit suave et gracieux » ; mais il pleut : « il rĂšgne je ne sais quoi de sombre et dâĂ©pais qui mâabat : jâai de la lassitude et presque du dĂ©goĂ»t ». Elle se plaint du manque de bois et de la mauvaise qualitĂ© de celui quâon lui a livrĂ©. Elle vient dâengager une fille : « elle me plaĂźt par un air trĂšs propre et assez doux. [...] Si jâĂ©tais vieille comme Sara et que tu fus un patriarche, cela ne serait pas mal choisi ; elle a vingt-cinq ans, de la fraĂźcheur et dâassez jolis yeux. Si elle est dâailleurs telle quâon lâannonce on nous la dĂ©bauchera quelque jour pour en faire une femme de chambre ». Elle donne des nouvelles de leur fille, quâelle allaite et qui va mieux... Elle essaie de lire en anglais : « jây suis autrement perdue que dans lâitalien » ; il lui faut le dictionnaire⊠Le jardin est dans un triste Ă©tat et nĂ©cessite des travaux : « Nâest-ce pas une puissante raison de hĂąter ton retour ? Tu auras aussi de lâexercice Ă prendre, si tu veux, autour de mon bois [âŠ] tu pourras tâamuser dans ton bĂ»cher oĂč jâirai te trouver avec ma petite quand il y aura du soleil ». Elle conclut en lâembrassant « tenerissimamente », ayant sa fille au sein gauche, et veut le rassurer sur sa bonne santĂ©, malgrĂ© sa lassitude.
2Â 000 - 2Â 500
800 - 1Â 000
73 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1 200 - 1 500
800 - 1 000
5Â 000 - 6Â 000
177 ROMME Gilbert (1750 - 1795) mathĂ©maticien, conventionnel (Puy-de-DĂŽme), crĂ©ateur du calendrier rĂ©publicain ; arrĂȘtĂ© aux journĂ©es de Prairial et condamnĂ© Ă mort, il se suicida. MANUSCRIT autographe, La commune de Riom dĂ©partement de Pui-de-Dome Ă lâAssemblĂ©e Nationale, [1790] ; 2 pages et demie in-4 avec ratures et corrections. Important discours cĂ©lĂ©brant lâĆuvre rĂ©gĂ©nĂ©ratrice de la RĂ©volution et la DĂ©claration des Droits de lâHomme « Messieurs, la commune de Riom qui ne compte son existence politique que depuis quâelle sâest donnĂ©e constitutionnellement une MunicipalitĂ© patriote, vient vous faire hommage des PrĂ©mices de sa LibertĂ©, en adhĂ©rant solemnellement Ă tous vos dĂ©crets par ses dĂ©putĂ©s extraordinaires. Elle a tout perdu par les suppressions que votre sagesse a prononcĂ©es et que commandoient les malheurs et le salut de la France ; mais cet Ă©tat de mort ne lâeffraye point puisquâil est une transition inĂ©vitable et momentanĂ©e dâun rĂ©gime justement proscrit, Ă une renaissance que nous recevons tous des PĂšres de la Patrie, rĂ©gĂ©nĂ©rateurs de la Justice et de la libertĂ©. Trop longtems captifs sous lâopinion de quelques personnes, notre raison Ă©tait obscurcie, nos vĆux Ă©touffĂ©s, notre patriotisme dissimulĂ© ou Ă©garĂ©, nos espĂ©rances et notre confiance trompĂ©es ; les bons citoyens gĂ©missoient de ne pouvoir porter jusquâau SĂ©nat auguste, leurs sentimens particuliers, et de ne pouvoir mĂȘler leur allĂ©gresse Ă celle de toute la France, aussitĂŽt quâils lâont sentie. Ă ces malheurs immĂ©ritĂ©s la calomnie les preventions et lâintrigue ont ajoutĂ© de nouvelles amertumes. Mais votre exemple nous soutient et votre Justice nous console. Vos DĂ©crets ont rĂ©tabli le Peuple dans ses droits, il a mis Ă sa tĂȘte des Municipaux citoyens, et tous les liens qui lâattachoient Ă lâerreur ont Ă©tĂ© brisĂ©s. Câest pour le Peuple et par le Peuple que doit se faire la rĂ©gĂ©nĂ©ration du corps politique; câest par lui que la vĂ©ritĂ©, la justice et la LibertĂ© triomphent ». Puis, aprĂšs un long passage proclamant lâadhĂ©sion de tous les citoyens de Riom aux principes de la RĂ©volution et Ă la Constitution : « Pour vous, Messieurs, pleins de confiance dans vos travaux, heureux des espĂ©rances que vous offrez Ă la France et fiers des leçons que ses vertueux reprĂ©sentans donnent Ă lâunivers, nous recueillons avec empressement tous vos dĂ©crets. Vos Tribunaux et notre corps municipal en ont toujours fidĂšlement suivi toutes les dispositions; et les loix anciennes ont cĂ©dĂ© sans trouble leur empire aux loix nouvelles, qui emanent de votre sagesse. Les bons citoyens se rassemblent pour se pĂ©nĂ©trer des lumiĂšres qui nous viennent de la capitale, et les rĂ©pandre autour dâeux. Un Ă©tablissement patriotique vient de se former et la destination premiĂšre sera de faciliter lâintelligence de notre nouveau code et dâoffrir Ă tout le monde un cabinet de lecture gratuite et choisie. La dĂ©claration des droits va devenir le premier chapitre du catĂ©chisme politique de la jeunesse. Notre contribution patriotique se monte Ă plus de 100 000 ll quoique le tableau des citoyens actifs nâaille guĂšre au-delĂ de 1200 et nous devons dire que la MunicipalitĂ© de Riom est la premiĂšre de la province qui ait reçu les dĂ©clarations. Les Ă©tablissemens de charitĂ© viennent de recevoir un accroissement considĂ©rable, par la gĂ©nĂ©rositĂ© dâun vertueux cĂ©nobite qui siĂšge parmi vous dont les opinions honnorent la ville de Riom sa patrie et qui prouve par sa conduite, que les vertus du chretien ne diffĂšrent pas de celles du vrai citoyen. Voila, Messieurs un tableau de nos efforts pour reconquerir notre libertĂ©, et nous rendre dignes de vos regards. »
178 ROUAULT Georges (1871 - 1958).
2 L.A.S. « Georges Rouault », [juin 1907], Ă Ambroise VOLLARD ; 4 pages in-8, et 1 page in-12 Ă lâencre rouge avec adresse au verso (carte-lettre).
Sur ses céramiques
Rouault indique tout dâabord au marchand les prix quâil souhaite pour ses cĂ©ramiques : « Service Ă thĂ© 200 f, grand vase 200 f », ainsi que les « plaques moyennes », dont une de Clowns : « il y a encore deux assiettes (sanguine), jâarrive Ă 1500 f vous les laissant Ă un prix mĂ©diocre pour que vous ayez lâensemble de mes recherches; je ne vous demande pas cette somme immĂ©diatement, et croyez bien que je ne suis pas disposĂ© Ă refaire un effort semblable de sitĂŽt, du moins pas dans les mĂȘmes conditions de prix, je prĂ©fĂšre de beaucoup faire des aquarelles ou de la peinture, câest un travail qui nâa plus de prix que jâai entrepris lĂ (il y a encore un des gros vases que je tiens Ă refaire passer Ă un feu... Maurice Denis est venu lâautre jour et il dĂ©sirait beaucoup mon plat, il a aussi beaucoup aimĂ© lâassiette (sanguine). Comme jâai fait mes prix Ă lâavance avec vous (pour les gros vases) et les moyens et le petit, je maintiens les prix que vous mâavez accordĂ©s, mais croyez bien que sans trop me gober je sais ce que jâai fait et que si vous ne les prenez pas jâen ai le placement assurĂ© dans de trĂšs bonnes conditions sans oublier que jâaurais Ă©tĂ© trĂšs heureux dâen conserver pour moi. [âŠ] Il faudra aussi que les plaques soient prĂ©sentĂ©es encadrĂ©es dâun lĂ©ger filet de cuivre dorĂ©. La dĂ©pense sera minime mais lâeffet sera meilleur »âŠ
[9 juin 1907]. Rouault prĂ©cise les prix de ses cĂ©ramiques (rĂ©alisĂ©es avec AndrĂ© METTHEY) : « les plaques figures 200 f pour moi mais 60 f pour Metthey au lieu de 50 que jâavais marquĂ© [...] Si vous revoyez Methey je crois quâil serait bon quâil se mĂźt en rapport avec la section dâart dĂ©coratif par lettre au besoin sâil ne peut plus se dĂ©placer de façon Ă ce quâil puisse soumettre le plan de ce quâil dĂ©sire ».
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 74
2Â 000 - 2Â 500
1Â 000 - 1Â 200
179 ROUAULT Georges (1871 - 1958).
MANUSCRIT autographe, Berceuses du Faubourg de Longues-Peines ; 42 pages in-4 paginées 1-30 et 47-58 (sur papier pelure, avec effrangeures et déchirures à certains feuillets).
Important ensemble de 35 poÚmes, abondamment raturés et corrigés, numérotés I à xx VII et xxxx I à xxxx VIII
Lâensemble porte en tĂȘte les dates « 1898 - 1935 », et le sous-titre (ou titre primitif ?) biffĂ© Stella Vespertina. Rouault a considĂ©rablement travaillĂ© et corrigĂ© son manuscrit, supprimant des vers entiers, en ajoutant dâautres dans les marges ; quelques-uns sont Ă©crits au pinceau et Ă lâencre de Chine, dont Rouault se sert Ă©galement pour faire des suppressions, qui confĂšrent Ă ce manuscrit, malheureusement fragile, un graphisme parfois spectaculaire.
Nous citons le début du premier poÚme :
« Sous le ciel lourd et bas des fortifications léthargiques
Noires cheminĂ©es dâusines
Ombre fugitive dâun bastion sur la dune PelĂ©e sombre et aride
LĂ jâai errĂ© solitaire
PrĂšs de la ville tentaculaire oĂč je naquis Berceuses mĂ©lancoliques »âŠ
On joint la transcription de ce manuscrit par lâabbĂ© Maurice Morel, sur laquelle Rouault a fait des suppressions, avec un PO Ăš ME autographe signĂ© (GR) de Rouault en remplacement du premier poĂšme (1 page in-4).
Provenance : ancienne collection de lâabbĂ© Maurice MOREL (vente Ferri, 14 dĂ©cembre 2005, n° 127).
180 ROUAULT Georges (1871 - 1958).
MANUSCRIT autographe, Art ; 4 pages in-fol., avec ratures et corrections.
« La grandeur du royaume nâen fait pas la beautĂ© ! mais lâamour avec lequel on lâa créé ! Nous sommes des roisfous plus sages que rois et empereurs vĂ©ritables ! »⊠Rouault se dĂ©chaĂźne contre Arnold BĂCK l IN : « ModĂšles pris dans les piscines allemandes ! Des tritons Ă tĂȘtes de douaniers Ă©voluent avec des grosses filles. Câest lourd ! faux ! peint sur du linolĂ©um avec des tons de toile cirĂ©e ignifusĂ©e ! [âŠ] Le moindre soupir de CĂZANNE fait crouler ce Kolossal chĂąteau de cartes ! »⊠Il cĂ©lĂšbre Chardin, CĂ©zanne ou Corot, vrais crĂ©ateurs qui ne succombent pas aux « sottes et prĂ©tentieuses thĂ©ories »âŠ
Provenance : ancienne collection de lâabbĂ© Maurice MOREL (vente Ferri, 14 dĂ©cembre 2005, n° 113).
181 ROUSSEAU Henri, dit le DOUANIER ROUSSEAU (1844 - 1910).
CARNET autographe, signĂ© en tĂȘte « Rousseau » ; 10 pages dans un carnet in-12, couverture papier cirĂ© noir (chemise dos vĂ©lin et Ă©tui).
Rare et prĂ©cieux carnet de compte de ses tableaux vendus en 1909 et 1910 Sur la premiĂšre page, Rousseau a notĂ© son nom et son adresse « Paris rue Perrel 2 bis » (tache). Puis il a indiquĂ© les nom et adresse de ses acheteurs, avec le sujet et le prix dâune quarantaine de tableaux. En 1909, VOLLARD (6 rue Laffitte) achĂšte 11 tableaux entre 4Ă et 230 francs : Composition, Surprise, et des Paysages ; Hudes (en fait Wilhelm UHDE, 21 Quai des Tournelles) achĂšte 6 paysages ; Blamme (6 rue Boissonnade) 2 paysages. En 1910, VOLLARD achĂšte 13 tableaux, dont une CrĂ©ation Ă 400 francs et des paysages ; dâOETTINGEN (21 Boulevard Berthier) 5 tableaux, dont des Singes (300 fr.) et des Fleurs (400 fr.) ; Soffici (Ă Naples) 7 tableaux, dont une Vue de Paris ; Uhde 5 tableaux, dont des Fleurs ; HOETZER, sculpteur, 4 tableaux : des Fleurs (40 fr.), et CrĂ©ation (300 fr.), et deux autres CrĂ©ation le 20 aoĂ»t (200 fr.) et le 30 septembre (300 fr.).
Provenance : ancienne collection Tristan TZARA
182 SADE Donatien Alphonse François, marquis de (1740 - 1814).
Justine ou les Malheurs de la Vertu (En Hollande, Chez les Libraires AssociĂ©s, [Paris, Girouard ?] 1791. 2 tomes rĂ©unis en un volume in-12. Reliure moderne dans le style de lâĂ©poque, demi-veau glacĂ© mouchetĂ©, dos lisse, compartiments ornĂ©s, piĂšce de titre de maroquin rouge, titre dorĂ©, frise dorĂ©e sur les coupes, tranches rouges, doublures et gardes de papier tourniquet.
Rare seconde édition du premier livre de Sade
Cette Ă©dition, imprimĂ©e en 1791, soit la mĂȘme annĂ©e que lâoriginale Ă©ditĂ©e au format in-8 chez Girouard Ă Paris. Le texte ne diffĂšre avec celui de lâoriginale que sur le point de lâAvis de lâĂ©diteur. Lâouvrage connut un succĂšs immĂ©diat et sera rĂ©imprimĂ© six fois en dix ans. Dans le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne, Las Cases rapport que NapolĂ©on considĂ©rait Justine comme « le livre le plus abominable quâait enfantĂ© lâimagination la plus dĂ©pravĂ©e ». Toutes les Ă©ditions premiĂšres Ă©ditions de cet ouvrage sont recherchĂ©es.
Tome I : 2 ff. n. ch., 339 pp. ; 1 frontispice signĂ© (biffĂ©) gravĂ© par G. Texier dâaprĂšs Philippe ChĂ©ry ; tome II : 1 f. n. ch., 228 pp. Exemplaire bien complet des deux feuillets de lâAvis de lâĂ©diteur et lâExplication de lâEstampe, qui manquent Ă plusieurs exemplaires de lâoriginale. Sans les figures.
(Frontispice coupé ras, restauration au 2e feuillet avec quelques lettres suppléées à la main.
6Â 000 - 8Â 000
75 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1Â 000 - 1 500
1Â 000 - 1 500
5 000 - 6 000
183
SADE Donatien Alphonse François, marquis de (1740 - 1814).
Les 120 JournĂ©es de Sodome ou LâĂcole du Libertinage. Par le Marquis de Sade. PubliĂ© pour la premiĂšre fois dâaprĂšs le manuscrit original, avec des annotations scientifiques par le Dr EugĂšne DĂŒhren. (Paris, Club des Bibliophiles, 1904) ; fort in-8 (26,5 x 17,7 cm). Reliure hongroise de lâĂ©poque veau vert amande, dos Ă nerfs ornĂ©, plats richement dĂ©corĂ©s dâune plaque de rinceaux dorĂ©s Ă larges Ă©coinçons, doublure de veau saumon abondamment ornĂ©e de fers floraux, large roulette florale, gardes de soie grĂšge (dos un peu passĂ©).
Ădition originale. Tirage limitĂ© Ă 200 exemplaires numĂ©rotĂ©s, celui-ci 1/5 sur Japon (n° 4). Cette Ă©dition fut publiĂ©e Ă Berlin en 1904 par Max Harrwitz. EugĂšne DĂŒrhen est le pseudonyme dâun psychiatre berlinois, Iwan Bloch. Texte dans un encadrement vert bronze ornĂ© aux coins, fac-similĂ© hors texte dâune page manuscrite de Sade Ă la fin du volume.
On a reliĂ© en tĂȘte de volume le prospectus.
Rare exemplaire sur japon de lâouvrage capital de Sade
184 SAINT-EXUPĂRY Antoine de (1900 - 1944).
MANUSCRIT autographe pour Terre des hommes, [1931] ; 1 page et quart in-4 sur papier jaune. Brouillon trÚs raturé et corrigé pour un chapitre de Terre des hommes
Ce brouillon est une version primitive, trÚs travaillée, avec des reprises, de la conclusion de la premiÚre partie du chapitre VIII, Les Hommes
« Tout au long de ce livre jâai parlĂ© de ceux-lĂ qui avaient obĂ©i semble-t-il Ă une vocation souveraine, et avaient choisi le dĂ©sert ou la ligne, comme dâautres eussent choisi le monastĂšre, mais jâai trahi mon but si jâai paru vous engager Ă admirer dâabord des hommes »⊠Etc.
185
SAINT-EXUPĂRY Antoine de (1900 - 1944).
DESSIN original avec légende autographe, Roger Beaucaire. Mine de plomb sur papier, 17 x 15 cm.
Le personnage est identifié par un titre sous le dessin. Représenté en pied entre deux fleurettes stylisées, Roger Beaucaire a ses traits grossis, son nez et ses lÚvres proéminents.
Ă cĂŽtĂ© dâune sĂ©rie de portraits de ses amis dans une veine trĂšs rĂ©aliste (dans un carnet intitulĂ© Les Copains, cf. Dessins, Gallimard, 2006, p. 58-75), Saint-ExupĂ©ry excellait aussi dans la caricature ( idem, p. 132 - 146 et p. 166 - 167). Ce dessin de Roger Beaucaire est inĂ©dit. Plusieurs de ses traits sont Ă rapprocher dâautres croquis : les fleurs de part et dâautre du personnage sont identiques Ă celles qui flanquent un autre personnage, Ă©galement croquĂ© au crayon noir (idem, n° 211). Le pantalon bouffant, resserrĂ© aux chevilles, est aussi reconnaissable ailleurs (notamment n° 226).
Passionné par les problÚmes de physique, Saint-Exupéry a échangé avec son ami Roger BEAUCAIRE une correspondance argumentative, notamment sur un problÚme de tonneau « immergé dans un fluide » (voir Pléiade, II, 1025 - 1027).
186 SAINT-SIMON Louis Rouvroy, duc de (1675 - 1755).
L.A.S. « Le Duc de S t Simon », Paris 10 janvier 1728, au Garde des Sceaux (Germain-Louis CHAUVELIN) ; 1 page in-4 (portrait gravé joint).
La lettre accompagne un mĂ©moire de trois pages : « vous verrĂ©s sâil vous plaist par la 4 e que jâay ajoutĂ©e si jâay bien eclairci ce que vous avĂ©s jugĂ© qui meritoit de lâestre ». Il a joint la copie de sa lettre au cardinal de FLEURY et Chauvelin jugera « si jâay bien executĂ© ce que vous mâavĂ©s fait la grace de me conseiller [âŠ] Jâenvoye lâun et lâautre Ă M. de MAUREPAS pour les rendre Ă M. le C[ardina]l a propos dâavoir le tems de les luy faire lire. Je nâay osĂ© luy mander que je vous en eusse parlĂ© et neantmoins je voudrois bien que vous pussiĂ©s scavoir quand il aura veu M. le C la dessus pour vous mettre en estat de faire en sorte que le C vous en parlast et vous donner ainsy occasion a ce que jâattendray toujours en toutte confiance de lâhonneur de vostre amitiĂ© »âŠ
Ancienne collection Alfred BOVET (1887, n° 711).
Les SiÚcles et les jours, n° 237.
1 200 - 1500
1 500 - 2 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 76
1Â 500 - 2Â 000
1 500 - 2000
187 SAINTE-BEUVE Charles-Augustin (1804 - 1869).
22 L.S. avec corrections et additions autographes (minutes, 2 non signĂ©es), 1866 - 1868 ; 44 pages in-8 ou in-12. Lettres dictĂ©es Ă son secrĂ©taire Jules TROUBAT, puis abondamment corrigĂ©es par Sainte-Beuve, Ă Ernest BERSOT (rĂ©ponse Ă un article sur la Galerie des AcadĂ©miciens de Vattier), P. Bernay (sur une caricature de Sainte-Beuve), Pierre LAROUSSE (« auteur du Grand Dictionnaire, Ă propos de lâarticle Causeries du Lundi communiquĂ© en Ă©preuves »), Camille GUINHUT (rĂ©dacteur de Lâ Ătendard, Ă propos de la question romaine), COLINCAMP (sur son article consacrĂ© aux Lundis), BenoĂźt JOUVIN (belle lettre sur la pĂ©rennitĂ© de la littĂ©rature), Louis COMBES (« petite querelle » sur Louis XVI), Jules CLARETIE (au sujet de Victor Jacquemont), Dussieux (sur le scandale dâune Ă©dition tronquĂ©e des MĂ©moires du grand FrĂ©dĂ©ric), Paul MEYER (hommage de Port-Royal, « le moins imparfait de mes Ă©crits »), de GONET (« juge dâinstruction, pour recommander le jeune Alfred VerliĂšre, auteur de DĂ©isme & PĂ©ril social, dĂ©tenu sous lâinculpation de sociĂ©tĂ© secrĂšte »), Henri BRISSON (rĂ©ponse Ă un article sur les dĂ©lits de presse), BARUTEL (Ă propos des prix de lâAcadĂ©mie), C. RITTER (sur une intervention au SĂ©nat), Louis ULBACH (rĂ©ponse Ă La Cocarde blanche), Ămile EGGER (remerciant pour le « prĂ©cieux cadeau » de son savant confrĂšre), Ernest RENAN (sur David Strauss), FĂ©lix AUVILLAIN (critique de ses vers, par « un ancien Ă©lĂ©giaque »), etc.
188 SAND George (1804 - 1876).
MANUSCRIT autographe signĂ© « G. Sand », RĂȘveries et souvenirs, fragments de journal ; 44 pages in-8. Manuscrit de travail, avec ratures et corrections, dâun article politique sur 1848 et lâEmpire, NapolĂ©on III et EugĂ©nie
Cet article a été publié dans le journal Le Temps du 5 septembre 1871, sans le sous-titre « fragments de journal » ; il a été recueilli en 1873 dans Impressions et souvenirs (Michel Lévy, 1873, p. 17-36).
PrĂ©sentĂ© comme un fragment de journal en date de mars 1860, le texte commence par une Ă©vocation de son Ă©tat dâĂąme (rĂ©digĂ©e au masculin, comme Ă son habitude) : « Ces bons vieux amis me demandent en quel Ă©tat est mon Ăąme. Sâils y pouvaient lire Ă toute heure, ils trouveraient peut-ĂȘtre quâelle est en Ă©tat de grĂące, comme disent les catholiques ; moi je dis quâelle nâa plus guĂšre dâĂ©tat particulier, elle est entrĂ©e depuis longtems dans le chemin oĂč les accidents et les pĂ©rils ne font pas retourner en arriĂšre. â On me trouve trop indulgent pour les choses et pour les gens de ce tems ci. Je ne suis pas si indulgent que lâon croit. Jâai acquis de la patience en proportion de ce quâil en faut, voilĂ tout. Ayant traversĂ© beaucoup de choses jugĂ©es, je nâai pas le goĂ»t de supplicier ce que je condamne, jâaime mieux lâoublier »âŠ.
Elle Ă©voque sĂ©vĂšrement la naissance du second Empire : « Lâavenir est noir. Ce coup dâĂ©tat qui, dans les mains dâun homme vraiment logique, eĂ»t pu nous imprimer un mouvement de soumission ou de rĂ©volte dans le sens du progrĂšs, ne nous a conduits quâĂ un affaissement tumultueux Ă la surface, pourri en dessous »âŠ. Le peuple est « dans un courant funeste, 48 a Ă©tĂ© pour lui une ivresse et une dĂ©ception. [âŠ] La bourgeoisie avait fait fortune, elle nâaimait plus les rĂ©volutions ; son rĂŽle de 1830 Ă©tait terminĂ©, elle nâavait plus de principes de gouvernement, elle nâavait plus de philosophie Ă elle, plus dâesprit de caste, elle ne se tenait plus ; Ă force de vouloir tenir Ă tout elle ne tenait plus Ă rien Elle nâĂ©tait plus voltairienne, elle ne comprenait plus 89 dont elle parlait sans cesse. Enrichie par cette premiĂšre rĂ©volution, elle Ă©tait devenue aristocrate [âŠ] Cette vanitĂ© maladive est devenue maladie mortelle sous lâempire. La bourgeoisie, qui devrait ĂȘtre flattĂ©e dâavoir sur le trĂŽne un parvenu, â lâempereur lui-mĂȘme sâintitule ainsi malicieusement, â ne veut plus ĂȘtre parvenue. Elle se cherche des aĂŻeux, elle se donne des titres, ou tout au moins des particules. [âŠ] Quoique parvenu, lâempereur fait publier es gĂ©nĂ©alogies qui font remonter jusquâau Cid dâAndalousie la noblesse de la jeune comtesse de Teba. Il nâa pas suffi Ă Mlle Montijo dâĂȘtre belle et charmante, il faut quâelle ait des ancĂȘtres pour ce monarque qui se vante de nâen point avoir et qui se dĂ©juge comme la bourgeoisie ».Puis elle brosse un portrait de la « jeune impĂ©ratrice », avant de constater : « Il nây a donc plus de bourgeoisie. Cette morte a Ă©tĂ© rejoindre sa sĆur aĂźnĂ©e, la noblesse, sur le registre des mortalitĂ©s historiques. Il nây a plus que deux classes, celle qui consomme et celle qui produit ; classe riche ou aisĂ©e, classe pauvre ou misĂ©rable »âŠ. Et elle tente de comprendre oĂč en est le peuple, et se montre pessimiste : « Lâempire, en se fondant sur un plĂ©biscite, a inaugurĂ© le rĂšgne de lâignorance, sauf Ă la gouverner par la force quand elle le gĂȘnerait. Le peuple sâest cru roi, mais si son illusion dure encore, elle cessera bientĂŽt, et gare au dĂ©senchantement ! Il sera terrible. La majoritĂ© est en ce moment pour lâempire, elle opprime, elle persĂ©cute, elle insulte ceux qui protestent, et, ce quâil y a de triste, câest que ceux qui protestent procĂšdent mal, avec rage ou folie, Le paysan est satisfait, il perd de plus en plus lâesprit de solidaritĂ© avec lâouvrier des villes. Lâouvrier, en revanche, sâisole du laboureur, le mĂ©prise et ne cherche plus Ă lâinitier Ă des notions plus Ă©tendues. Le fils de lâouvrier aspire Ă devenir un bourgeois »⊠Etc. Elle croit cependant au « triomphe de la civilisation sur la barbarie »âŠ
1Â 800 - 2Â 000
77 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
1 000 - 1 200
189
SARTRE Jean-Paul (1905 - 1980).
MANUSCRIT autographe, [1946] ; 1 page et demie in-4 (quelques légÚres mouillures). Réflexions sur le Juif, pour ses Réflexions sur la question juive (1946).
« Que choisira-t-il ? Rien ne permet de le prĂ©dire puisquâil est libre. Toutefois la situation le rĂ©duit Ă cette alternative : il faut choisir de nier sa situation ou de la revendiquer. Et câest bien en effet lâun ou lâautre de ces partis quâil prendra : mais il y a mille et mille maniĂšres de refuser, mille et mille maniĂšres dâassumer. Aussi y a-t-il des milliers de âcaractĂšresâ juifs â Ă vrai dire on peut en concevoir une infinitĂ©. Car un Juif nâest rien dâautre que ce âprojetâ pour dĂ©passer une situation intolĂ©rable. Ni race, ni religion : mais un homme libre et qui cernĂ© par la haine ou lâinjuste mĂ©pris se jette, au-delĂ ce mĂ©pris et cette haine, vers ses buts propres. Et sâil choisit de fuir, qui donc oserait le blĂąmer ? Cette fuite nâest pas une lĂąchetĂ©, ni une dĂ©sertion : câest un essai pour vivre sa vie comme si le problĂšme juif nâexistait pas, un effort de toute la personne, qui se manifeste dans le travail comme dans les jeux, dans la solitude et dans la vie sociale, pour supprimer symboliquement en lâhomme et hors de lâhomme la rĂ©alitĂ© du problĂšme juif. Cette fuite est un martyre, au sens propre du mot, car le Juif qui fuit tente de prouver avec sa chair que la race juive nâexiste pas. Ainsi est-il hantĂ© sans rĂ©pit par ce fantĂŽme quâil veut anĂ©antir et, bien entendu, câest cette tentative dâĂ©vasion qui le constitue comme Juif, car câest le Juif seul qui peut vouloir sâĂ©vader de la situation juive »⊠Etc.
190 SARTRE Jean-Paul (1905 - 1980).
MANUSCRIT autographe sur le Communisme, [vers 1950] ; 4 pages in-4 sur papier quadrillĂ©. IntĂ©ressantes rĂ©flexions sur le Communisme, lâURSS et la France, la masse et les Ă©lites, la diplomatie et la paix « Ici il faut passer en revue les objections [âŠ] je sais pourquoi on nous dĂ©teste : nous ne pouvons prendre que des compagnons de route. [âŠ] Mais si vous ouvrez les yeux : qui nâa aujourdâhui ne tĂąche infinie. Qui donc veut se borner Ă restaurer la dĂ©mocratie. [âŠ] Câest que nous ne sommes pas communistes. Cela veut dire 1) recul par rapport Ă lâURSS. 2) Nous avons Ă nous forger nos mĂ©thodes [âŠ] 3) Nous ne reprĂ©sentons pas les masses mais le petit bourgeois, lâĂ©lite du prolĂ©tariat etc. Cela suppose un hĂ©ritage bourgeois. Sauver des valeurs. Il ne sâagit pas dâun accord opportuniste mais pour une situation qui peut durer longtemps dâune entente qui ne doit pas se rompre. Et aprĂšs ? Eh bien nous changerons et la situation changera. Si nous prenions le pouvoir ? Mais câest que la situation aurait changĂ©. Si les Comm. le prennent seuls ? [âŠ] Câest que nous aurons Ă©tĂ© battus, nous nous serons laissĂ©s faire. La politique Ă suivre est claire. RĂ©surrection de lâactivitĂ© politique en France. Retour Ă la souverainetĂ©. [âŠ] Paix en Indochine. Politique de production de richesses. La paix. Il faut trouver une majoritĂ© pour la faire. Qui la fait aujourdâhui ? Le Parti Communiste. [âŠ] On dit câest pour lâURSS. Mais câest dâabord pour la France. Alors ?
[âŠ] Ne pas sâopposer aux Comm. en ayant le mĂȘme programme »⊠Etc.
191 SAUGUET Henri (1901 - 1989).
MANUSCRIT MUSICAL autographe signé « Henri Sauguet », La Rencontre (1948) ; 87 pages in-fol., en un volume broché.
Partition dâorchestre du ballet La Rencontre Sauguet a composĂ© dans lâĂ©tĂ© 1948 la musique de son ballet La Rencontre ou Ćdipe et le Sphinx, en un acte, sur un livret de Boris KOCHNO, qui venait de prendre, aprĂšs la dĂ©mission de Roland Petit, la direction des Ballets des Champs-ĂlysĂ©es. Transposant lâĂ©pisode de la rencontre dâĆdipe avec le Sphinx dans lâambiance dâun cirque de plein air : sur la piste, tel des acrobates, les deux protagonistes sâaffrontaient ; Ă la fin, tandis que le Sphinx, vaincu, se balançait tristement sur son trapĂšze, Ćdipe sâĂ©loignait vers son destin. La crĂ©ation eut lieu au Théùtre des Champs-ĂlysĂ©es, le 8 novembre 1948, dans un merveilleux dĂ©cor et des costumes de Christian BĂRARD (dont ce fut la derniĂšre crĂ©ation), et une chorĂ©graphie de David LICHINE, avec Jean BABILĂE et la jeune Leslie CARON, sous la direction musicale dâAndrĂ© Girard. La partition, dâune durĂ©e de 22 minutes, fut publiĂ©e chez Heugel, et dĂ©diĂ©e « Ă Boris Kochno et Christian BĂ©rard ». Henri Sauguet lâa enregistrĂ©e avec lâOrchestre dâĂtat de lâURSS. « Le Sphinx, câĂ©tait la toute jeune Leslie Caron â dont ce fut la rĂ©vĂ©lation â collant blanc, silhouette serpentine ; Ćdipe â le bondissant BabilĂ©e, visage grave, corps de fauve. La chorĂ©graphie Ă©voquait le jeu des questions et des rĂ©ponses par un enchaĂźnement de poses essentiellement plastiques. [âŠ] La musique Ă©voque, par certains aspects rĂ©pĂ©titifs, la marche dâĆdipe vers son destin Ă la maniĂšre dâune âforce en mouvementâ, comme une machine quasi-infernale ; lâalternance des questions et des rĂ©ponses oppose aux courbes sinueuses, interrogatives du violon la masse triomphante de lâorchestre. Ă la fin, celui-ci se met Ă vibrer, pour Ă©voquer les tressaillements du Sphinx, tandis que la flĂ»te marque la marche dâĆdipe, dĂ©livrĂ©. Lâensemble constitue peut-ĂȘtre le chef-dâĆuvre de la musique de ballet de Sauguet » (AndrĂ© Hofmann).
« La partition de M. Henri Sauguet est une de ses meilleures partitions. Expressive et bien rythmĂ©e, colorĂ©e dâune orchestration qui met les thĂšmes en valeur, elle transmet dans le domaine des sons le dĂ©cor de Christian BĂ©rard et la chorĂ©graphie de Lichine, et sâaccorde Ă souhait avec eux pour former un spectacle harmonieux » (RenĂ© Dumesnil).
Roland-Manuel jugeait la partition comme lâune des « meilleures, des mieux conçues, des mieux Ă©crites, des plus clairement agencĂ©es et des plus poĂ©tiquement allusives que nous devions Ă ce musicien qui a le goĂ»t et le sens du ballet. Sauguet excelle Ă dĂ©gager le signe musical reprĂ©sentatif de lâimage et de lâidĂ©e chorĂ©graphiques ».
Le manuscrit est Ă lâencre noire sur papier Ă 32 lignes ; il est signĂ© et datĂ© en fin « Coutras, 12 oct. 1948 » ; il a servi de conducteur et porte de nombreuses annotations au crayon rouge ou bleu. Lâorchestre comprend : flĂ»te (et piccolo), hautbois (et cor anglais), clarinette, basson, cor, trompette, tuba, timbales, percussion, harpe, piano, et les cordes.
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 78
1Â 500
- 2Â 000
1Â 000 - 1Â 500
000 - 1 200
1
192 SCHLEGEL August Wilhem von (1767 - 1845).
POĂME autographe signĂ© « A.G. Schlegel », Bonn 1821, Ă Philipp Franz von WALTHER ; 1 page in-4, adresse au verso avec cachet de cire rouge aux armes (manque de papier sans affecter le texte).
PoĂšme de 10 vers latins en lâhonneur de son collĂšgue Ă lâUniversitĂ© de Bonn, le chirurgien et ophtalmologiste
Philipp Franz von WALTHER (1782 - 1849).
« Viro Paeonis et Apollinari
Ph. Fr. a Walther s.p.d. A. G. Schlegel. Te vates medicum poscit collyria lippus. Phoebus amat vates, at genuit medicos »âŠ
193 SCHOPENHAUER AdĂšle (1797 - 1849) femme de lettres allemande, sĆur du philosophe.
ALBUM de papiers dĂ©coupĂ©s originaux avec manuscrit autographe, signĂ© « A. Schopenhauer », 1826 ; titre et 7 doubles pages oblong in-12 (10,8 x 14,5 cm) ; reliure de lâĂ©poque maroquin rouge, cadre de filets dorĂ©s et motifs Ă froid, Ă©ventails dorĂ©s en Ă©coinçons.
Joli album de papiers découpés
Suite de 7 papiers dĂ©coupĂ©s pour illustrer le poĂšme FrĂŒhlings Einzug de Wilhelm MĂLLER, datĂ©e du 19 janvier 1826.
Wilhelm MĂLLER (1794 - 1827) est un poĂšte allemand, dont Schubert a mis en musique de nombreux poĂšmes, notamment pour ses deux cycles de lieder, Die schöne MĂŒllerin et le Winterreise
Adele Schopenhauer a copiĂ© elle-mĂȘme le poĂšme de MĂŒller sur les pages de droite, et lâa illustrĂ© sur les pages de gauche de ses dĂ©licats papiers dĂ©coupĂ©s Ă la maniĂšre des silhouettes.
Les compositions ou silhouettes de papier noir brillant, finement travaillĂ©es, sont montĂ©es sur papier rose. AprĂšs la page de titre, la reprĂ©sentation de lâhiver qui sâen va sous la forme dâun homme sauvage avec un traĂźneau illustre la premiĂšre strophe ; plus le printemps, sous la forme dâun garçon ailĂ© qui pousse lâhiver hors de la porte, illustre la deuxiĂšme strophe ; pour la 3 e strophe, une maison aux fenĂȘtres ouvertes, avec une cigogne sur le toit, dans un dĂ©cor campagnard oĂč vivent de petites bĂȘtes ; suit le printemps, marchant sur les nuages et soufflant du cor, au-dessus dâune scĂšne champĂȘtre ; puis une reprĂ©sentation du soleil en jeune guerrier tenant des lances ; enfin, un couple amoureux dans un dĂ©cor champĂȘtre entourĂ© dâun arc de rayons pour la derniĂšre strophe. En fin de volume, la signature « A. Schopenhauer » en lettres minuscules. Goethe avait introduit lâart du dĂ©coupage du papier chez les Schopenhauer, comme Johanna Schopenhauer lâĂ©crivait Ă son fils le 3 dĂ©cembre 1806. Il avait amenĂ© une silhouette de Runge. Cela a inspirĂ© Johanna Ă crĂ©er ses propres silhouettes, que Goethe a particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©es. DĂ©jĂ jeune fille, AdĂšle a acquis un talent trĂšs admirĂ© dans cet art, que Goethe a cĂ©lĂ©brĂ© dans un poĂšme comme « des formations tendres et ombragĂ©es ». Adele Schopenhauer a offert ce petit livre Ă son amie Julia Kleefeld de Dantzig. Une note de la main de Julia Kleefeld est jointe, dans laquelle elle lĂšgue le livret au conseiller privĂ© C. S. Abegg.
194 STENDHAL Henri Beyle, dit (1783 - 1842).
L.A.S. « De Beyle », Paris 12 mai 1812, « au Chef de Division de la Conscription » ; 1 page in-4 Ă en-tĂȘte du Conseil dâĂtat
Lettre inédite
Comme « Aud[iteu]r att[ach]Ă© Ă la S[ecti]on de la Guerre », il renvoie Ă son correspondant « les deux DĂ©crets et la copie de rapport que vous avez eu la bontĂ© de me confier, et que je nâai pu vous adresser plutĂŽt, parce que cette affaire nâa Ă©tĂ© mise Ă lâordre quâaujourdâhuy »âŠ
195 SUARĂS AndrĂ© (1868 - 1948).
MANUSCRIT autographe, [DerniĂšres notes, vers 1948] ; carnet oblong in-8 (14 x 21 cm), 56 pages irrĂ©guliĂšrement remplies dâune petite Ă©criture.
Précieux carnet inédit, recueil de pensées et réflexions intimes, à la fin de sa vie
Le titre « DerniĂšres notes » a Ă©tĂ© ajoutĂ© dâune autre main sur la couverture.
Sur la premiĂšre page, SuarĂšs a envisagĂ© pour ces notes, un titre et en a exposĂ© le thĂšme : « Titre : SECRETS. Sous ce titre, ponter, dans les Cahiers, mes hypothĂšses, pour moi seul, touchant le plein du fait, ou erreurs, ou prenant le pas sur la preuve. â Deux asymptotes dirigĂ©es lâune vers lâautre, sans pouvoir ses rencontrer par dĂ©finition. Si des vecteurs interviennent, les figures varient. Les vecteurs ne fixent pas tous la position du point dâune courbe dĂ©finie »⊠Etc.
Et plus loin : « On dĂ©truit lâordre en le forçant. On dĂ©truit lâart si on le force, â et le droit et le reste. La nature fuit la contrainte. Comprendre la leçon de la libertĂ© »âŠ
Il est aussi question de la mort qui vient : « Tu aimes trop la vie ; qui te lâa permis ? Tu as volĂ© ta part : paie comptant »âŠ
Ă la fin du carnet, SuarĂšs Ă©voque IsraĂ«l : « IsraĂ«l, Ă la bonne heure. Et pourquoi pas ? Et dâailleurs, câest une rĂȘverie ».
Puis il cite les Ă©crivains russes et Pouchkine, avant de conclure : « Homme de tous les hommes. Un monde qui va de Lhassa Ă Mexico et aux Andes. Cosmopolite nâa pas de sens : la politique nâentre pas ici. Toute la place est Ă lâesprit et aux sentiments. [âŠ] La culture de lâĂ©ternel est celle de lâintuition ».
1Â 500 - 2Â 000
79 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
600 - 800
1Â 000 - 1Â 500
1Â 000 - 1Â 200
196 SWINBURNE Algernon Charles (1837 - 1909).
L.A.S., The Pines [Putney, Londres] 4 mai 1891, Ă une dame [Louise CHANDLER MOULTON ?] ; 1Â page in-8 ; en anglais.
Au sujet de son ami mort, le poĂšte Philip Marston
[Louise Chandler MOULTON (1835 - 1908) cherchait un Ă©diteur pour publier les Ćuvres du poĂšte anglais Philip Bourke MARSTON (1850 - 1887) ; elle publiera Ă Boston en 1892 The Collected Poems de Marston.]
Il serait heureux de lui recommander un Ă©diteur, sâil savait Ă qui la recommander. Mais comme son propre Ă©diteur lui a catĂ©goriquement refusĂ© un petit livre â toujours inĂ©dit â dĂ©diĂ© Ă la mĂ©moire de leur pauvre ami Philip Marston, et qui comporte, outre des sonnets et autres poĂšmes Ă©lĂ©giaques Ă©crits par Swinburne immĂ©diatement aprĂšs la mort de Marston, lâhommage de Mr Watts, publiĂ© dans lâAthenĂŠum, elle comprendra que lâinfluence de Swinburne dans le monde Ă©ditorial est moins que rienâŠ
« I should be happy to recommend a publisher to you if I knew of one to recommend. But as my own publisher flatly refused a little book â still unpublished â of my own, inscribed to the memory of our poor friend Philip Marston, & which would have contained besides my sonnets & other elegiac poems written immediately after his death, Mr. Watsâs memorial tribute reprinted from the Athenaeum, you will understand that my influence in the publishing world is rather less than nothing »âŠ
197 TOULOUSE-LAUTREC Henri de (1864 - 1901).
L.A.S. « H. », Arcachon 7 août [1891], à sa mÚre, la comtesse AdÚle de TOULOUSE-LAUTREC ; 1 page in-8.
« Tout va bien. Je suis toujours en bateau, et ai reçu une longue lettre de Papa qui semble dĂ©sirer que je mâoccupe directement de Ricardelle au cas ou Jalabert [gĂ©rant du vignoble familial de Ricardelle] viendrait Ă mourir. Le sujet est gros et demande Ă ĂȘtre traitĂ© de vous Ă moi. Je vous ferai voir la lettre, et nous verrons ce quâil y a Ă faire ». Il viendra mardi ou mercredi Ă MalromĂ©.
198 TROTSKI Léon (1879 - 1940) théoricien révolutionnaire et homme politique russe.
P.S. «âĐ ĐąŃĐŸŃĐșĐžâ» comme prĂ©sident du Soviet rĂ©volutionnaire militaire de la RĂ©publique, 9 janvier 1920 ; 1 page in-4 dactylographiĂ©e signĂ©e au crayon bleu, ; en russe. Ordre du Soviet rĂ©volutionnaire militaire de la RĂ©publique : nomination.
199 TURGOT Anne-Robert-Jacques (1727 - 1781).
L.A.S. « Turgot », Paris 11 fĂ©vrier 1776, Ă M. DU PUY ; 2 pages in-4. Il est passĂ© chez son correspondant : « mon dessein Ă©toit de vous parler des vues que mâa fait naĂźtre la place que laisse vacante Ă lâAcadĂ©mie des belles lettres feu M r le Duc de S t Aignan mon beau-frĂšre. IndĂ©pendamment de mon goĂ»t pour les lettres, jâai peut-ĂȘtre quelques titres auprĂšs de cette Academie. Mon pĂšre avoit lâhonneur dâen ĂȘtre. Jâavois dĂ©sirĂ© dĂšs lors dây entrer en qualitĂ© dâassociĂ©. Dans lâoccasion qui se prĂ©sente je serois trĂšs flattĂ© du suffrage des savans qui composent lâAcadĂ©mie. Je vous serai trĂšs obligĂ©, Monsieur, de vouloir bien prĂ©venir de mon vĆu ceux de ces messieurs que vous aurĂ©s occasion de voir et de mâindiquer les dĂ©marches que je dois faire auprĂšs dâeux »âŠ
200 VALĂRY Paul (1871 - 1945).
CARNET autographe, 1903 ; carnet in-12 (13 x 8 cm) de 18 ff., soit env. 29 pages au crayon, cartonnage moire verte. PrĂ©cieux carnet de notes diverses, notamment sur la littĂ©rature Ă cĂŽtĂ© de schĂ©mas gĂ©omĂ©triques et de problĂšmes mathĂ©matiques, de comptes et situations bancaires, dâadresses (J.K. [Huysmans], Houssaye...), ValĂ©ry a notĂ© de nombreuses pensĂ©es et rĂ©flexions : « jâai remarquĂ© que lâacquisition de toute connaissance consiste dans lâadoption de restrictions Ă la marche ou Ă la nappe imaginative »⊠; « Les monologues dâHamlet durent, dans le vrai, une seconde » ; « Toute entitĂ© nâest quâune abrĂ©viation, une dĂ©signation dâexpĂ©riences possibles »⊠; « G. appartient Ă cette race dâĂ©crivains qui sont agrĂ©ables Ă lire et qui parfois attachent. Mais si on ferme son livre, il ne ressuscite pas de lui-mĂȘme » ; « Le théùtre est le miroir des masses »⊠; « Les beaux vers constituent et dĂ©truisent la poĂ©sie » ; « NIETZSCHE est un Ă©crivain â un Ă©crivain = un homme dont les fureurs font rire, doivent faire rire » ; « La stupiditĂ© des groupes. Les idiots se sentent les coudes »⊠Notes pour son testament destinĂ©es Ă MaĂźtre JOSSET : « Je dĂ©sire quâaprĂšs mon dĂ©cĂšs nos enfants soient Ă©gaux en droits »⊠Etc. On relĂšve deux croquis dâun plan dâappartement. Provenance : François VALĂRY, fils du poĂšte (13 dĂ©cembre 2007, n° 155).
800 - 1 200
1Â 000 - 1Â 200
800 - 1Â 000
LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ) 80
150 - 200
1Â 200 - 1 500
201 VERLAINE Paul (1844 - 1896).
POĂME autographe signĂ© « Paul Verlaine », LittĂ©rature, [1891] ; 1 page in-8, montĂ©e sur onglets sur papier fort en un volume in-8, reliure demi-maroquin rouge.
Publié dans La Revue Blanche de novembre 1891, ce poÚme sera recueilli en 1896 dans Invectives (L. Vanier, 1896) ; Verlaine a noté dans le coin supérieur gauche de notre manuscrit Invectives ; à gauche du titre Littérature, il a inscrit « (Epitre) ».
Le poÚme, en octosyllabes, est composé de 5 quintains. On relÚve une rature et quelques variantes.
Verlaine sây plaint de ses « confrĂšres mal frĂšres », et de leur silence Ă son Ă©gard.
« Bons camarades de la Presse Comme aussi de la PoĂ©sie, Fleurs de mufflisme et de bassesse »âŠ
On a joint une longue L.S. de Roger Lhombreaud, Oxford 10 juillet 1951, au sujet de Romances sans paroles
202
VOLTAIRE (1694 - 1778).
L.S. « Voltaire », au chùteau de Ferney 27 août 1768, [à Antoine LE BAULT, conseiller au Parlement de Bourgogne] ; 1 page et demie in-4.
« Je me flatte que vous aurez dâexcellent vin cette annĂ©e, et que vous voudrez bien que jâen boive cent bouteilles. Mr. le PrĂ©sident de BROSSES me fait boire la lie du vin de la terre de Tourney ; si vous vendiez votre vin aussi cher quâil vend le sien, vous feriez une fortune immense. Sâil veut vous prendre pour arbitre, vous ĂȘtes un gourmet en fait de procĂ©dĂ©s, jâen passerai par ce que vous ordonnerez. Au reste, si Mr. de Brosses ne veut pas me rendre justice, jâaime mieux souffrir que plaider ; et quoique jâaie beaucoup perdu avec lui dans cette affaire, jâaime mieux mon rĂŽle que le sien »âŠ
On joint la copie par le mĂȘme secrĂ©taire dâune lettre de Voltaire au PrĂ©sident de BROSSES, 19 aoĂ»t 1768 (3 pages et demie in-4).
203 ZOLA Ămile (1840 - 1902).
L.A.S. « Emile Zola », Paris 1er septembre 1864, [Ă Prosper FAUGĂRE] ; 1 page in-8 sur papier bleu Ă en-tĂȘte Libraire de L. Hachette et C ie, Boulevard Saint-Germain, 77 [Zola, ĂągĂ© de 24 ans, est alors chef de service de la publicitĂ© chez lâĂ©diteur Hachette, qui vient de publier lâĂ©dition par Prosper FaugĂšre des MĂ©moires de Mme Roland, provoquant une polĂ©mique avec lâhistorien Charles Dauban, alors que le journaliste Philippe Dauriac doit leur consacrer un article, dans Le Monde illustrĂ©.]
« En lâabsence de M. Templier, jâai lâhonneur de vous faire passer une lettre que nous venons de recevoir et Ă laquelle nous vous serions obligĂ©s de vouloir bien rĂ©pondre quelques mots. Nous ferons remettre Ă M. Dauriac une liste des principales inexactitudes que vous avez relevĂ©es dans lâĂ©dition de M. Dauban. Mais il serait bon, ce nous semble, que vous fournissiez de votre cĂŽtĂ© quelques renseignements Ă ce journaliste qui pourrait ainsi Ă©difier le public en connaissance de cause »âŠ
On joint 2 feuillets de dessins Ă la plume et aquarellĂ©s par DESCAVES en 1915 et 1916 (probablement Victor DESCAVES, 1899 - 1959, fils aĂźnĂ© de Lucien Descaves) : â 5 portraits de poilus ; â soldat mort, avec citation du poĂšme de Victor Hugo : « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie »âŠ
1Â 500 - 2Â 000
1Â 000 - 1Â 500
81 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
400 - 500
204 ZOLA Ămile (1840 - 1902).
RECUEIL de lettres, piĂšces et notes autographes, dont plusieurs signĂ©es, et quelques documents dâune autre main, [Notes sur François Zola], 1868 - 1899 ; 85 pages autographes de formats divers, et 17 pages non autographes, le tout montĂ© sur onglets et reliĂ© en un volume petit in-4 demi-maroquin violet (H. Jacquet-Riffieux).
TrÚs bel ensemble de documents sur François Zola, ingénieur mort en 1847, dont Zola tiendra à réhabiliter la mémoire
François ZOLA (Venise 1795-Marseille 1847) sâĂ©tait engagĂ© dans la LĂ©gion Ă©trangĂšre en 1830, mais avait dĂ» en dĂ©missionner en 1832, ayant Ă©tĂ© mĂȘlĂ© Ă une affaire de dĂ©tournement de fonds, qui se solda par un non-lieu. Devenu ingĂ©nieur civil Ă Marseille, il conçut plusieurs projets dâenvergure, dont celui de barrages et dâun canal dâadduction dâeau pour la ville dâAix-en-Provence, oĂč il sâĂ©tablit avec sa famille en 1843. Il mourut brusquement, laissant sa famille couverte de dettes. Son fils Ă©crira : « Mon pĂšre passe comme une ombre dans les souvenirs de ma petite enfance »âŠPendant lâAffaire Dreyfus, Zola prendra la dĂ©fense de son pĂšre, dont la mĂ©moire avait Ă©tĂ© calomniĂ©e.
A. Ă propos dâune campagne Ă Aix-en-Provence, 1868 . 5 brouillons de lettres autographes ; et 4 lettres adressĂ©es Ă Zola. (Nous suivons ici lâordre chronologique des lettres, et non celui de la reliure.)
[3 aoĂ»t], Ă REMONDET-AUBIN, directeur du MĂ©morial dâAix (4 p. in-4). Zola proteste contre le refus du MĂ©morial dâinsĂ©rer sa rĂ©ponse Ă un entrefilet dirigĂ© contre lui-mĂȘme. « En effet, jâai subi chez vous une barbarie : jây ai vu mon pĂšre mourir Ă lâĆuvre et y ĂȘtre ensuite lapidĂ© jusque dans sa mĂ©moire »⊠Il blĂąme vigoureusement le rĂ©dacteur, puis adopte un ton ironique pour reconnaĂźtre que Le MĂ©morial « nâa pas encore essayĂ© dâeffacer mon nom de la couverture de mes livres, comme il lâa souvent effacĂ© en parlant du canal Zola »âŠ
[3 aoĂ»t], Ă LĂ©opold ARNAUD, directeur du Messager de Provence (1 p.). Il le prie dâinsĂ©rer le texte de sa lettre au MĂ©morial, oĂč on lâa attaquĂ© « avec grossiĂšretĂ© ».
[12 aoĂ»t], Ă REMONDET-AUBIN (8 p.). Il relĂšve dans le MĂ©morial une phrase injurieuse : « âM. Zola fils abuse un peu trop de M. Zola pĂšre.â Comment ! vous avez dĂ©jĂ assez de mes rĂ©clamations ! Mais je commence Ă peine. Vous nâavez donc compris que si jâai gardĂ© le silence pendant de longues annĂ©es, câest que jâattendais dâĂȘtre fort ; je lutte depuis dix ans, jâai grandi dans le travail et le courage, jâai conquis ma position en me battant chaque jour contre la misĂšre et le dĂ©sespoir. Et vous voudriez aujourdâhui mâimposer silence [âŠ] Ah ! vous dites que jâabuse du nom de mon pĂšre, le jour oĂč pour la premiĂšre fois je vous reproche sĂ©vĂšrement votre oubli. Vous manquez de tact, vous manquez de cĆur »âŠ
[14 septembre], au Maire et aux membres du Conseil municipal de la ville dâAix. « Mon pĂšre, M. François Zola, a dotĂ© dâun canal la ville que vous reprĂ©sentez. Je ne vous rappellerai pas ses longues dĂ©marches auprĂšs du gouvernement, les luttes quâil eut Ă soutenir dĂšs le dĂ©but, les succĂšs quâil avait obtenus lorsque la mort vint le saisir, au moment oĂč il allait rĂ©aliser son projet dĂ©clarĂ© dâutilitĂ© publique »⊠Pour que le crĂ©ateur du canal qui alimente Aix en eau ne soit pas oubliĂ©, son fils demande quelque hommage Ă sa mĂ©moireâŠ
[AprĂšs le 19 dĂ©cembre], au Maire et aux membres du Conseil municipal de la ville dâAix. Il a reçu copie de leurs dĂ©libĂ©rations et du dĂ©cret par lequel ils ont donnĂ© au boulevard du Chemin Neuf le nom de François Zola. « Je savais que je ne rappellerais pas les travaux de mon pĂšre, sans que votre gĂ©nĂ©rositĂ© ne sâĂ©mĂ»t des retards mis Ă rĂ©compenser la mĂ©moire dâun homme qui sâest dĂ©vouĂ© aux intĂ©rĂȘts des citoyens que vous reprĂ©sentez. [âŠ] Veuillez croire Ă ma reconnaissance profonde. Si je ne suis pas un fils de votre ville, jâai grandi Ă Aix et je me considĂšre un peu comme son enfant dâadoption. Aujourdâhui, un nouveau lien mâattache fortement Ă elle »âŠ
Lettres adressĂ©es Ă Zola sur le mĂȘme sujet par REMONDET-AUBIN (31 juillet 1868), L. MARGUERY (Aix, 1er aoĂ»t 1868 et Dimanche), et Pascal ROUX, maire dâAix (6 novembre 1868, annonçant la dĂ©cision du Conseil municipal de nommer le Boulevard Zola).
B. Lettres au général de Galliffet et à M. Waldeck-Rousseau, décembre 1899. MANUSCRIT en partie autographe et signé (18 p. in-4, dont 10 de la main de Madame Zola, qui a recopié les deux lettres à Galliffet, au bas desquelles Zola a apposé sa signature, ainsi que la réponse du ministre).
Cet Ă©change de lettres entre Zola et le ministre de la Guerre le gĂ©nĂ©ral de GALLIFFET et le ministre de lâIntĂ©rieur WALDECK-ROUSSEAU, a Ă©tĂ© publiĂ© dans LâAurore du 19 dĂ©cembre 1899 (le manuscrit a Ă©tĂ© dĂ©coupĂ© pour lâimpression et remontĂ©).
9 dĂ©cembre, au gĂ©nĂ©ral de GALLIFFET. « Un rĂ©dacteur du Petit Journal, M. Ernest Judet, au moment oĂč je devais comparaĂźtre devant le jury de Versailles, a publiĂ© deux articles diffamatoires contre la mĂ©moire de mon pĂšre, dans lesquels il a citĂ© de prĂ©tendues lettres du colonel Combe, oĂč mon pĂšre, lieutenant Ă la LĂ©gion Ă©trangĂšre, et se trouvant en AlgĂ©rie (1832), Ă©tait violemment accusĂ© dâavoir dĂ©tournĂ© une somme, faisant partie de la caisse du rĂ©giment »... Le 3 aoĂ»t 1898, Zola a dĂ©noncĂ© Judet pour faux et usage de faux ; depuis, une ordonnance de non-lieu a provoquĂ© une plainte de Judet contre Zola, pour dĂ©nonciation calomnieuse. LâĂ©crivain, sâestimant victime dâune lĂąchetĂ© politique, demande Ă voir le dossier de son pĂšre : « Il serait vraiment monstrueux quâon lâait ouvert pour un adversaire sans scrupule, et quâon le referme pour moi, quâon en refuse la communication au fils de lâhomme [âŠ] dont on a violĂ© la sĂ©pulture »⊠14 dĂ©cembre, Galliffet rĂ©pond que toute communication de dossier est interdite. 16 dĂ©cembre. Galliffet informe Zola, aprĂšs enquĂȘte, que la seconde des lettres de Combe existe bien dans le dossier, et que ce dossier avait Ă©tĂ© remis Ă un officier du ministĂšre en 1897, dĂ©cĂ©dĂ© depuisâŠ
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5 000 - 8 000
16 dĂ©cembre. Zola soumet Ă WALDECK-ROUSSEAU sa correspondance avec le ministre de la Guerre. « Nous sommes ici dans lâexception, et dans une exception cruelle, oĂč jâespĂšre avoir pour moi tous les honnĂȘtes gens. Sans doute, je ne demanderais pas Ă connaĂźtre un dossier secret [âŠ]. Mais je demande Ă connaĂźtre le dossier de mon pĂšre, quâun crime prĂ©vu par la loi a rendu public »⊠Il le prie de porter cette question devant le Conseil des Ministres quâil prĂ©side, et fait remarquer que lâofficier que le gĂ©nĂ©ral ne nomme pas nâest autre que « le colonel Henry »âŠ
C. LâenquĂȘte sur François Zola aprĂšs les attaques dâErnest Judet, 1899 - 1900. Brouillon de lettre autographe et signĂ©, et notes autographes.
Paris 4 janvier 1900, au gĂ©nĂ©ral de GALLIFFET, Ministre de la Guerre (12 p. in-4). Zola, accompagnĂ© de M e LABORI et de M. Jacques Dhur, a pris connaissance du dossier de son pĂšre et sâest entretenu avec les archivistes de la Guerre. Lâabsence quasi totale de traces Ă©crites, et les souvenirs de lâun des archivistes de lâaspect quâavait alors le dossier confidentiel, amĂšnent Zola Ă soupçonner des vols de documents. Il prie le ministre dâordonner de nouvelles recherches, en particulier pour savoir sâil existe des traces judiciaires de lâaffaire dont on accuse son pĂšre. « Si mon pĂšre a Ă©tĂ© emprisonnĂ©, il a subi certainement un interrogatoire. Sâil a fait des aveux, oĂč sont-ils ? Il a dĂ» expliquer sa conduite, oĂč est donc sa dĂ©fense ? »⊠Il demande en outre Ă retrouver un projet de fortifications de son pĂšre (1831 - 1840), et Ă permettre une expertise contradictoire de piĂšces dans le dossier de son pĂšre. « La lettre Combe, particuliĂšrement, est pleine de telles irrĂ©gularitĂ©s, de telles violations des rĂšglements militaires en vigueur en 1832, de tels anachronismes et de tels enfantillages, quâil me semble impossible quâelle soit authentique »⊠Il commente son aspect matĂ©riel, fort suspect, et propose, en outre, une analyse chimique de lâencre, « pour bien fixer la date »âŠ
NOTES autographes, Ă lâencre ou au crayon (24 p. in-4, et 30 p. in-12). Liste et rĂ©sumĂ© du contenu de lettres et mĂ©moires de son pĂšre concernant des travaux Ă Marseille (agrandissement du port, projet de dock et de canal maritime), et Ă Aix-en-Provence (Canal Zola). Notes sur Galliffet et le Canal Zola, sous la monarchie de Juillet (Galliffet avait alors soutenu le projet). Copies de lettres de François Zola Ă Thiers et Ă Louis-Philippe, et dâun rapport au sujet des projets de fortifications. Notes sur des machines Ă terrasser et Ă transporter des terres. RĂ©fĂ©rences bibliographiques aux publications de son pĂšre. Notes au crayon, probablement prises sur le vif, sur le dossier administratif de son pĂšre, lâaspect de la lettre Combe, et les pistes Ă suivre. Notes sur les services militaires du colonel Combe, mort au siĂšge de Constantine. Chronologie dâarticles de presse, procĂšs et dĂ©marches pour dĂ©fendre la mĂ©moire de son pĂšre, etc.
Exposition Zola, BibliothÚque nationale de France, 2002, n° 5.
Provenance  : collection ĂMILE-ZOLA (vente Artcurial 23 mai 2005, lot A).
205 HALLER Alberto, Iconum Anatomicarum quibus aliquae partes corporis humani, Göttingen, 1781. In folio avec planches dâanatomie gravĂ©es. Ex
206 PĂRAU Gabriel Louis. Description historique de lâhĂŽtel Royal des Invalides. Planches gravĂ©es. In - folio Manque la page de titre.
207 VANDER AA (Pierre).
Les royaumes dâEspagne et de Portugal reprĂ©sentĂ©es en tailles douces trĂšs-exactes, dessinĂ©es sur les lieux-mĂȘmes, qui comprennent les principales villes, forteresses, montagnes, Ă©glises, monastĂšres, maisons Royales, Palais, places publiques, fontaines, habits, ordres des chevaliers, fĂȘtes, mausolĂ©es et autres choses digne de remarque, etc. Avec les cartes gĂ©ographiques tant gĂ©nĂ©rales que particuliĂšres de ces deux royaumes.
Leide Vander AA s.d. (circa 1720)
in-4 oblong relié plein veau dos à nerfs à caissons fleuris Titre-frontispice, 165 vues gravées & 1 dépliante. Reliure usagée, mouillures marginales
83 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (âŹ)
libris (accidents) 200 - 300
200 - 300
3 000 - 5 000