Lettres, Manuscrits, Livres & photographies

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LETTRES, MANUSCRITS, AUTOGRAPHES, LIVRES & PHOTOGRAPHIES

10 octobre 2023

Directeur du département

Sophie Perrine +33 (0)1 41 92 06 44 perrine@aguttes.com

Directeur du pÎle Luxe & Art de vivre

Philippine Dupré la Tour

Renseignements Délivrances et expéditions

Maud Vignon +33 (0)1 47 45 91 59 vignon@aguttes.com

Expert Manuscrits

Thierry Bodin

Membre du Syndicat Français des Experts Professionnels en ƒuvres d’Art +33 (0)1 45 48 25 31 lesautographes@wanadoo.fr

Du lot n°1 à 204

EnchĂšres par tĂ©lĂ©phone Ordre d’achat bid@aguttes.com

Relations acheteurs

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Département marketing & communication

Clémence Lépine lepine@aguttes.com

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Relations Asie

Aguttes æ‹ć–ć…ŹćžćŻæäŸ›äž­æ–‡æœćŠĄ (æ™źé€šèŻćŠçČ€èŻ­), èŻ·ç›ŽæŽ„è”çł» jiayou@aguttes.com

P résident Claude Aguttes

Directeur général Philippine Dupré la Tour

Associés

Directeur associé

Charlotte Aguttes-Reynier

Associés

Sophie Perrine, Gautier Rossignol, Maximilien Aguttes

Aguttes ( SVV 2002 - 209)

Commissaires-priseurs habilités

Claude Aguttes, Sophie Perrine, Pierre-Alban Vinquant

SELARL Aguttes & Perrine

Commissaire-priseur judiciaire

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LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES, LIVRES & PHOTOGRAPHIES

Vente aux enchĂšres

Aguttes Neuilly

164 bis, avenue Charles-de-Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine

10 octobre 2023, 14h30

Exposition publique

Jeudi 5 octobre : 10h-13h et 14h-18h

Vendredi 6 octobre : 10h-13h et 14h-17h30

Lundi 9 octobre : 10h-13h et 14h-18h

Mardi 10 octobre : 10h-12h

La vente se continue le 11 octobre à 14h30 par un important ensemble de manuscrits vendus en lots. Consultation obligatoire pour enchérir.

Les conditions et termes rĂ©gissant la vente des lots figurant dans le catalogue sont fixĂ©s dans les conditions gĂ©nĂ©rales de vente figurant en fin de catalogue dont chaque enchĂ©risseur doit prendre connaissance. Ces CGV prĂ©voient notamment que tous les lots sont vendus « en l’état », c’est-Ă -dire dans l’état dans lequel ils se trouvent au moment de la vente avec leurs imperfections et leurs dĂ©fauts. Une exposition publique prĂ©alable Ă  la vente se dĂ©roulant sur plusieurs jours permettra aux acquĂ©reurs d’examiner personnellement les lots et de s’assurer qu’ils en acceptent l’état avant d’enchĂ©rir. Les rapports de condition, ainsi que les documents affĂ©rents Ă  chaque lot sont disponibles sur demande.

The terms and conditions governing the sale of the lots appearing in the catalogue are set out in the general terms and conditions of sale appearing at the end of the catalogue, which each bidder must read. These GTC provide in particular that all the lots are sold “as is”, i.e. in the condition in which they are found at the time of sale with their imperfections and defects. A public display prior to the sale taking place over several days will allow buyers to personally examine the lots and ensure that they accept their condition before bidding. Condition reports, as well as documents relating to each vehicle, are available on request.

Aguttes Neuilly

164 bis, avenue Charles-de-Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine

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detail lot 67

Rendez-vous dĂšs Ă  prĂ©sent sur aguttes.com pour dĂ©couvrir la liste complĂšte des lots, les photos et les conditions de vente. Pour toute demande concernant cette vente ou pour laisser vos ordres d’achat, merci de prendre contact avec : Maud Vignon

+33 (0)1 47 45 91 59 ‱ vignon@aguttes.com

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99
Lot 30 Lot
5 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 Lot 127 Lot 156 Lot 55 Lot 67

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ACADÉMIE FRANÇAISE, XVII e siùcle.

CHAPELAIN Jean. 6 L.A.S., Paris 1664 - 1670, Ă  Carlo DATI, Ă  Florence (11 p. in-8 ou in-4). Bel ensemble au secrĂ©taire de l’Accademia della Crusca que Chapelain nomme « Primo Umanista nello Studio Fiorentino ».

PELLISSON-FONTANIER Paul. L.A.S., Saint-Germain en Laye 20 novembre 1670, Ă  l’évĂȘque d’Angers Henri ARNAULD (3 p. in-8). Sur son abjuration du protestantisme et sa conversion au catholicisme. Plus une autre L.A.S. (1675) et un manuscrit autographe

2

ACADÉMIE FRANÇAISE, XVIII e siùcle.

LEFRANC, marquis de POMPIGNAN Jean-Jacques. L.A.S., Paris 27 novembre 1760 (4 p. in4). Belle et longue lettre sur la campagne menĂ©e contre lui par VOLTAIRE, et sur sa dĂ©cision de dĂ©missionner de l’AcadĂ©mie Française. On joint un manuscrit autographe, Les Travaux et les Jours (cahier de 19 p. in-4), manuscrit de travail d’une traduction d’HĂ©siode en vers.

THOMAS Antoine-LĂ©onard. 6 L.A.S., 2 L.A. et 1 L.S., Paris 1770 - 1779, au prĂ©sident Antoine Bonnier d’Alco, Ă  Montpellier (10 p. in-4, adresses). Belle correspondance littĂ©raire.

MONTESQUIOU-FÉZENSAC Anne-Pierre, marquis de. 4 manuscrits autographes de poĂšmes, et une L.A.S., 1771 et s.d. (8 p. in-8 ou petit in-4). On joint 2 lettres de l’abbĂ© de Montesquiou.

DUCIS Jean-François. PoĂšme autographe signĂ© et 7 L.A.S., Paris et Versailles 1786 - 1814 (2 et 14 p. in-4). »  Plus 10 lettres ou piĂšces relatives Ă  Ducis.

LEBRUN Ponce-Denis Écouchard (1729 - 1807). 7 manuscrits autographes de poĂšmes (8 p. in-4 ou in-8), dont un sur la suppression de l’AcadĂ©mie. Plus une L.A.S (1763).

FRANÇOIS DE NEUFCHÂTEAU Nicolas-Louis. 5 L.A.S., 1792 - 1824 (9 p. formats divers, portrait joint), à Dumouriez, Raynouard, N. Lemercier, etc.

GARAT Dominique-Joseph. 10 L.A.S. et 4 L.S., 1793 - 1825 et s.d., à Marmontel, Jarente, Raynouard, Lacretelle, son neveu Maillia-Garat, etc. ; plus une P.S. cosignée par Pache et un décret portant sa griffe (1792), une lettre de son frÚre Garat aßné, et 2 décrets impr. de la Convention.

DEVAINES Jean. 5 L.A.S., 2 L.S. et un ms autogr., 1771 - 1803.

On joint 8 L.A.S. de Jean-Baptiste DELISLE de SALES, 1807 - 1816, plus un ms autogr. et une note jointe.

ACADÉMIE FRANÇAISE. – GUIBERT Jacques-Antoine-Hippolyte, comte de (1743 - 1790) officier, tacticien et Ă©crivain.

MANUSCRITS autographes pour son Histoire de la constitution militaire de la France depuis la fondation de la monarchie jusqu’à nos jours, [vers 1780] ; 145 pages in-fol. ou in-4.

Important ensemble de manuscrits pour son Histoire de la constitution militaire de la France restĂ©e inachevĂ©e De cet ouvrage, Guibert n’a Ă©crit que la « PrĂ©face » et une « Introduction », recueillies dans les ƒuvres militaires publiĂ©es par sa veuve, tome V, ƒuvres diverses (Magimel, 1803). Les prĂ©sents manuscrits correspondent aux pages 3 Ă  176 de ce volume. * PrĂ©face (titre et 26 pages en un cahier in-fol.), abondamment raturĂ©e et corrigĂ©e. Guibert y explique l’histoire de la conception de son ouvrage, et son projet de remonter jusqu’aux Gaules et Ă  la fondation de la monarchie française, pour aller jusqu’à l’administration du prince de Montbarey (1777 - 1780). « Qui je suis ? Un militaire citoĂżen, ces deux titres [
] doivent supposer de la hardiesse et du courage »... Etc.

* Introduction. Tableau de la dĂ©cadence de l’empire romain en Occident. Invasion des Gaules. Commencements de la monarchie françoise. 5 cahiers : 2 cahiers in-fol. numĂ©rotĂ©s « 4 » et « 5 », un cahier in-4 numĂ©rotĂ© « 2 et 3 », plus 2 petits cahiers in-4, formant un manuscrit de premier jet de 42 pages in-fol. et 77 pages in-4, abondamment raturĂ© et corrigĂ©. Sur l’Empire romain, admirable par sa constitution, ses routes, ses monuments, son juste partage entre les autoritĂ©s civile et militaire, sa lĂ©gislation, l’universalitĂ© de sa langue, son systĂšme militaire, ses soldats aguerris, disciplinĂ©s et ayant le sens de l’honneur, quoi qu’en dise Montesquieu
 * Plus un dossier de piĂšces utilisĂ©es par Guibert pour sa documentation, et de piĂšces historiques diverses.

On joint 2 autres manuscrits autographes : * Testament militaire d’un vieux officier gĂ©nĂ©ral, [vers 1789 ?] ; cahier de 16 pages in-fol. Projet de prĂ©face pour un ouvrage militaire, avec de nombreuses corrections et additions.

* Compte rendu Ă  l’assemblĂ©e generale par Mrs les commissaires ; 8 pages in-fol. Projet de rĂ©forme et de rĂšglement d’une sociĂ©tĂ© littĂ©raire, « le Sallon ».

Provenance : Archives du comte de GUIBERT (vente 14 octobre 1993, n° 64, 62 et 68).

400 - 500

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 6
400 - 500 3
-
500
700

4 ACADÉMIE FRANÇAISE. – LAMARTINE Alphonse de (1790 - 1869).

2 L.A.S. « Lamartine », 16 et 27 octobre 1829, à Abel VILLEMAIN ; 3 et 4 pages in-8 (quelques petites fentes).

Lamartine prĂ©pare son Ă©lection Ă  l’AcadĂ©mie française (il sera Ă©lu le 5 novembre 1829).

Au chĂąteau de Montculot, 16 octobre : « il y a plus que l’admiration dans mes sentiments envers vous. [
] Je sens que je devrais ĂȘtre Ă  Paris, aider au moins mes amis dans ce qui me concerne moi-mĂȘme. Je le sens, je le dis, j’en rougis et je ne puis prendre sur moi d’y aller. L’amour-propre est plus fort que la convenance, je songe au lendemain d’une Ă©lection malheureuse, aux condolĂ©ances de mes amis, au rire mal voilĂ© de mes adversaires, Ă  la peine de mon pĂšre et de ma mĂšre, au ridicule d’aller deux fois avec assurance chercher et raporter un dĂ©sapointement. [
] Mais je prie du moins sur la montagne ». On lui dit que CHATEAUBRIAND ne votera pas pour lui, et que CUVIER votera le duc de Bassano


27 octobre. « Je crois que si je ne suis pas admis vos quatre lettres me consoleront. Mes descendants diront Ă  l’avenir : regardez il ne fut pas reçu parmi l’élite des hommes de son Ă©poque mais M. Villemain jugea leur jugement et le trouva digne d’ĂȘtre son collĂšgue autant que son ami. N’ayez donc pas de souci trop fort de mon Ă©lection, si j’ai un Ă©chec j’en suis consolĂ© d’avance. [...] La tristesse et l’ennui sont mes deux muses. Qui les connaĂźt mieux que moi ? L’ñme se replie en elle-mĂȘme et ses tortures sont ce qu’on appelle du gĂ©nie »...

On joint 2 autres L.A.S. , chĂąteau de Montculot 20 octobre 1829 et s.d., Ă  un duc et Ă  AmĂ©dĂ©e de Pastoret, sur sa candidature Ă  l’AcadĂ©mie. Plus 3 L.A.S., une lettre dictĂ©e et la copie d’une lettre (28 mai 1848).

On joint aussi 2 L.A.S. de Jules SIMON concernant l’AcadĂ©mie, 1861 et 1875 (plus 9 L.A.S. Ă  divers).

5 ACADÉMIE FRANÇAISE. – TROYAT Henri (1911 - 2007).

MANUSCRIT autographe signĂ© « Henri Troyat », Discours de rĂ©ception Ă  l’AcadĂ©mie Française, 1960 ; 2-127 feuillets petit in-fol. montĂ©s sur onglets et reliĂ©s en un volume petit in-fol. carrĂ© demi-chagrin bordeaux Ă  coins. Manuscrit de travail de son discours de rĂ©ception Ă  l’AcadĂ©mie française au fauteuil de Claude FarrĂšre

Lev Aslanovitch Tarassov, dit Henri Troyat, a Ă©tĂ© Ă©lu le 21 mai 1959 Ă  l’AcadĂ©mie au fauteuil de Claude FarrĂšre (dĂ©cĂ©dĂ© le 21 juin 1957) ; nĂ© Ă  Moscou, il Ă©tait le premier Ă©crivain d’origine Ă©trangĂšre admis dans cette institution.

La réception eut lieu le 25 février 1960 ; Henri Troyat fut reçu par le maréchal Juin.

Troyat fait part de son Ă©motion en songeant Ă  sa Russie natale, « Ă  la distance qui sĂ©pare mon lieu de naissance du lieu oĂč me voici », aux coupoles du Kremlin bien diffĂ©rentes de celle-ci, au petit garçon enfin qu’il Ă©tait et qui, « fuyant avec ses parents son pays dĂ©chirĂ© par la guerre, dĂ©barqua Ă  Paris au dĂ©but de l’annĂ©e 1920 », pensant qu’il n’y resterait que quelques mois. Il Ă©voque la force qu’eurent bientĂŽt la culture et l’art français sur le jeune immigrĂ© qu’il Ă©tait : « BientĂŽt la France le saisit tout entier ». Puis il retrace, avec son talent de biographe, la vie et l’Ɠuvre de son prĂ©dĂ©cesseur Claude FARRÈRE (1876 - 1957), pour conclure : « Pareil aux vieux conteurs arabes qu’il avait rencontrĂ©s, Claude FarrĂšre a voulu, jusqu’à son dernier souffle, imaginer des fables et les rĂ©pandre autour de lui pour notre dĂ©lassement. À une Ă©poque oĂč trop d’écrivains croiraient dĂ©choir s’ils n’apportaient au monde un message politique, mystique, esthĂ©tique ou social, il a eu le naĂŻf courage de n’ĂȘtre qu’un romancier. Si certains de ses hĂ©ros manquent de poids, si une psychologie sommaire les anime, si des pĂ©ripĂ©ties invraisemblables les poussent d’un chapitre Ă  l’autre, l’espĂšce d’entrain chaleureux que met l’auteur Ă  Ă©crire ses livres lui gagne plus d’une fois la sympathie du lecteur. Que ceux qui jugent sĂ©vĂšrement la littĂ©rature dite d’évasion interrogent bien leur mĂ©moire : il n’est personne, ou presque, qui, Ă  un moment de sa vie, n’ait Ă©tĂ© charmĂ© par un roman, par un conte de Claude FarrĂšre, personne qui, Ă  l’ñge des vocations hĂ©sitantes, ne lui soit redevable d’une envie de voyage, d’un rĂȘve japonais, turc ou indochinois, d’un Ă©lan d’hĂ©roĂŻsme ou d’amour, personne dont l’univers intĂ©rieur ne porte sa marque, Ă  l’étage des belles illusions de l’adolescence »...

Le manuscrit, de premier jet, Ă  l’encre bleue au recto des pages de bifeuillets, comporte de nombreuses ratures, des passages entiers biffĂ©s (souvent au crayon rouge), des renvois et des ajouts sur le verso de la page en regard, et des variantes avec le texte publiĂ© (Plon, 1960). Il a Ă©tĂ© offert au grand bibliophile Jean DAVRAY (1914 - 1985), ami trĂšs intime de Troyat, comme en tĂ©moigne cette belle dĂ©dicace (sur le feuillet suivant la page de titre) : « Pour Jean Davray. Mon cher Jean, tu fus si prĂšs de moi tandis que j’écrivais ce discours ! Nous en avons tellement parlĂ© ensemble ! Reçois-en le manuscrit comme gage de mon amitiĂ© fraternelle ! Henri le 19 mars 1960 ». Jean Davray a fait relier en tĂȘte une belle photo de Troyat jeune, le bulletin de souscription pour son Ă©pĂ©e d’acadĂ©micien et 4 cartons d’invitations.

On joint 3 L.A.S., 1954 - 1959, à André MAUROIS ; et une L.A.S. à André Lasseray, 1959 (avec brouillons de Lasseray).

Plus 2 L.A.S. de Paul CLAUDEL relatives Ă  une Ă©ventuelle candidature Ă  l’AcadĂ©mie (1927 - 1932).

7 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
300 - 400
500 - 600

ALBUM AMICORUM.

Ensemble de 25 feuillets avec poĂšmes et P.A.S. de divers Ă©crivains ; 25 feuillets oblong in-4 tirĂ©s d’un album, tranches dorĂ©es.

PoĂšmes par Jacques ANCELOT ( Adieux de Lord Byron Ă  Venise, annotĂ© par J. Janin), Émile BARATEAU (Pour Marie, quand elle aura trois ans), Hippolyte BIS (Fragment du CimetiĂšre en vente), Louis BOULANGER (« Il est au fond des forĂȘts sombres » ), Edmond COTTINET (Octobre), Antoni DESCHAMPS (« Dans ce temps d’égoĂŻsme » ), Alexandre DUMAS pĂšre (« Vierge Ă  qui le calice Ă  la liqueur amĂšre » , avec note de Jules Janin), Charles DUPEUTY (« Excusez-moi, je ne vous connais pas » ), Charles-Guillaume ÉTIENNE (extrait de la comĂ©die des Deux Gendres), Ernest FOUINET (Sonnet Ă©crit pour la loterie tirĂ©e Ă  l’opĂ©ra, au profit des pauvres), Jean-Baptiste de PONGERVILLE (« Si tout pĂ©rit en nous » ), SAINTE-BEUVE (Sonnet Ă  Madame xxx), EugĂšne de PLANARD (Prologue inĂ©dit de La Belle au Bois dormant, opĂ©ra-comique), J.B.A. SOULIÉ ( À la Lune), Alexandre SOUMET (fragment de l’Enfer rachetĂ© ), Alfred de VIGNY (L’Esprit Parisien, Sonnet pour la fĂȘte de la mi-carĂȘme Ă  l’OpĂ©ra, au bĂ©nĂ©fice des pauvres), Jean-Charles VIAL (« Monsieur de Castignac »  sizain)


Textes divers par Virginie ANCELOT, Antoine JAY, P.F. TISSOT (Sur la jeunesse de notre temps), Joseph MICHAUD, etc.

7 ALBUM AMICORUM.

Environ 25 lettres, cartes, dessins ou inscriptions autographes ou autographes signĂ©s (plus qqs photos), 1911 - 1927, au poĂšte Roger de NEREĆžS et aux siens ; in-8, reliure maroquin bordeaux, tranches dorĂ©es, Ă©tui (qqs mouill.). R. de NEREĆžS, Jules MASSENET, Henri de RÉGNIER (quatrain), Louis BARTHOU, Jean RICHEPIN (poĂšme), Édouard SCHURÉ (vers), Sarah BERNHARDT (avec fleur sĂ©chĂ©e), Henri BERGSON (maxime), Antoine CALBET (dessin), Vincent d’INDY (extrait de Fervaal ), Pierre CARRIER-BELLEUSE (dessin), CAROL-BÉRARD (9 mesures de sa Symphonie des forces mĂ©caniques), Han RYNER, Jean de BONNEFON, H. de CALLIAS (dessin aquarellĂ©), Jean de GOURMONT, Émile BOURDELLE (belle L.A.S. ornĂ©e de 2 aquarelles, 1921, au sujet de ses Peintures pour la Reine de Saba), Francis VIELÉ-GRIFFIN (poĂšme, Transposition), Raoul GUNSBOURG, J.-C. MARDRUS, etc.

8 ALEXANDRE I er (1777 - 1825) Tsar de Russie.

L.S. « Alexandre », Sarskoe Selo 8 octobre 1821, à « Votre Altesse Royale » (le Prince EUGÈNE DE BEAUHARNAIS) ; 2 pages in-4 ; en français.

Le Tsar n’a pu rĂ©pondre Ă  la lettre du 26 juillet (lui parlant sans doute de la mort de NapolĂ©on qui fut connue seulement Ă  cette Ă©poque en Europe). Alexandrevoue Ă  EugĂšne « un trop sincĂšre attachement pour ne pas ressentir une vive peine de son affliction [...] Le vƓu dont Votre Altesse Royale m’entretient [...] honore Ses sentimens, et il seroit impossible de n’y pas trouver une nouvelle preuve des qualitĂ©s de Son cƓur. Il me semble nĂ©anmoins que dans cette occasion les affections, quelques vives qu’elles soient [...] devraient cĂ©der aux calculs de cette prudence qui a toujours marquĂ© la conduite de Votre Altesse Royale. Je crois donc que sous tous les rapports il seroit prĂ©fĂ©rable qu’elle renonçùt Ă  Son dĂ©sir. Dans les temps oĂč nous vivons, la malveillance est si active, ses interprĂ©tations sont si perfides et si fausses, qu’on ne saurait mettre trop de soins Ă  s’abstenir de toute dĂ©marche dont elle pourrait s’emparer »...

9 ALEXANDRE II (1818 - 1881) Tsar de Russie.

L.A., S.P. [Saint Petersbourg] 7/19 janvier 1868, Ă  Catherine DOLGOROUKI, « Katia » ; 4 pages in8. Lettre d’amour Ă  sa maĂźtresse

Il lui reproche de lui faire une scĂšne, et il a la mort dans l’ñme. Il cite longuement la lettre de Katia, et ajoute : « AprĂšs tout cela je te laisse juger toi mĂȘme ta conduite, envers l’ĂȘtre qui vit et ne respire que par toi ». Il ne peut lui en garder rancune, car il l’aime « plus que la vie [
] je veux que tu viennes, car ce serait par trop vilain de ta part de me priver du bonheur de te revoir et comme preuve, que tu ne gardes rien sur le cƓur, je te supplie, quand tu m’apperceveras, de toucher de ta main ton mĂ©daillon au cou et moi en rĂ©ponse je toucherai ma croix de St George. Tu me rendras la vie par lĂ  » 

10

ANDERSEN Hans Christian (1805 - 1875).

POÈME autographe signé « H. C. Andersen », Stuttgart 2 octobre 1860 ; 1 page oblong in-8 (montée sur carte ; un peu jaunie, avec traces de montage) ; en allemand.

Tercet en allemand

« Die Vernunft in der Vernunf[t] ist das Wahre. Die Vernunft in den Willen ist das Gute, Die Vernunft in der Phantasie ist das Schöne ! »

Ce qui compte c’est la raison dans la raison. Ce qui est bien c’est la raison dans la volontĂ©, Ce qui est beau c’est la raison dans la fantaisie !

1 000 - 1 500

1 500 - 2 000

1 500 - 2 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 8 6
800 - 1 000
800 - 1 000

11 ART CANANÉEN.

Plaquette (élément de mobilier) sculptée en léger relief dans un encadrement.

« Dame Ă  sa fenĂȘtre » : tĂȘte fĂ©minine parĂ©e d’une lourde perruque Ă©gyptisante dĂ©gageant les oreilles et surmontant une balustrade soutenue par quatre colonnettes. Il s’agit probablement d’une reprĂ©sentation de la dĂ©esse AstartĂ©-hor. Ivoire.

DépÎt calcaire. Restaurations.

Art Cananéen, IXe -VIII e s. av. J.C. 7,3 x 5,8 cm.

Des plaquettes similaires sont conservĂ©es au MusĂ©e du Louvre et au British Museum, provenant des sites d’Arslan Tash et Nimrud.

Provenance : vente Piasa 17 mars 2003.

CITES N°FR2309200222-K

12 ARTS.

6 L.A.S. de peintres adressées à Jacques LASSAIGNE, par André BEAUDIN (2), GeneviÚve CLAISSE, François DESNOYER, Jean LE MOAL, Francis TAILLEUX ; plus un tapuscrit corrigé, Francis Gruber vu par Francis Tailleux

Robert DOISNEAU. « La voiture de Tabou dĂ©colant devant l’église Saint Germain », photographie de Robert DOISNEAU. Exceptionnel tirage argentique d’époque, photomontage reprĂ©sentant le peintre Yves CORBASSIERE au volant de la cĂ©lĂšbre voiture du Tabou. SignĂ© au dos du cachet timbre humide de l’artiste, titrĂ© au crayon par sa main et datĂ© de 1947 (23,5 x 27 cm). Probablement un tirage unique. Photo originale piĂšce N° 2494. Plus un dessin de danseuse par Hubert YENCESSE (31,5 x 23,5 cm).

13 APOLLINAIRE Guillaume (1880 - 1918).

L.A.S. « Guillaume Apollinaire », Paris « 15 rue Gros » 5 septembre 1910, à Pierre LAFITTE ; 3 pages in-8.

Belle lettre au directeur de la revue Excelsior

Il rappelle sa « qualitĂ© d’ancien collaborateur de la Revue Blanche », et pense qu’il n’est pas un inconnu pour l’éditeur. « Depuis la Revue Blanche, j’ai beaucoup travaillĂ© et je crois avoir fait des progrĂšs sensibles. C’est pourquoi je pense pouvoir ĂȘtre utile Ă  un journal qui consentirait Ă  insĂ©rer rĂ©guliĂšrement mes productions littĂ©raires ». La rĂ©ussite de sa dĂ©marche auprĂšs de Lafitte « est pour moi de la derniĂšre importance et me dĂ©livrerait de mille soucis, de toutes les difficultĂ©s qui embarassent ma vie » ; et il attend avec confiance une rĂ©ponse favorable. Il annonce la parution Ă  la fin de septembre chez Stock d’un « livre [L’HĂ©rĂ©siarque et Cie] oĂč vous retrouverez les nouvelles qui ont eu l’honneur de paraĂźtre dans la Revue Blanche. C’est M. ÉlĂ©mir Bourges qu a eu l’extrĂȘme bontĂ© de chercher un Ă©diteur pour ce livre et obtenir des conditions excellentes » 

14 APOLLINAIRE Guillaume (1880 - 1918).

MANUSCRIT autographe, Avertissement ; 2 pages in-12, sur des bulletins de demande de livres à une bibliothÚque [BibliothÚque Mazarine], quelques ratures et corrections.

Notice pour une Ă©dition du « roman cĂ©lĂšbre de Bernard de TrĂ©vies », L’histoire de Pierre de Provence et de la belle Maguelonne : « L’édition que nous avons suivie est une des plus anciennes et peut-ĂȘtre mĂȘme la plus ancienne. C’est un petit in-folio gothique », probablement antĂ©rieur Ă  1490
 « on ne doute pas que le lecteur instruit ne trouve un dĂ©licat plaisir Ă  lire l’histoire des amours de Pierre, fils du comte de Provence et de la belle Maguelonne, fille du roi de Naples. Ces deux parfaits amants dont les aventures ont Ă©tĂ© traduites en flamand, en grec vulgaire, en castillan, en catalan, en allemand, en danois et en polonais, mĂ©ritent encore aujourd’hui de retenir l’intĂ©rĂȘt des gens de goĂ»t ».

9 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
800 - 1000
200 - 300
1 000 -
1 200
1 000 - 1 500

ARAGON Louis (1897 - 1982).

MANUSCRIT autographe signé « Aragon », Une histoire contemporaine : Claude-André Puget, [1947] ; 22 pages et demie in-4 (quelques bords légÚrement effrangés).

Préface pour le recueil de poÚmes de Claude-André PUGET (1900 - 1975), La Nuit des temps (Clairefontaine, 1947).

« D’oĂč naĂźt le chant, et qui est le chanteur ? Qu’est-ce que c’est que cette murmurante folie dans un jeune homme, qui s’éveille... Qu’est-ce que c’est que cette musique en lui, ce besoin de la communiquer aux autres par des arrangements de mots, arbitraires sĂ»rement, arbitraires... On dit c’est un poĂšte ; il fait des vers... [
] Ce siĂšcle est un puits profond et noir, et si je me penche Ă  la margelle, que de choses inexplicables au trĂ©fond ! [
] Un poĂšte aussi est la crĂ©ature du temps. [...] Il se croit libre, il invente sa romance, il avance et se met Ă  chanter. [...] comment sont les poĂštes cingalais, ou ceux de Carcassonne ? Les uns Ă©crivent pour les yeux, et d’autres ne sont que voix, et j’ai connu des poĂštes de l’absence, qui prenaient leur grandeur de ce qu’ils ne disaient pas. [
] C’est vers 1920, Ă  dix-sept ans, Ă  Nice, [
] que Claude-AndrĂ© Puget Ă©crivit les premiers poĂšmes qui nous sont parvenus de lui ! ».... Arago parcourt alors l’Ɠuvre poĂ©tique de Puget, depuis son premier livre Pente sur la mer
 « C’est une poĂ©sie de la chute. C’est pourquoi elle mĂ©prise les tambours, la rime. Chose extraordinaire qu’un chant qui n’est chant que d’ĂȘtre retenu. Ce jeune homme que nous entendons encore, quel trouble exprimait-il donc, quel trouble Ă  ces poĂšmes commun, quelle tristesse si diffĂ©rente des plaintes du temps de la PlĂ©iade ou de cette nostalgie de Lamartine qu’on aurait cru, le prenant au mot, mĂȘme Ă  vingt ans, toujours sur le point de mourir ? [
] Je ne parle pas d’influence : je constate les analogies du chant sur une assez courte pĂ©riode de la poĂ©sie française, comme si dans un temps donnĂ© les chanteurs ne pouvaient sortir de certaines rĂšgles informulĂ©es, d’un certain cadre vocal, oĂč le chant se plie Ă  des traditions neuves, aussi exigeantes que celles du sonnet ou de la sextine. J’aime ces premiers livres oĂč les hommes trĂšs jeunes livrent d’eux-mĂȘmes plus qu’il ne paraĂźt »  Etc. Aragon continue Ă  explorer et commenter les divers recueils de Puget, faisant de nombreuses citations, pour terminer par La Nuit des temps : « Oui, nous sommes Ă  une charniĂšre du siĂšcle, Ă  un seuil de l’aventure humaine, et Ă  ce lieu de passage il faut savoir lire aux variations de la poĂ©sie les variations de l’homme. J’ai suivi pas Ă  pas ce poĂšte pendant vingt annĂ©es, et il pouvait ne sembler suivre que sa rĂȘverie, mais je sais cependant que comme les reflets d’un incendie sur les nuages, ces variations du rouge au noir par le rose venaient d’un brasier extĂ©rieur et lointain. Rien n’est arbitraire dans la poĂ©sie, bien qu’on en pense. Et c’est Ă  ce moment seul oĂč la voix du poĂšte semble dans la rĂ©alitĂ© se perdre, qu’elle chante enfin, qu’elle emplit le cƓur de sa musique, et les yeux de larmes, Ă  ce moment oĂč la poĂ©sie avec le destin de l’homme se confond, dans La Nuit des Temps » 

16 AUERBACH Berthold (1812 - 1882) écrivain allemand.

MANUSCRIT autographe signé, Lederherz ; et 26 L.A.S., 1862 - 1881, à Ignaz ELLISSEN ; 13 pages in-4 (plus un feuillet de dédicace ; qqs légers défauts), et 49 pages in-8, plusieurs à son chiffre ou à son nom, qqs enveloppes ; en allemand.

TrĂšs bel ensemble de l’auteur des SchwarzwĂ€lder Dorfgeschichten ( RĂ©cits villageois de la ForĂȘt Noire) Le manuscrit, sur papier bleutĂ©, sans autre correction qu’une addition marginale, est datĂ© en fin de Berlin 6 fĂ©vrier 1862. Il est dĂ©diĂ© sur un feuillet liminaire Ă  son ami Ignaz Ellissen. Lederherz (CƓur de cuir) est sous-titrĂ© « Aus den Erinnerungen des Pfarrers vom Berge » (des souvenirs du pasteur des montagnes), et a Ă©tĂ© publiĂ© anonymement par Auerbach dans ses Deutsche BlĂ€tter. Beilage zur Gartenlaube (N° 261, p. 81-85), Ă©ditĂ©es par Auerbach de 1862 Ă  1864, comme a bien voulu nous l’indiquer M. Eberhard Koestler. Lederherz (CƓur de cuir) est l’histoire d’un pauvre colporteur juif en Alsace, qui vend du cuir ; son surnom vient des piĂšces de cuir qui couvrent les coudes de sa redingote ; il est l’ami du cordonnier Lipp, trĂšs versĂ© dans l’étude de la Bible, qui l’aidera Ă  mourir religieusement. Ce texte est marquĂ© par les idĂ©es de tolĂ©rance politique et religieuse, et par l’amour de l’humanitĂ©. Nous en citons le dĂ©but : « Wahre Menschenfreundlichkeit zeigt sich darin, dass wir jedem Mitlebenden, der uns ungekannt und flĂŒchtig begegnet, die gemeinsam gegebenen Augenblicke mit Gutem zu erfĂŒllen trachten. Die wahre Menschenliebe bethĂ€tigt sich darin, dass wir den Gedanken der Zusammengehörigkeit festhalten, auch da, wo wir den Widerspruch und Gegensatz vor Augen haben. Nur wenn wir uns liebevoll gegen Menschen anderen Glaubens, anderer Überzeugung bewĂ€hren, nur dann haben wir das Recht, uns Bekenner der Religion der Liebe zu nennen »...

C’est Ă  Ignaz ELLISSEN, habitant Frankfurt am Main, qu’est adressĂ©e l’importante correspondance littĂ©raire et amicale, commençant le 9 janvier 1862 pour s’achever le 8 mars 1881. La plupart des lettres sont Ă©crites de Berlin ; pendant les vacances de 1863, Auerbach sĂ©journe Ă  Cannstatt prĂšs Stuttgart (aoĂ»t), Ă  Heiden dans le canton d’Appenzell (septembre)
 Auerbach a joint Ă  deux de ses lettres de 1862 des lettres reçues des professeurs B. Frankfurter et Russ. Cette correspondance est complĂ©tĂ©e par la copie ancienne de 5 lettres manquant Ă  l’ensemble, comme l’explique une lettre jointe de l’exĂ©cuteur testamentaire d’Ellissen, transmettant l’ensemble en 1884.

3000 - 3500

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 10 15
1 500 - 2 000

17 BALZAC Honoré de (1799 - 1850).

L.A.S. « de Balzac », 8 octobre [1831], Ă  l’imprimeur-lithographe Charles MOTTE ; 2 pages in-8, adresse (pli central du bifeuillet fendu).

Belle lettre accompagnant l’envoi des Romans et contes philosophiques

« Mon cher Monsieur Motte, je n’ai pas perdu le souvenir des obligations que j’ai contractĂ©es envers vous. Vous m’avez donnĂ© de charmantes lithographies et je vous promis de vous faire des articles. Ils n’ont point Ă©tĂ© faits et cette conduite constituerait une sorte d’indĂ©licatesse trĂšs Ă©loignĂ©e de mon caractĂšre ; mais la Mode a changĂ© de maĂźtres Ă  cette Ă©poque ; je me suis brouillĂ© avec le Tems ; et les occasions de vous servir n’ont pas rĂ©pondu au dĂ©sir que j’en avais. VoilĂ  l’histoire de mon manque de soin apparent ; perdonate mi ». Il n’a pas osĂ© demander le prix de l’album (de lithographies) qu’il a reçu de Motte : « voulez-vous me permettre de vous offrir un Ă©change de nos productions ; Ă©change auquel vous perdrez ; mais au moins avec le tems, la quantitĂ© de mes produits finira peut-ĂȘtre par Ă©quivaloir Ă  la qualitĂ© des vĂŽtres et ma conscience sera plus tranquille. Maintenant permettez-moi d’ajouter sĂ©rieusement que je vous offre mon livre comme un tĂ©moignage de notre ancien voisinage, et comme une marque de profonde estime pour vous qui n’ĂȘtes pas le moindre artiste parmi ceux dont vous traduisez les Ɠuvres »... [Motte avait son atelier rue des Marais-Saint-Germain (actuelle rue Visconti), oĂč Balzac avait aussi son imprimerie, de 1826 Ă  1828.] Balzac ajoute en post-scriptum : « Il va sans dire, qu’aussitĂŽt que par une position journalistique je pourrai vous ĂȘtre utile, vous n’aurez qu’à demander. Pour le moment, je serais en mesure Ă  l’Artiste et j’ai des amis au Messager ».

18

BALZAC Honoré de (1799 - 1850).

L.A.S. « de Balzac », 22 mai [1833, Ă  Émile DESCHAMPS] ; 1 pages et demie in-8 sur papier fin. Belle lettre, en partie inĂ©dite, sur les Contes drolatiques

[Le « premier dixain » des Contes drolatiques avait paru chez Gosselin en avril 1832, et le second allait paraĂźtre chez le mĂȘme Ă©diteur en juillet 1833. Balzac complimente Deschamps sur son conte « physiologique » RenĂ©-Paul et Paul-RenĂ© qui venait de paraĂźtre dans le tome III du Livre des conteurs.]

Il envoie ses remerciements Ă  Deschamps « pour la bonne fortune que vous m’avez donnĂ©e. J’avais dĂ©jĂ  lu, en voyage, allĂ©chĂ© par votre nom, les Deux FrĂšres que je viens de relire en rentrant dans mon bouge parisien – et cette ravissante aventure, pleine de poĂ«sie m’avait si fort frappĂ© que je dĂ©sirais la relire. Par le dĂ©luge de contes dont nous sommes inondĂ©s, votre Paul, cet ĂȘtre double, est une de ces crĂ©ations destinĂ©es Ă  demeurer dans toutes les mĂ©moires artistes. Mais j’aurais voulu plus de dĂ©tails, non pas un conte, mais une histoire, un livre, comme Paul et Virginie, gourmand que je suis ! mais vous ĂȘtes parti pour faire un conte et sans le savoir ou le sachant sans doute, vous avez Ă©tĂ© plus loin, comme tous les esprits qui (passez moi cette trivialitĂ©,) agrandissent toujours le trou par lequel ils passent parce qu’ils sont grands. [
]

Pour n’ĂȘtre pas insolvable moi-mĂȘme j’espĂšre pouvoir vous envoyer d’ici Ă  qlq. jours le 1er et le 2e dixain des Contes drolatiques, et si, par hazard, je vous avais envoyĂ© le 1er dixain, faites le moi savoir, car Gosselin est avare comme un libraire, et me mesure l’exemplaire comme Dieu mesure le vent aux brebis tondues. Je voudrais que cet Ă©change de nos produits coloniaux me valĂ»t encore un livre de vous, trop paresseux poĂ«te qui rĂȘvez sans doute vos livres et ne les Ă©crivez pas, en sultan jaloux de votre sĂ©rail intellectuel ».

[Émile Deschamps rĂ©pondit Ă  Balzac le lendemain : « Je garderai toute ma vie de ce monde votre lettre qui est une lettre de noblesse pour moi. C’est un titre de famille dont j’ai le cƓur et le front triomphants » 

19

BALZAC Honoré de (1799 - 1850).

L.A.S. « Honoré », [SÚvres, aux Jardies 3 juin 1839], à Madame DELANNOY ; 1 page in-8, adresse.

Balzac raconte sa chute dans sa propriété des Jardies

« Ma chĂšre madame Delannoi, il vient de m’arriver un petit accident assez dĂ©plorable, je me suis foulĂ© le tendon d’Achille et les nerfs qui envellopent la cheville, dans une chute sur un terrain glissant et je suis condamnĂ© Ă  demeurer au moins dix jours au lit, Ă  la campagne sans pouvoir bouger sous peine d’ĂȘtre blessĂ© pour le reste de mes jours, ainsi point de mercredi ! pardonnez moi d’ĂȘtre si malheureux, c’est arrivĂ© bien Ă  contretemps pour mes affaires. un de vos enfants HonorĂ© ».

3 000 -

2 500 - 3 000

1 000 - 1 200

11 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
Correspondance (Bibl. de la Pléiade), t. I, p. 413, n° 31-103. 4 000
Correspondance (Pléiade), t. I, n° 33-84, p. 796.
Correspondance (Pléiade), t. II, n° 39-103, p. 493.

20

BARRE Auguste et Albert (1811 - 1896 et 1818 - 1878).

9 CARNETS de DESSINS ; 9 carnets oblong in-12 (8 x 12 à 8,5 x 14,5 cm), couvertures cartonnées, toilées ou maroquinées, les carnets inégalement remplis, principalement à la mine de plomb.

Carnets de croquis et dessins des deux frĂšres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs et mĂ©dailleurs . Des archives de la dynastie BARRE, derniers graveurs gĂ©nĂ©raux et indĂ©pendants Ă  l’HĂŽtel des Monnaies de Paris et en France Ă  statut privĂ©.

3 carnets d’Auguste. – Groupe « 1832 Mme Tremyn et sa fille », ornements et Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs, tĂȘtes de femmes et de CĂ©rĂšs, projet de mĂ©daille de la RĂ©publique française, esquisses d’orateurs (dont Odilon Barrot), bijou
 – TĂȘte de pape, esquisse de la statuette de Rachel, mĂšre donnant la bouillie Ă  un enfant, broderie, poignĂ©es de glaive
 – Feuilles de vigne, amours, barque en construction, enclume et outils, emblĂšmes pontificaux


6 carnets d’Albert . – Notes autographes (scĂšnes historiques, recette de fixatif), esquisses de vignettes ou tableaux (sujets antiques ou religieux, scĂšne de jeunesse de Diderot, Jean-Jacques Rousseau
), aigle impĂ©riale, une femme dans un intĂ©rieur, mobilier
 – Esquisse de femme Ă  la sanguine, plans d’un appartement. – BrĂšves notes de voyage en Italie (cĂŽte amalfitaine, 1844) ; tĂȘtes et statues antiques ; signes du zodiaque ; vues de Paestum et Sorrente
 – Notes de voyage Ă  Gand et Bruges, comptes (1847) ; sujets de tableau ; un fauteuil ; Ă©tudes de tĂȘtes et de costumes ; paysage ; ornements et Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs
 – Vues de Saint-Malo et de rochers, croquis au Mont Saint-Michel
 – Recettes pour bronzer le cuivre, souder l’étain ou l’acier, faire « la colle au fromage » (3 photos de statues jointes, dont la princesse Mathilde).

On joint 21 lettres adressĂ©es Ă  Albert BARRE, 1858 - 1880, par JosĂ© de AraĂșjo Ribeiro, A. Brochon (avec d’autres membres de la SociĂ©tĂ© de progrĂšs de l’Art industriel), le gĂ©nĂ©ral Malherbe, Ch. Masset, Natalis Rondot (3), JeanLouis Ruau, Henry Uhlhorn (3), F.G. Wagner jeune, Bronislaw Zaleski, etc. ; la minute a.s. d’une lettre d’Albert Barre Ă  Hainol, directeur de la Monnaie de Munich ; plus la minute d’une lettre de son pĂšre Jean-Jacques Barre (et 4 lettres Ă  lui adressĂ©es).

21

BAUDELAIRE

Charles (1821 - 1867).

L.A.S. « Ch. Baudelaire », [Paris, vers le 16 fĂ©vrier 1860, Ă  l’écrivain PhiloxĂšne BOYER] ; 1 page in-8 avec ratures et corrections.

« Ayez l’obligeance, cher ami, de laisser ici pour moi une note-catalogue des diffĂ©rents ouvrages Ă©crits sur la VĂ©nus de Milo. GUYS m’écrit de Londres Ă  ce sujet. Je crois qu’il veut Ă©crire une brochure, un article, illustrĂ© de dessins reprĂ©sentant les hypothĂšses, c’est-Ă -dire la VĂ©nus restaurĂ©e selon les diffĂ©rentes imaginations des auteurs » 

[Baudelaire Ă©prouvait une vive admiration pour le talent du peintre Constantin GUYS dont il fit l’éloge dans Le Peintre de la vie moderne. Il mit en contact Guys avec plusieurs auteurs au sujet de ce projet autour de la VĂ©nus de Milo, mais aucun ne convint Ă  l’artiste. Baudelaire apprĂ©ciait Ă©galement PhiloxĂšne BOYER, auteur de piĂšces dramatiques et de vers, pour sa grande culture et les banquets littĂ©raires qu’il organisait.]

Correspondance, Pléiade, t. I, pp. 671 - 672.

22 BAUDELAIRE Charles (1821 - 1867).

L.A.S. « CB », 6 janvier 1863, Ă  POULET-MALASSIS Ă  la maison d’arrĂȘt des Madelonnettes ; 1 page et demie in-8, adresse, marque postale, trace de cachet cire rouge. Lettre Ă  son Ă©diteur emprisonnĂ©

[Poulet-Malassis est alors détenu et en attente de procÚs pour ses agissements républicains.]

Baudelaire vient de dĂźner avec un ami [probablement Charles Asselineau] dont la jambe va mieux et qui pense, comme lui, que le fameux cadeau de Poulet-Malassis est une idĂ©e tout Ă  fait absurde... Puis il donne quelques nouvelles de la vie artistique et littĂ©raire parisienne : ThĂ©ophile GAUTIER quitterait Le Moniteur et recevrait des fonctions aux Beaux-Arts, le comte de Nieuwerkerke [alors directeur des MusĂ©es impĂ©riaux] irait au SĂ©nat « et M. DELACROIX prendrait la direction des MusĂ©es. [...] Enfin, pour comble d’absurditĂ©, F. Desnoyers prĂ©tendait hĂ©riter de d’AUREVILLY au Pays. Mais son ami Ulysse Pic, devenu directeur du Pays, n’a pas cru pouvoir oser cela »...

BEETHOVEN Ludwig van (1770 - 1827).

Cinq éditions anciennes de Sonates pour piano.

Grande Sonate pour le Clavecin, ou Fortepiano
 ƒuvre XXVI [Op.26] (Leipzig, Bureau de musique, [ca 1802]),

19 pages, cotage 118 [Hoboken 136]. PremiĂšre Ă©dition allemande, quasiment contemporaine de la premiĂšre Ă©dition Ă  Vienne chez Cappi.– Sonata quasi una Fantasia
 Op.27 n° 2 [« Clair de lune »] (Vienna, Cappi, [ca 1806]), 15 pages, cotage 879 [Hoboken 144] (sous chemise verte toilĂ©e, marges un peu froissĂ©es et dĂ©chirĂ©es). – Trois Sonates pour le Piano-forte, Op. 31, n os 1-3, « Edition tres Correcte. Prix 6 francs » (Bonn, Simrock, [1803 - 1804]), 65 pages (renumĂ©rotĂ©es Ă  l’encre, coin rĂ©parĂ© au dernier f.), cotage 345 [cf  Hoboken 171 - 172]. – Sonate fĂŒr das Piano-Forte, Op.110 (Wien, Cappi & Czerny, [ca1826]), 15 pages, cotage N° 2500. – Deux Sonates pour le PianofortĂ© et Violoncell... Op.102 Liv[raison] 1 [Sonate pour violoncelle op.102, n° 1] (Bonn: Simrock, [1817]), cotage 1337, en partition, sans la partie sĂ©parĂ©e de violoncelle, premiĂšre Ă©dition [Hoboken 423]

1 000 - 1 500

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 12
300 - 400
1
23
1 200 -
500
600 - 800

24

BEETHOVEN Ludwig van (1770 - 1827).

Messa a quattro Voci coll’ accompagnamento dell’ Orchestra
 Drey Hymnen fĂŒr vier Singstimmen mit Begleitung des Orchesters
 86 s Werk (Leipzig, Breitkopf & HĂ€rtel, [1812]) ; un volume oblong in-fol. (26,5 x 35 cm) de 107[1] pages, couverture d’origine sur papier bleu-gris (le plat sup. imprimĂ© Messe von L. v. Beethoven, avec prix ms), sous cartonnage ancien (petites dĂ©chirures marginales rĂ©parĂ©es p. 71-74, tache d’encre marginale Ă  partir de la p. 59, quelques trous infimes, fente marginale Ă  la p. 106 ; cachets de possession ; cartonnage usagĂ© et dos usĂ©).

Rare premiĂšre Ă©dition de la Messe en ut, la premiĂšre des deux Messes de Beethoven Édition gravĂ©e, chaque planche portant le n° de cotage 1667. [Hoboken 374]. DĂ©diĂ©e au Prince von Kinsky, elle est divisĂ©e en trois parties titrĂ©es « Erster [Zweyter, Dritter] Hymnus » (pp. 3, 39, 71).

État original des pp. 92-93 (dĂ©but de l’Agnus Dei ) ; « Anmerkung » pour la p. 71 au verso de la p. 107.

25 BEETHOVEN Ludwig van (1770 - 1827).

[Ouverturen]. Recueil de cinq premiÚres éditions, [1823 - 1838] ; 5 partitions in-fol. (32,5 x 24,5 cm) reliées en un volume, reliure ancienne dos percaline vert bronze avec titre doré et orné.

PremiĂšres Ă©ditions de cinq Ouvertures en partition d’orchestre

Musique gravée. Cachets encre sur les pages de titre A. Le LiÚvre et Musis Sacrum 1828

Ouverture zu Aug: v: Kotzebue’s Ruinen von Athen, Op. 113 (Wien, S.A. Steiner und Comp., [1823]) ; 26 pages, cotage S: u. C: 3951, [Hoboken 469]. – Grosse Ouverture in C. dur [ut], Op. 115 [« Jour de fĂȘte »] (Wien, S.A. Steiner & Comp., [1825]) ; 43 pages, cotage S: u. C: 4682, [Hoboken 475]. – Grosse Ouverture (in Es) zu König Stephan, Op. 117, 2e Ă©d. (Wien, Tobias Haslinger, [1828]), 48 pages, cotage S: u. C: 4691, [Hoboken 479]. – Ouverture en Ut Ă  grand orchestre, Op. 124 [« Die Weihe des Hauses »] (Mayence, B. Schott Fils, [1825]), 60 pages, cotage 2262 (manque la liste des souscripteurs) [Hoboken 498]. – Ouverture in C. componiert im Jahre 1805 zur Oper Leonore, Op. 138 [Leonore  I] (Wien, Tobias Haslinger, [1838]), titre gravĂ© dĂ©corĂ©, 48 pages, cotage T.H. 5141 [Hoboken 537].

26 BELLMER Hans (1902 - 1975).

L.A.S. « Bellmer », Revel [vers 1946], Ă  RenĂ© MAGRITTE ; 2 pages in-4. Longue lettre dans laquelle Bellmer Ă©voque les pamphlets de Magritte « Votre lettre et celle qui m’est parvenue parallĂšlement d’Eliane m’ont fait un plaisir immense : si je ne vous ai pas rĂ©pondu de suite [...] c’est que ma vie a subi une modification totale et bouleversante. Ceci et, encore, un travail pour lequel je n’étais pas outillĂ© (eaux-fortes) – dĂ©mĂ©nagement etc. ne m’ont pas laissĂ© de rĂ©pit [...] Parmi vos tracts et publications qui me sont parvenus par l’un ou par l’autre chemin, c’est particuliĂšrement celui qui porte le titre l’enculeur qui me paraĂźt efficace et essentiel comme une bonne potion d’acide nitrique »  [La plupart de ces pamphlets particuliĂšrement virulents, dirigĂ©s contre le gouvernement belge, avaient Ă©tĂ© confisquĂ©s par la poste]. « DĂšs la “libĂ©ration”, j’avais proposĂ© Ă  un ami fidĂšle Brun de faire imprimer des feuilles qui, pliĂ©es en quatre, rentreraient facilement dans les enveloppes habituelles. Nous Ă©tions trop isolĂ©s, trop emmerdĂ©s et trop chargĂ©s de travail quelconque pour les rĂ©aliser ». Mais il ajoute avoir « l’intention de faire un petit tract de ce modĂšle sur ce que l’on a pas dit pendant et depuis cette guerre : la glorification froide et nette de celui qui n’a pas marchĂ© (dĂ©serteurs, objecteurs de conscience, rĂ©sistants etc.) – et il y en a qui ont payĂ© cher le maintien de cette position [...] Brun vient de me dire que vous insĂ©rez mes “lettres d’amour” dans ce “savoir vivre” [...] Ces lettres d’amour sont extraites d’un livre : Petite anatomie de l’inconscient physique qui doit paraĂźtre – comme suite des Jeux de la PoupĂ©e mais il en manquent deux, dont une sera une lettre de haine » 

27 BIZET Georges (1838 - 1875).

Carmen. Opéra Comique en 4 actes Tiré de la nouvelle de Prosper Mérimée. PoÚme de H. Meilhac et L. Halévy. Musique de Georges Bizet (Paris, Choudens PÚre et Fils, s.d. [1875]). In-4 de (4)-351 pp. (titre lithographié, catalogue des morceaux et musique imprimés) ; reliure demi-basane fauve à coins (fortes rousseurs, accidents aux premier et dernier feuillets, réparations, plats frottés).

Rare édition originale de Carmen (partition pour chant et piano)

Bibl. : James Fuld, The Book of World Famous Music, 4 e éd (New York, 1995, p. 585) ; Hugh Macdonald, The Bizet Catalogue (en ligne).

13 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
600 - 800
600 - 800
500 - 600
1 000 - 1 200

29

BLANC Louis (1811 - 1882).

L.A.S. « Louis Blanc l’un des deux rĂ©dacteurs en chef du Bon Sens », Paris 10 fĂ©vrier 1836 : 2 pages in-4 Ă  en-tĂȘte

Le Bon Sens, journal de la démocratie

« Nous n’accordons Ă  personne le droit de rĂ©voquer en doute notre sincĂ©ritĂ© et de nier notre patriotisme. Celui qui vous rĂ©pond Ă©crit dans le Bon Sens depuis plus de deux ans. Et il sait le cas qu’on doit faire des reproches qui portent sur la versatilitĂ© de ce journal demeurĂ© scrupuleusement fidĂšle Ă  son origine. [
] le Bon Sens est celui de tous les journaux qui s’est imposĂ© pour le peuple le plus de sacrifices et qui a apportĂ© le plus d’abnĂ©gation dans son Ɠuvre de propagande ». Il rejette comme une insulte l’accusation de patriotisme de la Bourse, alors qu’il reçoit des lettres de soutien « de patriotes qui sont ouvriers aussi [
] Et certes au lieu des travaux, des fatigues, des chagrins de tout genre auxquels nous expose la dĂ©fense d’une cause sainte, il est consolant pour nous d’acquĂ©rir de plus en plus cette conviction : qu’il n’en est pas de la reconnaissance des Peuples comme de la reconnaissance des rois » 

On joint 3 L.A.S. par E.X. Poisson de LA CHABEAUSSIÈRE (1811, à Stanislas Champein), LAMOTHE-LANGON (1830, à M. Sclesinger) et SULLY-PRUDHOMME (1896).

BONAPARTE Joseph (1768 - 1844) frĂšre aĂźnĂ© de NapolĂ©on, Roi de Naples puis d’Espagne.

MANUSCRIT autographe, Mon Brouillon de la lettre sur l’histoire de M. de Norvins. – RĂ©ponse Ă  M. de Norvins, Philadelphie janvier 1829 ; 25 pages in-4

Brouillon d’un article adressĂ© aux rĂ©dacteurs du Courrier des États-Unis pour rĂ©futer les erreurs de l’Histoire de NapolĂ©on du baron de Norvins

Sous couvert de l’anonymat, l’auteur se donne comme l’interlocuteur privilĂ©giĂ© du comte de Survilliers, ayant consultĂ© des piĂšces originales inĂ©dites
 Il dĂ©fend notamment le bilan politique et militaire de Joseph en Espagne. On joint une copie avec une nouvelle conclusion, et des corrections, feuillet intercalaire et couverture autographes ; et une autre copie avec qqs corrections et des compliments autographes ; plus le numĂ©ro du 31 janvier 1829 du journal new-yorkais avec qqs notes autographes.

30

BOULEZ Pierre (1925 - 2016).

MANUSCRIT MUSICAL autographe signĂ©, DeuxiĂšme Sonate pour piano (1948) ; 1 feuillet de titre et 23 pages in-fol. PrĂ©cieux manucrit de la DeuxiĂšme Sonate pour piano, Ɠuvre majeure de la production du premier Boulez et du rĂ©pertoire pianistique du vingtiĂšme siĂšcle

ComposĂ©e d’octobre 1947 Ă  mai 1948, elle fut créée par Yvette Grimaud Ă  l’École Normale de Musique, au Concert des Ă©diteurs, le 29 avril 1950, et publiĂ©e la mĂȘme annĂ©e chez Heugel.

Le manuscrit est tracĂ© avec prĂ©cision Ă  l’encre noire sur papier Ă  26 lignes Il est signĂ© et datĂ© en fin : « mai 48 / octobre-novembre 47 fĂ©vrier 48 ». Il porte cette note en tĂȘte : « Remarque gĂ©nĂ©rale : Pour l’interprĂ©tation des nuances, Ă©viter absolument, surtout dans les tempos lents, ce que l’on convient d’appeler les “nuances expressives” ».

La Sonate est divisée en quatre mouvements :

I. ExtrĂȘmement rapide ;

II. Lent ;

III. ModĂ©rĂ©, presque vif (page 15 : 22 mesures biffĂ©es et insertion d’un feuillet avec 9 mesures nouvelles) ;

IV. TrĂšs librement, avec de brusques oppositions de mouvement et de nuance

Citons le beau commentaire de cette DeuxiĂšme Sonate par AndrĂ© Boucourechliev : « Dans cette Ɠuvre, le systĂšme dodĂ©caphonique se transforme en une conception sĂ©rielle – beaucoup plus Ă©largie – du langage musical, qui rĂ©git non plus les sons mais les rapports sonores, et fait entrer le rythme, sous une forme extrĂȘmement dĂ©veloppĂ©e et une organisation autonome, dans ses nouvelles structures. Boulez procĂšde ici par cellules rythmiques brĂšves, constituĂ©es en vĂ©ritables thĂšmes rythmiques indĂ©pendants, et dĂ©veloppĂ©es selon des principes mis en valeur et enseignĂ©s par Messiaen : rythmes non rĂ©trogradables, canons rythmiques, transformations, augmentation et diminutions proportionnelles des valeurs, etc. L’autonomie rythmique des contrepoints dans la Sonate de Boulez (oĂč, comme l’indique le compositeur, toutes les voix sont Ă©galement importantes), l’abolition totale de toute pulsation rĂ©guliĂšre (la barre de mesure n’est plus qu’un repĂšre visuel pour l’exĂ©cutant), crĂ©ent un temps musical nouveau, d’une totale discontinuitĂ©, qui exige de la part de l’auditeur une Ă©coute nouvelle car, Ă©videmment, c’est tout le contraire d’une Ă©vasion que nous propose l’Ɠuvre de Boulez ; elle fait appel Ă  notre participation, Ă  notre propre inquiĂ©tude : alors seulement – et bien plus vite qu’il ne semble au premier abord – elle se rĂ©vĂšle, avec ses violences rythmiques discontinues et imprĂ©visibles, Ă©tonnamment proche de nous, de notre sensibilitĂ© d’hommes modernes ».

On a joint les épreuves corrigées (Heugel 1950) tirées en bleu par le graveur Buchardt (48 pages chaque) : la premiÚre épreuve (8 décembre 1949) est surchargée de corrections autographes ; la 2e épreuve porte la commande du tirage (datée 21-2-50).

Plus une L.A.S. de Pierre Boulez (1 p. in-8), avec une page in-4 de corrections autographes pour l’Errata ; plus le feuillet d’épreuve de l’Errata.

Bibliographie : Dominique Jameux, Pierre Boulez (Fayard 1984), p. 298 - 315 (analyse détaillée de la DeuxiÚme Sonate).

Discographie : Maurizio Pollini (Deutsche Grammophon, enr. 1976).

1 200 - 1 500

30 000 - 40 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 14 28
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31 BRAHMS Johannes (1833 - 1897).

Sonate
 fĂŒr das Pianoforte, Op. 1, 2 et 5 (Leipzig, [1853 - 1854] ; 3 partitions gravĂ©es ; in-fol. PremiĂšres Ă©ditions des trois Sonates pour piano de Brahms

Sonate (C Dur) fĂŒr das Pianoforte .... Joseph Joachim zugeeignet, Op.1 (Leipzig, Breitkopf & HĂ€rtel, [1853]) ; 31 pages in-fol. (34 x 27 cm), musique gravĂ©e, cotage 8833, couverture originale d’éditeur jaune (brunissure) avec le catalogue des Ɠuvres de Beethoven au verso [Hofmann p. 3 ; Hoboken n° 1].

Sonate Fis moll fĂŒr das Pianoforte ... Frau Clara Schumann verehrend zugeeignet, Op.2 (id., [1854]) ; 27 pages in-fol. (32,2 x 26 cm), musique gravĂ©e, cotage 8834, sans la couv., signature du possesseur « Rheinthaler » sur le titre, sous chemise Ă  rabats percaline verte, piĂšce de titre sur le plat sup. [Hofmann p. 5 ; Hoboken 2].

Sonate (F moll) fĂŒr das Pianoforte... der Frau GrĂ€fin Ida von Hohenthal gb. GrĂ€fin von Scherr-Thoss zugeiegnet


Op.5 (Leipzig, Bartholf Senff, [1854]) ; 39 pages in-fol. (32,5 x 26 cm), musique gravĂ©e, cotage n° 101, cartonnage moderne avec couverture d’éditeur impr. collĂ©e sur le plat sup., dos de veau fauve titrĂ© [Hofmann, p. 11 ; Hoboken 5].

On joint : Variationen fĂŒr das Pianoforte ĂŒber ein Thema von Robert Schumann, Frau Clara Schumann zugeeignet


Op.9 (Leipzig, Breitkopf & HĂ€rtel, [1854]) ; 19 pages in-fol. (33 x 26 cm), musique gravĂ©e, cotage n°9001, couvertures d’éditeur impr. sur papier vert, la couv. sup. (avec la dĂ©dicace Ă  Clara Schumann) montĂ©e sur cartonnage de l’époque Ă  dos toilĂ©, la couv. inf. avec le catalogue des « Robert Schumann’s Werke im Verlage von Breitkopf & HĂŠrtel in Leipzig » (quelques notes musicologiques au crayon, lĂ©ger manque dans le coin sup. de la couv.) [Hofmann, p. 21 ; Hoboken 10].

32 BRASSAÏ Gyula Halasz dit (1899 - 1984) photographe.

Tapuscrit signé « Brassaï » avec corrections autographes, Marie, [ca 1948] 47 pages in-4 sous chemise titrée. Le dossier comprend également le tapuscrit corrigé des Nouveaux propos de Marie (5 pages in-4), reprenant certains passages de Marie avec des variantes

On joint l’édition originale : Histoire de Marie, avec une introduction par Henry Miller (Paris, Éditions du Point du jour, 1949), in-8, brochĂ©.

33 BRETON André (1896 - 1966).

MANUSCRIT autographe signé « André Breton », Magie quotidienne, avec 2 dessins à la plume, Paris 1955 ;

1 page in-4 sur papier vert.

Curieux texte, relatant un cas de hasard surréaliste

Ce beau manuscrit, illustré de deux dessins, est déidé à Lise DEHARME : « Pour Lise ». Magie quotidienne a paru dans la revue La Tour Saint Jacques en novembre 1955.

« Lundi 21 fĂ©vrier. – 20 heures. À mon retour chez moi, mon chien, Uli, m’accueille par des transports de joie tout Ă  fait inhabituels. [
] c’est comme s’il avait Ă  m’avertir d’un Ă©vĂ©nement exceptionnellement heureux. » Breton retrouve ensuite dans son courrier une enveloppe qui « contient une plaquette intitulĂ©e Salades, par Robert-Guy, qui porte cette dĂ©dicace : “A M.A.B., en souvenir du chien qui faillit nous rapprocher” ». L’avocat Robert- Guy l’avait en effet aidĂ© auprĂšs du gĂ©rant de l’immeuble pour qu’il puisse garder son chien. Le manuscrit est agrĂ©mentĂ© de deux dessins faisant Ă©cho au contenu du texte.

34 BROSSOLETTE Pierre (1903 - 1944) journaliste, homme politique ; héros de la Résistance, il se suicida pour ne pas parler.

L.A.S. « Pierre Brossolette », Royan 27 aoĂ»t 1930, [Ă  G. PELLETIER, de l’Agence Ă©conomique de Madagascar] ; 1 page in-8.

TrÚs rare lettre du grand résistant, au début de sa carriÚre journalistique

« J’ai fait beaucoup de copie pour une foule de revues, achevĂ© un bouquin pour POMARET, assurĂ© la permanence rue Oudinot. L’amitiĂ© a souffert de tout cela – et je m’en excuse. L’activitĂ© “ministĂ©rielle” demeure toujours aussi vague et incoordonnĂ©e. Il “tient” plus que jamais aux projets qui nous sont chers. Nous savons tout cela. Et ça devient plutĂŽt exaspĂ©rant. Serez-vous Ă  Paris au dĂ©but de septembre. J’y passerai, aprĂšs quelques jours de mer (il fait beau par hasard) et avant quelques jours de campagne
 hĂ©las quasi Ă©lectorale. Je serais heureux de vous voir » 

15 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
800 - 1 000
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CALDER Alexander (1898 - 1976).

L.A.S. « Alexander Calder », Roxbury 2 novembre 1949, Ă  Mr & Mrs. Bressler ; 1 page in-4 Ă  son cachet en-tĂȘte (traces d’adhĂ©sif) ; en anglais.

Sur ses mobiles

Il vend souvent ses mobiles lui-mĂȘme en direct, les prix allant de 100 $ pour les petits Ă  plusieurs milliers. Il aimerait savoir ce que les Bressler ont dans l’idĂ©e, oĂč ils veulent le placer, la couleur des murs, afin qu’il puisse travailler pour eux..

« I often sell my “mobiles” myself – (direct). Perhaps that is what you would like. Prices range from $ 100 – for very minute affairs – up to several thousands. If you will let me know what you had in mind, i.e., where you wanted to put it, surroundings, etc, color of walls, etc., and, perhaps, what you had thought of spending on it, I will let you know what I would make for you » 

CAMBRONNE Pierre (1770 - 1842) général.

L.A.S. « C A », [Boulogne vers 1804], Ă  Augustine CORBISEZ, chez le gĂ©nĂ©ral Joba Ă  Nieuport ; 1 page in-fol., adresse au verso avec marque postale Boulogne-sur -Mer (petite dĂ©chirure en tĂȘte par bris de cachet). Magnifique lettre amoureuse et Ă©rotique Ă  une maĂźtresse

« Ma chĂšre Augustine Mon amour, on attachement pour toi, sont si grands, que je ne puis m’cmpecher de vouloir ce qui te fait plaisir ». Il approuve donc ce qu’elle a « fait faire Ă  mon portrait », et elle a bien fait de suivre son caprice : « Ta lettre est si jolie touchant ce vestige que je voudrois tous les jours que tu aies de pareilless occupations et encore en ton lit que de dĂ©licieux moments sont venus se retracer Ă  ma mĂ©moire, je te croyois tenir dans mes bras Ă©tant dans les instants delicieux malheureusement passĂ©s ou tes beaux bras me faisoient jouir de si douces Ă©treintes, ma chere si je ne craignois d’ĂȘtre traitĂ© de polison comme tu me fis une fois, cette lettre seroit couverte du sperme que je verse tous les jours pour toi et plus particuliĂšrement Ă  cette minute oĂč la seule pensĂ©e de ton amour inviolable me le fait rĂ©pandre naturellement. Tu m’avois promis de ne me rien faire cadeau Ă  la foire, d’aprĂšs ce que je t’écrivois, tu n’as pas tenu parole, tu m’as donnĂ© un habit neuf et tu ne veux rien recevoir de moi, j’espĂšre que tu reviendras de cette dĂ©cision et que tu me diras que tu acceptes aussi le mien [
] Sais tu que tu agis un peu militairement dans tes actions, tu fais ce que tu veux [
] c’est assez montrer ta force et ma foiblesse elle est trop naturelle, mon amie, c’est pour une jolie aimable adorable enfin parfaite femme, je n’en rougis donc pas et me trouve trop heureux de pouvoir conserver une aussi chĂšre maĂźtresse que toi Ă  ce prix. Je t’embrasse et suis pour la vie non seulement ton constant mais mĂȘme fidĂšle amant ».

37 CAMPAGNE DE RUSSIE.

L.A.S. « Delbois », Moscou 6 octobre 1812, Ă  ses parents, « Monsieur Delbois, cultivateur Ă  Chamant prĂšs Senlis » ; 2 pages in-4, adresse avec marque postale N°11 Grande ArmĂ©e (quelques dĂ©fauts, mouillure dans la marge inf.). Rare lettre de soldat racontant l’incendie de Moscou

Il Ă©crit Ă  ses parents « d’une ville qui a Ă©tĂ© la proie des flammes ; l’incendie de cette ville, belle, riche, la plus vaste & la plus commerçante de l’Europe, nous offrait un spectacle aussi magestueux qu’effrayant. Plusieurs milliers de forçats lachĂ©s par l’ennemi, et Ă  qui on avait promis le pillage, attendirent que nous fussions tous entrĂ©s dans Moscou, et espĂ©rant nous trouver dans l’ivresse & dans la joie, et nous faire pĂ©rir par les flammes, ils mirent le feu Ă  plus de vingt endroits ; en un moment un vent impĂ©tueux porta la flamme dans presque tous les faubourgs, et dans une grande partie des quartiers de la ville ; de sorte que les deux tiers d’une citĂ© qui devait faire l’admiration des voyageurs ont Ă©tĂ© brĂ»lĂ©s. Personne ne fut victime des mauvais desseins de ces scĂ©lĂ©rats, et le mal qu’ils voulaient nous faire retomba sur leur tĂȘte ; car on en fusille autant qu’on en trouve. On aura bien de la peine Ă  rĂ©tablir Moscou dans sa premiĂšre beautĂ©, & l’Empire de Russie fait une perte irrĂ©parable dans la ruine de cette ville qui pouvait passer pour la plus commerçante de l’univers, puisque toutes les marchandises de l’Asie y abondaient » 

38

CAMUS Albert (1913 - 1960).

L.A.S. « Albert Camus », Le Panelier (Haute-Loire) 6 septembre [1942], à Raymond QUENEAU aux éditions Gallimard ; 1 page oblong in-12 sur carte postale avec adresses au dos. Belle lettre littéraire sur Pierrot mon ami

Il remercie Queneau de son livre, qu’il a lu d’un trait avant de le reprendre avec plaisir... « Je crois que vous avez raison de vouloir appeler votre livre un poĂšme. Il fait penser aussi aux compositions admirables des Flamands ou, plus prĂšs de nous, aux mascarades de James Ensor. Vous excellez dans le “fantastique naturel” : personnages lunaires, foires, belluaires, monstres et fakirs, le tout jetĂ© dans les arrondissements de Paris. Parce qu’il y a aussi Paris et sans lui on ne comprendrait pas votre Ɠuvre. Je pense ici Ă  Odile que j’ai beaucoup aimĂ©. Est-ce encore Ă  cause de Paris ? Vos livres, malgrĂ© les apparences, ne sont pas gais. Ils racontent presque tous des Ă©checs. Ce sont des fĂ©eries vraies et mĂ©lancoliques »...

1 000 - 1 500

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39 CASSATT Mary (1844 - 1926).

2 L.A.S., [Paris 1911], au critique d’art Achille SEGARD ; 3 et 2 pages in-8 à son adresse 10 rue de Marignan (deuil). Au futur auteur de Mary Cassatt, un peintre des enfants et des mùres (Ollendorff, 1913).

18 octobre [1911]. Elle le prie d’excuser son retard Ă  lui rĂ©pondre : « La vĂ©ritĂ© est que je suis en ce moment une pauvre femme malade, incapable de m’occuper de rien. AprĂšs un hiver passĂ© en Egypt j’ai eu la grande douleur de perdre le dernier membre de ma famille Ă  Paris au printemps dernier [son frĂšre Gardner]. La chose a Ă©tĂ© trop pour moi et je ne commence que maintenant Ă  sortir d’une dĂ©pression nerveuse qui m’a enlevĂ© toute force »  Elle ne fait que passer Ă  Paris pour voir un mĂ©decin, et remet Ă  plus tard le plaisir de le voir. « Quant Ă  ce que Monsieur DestrĂ©es vous a dit, il y a erreur je ne possĂšde qu’un seul de mes tableaux, et je ne crois pas que ce soit parmi les meilleurs. Mess. DURAND-RUEL savent beaucoup mieux que moi oĂč sont mes tableaux, aussi chez M. VOLLARD

6 rue Lafitte il y a des pastels »  Elle le charge de rĂ©pondre au souvenir de CLEMENCEAU « J’espĂšre qu’il garde toujours sa grande vitalitĂ© et son bel Ă©nergie. Les hommes en AmĂ©rique s’en vont de si bon heur terrassĂ© par la lutte Ă  soixante ans. Combien on est plus sage ici »  Jeudi. Elle est rentrĂ©e mardi et aura plaisir Ă  le voir, en dĂ©but d’aprĂšs-midi, « car je suis obligĂ©e de prendre l’air quand le temps est beau » 

40 CASSATT Mary (1844 - 1926).

L.A.S., Mesnil-Breaufresne par Mesnil-Theribus (Oise) Samedi [automne 1911], au critique d’art Achille SEGARD ; 4 pages in-8 à son adresse (petit deuil).

« J’étais Ă  Paris cette semaine pour deux jours, mais je n’aurais pas eu la force de causer art, je suis en convalescence mais c’est long et je ne travaille pas encore. Je suis obligĂ©e de vous demander de venir ici puisque je ne puis retourner de suite Ă  Paris ». Sa niĂšce, qui va repartir pour l’AmĂ©rique, doit venir la voir
 « Mon auto est en rĂ©paration mais j’ai une petite voiture en location, je serai obligĂ©e de vous demander de venir jusqu’à Chaumont en Vexin. Je serais heureuse de vous dire de vive voix combien j’admire votre beau livre sur le SODOMA [Giov. Antonio Bazzi detto Sodoma et la fin de l’école de Sienne au XVI e siĂšcle]. Je l’ai lue avec un grand plaisir. Quand au livre que vous me dĂ©diez, il me semble que mon bagage artistique est bien lĂ©ger. Il y a bien longtemps que je n’ai vue de mes tableaux, on me dit qu’il y a deux trĂšs anciennes choses au salon d’Automne de moi. Comment trouvez-vous ce procĂ©dĂ©e, d’exposer des tableaux d’un peintre sans lui en demander l’autorisation ? » 

41 CÉLINE Louis-Ferdinand (1894 - 1961).

L.A.S. « Destouches », [Prison de Copenhague] Jeudi 1er aoĂ»t 1946, Ă  son avocat danois Thorvald MIKKELSEN et Ă  SA FEMME Lucette DESTOUCHES ; 2 pages in-4 au crayon sur papier rose Ă  en-tĂȘte de la prison KĂžbenhavns

FĂŠngsler, Vestre Foengsel

Belle lettre de prison, en grande partie à sa femme Lucette , publiée dans les Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maßtre Mikkelsen (Gallimard, 1998, n° 103).

« VOLTAIRE caractĂ©rise la France comme une nation “lĂ©gĂšre et dure”. Rien hĂ©las n’est plus exact » ; il est vain d’attendre une amnistie : « Je n’attends rien de la magnanimitĂ© française ! ». Quant Ă  CHARBONNIERE, « ce petit roquet foireux enragĂ© reprĂ©sente ma pauvre Patrie » 

À sa femme : il ne faut plus compter sur une libĂ©ration prochaine, il en a pour des annĂ©es : « L’impatience est le vinaigre des supplices ». Il est vain d’attendre de l’aide de BIDAULT, « un pauvre petit merdeux Ă©clos dans la mascarade de la rĂ©sistance oĂč tout petit merdeux capable de dĂ©valiser un bureau de tabac s’est pris pour un nouveau Clemenceau », de TEITGEN et autres nabots, « poux de catastrophe ». Il fait des recommandations pour l’hiver Ă  Lucette, et pour le chat BÉBERT. Il regrette : « J’ai manquĂ© de rĂ©flexe, de vivacitĂ©, d’instinct de conservation. [
] Plus Ă©veillĂ© je filais en Espagne 1 an plus tĂŽt et tout Ă©tait dit. [
] Ce sont les vieux sangliers qui tombent les premiers Ă  la chasse ».

42 CÉLINE Louis-Ferdinand (1894 - 1961).

L.A.S. « LFC », [KĂžrsĂžr] Le 31 [dĂ©cembre 1947], Ă  son ami Georges GEOFFROY ; 3 pages in-fol., enveloppe. Il lui souhaite une bonne annĂ©e, et l’encourage Ă  venir le voir... « je te vois encore bien mĂ©lancolique avec ton HĂ©lĂšne ! Et foutre elle rigole bien, baise bien, bouffe bien. Elle te mĂ©nage pardi dans le cas oĂč
 Si tu es assez cave pour te laisser mettre au placard, en pot de confiture Ă©ventuel ! » Qu’il fasse comme Popol [Gen-Paul] qui « jouit seconde par seconde. Fais en autant bordel ! Demain quand [les] Chinois seront Place de la Concorde, ce n’est pas le souvenir d’HĂ©lĂšne qui te rattrapera le moment perdu ! [
] quand on est condamnĂ© Ă  mort on va tout de suite Ă  l’essentiel on ne le quitte plus. 4 ans de misĂšre infecte de supplice sans nom vous ĂŽtent le goĂ»t des vains chichis. [
] L’homme libre est celui qui a de l’argent en poche. Alors la vie, les filles, la libertĂ©, l’amour, et nom de Dieu la jeunesse ! »...

17 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
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43 CÉLINE Louis-Ferdinand (1894 - 1961).

L.A.S. « LF CĂ©line », Meudon 28 juin [1957], Ă  Pascal PIA ; 3 pages in-4 Ă  son cachet en-tĂȘte, enveloppe. Il a pris connaissance de son article dans Carrefour [Ă  propos de son roman D’un ChĂąteau l’autre] et est trĂšs heureux « d’ĂȘtre si bien compris et si justement commentĂ© [
] Que les autres critiques en prennent de la graine ! avant que j’expire !... et eux aussi !... Petit dĂ©tail
 si je suis encore Ă  peu prĂšs en vie et capable de vous remercier c’est que j’ai quittĂ© la France en AoĂ»t 44
 oĂč pouvais-je aller ?... en Espagne ? C’était signer ma condamnation
 restait le Danemark neutre oĂč j’avais dĂ©posĂ© tous mes droits d’auteurs, qui nous servirent Ă  vivre moi et ma femme, en prison et hors prison, pendant sept ans
 Mais le Danemark via l’Allemagne, pas d’autres chemins !... Il faut se reporter aux Ă©poques et aux faits, pour se mettre Ă  ma place
 En France je n’aurais mĂȘme pas vu la Cour de Justice, j’étais Ă©charpĂ© bien avant d’ĂȘtre jugĂ© ! À mesure que les annĂ©es passent tout devient conforme Ă  une certaine vĂ©ritĂ© “convenable” et complĂštement dĂ©raillĂ©e
abracadabrant
 »  Il termine en l’invitant Ă  venir le voir : « en deux mots, vous en saurez plus que cent Ă©quipes de jaseurs Ă  vide » 

44 CHAMFORT Sébastien Roch Nicolas de (1740 - 1794) écrivain et moraliste.

L.A.S. « de Chamfort », Paris 16 septembre [1770, Ă  Jean-François de LA HARPE] ; 3 pages et demie in-4. Il se dit inconsolable de n’avoir pu lui rĂ©pondre plus tĂŽt, mais une fiĂšvre l’a forcĂ© Ă  prolonger son sĂ©jour Ă  la campagne... Son ami connaissait les raisons qui l’ont « privĂ© du plaisir de passer quelque tems auprĂšs de vous et de M e de Marnesia », mais le silence lui faisait craindre d’avoir perdu sa si prĂ©cieuse amitiĂ© : « Je suis charmĂ© [
] d’ĂȘtre rassurĂ© par vous mĂȘme et j’attribue tout Ă  cette mauvaise goute dont vous parlez ». Il serait ravi « si je pouvois me dedomager cet hyver du tems perdu », mais il est retenu Ă  Paris par sa santĂ© et toutes sortes d’engagements, dont sa comĂ©die Le Marchand de Smyrne « qui sera peut-ĂȘtre jouĂ© cet hyver, une autre bagatelle qui le sera Ă  la cour au commencement de novembre, une tragĂ©die qui doit ĂȘtre prĂȘte au printems prochain, voila plus de besogne qu’il n’en faut Ă  une tĂȘte et Ă  une santĂ© comme la mienne. Ainsi Monsieur je suis obligĂ© de remettre Ă  un autre tems le projet d’aller partager votre solitude »  Il est enchantĂ© de le voir songer Ă  un Éloge de FĂ©nelon : « Ce sujet vous convient de toutes les maniĂšres et son Ăąme est digne d’ĂȘtre louĂ©e par la votre. Des occupations d’un autre genre m’empĂȘcheront d’ĂȘtre votre concurrent et mes vƓux sont sans rĂ©serve pour l’amitiĂ© » 

45 CHATEAUBRIAND François-René de (1768 - 1848).

L.A., Lausanne 26 juin 1826, à son amie la duchesse de DURAS ; 2 pages et quart in-4. Lettre évoquant la censure et la publication du Dernier Abencérage

Il annonce leur retour Ă  Paris; Mme de Chateaubriand va bien et l’infirmerie la rappelle. « Moi, j’ai mis au net la plus difficile besogne et je souffre tant que ces deux raisons me dĂ©terminent Ă  abrĂ©ger. Enfin, imaginez que dans cette rĂ©publique on vient d’établir la censure. Je fuis cette peste au risque de la retrouver Ă  Paris ». Il va faire un bref voyage Ă  GenĂšve, avant de revenir pour une douzaine de jours Ă  Lausanne, et de rentrer Ă  Paris. « Je ne sais rien de ce monde, ni de la politique aprĂšs la session, ni mĂȘme de mon Ă©dition et du destin d’Aben-Hamet. Je n’écris Ă  personne, personne ne m’écrit, et je serois dans le repos le plus complet si vous n’étiez pas malade, si je ne travaillois pas trop et si je n’étois pas boĂźteux. J’ai dormi la nuit derniĂšre quatre heures pour la premiĂšre fois depuis trois semaines : je plains bien Ă  prĂ©sent les insomnies du pauvre Frisel. Je vais voir Ă  GenĂšve une autre malade M de de CUSTINE. Elle me fait grand’pitiĂ©. Astolphe est venu me voir. [...] Que devenez-vous ? Restez-vous dans votre forĂȘt ? Allez-vous Ă  la mer ? Enfin avant un mois je vous verrai. Dieu soit louĂ© de tout ».

46 CHRISTINE DE SUÈDE (1626 - 1689) Reine de SuÚde.

L.A. (minute), [Rome 1669 ?], Ă  Franz Egon von FÜRSTENBERG, Ă©vĂȘque de Strasbourg ; 4 pages in-4 avec ratures et corrections.

Belle lettre d’exil à Rome sur sa situation financiùre difficile, et ses relations avec la Cour de France au sujet de l’argent promis lors de son abdication

Elle remercie l’évĂȘque de sa lettre pour la nouvelle annĂ©e, « vous priant de croire que ces marques de vostre amitie ont este agreablement receus de moy et je veux bien aussi vous asseurer qu’on ne vous a pas trompĂ© en vous persuadant que je suis sincerement vostre amye a vous et a Mr le Prince vostre frere ». Elle le remercie de son offre « de me servir a la cour de France », et lui expose « lestat des choses » 

« Il y a longtemps qu’on me doit un reste de subsides des gens passes d’Allemange que je me suis reserve a mon Abdication », et qu’elle a sollicitĂ© Ă  la Cour de France « en personne lorsque j’y estoy. Lon me promit de me satisfaire et on me paya mesme quelque peu dargent que je receus a ce conte differant le reste a un temps plus comode », qu’elle n’a pas rĂ©clamĂ©. « Mais les malheurs du temps et la perte de tous ce que possedois en Suede et en Allemange mont forcĂ© de remettre sur le tapis cette ancienne pretension, qui est lunique ressource qui me reste dans lestat present [
] Cest pourquoy jescrivis sur ce sujet en France pour tacher den tirer quelque chose ou du capital ou de linterest ». Le cardinal d’ESTE a Ă©tĂ© chargĂ© de lui porter la rĂ©ponse, oĂč elle comprit « quon nestoit pas dispose a me rendre justice la dessus a present, et je ne men estonnoy pas trop sachant tres bien que je ne suis pas la seulle au monde a qui largent manque »  Le cardinal d’Este est retournĂ© en France, et elle attend son retour avec espoir
 « Vous ne me persuaderez pas aysement que les dispositions de la Cour de France se treuvent favorables pour moy car je say les bons offices quon my rendt touts les jours dycy qui ne manqueront pas de produire leurs effets ordinaires comme ils les ont produits autrefois. Par bonheur je me suis accoustume depuis que jay lage de la rayson a me passer de tout ce qui nest pas Dieu, ainsi vous voyez que je nauray pas de poine a me consoler de tous les malheurs qui marrive » 

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47 COCTEAU Jean (1889 - 1963).

6 POÈMES autographes, dont 3 signés ; 12 pages in-4 et 1 page in-fol. Bel ensemble de poÚmes de jeunesse, la plupart inédits

La Trahison, 6 quatrains (2 ff.) : « A seize ans on n ’a pas une attache profonde » 

Petite chanson plaisante pour la dame inconnue, 8 quatrains, signé « Jean Cocteau » (3 ff. sur papier bleu) :

« Nul prestige ne te dĂ©core / (Et sur quel sol ? Et sous quel toit ?) » 

Éloge d ’une tranche de pastĂšque, 4 quatrains, signĂ© (3 ff.), publ. dans les « PoĂšmes de jeunesse inĂ©dits », ƒuvres poĂ©tiques complĂštes, Bibl. de la PlĂ©iade, p. 1522) : « Verte gondole oĂč gĂšle et vogue un sorbet au palais de Doges » 

« Pourtant ce n ’est plus l’ñge oĂč je devais bientĂŽt / Sentir couler en moi l ’adolescence Ă©mue » . 6 quatrains (1 p. in-fol.), signĂ© « JC ».

« Peut-ĂȘtre un grand vapeur qui fait escale aux rives / MĂšnera-t-il un jour mon tumulte enfin las » ., sonnet signĂ© « JC » (1 p.).

« Tu seras sur ma bouche et contre mon oreille » , , 7 quatrains, signĂ© « JC » (3 ff.).

48 COLETTE (1873 - 1954).

L.A.S. « Colette et Maurice », La Treille Muscate, Ă  Misz MARCHAND ; 2 pages in-4 sur papier bleu Ă  en-tĂȘte de La Treille Muscate

« Ma-Misz, le beau temps, la mer tiĂšde ne m’empĂȘchent pas de regretter CostaĂ©rĂšs et mes LĂ©o. [...] J’ai dĂ©jĂ  accompli mille travaux, trouvĂ© une grenouille verte adorable dans mon fauteuil et sauvĂ© un beau lĂ©zard tombĂ© dans un petit bassin. Il levait les bras pour appeler au secours ! Je suis arrivĂ©e Ă  temps. La couleuvre de la cuisine s’est Ă©tablie dans le garage. Beaucoup d’oiseaux, Ă  cause de la sĂ©cheresse environnante. Et des fleurs. Et tout. Tout, mais pas mes LĂ©o » 

49 COURTELINE Georges (1858 - 1929).

MANUSCRIT autographe signé « Georges Courteline », Un mec ; 12 pages in-8 ou in-12..

Amusant conte, oĂč Courteline, apprenant que son ami d’enfance Lagrillade est devenu maquereau, Ă©voque ses annĂ©es de collĂšge, le projet de son livre Les Leçons de la Vie, puis trace avec humour les 4 types d’« Incorrects » : le Poseur de lapins, le Gigolo, le Gigolo appointĂ© et le Mec proprement dit... Le manuscrit, de l’écriture du jeune Courteline, prĂ©sente des ratures et corrections. Il a Ă©tĂ© dĂ©coupĂ© pour l’impression, et remontĂ©.

Ancienne collection Daniel SICKLES (XIII, 5253).

50 DAUDET Alphonse (1840 - 1897).

MANUSCRIT en partie autographe, Bompard et Tartarin, aventures de deux alpinistes, [ Tartarin sur les Alpes, 1884] ; 239 feuillets petit in-4 (21,5 x 17 cm), foliotés 1 à 241 (83-84 et 93-94 sur un feuillet) ; reliure maroquin bleu nuit, dos à nerfs, doublure de maroquin havane, encadrement de feuillages mosaïqués de maroquin vert et rouge, gardes de faille havane, doubles gardes de papier jaspé, étui.

Manuscrit complet du roman Tartarin sur les Alpes

Suite des aventures de Tartarin de Tarascon, le roman raconte le nouvel exploit du chasseur de fauves, parti à l’assaut des sommets alpins, la Jungfrau et le Mont Blanc


Le manuscrit porte le titre primitif : Bompard et Tartarin, aventures de deux alpinistes. Seul le premier chapitre est autographe (16 feuillets) est autographe. Le reste du manuscrit est de la main de son secrĂ©taire Jules Ebner, Ă  qui Daudet dictait, et porte de nombreuses corrections autographes de Daudet. Le manuscrit est rĂ©digĂ© Ă  l’encre brune au recto des feuillets ; il prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections ; il a servi pour l’impression de l’édition originale, publiĂ©e sous le titre Tartarin sur les Alpes. Nouveaux exploits du hĂ©ros tarasconnais (Calmann-LĂ©vy, « Collection Guillaume », 1885), et porte des indications du typographe au crayon bleu. Il est divisĂ© en 14 chapitres, le dernier, XIV, intitulĂ© Épilogue

On a reliĂ© en tĂȘte : – un portrait de Daudet gravĂ© par Adrien Nargeot ; – 2 L.A.S. d’Alphonse Daudet Ă  l’éditeur Édouard Guillaume : Champrosay 25 juillet 1884 (1 p.in-8) : « DĂ©cidĂ©ment votre offre me sĂ©duit et je suis prĂȘt Ă  m’engager avec vous et vos associĂ©s pour un roman inĂ©dit Ă  illustrer. Comme vous avez plus la pratique des affaires que moi, veuillez faire un traitĂ© que nous lirons et dĂ©battrons ensemble. Mes conditions sont celles-ci : une prime de 25.000 francs me sera payĂ©e quand je livrerai la premiĂšre moitiĂ© de mon manuscrit. Je toucherai 3 fr. 50 par exemplaire sur le volume Ă  20 francs [...] Titre provisoire : Bompard et Tartarin, ou le Voyage en Suisse »  10 mars 1885 (1 p. in-12) : « Tartarin est Ă  Interlaken, il veut aller Ă  Montreux. Quel chemin de fer prend-il, par oĂč passe-t-il pour arriver vite ? » – Un reçu autographe signĂ© de Daudet, Paris 30 dĂ©cembre 1885 : « Reçu de MM.Guillaume la somme de vingt mille francs » 

Provenance : Alain de Suzannet (ex-libris armoriĂ© ; vente 1936, n° 44) ; Pierre GuĂ©rin (ex libris) ; Du Bourg de Bozas Chaix d’Est Ange (ex-libris armoriĂ©, vente 27-28 juin 1990, n° 170).

1 000 - 1 500

19 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
800
600 -
1 000 - 1 200
4 000 - 5 000

51 DICKENS Charles (1812 - 1870).

L.A.S. « Charles Dickens », [Londres] « 48 Doughty Street » mercredi matin [1837 ?], Ă  William B. ARCHER Esquire ; 4 pages in-8 (lĂ©gĂšres traces d’encadrement) ; en anglais. Belle lettre de conseils littĂ©raires, et sur la prĂ©sence des morts bien-aimĂ©s dans les pensĂ©es et les rĂȘves des vivants

Il a lu avec plaisir et intĂ©rĂȘt le rĂ©cit d’Archer, et lui fait des suggestions, notamment de fortement condenser la scĂšne d’ouverture avec le prĂȘtre, et mĂȘme de supprimer complĂštement la visite au chĂąteau, en ajoutant quelques mots sur les rapports que nos esprits entretiennent couramment avec ceux des morts bien-aimĂ©s dans des pensĂ©es Ă©veillĂ©es et dans des rĂȘves dans lesquels nous les voyons (les sachant ne plus ĂȘtre de ce monde) sans crainte ni douleur
. [À cette pĂ©riode, Dickens est hantĂ© par le fantĂŽme de sa belle-sƓur, Mary Hogarth (dĂ©cĂ©dĂ©e le 7 mai 1837), dont on trouvera la trace peu aprĂšs dans Nicholas Nickleby.]

« I would condense – greatly condense – the opening scene with the priest [
] But to my mind you would make the tale a much better one if you wholly omitted the visit of the Priest and yourself to the castle, [
] adding a few words to the effect that our spirits commonly hold intercourse with those of the beloved dead in waking thoughts and dreams in which we see them (knowing them to be no longer of this world) without fear or pain, tender might come to the story. I would materially shorten the commencement of the story itself, and I would describe a little more forcibly the Heros holdness when he sees the shade and mokes after it [
] I reserve my final suggestion for a fresh paragraph, because it is a sweeping one. I beg you to understand that I leave it entirely to yourself, and if you prefer the paper in its present and that if there be any case in which strong and blameless sympathy could be supposed to bring the dead and living together, it would be such a case as you describe » 

52 DIVERS

Environ 95 lettres ou piùces, la plupart L.A.S. d’hommes politiques ou militaires.

Joseph BarthĂ©lemy, Louis Barthou, R. BĂ©renger, V. de Broglie, F. Buisson, Émile Combes, Ad. CrĂ©mieux, Élie duc Decazes (1884), Th. DelcassĂ©, Paul Deschanel, Eug. Étienne, Fabvier (Ă  Gourgaud), C. de Freycinet, Galliffet, Yves Guyot, Ed. Herriot, Anatole de La Forge, amiral Mornet, g al NĂ©grier, Paul PainlevĂ©, Louis Passy, G. Payelle, R. PoincarĂ©, Antonin Proust, Th. Ribot, g al Rolin, LĂ©on Say (4), Jules Simon, Édouard Vaillant, m al Vaillant, RenĂ© Viviani, R. Waldeck-Rousseau, etc.

Plus un registre de signatures pendant la maladie d’Élie Le Royer et lors son dĂ©cĂšs (1897).

53 EINSTEIN Albert (1879 - 1955).

L.S. « Albert Einstein », Le Coq que mer 14 juillet 1933, Ă  Édouard GUILLAUME ; 1 page in-4 dactylographiĂ©e (traduction anglaise jointe).

Il soutient chaudement l’initiative de Lisa Einstein pour obtenit la permission d’un Ă©jour en Angleterre. Lisa Einstein est la fille d’un des meilleurs docteurs de Stuttgart. Elle a Ă©tudiĂ© la mĂ©decine pendant deux ans mais est forcĂ©e, à cause des mesures contre les juifs allemands (« durh die gegen die deutschen Juden gerichteten Massnahmen ») d’abandonner ses Ă©tudes. Elle souhaite devenir infirmiĂšre, carriĂšre qui lui est Ă©galement interdite en Allemagne à la suite des nouveaux rĂ©glements. Le Guys Hospital de Londres serait prĂȘt Ă  l’accueillir


54

EINSTEIN Albert (1879 - 1955).

L.A.S. « Albert », [Berlin] 27 mars 1931, Ă  Mileva EINSTEIN-MARIC ; 1 page in-4 ; en allemand. À sa premiĂšre femme

Il est, Dieu merci, de retour du tourbillon des États-Unis (« Wieder zurĂŒck von dem Strudel von Amerika – gottseidank »). Il y a cherchĂ© en vain les cactus demandĂ©s par Mileva ; mais il a appris que des cactus rares sont Ă©levĂ©s par une pĂ©piniĂšre d’Erfurt.

Il aimerait contribuer financiĂšrement au dĂ©mĂ©nagement de son fils Albert, mais prĂ©fĂšre confier l’argent Ă  Mileva, ayant toute confiance en ses capacitĂ©s financiĂšres (« weil ich zu Deinen wirtschaftlichen FĂ€higkeiten besonderes Vertrauen habe »).

Il profite de la tranquillitĂ© (relative !) de Berlin et travaille d’arrache-pied sur l’espace Ă  structure parallĂšle : « Ich arbeite fest und geniesse die (relative !) Ruhe von Berlin. Es geht immer noch um den Raum mit Parallelstruktur ».

Il est trĂšs content des messages qu’il a reçus de Tetel (Eduard son second fils), dont Toni lui a parlĂ© avec beaucoup d’enthousiasme


LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 20
1 200 - 1 500
200 - 300
1 000 - 1 200
2 000 - 2 500

55 EINSTEIN Albert (1879 - 1955).

L.A.S. « A.E. », 11 mai 1950, Ă  Ernst Gabor STRAUS ; 2 pages in-4 trĂšs remplies d’une Ă©criture serrĂ©e ; en allemand. Belle lettre scientifique sur la question de la compatibilitĂ© dans la thĂ©orie de la relativitĂ©, avec calculs, Ă©quations et tableau

[Ernst Gabor STRAUS (1922 - 1983), nĂ© Ă  Munich, avait fui les persĂ©cutions nazies et fait ses Ă©tudes de mathĂ©matiques en Palestine Ă  l’universitĂ© de JĂ©rusalem, puis aux États-Unis ; en 1944, devenu l’assistant d’Einstein Ă  l’Institute of Advanced Study de Princeton, il apporta comme mathĂ©maticien une aide importante au physicien, Straus formulant un cadre mathĂ©matique pour les concepts d’Einstein. Ils cosignĂšrent trois communications et remirent Ă  jour ensemble de nombreuses publications anciennes d’Einstein. C’est pendant leur collaboration que fut conçue une idĂ©e nouvelle dans la recherche d’une thĂ©orie du champ unifiĂ©, qu’ils appelĂšrent « ThĂ©orie complexe ». La ThĂ©orie complexe se distinguait d’approches antĂ©rieures, par l’utilisation d’un tenseur mĂ©trique Ă  valeurs complexes plutĂŽt que le tenseur rĂ©el de relativitĂ© gĂ©nĂ©rale. Des communications furent Ă©bauchĂ©es, rejetĂ©es ou retravaillĂ©es et publiĂ©es. En 1948, Straus partit comme professeur Ă  UCLA, mais les Ă©changes scientifiques entre les deux savants continuĂšrent, sur la ThĂ©orie.]

Correspondre est une chose fastidieuse. Mais comme il s’agit d’une question intĂ©ressante, Einstein aimerait qu’ils parviennent Ă  un accord total. Il ne trouve pas l’objection de Straus justifiĂ©e, et maintient que son calcul est correct. Il reprend diverses Ă©quations, dans le cas de la gravitation pure, et dresse une liste d’équations d’intersection
 Cependant, le nombre d’équations dans chaque ligne est limitĂ© par les identitĂ©s de Bianchi. Et c’est sur ce point qu’ils ne sont pas d’accord, notamment au sujet des g ik. Plus loin, Eistein dresse un tableau donnant le schĂ©ma des Ă©quations F, S et Bianchi
Ce qui reste sans rĂ©ponse dans cette considĂ©ration est la question du nombre de fonctions librement sĂ©lectionnables de moins de 3 variables. Mais cela n’a pas d’importance pour juger de la multiplicitĂ© des solutions. Puis il est gĂȘnĂ© par un paradoxe qui ne le laisse pas en paix : le paradoxe rĂ©side dans le fait que le choix particulier des coordonnĂ©es requis pour la dĂ©rivation s’évapore en moyenne, car on arrive Ă  un systĂšme dans lequel il n’y a pas de choix spĂ©cial de coordonnĂ©es. Il serait bien entendu plus satisfaisant si l’on pouvait trouver un Ă©tat de surface indĂ©pendant d’une spĂ©cialisation des coordonnĂ©es


« Es ist eine langwierige Sache, das Korrespondieren. Da es sich aber um eine interessante Frage handelt, sollten wir es zu einer vollen Einigung bringen. Also muss ich sagen, dass ich Ihren Einwand nicht gerechtfertigt finde, sondern immer noch daran festhalte, dass meine AbzĂ€hlung richtig ist. Worin wir ĂŒbereinstimmen, ist folgendes. (zunĂ€chst im Falle der reinen Gravitation) Die Gleichungen Rik = 0 können nicht nach gik 144 aufgelöst werden. Sonst waren alle gik,144, gik,444 etc. in einem Schnitte aus den gik und gik,4 (als gegebene Funktionen der x, x 2 x 3) berechnet worden, was nicht mit der Freiheit der Koordinatenwahl (ausserhalb des Schnittes) vereinbar wĂ€re. Die Gleichungen können also gespalten werden in vier F = 0 und sechs S = 0

wobei F die gik,44 nicht enthĂ€lt (sondern nur die gik,4, etc), wĂ€hrend S auch die gik,44 (linear) enthĂ€lt. [
] Dies lĂ€sst sich zwar in einem Punkte durch die Koordinatenwahl gik = nik erreichen, aber nicht fĂŒr ein endliches Gebiet der FlĂ€che x4 = konst, Das oben angegebene Argument fĂŒr diese Spaltbarkeit von Rik im F und S ist aber von jeglicher speziellen Darstellung unabhĂ€ngig.

Die Schnittgleichungen sind also zunÀchst. [tableau]

Die Zahl der Gleichungen in den einzelnen Zeilen wird aber durch die Bianchi-IdentitĂ€ten eingeschrĂ€nkt. Hier ist nun der Punkt, in dem wir nicht ĂŒbereinstimmen. Sie sagen nĂ€mlich, dass die Bianchi-Id. die gik,444 nicht enthalten. Dies ist zwar richtig fĂŒr eine Normierung gik =nik. Eine solche Normierung ist aber fĂŒr eine endliche Ausdehnung der SchnittflĂ€che nicht erzielbar ; deshalb ist die Behauptung nicht zutreffend, dass in den Bianchi-IdentitĂ€ten die gik,444 nicht auftreten. Die vier Bianchi-IdentitĂ€ten treten deshalb erst in der vierten Zeile auf. In diesen Zeile gibt es 4+6-4 also 6 unabhĂ€ngige Gleichungen fĂŒr die gik,444. FĂŒr die dritte Zeile gibt es keine Bianchi-IdentitĂ€t. Die 4+6 Gleichungen sind also voneinander unabhĂ€ngig. [
]

In der dritte Zeile hat man dann 4 Bedingungen zu viel fĂŒr die gik,44. Durch Elimination (unter Verwendung von Differentiation nach x, x2 x3) entstehen vier weitere Gleichungen die gik, 4.

Vor der Koordinatenwahl hat man also fĂŒr die Gleichungen der Schema [tableau F/S/Bianchi].

Die Zeilen liefern also 0,4,10,6,6
 Gleichungen also 10,6,0,4,4
 frei bleibende Grössen. Nach vollstĂ€ndiger Koordinatenwahl 6,2,-4,0,0 frei bleibende Grössen, im Ganzen also 4.

Was bei dieser Betrachtung unbeantwortet bleibt, ist die Frage nach der Zahl der frei wĂ€hlbaren Funktionen von weniger als 3 Variabeln. Dies ist aber unwichtig fĂŒr das Beurteilen der Mannigfaltigkeit der Lösungen. [
]

Es ist aber hierbei eine Paradoxie, dir mir keine Ruhe lÀsst. Ich adjungiere zu dem Gleich. System (Ia) die KoordinatenBedingungen [
]

Um nun von hier zum System I zu gelangen, hat man nur die einzige FlĂ€chenbedingung in der ernsten Zeile zu erfĂŒllen [
]

Dadurch vermindert sich ja die Zahl der freien Funktionen von 3 Variabeln nur um 1. Das Paradoxe aber liegt darin, dass die fĂŒr die Ableitung erforderliche besondere Koordinatenwahl durch das HinzufĂŒgen von M4=0 im Schnitt sozusagen “verdampft”, indem man zu einem System gelangt, in dem es keine besondere Koordinatenwahl M1=M2=M3=0 gibt. Es wĂ€re natĂŒrlich befriedigender, wenn man eine FlĂ€chenbedingung unabhĂ€ngig von einer Spezialisierung der Koordinaten finden könnte, die den Übergang von (Ia) zu (I) leistet » 

21 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
10 000 - 15 000

56 ÉLUARD Paul (1895 - 1952).

POÈME autographe signé « Paul Eluard », Les amis II, 1937 ; 1 page in-4.

PoĂšme en prose recueilli en 1947 dans Le Livre ouvert. Éluard a inscrit la date sous sa signature : « chez RenĂ© Char le 19-1-37 ». Le manuscrit, sur papier jaune, prĂ©sente des ratures et corrections.

« Entre la porte et le sommeil de ceux qui, tout Ă  l’heure, ne voulaient pas dormir » 

On joint une L.A.S. de RenĂ© CHAR , Cannet 29 mars 1937, Ă  IrĂšne HAMOIR et Ă  son mari Jean SCUTENAIRE (1 page in-8), leur envoyant le poĂšme d’Eluard : « Toujours Ă  deux pas de la mer, mais le “printemps” a tendance Ă  faire lever de multiples hypothĂšques. [
] Et voici pour prĂ©texter le sommeil un petit poĂšme [
] avec toute mon amitiĂ© – elle plus grande et meilleure que lui ».

57 ÉLUARD Paul (1895 - 1952).

POÈME autographe signé « Paul Eluard », Critique de la poésie, [1944] ; 1 page et demie in-4 sur papier à bordure décorative gaufrée dorée et M doré.

TrÚs beau poÚme en hommage aux poÚtes martyrs, qui conclut le recueil Le lit la table, publié en Suisse au début de 1944 ; il a été également publié dans Poésie 44 (n° 20).

Éluard y Ă©voque les morts de Garcia LORCA, de SAINT-POL ROUX (et le supplice de sa fille Divine), et de Jacques DECOUR.

Le poĂšme, de 25 vers, est soigneusement Ă©crit Ă  l’encre noire sur ce joli papier dĂ©corĂ©.

« Le feu rĂ©veille la forĂȘt

Les troncs les cƓurs les mains les feuilles

Le bonheur en un seul bouquet

Confus léger fondant sucré

C’est toute une forĂȘt d’amis

Qui s’assemble aux fontaines vertes

Du bon soleil du bois flambant

FABRE D’ÉGLANTINE François-Nazare (1750 - guillotinĂ© 1794) acteur, poĂšte et auteur dramatique ; conventionnel (Paris), il prĂ©para le calendrier rĂ©publicain.

MANUSCRIT autographe (fragments) ; 12 pages petit in-4.

Éloge de MARAT, aprùs son assassinat (14 juillet 1793).

Fabre fait valoir toutes les qualités de son collÚgue : sa bonhomie, sa simplicité, son amour du vrai, sa pudeur...

Il parlait Ă  la tribune de façon prĂ©cise et lumineuse, frappant ses adversaires par sa sagesse. Mais alors « son amour pour la justice et pour la vĂ©ritĂ© lui fesait illusion, il en croyait toute l’assemblĂ©e pĂ©nĂ©trĂ©e comme lui, il se figurait l’occasion excellente pour faire triompher la patrie et le voilĂ  soudain qui remontant Ă  la tribune venait avec confiance prĂ©senter ses moyens d’utilitĂ©, et de regime politique », et l’apparente exagĂ©ration de ses propos stupĂ©fiait ses auditeurs... Ses adversaires apprirent Ă  se servir de sa franchise abondante et impĂ©tueuse... Par ailleurs, Marat Ă©tait naĂŻf, sensible et faible, donc crĂ©dule, ce qui ne l’empĂȘcha pas de prĂ©tendre au machiavĂ©lisme... Homme de gĂ©nie, d’esprit, d’érudition et de goĂ»t, il avait de grandes vertus, quelques dĂ©fauts, point de vices. « Il fut patriote excellent, rĂ©volutionnaire intrĂ©pide. S’il est arrivĂ© quelque mal par lui, la faute en est Ă  ses ennemis et aux traĂźtres, nul n’a voulu plus que lui le salut et la prospĂ©ritĂ© de la patrie, peu lui ont rendu de plus grands services. [...] Marat a bien mĂ©ritĂ© de la patrie et la postĂ©ritĂ© se souviendra religieusement de lui partout ou l’amour de la libertĂ© sera une passion »...

On joint deux autres pages autographes, oĂč Fabre parle avec admiration d’une accusĂ©e digne et fiĂšre, et rappelle les deux vertus essentielles du peuple : la pitiĂ© et la pudeur de conscience.

1 800 - 2 000

1 000 -

1 500

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 22
1 000 - 1 500
Garcia Lorca a Ă©tĂ© mis Ă  mort »  58

59 FEYDEAU Ernest (1821 - 1873).

MANUSCRIT autographe, [La Comtesse de Chalis, ou les MƓurs du jour], 1867 ; 160 pages in-fol montĂ©es sur onglets, reliure de l’époque maroquin jansĂ©niste rouge, dos Ă  6 nerfs, dentelle intĂ©rieure (Belz-NiĂ©drĂ©e ; reliure un peu frottĂ©e).

Manuscrit de travail complet de ce roman

Ce roman Ă  grand succĂšs fut donnĂ© en prime, en novembre 1867, par le journal La LibertĂ©, puis publiĂ© en dĂ©cembre en librairie par Michel LĂ©vy frĂšres. Le 13 dĂ©cembre, Flaubert fĂ©licite ainsi Feydeau : « Je suis enchantĂ©. [
] C’est leste et bien fait et amusant et vrai. Par ci par lĂ  des mots exquis. La comtesse de ChĂąlis m’excite dĂ©mesurĂ©ment, moi qui ai comme elle “la plus inconcevable des dĂ©pravations”. Ce qui me plaĂźt lĂ -dedans, c’est le sentiment de la ModernitĂ© ». Et le 15 dĂ©cembre, il Ă©crit Ă  son ami Duplan : « l’artiste Feydeau a un vrai succĂšs avec La Comtesse de ChĂąlis ».

De l’aveu de l’auteur, La Comtesse de ChĂąlis fit « un bruit du diable ainsi que de beaucoup d’autres choses », car on croyait y reconnaĂźtre beaucoup de personnages de la haute sociĂ©tĂ© contemporaine. Ce rĂ©cit Ă  la premiĂšre personne raconte l’aventure de Charles KĂ©rouan, fils d’une excellente famille, qui devient professeur d’histoire. Il rencontre la comtesse de ChĂąlis avec son amant le prince Titiane. La comtesse le charge de rĂ©cupĂ©rer des lettres compromettantes et son portrait ; aprĂšs le dĂ©part du prince, Charles devient l’amant de la comtesse. Puis il quitte l’enseignement, perd au jeu, sombre dans la misĂšre. Le comte de ChĂąlis le retrouve et l’engage comme prĂ©cepteur de ses enfants, mais le charge aussi d’espionner sa femme. Charles surprend une scĂšne sado-masochiste oĂč la comtesse se fait battre par Titiane. Il provoque en duel Titiane, qui le blesse ; il quitte alors Paris et se rĂ©fugie chez son pĂšre. Il apprendra plus tard que le comte de ChĂąlis, excĂ©dĂ© de la conduite scandaleuse de sa femme, la surprit au lit se livrant Ă  la dĂ©bauche entre Florence et Titiane, Ă©trangla Titiane, et fit interner la comtesse dans la maison de santĂ© du Docteur Blanche. Avant de mourir, le comte Ă©crit Ă  Charles en le chargeant, pour expier son adultĂšre, de raconter, sans en rien attĂ©nuer, la triste histoire dont il fut le tĂ©moin. Le manuscrit, datĂ© Ă  la fin « Trouville 15 octobre 1867 », est Ă©crit sur de grandes feuilles de papier rĂ©glĂ© Ă  l’encre brune ou bleue. Il est complet, bien que paginĂ© de 2 Ă  160. Il est surchargĂ© de ratures et corrections, avec des passages biffĂ©s, de nombreuses additions dans les marges, et d’importantes nouvelles rĂ©dactions collĂ©es sur la version primitive.

23 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
700 - 900

60

FLAUBERT Gustave (1821 - 1880).

MANUSCRIT autographe signé « G ve Flaubert », Loys XI , drame, 1838 ; 88 feuillets in-fol. (31,5 x 22, 5 cm) montés sur onglets en un volume in-fol., relié demi-maroquin havane à coins, dos lisse avec titre doré en long, non rogné (Canape et Corriez).

Unique manuscrit de cette premiĂšre tentative théùtrale du jeune Flaubert « Ce drame achevĂ©, cette reprĂ©sentation Ă©tendue et dominĂ©e d’un moment important de l’histoire, est l’Ɠuvre d’un collĂ©gien de seize ans et demi », comme l’indique Guy Sagnes, qui ajoute que ce drame est « incontestablement supĂ©rieur aux rĂ©cits historiques que Flaubert avait composĂ©s deux ans plus tĂŽt en empruntant Ă  la maniĂšre de Dumas. Une documentation sĂ©rieuse et prolongĂ©e a fourni Ă  l’imagination toujours puissante une matiĂšre sĂ»re tandis que son intelligence passionnĂ©e avait acquis le sens de l’histoire ».

Caroline Franklin-Grout, niĂšce et hĂ©ritiĂšre de Flaubert, a rĂ©sumĂ© ce drame, dont elle possĂ©dait le manuscrit, dans un article de 1906 : « C’est une peinture du roi, de sa cour, de sa lutte contre le duc de Bourgogne, de son entrevue avec saint François de Paule et de sa mort Ă  Plessis-les-Tours. Olivier, Tristan, Commines, Coictier sont les principaux personnages ; il y a une scĂšne de tendresse entre le duc de Bourgogne et sa fille Marie, peu d’instants avant qu’il soit vaincu et tuĂ© sous les murs de Nancy ». L’édition originale a paru chez Conard en 1910. Le manuscrit est restĂ© inconnu des Ă©diteurs des ƒuvres de jeunesse dans la PlĂ©iade.

La page de titre est datĂ©e « FĂ©vrier 1838 ». Le drame est prĂ©cĂ©dĂ© d’une prĂ©face datĂ©e « Samedi soir 3 mars 1838 ». Le manuscrit, d’une Ă©criture cursive Ă  l’encre brune au recto et verso de feuillets numĂ©rotĂ©s par Flaubert ([1] Ă  85, avec deux ff. 66), prĂ©sente des ratures et corrections, ainsi que quelques passages biffĂ©s. La piĂšce comprend un Prologue (5 scĂšnes), et cinq actes, le quatriĂšme Ă©tant divisĂ© en deux tableaux. Citons le texte de prĂ©sentation rĂ©digĂ© par Flaubert en tĂȘte de son manuscrit : « Je viens enfin de finir mes 85 pages, et j’éprouve maintenant le besoin de rĂ©sumer les impressions que j’ai subies pendant ces quinze jours de travail et d’enfantement. – J’avais Ă©tĂ© vivement Ă©pris de la physionomie de Louis XI, placĂ©e comme Janus entre deux moitiĂ©s de l’histoire, il en reflĂ©tait les couleurs et en indiquait les horizons. MĂ©lange de tragique et de grotesque, de trivialitĂ© et de hauteur, cette tĂȘte-lĂ  mise en face de celle de Charles le TĂ©mĂ©raire Ă©tait tentante, vous l’avouerez, pour une imagination de seize ans amoureuse des sĂ©vĂšres formes de l’histoire et du drame. [
] À mesure que j’étudiais son histoire le drame s’y fondait naturellement, l’Ɠuvre d’imagination se trouva faite dans la sienne elle-mĂȘme, et quand je crus avoir assez travaillĂ© c’est-Ă -dire avoir lu pendant deux mois je me mis Ă  l’Ɠuvre. VoilĂ  l’histoire de mon enfant. – Il n’a pas Ă©tĂ© 9 mois Ă  germer et n’a pas suivi toutes les phases fatales depuis le molusque jusqu’à l’embryon. Mais je crains bien aussi, pour cet avortĂ©, qu’il n’ait pas vie d’homme et qu’il meure avant peu d’une fluxion de poitrine faute de chaleur.

Chose bizarre que d’écrire un drame, pleine de difficultĂ©s et d’obstacles, – un drame historique surtout. Resserrez donc une grande figure dans les limites de 5 actes, vous la rapetissez et vous ferez rire » 

Provenance : Caroline Franklin-Grout-Flaubert (niÚce de Flaubert) ; Docteur Lucien-Graux (ex-libris ; vente VIII, 11 décembre 1958, n° 117  bis).

Bibliographie : Flaubert, ƒuvres de jeunesse, Bibl. de la PlĂ©iade, t. I, notice par Guy Sagnes, p. 1306 - 1310.

61

FLAUBERT Gustave (1821 - 1880).

L.A.S. « Gve », [Croisset] 12 décembre 1872, à Philippe LEPARFAIT ; 1 page in-8 (deuil).

Au sujet de sa brouille avec l’éditeur Michel LĂ©vy pour l’édition des Ɠuvres posthumes de Louis Bouilhet [Philippe Leparfait est le fils adoptif de Louis BOUILHET, dont Flaubert avait confiĂ© Ă  Michel LĂ©vy l’édition des DerniĂšres Chansons.]

Flaubert a su que Leparfait avait vu LĂ©vy : « Je suis curieux de connaĂźtre le rĂ©sultat de la visite. Je te dirai pourquoi je n’ai pas Ă©tĂ© Ă  Paris. Mon voyage est remis au milieu de janvier. Mais je peux payer l’enfant de Jacob [LĂ©vy] dĂšs maintenant. M me Sand veut qu’il me fasse des excuses pour nous rĂ©concilier. – Vas y voir ! » Il a appris, Ă  « l’enterrement du pĂšre Pouchet », qu’il y avait un terrain libre [pour Ă©lever un monument Ă  la mĂ©moire de Bouilhet]


Correspondance (Pléiade), t. IV, p.  623.

62 FLAUBERT Gustave (1821 - 1880).

L.A.S. « Gve Flaubert », Paris Lundi soir [fĂ©vrier 1874, Ă  Jules ROHAUT] ; 1 page in-8. « Je suis pour le moment dans les derniĂšres retouches du Candidat. Mon ms est Ă  la Censure, on copie les rĂŽles & j’entre en rĂ©pĂ©tition vers la fin de cette semaine, donc votre serviteur est fort occupĂ© »... Il aurait cependant besoin de Rohaut pour un renseignement, et il l’invite Ă  venir chez lui un matin. « Il s’agit (mystĂšre :) de me dĂ©couvrir un amoureux. – Jeune, beau et romantique ! » 

Correspondance (Pléiade), t. V, p.  1077.

600 - 800

600 - 800

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 24
6 000 - 8 000

63 FORT Paul (1812 - 1960).

Manuscrit autographe signĂ©, Chansons Ă  la Gauloise
, 1918 ; 311 pages in-8, montĂ©es dans un volume in-fol., reliure jansĂ©niste maroquin bronze, dos Ă  5 nerfs, double filet sur les coupes, large dentelle intĂ©rieure, doublure et garde de papier marbrĂ©, Ă©tui bordĂ© et doublĂ© (Lortic).

Manuscrit complet de ce recueil de Ballades françaises (25 e sĂ©rie, EugĂšne Fasquelle, 1919), soigneusement mis au net et calligraphiĂ© en vue de l’édition : mise en page calligraphiĂ©e, aucun dĂ©tail n’est omis, la dĂ©dicace, les filets, les paginations, les titre-courant, ce qui doit ĂȘtre soulignĂ©, le justificatif de tirage, la table... le tout Ă  l’encre noire. Paul Fort a, en outre, ajoutĂ© sur chaque page, Ă  la mine de plomb, les indications typographiques de corps, de caractĂšres, de tailles, de blanc.

Le titre primitif Ă©tait Écoutez la Caille ! ; il a Ă©tĂ© remplacĂ© par Chansons Ă  la Gauloise sur la vie, le rĂȘve, l’amour, avec Écoutez la Caille ! en Ă©pigraphe. Les titres de ces cinquante chansons sont Ă©vocateurs : Les Amoureux, Les Parents abandonnĂ©s, La Ronde joyeuse, La Valse de l’oursin, Sur les jolis ponts de Paris, Le Coucou, L’If, Le Dit du Crapaud, La MĂ©gĂšre apprivoisĂ©e, VoluptĂ©, L’Ombre interminable

Une carte de visite a Ă©tĂ© montĂ©e en tĂȘte, adressĂ©e Ă  Pierre GOMPEL : »Mon cher ami, je vous remets le manuscrit d’un livre qui va paraĂźtre chez Fasquelle, et dont je voulais vous montrer les Ă©preuves : Chansons Ă  la Gauloise

Vous trouverez aussi sur votre table Barbe Bleue avec grande quantitĂ© de brouillons et de premiers jets » 

Provenance : Pierre GOMPEL (dédicace), puis Vicomte CLAIR (ex-libris).

64 FRANCE Anatole (1844 - 1924).

MANUSCRIT autographe, [Discours prononcĂ© Ă  la Ligue des Droits de l’Homme, 1904] ; 8 pages in-4 en un volume demi-maroquin rouge Ă  coins. Discours en faveur de la sĂ©paration de l’Église et de l’État

Ce vibrant discours politique, prononcĂ© le 18 dĂ©cembre 1904 lors de la « JournĂ©e laĂŻque pour la sĂ©paration des Églises et de l’État » organisĂ©e par la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen au TrocadĂ©ro, a Ă©tĂ© publiĂ© dans le Bulletin officiel de la Ligue des Droits de l’Homme du 16 janvier 1905 ; recueilli en 1906 dans Vers les temps meilleurs (Pelletan, 1906, t. II, p. 89), il a Ă©tĂ© rĂ©utilisĂ© et dĂ©veloppĂ© dans plusieurs chapitres de L’Église et la RĂ©publique (Pelletan, 1904). Anatole France a insĂ©rĂ© dans son manuscrit, de premier jet, Ă  l’encre noire ou violette, quelques coupures de presse.

France expose « le vĂ©ritable sens du Concordat et les raisons pour lesquelles l’église veut maintenir Ă  tout prix cette convention dĂ©testable »  Attaquant vivement le pouvoir temporel que l’Église de Rome veut Ă©tablir en France, il conclut : « Mais les forces qu’elle tourne contre vous, de qui les tient-elle ? De vous. C’est vous qui, par le Concordat, maintenez son organisation, son unitĂ©. C’est vous qui la constituez en puissance temporelle. [
] AdministrĂ©e par vous, elle domine toutes vos administrations. Rompez les liens par lesquels vous l’attachez Ă  l’État, brisez les formes par lesquelles vous lui donnez la contenance et la figure d’un grand corps politique. Et vous la verrez bientĂŽt se dissoudre dans la libertĂ© ».

25 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 000 - 1 200
300 - 400

65 GANCE Abel (1889 - 1981).

Environ 300 L.A.S., 1954 - 1979, à Nelly KAPLAN ; environ 400 pages formats divers, la plupart in-4. au stylo à bille rouge, bleu, plus rarement au crayon, de différents formats souvent in-4. Importante correspondance amoureuse et artistique du cinéaste à Nelly Kaplan, qui fut sa maßtresse et sa collaboratrice

Correspondance amoureuse et passionnée, voire érotique, souvent dévorée par la jalousie, elle est aussi évocatrice du travail du cinéaste avec celle qui fut sa Muse dans ses derniÚres années.

C’est en 1954, lors d’une rĂ©ception en hommage Ă  Georges MĂ©liĂšs qu’Henri Langlois, directeur de la CinĂ©mathĂšque, prĂ©sente Nelly Kaplan Ă  Abel Gance ; la beautĂ© de la jeune femme Ă©blouit le vieux cinĂ©aste dont elle deviendra l’assistante ; Ă  ses cĂŽtĂ©s, elle se passionne pour la Polyvision. Elle l’assiste dans le tournage de La Tour de Nesle (1954, oĂč elle tient un petit rĂŽle sous le pseudonyme de Nelly Dominique). Elle l’assiste Ă©galement pour le projet de Magirama (1956) et dans le scĂ©nario et le tournage d’Austerlitz (1960).

Le 19 dĂ©cembre 1956, au Studio 28, le Magirama concrĂ©tise les recherches du gĂ©nial cinĂ©aste sur la Polyvision (dont Nelly Kaplan Ă©crira le Manifeste). ComposĂ© avec Nelly Kaplan, le dispositif comprend quatre courts mĂ©trages : AuprĂšs de ma blonde, ChĂąteaux de nuages, FĂȘte foraine, et le dessin animĂ© Begone Dull Care de Norman MacLaren, ainsi qu’une version d’une heure du J’accuse ! de 1937 en polyvision. Conçu pour « sauver le cinĂ©ma qui se meurt », Magirama quitte l’affiche au bout de huit semaines.

En 1959 - 1960, Nelly Kaplan publie sous le pseudonyme de Belen des nouvelles Ă©rotiques sous forme de plaquettes Ă  tirage limitĂ© : La GĂ©omĂ©trie dans les spasmes, DĂ©livrez nous du mĂąle, Le RĂ©servoir des sens... Son premier court mĂ©trage est consacrĂ© au peintre Gustave Moreau (1961) ; plus tard, en 1969, elle rĂ©alisera La FiancĂ©e du pirate Nous ne pouvons donner ici qu’un bref aperçu de cette abondante correspondance (accompagnĂ©e de petits papiers de NK datant ou rĂ©sumant les lettres), adressĂ©e Ă  « Mon PhĂ©nix enflammĂ© », « Mon Ă©toile australe », « Mon SCygne », « Ma fontaine d’ArĂ©thuse », « Diamant noir », « Cygne noir », « Ma chĂšre Source », « Amanelly », « Ma magicienne Ă©toilĂ©e », « Ma chĂšre petite sirĂšne », « Mon cher petit Hamlet fĂ©minin », etc. Des pages couvertes de « Je t’aime », dont une rĂ©partie en « Polyvision »oĂč se mĂȘlent tous le Ă©lĂ©ments du blason fĂ©minin (15 aoĂ»t 1955).

On relĂšve aussi une note ancienne sur les « Essais-inventions Ab. Gance Ă  faire en 1928 » : « Projeter avec triptyque : une bande avec Ă©cran bleu », une avec Ă©cran rouge, une avec Ă©cran jaune « superposĂ©es. On doit avoir ainsi la COULEUR et le RELIEF »  Ainsi qu’une liste de brevets (de 1926 Ă  1954) : Pictographe, ProtĂ©rama, perspective sonore, etc. ; des extraits recopiĂ©s par Gance de son livre Prisme ; des poĂšmes : « Princesse aux yeux couleur d’abeille »  (23 mars 1957) ; quelques dessins sur des nappes de restaurant
.

1954 AoĂ»t. Jalousie aprĂšs un dĂźner de NK avec Michel Boisrond (assistant dans La Tour de Nesle) : « Travaille. Soigne ta santĂ©. Couche toi tĂŽt. Respire. [
] Ne te laisse pas envahir par les sens »  9 septembre (aprĂšs une scĂšne terrible avec Mme Gance qui veut faire expulser de France NK), il la rassure : « Courage. PersĂ©vĂ©rance. ÉlĂ©vation. Optimisme. Je suis malade de dĂ©pression nerveuse et cependant je rĂ©agis ». Septembre : jugement du caractĂšre de NK : « passivitĂ© et indolence, dues Ă  ses origines argentines » ; rĂ©criminations ; il cite Nietzsche ; il ne fera pas de raccords avec NK sur La Tour de Nesle
 En octobre, NK, se considĂ©rant comme trahie, s’enfuit seule Ă  Juan-les-Pins, Gance s’inquiĂšte (9 octobre) : « Travailles-tu au CinĂ©ma de l’Avenir ? Tu me parais bien silencieuse sur la direction nouvelle de tes idĂ©es. La flĂšche de l’enthousiasme fait-elle boomerang ? En vĂ©ritĂ© je te reconnais mal depuis que le sel te lave de nos nuits. Es-tu descendue du train ? Me laisses-tu seule Ă  poser les rails parce qu’il y a eu un heurt ? OĂč est ton visage ? OĂč est ta vraie force ? Ma naĂŻvetĂ© t’interroge mon Cygne adorable. Chaque silence de toit est un aveu d’éloignement ». Il commente la Lyrosophie de Jean EPSTEIN, puis revient Ă  ses jalousies
 18 octobre : « Le feu s’éteignait lorsque le CSygne pour la seconde fois est entrĂ© dans ma vie. Ton haleine de grand oiseau solitaire s’est complu Ă  souffler sur la cendre chaude que le vent s’apprĂȘtait Ă  disperser, et la flamme s’est rallumĂ©e plus brillante qu’elle ne le fut jamais. Les embra ss ements d’un monde meilleur dans les embra s ements de demain : c’est Ă  toi que je le devrai ». Ailleurs, au milieu d’obsessions Ă©rotiques, il s’écrie : « Aide-moi Ă  me retrouver ». Il est Ă©bloui par la beautĂ© physique de NK, mais son psychisme lui Ă©chappe ; et cela le dĂ©stabilise
 15 novembre : « Pourquoi n’es-tu pas plus libre et plus indĂ©cente avec moi ? [
] Je sens que tu n’as pas confiance dans ce que je t’ai dit une fois pour toutes, que loin de tirer fiel ou jalousie de tes prouesses ou de tes recherches Ă©rotiques elles ne faisaient qu’enflammer et amplifier mes propres ardeurs. L’érotisme pour moi, c’est le surrĂ©alisme de l’amour. Nous le cherchons tous deux en art. Et nous le frĂ©nerions en amour ? Cela n’est explicable que par une mĂ©connaissance de ta part des rouages de mon cerveau. [
] La belle inconnue de l’Orient-Express ne doit plus avoir aucun secret de cet ordre pour l’homme qu’elle reçoit de nuit dans sa cabine, mĂȘme si fatiguĂ© il s’endort dans ses bras ! » 

1955. Il est beaucoup question cette annĂ©e de leur travail en commun sur la Polyvision. 8 janvier : « Je n’ai pas Ă  accepter de suggestion sur ce qu’il convient de faire dans la Polyvision. En Ă©troit accord avec ma collaboratrice Nelly Kaplan je ne veux pas servir de cobaye pour des expĂ©riences qui, entreprises dans un esprit diffĂ©rent du nĂŽtre, se tourneraient certainement Ă  notre dĂ©savantage, par exemple collaborer ou rafistoler des films d’autres metteurs en scĂšne ». 20 mars. Il se demande si NK l’aime ou seulement l’admire
 « Tu mĂ©rites mieux que moi »  Lettre mĂ©taphysique oĂč Gance explique a eu la vision des jours qui lui restaient Ă  vivre ; le pont entre la Vie et la Mort
 17 avril Il dĂ©plore le retard pour le Royaume. Il a pleurĂ©, il a besoin d’elle
 26 avril. ProblĂšmes financiers de la Polyvision.

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 26
1 500 - 2 000

Projet du Bal interrompu, qu’il juge trop froid : « Nous n’avons pas assez souffert en l’écrivant »  29 avril. Il revient sur l’affaire des photos de La Tour de Nesle, parle du tournage de la FĂȘte foraine 6 mai. Le programme de Polyvision se met en route. Il parle de films divers et des complots contre la Polyvision
7 ou 8 mai. UGC et CNC se renvoient la balle pour payer
 Il a une intuition de graves dangers. Il ne vit que pour NK. 9 mai. Il ira la chercher Ă  la gare Ă  son retour de Cannes. Il se dĂ©sole du « pĂ©pin » de santĂ© (elle est enceinte de Gance). Le paiement d’UGC arrive. Il aurait primĂ© French Cancan. Orages chez lui
. 21 juin, longue analyse en 3 parties (A, B, C) du caractĂšre de NK. Ailleurs, il cite les lignes prophĂ©tiques d’Apollinaire qui font entrer de plain-pied dans le cinĂ©ma tel que Gance le voit.. Il transcrit et commente un Ă©loge de la sodomie par le chevalier de Nerciat
.

1956. PrĂ©paration du programme de Magirama (29 avril) ; les locaux de montage de GTC Ă  Joinville. Orages chez lui. Il faut retravailler le Bal interrompu. Reproches : si NK n’entretient pas sa flamme, le pire arrivera. Soucis d’argent, mais il est fou d’espoir tant que NK sera lĂ . Les thĂ©ories d’Einstein et les siennes. 25 novembre, trĂšs beau texte sur NK destinĂ© au programme de Magirama au Studio 28 : Un nom Ă  retenir  : « Inconnue d’hier, elle sera cĂ©lĂšbre demain. Elle est venue intuitivement Ă  la Polyvision comme Mozart jeune Ă©tait venu Ă  la musique, pressentant avec une sorte de gĂ©niale prĂ©monition que les ondes visuelles du CinĂ©ma devaient possĂ©der elles aussi leur musique, dont personne encore ne savait jouer faute d’un langage technique pour la rendre sensible »  Etc.

1957. RĂ©cit d’un rĂȘve dans la nuit du 12 au 13 janvier, avec AndrĂ© BRETON dans son atelier
Dessin sur une nappe de restaurant, tĂȘte de femme : « La fĂ©e assassinĂ©e ». Crises de jalousie Ă  l’égard de Philippe Soupault et AndrĂ© Breton. Carton jouant le « douanier » pour essayer d’empĂȘcher les amis de NK de jouer aux contrebandiers de l’amour
 1958. Belle lettre d’amour (6 mai ) : « Je ne t’écris pas mon oiseau d’or aux ailes invisibles parce que je ne trouve pas de mots assez beaux pour toi. Le parfum qui n’existe pas, la fleur inconnue, la couleur que personne ne perçoit, c’est toi. [
] Tu fabriques de l’infini comme les nĂ©buleuses, et je ne puis suivre ton essor que parce que tes ailes me recouvrent »  9 mai. Travail laborieux sur le son et lumiĂšre du chĂąteau de Chenonceau ; Gance est déçu du rĂ©sultat
 ProblĂšmes avec les producteurs d’Austerlitz. Lettre Ă  Henri LANGLOIS interdisant de projeter la mauvaise copie de La Roue. RĂ©union Ă  Évian avec les Salkind, producteurs d’Austerlitz  ; les discussions vont commencer
 Brigitte Friang et AndrĂ© MALRAUX s’occupent de ses problĂšmes. Il n’aime pas La Soif du Mal. ProblĂšmes fiscaux. DĂ©pression et ennuis de santĂ©. Il part se reposer au chĂąteau du Rondon (26 aoĂ»t). Il dĂ©cline l’offre de NK de lui prĂȘter de l’argent
 Il a vu un mĂ©decin : arthrose cervicale. Soucis de travail, il avance mal, mĂ©lancolie (27 aoĂ»t). Crise de larmes Ă  la lecture du NapolĂ©on de Joseph DELTEIL : « C’est un poĂšte du mot qui parle d’un poĂšte de l’action »  Coup de fil de Brigitte Friang qui le rassure quant au soutien de Malraux : « M ne me laissera pas tomber »  (28 aoĂ»t). Jalousie : il craint que NK ne lui Ă©chappe
 Il se remet au travail : idĂ©e d’un film comique avec un personnage genre de FunĂšs en opposition Ă  un Soldat Chveik (29 aoĂ»t). Risque de saisie par le Fisc. Malraux n’a pas tenu sa promesse et lui propose de faire un documentaire sur les constructions de la DĂ©fense ! Il n’est pas dupe de la ruse de NK qui a inventĂ© d’avoir gagnĂ© Ă  la loterie pour qu’il accepte un prĂȘt d’argent (30 aoĂ»t). Lettre officielle pour confirmer l’engagement de NK comme sa collaboratrice et assistante « dans la prĂ©paration, l’exĂ©cution, et le montage de cette grande Ɠuvre historique », louant son apport intellectuel et son dĂ©vouement (1er octobre). Il a enfin trouvĂ© le ton du film : « Je joue beaucoup sur le cĂŽtĂ© “intime” je dirai mĂȘme “comique” : l’envers de la gloire, les pantoufles. Je crois que j’ai trouvĂ© ce ton, pour Ă©viter ce cĂŽtĂ© “compassĂ©â€ qu’on attend » (2 septembre). Longue lettre dĂ©taillĂ©e sur l’écriture du scĂ©nario d’Austerlitz (3 septembre). Il ne veut pas lĂącher Austerlitz aprĂšs les Ă©checs de la Polyvision, du Royaume et du Vampire de Dusseldorf. Il remercie NK de lui avoir donnĂ© de l’argent pour payer ses impĂŽts.

1959. La distribution d’Austerlitz  : Jean Marais, Annie Girardot pour JosĂ©phine
 Le 22 mai, il menace de casser l’affaire s’il n’a pas les contrats pour lui et NK. Lors du tournage d’Austerlitz Ă  Zagreb, Gance est inquiet, il craint que NK s’éloigne de lui, il sait qu’il n’est souvent que l’ombre de lui-mĂȘme (11 octobre) ; il accuse NK de vivre dans l’alcool et les nuits blanches, et de nĂ©gliger son travail (14 novembre). Reproches : NK lui prend ses pensĂ©es, « Nelly triomphe et Belen pleure » 

1960. Il commente un poùme d’Apollinaire en le comparant à ses sentiments. Commentaires sur les contes de Belen :

d’oĂč NK tient-elle cette « connaissance » des abymes de l’érotisme ? Mais elle est sauvĂ©e car elle a repris le goĂ»t du travail
 Il n’est plus jaloux ; il va Ă©crire la prĂ©face (pour Le Sunlight d’Austerlitz de NK, 9 mai). Reproches et jalousie ; il Se plaint du peu de « faveurs » qu’on lui octroie. Il signe « Ton vampire qui a perdu son groupe sanguin » (4 juillet).

NK n’a qu’une seule amie : elle-mĂȘme. « Ne laisse pas ton cƓur dans le chaudron du sabbat » (13 juillet)
 NK Ă©tant Ă  Venise, Gance fantasme dans un miroir magique. ProblĂšmes avec le fisc. Austerlitz a dĂ©passĂ© les 300.000 entrĂ©es, et ses forces lui reviennent. Introspection : il voit en lui trois ĂȘtres diffĂ©rents
. (15 septembre).

1961. NK est Ă  New York pour son film sur Gustave Moreau. Lettre sur un Ă©trange phĂ©nomĂšne mĂ©tapsychique. Sonorisation de J’Accuse. Soucis matĂ©riels. Mais l’Au-delĂ  s’intĂ©resse Ă  lui (2 juillet)
. ProblĂšmes d’argent. DĂ©but du projet de Cyrano. Gance rend les avances Ă  Lux, qui n’aime pas le scĂ©nario... Il s’inquiĂšte de l’avenir du CinĂ©rama (qui a tout pris Ă  ses inventions) et envisage des salles ambulantes. Il se sent trahi. DĂ©couragĂ©, il se remet au projet de Cyrano (11 dĂ©cembre). Pourparlers avec les gens de CinĂ©rama


27 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)

Le film perd sa base. Comment tiendra-t-il en équilibre ? » Il termine en couvrant NK de « baisers fantÎmes » et juge

Le ProcĂšs de Jeanne d’Arc de Robert Bresson « aussi barbant que BĂ©rĂ©nice, mais c’est superbe de sobriĂ©tĂ©. À force de supprimer le cinĂ©ma, on arrive Ă  un autre langage idĂ©ographique » 

1963. Il est « harcelĂ© par les mille soucis de la prĂ©paration de Cyrano » (lettre signĂ©e du dessin d’un petit oiseau « bleu ! »).

1964. Lettres de GrĂšce (aprĂšs l’épuisement du tournage de Cyrano et d’Artagnan, NK avait offert Ă  Gance un voyage en GrĂšce). Son voyage le rend encore plus voyant. Il voit Belen dans chaque statue, dans chaque paysage
 (9 avril). DifficultĂ©s avec le remontage de Cyrano et les sous-titres
 26 aoĂ»t. Enthousiasme Ă  la lecture du Manifeste d’un art nouveau la Polyvision de NK : « chargĂ© d’une Bombe H abstraite d’une puissance incalculable. On ne dira pas mieux dans 50 ans, sur l’époque, sur le cinĂ©ma, sur la Polyvision » ; il faut le faire traduire en chinois, NK est une prophĂ©tesse
 Projets d’un voyage en Chine, avec rencontre de Mao ; liste des projets Ă  monter avec les Chinois


1965 1er janvier. Longue lettre dĂ©moralisĂ©e : « je pense avec effroi Ă  cette date limite de 77 ans que je m’étais assignĂ©e [
] On ne ravale pas l’amour comme une maison. Aucune des taches d’ombre ou de soleil qu’il a laissĂ© ne s’efface. Je n’ai pas pu oublier ces trois derniĂšres annĂ©es oĂč je t’ai senti couler entre mes bras comme un sauveteur qui n’a plus la force d’atteindre la rive. Mais tu es sirĂšne et tu sais vivre sous l’eau de la vie mieux que moi. [
] Je me bats sur tous les fronts mais je n’ai plus aucune illusion – ma “phosphorescence” est mouillĂ©e par des larmes internes, et je n’ai jamais si bien compris l’absurditĂ© totale de la Vie »  Il songe Ă  un Marie Tudor
 Etc.

66

GAUGUIN Paul (1848 - 1903).

L.A.S. « Gauguin », [Rouen vers la mi-aoĂ»t 1884], Ă  Camille PISSARRO ; 2 pages in-8 Ă  l’encre violette. Gauguin Ă  Pissarro

Il s’inquiĂšte d’ĂȘtre sans nouvelles de son ami, et craint qu’il ne soit fĂąchĂ© contre lui ; mais il n’a peut-ĂȘtre pas reçu sa lettre d’il y a 15 jours « avec 2 photographies de mes enfants » 

Il a reçu la visite de Paul LAFOND, « un ami à DEGAS qui vient assez souvent à Rouen ; depuis deux mois il me cherchait »...

Quant Ă  EugĂšne MURER, « il est Ă  Paris depuis pas mal de temps ; je crois que son affaire de l’hĂŽtel ne va pas tout Ă  fait bien. J’ai lu dans le journal un jugement qui le condamnait pour cette affaire avec la faillite. Maintenant je ne sais de quelle importance est ce jugement » 

Correspondance (éd. V. MerlhÚs), t. I, p. 67 (n° 51).

10

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LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 28
Provenance : Archives Camille PISSARRO (vente 21 novembre 1975, n° 66). - 12
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1962 3 janvier, longue lettre aux encres de diffĂ©rentes couleurs faisant le point sur leur relation : « Ami, Amant, Associé ? Les mois qui viennent en dĂ©cideront. [
] Il nous faut donc signer un contrat moral d’ami et d’associĂ©, sans faille, et au-dessus des vagues passionnelles quelles qu’elles soient si nous voulons regagner le temps perdu. Tous les petits problĂšmes personnels me semblent dĂ©passĂ©s. Mais il faut que tu arrives Ă  avoir le poids de ton or, moi aussi d’ailleurs ! » 19 mai, autre longue lettre sur l’éloignement de NK, l’écriture de Cyrano  : « je dois couper 180 pages !

67 GAUGUIN Paul (1848 - 1903).

L.A.S. « P. Gauguin », [Copenhague fin novembre-début décembre 1884], à Camille PISSARRO ; 4 pages in-8. Belle et longue lettre de Gauguin sur son arrivée au Danemark et ses nouvelles peintures

Il a Ă  peine fini son « qui a Ă©tĂ© fort difficile, vu que les propriĂ©taires sont dans ce pays excessivement mĂ©ticuleux ; la plupart ne veulent pas d’enfants, si cela continue ce sera un crime d’avoir des descendants »...

Il remercie Pissarro de ses observations sur son tableau... « Dans ma nouvelle recherche les ciels sont difficiles.

Je cherche Ă  faire trĂšs simple et cependant trĂšs divisĂ© de tons : ma nouvelle facture qui est peu croisĂ©e rĂ©pond Ă  cela avec de grands points d’arrĂȘt. Le ciel est toujours trĂšs lumineux sans grands Ă©carts ; par suite de son essence limpide et humide il ne peut comme un mur avoir des rudesses de grain quoique mat. Je sais bien que la grande justesse de ton doit donner cela. Il me faut de l’exercice et j’en ai encore trĂšs peu par rapport Ă  vous tous. Nous verrons par la suite.

Copenhague est extraordinairement pittoresque et oĂč je demeure on peut peindre des choses trĂšs caractĂ©ristiques et trĂšs jolies. En ce moment il gĂšle Ă  10 degrĂ©s et les traĂźneaux circulent dans la rue.

J’enrage de ne pouvoir peindre en ce moment, dans quelque temps j’espĂšre envoyer Ă  Paris plusieurs choses intĂ©ressantes. En Danemarck c’est trĂšs facile ou trĂšs difficile d’ĂȘtre un peintre fort. TrĂšs facile parce que ce que l’on voit est tellement mauvais, de si mauvais goĂ»t, que la moindre chose d’art doit Ă©clater au milieu de cela. D’un autre cĂŽtĂ© c’est trĂšs difficile parce que ce courant mauvais est tellement dans le caractĂšre national que c’est presque une impolitesse de faire autrement ».

Il dĂ©crit Ă  son ami l’intĂ©rieur d’un salon danois, avec « des meubles en noyer verni toujours neufs », des bustes de poĂštes « avec des fleurs et des rubans autour », des photographies partout, et « quelques paysages Ă  l’huile comme des chromo ».

Il attend les eaux-fortes de Pissarro. sa femme a trouvĂ© des leçons de français
 « les Danois sont gens mĂ©ticuleux aigre doux mesquins et d’un schoking extravagant. Un enfant de 2 ans ne pisse pas dans la rue, cela choquerait les mƓurs. Un mĂ©nage illĂ©gal est dĂ©fendu par la loi et peut ĂȘtre puni. Par contre les fiancĂ©s peuvent se promener n’importe oĂč deux Ă  deux. Que dites-vous de cela » 

Puis il parle longuement de ses talents de graphologue, qui lui permettent de dĂ©couvrir le caractĂšre des gens d’aprĂšs leur Ă©criture : « Je ne suis pas encore trĂšs savant mais je suis sĂ»r de dĂ©couvrir un jour non seulement le caractĂšre mais le sentiment qui a guidĂ© une lettre. [
] la pensĂ©e influe directement sur l’écriture ».

Il demande si Pissarro a reçu une lettre de CÉZANNE. Mette, la femme de Gauguin, ajoute quelques mots pour Mme Pissarro. Correspondance (Ă©d. V. MerlhĂšs), t. I, p. 76-77 (n° 57).

Provenance : Archives Camille PISSARRO (vente 21 novembre 1975, n° 59).

68 GAULLE Charles de (1890 - 1970).

L.A.S. « C. de Gaulle », 24 novembre 1946, Ă  Michel DEBRÉ ;1 page in-8 Ă  son en-tĂȘte Le GĂ©nĂ©ral de Gaulle, enveloppe autographe.

RĂ©ponse Ă  des vƓux pour son anniversaire (22 novembre).

« TrĂšs touchĂ© de vos vƓux, mon cher ami, je prends l’occasion de mes remerciements pour vous dire qu’étant donnĂ© le cours des Ă©vĂ©nements je m’affecte peu de ne pas vous voir Ă©lu. Venez me voir au dĂ©but de dĂ©cembre » 

[La Constitution de la IVe RĂ©publique avait Ă©tĂ© adoptĂ©e par rĂ©fĂ©rendum le 13 octobre 1946, contre l’avis du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, et, le 10 novembre, les Ă©lections lĂ©gislatives virent l’échec presque total de l’Union gaulliste. Michel DebrĂ©, qui avait adhĂ©rĂ© au parti radical sur le conseil du gĂ©nĂ©ral, Ă©choua Ă  conquĂ©rir un mandat de dĂ©putĂ© en Indre-et-Loire, mais, devenu secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral au secrĂ©tariat aux Affaires allemandes et autrichiennes, continua d’ĂȘtre un fidĂšle soutien de de Gaulle.]

69 [Charles de GAULLE (1890 - 1970)].

Edgard PILLET (1912 - 1996)

Buste de Charles de Gaulle, Alger 1943. Épreuve en bronze patinĂ© Ă  cire perdue. SignĂ©e du monogramme, justifiĂ©e Ă©preuve d’artiste 2/4. Cachet du fondeur J. Cappelli Cire perdue. MarquĂ© sur la terrasse : « Alger 43 ». Hauteur : 47 cm. Ce buste a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  Alger en 1943, Ă  l’instigation de Gaston Palewski et Georges Gorse du cabinet du GĂ©nĂ©ral. Edgar PILLET, titulaire d’une bourse de sĂ©jour Ă  la villa Abd el Tiff en tant que laurĂ©at de l’École supĂ©rieure des Beaux-arts de Paris, se trouvait depuis 1939 Ă  Alger.

Provenance : vente Ader, 3 décembre 2010, n° 110.

29 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
8 000 - 10 000
1 000 - 1 200
600 - 800

70

GAUTIER Théophile (1811 - 1872).

POÈME autographe signé « Théophile Gautier », Ghazel ; 1 page oblong in-fol. (papier un peu jauni).

Belle page d’album

Ce poĂšme de 4 quatrains conte l’histoire d’un sultan fou de jalousie qui tue sa favorite, qu’un nuage a pu contempler nue. Il parut en 1838 sous le titre Le Nuage dans le recueil La ComĂ©die de la mort

« Dans son jardin la Sultane se baigne

Elle a quittĂ© son dernier vĂȘtement

Et délivrés des morsures du peigne

Ses grands cheveux baisent son dos charmant  »...

Au verso de cette page d’album, trois trois autres poĂšmes, autographes signĂ©s.

Sophie GAY : À un exilĂ©, par (quatrain) : « En dĂ©pit des regrets oĂč l’absence vous livre » 

Antoni DESCHAMPS, 2 poĂšmes : – À Jules Janin, 6 vers, dĂ©but de la piĂšce XXIII de son recueil RĂ©signation (1839) :

« Il est sous le soleil deux adorables choses »  ; – À Monrose, 15 vers, piĂšce XCI de RĂ©signation : « Hier je rencontrai sur le bord d’un chemin / Thalie assise en pleurs, la tĂȘte dans sa main »...

GLEIZES Albert (1881 - 1953).

MANUSCRIT autographe signé « Albert Gleizes », La Peinture et ses lois. La nouvelle conception du naturalisme, 1922 ; 28 feuillets in-4 sous chemise autographe (bords effrangés à quelques feuillets).

Important texte théorique

La chemise prĂ©sente un sous-titre diffĂ©rent de celui placĂ© en tĂȘte du manuscrit : « ou Du cubisme Ă  une nouvelle application du naturalisme dans l’Ɠuvre plastique », avec la date : « CommencĂ© le Lundi 5 Juin 1922 », et un petit croquis Ă  la plume.

Le manuscrit est rĂ©digĂ© Ă  l’encre violette, d’une petite Ă©criture serrĂ©e emplissant le recto des feuillets ; il prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections. Le dĂ©but est en deux versions diffĂ©rentes ; le manuscrit est inachevĂ©, et a servi Ă  Ă©tablir un dactylogramme Un feuillet, intitulĂ© L’Ɠuvre peinte, prĂ©sente un sommaire en 9 chapitres :1. Le Moyen Ăąge au point de vue renaissant et actuel. 2. La Peinture et la Religion. [
] 9. DĂ©but du XXe, intellectualité ».

Ce manuscrit donne une version primitive du dĂ©but de l’essai de Gleizes, La peinture et ses lois : ce qui devait sortir du Cubisme, publiĂ© dans la revue La Vie des Lettres et des Arts en mars 1923, et en plaquette en 1924 « Nous vivons une Ă©poque extraordinairement Ă©mouvante. Il semble que nous soyons entraĂźnĂ©s par un courant d’une puissance inouie qui projette contre une muraille les hommes et les ouvrages sortis d’eux comme pour en annuler l’apparence et effacer le souvenir »  Ainsi commence Gleizes, avant d’entamer un long dĂ©veloppement sur l’histoire de l’art, qui s’interrompt ici avec l’Empire ; le dernier feuillet, dont un quart seulement est Ă©crit, est l’ébauche d’un dĂ©veloppement sur le XIXe siĂšcle.

72 GONCOURT Edmond de (1822 - 1896).

12 L.A.S. « Edmond de Goncourt », 1891 - 1894,Ă  Henry SIMOND ; 15 pages in-8 ou in-12. Au rĂ©dacteur de L’Écho de Paris Edmond de Goncourt Ă©voque la publication du Journal, dont il a donnĂ© la PrĂ©face au Figaro, la correction des placards
Il demande (18 dĂ©cembre 1891) d’annoncer « La Guimard ou la Terpsichore de l’OpĂ©ra, une biographie de la cĂ©lĂšbre danseuses d’aprĂšs des documents inĂ©dits »  17 avril 1893, envoi d’une article « du plus haut intĂ©rĂȘt au point de vue du bon marchĂ© de la vie dans les premiĂšres annĂ©es du 18 Ăšme siĂšcle, comparĂ© Ă  la chertĂ© de la vie d’à prĂ©sent »  16 juin 1893, en cure Ă  Vichy (en-tĂȘte Casino de l’Établissement thermal de Vichy ), il envoie, pour publication dans le journal, le texte de sa ferme rĂ©ponse Ă  l’armateur Georges Faustin, qui lui interdisait d’intituler sa piĂšce La Faustin

800 - 1 000

1 000 - 1 500

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 30
1 000 - 1 500
71

73 GOUNOD Charles (1818 - 1893).

L.A.S. « Charles Gounod », Vienne 17 aoĂ»t 1842, Ă  Jean-Dominique INGRES ; 3 pages et demiein-8 avec adresse. TrĂšs belle et longue lettre du jeune compositeur au peintre Ingres, unis dans l’amour de la musique de Beethoven

Gounod est allĂ© en pĂšlerinage sur le tombeau « de l’Immortel BEETHOVEN [
] vous savez avec quel culte je prononçais ce nom Ă  Rome [
] Je ne sais quelle impĂ©rieuse influence l’idĂ©e de Beethoven a toujours exercĂ©e sur moi, mais je ne puis m’y soustraire ; il me tient, et je l’aime comme on aime le Soleil : or, on n’a qu’une maniĂšre d’aimer son soleil, parce que l’on en a qu’un. Oui je crois toujours que Beethoven est l’Astre le plus beau le plus splendide que le firmament musical ait encore vu luire. [
] Ici, Ă  Vienne, oĂč cet homme sublime a tant vĂ©cu, oĂč chacun sait encore et peut vous montrer les promenades qu’il frĂ©quentait, je recueille avec aviditĂ© le moindre mot que j’en puis entendre dire. Quoique l’état actuel de la musique Ă  Vienne souffre aussi de la gangrĂšne de l’Italie, cependant le nom de Beethoven s’y prononce encore avec une solennitĂ© qui vous va droit au cƓur, et on se sent tout Ă©mu et une bonne grosse envie de pleurer comme un enfant, en voyant que le souvenir au moins conserve l’empreinte de cette majestĂ© que la marche momentanĂ©e de l’Art a malheureusement dĂ©savouĂ©e. Pour moi le soutien le plus fort en musique c’est lui : c’est toujours Ă  lui que je pense et je l’aime avec un amour infini. Je me fais raconter ici les moindres dĂ©tails de sa vie [
] si bizarre, si inquiĂšte, si capricieuse [
] Si comme forme d’art il s’est Ă©levĂ© Ă  des hauteurs immenses cette infatigable et errante mĂ©ditation qui fait la Base et on peut dire l’Abime infini de ses Ɠuvres n’est elle pas lĂ  dans cette vie agitĂ©e, nomade, qu’il menait Ă  Vienne et autour de Vienne ? »  On peut rire de lui, mais moi je suis heureux de cette tendresse fanatique pour le moindre trait qui touche Ă  Beethoven [
] je sais si bien votre chaleureuse et intelligente admiration pour ce gĂ©ant de le musique que je vous associais en pensĂ©e » devant sa tombe, qu’il dĂ©crit, ainsi que la pauvre tombe de SCHUBERT
 « Moi pauvre aspirant en fait de gloire, j’ai aussi cueilli un souvenir de Schubert : mais c’est pour moi : je ne vous envoie, cher Monsieur Ingres, qu’un brin d’herbe pris Ă  Beethoven. [
] j’ai donc pu malgrĂ© ma profonde et unique vĂ©nĂ©ration pour l’Empereur de toute les musiques, m’incliner aussi avec respect devant le Roi de la Ballade et des chansons : c’est une petite province, mais il en Ă©tait le n°I, et jusqu’à prĂ©sent il conserve cette suprĂ©matie »  Est jointe une enveloppe contenant une feuille sĂ©chĂ©e, avec l’inscription : « Feuille cueillie sur le tombeau de Beethoven par Ch. Gounod le 16 AoĂ»t 1842 ».

31 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
600 - 800

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GOUNOD Charles (1818 - 1893).

MANUSCRIT MUSICAL autographe signĂ©, [37 cantiques et motets, vers 1843 - 1846] ; carnet oblong petit in-4 de [1-33] feuillets la plupart recto-verso, plus des ff. vierges, reliure de l’époque basane noire, cadre de filets dorĂ©s et Ă  froid sur les plats, titre au dos Saluts

Important recueil de 37 chƓurs religieux, motets et cantiques en latin, du jeune compositeur au dĂ©but de sa carriĂšre, alors qu’il songe Ă  entrer dans les ordres.

Ces compositions sont notĂ©es avec soin dans un carnet de papier musique Ă  16 lignes, Ă  l’encre brune ou parfois bleue, probablement directement, comme en tĂ©moignent plusieurs pages oĂč une esquisse au crayon a Ă©tĂ© ensuite repassĂ©e Ă  l’encre. Gounod a utilisĂ© ce carnet alors qu’il Ă©tait maĂźtre de chapelle Ă  l’église des Missions Ă©trangĂšres, oĂč il prit ses fonctions le 1er novembre 1843. L’effectif requis dans ces motets correspond Ă  celui de la maĂźtrise qu’il avait sous ses ordres. Le carnet est divisĂ© en trois parties, sĂ©parĂ©es par plusieurs feuillets vierges. Gounod a organisĂ© ces compositions en « Saluts », fĂȘtes solennelles rĂ©servĂ©es Ă  certaines dates, comprenant, outre les chants traditionnels, un motet au Saint-Sacrement et une antienne Ă  la Sainte Vierge, et parfois une priĂšre pour la paix (Da pacem). Certaines antiennes Ă  la Vierge pouvaient Ă©galement ĂȘtre chantĂ©es Ă  l’office des Complies. Ce carnet a Ă©tĂ© cĂ©dĂ© vers 1858 Ă  l’éditeur Alfred Lebeau (18355 - 1906), comme en tĂ©moigne cette note autographe signĂ©e de Gounod sur le feuillet de garde :

« Moyennant que Mr Lebeau ainĂ©, Ă©d. de musique, 4, rue Ste Anne, s’engage Ă  graver :

1° Les Sept paroles de N.S.J.C. (dédié à Mgr Sibour)

2° La Symphonie en mi b, partition orchestre ; Je reconnais comme étant sa propriété, les susdits morceaux, ainsi que tous ceux contenus dans ce volume ; sauf ceux paraphés de ma signature, et qui sont gravés ailleurs.

Je reconnais en outre que ma Messe solennelle de Ste Cécile, en sol majeur, gravée chez Mr Lebeau, est également sa propriété.

Ch. Gounod

[Une note de Lebeau renvoie au 2° :] La symphonie est passĂ©e entre les mains de Mr Choudens par un traitĂ© d’un commun accord, le 28 octobre 1862. Lebeau aĂźnĂ©.

CertifiĂ© – Ch. Gounod ».

Trois de ces motets avaient en effet paru, rassemblĂ©s en un « Salut », Ă  la suite de la Messe brĂšve en ut mineur publiĂ©e par Richault en 1846, un autre dans le journal La MaĂźtrise (15 avril 1858) ; la plupart furent publiĂ©s par Alfred Lebeau dans son journal ou sĂ©parĂ©ment, et recueillis dans les 60 Chants sacrĂ©s, Motets avec accompagnement d’orgue ou de piano, pour messes, saluts, mariages, offices divers (Lebeau, 1878).

La premiÚre partie du carnet est consacrée à treize Saluts a cappella

– S A lUT I (en fa majeur) : Adoro te Supplex Ă  4 voix (dessus 1 et 2, tĂ©nor et basse, 1 p.) ; Salve Regina Ă  4 voix, Andante (2 p.) ; Da Pacem Ă  3 voix (dessus, tĂ©nor et basse), Moderato (2 p.). – S A lUT II (en la bĂ©mol majeur), Ă  4 voix d’hommes (2 tĂ©nors, 2 basses) : O Salutaris (1 p.) ; Alma Redemptoris mater (Temps de l’Avent), Andante (2 p.) ; Deus meminerit, TrĂšs large (1 p.). – S A lUT III, Ă  4 voix d’hommes (2 tĂ©nors, 2 basses) : Ave Verum (en ut), Andante (2 p.) ; Sub tuum prĂŠsidium (en mi bĂ©mol majeur) (2 p., avec note a.s. en marge : « chez Richault Ch. Gounod »). – S A lUT IV, Ă  4 voix mixtes (2 dessus et 2 basses) : O Salutaris (en fa majeur, 1 p.) ; Ave Regina, « Depuis la Purification jusqu’au Mardi Saint, inclusivement » (en la majeur, 2 p.). – S A lUT V, Ă  5 voix : O Salutaris (en rĂ© bĂ©mol majeur, soprano, 2xtĂ©nors, 2 basses, 1 p.) ; Regina CƓli (en la bĂ©mol majeur, 2 sopranos, tĂ©nor, 2 basses, 2 p.), Allegretto giocoso. La table prĂ©voit aussi un Deus meminerit qui n’a pas Ă©tĂ© Ă©crit. – S A lUT VI, Ă  3 voix d’hommes (tĂ©nor et 2 basses) : Ave verum (en ut majeur), Andante (2 p.) ; Da Pacem (en fa majeur, 1 p.). La table prĂ©voit entre les deux un Sancta Maria qui n’a pas Ă©tĂ© Ă©crit. – S A lUT VII, Ă  4 voix d’hommes (2 tĂ©nors, 2 basses) : O Salutaris (en mi bĂ©mol majeur, 1 p.) ; Per Sanctissimam Virginitatem (en la bĂ©mol majeur), Large (1 p.) ; Da Pacem (en mi bĂ©mol majeur, 2 p., avec note a.s. en marge : « chez Richault Ch. Gounod »). – S A lUT VIII, Ă  4 voix d’hommes (2 tĂ©nors, 2 basses) : Qui carne nos pascis (titre seul) ; Virgo Singularis (en la mineur, 1 p.) ; Da Pacem (titre seul). – S A lUT IX : Ecce Panis Angelorum (en fa majeur, 2 dessus, tĂ©nors, basses, 1 p.) ; Sancta Maria (en fa majeur, 2 dessus, tĂ©nors, basses), Andante (1 p.) ; « Le mĂȘme (Ă  4 voix d’hommes) » (en la bĂ©mol majeur, 2 tĂ©nors, 2 basses), Andante (1 p.). – S A lUT X : Adoramus te Christe (en fa majeur, Ă  4 voix : soprano, alto, tĂ©nor et basse, 1 p.). La table prĂ©voit aussi un Deus meminerit qui n’a pas Ă©tĂ© Ă©crit. – S A l UT XI, voix d’hommes : Ave verum (en ut majeur, 2 tĂ©nors, 2 basses, 2 p.) ; Ave Regina cƓlorum (en ut majeur, 2 tĂ©nors, 2 basses, 1 p.) ; Da Pacem (en sol majeur, tĂ©nor et basse). – S A lUT XII, Ă  4 voix d’hommes (2 tĂ©nors, 2 basses) : Ave Verum (en rĂ© majeur, 2 p.) ; Inviolata (en ut majeur), Moderato quasi allegretto (2 p.) ; Deus meminerit (en ut mineur, 1 p.). – S A lUT XIII, Ă  2 voix (tĂ©nor et basse) : Panis Angelicus (titre seul) ; Sancta Maria, succurre miseris (en sol majeur, 1 p.). La table prĂ©voit aussi un Deus meminerit qui n’a pas Ă©tĂ© Ă©crit.

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 32
1 000 - 1 500

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AprĂšs plusieurs feuillets vierges, viennent trois Saluts avec accompagnement d’orgue. – S A lUT n° 1 : Ave verum (en si bĂ©mol majeur, pour tĂ©nor solo et orgue), Andante sostenuto (2 p.) ; Sub tuum PrĂŠsidium (en si bĂ©mol majeur, pour tĂ©nor et basse, partie d’orgue non Ă©crite, sur 3 p.) ; Da pacem (en si bĂ©mol majeur, pour tĂ©nor, basse et continuo, 2 p., note a.s. en marge : « Journal la MaĂźtrise Gounod »). – S A lUT n° 2 (en fa majeur) : Ave verum (pour tĂ©nor et basse, partie d’orgue non Ă©crite, 2 p.) ; Salve Regina (pour tĂ©nor, hautbois, cor et orgue, seules les 4 premiĂšres mesures du hautbois solo sont Ă©crites). – SA lUT n° 3 : Ave Verum (en mi bĂ©mol mineur, pour basse et orgue), Large (2 p.) ; Ave Regina cƓlorum (en la bĂ©mol majeur, pour dessus, tĂ©nor et orgue, 2 p.) ; Panis Angelicus (titre seul, 4 mesures gommĂ©es).

À la fin du volume, un motet esquissĂ© au crayon (16 mesures), une Oraison Ă  la TrĂšs Sainte Vierge Marie Ă  4 voix en français (2 dessus, tĂ©nor et basse, en fa majeur), Lent (1 p.) ; et un Pater Noster (en fa majeur, pour 2 tĂ©nors et 2 basses), TrĂšs large (2 p.).

À la fin : « Table des morceaux contenus dans ce volume » (en fait, les seuls 13 premiers Saluts).

Bibliographie  : sur l’importance de ces piĂšces dans l’Ɠuvre de Gounod, et leur analyse dĂ©taillĂ©e, voir GĂ©rard CondĂ©, Charles Gounod (Fayard, 2009), p.760 - 823.

MANUSCRIT MUSICAL autographe signé « Ch. Gounod », Suite concertante en 4 parties pour piano-pédalier et orchestre, arrangement pour piano-pédalier et piano (1886) ; 1 feuillet de titre et 32 pages in-fol., relié en un volume demi-basane grenat.

Manuscrit de la transcription par Gounod de sa Suite concertante pour piano-pédalier et piano

Le 14 janvier 1886, Gounod cĂ©dait Ă  Alphonse Leduc, pour 7.000 francs, la propriĂ©tĂ© d’une Suite concertante avec piano-pĂ©dalier, dont il devait donner le manuscrit le 7 avril, puis une rĂ©duction pour piano de la partie d’orchestre et une transcription pour deux pianos (qui sera finalement rĂ©alisĂ©e par Saint-SaĂ«ns). C’est la rencontre de la jeune et jolie Lucie Palicot, virtuose du piano-pĂ©dalier, qui incita Gounod Ă  Ă©crire une Ɠuvre concertante pour ce rare instrument, pour lequel il composa trois autres Ɠuvres, et dont elle est la dĂ©dicataire.

Paul Landormy se souvenait de Lucie Palicot jouant : « l’impression fut Ă©trange de cette toute gracieuse et mignonne personne juchĂ©e sur une immense caisse contenant les cordes graves du pĂ©dalier sous un piano de concert reposant sur ladite caisse ; et surtout, ce qui nous surprit, assez agrĂ©ablement d’ailleurs, ce fut de voir madame Palicot vĂȘtue d’une jupe courte, au genou, bien nĂ©cessaire, mais Ă©tonnante en ce temps-lĂ  et s’escrimant fort adroitement de ses jolies jambes pour atteindre successivement les diffĂ©rentes touches du clavier qu’elle avait sous ses pieds, tout semblable Ă  un pĂ©dalier d’orgue ».

Cette Suite concertante [CG 526] fut créée Ă  Bordeaux le 22 mars 1887, lors d’un concert dirigĂ© par Gounod, avec Lucie Palicot au piano-pĂ©dalier : « Je suis charmĂ© de l’avoir enfin fait entendre », dira-t-il ; elle fut redonnĂ©e Ă  Anvers le 8 dĂ©cembre, puis Ă  Angers le 6 fĂ©vrier 1888.

Les quatre parties de cette Suite concertante recevront des titres, qui ne figurent pas sur le manuscrit : EntrĂ©e de fĂȘte, Chasse, Romance et Tarentelle

Le manuscrit est Ă  l’encre noire sur papier Ă  12 lignes, annotĂ© et corrigĂ© au crayon noir et au crayon bleu ; il est signĂ© Ă  la fin. La page de titre porte la dĂ©dicace « Ă  Madame Lucie Palicot », et la mention : « ArrangĂ©e pour PianoPĂ©dalier et Piano par l’auteur ». La partie de piano-pĂ©dalier n’est pas toujours notĂ©e, avec renvois pour le graveur Ă  la partition. Cette transcription avec rĂ©duction de l’orchestre pour « piano d’accompagnement » a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e chez Alphonse Leduc en 1888 (l’éditeur a portĂ© sa signature sur la page de garde, avec son cachet encre).

Le manuscrit est divisé en 4 parties (les mouvements ont été notés au crayon bleu par Gounod) : Moderato maestoso ; Allegro con fuoco, puis Andante con moto ; Andante cantabile ;

Vivace

On joint le manuscrit autographe par Camille SAINT-SAËNS de la transcription de la partie de piano-pĂ©dalier pour piano, qui servira Ă  la publication de la transcription de la Suite concertante pour piano et orchestre chez Alphonse Leduc (cahier de 24 pages in-fol. d’une Ă©criture trĂšs soignĂ©e Ă  l’encre noire sur papier Lard-Esnault Ă  16 lignes).

76

GOURMONT Remy de (1858 - 1915).

MANUSCRIT autographe signé « Remy de Gourmont », Revue des deux mondes, [1894] ; 3 pages et demie in-8, montées sur onglets en un volume demi-percaline bronze.

Commentaire ironique d’un article de RenĂ© DOUMIC (« LittĂ©rature et dĂ©gĂ©nĂ©rescence », Revue des deux mondes, 15 janvier 1894) attaquant la littĂ©rature symboliste et StĂ©phane MALLARMÉ ; Gourmont conclut : « les Doumic –comme d’autres – ne comprennent jamais ; c’est leur raison d’ĂȘtre et leur ouvrir les yeux, ce serait les tuer, – par l’horreur que leur causerait la vue de la BeautĂ© (je parle de la PoĂ©sie de M. MallarmĂ©) ».

Le manuscrit prĂ©sente des ratures et corrections ; il a servi pour l’impression, avec des variantes, dans la rubrique « Journaux et revues » du Mercure de France du 1er fĂ©vrier 1894 (p. 185 - 187).

On a reliĂ© en tĂȘte une L.A.S. (1903) et un portrait de R. de Gourmont ; plus une carte postale de Jean de Gourmont.

800 - 1 000

33 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
GOUNOD Charles (1818 - 1893).
600 -
800

77 GRIMM Wilhelm (1786 - 1859).

L.A.S. « Wilh. Grimm », [Kassel février 1838], à la Dieterichsche Buchhandlung, librairie de Göttingen ; 1 page in-4 ; en allemand.

À l’éditeur de son adaptation de la Chanson de Roland ( Rolandeslied )

Il prie de faire le nĂ©cessaire pour envoyer en son nom des exemplaires du Rolandslied Ă  onze personnalitĂ©s, dont il fait la liste, parmi lesquelles Moritz Haupt, le professeur Hoffmann von Fallersleben Ă  Breslau, „le directeur des archives Mone Ă  Karlsruhe, le professeur Uhland Ă  Stuttgart, le professeur et bibliothĂ©caire Schmeller Ă  Munich, le romaniste Ferdinand Wolf
 [La version de Grimm de la Chanson de Roland Ă©tait parue Ă  la fin de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente chez Dieterich Ă  Göttingen ; cette annĂ©e-lĂ  les frĂšres Grimm, qui faisaient partie des « Sept de Göttingen », avaient Ă©tĂ© relevĂ©s de leurs fonctions et Ă©taient partis pour Kassel.]

Au verso, cachet de la collection Gottfried Doehler (1863 - 1943).

78

GUERRE DE 1870.

L.A.S. par Alfred MAINGAUD, Passy 24 janvier 1871, à sa tante Mme Maréchal à Brest (FinistÚre) ; 1 page in-8 sur la 3 e page de la Gazette des Absents du 21 janvier 1871, adresse avec mention Par ballon monté et cachets postaux Paris 27 janv. 71 et Brest 31 [janv. 1871]

Lettre par ballon montĂ©, portĂ©e par le GĂ©nĂ©ral Cambronne Nouvelles de parents et voisins ; prix du bois Ă  Paris ; le gĂ©nĂ©ral VINOY a pris la tĂȘte de l’armĂ©e et le gĂ©nĂ©ral TROCHU reste Ă  la tĂȘte du gouvernement. « La population est calme malgrĂ© les tentatives de quelques rares Ă©nergumĂšnes ». Au dos, il ajoute, le 26 janvier : « On prĂ©pare une sortie, les journaux Prussiens nous donnent de trĂšs mauvaises nouvelles de province ».

1 000 - 1 200

300 - 400

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 34

79 GUEZ DE BALZAC Jean-Louis (1597 - 1654) littĂ©rateur et Ă©pistolier, membre fondateur de l’AcadĂ©mie française.

MANUSCRIT (copie d’époque) du Discours Ă  la Reyne Par le Sr de Balzac 1643 ; cahier in-fol. avec titre-couverture et 22 feuillets soit 43 pages in-4 (env. 22 x 175 cm), enmargĂ©s Ă  l’époque et mis au format in-fol. (31 x 21 cm), paginĂ© 26-[48] (les derniers numĂ©ros cachĂ©s par les marges ; galeries de ver dans la marge intĂ©rieure).

Version intĂ©grale inconnue, avant la censure, de ce plaidoyer pour la paix adressĂ© Ă  la Reine RĂ©gente Anne d’Autriche

Le Discours Ă  la Reyne est publiĂ© pour la premiĂšre fois, sous le titre de Harangue faite Ă  la Reyne sur sa RĂ©gence, en 1649 chez Toussaint Quinet (plaquette in-4), mais dans une version censurĂ©e. Cinq ans avant la Fronde, Guez de Balzac rĂ©dige ce magnifique plaidoyer pour la paix, et l’adresse Ă  la Reine RĂ©gente ANNE D’AUTRICHE. Le poĂšte politique implore la RĂ©gente de s’appliquer Ă  prĂ©server la paix, qui dĂ©truira les abus. Il commence : « Madame Nous ne desesperons plus du salut de nostre Estat. Nous ne croyons plus que les maux de nostre siecle soient incurables. Si le premier jour de vostre Regence nous a apris d’esperer un advenir bien heureux : Et si le peuple chrĂ©tien chastiĂ© si longtemps et si exemplairement par la Justice du Ciel doit enfin avoir la Grace de Dieu irritĂ©, vraysemblablement il la recevra par des mains si pures et si innocentes que les vostres » .

Et il conclut : « Je ne finirois jamais si je voulois compter tous les avantages qui doivent naistre de cette bienheureuse Paix. Il faut conclure par le plus grand et plus considerable, Madame, qu’elle fournira Ă  vostre MajestĂ© des journĂ©es tranquilles et un beau loisir pour l’employer Ă  la bonne nourriture du Roy vostre Fils. Vos pensĂ©es qui se divisent aujourdhuy en autant d’endroits que la ChrĂ©tientĂ© a besouin, et qui embrassent a mesme temps plusieurs Provinces et plusieurs Royaumes seront alors toutes recueillies et arrestĂ©es Ă  ce seul objet. Apres nous avoir donnĂ© un Prince vostre MajestĂ© nous fera un second present de ce mesme Prince, et par une excellente Institution, elle nous le redonnera le meilleur et le plus vertueux de son siecle ».

En 1643, date de rĂ©daction de ce manuscrit, Richelieu est mort depuis quelques mois, Louis XIII meurt le 14 mai, Louis XIV est mineur, Anne d’Autriche rĂšgne Ă  sa place. MAZARIN domine. Guez de Balzac se range du cĂŽtĂ© du pouvoir royal : il soutient le pouvoir lĂ©gitime contre « les corps estrangers ». S’il avance avec prudence lorsqu’il mentionne les « abus de l’authoritĂ© », il conseille courageusement le rĂ©tablissement du Parlement, et dĂ©nonce les favoris « domestiquĂ©s » dont la France eut dĂ©jĂ  Ă  souffrir. Les Princes sont un danger, cependant les Ă©loigner tous serait un dĂ©sastre. Balzac fait notamment, parmi les Princes, l’éloge de GASTON, duc d’OrlĂ©ans, qui « fera Ă  jamais taire la calomnie ». Il dresse Ă©galement un beau portrait du Grand CONDÉ qui sera supprimĂ© avant la parution de sa Harangue

Ce manuscrit donne la version originale du texte avec le plaidoyer pour CondĂ© : la Paix « scaura separer de tous ceux qui s’apellent Princes Monseigneur le Prince de CondĂ©, et reconnoistre par des marques singulieres, et des honneurs choisis, le sacrĂ© caractere de sa naissance, son affection au bien de l’Estat, l’assiduitĂ©, le mĂ©rite et la necessitĂ© dud[it] Seigneur »... En 1649, lorsque le texte est publiĂ© pour la premiĂšre fois, sous le titre de Harangue faite Ă  la Reyne sur sa RĂ©gence, cette belle recommandation aura disparu : si le Grand CondĂ© Ă©tait en cette annĂ©e 1643 le vainqueur de Rocroi, aprĂšs quelques annĂ©es au service de Mazarin, il a pris la tĂȘte de la Fronde des Princes contre la toute-puissance du ministre, et est depuis en disgrĂące ; ce n’est qu’en 1659 que CondĂ© se ralliera Ă  Louis XIV.

On ne connaĂźt qu’un seul autre manuscrit de ce plaidoyer. Il est conservĂ© Ă  la BibliothĂšque nationale de France, dans un recueil de mĂ©langes provenant des Du Bouchet et lĂ©guĂ© Ă  l’abbaye de Saint-Victor (Ms Français 23024, fol. 271).

En 1651, au plus fort de la Fronde, le Discours n’est pas publiĂ© dans les ƒuvres diverses de Guez de Balzac imprimĂ©es par les Elzevier. Il paraĂźt dans la deuxiĂšme Ă©dition qu’ils donnent des ƒuvres diverses, en 1658, mais amputĂ© de l’éloge de CondĂ©, comme dans l’édition Quinet de 1649. Il faudra attendre l’édition in-folio de Billaine en 1665, pour lire enfin le portrait Ă©logieux de CondĂ© (tome II, p. 466 - 482), ralliĂ© depuis au Roi.

35 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
800 - 1 000

80 GUITRY Sacha (1885 - 1957).

15 lettres ou cartes autographes, la plupart signĂ©es (« Sacha » ou « S »), 1938 - 1944, Ă  GeneviĂšve de SÉRÉVILLE (puis Madame Sacha GUITRY) ; 20 pages formats divers, 9 enveloppes, la plupart au crayon. Charmante et tendre correspondance Ă  GeneviĂšve de SĂ©rĂ©ville (1914 - 1963), qui va devenir sa quatriĂšme femme

21 FĂ©vrier [1938], charmant quatrain : « Ginette chaque jour que j’aime davantage / Nul ne sait mieux que moi le plaisir de donner ! / Mais en outre je sais que quand on a mon Ăąge / Il faut se faire pardonner ! »  [1938 ?] : « Mon amour, Bon pour une robe du soir ! VoilĂ  pour ce matin ! Je t’aime »  Mont PĂšlerin sur Vevey [dĂ©but mai 1938], billet en anglais le priant de lui dire comment elle se porte ce matin, en attendant de la voir Ă  midi et demi
 Salzburg [aoĂ»t 1938], poĂšme de 12 vers : « Petit ChĂ©ri, Petit Coco, / je suis enchantĂ© qu’ils te plaisent, / Tous ces vieux meubles Rococo. / Nos sentiments y sont Ă  l’aise/ Et notre amour s’en accommode ! »  18 avenue ÉlisĂ©e-Reclus [1939], rĂ©capitulatif de huit robes et manteaux qu’il lui offre pour « souhaiter ce premier anniversaire que tu passes contre mon cƓur, Petit Être chĂ©ri que j’aime »  [Vevey 28 avril 1939], carte postale : « Vevey – 38 ! Vevey – 39 ! La fiĂšvre monte !!! Je t’aime »  [4 ? juillet 1939], dans une enveloppe oĂč « Mademoiselle » est biffĂ© et corrigĂ© en « Madame » : « Bavardez toutes les trois. Vous avez mille choses Ă  vous dire »  [DĂ©cembre 1939], Ă  l’occasion de sa sĂ©rie d’émissions radiophoniques consacrĂ©es aux Lettres d’amour, il remercie son « adorĂ©e » de sa lettre qui est « le reflet de ton visage aimĂ© » ; il adore ses doigts pour « le mĂ©pris qu’ils ont des choses qui sont laides. Ils sont armĂ©s pour se dĂ©fendre. Ils sont prĂ©cis et familiers quand ils caressent. Ils sont hautains et dĂ©daigneux quand il le faut. [
] tes mains sont adorablement françaises [
] et ce sont des mains qui sont faites pour retenir entre leurs doigts des Fleurs de Lys. Ce sont des mains comme on en voit dans les missels, ce sont des mains comme on en voit dans les peintures de Clouet, mains qui sont faites pour prier – Ă©trangĂšres Ă  toute besogne vile – et c’est prĂ©cisĂ©ment ce qui les rend si chĂšres Ă  celui qui t’adore car ce qu’elles touchent, elles l’ennoblissent. Oui, caressĂ© par elles on se gonfle d’orgueil, on relĂšve la tĂȘte, et l’on se sent grandi dans des proportions qu’on ne soupçonnait pas – et va-t-on s’étonner d’une certaine raideur, bon signe en somme de noblesse – et tĂ©moignage aussi d’une vigueur qu’elles vous donnent – et qu’on leur donne aussi, car les voilĂ  soudain devenues vigoureuses – elles ont un but – que veulent-elles de moi ? Le meilleur de moi-mĂȘme »  [Juillet 1940 ?], Ă  Madame Sacha Guitry « quelque part dans son lit ». « Il est Ă  toi d’un bout Ă  l’autre, mon amour. Il te dira que je t’adore. Il te demandera d’excuser sa tenue – mais n’est-il pas normal que par une chaleur pareille on soit Ă  poil ? Je t’aime – bien plus qu’il y a 2 ans ! »  5 juillet [1941 ?]. « Je t’offre la moitiĂ© de ce tableau que tu aimes – oui, la moitiĂ© pour que ce soit une petite raison de plus de ne jamais nous sĂ©parer ! »  1er janvier 1944 : dĂ©sormais « tes appointements au Théùtre de la Madeleine seront de cinq cents francs par jour pendant toute la durĂ©e des reprĂ©sentations de la piĂšce en cours. Ces appointements reprendront avec les reprĂ©sentations de Marie se marie » 

« Mademoiselle G. Guitry actrice » : « A Toi ma chĂ©rie, Bravo de tout mon cƓur »  – « Merci Gin, de tout mon cƓur – qui n’est pas bien fameux ! – et tous mes vƓux de bonheur »  – « Pour couvrir les plus jolies mains du monde. À toi mon amour pour te dire merci et bravo du fond de mon cƓur Ă©mu et aimant »  – « Bon pour une robe chez Molyneux »...

On joint un télégramme ; et le n° de Match du 1er juin 1939.

81 GUITRY Sacha (1885 - 1957).

MANUSCRITS autographes (fragments), [L’Humour] ; 47 pages in-4 au crayon ou Ă  l’encre. Brouillons pour une ou des causeries sur l’humour,et l’humour au théùtre. Brillante causerie truffĂ©e de bons mots, mais aussi rĂ©flexion sur ce qu’est l’humour : « Ignorant tout de la chimie, je vous aurais peut-ĂȘtre amusĂ© en vous en parlant
 tandis que je vais probablement vous ennuyer en vous parlant de l’humour
 car je vais en parler sĂ©rieusement. Je suis obligĂ© de vous en parler sĂ©rieusement car l’humour est une chose qui m’est chĂšre, infiniment. Tandis que la chimie, je m’en passe ! »  « Si la plupart des grands Ă©crivains ont eu le sens et le goĂ»t de l’humour, les humoristes, les vrais humoristes, ceux qui n’ont Ă©tĂ© que des humoristes sont extrĂȘmement rares » ; et de citer Alphonse ALLAIS, « le seul vĂ©ritable humoriste français », sur lequel il livre quelques souvenirs


1 000 - 1 200

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 36
5 000 - 6000

82 HAHN Reynaldo (1874 - 1947).

MANUSCRIT MUSICAL autographe, Nausicaa (1919) ; environ 110 et 440 pages in-fol.

Manuscrit de cet opĂ©ra dans ses deux versions : chant et piano, et partition d’orchestre

Cet opĂ©ra en 2 actes, sur un livret de RenĂ© Fauchois (le librettiste de PĂ©nĂ©lope de Gabriel FaurĂ©), commencĂ© en 1913 et achevĂ© au front en Argonne en 1917, fut créé Ă  l’OpĂ©ra de Monte-Carlo le 13 avril 1919, alors dirigĂ© par Raoul Gunsbourg, avec Marthe Davelli (Nausicaa) et Robert Couzinou (Ulysse) dans les principaux rĂŽles, l’orchestre Ă©tant dirigĂ© par Albert Wolff. La partition fut publiĂ©e chez Heugel en 1919.

« Nausicaa, dont le poĂšme calme et harmonieux est de M. RenĂ© Fauchois, fait revivre le gracieux Ă©pisode de l’OdyssĂ©e, quand Ulysse, jetĂ© par la tempĂȘte sur le rivage phĂ©acien, et un moment Ă©mu par la beautĂ© et la grĂące de la princesse Nausicaa, reprend nĂ©anmoins sa course fabuleuse vers Ithaque et vers PĂ©nĂ©lope, non sans laisser dans les larmes la douce jeune fille qui l’aimait. La musique de M. Reynaldo Hahn est du charme le plus profond, du coloris le plus dĂ©licat dans sa vraie et pure richesse, s’élevant parfois Ă  la haute puissance, et parvenant Ă  la plus profonde Ă©motion dans la grande scĂšne finale des adieux et du dĂ©part », Ă©crivait J. Darthenay dans Le Figaro du 16 avril 1919.

Le manuscrit chant-piano est Ă  l’encre bleue sur papier Lard-Esnault/Bellamy Ă  20 lignes, avec de nombreuses ratures et corrections ; c’est le manuscrit de premier jet et de travail. L’Acte I compte 96 pages sous chemise avec titre (les p. 8 bis-11 et 16-17 sont d’une autre main) ; il est datĂ© en fin : « Hambourg, Janv. 1913 ». L’Acte II, sous chemise, est incomplet : 15 pages, chiffrĂ©es 80-84, 85/82 (avec feuillet double occultĂ© par Ă©pinglage), 86-[93] ; Ă  la fin de la page 91, la note : « Fini le 19 juin 1916 dans le grenier d’AuzĂ©ville » a Ă©tĂ© biffĂ©e ainsi que les derniĂšres mesures, et deux pages ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es.

La partition d’orchestre est Ă  l’encre bleue sur papier Ă  24 lignes, et prĂ©sente de nombreuses corrections, mesures biffĂ©es, grattages, et collettes. L’Acte I comprend les pages 23-241 (le dĂ©but manque, avec une page 55-61, plus de nombreuses pages bis et ter ), datĂ© en fin : « Grenier d’AuzĂ©ville 31 juillet minuit ». L’Acte II comprend un feuillet de titre et 207 pages.

On a joint des fragments autographes de la musique de scĂšne d’ Esther (1905, pour Sarah Bernhardt) : 2e Acte (18 pages, pagination discontinue), et 3 e Acte (9 p., incomplet) ; et 2 lettres autographes concernant les corrections d’épreuves.

Bibliographie : Jacques Depaulis, Reynaldo Hahn (SĂ©guier, 2007), p. 95-96 ; texte complet du livret, et articles sur la crĂ©ation et les reprĂ©sentations de l’Ɠuvre : http://reynaldo-hahn.net/Html/operasNausicaa.htm

83 HAHN Reynaldo (1874 - 1947).

MANUSCRIT MUSICAL autographe, La Colombe de Bouddha, [1921] ; un volume in-fol. de 146 pages, relié dos toile noire (reliure usagée).

Partition d’orchestre de cet opĂ©ra en un acte La Colombe de Bouddha, « conte lyrique japonais en un acte », sur un livret d’AndrĂ© Alexandre, fut créée au Théùtre du Casino municipal de Cannes le 21 mars 1921, sous la direction du compositeur, qui la dirigea Ă©galement Ă  Deauville dans l’étĂ©. La partition a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e par Heugel en 1921 (le manuscrit porte le cachet des Archives Heugel aux premiĂšres et derniĂšre pages).

« M. Reynaldo Hahn vient de donner, au Casino, son nouvel ouvrage, La Colombe de Bouddha, conte lyrique japonais, qu’il composa sur une poĂ©tique lĂ©gende de M. AndrĂ© Alexandre. Comment le jardinier KobĂ©, Ă©pris d’une mousmĂ©e, mourut d’amour aprĂšs l’avoir vue s’éloigner pour suivre un chanteur ambulant, c’est lĂ  toute la simple histoire qui a inspirĂ© Ă  M. Reynaldo Hahn une trĂšs fine partition mĂ©lodique, d’instrumentation moderne, colorĂ©e, Ă  la façon des images un peu grimaçantes du Japon. PrĂ©sentĂ©e dans un trĂšs joli dĂ©cor par M. LĂ©on Devaux, tendrement interprĂ©tĂ©e et chantĂ©e par la pure voix de Mlle Raymonde VĂ©cart, les basses prenantes de MM. Aquistapace (le jardinier) et Vieuille (le bonze), par le charmant tĂ©nor M. Capitaine (le chanteur), La Colombe de Bouddha a valu Ă  tous de nombreux rappels ». (Le Figaro, 20 mars 1921).

Le manuscrit, en partition d’orchestre, est notĂ© Ă  l’encre bleue sur papier Ă  24 lignes, et prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections, grattages et collettes (dont les p. 47 et 65 entiĂšrement refaites). Il a servi de conducteur pour les reprĂ©sentations et porte des annotations au crayon rouge/bleu et au crayon noir). En tĂȘte de la page 1, un titre a Ă©tĂ© notĂ© d’une autre main : Le Jardinier de la Pagode

L’effectif orchestral comprend : petite flĂ»te, 2 flĂ»tes, un hautbois, un cor anglais, 2 clarinettes en la, un basson, 2 cors en fa, 2 trompettes en ut, timbales, une harpe, piano, percussion (triangle, crotales, cymbales, cloche), 1e  et 2e violons solo, alto solo, violons I et II, altos, violoncelles, contrebasse.

Bibliographie : articles sur la crĂ©ation et les reprĂ©sentations de l’Ɠuvre : http://reynaldo-hahn.net/Html/operasBouddha.htm

37 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 200 - 1 500
1 000 - 1 500

84 HENRI III (1551 - 1589) Roi de France.

L.A.S. « Henry », [fin 1580 ?], Ă  Nicolas d’ANGENNES, sieur de RAMBOUILLET ; 1 page in-fol., adresse au verso « A Monsieur de Rambouillet » (petite rousseur, fente marginale rĂ©parĂ©e).

« Msr de Pons estant mort ie vous ai honorĂ© de sa charge de lune de mes Compagnies des Cent jentishomes pour la fiance que jay de vous et bonne estime je ne vous an diray pas davantaige sinon que je suis fort satisfait du service que vous me randez pres de la Reyne ma bonne mere Jespere que vous continuyrez et vous me ferez service tres agreable vous connoitrez tousjours que je vous ayme » 

[Nicolas d’Angennes, seigneur de Rambouillet (1533 - 1611) avait Ă©tĂ© capitaine des gardes du corps de Charles IX ; il fut souvent cahrgĂ© de missions diplomatiques par Henri II et Catherine de MĂ©dicic, et admis en dĂ©cembre 1580 dans l’ordre des chevaliers du Saint-Esprit.

85 HENRI IV (1553 - 1610) Roi de France.

L.S. avec compliment autographe « Vre plus afectyone & assure amy Henry », au camp devant Fontenay 28 mai 1587, au baron de LAROCHEBEAUCOURT ; 1 page in-fol., adresse au verso.

Lettre comme roi de Navarre, lors du siĂšge de Fontenay (la ville sera prise le 1er juin).

Il est rassurĂ© d’apprendre, par son Ă©cuyer Jean de Lambert, que le baron ne s’est pas liĂ© Ă  ses ennemis, contrairement Ă  ce qu’il croyait savoir, et qu’il dĂ©sire le voir secrĂštement pour en discuter avec lui.

« Monsieur le Baron, J’ay estĂ© bien ayse d’avoir entendu par Lambert auquel j’avoys commandĂ© de vous voir de ma part, le contraire de ce qu’on m’avoyt dit de vous jusques icy qui estoyt que comme plusieurs autres de mes plus proches vous vous estiez liguĂ© avec les plus grands ennemys de cest estat et les miens, ce qui m’avoyt retenu de vous rechercher comme j’ay faict les personnes qui vous ressemblent. L’ayse que jay donc de ceste bonne affection que vous m’avez gardĂ©e, me fera avoir moings de regret au temps de service que j’ay perdu de vous jusques icy, avec l’esperance que Lambert me donne den recevoir comme plus au long il ma faict entendre de vostre part, et de ce dont lui avez discouru que je trouve bon puis quil vous est utille, masseurant que quelque part que vous soyez vous rendrez a temps les effects de vostre parolle. Mais avant que vous allissiez la, je desireroys vous avoir veu une heure seulement, car autrement ny pourriez vous apporter l’utilitĂ© que vous desirez. Regardez d’en trouver le moyen, et si secretement que lon ne scache point que vous mayez veu » 

86 HENRI II D’ALBRET (1503 - 1555) Roi de Navarre, beau-frĂšre de François I er et grand-pĂšre d’Henri IV. L.S. avec compliment autographe « Vre bon cousin Henry », Lyon 19 janvier [1526 ?], Ă  Mme d’ESTOUTEVILLE ; 1 page in-fol., adresse (quelques rĂ©parations au dos).

Intéressante lettre

Il a reçu sa lettre « sur la neutralitĂ© de ceulx des cinq villes du costĂ© de Navarre », et le prie de toujours bien l’avertir.

« Au demeurant jescripvay du premier jour au Roy ou il luy plaira ordonner quil soit prins argent pour le payeur des gaiges des cappitaines [
] Et quant a ce que mescripvez que noz voisins besoignent Ă  Behobie [
] quilz y menent de lartillerye, je ne veoy point qui y ayt moyen de les y empescher veu que cest de leur costĂ©, et que long temps le leur chasteau est fort pour eulx, et de faire quelque fort pour nous de deca vous voyez que ce ne pourroit estre sans une bien grande despence [
] le Roy a mandĂ© de ne le mettre en fraiz que le moings quon pourra attandu ses affaires. Au moyen dequoy je suys bien dadvis de ny toucher sans premier len avoir adverty » 

87 HERGÉ Georges RĂ©mi, dit (1907 - 1983).

L.S. « HergĂ© », Bruxelles 24 mai 1977, Ă  J.P. Verheylewegen Ă  Bruxelles ; 1 page in-4 avec vignette et en-tĂȘte

Studios Hergé

Il remercie pour les vƓux Ă  l’occasion de son anniversaire, avec l’envoi de « 70 dessins Ă©manant de vos Ă©lĂšves : « Que vous ayez eu cette initiative est une preuve de plus de votre fidĂ©litĂ© et de votre extrĂȘme dĂ©licatesse. J’ai regardĂ© ces dessins un Ă  un et serais bien en peine d’accorder la palme au meilleur d’entre eux, car la plupart porte la marque de l’originalitĂ© et de l’esprit crĂ©atif. Je voudrais remercier chacun des auteurs. Ne pouvant le faire, j’adresse Ă  l’ensemble des Ă©lĂšves un souvenir collectif, lui aussi sous forme graphique [
] Ă  tous ces sympathiques petits amis de Tintin » 

1 500 - 1 800

1 200 - 1 500

1 000 - 1 500

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 38
700 - 800

88 HUGO Victor (1802 - 1885) et MÉRY Joseph (1798 - 1865).

POÈME autographe par les deux, À Victor Hugo ; 1 page in-4. Amusant poùme à deux mains

Victor Hugo a complété de sa main le dernier mot de chacun des 24 vers (alexandrins) de Méry, ou a-t-il écrit les rimes, en fonction desquelles Méry a rédigé son poÚme.

« Nul mieux que vous ne sait mettre en scĂšne une femme, Vous avez inventĂ© la langue de l’amour, Au cƓur de vos hĂ©ros vous infusez votre Ăąme, Des bords du Nil au Rhin, de Moyse Ă  Bauldour.

Pour vous le cƓur humain n’a point d’ hiĂ©roglyphe, & le doute mortel qui blanchit nos cheveux , Lorsque nous poursuivons un problĂšme apocryphe, Est une vĂ©ritĂ© pour vous, selon vos vƓux  »  Etc.

Ancienne collection Louis BARTHOU (II, 1935, n° 1046-35).

89 HUGO Victor (1802 - 1885).

Manuscrit autographe, RĂ©solution proposĂ©e par M. V. Hugo, [16 avril 1849 ?] ; 3/4 page in-8. RĂ©solution comme dĂ©putĂ© lors du vote de l’expĂ©dition militaire Ă  Rome

« L’AssemblĂ©e nationale, adoptant, pour le maintien de la libertĂ© et des droits du peuple romain, les principes contenus dans la lettre du prĂ©sident de la RĂ©publique et dans les dĂ©pĂȘches du gouvernement clot la discussion gĂ©nĂ©rale ».

90 HUGO Victor (1802 - 1885).

MANUSCRIT autographe pour Les MisĂ©rables , [1860] ;46 x 10 cm au dos d’une bande d’adresse du journal

La Presse du 1er fĂ©vrier 1860 (en 2 morceaux, petites dĂ©chirures et fentes par corrosion de l’encre).

Brouillon de premier jet pour l’épisode de la barricade dans Les MisĂ©rables

Ce brouillon a Ă©tĂ© biffĂ© aprĂšs insertion et dĂ©veloppement dans le manuscrit des MisĂ©rables ; il prĂ©sente des variantes avec le texte Ă©ditĂ©. L’épisode se rattache au premier chapitre (La Charybde du faubourg Saint-Antoine et la Scylla du faubourg du Temple) du livre I (La Guerre entre quatre murs) de la cinquiĂšme partie (Jean Valjean).

3 000

4 000

L.A.S. « Victor Hugo », H.H. [Hauteville House] 25 juin [1865 ?], à EugÚne RASCOL ; 2 pages in-8 sur papier bleu. Contre la peine de mort.

[EugĂšne RASCOL dirigeait le Courrier de l’Europe, hebdomadaire publiĂ© Ă  Londres.]

« Voulez-vous me permettre d’abuser de vous pour deux obligeances. 1° Si vous savez oĂč demeure et vit le Freemasons’ Magazine, lui envoyer ce pli. 2° – gros service Ă  rendre Ă  un jeune et beau talent. M. E. PILOTELL, peintre parisien d’un grand avenir, a fait un trĂšs beau dessin sur la peine de mort ; c’est dramatique et saisissant ; mais saisissant jusqu’à pouvoir ĂȘtre saisi. De lĂ , Ă©pouvante des Ă©diteurs de Paris qui n’osent publier cette estampe. Connaissez-vous Ă  Londres un Ă©diteur qui serait plus brave ? Acheter ce dessin Ă  M. Pilotell, et le publier, ce serait rendre deux services, l’un au talent, l’autre Ă  la vie humaine. La bonne Angleterre fait terriblement fausse route en ce moment avec ses pendaisons Ă  huis-clos. Rien de plus hideux. Vous avez Ă©loquemment et vaillamment protestĂ© »  Il part pour Bruxelles, et rentrera en octobre Ă  Guernesey, oĂč il attend Rascol : « Votre couvert est toujours mis, vous le savez, Ă  ma table de famille » 

1 000 - 1 500

39 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 000
- 1 500
1 000 - 1 500
« On regardait cela et l’on parlait bas. De temps en temps, si quelqu’un se hasardait Ă  traverser la chaussĂ©e [...] on entendait un sifflement aigu et faible, et l’on voyait s’enfoncer dans un volet fermĂ© ou dans le plĂątre d’un mur, une balle, quelquefois un biscayen. Car les hommes de la barricade s’étaient fait de deux tronçons de tuyaux de fonte du gaz bouchĂ©s Ă  un bout avec de la terre Ă  poĂ«le, deux petits canons. Je me souviens d’un tranquille blessĂ© qui allait et venait dans la rue. [...] Le c[olonel] M[onteynard] admirait cette barricade avec un frĂ©missement. – Comme c’est bĂąti ! disait-il Ă  un reprĂ©sentant. [...] Pas un pavĂ© ne dĂ©borde l’autre. C’est de la porcelaine. – En ce moment une balle lui brisa sa croix sur sa poitrine, et il tomba. [...] La barricade St Antoine Ă©tait le tumulte ; la barricade du Temple Ă©tait le silence. Il y avait entre ces deux redoutes la diffĂ©rence du formidable au sinistre »... -
91 HUGO Victor (1802 - 1885).
[Le peintre et caricaturiste de presse Georges Labadie, dit PILOTELL (1844 - 1918), remplaça AndrĂ© Gill Ă  L’Éclipse et fonda sans succĂšs Le Gamin de Paris (1866) et La Feuille (1867). TrĂšs actif aux cĂŽtĂ©s des insurgĂ©s durant la Commune, fondant La Caricature politique, il dut vivre ensuite en exil et mourut Ă  Londres.]

HUGO Victor (1802 - 1885).

L.A.S. « Victor Hugo », Paris 26 mars 1877, à Alice HUGO ; 1 page in-fol. (légÚre fente au pli). TrÚs belle lettre à sa bru qui va se remarier

[Alice Lehaene, veuve de Charles Hugo (mort le 13 mars 1871), et mùre des petits Georges et Jeanne, va se remarier le 3 avril avec l’homme politique Édouard Lockroy.]

« ChĂšre Alice, En vous remariant, vous cessez d’ĂȘtre tutrice de vos enfants, mais vous ne cessez pas d’ĂȘtre la mĂšre ; c’est-Ă -dire que ce que vous perdez du cĂŽtĂ© de la loi, vous le retrouvez du cĂŽtĂ© de Dieu ; vous continuez d’avoir pour vous la loi naturelle, la loi des lois ; ce titre de mĂšre est le plus sacrĂ© et le plus vĂ©nĂ©rable de tous ; le titre d’aĂŻeul, qui est le mien, ne vient qu’aprĂšs. Vous ĂȘtes donc pour moi, en dehors et au dessus de toutes les restrictions lĂ©gales, la mĂšre, c’est-Ă -dire ce qu’il y a de plus auguste sur la terre. Georges et Jeanne nous appartiennent ; Ă  vous d’abord, Ă  moi ensuite. Qu’ajouter Ă  cela ? Je vous appartiens. Je bĂ©nis Georges et Jeanne, et je vous bĂ©nis. Venez dans mes bras » 

On joint 2 autres L.A.S. de Victor HUGO et une L.A.S. de Juliette DROUET.

L.A.S. « Victor Hugo », H[auteville] H[ouse] 5 avril [1867, Ă  M. Richard (2 p. in-12), le fĂ©licitant pour son charmant album, avec ce conseil : « soyez de plus en plus ce que vous ĂȘtes. C’est-Ă -dire affirmez de plus en plus l’art, le progrĂšs, l’idĂ©al, la libertĂ©, et le grand dix-neuviĂšme siĂšcle » 

L.A.S. « V.H. », 2 janvier [1874], à Richard Lesclide (1 page in-8 contrecollée, avec grande fente), invitant son confrÚre (et futur secrétaire) à dßner : « Mon deuil aura la force de vous sourire. Il est éternel, mais tranquille »...

L.A.S. « Juliette », 28 novembre [1844 ?], Ă  Victor Hugo (4 p. in-8). Belle lettre amoureuse et de reproches Ă  l’amant infidĂšle : « Je t’aime, je t’aime trop hĂ©las ! puisque cela va jusqu’à l’obsession, jusqu’au ridicule et jusqu’à la folie. [
] tu t’acoquines au dĂ©colletĂ© de Mlle Ozy. Je souffre et je pleure dans ma sollitude [
] je subis la loi fatale d’un amour trop persistant. [...] c’est odieux et j’aime mieux mille fois la mort qu’une pareille vie » 

93 HUGO Léopold (1773 - 1828) général, pÚre de Victor Hugo.

L.A.S. « Le GĂ©nĂ©ral Hugo », Blois 28 avril 1820, au Doyen de la facultĂ© de droit de Paris, Étienne-Claude DELVINCOURT ; 2 pages in-4, adresse. Interrogations du pĂšre de Victor et EugĂšne Hugo sur le sĂ©rieux des Ă©tudes de ses fils « Je paye depuis deux ans Ă  mes jeunes fils EugĂšne et Victor une pension pour qu’ils Ă©tudient en droit Ă  l’universitĂ© de Paris, mais je n’ai jamais pu apprendre d’eux s’ils suivent leurs cours avec exactitude et quelque distinction. J’ignore mĂȘme si une entreprise littĂ©raire [la revue Le Conservateur littĂ©raire] que les journaux seuls m’ont apprise, et des motifs de laquelle l’un d’eux a fait l’éloge le plus touchant et le plus mensonger (puisque je paye rĂ©guliĂšrement une autre pension Ă  la personne [son ex-Ă©pouse Sophie TrĂ©buchet, mĂšre de ses fils], pour le prĂ©tendu soutien de laquelle cette entreprise aurait lieu) ; j’ignore, dis-je, si l’entreprise dont je parle n’a pas entiĂšrement arrachĂ© mes fils Ă  leurs Ă©tudes. Aurez-vous l’obligeance, Monsieur le Doyen, de me faire connaĂźtre le nombre des inscriptions dĂ©jĂ  prises et celles encore Ă  prendre par eux, ainsi que votre opinion sur la maniĂšre dont ils se disposent Ă  subir les premiers examens qui auront lieu » 

Provenance : collection Noilly. – Bibliothùque de Louis Barthou (II, 1935, n° 1046-9).

94 HUGO AdĂšle Foucher, Madame Victor (1803 - 1868).

L.A., Samedi 25 [dĂ©cembre 1852], Ă  Victor HUGO ; 8 pages in-8. Longue lettre intime d’AdĂšle Hugo Ă  son mari au sujet de leur fils François-Victor et de ses amours François-Victor Hugo (1828 - 1873) a pris pour maĂźtresse l’actrice AnaĂŻs LiĂ©venne, laquelle, ayant rĂ©cemment quittĂ© Alexandre Dumas fils, dĂ©pense des sommes folles au jeu et entraĂźne son amant vers la ruine. AdĂšle est venue Ă  Paris pour chercher son fils et le ramener au foyer paternel. Elle rend compte ici de sa mission. « Cher ami, je suis en retard pour t’écrire, j’attendais une bonne rĂ©solution de la part de Toto pour le faire. Le premier jour il m’a dit je partirai avec toi, il a dit cela avec une telle facilitĂ© que j’ai vu qu’il n’avait aucune intention de tenir sa promesse. En effet le soir il a Ă©tĂ© dire Ă  la personne que j’étais venue le chercher, disant que tu allais pester mais que les preuves que je lui avais donnĂ©es pour justifier ce dĂ©part ne prouvaient rien. Il a donnĂ© sa parole Ă  cette personne qu’il ne partirait pas. Cependant nous avons ce progrĂšs des choses qui m’ont fait lui parler si vertement qu’il s’est aperçu que ma volontĂ© de l’emmener Ă©tait absolue et que je m’accrocherais Ă  lui jusqu’à ce qu’il s’accrochĂąt Ă  moi. Son grand cheval de bataille est toujours que la personne s’est ruinĂ©e pour lui, qu’il serait un lĂąche s’il ne se dĂ©vouait pas Ă  elle, et que si il la quitte elle fera quelque malheur [
] je lui ai dit que je lui offrais d’emmener la personne, qu’il vivrait dans un lieu de St HĂ©lier avec elle, ou bien que je lui proposais de me remuer pour la faire engager aux VariĂ©tĂ©s, ce qui le liquiderait vis-Ă -vis d’elle. Elle prĂ©tend que Toto lui a fait perdre une position et lui en doit une autre, mais Toto ne doit plus rien. Je vois Toto tous les jours, dans certains moments la personne veut venir, dans d’autres elle ne le veut pas, et menace sans cesse Toto de quelque malheur »  Etc.

La fin de la lettre est consacrĂ©e Ă  des questions d’argent : ce qu’elle doit Ă  sa sƓur Julie, Ă  Meurice ; l’argent qu’elle avait prĂȘtĂ© Ă  ses fils pour leur journal L’ÉvĂ©nement ; la diminution du budget que lui allouait son mari en 1848, et les soucis consĂ©cutifs au coup d’État et au dĂ©part Ă  Bruxelles, etc.

2 500 - 3 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 40
92
800 - 1 000
1 000 - 1 500

95 HUGO Charles (1826 - 1871).

MANUSCRIT autographe, [vers 1845] ; cahier petit in-4 (19 x 15 cm) de 22 pages plus ff. blancs, cartonnage d’origine de papier gaufrĂ© noir Ă  motifs vĂ©gĂ©taux, dos de basane noire (dĂ©coupage au premier plat de la couverture, petite dĂ©coupe en haut du 1er f., quelques ff. arrachĂ©s au dĂ©but du cahier), chemise demi-maroquin bleu nuit, Ă©tui. Curieux document inĂ©dit, rapportant des propos de Victor Hugo, et une causerie au sujet de Mme de StaĂ«l Charles Hugo, dont l’écriture imite celle de son pĂšre, rapporte dans la premiĂšre partie des propos de Victor Hugo. Le texte (incomplet de son dĂ©but) passe de la fin d’une histoire de montre volĂ©e, au rĂ©cit d’un crime commis par des brigands basques, dits « traboucaires », le 21 fĂ©vrier 1845 : vol de passagers d’une diligence, et enlĂšvement, sĂ©questration, mutilation et assassinat de l’un d’entre eux. À ce rĂ©cit Ă©maillĂ© de dĂ©tails cocasses, s’ajoutent plusieurs anecdotes de voyageurs face aux brigands, recueillies au Pays basque (oĂč Hugo s’était rendu en 1843) ; puis le souvenir du bagne de Brest (que Victor Hugo a visitĂ© en 1834), oĂč Hugo rencontre l’homme « qui arrĂȘta Ă  lui tout seul la diligence de Toulouse. Il avait affublĂ© d’habits et de chapeaux des Ă©chalas qui bordaient la route. Puis il avait mis d’autres Ă©chalas en travers, comme des fusils faisant le mouvement de coucher en joue. [
] Il fut condamnĂ© aux galĂšres Ă  perpĂ©tuitĂ©. Je l’ai vu au bagne de Brest. Il avait l’air intelligent et fin. Je m’approchai de lui et je lui dis : “Il y avait de l’esprit dans votre idĂ©e.” Il me rĂ©pondit : “Et de la bĂȘtise aussi puisque c’est ce qui fait que je suis ici.” » La seconde partie, intitulĂ©e M. de Lacretelle et Mme de StaĂ«l, est en quelque sorte le procĂšs-verbal d’une causerie entre Hugo et LACRETELLE jeune, et leurs Ă©pouses au sujet de Mme de STAËL, Ă  qui l’on attribue du charme, des boutons et l’inconvenance de recevoir des personnages haut placĂ©s pendant sa toilette : « Victor Hugo. C’est incroyable. Toujours entre deux chemises ? M. de Lacretelle. Toujours. Elle appuya nonchalamment son bras nu sur mon Ă©paule. Je restai interdit. J’avoue qu’en ce moment je fus le garçon plus sot du monde »  Et Lacretelle de multiplier des souvenirs de Corinne, Benjamin Constant, Soumet, M. de ***, M. de Rocca, Mme Tallien
 « Victor Hugo – On ne se figure pas une impudence pareille Ă  celle de M me de StaĂ«l. Un jour, l’empereur Ă©tait au bain ; elle voulut entrer malgrĂ© la consigne ; elle entra de force en s’écriant : le gĂ©nie ne connaĂźt point de sexe ! L’Empereur la reçut comme elle mĂ©ritait, avec sĂ©vĂ©ritĂ©. J’avoue que je me sentirais pour une telle femme une rĂ©pugnance inexprimable. Je comprends parfaitement les dĂ©dains de M. de Lacretelle. D’ailleurs, elle n’avait aucun talent.

C’est un prĂ©jugĂ© que M me de StaĂ«l. Elle a Ă©crit des ouvrages empire, et elle a inventĂ© des hĂ©ros style-pendule » 

96 HUYSMANS Joris-Karl (1848 - 1907).

MANUSCRIT autographe signĂ© « J.K. Huysmans », Les frĂšres Le Nain, [1899] ; 4 pages in-fol., avec ratures et corrections, dĂ©coupĂ©es pour l’impression et remontĂ©es.

R emarquable article de critique d’art sur les frĂšres LE NAIN , publiĂ© dans L’ Écho de Paris du 5 juillet 1899, et recueilli dans De tout (Stock, 1902).

Huysmans dĂ©nonce le chauvinisme qui a prĂ©sidĂ© Ă  l’accrochage des tableaux au Louvre, les Primitifs de l’école dite française Ă©tant mis en valeur dans la Grande Galerie et le Salon carrĂ©, ceux de l’école dite flamande Ă©tant relĂ©guĂ©s dans de petites piĂšces de dĂ©barras. C’est d’autant plus bĂȘte et injuste que les « Français » sont souvent des pasticheurs ou des Ă©lĂšves des maĂźtres flamands, voire des Flamands venus en France
 Huysmans passe rapidement sur le XVIII e siĂšcle, oĂč il ne trouve que deux artistes, Watteau et Chardin, pour le consoler, mais il trouve dans la salle rĂ©servĂ©e au XVII e, une famille d’artistes qui, par extraordinaire, s’est intĂ©ressĂ©e aux humbles, les frĂšres Le Nain. Il rĂ©sume le peu que l’on sait de la vie des trois frĂšres originaires de Laon, puis dĂ©crit longuement leur Repos de paysans, voyant dans cette scĂšne un souvenir des Évangiles ; il cite aussi les apprĂ©ciations de Burger, Saint-Victor et Champfleury. Le plus singulier, c’est que les Le Nain ont tĂ©moignĂ© d’un sens religieux dans une Ɠuvre qui ne l’exigeait point, mais se sont rĂ©vĂ©lĂ©s dĂ©nuĂ©s de ce mĂȘme sens dans la NativitĂ© de Saint-Étiennedu-Mont que HuĂżsmans juge « prĂ©venante, et un peu lĂąche, d’une saveur pieuse, nulle ». Il rĂ©sume l’apport des Le Nain : « l’on peut dire que s’ils ont brossĂ©, ainsi que les maĂźtres des Flandres, des scĂšnes de mƓurs, ils les ont conçues d’une façon autre, ne prenant point, de mĂȘme que Steen ou Brauwer, que Teniers ou qu’Ostade, le paysan et l’ouvrier, au moment oĂč ils se rĂ©jouissent dans les cabarets et se grisent dans les bouges. Eux ne les ont pas connus joyeux ; ils n’ont pas Ă©tĂ© les peintres des dimanches et des lundis, mais ceux des autres jours, des jours oĂč l’on besogne, Ă  la forge, Ă  la ferme, aux champs, et oĂč l’on trime. En peinture, ils furent les seuls au XVIIe siĂšcle, que la misĂšre du peuple toucha, car Callot et Valentin ne s’occupĂšrent que de nippes arrangĂ©es et d’indigences bouffonnes. Ils ont Ă©tĂ©, en un mot, les peintres des pauvres gens et ce titre me paraĂźt vraiment noble, car il fallait une certaine audace pour oser reprĂ©senter de vĂ©ritables manants Ă  une Ă©poque oĂč ils Ă©taient considĂ©rĂ©s un peu moins que les animaux domestiques, que les chiens surtout qu’il Ă©tait de bon ton alors de faire portraiturer par les artistes Ă  la mode, par Jean-Baptiste Oudry et par Desportes » 

41 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 200 - 1 500
2 000 - 3 000

97

IBERT Jacques (1890 - 1962).

MANUSCRIT MUSICAL autographe signĂ©, La Ballade de la GeĂŽle de Reading (1921) ; 1 feuillet de titre et 98 pages in-fol., sous couverture illustrĂ©e de l’édition (dĂ©chirure rĂ©parĂ©e au 1er feuillet, cachets de l’éditeur). Partition d’orchestre de la premiĂšre Ɠuvre symphonique de Jacques Ibert, inspirĂ©e par Oscar Wilde Ayant remportĂ© le Premier Grand Prix de Rome en 1919, Jacques Ibert part pour Rome en 1920, et c’est Ă  la Villa MĂ©dicis qu’il compose son premier envoi de Rome qui est aussi sa premiĂšre grande Ɠuvre, terminĂ©e en 1921, l’impressionnante Ballade de la GeĂŽle de Reading pour orchestre, inspirĂ©e du poĂšme d’Oscar WILDE, qui sera créée le 22 octobre 1922 aux Concerts Colonne sous la direction de Gabriel PIERNÉ, Ă  qui elle est dĂ©diĂ©e. L’Ɠuvre sera publiĂ©e en 1923 aux Ă©ditions Alphonse Leduc, et mise en ballet en 1947 par le chorĂ©graphe Jean-Jacques Etcheverry.

Ce poĂšme symphonique est directement inspirĂ© du fameux poĂšme d’Oscar Wilde (1898), La Ballade de la GeĂŽle de Reading, Ă©voquant les derniers moments d’un condamnĂ© Ă  mort ; Jacques Ibert en reproduira en tĂȘte de sa partition trois extraits qui ont inspirĂ© les trois mouvements de sa musique (nous n’en citons que les incipit) : « Il n’avait plus sa tunique Ă©carlate, car le sang et le vin sont rouges et sur ses mains il y avait du sang et du vin quand on le trouva avec la morte, la pauvre morte qu’il aimait et qu’il avait tuĂ©e dans son lit »  « Cette nuit-lĂ , les corridors vides furent pleins de formes effrayantes, et du haut en bas de la Ville de Fer, on sentait des pas furtifs qu’on ne pouvait entendre, et Ă  travers les barreaux qui cachaient les Ă©toiles, des faces blanches semblaient regarder curieusement »... « Le vent frais du matin commença Ă  gĂ©mir, le vent frĂ©missant vint errer Ă  l’entour de la prison. Lentement, lourdement, l’horloge de la prison Ă©branla l’air et de la geĂŽle entiĂšre s’éleva un gĂ©missement de dĂ©sespoir comme le cri, qu’entendent les marĂ©cages effrayĂ©s, de quelque lĂ©preux dans son repaire »...

L’effectif requiert : 3 grandes flĂ»tes (et petite flĂ»te), 2 hautbois, cor anglais, 2 clarinettes en la, clarinette basse, bassons, sarrussophone, 4 cors en fa, 3 trompettes en ut, 3 trombones (et tuba), 4 timbales, percussions (triangle et tambour militaire, tam-tam, grosse caisse, cymbales), xylophone, celesta, 2 harpes, et les cordes. « En trois mouvements enchaĂźnĂ©s, cette page symphonique atteint une puissance Ă©motive stupĂ©fiante et dĂ©cĂšle un sens aigu du coloris par les jeux de timbres et de contrastes qu’elle met en Ɠuvre, ainsi que par son langage modal Ă©largi par quelques touches polytonales. Le premier volet alterne les expressions d’angoisse morbide et d’espoir lumineux contenues dans le poĂšme, par l’opposition entre, d’une part, un discours hachĂ© constituĂ© de bribes thĂ©matiques essentiellement rythmiques que se dĂ©chirent les diffĂ©rents pupitres, et d’autre part, des Ă©lans lyriques gĂ©nĂ©reux intensifiĂ©s par une pleine pĂąte orchestrale chaleureuse. La seconde partie mĂȘle de maniĂšre quasi alchimique, fantasque et fantastique par l’exploitation de deux mouvements esquissĂ©s, l’un dans l’esprit du Scherzo (3/4 et 3/8), l’autre, de la sarabande (5/4 sic), vĂ©ritables spectres hantĂ©s de modalitĂ© et enveloppĂ©s d’une orchestration qui n’est pas sans rappeler celle de L’Apprenti Sorcier de Dukas. TraitĂ©s en un formidable crescendo, les deux Ă©lĂ©ments se dĂ©fient avant de se retrouver en un 6/8 dĂ©bridĂ© qui conclue l’épisode en contrastant avec l’introduction ( pianissimo) sombre et plaintive de la derniĂšre section. Celle-ci fait entendre une mĂ©lopĂ©e tortueuse Ă©noncĂ©e d’emblĂ©e par les violoncelles et les contrebasses, avant que les Ă©lĂ©ments thĂ©matiques des mouvements prĂ©cĂ©dents ne rĂ©apparaissent par fragments, pour atteindre un nouveau sommet lyrique intense en un tutti orchestral fortissimo. Interrompue brusquement, cette ultime envolĂ©e fait place Ă  un mouvement trĂšs calme qui clĂŽt la partition dans une sorte de halo crĂ©pusculaire et la ramĂšne dans le ton initial de fa diĂšse » (Bruno Berenguer). Le manuscrit est Ă  l’encre noire sur papier Ă  26 lignes ; il prĂ©sente quelques corrections, grattages et collettes. En tĂȘte de la premiĂšre page, figure la dĂ©dicace : « Ă  M. Gabriel PiernĂ© ». Il est signĂ© en fin et datĂ© : « Roma MCM xx I ». Il est conservĂ© sous la couverture de l’édition portant une note au crayon : « Tirage le 27 mai 1924 ». Discographie : Adriano, Orchestre Symphonique de la Radio Slovaque (Naxos 1993).

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 42
5 000 - 6 000

98 IBERT Jacques (1890 - 1962).

5 000 - 6 000

MANUSCRIT

MUSICAL autographe signé, Concerto pour flûte et orchestre (1933) ; 1 feuillet et 90 pages in-fol. montés sur onglets en un volume broché sous couverture jaune (projet de maquette).

Partition d’orchestre de ce cĂ©lĂšbre concerto pour flĂ»te

Jacques Ibert a composĂ© son Concerto pour flĂ»te en 1932 - 1933, en partie dans sa propriĂ©tĂ© de Longuemare prĂšs des Andelys, pour le grand flĂ»tiste français Marcel MOYSE (1889 - 1984), qui en est le dĂ©dicataire et qui en assura la crĂ©ation le 25 fĂ©vrier 1934 Ă  la SociĂ©tĂ© des Concerts sous la direction de Philippe Gaubert. Il fut publiĂ© en 1934 aux Ă©ditions Alphonse Leduc (cachets de l’éditeur). Ce Concerto s’est vite imposĂ© au rĂ©pertoire des grands flĂ»tistes comme une des grandes pages de leur rĂ©pertoire.

« Il y a trois mouvements, vif – lent – vif. L’Allegro initial, tout de grĂące lĂ©gĂšre, est Ă  deux thĂšmes, – le premier en notes Ă©gales et vives sur les ponctuations des cordes, le second plus lyrique. L’Andante est bĂąti sur l’ambiguĂŻtĂ© modale majeur/mineur, – selon des alternances ou des fondus crĂ©ant un prĂ©cieux climat harmonique. Longue mĂ©lodie de la flĂ»te Ă©pousant des contours incertains, – tandis que les premiers violons s’épanchent en un commentaire Ă©lĂ©giaque. Reprise par le soliste, plus dĂ©gagĂ©, avant une conclusion en majeur. Enfin, avec l’Allegro scherzando, la flĂ»te se lance en une suite de variations infinies, – bondissante, tourbillonnante, intarissable. L’orchestre n’est d’ailleurs pas en reste. Cependant la mĂ©lancolie, un moment, s’insinue, – avant qu’une reprise du thĂšme initial amĂšne une cadence extraordinairement virtuose, quelques trilles, puis, sur les accords en tutti du dĂ©but du mouvement, une conclusion assez acĂ©rĂ©e » (François-RenĂ© Tranchefort).

L’effectif requiert, outre le soliste : 2 grandes flĂ»tes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, une trompette, 2 timbales, et les cordes.

Le manuscrit est soigneusement notĂ© Ă  l’encre noire sur papier Lard-Esnault Ă  26 lignes ; il est datĂ© en fin « ParisLonguemare 1932-33 ». Il est ainsi divisĂ© :

I. Allegro (p. 1-29) ;

II. Andante (p. 30-44) ;

III. Allegro scherzando (p. 45-90) ; la cadence (p. 86-87) est notĂ©e Ă  l’encre rouge.

Jacques Ibert a calligraphiĂ© lui-mĂȘme la maquette de couverture, au dos de laquelle il a dressĂ© la nomenclature des instruments, et notĂ© la durĂ©e de l’Ɠuvre : « 18 min. 30 sec. »

Discographie : Emmanuel Pahud, Orchestre de la Tonhalle de Zurich, David Zinman (EMI 2004).

43 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)

99

IBERT Jacques (1890 - 1962).

MANUSCRIT MUSICAL autographe, Golgotha (1935). ; 1 feuillet de titre et 130 pages in-fol. sous dossier toile noire avec Ă©tiquette de titre (un feuillet rĂ©parĂ© au scotch ; cachets de l’éditeur). Importante musique pour le film Golgotha de Julien Duvivier.

Le film de Julien DUVIVIER (1896 - 1967), tournĂ© en 1934 et sorti sur les Ă©crans le 10 avril 1935, retrace les derniers jours et la mort du Christ, sur un scĂ©nario du chanoine Joseph Reymond. Une distribution prestigieuse rĂ©unit l’extraordinaire Robert Le Vigan dans le rĂŽle de JĂ©sus, Harry Baur (HĂ©rode), Charles Granval (CaĂŻphe), Jean Gabin (Ponce Pilate), Lucas Gridoux (Judas), Edwige FeuillĂšre (Claudia Procula), Juliette Verneuil (Marie), etc. Pour ce film, Jacques Ibert conçut une importante partition, qui fut enregistrĂ©e par l’orchestre Walther Staram sous la direction de Maurice Jaubert.

La musique de Jacques Ibert, trĂšs dramatique, joue un grand rĂŽle dans le film, qui contient de longues sĂ©quences presque sans dialogues, avec un grand usage des vents, des percussions et des ondes Martenot. L’effectif requiert : 2 flĂ»tes, hautbois, clarinette, saxophone, basson, 2 cors, 2 trompettes, tuba, trombone, percussions, 2 ondes Martenot, piano, harpe, et les cordes.

Le manuscrit est Ă  l’encre noire sur papier Ă  26 lignes ; il porte les cachets de la SACEM en date du 8 septembre 1938. Il prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections, avec des collettes ; il a servi de conducteur, et est couvert d’annotations au crayon bleu ou rouge, avec des notes et corrections crayon faisant rĂ©fĂ©rence au dĂ©coupage et aux sĂ©quences du film. Il semble avoir Ă©tĂ© rĂ©organisĂ© en suite d’orchestre.

AprĂšs un titre : « Golgotha / N° II. Bob. – ScĂšne des vendeurs du Temple », un premier ensemble paginĂ© 1-56 donne les numĂ©ros A Ă  C ter, avec le dĂ©coupage suivant : A . SanhĂ©drin (int. scĂšne parlĂ©e) – Plan oliviers – Plan gens (Hosannah) – Bords CĂ©dron – Grand Plan ensemble Porte Sion (1Ăšre fois) – Gens jettent tapis – Ensemble porte Sion (2e fois) – Plan chameliers – LitiĂšre – Haut de la tour – Bords CĂ©dron (lointain) – B. Guetteur « le voilĂ  » – Porte ogive JĂ©rusalem – Porte fer forgĂ© Temple – C. Chez Pilate – C bis. Ensemble porte Sion – Plan gens criant Hosannah –Plan Jean et Pierre – Foule dans parvis – C ter. Christ sommet parvis – ApĂŽtres dans cour du Temple – Gros plan Judas – Sortie Judas – Porte Sion ».

Pages 1-18. G. Marchands du temple – I bis. Marchands jet de pierres – Grand ensemble foule – Christ monte marche ; plus 1 feuillet « pour finir ».

Pages 1-49, sĂ©quences J Ă  M. J. Escalier Antonia –Pinacle du Temple – Gros plan Christ – Femmes et enfants –Christ avec croix – Stes Femmes – Ruelle – Plan rue et escalier – Plan visages – Christ croix – Foule Christ chute. K Ruelle – Plan Jean dans rue – 2e chute Christ – Gros plan SanhĂ©drin – Centurion – Gros plan Christ – Stes Femmes « Mon fils » – Vue JĂ©rusalem (maquette) – Porte de Sion – Collines moutons – CortĂšge sous la voute – Campement sortie du Christ – Golgotha – L . Pendaison de Judas – Nuages, vue sur Golgotha – Crucifixion condamnĂ© – Maquette, nuages sur JĂ©rusalem – Christ attachĂ© en croix – Foule – Jean et mĂšre Christ – Croix condamnĂ© qu’on dresse –Centurion avec croix au fond – Soldats jouant tunique – Stes Femmes, Jean et Christ groupe – CaĂŻphe – M. Colline des oliviers – Maquette JĂ©rusalem nuages – Groupe SanhĂ©drites foule qui commence Ă  fuir – Gens qui regardent et fuient – Mort du Christ – Centurion arc en ciel – Temple (voile dĂ©chirĂ©).

8 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 44
Pages 1-6. N. CortĂšge funĂšbre – Tombeau – EntrĂ©e du Temple SanhĂ©drites (scĂšne parlĂ©e) – fin dialogue soldats. Discographie : Adriano, Orchestre Symphonique de la Radio Slovaque (Naxos 2005). - 10 000

100 IBERT Jacques (1890 - 1962).

MANUSCRIT MUSICAL autographe signé, Le Chevalier errant (1936) ; titre et 239 pages in-fol. montés sur onglets, en un volume relié toile noire à coins.

Importante musique d’un ballet sur Don Quichotte, composĂ© pour Ida Rubinstein et montĂ© par Serge Lifar Jacques Ibert confiait : « le personnage de Don Quichotte m’a toujours poursuivi, Ă  moins que ce ne soit moi qui l’ai recherchĂ©. Mais il ne faut pas en conclure que j’aime me battre contre les moulins ou faire figure de redresseur de torts. Don Quichotte reprĂ©sente pour moi un homme Ă  la poursuite d’un idĂ©al qu’il ne rencontre jamais. Peut-ĂȘtre y a-t-il lĂ  une mystĂ©rieuse et secrĂšte correspondance avec mon propre tempĂ©rament ». Ibert composa successivement en effet en 1932 pour Chaliapine les chansons du film Don Quichotte de Georg Wilhelm Pabst ; en 1935 - 1936 le « chorĂ©odrame » Le Chevalier errant ; et en 1947 la musique de Don Quichotte de la Manche, une Ă©vocation radiophonique de William Aguet.

C’est Ă  la demande de la danseuse Ida RUBINSTEIN, qui en sera la dĂ©dicataire, que Jacques Ibert a Ă©crit Le Chevalier errant, « Ă©popĂ©e chorĂ©graphique en 4 tableaux d’aprĂšs CervantĂšs », sur un scĂ©nario d’Élisabeth de Gramont et des textes d’Alexandre Arnoux. Un contrat fut signĂ© en dĂ©cembre 1937 par Ida Rubinstein avec le directeur de l’OpĂ©ra de Paris, Jacques RouchĂ©, pour une sĂ©rie de reprĂ©sentations oĂč elle devait monter et danser ce « chorĂ©odrame » ; mais ce projet n’aboutit pas. C’est Serge LIFAR qui monta enfin le ballet Ă  l’OpĂ©ra de Paris le 26 avril 1950, dans des dĂ©cors de Pedro FlorĂšs ; Serge Lifar, en Don Quichotte, Ă©tait entourĂ© par les meilleures Ă©toiles de l’OpĂ©ra : Lycette Darsonval, Christiane Vaussard, Micheline Bardin. La musique Ă©tait dirigĂ©e par Louis Fourestier. La partition avait paru l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente aux Ă©ditions Alphonse Leduc (cachets de l’éditeur). Jacques Ibert en tirera une suite symphonique.

Le Prologue s’ouvre deux ans aprĂšs la mort de Don Quichotte : sa niĂšce Antonia et Carrasco s’interrogent sur l’homme, qui va ĂȘtre Ă©voquĂ© au fil des tableaux ; les rĂ©citants et les chƓurs, assis en gradins sur un des cĂŽtĂ©s de la scĂšne, commentent le rĂ©cit chorĂ©graphique ; le « chevalier errant » apparaĂźtra comme un homme de foi, une Ăąme pure, un chevalier de l’Absolu.

Le manuscrit est Ă  l’encre noire sur papier Ă  32 lignes, avec des corrections, grattages et collettes ; il a servi de conducteur pour les reprĂ©sentations, et est annotĂ© au crayon noir ou rouge. Il est signĂ© et datĂ© en fin « ParisHoulgate 1935/36 ». Il porte en tĂȘte la nomenclature des instruments : 3 flĂ»tes (dont petite flĂ»te), 2 hautbois, cor anglais, 2 clarinettes, clarinette basse, saxo alto, 3 bassons, contrebasson, 6 cors, 4 trompettes, 3 trombones, tuba, 4 timbales, batterie (tam-tam, cymbales, tambour de basque, caisse claire, wood block, triangle, grosse caisse, tom-tom, glockenspiel, tambourin, cloches), xylophone, cĂ©lesta, 4 guitares, 2 harpes, quintette Ă  cordes. Il est ainsi dĂ©coupĂ© :

1. Prélude (p. I-IV), Moderato molto ;

2. Les Moulins (p. 1-33), Larghetto avec chƓurs « Toutes les fois que l’homme fabrique un outil »  ; Apparition de DulcinĂ©e (p. 1-12), Andante grazioso ;

3. Les GalĂšres (p. 34-90) ;

4. L’Âge d ’Or (p. 91-137) ;

5. Les Comédiens (138 - 178), Animato assai ; Enchaßnement du III e au IVe tableau (14 p., la p. 14 est intitulée Entrée des Géants ; plus une page par copiste) ; puis pages 179 - 209.

Discographie : Georges Tzipine, ChƓurs et Orchestre National de l’ORTF, 1955 (L’Empreinte digitale 2000).

101 JAMMES Francis (1868 - 1938).

L.A.S. « Francis Jammes », Orthez mai 1901, Ă  TĂ©odor de WYZEWA ; 3 pages in-fol. (petites fentes rĂ©parĂ©es). Longue et belle lettre. Jammes remercie d’abord Wyzewa pour sa lettre , qui lui a donnĂ© « la plus pure sensation de gloire ». Il lui Ă©crit « devant la chaude prairie, dans une mansarde oĂč je m ’isole au-dessus de la chambre que ma mĂšre occupe. Ma vieille chienne est lĂ , harassĂ©e. Ma pipe est allumĂ©e. J’écoute mon cƓur pour vous Ă©crire ». Il Ă©voque « ce mystĂšre de l ’inspiration », et ses Ɠuvres qui plaisent tant Ă  Mme de Wyzewa, Ă  qui il enverra l’épruve d’AlmaĂŻde d’Entremont, refusĂ©e par la Revue de Paris

45 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
6 000 - 8 000
400
500
-

102

JEAN CHRYSOSTOME (c. 347 - 407).

Manuscrit grec (fragment) sur parchemin, XI e - XII e s. ; un feuillet recto-verso sur parchemin, 299 x 215 mm ; 35 lignes sur deux colonnes ; encre carbone ; rĂ©glures Ă  la pointe sĂšche, foliotation grecque « ΙΘ/I » (19/1) ; minuscule grecque cursive lĂ©gĂšrement italique, quelques ligatures calligraphiĂ©es ; initiales rubriquĂ©es, bandeau Ă  l’encre noire avec un travail d’entrelacs, frise Ă  l’encre rouge et noire ornĂ© en fin d’un motif trifoliĂ© Ă  la fin du recto du feuillet, guillemets rubriquĂ©s marginaux au verso du feuillet ; le feuillet porte les marques d’un ancien rĂ©emploi de reliure, marge intĂ©rieure rognĂ©e avec lĂ©ger manque de texte (2 ou 3 lettres manquantes).

Fragment d’un manuscrit grec du plus cĂ©lĂšbre commentaire biblique du dĂ©but de la chrĂ©tientĂ© provenant de la bibliothĂšque d’un des fondateurs de la Renaissance florentine, NiccolĂČ Niccoli Chrysostomus Johannes, in epistulam I ad Timotheum argumentum et homiliĂŠ 1-18. Les homĂ©lies de Jean de Constantinople, cĂ©lĂšbre orateur grec du Ve siĂšcle qui reçut le surnom posthume de Chrysostome, « Bouche d’or », rassemble plus de 900 prĂ©dications. Notre feuillet commence sur les six derniĂšres lignes du sixiĂšme chapitre de la dix-septiĂšme HomĂ©lie sur les ÉpĂźtres de S. Paul Ă  TimothĂ©e I (Pat. Graec. 62:600) et la seconde colonne ouvre sur deux lignes de TimothĂ©e II 1:1-2 et l’incipit du premier chapitre de la premiĂšre homĂ©lie sur TimothĂ©e II qui continue au verso du feuillet (Pat. Graec. 62:599 - 600 ou Clavis Patrum Graecorum 4436 et 4437 ). Il provient de la cĂ©lĂšbre bibliothĂšque du prĂ©curseur des humanistes florentins, NiccolĂČ NICCOLI (c.1364/5-1437), inspirateur de la cursive humanistique et qui « built up a magnificent library, notable for the rarity and quality of the texts that it contained » (A. C. de la Mare, The Handwriting of Italian Humanists, I, i, 1973, p.46). Poggio Bracciolini (dit en français Le Pogge), cĂ©lĂšbre philologue et proche de Niccoli, dĂ©crit la bibliothĂšque de son ami comme admirable car elle contenait plus de 800 manuscrits. Cette somme importante pour l’époque a mĂȘme Ă©tĂ© confirmĂ©e par un libraire et biographe de la pĂ©riode, Vespasiano da Bisticci. Cette bibliothĂšque Ă©tait d’autant plus remarquable qu’elle contenait plus de 146 volumes en grecs ; fait rare pour l’époque, car les Ă©rudits grecs aprĂšs la chute de Constantinople (1453) n’étaient pas encore arrivĂ©s avec leurs manuscrits pour nourrir les publications de la Renaissance (B. L. Ullman and P. A. Stadter, The Public Library of Renaissance Florence, NiccolĂČ Niccoli, Cosimo de’ Medici and the Library of San Marco, 1972, pp. 59-60). Niccoli apprit le grec auprĂšs de Manuel Chrysoloras qui enseignait alors Ă  Florence (c.1497 - 1400), cependant il ne le ma Ăź trisa probablement jamais parfaitement. Ce manuscrit pourrait bien provenir de Chrysoloras lui-mĂȘme. Entre 1429 et 32, le volume d’oĂč provient le feuillet a Ă©tĂ© prĂȘtĂ© Ă  Ambrogio Traversari, qui le traduisit en latin ( Vite, ed. A. Greco, 1970, I, p. 451). La version latine de cette traduction Ă©crite de la main de Niccoli, datĂ©e de 1432, est aujourd’hui conservĂ©e Ă  Florence (Bib. Naz. Conv. Sopp. J.VI.6).

La bibliothĂšque de Niccoli fut transmise Ă  seize hĂ©ritiers ; c’est auprĂšs d’eux que Cosme de Medicis (1389 - 1464) se tourna pour acquĂ©rir les plus beaux volumes de ce qui formera le noyau de la nouvelle bibliothĂšque publique du couvent de San Marco Ă  Florence. La provenance de Niccoli « ex hereditate Nicolai de Niccolis » avec l ’exlibris de San Marco fut inscrite sur ces volumes par le bibliothĂ©caire du couvent, Zanobi Acciaiuoli (actif de 1497 Ă  1513). Il indique Ă  la suite que le volume contenait Ă©galement les HomĂ©lies des ÉpĂźtres aux Philippiens. Une note manuscrite en marge supĂ©rieure attribuĂ©e au mĂȘme bibliothĂ©caire par le chercheur Xavier van Binnebeke (voir art. p.30), indique que le feuillet isolĂ© Ă©tait Ă  la fin d’un autre volume : « â€čpropter or obâ€ș ignorationem avulsa est ab alio volumine quod desinit in quaternione / â€č Ιâ€șh et in prima ad Thimoteum, cum ligari simul debuissent ». Les chercheurs Ullman and Stadter rattachent le feuillet Ă  l’entrĂ©e 1098 de l’inventaire de la bibliothĂšque datĂ© de 1499/1500 « Iohannes Chrysostomus in epistolas ad Timotheum secundam et in eph’as [sic for «epl’am »] ad Philippenses, in membranis  » ( Ullman and Stadter, p. 253). Xavier van Binnebeke explique plus en dĂ©tail l’identification : « At least one further leaf can be added to the group of identified Chrysostom manuscripts with links to Niccoli and San Marco. This is London-Oslo, SchĂžyen Coll. Ms. 1571/1 (PL. VII), transmitting the end of Chrysostom, In Epist. Pauli I ad Timotheum, and the beginning of II ad Timotheum. As becomes clear from partly cut off inscriptions by Zanobi Acciaiuoli, Ms. 1571/1 served as a (?temporary) flyleaf to a volume of the convent library that came “ex hereditate Nicolai de Niccolis” and contained Chrysostom’s “expositio in epistolam S Pauli ad Timotheum secundam per homilias .X.” and “expositio eiusdem in espitolam ad Philippenses per homilias .XVI.m”1. This lanuscript is still identifiable in the inventory of 1499/1500 at no. 1098, but remains in hiding. The single leaf may originally also have belonged to a Chrysostom from San Marco but I haven’t yet been able to securely identify it ». Durant les guerres et l’occupation napol Ă© onienne (1808) la majorit Ă© de la bibliothĂšque de San Marco fut saisie pour ĂȘtre transmise Ă  la BibliothĂšque nationale de Florence. La confusion du dĂ©mĂ©nagement de la bibliothĂšque permit s Ă» rement Ă  quelques personnes, probablement les moines eux-mĂȘmes, de cacher certains volumes. Les marchands londoniens Payne and Foss en achetĂšrent quelques-uns entre 1829 et 1832 qu’ils proposĂšrent ensuite dans une lettre datĂ©e du 16 mars 1833 au cĂ©lĂšbre bibliophile Sir Thomas Phillipps. La liste des seize manuscrits qui accompagnait la lettre des marchands Ă  Phillipps Ă©tait dans la collection Sch Ăž yen (Ms. 1571/2, voir Ullman and Stadter). Cependant notre manuscrit ne fut pas acquis par Phillipps. On le retrouve ensuite dans la collection de Mark Lansburgh, « The Illuminated Manuscript Collection at Colorado », The Art Journa l, XXVIII, 1968, p.6. Son cachet Ă  l’encre bleue se trouve au verso du feuillet. Le libraire Jorn Gunther vendit ensuite le feuillet en 1992 Ă  Martin SchĂžyen (MS 1571/1).

Bibliographie  : Van Binnebeke, 2010, « Payne & Foss, Sir Thomas Phillipps, and the Manuscripts of San Marco », 30-31 (et n. 5, p. 30, n. 1-3, p. 31), pl. VII. – B. L. Ullman and P. A. Stadter, « The Public Library of the Renaissance: Niccolo Niccoli, Cosimo de’ Medici and the Library of San Marco », Medioevo e Umanesimo 10 (Padua, 1972). –Sotheby’s, Londres, 10 juillet 2012, lot 4. – Pinakes 46875.

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 46
3 000 - 4 000

103 JOSÉPHINE (1761 - 1814) ImpĂ©ratrice des Français, premiĂšre femme de NapolĂ©on.

P.S. « Tascher Lapagerie Bonaparte », Malmaison 1er prairial IX (21 mai 1801) ; demi-page in-4 (rousseurs).

« Marie Josephine Tascher La Pagerie Ă©pouse de Napoleon Bonaparte premier Consul au nom & comme Mere & Tutrice de Eugene Rose & Hortense Eugenie Beauharnais » certifie que leur aĂŻeul feu François Beauharnais n’a joui d’aucun traitement d’activitĂ© Ă  partir du 1er janvier 1790, et qu’il ne touchait qu’une pension rĂ©duite Ă  3 000 francs. Rare forme de signature

104 KAFKA Franz (1883 - 1924).

The Metamorphosis (Paris, Didier Mutel, 1996). 3 volumes in- 4, reliés box gris, ponçage de réserve sur une composition typographique, formes en relief biseautées sur le premier plat (François Brindeau, 2001).

Livre conçu et illustrĂ© par Didier MUTEL, tirĂ© Ă  60 exemplaires sur vĂ©lin d’Arches, celui-ci n° 1 SignĂ© par D. Mutel et numĂ©rotĂ© 1 au justificatif.

IllustrĂ© de 24 gravures originales sur cuivre par Didier Mutel, l’ouvrage, traduit en anglais par Wille et Edwin Muir, est une rĂ©alisation originale, par son concept, sa typographie et sa mise en pages. La police de caractĂšres a Ă©tĂ© créée spĂ©cialement pour Metamorphosis par Didier Mutel, Ă  partir de lettres fragmentĂ©es, comme une mĂ©taphore du rĂ©cit de Kafka sur Gregor Samsa transformĂ© en insecte gĂ©ant. Dans le tome 1, des marques verticales remplacent des mots du roman. Dans les volumes 1 et 2, on peut voir plusieurs images abstraites de Samsa, mais dans le volume 3, seules des marques abstraites sont reprĂ©sentĂ©es. Les mots du volume 2 sont imprimĂ©s avec des marques verticales combinĂ©es Ă  des lettres en MĂ©tamorphosis. Selon D. Mutel, « c’est l’histoire de deux mondes. Le monde de Samsa, qui ne peut pas rencontrer sa famille ou le monde extĂ©rieur [car] il n’y a pas de communication. Quand on peut lire les gravures, on ne peut pas lire le texte et vice versa ».

105 KESSEL Joseph (1898 - 1979).

MANUSCRIT autographe, Notice sur J. Kessel et sur son roman l’Équipage, [1924] ; 6 pages petit in-4. IntĂ©ressante notice autobiographique et prĂ©sentation du roman L’Équipage Cette notice, rĂ©digĂ©e Ă  la troisiĂšme personne, aprĂšs la publication de L’Équipage (Éditions de la Nouvelle Revue française, 1923), prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections. Kessel y trace en quelques pages son enfance et sa jeunesse, insistant sur son caractĂšre nomade : « J. Kessel est nĂ© le 10 fĂ©vrier 1898 en RĂ©publique Argentine.

[
] J. Kessel n’a jamais vĂ©cu plus de trois annĂ©es de suite dans la mĂȘme ville. Il semble que le hasard favorable Ă  ses goĂ»ts le pousse toujours Ă  travers les grandes routes du monde »  Plus loin il Ă©voque son premier livre La Steppe rouge qui « rĂ©unit des nouvelles sur le bolchevisme », puis L’Équipage qui « a Ă©tĂ© l’annĂ©e derniĂšre un des plus vivement discutĂ©s Ă  la grande saison des prix littĂ©raires ».

Kessel expose sa conception de la littĂ©rature : « Il n’a en littĂ©rature qu’une thĂ©orie : c’est qu’il ne faut pas en avoir.

Il a le goĂ»t des livres vigoureusement charpentĂ©s, animĂ©s de pĂ©ripĂ©ties violentes, oĂč l’intĂ©rĂȘt ne languisse pas un instant ». Exigence que l’auteur pense avoir tenue puisque La Steppe rouge est « une suite d’histoires terribles, oĂč le lecteur palpite sans arrĂȘt » ; quant Ă  L’Équipage : « c’est la vie d’escadrille qu’a retracĂ©e J. Kessel. Il a su en peindre la camaraderie merveilleuse [...] une intrigue naĂźt de ce milieu et se dĂ©veloppe, une intrigue dont la hardiesse et la nouveautĂ© mĂšnent aux situations les plus dramatiques et les plus douloureuses »...

106 LACLOS Pierre Choderlos de (1741 - 1803).

P.A.S. « P. Choderlos » (dans le texte), 15 dĂ©cembre 1791 ; 4 pages in-4 (petite rĂ©par.). Rare projet autographe, qui semble inĂ©dit, d’une association pour la manufacture et le commerce de drap feutrĂ©

« Ce jourdhuy quinze decembre 1791, entre M rs J.H. Mouton, P. Choderlos, et 
 Antheaume, ce dernier inventeur d’une nouvelle Ă©toffe denommĂ©e drap feutrĂ©, il a Ă©tĂ© convenu ce qui suit. Savoir : 1° Le S r P. Choderlos s’occupera des moyens de tirer un parti utile de la susditte invention, tant auprĂšs du gouvernement et que par les relations commerciales, soit a l’intĂ©rieur soit Ă  l’extĂ©rieur ; et nottament aupres de la comp. des Indes angloise »  Il est Ă©galement chargĂ© de surveiller les expĂ©riences pour s’assurer de la qualitĂ© et du prix des Ă©toffes, et Ă©ventuellement de l’établissement et du rĂ©gime de la manufacture
 Le sieur MOUTON s’engage Ă  y placer 100.000 livres, et le sieur ANTHEAUME, Ă  fabriquer les Ă©toffes pour Ă©chantillons, Ă  se pourvoir d’une patente d’inventeur en France et Ă©ventuellement en Angleterre, et Ă  ne former aucun autre traitĂ© relatif Ă  la fabrication du drap feutrĂ© dans l’espace de 6 mois
 Sont aussi prĂ©cisĂ©es les conditions de distribution de bĂ©nĂ©fices, Antheaume recevant un cinquiĂšme comme « inventeur et fabricateur », « P. Choderlos comme inspecteur, un cinquiĂšme », et Mouton trois cinquiĂšmes « comme bailleur de fonds » 

1 500 - 2 000

47 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 000 - 1 500
2 000 - 2 500
1 500 - 2 000

107

LAMARTINE Alphonse de (1790 - 1869).

MANUSCRIT autographe signé « Lamartine », Vie de PériclÚs ; 108 pages in-4, sur 108 feuillets chiffrés 1-108. Manuscrit complet de cette biographie

Cette vie de PÉRICLÈS, le grand homme d’État athĂ©nien, forme le deuxiĂšme chapitre du tome I des Civilisateurs et ConquĂ©rants (Paris, Libraire internationale, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1865, p. 41-147), oĂč il succĂšde Ă  Solon et prĂ©cĂšde Michel-Ange.

Le graphisme du manuscrit laisse penser que cette biographie fut rĂ©digĂ©e pour son journal mensuel Le Civilisateur, histoire de l’humanitĂ© par les grands hommes (1852 - 1854).

Le manuscrit, Ă  l’encre brune sur beau papier vergĂ© filigranĂ© de Lacroix & FrĂšres, prĂ©sente de nombreuses corrections et additions, avec quelques passages biffĂ©s. Lamartine a collĂ© dans son manuscrit trois courts extraits imprimĂ©s tirĂ©s d’une Ă©dition ancienne de Plutarque (p. 33 et 105) ; on relĂšve p. 91 quelques lignes (en partie biffĂ©es) de la main d’un copiste. Le manuscrit est divisĂ© en 38 chapitres numĂ©rotĂ©s ; le dĂ©coupage sera diffĂ©rent dans l’édition. Lamartine commence ainsi : « Le gĂ©nie des grands hommes politiques est en eux-mĂȘmes, mais leur gloire est dans les circonstances heureuses et dans les autres grands hommes, dont ils sont comme par une prodigalitĂ© de la nature ou de la civilisation entourĂ©s escortĂ©s suivis devant la postĂ©ritĂ©. Avoir son nom insĂ©parable dans l’histoire d’une foule d’individualitĂ©s Ă©minentes qui se groupent autour de votre nom et qui rejaillissant en splendeur rĂ©ciproque les uns sur les autres forment un Ă©blouissement historique au milieu duquel vous resplendissait comme l’axe au centre des rayons c’est ĂȘtre plus qu’un grand homme, c’est ĂȘtre un siĂšcle. PĂ©riclĂšs eut ce bonheur en GrĂšce, comme Auguste Ă  Rome, comme les MĂ©dicis en Italie, comme Louis XIV en France »...

Et il conclut par un parallĂšle avec William PITT : « Un seul homme dans les temps modernes de l’Europe nous semble avoir Ă©tĂ© l’émule et la ressemblance historique de PĂ©riclĂšs, cet homme est le grand ministre anglais William Pitt ; comme PĂ©riclĂšs il naquit homme d’État ; comme PĂ©riclĂšs il fut le premier orateur politique de son temps ; comme PĂ©riclĂšs [
] il prit son point d’appui dans la libertĂ© et non dans la tyrannie et il ne demanda Ă  son pays le sacrifice d’aucune des libertĂ©s de sa constitution sous prĂ©texte du Salut Public ; comme PĂ©riclĂšs il aima mieux persuader qu’opprimer et tomber du pouvoir quand l’opinion lui faillit que d’y rester en faisant violence Ă  sa Patrie. Comme PĂ©riclĂšs enfin il resta honnĂȘte homme, probe et dĂ©sintĂ©ressĂ© au milieu des tentations de la domination presque absolue qu’il exerça sur sa nation et sur la couronne. Il ne fit qu’une guerre dĂ©fensive ce devoir douloureux du grand patriote et il mourut sans avoir fait prendre pour sa cause le deuil d’un seul citoyen. PĂ©riclĂšs fut donc selon nous dans des conditions de constitution diverse le Pitt de l’AntiquitĂ© et Pitt fut le PĂ©riclĂšs de l’Angleterre ».

108

LAMARTINE Alphonse de (1790 - 1869).

MANUSCRIT autographe signé « Lamartine », Histoire de la Russie, [1855] ; environ 820 pages in-4 (27 x 20,5 cm).

Important manuscrit complet de cette Histoire de la Russie

Lamartine a publiĂ© son Histoire de la Russie en 1855 chez Perrotin, en deux volumes ; elle avait Ă©tĂ© annoncĂ©e comme un complĂ©ment de son Histoire de la Turquie (1854), ce que confirme le manuscrit. Il l’a reprise en un volume au tome XXXI de ses ƒuvres complĂštes (Paris, chez l’auteur, 1863).

Le manuscrit, Ă  l’encre brune sur beau papier vergĂ©, prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections, et des additions interlinĂ©aires ; quelques corrections supplĂ©mentaires ont Ă©tĂ© portĂ©es au crayon lors d’une relecture. Il est divisĂ© en deux volumes, dont la pagination est parfois incohĂ©rente (Lamartine allant jusqu’à se tromper de centaine !).

Lamartine a insĂ©rĂ© dans son manuscrit une quarantaine de feuillets imprimĂ©s extraits d’ouvrages historiques (dont le CongrĂšs de VĂ©rone de Chateaubriand, et l’Histoire intime de la Russie de Schnitzler), sur lesquels il a portĂ© des corrections.

L’ouvrage est divisĂ© en dix livres non titrĂ©s, les derniers non numĂ©rotĂ©s (« mettez le chiffre », note-t-il), eux-mĂȘmes divisĂ©s en chapitres en chiffres romains.

La page de titre porte : « Histoire de Russie – Suite et complĂ©ment de l’Histoire de Turquie – Par Lamartine » (au bas une sĂ©rie d’initiales qui restent pour nous mystĂ©rieuses). Le 1er volume comprend les livres suivants : I sur la Russie avant Pierre le Grand (p. 1-98) ;II consacrĂ© au rĂšgne de Pierre le Grand (p. 99-169) ; III de Catherine I re Ă  Élisabeth (p. 169 - 239) ; IV sur Pierre III (p. 239 - 345). Le 2e volume comprend les livres suivants : [V] (« Livre 6 Ăšme ») sur Catherine II (p. 1-124) [qui sera divisĂ© en deux livres V-VI dans l’édition (ici 1-12 et 62-124)] ; [VII] (« Livre VI ») sur Paul I er (p. 125 - 203) ; [VIII] consacrĂ© Ă  Alexandre I er (p. 204 - 285), ainsi que le livre [IX] (p. 286 - 386) ; [X] sur l’avĂšnement de Nicolas I er (p. 387 - 454) ; Ă  la fin, Lamartine a notĂ© : « Fin du 2e et dernier volume ». Citons les derniĂšres lignes, aprĂšs la cĂ©rĂ©monie de prestation de serment : « Le rĂšgne politique de Nicolas commença Ă  dater de jour. Il est trop prĂšs de nous pour ĂȘtre aujourd’hui racontĂ©. Avant de l’entreprendre il faut avoir jetĂ© dans son tombeau Ă  peine ouvert les partialitĂ©s, les ressentiments et les sĂ©vĂ©ritĂ©s lĂ©gitimes que ses derniĂšres annĂ©es de rĂšgne ont accumulĂ©s avec tant de sang sur son nom. MĂȘme pour accuser l’histoire a besoin de justice et la justice a besoin de tems ».

Suit un « Épilogue de l’histoire de Russie ou RĂ©flexions sur la guerre prĂ©sente » (23 pages, ch. 1-23), qui semble ĂȘtre restĂ© inĂ©dit . Lamartine rĂ©flĂ©chit sur la guerre de CrimĂ©e. Nous en citons le dĂ©but : « Le caractĂšre gĂ©nĂ©ral du rĂšgne de l’empereur Nicolas fut baignĂ© la derniĂšre annĂ©e de sa vie l’immobilitĂ© du monde, non seulement en Occident mais en Orient. L’immobilitĂ© du monde pendant une certaine pĂ©riode de tems Ă©tait pour la Russie non seulement un systĂšme mais un orgueil »..

3 000 - 4 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 48
800 - 1 000

108 bis LOUISE DE SAVOIE (1476 - 1536) mÚre de François Ier, Régente de France pendant la captivité de son fils.

P.S. « Loyse », Lyon 17 mai 1525; contresignée par BRETON; vélin oblong in-fol. (déchirure marginale sans perte de texte, brunissures).

Régente de France, elle donne ordre de payer à Jehan LE SIEUR, conseiller au Parlement de Rouen, la somme de 663 livres, pour le « parfaict payement de ses voyages sallaires et vaccacions »...

Provenance: ancienne collection MONMERQUÉ

109 Félicité de LAMENNAIS (1782 - 1854).

L.A.S. « L’abbĂ© de la Mennais », Paris 25 avril 1820, au baron de SYON Ă  Turin ; 1 page et quart in-8, adresse. Il lui recommande M. DELPLAN, « jeune architecte qui se rend Ă  Rome [
] Ce jeune artiste est l’ami d’une des personnes pour qui j’ai le plus d’attachement et d’estime » 

110 LAMENNAIS Félicité de (1782 - 1854).

7 L.A.S., 1827 - 1841, au marquis ou au comte de CORIOLIS D’ESPINOUSSE (5), et au baron de VITROLLES (2) ; 13 pages in-8 ou in-12, adresses et une enveloppe.

25 septembre [1827], aprĂšs une grave maladie : « Ma tĂȘte est encore trĂšs peu capable d’application, mais je n’ai besoin que de suivre le mouvement naturel de mon cƓur pour vous parler de la tendre et respectueuse affection que je conserverai pour vous jusqu’à la fin d’une vie dont j’ai vu le terme de bien prĂšs » 

25 novembre [1840 ?], apprenant la maladie du marquis : « DĂšs que les soins de mon procĂšs me laisseront deux heures dont je puisse disposer, j’irai m’informer de vos nouvelles, si toutefois je ne suis pas en prison. On a si grande envie de m’y mettre, et tant de moyens pour se passer cette envie, qu’il me paraĂźt assez difficile qu’on n’y rĂ©ussisse pas » 

Deux lettres sont Ă©crites de la prison de Sainte-PĂ©lagie au comte de Coriolis, fils du marquis. 19 janvier, aprĂšs la mort du marquis : « Si j’avais pu concevoir une crainte de ce genre, j’aurais certainement essayĂ©, malgrĂ© les embarras de mon procĂšs, de revoir encore une fois l’ami si constant et si bon que je ne cesserai jamais de regretter » 

8 avril, au sujet de la visite que le comte veut lui rendre dans sa prison.

Au baron de VITROLLES. 10 septembre 1836 : de retour d’un petit voyage Ă  Fontainebleau, il a trouvĂ© son neveu et sa sƓur, qu’il ne peut quitter jusqu’à leur dĂ©part. Dimanche 12 avril [1835 ?], au sujet d’un achat de bon vin, et d’un billet de George Sand.

111 LARGUIER Léo (1878 - 1950).

MANUSCRIT autographe d’un journal intime, 15 mai-novembre 1940 ; 52 pages in-fol. Chronique de la dĂ©bĂącle et du dĂ©but de l’Occupation

Alertes frĂ©quentes, cafĂ©s vides, amis absents (DorgelĂšs, Carco, RenĂ© Benjamin) : Larguier se sauve Ă  Chevreuse : « Je n’ai emportĂ© qu’une valise et le manuscrit du Temps passĂ©, mon asile, ma chartreuse, mon seul refuge »  Quelques jours plus tard, un train bondĂ© l’emmĂšne Ă  Viales en LozĂšre (500 habitants)
 Larguier a collĂ© dans son manuscrit des L.A.S. de la princesse Ernest d’ARENBERG et de RenĂ© BENJAMIN, des coupures de presse concernant l’armistice et Paris occupé  La vie quotidienne Ă  Viales sous l’ombre de la guerre
 Souvenirs d’enfance et de jeunesse
 Nouvelles de Vichy
 En novembre, il retrouve Ă  NĂźmes RenĂ© Benjamin, qui lui rapporte les confidences du marĂ©chal PĂ©tain sur l’entrevue de Montoire
 Larguier relit le journal des Goncourt


On joint quelques notes autographes, plus une coupure de presse sur l’arrestation d’Abel Hermant Ă  la LibĂ©ration.

112 Romain Thomas dit LHÉRITIER (1809 - 1885) acteur.

ALBUM de 23 aquarelles originales, dont 6 signĂ©es « Lh », [1860 - 1873] ; montĂ©es sur 12 feuillets de carton bleu oblong in-fol. dans un album en reliure d’époque demi-basane brune (rel. usagĂ©e).

Bel ensemble de caricatures des acteurs du Palais-Royal

Dans Le Roi Candaule (de Meilhac et Halévy, créé au Palais-Royal en 1873) : Romain Lhéritier, Jean-Marie-Michel

GEOFFROY, et René LUGUET.

Dans Le Plus Heureux des trois (de Labiche et Gondinet, Palais-Royal 1870), sur une mĂȘme feuille : Jules BRASSEUR, GEOFFROY, LHÉRITIER et GIL-PÉRÈS.

Dans L’Homme masquĂ© (des frĂšres Cogniard et Choler, Palais-Royal 1867) : Hyacinthe, LhĂ©ritier, DĂ©sirĂ©, Paul, Lassouche, Kalkaire, Gobin.

Dans La Sensitive (de Labiche, Palais-Royal 1860) : Amand, Arnal, Hyacinthe, Gil-PĂ©rĂšs, Brasseur et RenĂ© Luguet. Autres portraits de LASSOUCHE, BRASSEUR, PELLERIN, GIL-PÉRÈS, PRISTON, FITZELIER, HYACINTHE, LHÉRITIER (dans La Cagnotte de Labiche, 1864), ACHARD, LEVASSOR, RAVEL, FĂ©licia THIERRET, DÉSIRÉ ; Paul GRASSOT dans trois de ses rĂŽles (Le CĂ©lĂšbre Vergeot, Le Terrible Savoyard et DansorĂšs Españolas ; une page est Ă©galement consacrĂ©e aux « Esclaves » du Palais-Royal : le garçon d’accessoires, le 1er et le 2e rĂ©gisseurs.

49 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
750
1 000
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80
100
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800 - 1 000
1 000 - 1 200
800 - 1 000

113 LINCOLN Abraham (1809 - 1865).

L.A.S. « A. Lincoln », 17 août 1861, au général Lorenzo THOMAS (1804 - 1875) ; 1 page in-8, avec L.A.S. de Lorenzo Thomas et du général FRANKLIN sur 3 pages ; en anglais.

En répnse à une lettre des généraux Thomas et Franklin du 13 août 1861 concernant le capitaine DALLAS.

« I repeat that if Adjutant Genl. Thomas is reasonably well satisfied that Capt. Dallas was rejected by the Senate through misappre[hen]sion of facts, he is to be re-appointed. It is the opinion of the Adjutant General, and of Genl. Franklin, as shown by what they have written written [sic] within, that he is a good officer » .

114 LISZT Franz (1811 - 1886).

L.A.S. « F. Liszt », Weymar 7 aoĂ»t 1852, Ă  Joseph AUTRAN ; 4 pages in-8. Belle lettre sur son cycle choral Les Quatre ÉlĂ©ments et sur son poĂšme symphonique Les PrĂ©ludes [Ces deux Ɠuvres sont inspirĂ©es de poĂšmes de Joseph AUTRAN (1813 - 1877). Lors de la venue de Liszt Ă  Marseille, Joseph Autran lui offrit une suite de quatre poĂšmes, La terre, Les aquilon, Les flots et Les astres. Liszt conçut alors l’idĂ©e d’une cycle de choeurs pour voix d’hommes avec accompagnement de piano, Les Quatre ÉlĂ©ments, et composa immĂ©diatement la musique pour Les aquilons ; il en dirigea au piano la crĂ©ation Ă  Marseille mĂȘme lors de son dernier concert le 6 aoĂ»t 1844. Il complĂ©ta jusqu’en 1845 cette suite musicale avec les chƓurs des trois autres parties, mais il ne la publia ni ne la fit interprĂ©ter de son vivant. En revanche, il y ajouta en 1848 une ouverture symphonique qui utilise le thĂšme principal du chƓur Les Aquilons, mais cette ouverture devint une Ɠuvre symphonique indĂ©pendante, Les PrĂ©ludes, qui fut créée Ă  Weimar le 23 fĂ©vrier 1854. Liszt Ă©voque Ă©galement ici le recueil d’Autran Les PoĂšmes de la mer (Michel LĂ©vy, 1852), qui recueille les poĂšmes offerts Ă  Liszt et une piĂšce intitulĂ©e À Franz Liszt

« Votre lettre et le beau volume de vos PoĂšmes de la Mer m’ont fait un trĂšs grand plaisir, et je vous remercie bien cordialement de cette aimable preuve de votre bon souvenir. Il semble que vous ayez devinĂ© que la mer devait me manquer beaucoup ici et que vous ayez voulu y supplĂ©er par une de ces gĂ©nĂ©reuses libĂ©ralitĂ©s dont les poĂštes sont seuls capables. En effet vos vers me tiendront lieu de cette sublime sociĂ©tĂ©, de ces infinis horizons, de ces irrĂ©trouvables harmonies, qui m’étaient devenues familiĂšres durant mes voyages, et c’est avec vous que je les Ă©voquerai dĂ©sormais ! DĂšs la premiĂšre feuille j’ai Ă©tĂ© charmĂ© de retrouver plusieurs strophes que j’avais composĂ© autrefois et que je compte vous faire entendre lorsque je reviendrai Ă  Paris. Vous vous souvenezpeut-ĂȘtre m’avoir confiĂ© Ă  Marseille quatre textes – Les Flots – Les Bois – Les Astres – Les Autans. J’en ai achevĂ© la musique il y a longtemps, et en les orchestrant, l’idĂ©e me prit d’y joindre une assez longue ouverture. Nous en ferons quelque chose Ă  quelque beau jour ; malheureusement la musique ne prend vie que par l’exĂ©cution et il n’est pas toujours aisĂ© de disposer d’un personnel suffisant pour ce genre de composition qui ne s’adapte qu’à des programmes de concerts peu frĂ©quents ». Puis il fĂ©licitĂ© Autran pour son mariage avec Mme Fitch qu’il sera heureux de revoir, lors d’un voyage des Autran en Allemagne : « Tout aux portes de Weymar vous trouveriezla forĂȘt de Thuringe, renommĂ©e pour ses beaux points de vue, et la Wartbourg qui conserve ses traditions de combats de PoĂštes. Peut-ĂȘtre vous laisserez-vous tenter un jour de visiter ces contrĂ©es et me ferez-vous l’amitiĂ© de venir passer quelques jours avec moi et causer tout Ă  l’aise de nos Flots » 

115

LISZT Franz (1811 - 1886).

L.A.S. « F. Liszt », [Paris] Jeudi matin ; 1 page in-12. « Merci de votre beau zçle, cher vaillant collaborateur. Je me mets complĂštement Ă  votre disposition demain et aprĂšs demain dans l’aprĂšs-midi, soit chez Érard soit chez vous » 

116 LIVRES.

Ensemble de 3 ouvrages en 2 volumes.

BUNGUS Petrus (†1601). Mysticae numerorum significationis (Bergame, C. Venturae, ). 2 tomes en 1 vol. in-folio (32 x 20,5 cm) demi-veau brun Ă  petits coins, dos Ă  nerfs ornĂ© (remboĂźtage XIXe s.)

Rare Ă©dition originale de cet important traitĂ© de numĂ©rologie qui Ă©tudie cette discipline au travers de plusieurs centaines d’auteurs et sur une pĂ©riode s’étendant de l’AntiquitĂ© Ă  la Renaissance. Ancienne coll. RenĂ© Alleau. (Mouillures, forte brunissure aux derniers feuillets, quelques rousseurs, galerie de ver aux premiers feuillets, dĂ©chirures marginales, Ă©tiquette scotchĂ©e au premier contreplat, remboĂźtage malhabile du XIXe siĂšcle trĂšs dĂ©fraĂźchi.

COCLES Bartolomeo (1467 - 1504). La Geomantia, [suivi de :] GEBER Gioanni , De la Geomantia (Venise, G. Rapirio, 1550 et 1552). Ens. 2 ouvrages en 1 vol. petit in-8 (14,8 x 9,7 cm), maroquin vert, cadre intĂ©rieur de mĂȘme peau ornĂ© de dentelles, dos Ă  nerfs ornĂ© (reliure postĂ©rieure). RĂ©union de deux traitĂ©s abondamment illustrĂ©s dans le texte. Ex-libris manuscrit « Gaspard de Ronnat » sur le titre ; ancienne coll. Guy Bechtel (ex-libris gravĂ©). Taches et mouillures, annotations Ă  l’encre, dernier cahier partiellement dĂ©brochĂ©.

6 000 - 8 000

800 - 1 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 50
800 - 1 000
1 200 - 1 500

117 LOMAZZO Giovanni Paolo (1538 - 1592).

Traicté de la proportion naturelle et artificielle des choses par Ian Pol Lomazzo peintre milanois. Ouvrage necessaire aux Peintres, Sculpteurs, Graveurs, & à tous ceux qui pretendent à la perfection du Dessein (Toulouse, Arnaud Colomiez, 1649) ; grand in-4 (32,7 x 22,5 cm), [f. bl.]-[f.de titre]-[13 ff.]-[6 ff.]-91 pp. (erreur de numérotation à la p.61 indiquée 81)-[6 pp.] ; cartonnage bradel bleu, dos lisse orné, piÚce de titre en maroquin brun, tranches jaunies, emboßtage de toile bleu (reliure vers 1800).

Livre de peintre majeur, d’une extrĂȘme raretĂ©

PremiĂšre Ă©dition de la traduction française, partielle, du Trattato dell’arte della pittura de Lomazzo par Hilaire PADER, illustrĂ©e de bandeaux, lettres ornĂ©es et culs de lampe gravĂ©s sur bois, marque d’imprimeur gravĂ©e sur bois, 50 illustrations gravĂ©es sur cuivre, sur des planches hors-texte ou dans le texte (certaines signĂ©es H. Pader), et un portrait de Giovanni Paolo Lomazzo gravĂ© Ă  l’eau-forte.

Traduction du premier des sept livres de cet ouvrage publiĂ© Ă  Milan en 1584. Celui-ci concerne uniquement la science des proportions, mais occupe une place de premier ordre dans la littĂ©rature artistique de l’époque : « par sa date, puisque prĂ©cĂ©dant de deux ans la traduction du TraitĂ© de la peinture de LĂ©onard de Vinci par Roland FrĂ©art de Chambray, elle constitue le premier ouvrage acadĂ©mique publiĂ© en France Ă  ĂȘtre spĂ©cialement consacrĂ© Ă  la thĂ©orie de la peinture ; par son influence, puisqu’elle aida notamment Poussin Ă  formuler l’interprĂ©tation nĂ©oplatonicienne de l’art de peindre Ă  laquelle il resta ensuite attachĂ© ; enfin par la qualitĂ© de son illustration, oĂč les eaux-fortes de Pader offrent le paradoxal tĂ©moignage de figures maniĂ©ristes tracĂ©es de la main d’un maĂźtre du dessin classique » (Des livres rares depuis l’invention de l’imprimerie, BnF, 1998, p. 175).

Certains exemplaires contiennent une gravure au verso de la gravure n°5 ; sur d’autres, comme celui-ci, le verso est restĂ© vierge. Un lecteur de l’époque a soulignĂ© Ă  l’encre noire certains passages du texte.

Provenance : Theo Dobbelmann, 1941 (ex-libris collé sur le contreplat) ; ex-libris du XIXe siÚcle non identifié (collé au verso du feuillet de titre).

RĂ©fĂ©rences : Cicognara, n°332. - Robert-Dumesnil, t. VIII, pp. 262 - 270, n°2-53. (Mouillure rĂ©pĂ©tĂ©e sur plusieurs feuillets, petits trous sans manques au titre ; reliure en Ă©tat d’usage, frottements et dos abĂźmĂ©).

118 LOUĆžS Pierre (1870 - 1925) et BATAILLE Henry (1872 - 1922).

MANUSCRIT autographe signĂ© de Pierre LOUĆžS, 1894, illustrĂ© d’un DESSIN signĂ© et lĂ©gendĂ© par Henry BATAILLE, 1908 ; 1 page oblong in-4 (17 x 21,5 cm).

Belle page Ă  propos des Chansons de Bilitis

En haut Ă  gauche, LouĂżs a inscrit les deux derniĂšres strophes de La Jongleuse des Chansons de Bilitis (CXXI) : « Louez la, car elle fut adroite et fit des tours difficiles. Elle jonglait avec des cerceaux sans rien casser dans la salle et se glissallit au travers comme une sauterelle. Parfois elle faisait la roue sur les mains et sur les pieds. Ou bien, les deux jambes en l’air et les genoux Ă©cartĂ©s, elle se courbait Ă  la renverse et touchait la terre en riant ». Henry BATAILLE a dessinĂ©, Ă  la mine de plomb et Ă  l’encre noire, une contorsionniste nue simulant une dĂ©capitation, lĂ©gendĂ©e : « SalomĂ© dansant devant HĂ©rode la danse de la “DĂ©collation de S. J. Baptiste” Henry Bataille 1908 ».

On joint un ensemble de 19 lettres ou piĂšces, la plupart L.A.S.

Paul ADAM, Henri BARBUSSE, Julien BENDA, Pierre BENOIT, Henry BERNSTEIN, Maurice DEKOBRA, Lucie DELARUE-MARDRUS, Georges DUHAMEL, Claude FARRÈRE, Jean-Jacques GAUTIER, Bernard GAVOTY, AndrĂ© LEBEY, Marius-Ary LEBLOND, Georges LECOMTE, Francis DE MIOMANDRE, Robert SABATIER


51 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
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1 000
1 500
600 - 800

119

[LOWE Hudson (1769 - 1844) général anglais, geÎlier de Napoléon à Sainte-HélÚne.]

4 lettres et documents, Sainte-HélÚne 1816 - 1821 ; sur 14 pages in-fol., avec analyse au dos des documents ; en anglais.

L.A.S. du major Gideon GORREQUER (1781 - 1841), aide de camp d’Hudson Lowe, Sainte-HelĂšne 1er aoĂ»t 1817, Ă  Denzil IBBETSON, commissaire gĂ©nĂ©ral Ă  Sainte-HĂ©lĂšne (3 p. in-fol.). Hudson Lowe fait part de son opposition au transfert d’Ibbetson demandĂ© par l’East India Company, notamment en raison de la demande accrue de fournitures causĂ©e par l’augmentation de la population de l’üle causĂ©e par la prĂ©sence de NapolĂ©on. Le magasinier par qui la dĂ©livrance des provisions Ă©tait faite autrefois, s’est rĂ©vĂ©lĂ© incompĂ©tent, mais s’est dĂ©fendu des irrĂ©gularitĂ©s relevĂ©es par Lowe en arguant qu’il n’a pas eu d’assistant supplĂ©mentaire aprĂšs l’arrivĂ©e du gĂ©nĂ©ral Bonaparte et l’augmentation de la population sur l’üle... Il a Ă©tĂ© jugĂ© opportun, mĂȘme par principe d’économie ainsi que pour assurer un approvisionnement rĂ©gulier et bon, de faire fournir par le Commissariat les viandes et les fourrages pour les Ă©tablissements du gĂ©nĂ©ral Bonaparte. Lowe propose qu’Ibbetson soit commissaire aux comptes des Ă©tablissements de NapolĂ©on, ce qui devrait inciter le TrĂ©sor Ă  l’autoriser Ă  rester sur l’üle. [Ibbetson, arrivĂ© sur l’üle avec NapolĂ©on sur le Northumberland en 1815, y resta en effet jusqu’en juin 1823.] « The storekeeper by whom the issue of Provisions was formerly made, has been found incompetent to the complete discharge of all duties in other branches and having had no additional assistant in consequence of the arrival of General Bonaparte and of the increase in population on the island, has assigned this as a cause to the Court of Directors for some irregularities which the governor has represented to them. ... It has been found expedient, even from principles of economy as well as to ensure a regular and good supply, to have meats and forage for General Bonaparte’s establishments furnished from the Commissary »  On y a joint des extraits d’une lettre de LOWE Ă  l’East Company of India (2 juin 1816), et de la rĂ©ponse de la Company (6 dĂ©cembre 1816) (ensemble 3 p. in-fol.).

Copie par Thomas READE (adjudant gĂ©nĂ©ral adjoint) du General Order d’Hudson Lowe le 25 juillet 1821 (6 pages et demie in-fol.). Ordre gĂ©nĂ©ral rĂ©digĂ© par Lowe lors de son dĂ©part de Sainte-HĂ©lĂšne, remerciant avec gratitude les militaires (dont un certain nombre sont nommĂ©s), le corps mĂ©dical, le RĂ©vĂ©rend Vernon (aumĂŽnier militaire) et Denzil Ibbetson, qui a eu des tĂąches diverses et dĂ©licates Ă  accomplir
.

120 MAGRITTE René (1898 - 1967).

L.A.S. « RM », Bruxelles 8 septembre 1964, Ă  son ami AndrĂ© BOSMANS ; 1 page in-8 Ă  son en-tĂȘte et adresse. À propos de l’affaire des fausses Cartes d’aprĂšs nature Ă©ditĂ©es par le groupe de la revue Vendonah Il ne croit pas souhaitable de reproduire les cartes dans la revue RhĂ©torique. Il suffirait d’en donner la description suivante sous le chapeau VariĂ©tĂ©s : « De fausses “Cartes d’aprĂšs Nature” ont Ă©tĂ© mises en circulation. Elles portent les n os 11 et 12. Le n° 11 ne contient aucun texte, ni illustration. Le n° 12 : ”Ceci n’est pas un Magritte-Magritte” et le mot “RĂ©ponse” et rien de plus. La discrĂ©tion du ou des auteurs anonymes de ces fausses “cartes d’aprĂšs nature” est tout juste bonne Ă  les faire s’imiter eux-mĂȘmes »...

121

MAINTENON Françoise d’AubignĂ©, marquise de (1635 - 1719) Ă©pouse secrĂšte de Louis XIV, fondatrice de la maison de Saint-Cyr pour les jeunes filles.

L.A.S. « Maintenon », 6 octobre, à Mme du MARETZ à Paris ; 1 page et demie in-4, adresse avec fragments de cachet cire aux armes (brunissures aux bords).

Mme de Maintenon voit avec peine la mauvaise santĂ© de Mme du Maretz, et ne sait comment la remercier de sa peine : « Vous menvoyĂ©s bien promptement largent de M e Dillon, vous nen rabattĂ©s rien. Mr d’Arche paye avant davoir jouy du revenu de son EveschĂ© une pension que le Roy a donnĂ© Ă  un curĂ© de mes amis, qui ne devoit toucher que dans un an, il nen diminue rien a vostre exemple et comble d’honnestetĂ©s un pauvre religieux qui nen peut revenir destonnement. Mr de Bercy a des attantions particulieres pour ce qui regarde Maintenon et qui depend de luy. Vous voyĂ©s Madame, que tout ce qui vous est proche me traitte assez bien, et que j’ay raison de faire passer par vous la regnoissance que j’en ay »...

122

MALLARMÉ StĂ©phane (1842 - 1898)

L.A.S. « StĂ©phane MallarmĂ© », Tournon samedi soir [automne 1864, Ă  Henri HERLUISON] ; 3 pages in-8 Ă  l’encre bleue su papier Ă  son en-tĂȘte gravĂ©

RĂ©clamation Ă  un bibliophile indĂ©licat [Henri HERLUISON (1835 - 1905) Ă©tait un libraire-Ă©diteur d’OrlĂ©ans, et historien d’art ; il fut conservateur des musĂ©es d’OrlĂ©ans.]

« Mon ami Albert GLATIGNY, qui Ă©tait au commencement de l’annĂ©e Ă  OrlĂ©ans, m’a dit vous avoir prĂȘtĂ© un exemplaire, fort rare et au quel je tiens beaucoup, du Tragaldabas de VACQUERIE. Depuis, soit qu’il ait nĂ©gligĂ© de vous le redemander, soit que vous ayez oubliĂ© de le lui renvoyer, Ă  chacune de mes trĂšs pressantes rĂ©clamations, Glatigny a invariablement rĂ©pondu que vous ne le lui remettiez pas, et Ă  la fin m’a fait part de votre adresse.

Mon ami est maintenant en Allemagne, et c’est parce qu’il se trouve trop loin pour que vous lui fissiez parvenir cette brochure que je me permets de m’adresser directement à vous.

Voici longtemps que j’ai infiniment besoin de cette comĂ©die, et je vous serais, Monsieur, trĂšs obligĂ© de me la faire parvenir de suite ».

Il donne son adresse Ă  Tournon (ArdĂšche).

800 - 1 000

1 200 - 1 500

300 - 500

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 52
1 000
- 1 200

123 MALLARMÉ StĂ©phane (1842 - 1898).

L.A.S. « Stéphane Mallarmé », Valvins 20 août 1887, à Camille de SAINTE-CROIX ; 4 pages in-8 avec vignette à la derniÚre page (papier bruni, quelques fentes et marques de plis). Beau commentaire de Contempler (Albert Savine, 1887).

« C’est, comme l’autre, un livre particuliĂšrement griffĂ© ! Le genre prĂ©somptueux qui a voulu remplacer le poĂ«me et tout, sans les raccourcis de pensĂ©e prodigieux et le vers, ou le Roman, se dĂ©gonfle et les Ă©crivains clairvoyants ramĂšnent aux MĂ©moires, qui seuls lui conservent sa grĂące et sa force primesautiĂšres, leur prose. Vous me paraissez de l’heure mĂȘme en cela, avec des sons anciens et de terroir littĂ©raire possĂ©dĂ©s presque par vous seul ! Notamment que de quelque vie vous animiez vos si intĂ©ressantes figures, on les sent, les pages finies, dĂ©pendre d’un livre, tout en Ă©tant jusqu’au miracle ! cela Ă  la plus grande gloire de l’écrit, qu’elles n’ont point l’impudence de nier pour se vautrer Ă  mĂȘme nous. Voici qui est subtil ! je veux dire qu’on jouit Ă  la fois et selon un dosage excellent, de vos hautes puissances de recrĂ©ation et de vos qualitĂ©s rares de style si dans le gĂ©nie mĂȘme de la langue et magistralement rythmĂ©, tout cela ne faisant qu’un : cet acte d’écrire, dont vous parlez dans votre prĂ©face et qui est l’autre acte humain qu’aimer ! » 

Correspondance (éd. B Marchal), n° 834, p. 651.

124

MALLARMÉ StĂ©phane (1842 - 1898)

L.A.S. « SM », Valvins Lundi [28 septembre 1896], Ă  Mademoiselle Paule GOBILLARD Ă  Rouen ; 2 pages in-12 (petite fente), enveloppe (dĂ©chir. Ă  l’emplacement du timbre).

« Bonjour, les volages. On vous met Ă  part, sur ce carton, vos compliments, pour bien montrer qu’on croit Ă  votre existence particuliĂšre, Ă  Paule, Ă  Julie et Ă  Jeannie ; la preuve est qu’on ressent un vrai vide Ă  ne vous avoir pas lĂ . [
] Alors amusez-vous bien, dĂ©pensez au long de la route et rapportez du rire »... Il explique ensuite qu’on a mis par mĂ©garde Ă  la poste une lettre pour sa fille GeneviĂšve, que ce billet devait accompagner ; une autre lettre attend GeneviĂšve Ă  Rouen, poste restante


125 MALRAUX André (1901 - 1976).

MANUSCRIT autographe signé « André Malraux ». 1976 ; 1 page in-4.

Un des derniers textes de Malraux, évoquant son ami Galanis

Il a Ă©tĂ© reproduit en fac-similĂ© en tĂȘte du catalogue de l’Hommage Ă  Demetrius Galanis (1897 - 1966), organisĂ© du 1er juin au 18 septembre 1976 par le Centre culturel hellĂ©nique de Paris au musĂ©e de Montmartre. Malraux est mort le 23 novembre.

« Que sont devenues ces natures mortes d’Anthologie grecque – figues, amandes, flĂ»tes de Pan, raisins – si diffĂ©rentes de l’illustration des Nuits d’Octobre, alors dans sa gloire, qu’en 1922 les jeunes Ă©crivains comparaient aux fruits des CĂšnes toscanes, Ă  ceux de Derain ? (Plusieurs ont appartenu Ă  Vanili PhotiadĂšs) Combien de surprises nous donnerait une exposition, peintures, et gravures, du temps oĂč GALANIS se reposait en dĂ©corant d’autres figues et d’autres flĂ»tes, l’harmonium qu’il avait fabriquĂ© patiemment entre 1920 et 1930
 »

126 MANET Édouard (1832 - 1883).

P.A.S. « Ed. Manet » au bas d’une reproduction de son tableau Le Bon Bock ; 3 lignes au crayon noir sous une photographie (18,3 x 16 cm) montĂ©e sur carton gris de 34 x 18,4 cm (un coin dĂ©chirĂ©). DĂ©dicace du fameux tableau Le Bon Bock Ă  son Ă©lĂšve Éva GonzalĂšs.

« à M lle Eva GonzalÚs hommage affectueux Ed. Manet ».

[Manet a peint Le Bon Bock en 1873 ; le tableau remporta un grand succĂšs au Salon de 1873. Peintre impressionniste et seule Ă©lĂšve de Manet, Éva GONZALÈS (1849 - 1883) lui servit souvent de modĂšle ; elle connut son premier succĂšs au Salon de 1870, oĂč Manet exposa d’ailleurs un magnifique portrait d’elle (Londres, National Gallery).]

2 000 - 2 500

53 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 000 - 1 500
700 - 800
1 000
- 1 200

MANUSCRIT MÉROVINGIEN.

MANUSCRIT de l’abbaye de Saint-Martin de Tours, Tours VII e siĂšcle. Feuillet de parchemin (225 x 195 mm) en latin, contrecollĂ© Ă  des feuillets de papyrus Ă©gyptien en grec du VI e ou VII e siĂšcle. Étui de conservation. Rare fragment de la comptabilitĂ© domaniale de l’abbaye Saint-Martin de Tours, collĂ© sur un fragment d’un poĂšme grec sur la vie de Saint Joseph par ÉphraĂŻm le Syrien sur papyrus

Le feuillet de comptes sur parchemin a Ă©tĂ© contrecollĂ© Ă  des feuillets de papyrus, probablement afin de le renforcer et de rĂ©duire le recourbement des feuillets de parchemin (Sati, ‘Merovingian Accounting Documents ’, pp. 147-51).

Il est Ă©crits sur deux colonnes de 22 et 24 lignes, Ă  l’encre carbone, sans rĂ©glure, avec ligne de sĂ©paration entre les deux colonnes tracĂ©e sans le secours d’une rĂšgle, foliotation « 3a » tardive sans rapport avec le texte (tĂ©moignant probablement de l’appartenance Ă  un ancien recueil du XIXe s. provenant de la collection d’Amans-Alexis de Monteuil), cursive mĂ©rovingienne, notes tironiennes – onciales grecques de type copte, plusieurs mains (?) de la mĂȘme pĂ©riode sont intervenues dans ce document (des notes tironiennes, croix, notes en marges et biffures). Feuillet rognĂ© de tous cĂŽtĂ©s, principalement dans les marges gauche, supĂ©rieure et infĂ©rieure avec manques de texte dans la premiĂšre colonne.

Un feuillet manuscrit descriptif de la main d’Alexis de Monteuil accompagne le document. Ce feuillet issu d’un manuscrit mĂ©rovingien identifiĂ© comme provenant du plus grand centre culturel français du septiĂšme siĂšcle, l’abbaye Saint Martin de Tours, prĂ©serve aussi une partie du seul papyrus tĂ©moignant d’un texte classique survivant au nord des Alpes

Document Ă©crit Ă  l’abbaye de Saint-Martin de Tours, fondĂ©e au Ve siĂšcle par Saint Brice, devenant bĂ©nĂ©dictine au VIIe s., puis cathĂ©drale laĂŻque sous Charlemagne en 806. Plusieurs fragments identifiĂ©s comme appartenant au mĂȘme ensemble par Pierre Gasnault se trouvent dĂ©sormais Ă  Paris (voir art. de Sati) et mentionnent l’abbĂ© Agrycus de Saint-Martin. Il en a conclu que cet ensemble, auquel se rattache sĂ»rement notre feuillet, a certainement Ă©tĂ© Ă©crit lĂ -bas.

Le document mĂ©rovingien contient une liste de noms avec les redevances dues au domaine de Saint-Martin de Tours. Il rĂ©pertorie les prĂ©noms Ă  consonance principalement germanique des 46 habitants locataires de l’abbaye, avec Ă  leur suite les volumes des diffĂ©rents grains dĂ»s (froment, seigle, orge, 
) et leur mesure en muid (modium) ou demi-muid (semodium). La transcription du texte a Ă©tĂ© publiĂ©e par Gasnault (pp. 310-14) ; parmi les 24 noms lisibles qui y figurent, on retrouve Childoberthus (col.2, l.3), Domoramnus (col.2, l.5), Dignon (col.2, l.6), Flanoberthus (col.2, l.7), Lupogisel (col.2, l.9), Genoaldus (col.2, l.13) et Taheuderamnus (col.2, l.21, etc. Pour comprendre la nature exacte de ce document, il faut remonter aux origines de l’administration des biens clĂ©ricaux. Les abbayes durant cette pĂ©riode n’avaient pas d’autonomie pour la gestion de leur domaine et devaient se rĂ©fĂ©rer directement aux diocĂšses conformĂ©ment au concile de ChalcĂ©doine en 451. Il est donc curieux d’observer ici directement un Ă©cart aux recommandations papales, est-ce une dĂ©rogation ou un document de suivi ? Selon Sati, une Ă©tude reste Ă  faire sur le rĂŽle exact de ce document au sein de la l’administration du domaine abbatial car il existe peu de documentation sur la question. L’hypothĂšse de la provenance du feuillet a Ă©tĂ© proposĂ©e par Pierre Gasnault, dans son article dĂ©diĂ© aux deux fragments apparus lors de la vente de Sotheby’s en 1989 (« Deux nouveaux feuillets de la comptabilitĂ© domaniale de l’abbaye Saint-Martin de Tours Ă  l’époque mĂ©rovingienne »). Selon lui ces feuilles ont Ă©tĂ© rĂ©utilisĂ©es pour former la couvrure d’une reliure d’un exemplaire de Philippus sur Job dans la bibliothĂšque de Saint-Martin, MS 88 dans le catalogue dressĂ©, selon toute apparence, en 1700 du Fonds de Saint-Martin enrichi des observations faites par Chalmel en 1807 (Tours, BM, ms 1296) (voir L. Delisle, « Notice sur les manuscrits disparus de la bibliothĂšque de Tours », Notices et extraits des manuscrits de la Bibl. Nationale, 31, 1884, Appendice VII). Ils y ont Ă©tĂ© vus au dĂ©but du XVIII e siĂšcle in situ par le mauriste Bernard de Montfaucon (1665 - 1741) qui en a publiĂ© une description accompagnĂ©e d’une gravure du script sur papyrus dans sa Palaeographica graeca, 1708, pp. 214-15, en citant une lettre de Dom LĂ©on Chevalier, c. 1706, sur ces « Nobilia fragmenta inter membranas varias conglutinae » (Papiers de BrĂ©quigny, vol. XXXIV et XXXV). Ce sont les seuls manuscrits sur papyrus que Montfaucon ait jamais vus.

Lors de la rĂ©volution, les manuscrits de la cathĂ©drale ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s Ă  la BibliothĂšque Municipale de Tours et beaucoup de volumes se sont retrouvĂ©s perdus ou vendus vers 1830 Ă  Paris par les marchands comme Techener ou Monteuil. Cet Ă©pisode de de la vie des collections françaises est dĂ©crit ainsi par Delisle dans sa Notice sur les manuscrits de la ville de Tours : « Il faut dĂ©plorer la coupable nĂ©gligence qui a fatalement amenĂ©, pendant les trente premiĂšres annĂ©es de ce siĂšcle, l’aliĂ©nation, au poids du papier ou du parchemin, de plusieurs centaines de manuscrits dont beaucoup sont arrivĂ©s, vers l’annĂ©e 1830, chez les brocanteurs de Paris... On ne pourra jamais savoir assez de grĂ© aux Ă©tablissements et aux particuliers qui ont alors recueilli ces Ă©paves d’un grand naufrage, et sans l’intervention desquels de magnifiques manuscrits du moyen-Ăąge auraient Ă©tĂ© condamnĂ©s aux plus vils usages et abandonnĂ©s, comme matiĂšre premiĂšre, aux relieurs, aux batteurs d’or, aux fabricants de colle et Ă©piciers. » Une note de Chalmel en 1807 sur l’état du dĂ©pĂŽt et des 272 manuscrits de Saint-Martin laisse Ă  penser qu’un certain nombre Ă©taient dĂ©jĂ  jugĂ©s « victimes de leur vĂ©tustĂ© et du dĂ©faut de conservation », dont 150 en mauvais Ă©tat qui mĂ©ritaient des rĂ©parations.

20 000 - 30 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 54 127

Peut-on supposer qu’entre sa visite et l’arrivĂ©e chez les brocanteurs de Paris, un tri aurait Ă©tĂ© fait par certaines personnes de la bibliothĂšque ? Pierre Gasnault explique que ces feuillets avaient Ă©tĂ© donnĂ©s par le libraire Techener vers 1830 a Amans-Alexis Monteil (1769 - 1850) pour le remercier d’une expertise sur des manuscrits, et il aurait vendu le reste au cĂ©lĂšbre collectionneur anglais Phillipps. Le feuillet manuscrit qui accompagne notre fragment, comme ceux qui accompagnaient les autres vu par Pierre Gasnault en 1967, est de la main du fils de Monteil (« Deux nouveaux feuillets », pp. 308-09). Un recueil de fragments rĂ©unis dans un volume apparait dans la vente de 1833 de Monteil et le prĂ©sent feuillet Ă©tait sans doute parmi eux (une foliotation tardive 3a pourrait correspondre Ă  ce recueil). Vendu chez Sotheby’s Londres le 29 juin 1989, lot 26 (l’autre feuillet rĂ©apparaitra ultĂ©rieurement [Fogg, cat.16, 1995, n° 14]),

SchĂžyen MS 570.

Le papyrus copte

L’envers du parchemin, qui porte du papyrus contrecollĂ©, a attirĂ© l’attention du cardinal Giovanni Mercati (1866 - 1957), Ă©rudit bibliothĂ©caire du Vatican. Il a travaillĂ© sur le texte d’aprĂšs les transcriptions de Montfaucon quelque deux siĂšcles plus tard, ne sachant pas que l’original avait survĂ©cu. Il a identifiĂ© les mots en onciale copte du VI e/VII e siĂšcle, comme faisant partie d’un poĂšme grec sur la vie de Saint Joseph par le thĂ©ologien syriaque, EphraĂŻm le Syrien (c. 306 - 373). Ce papyrus est Ă  ce jour le tĂ©moin le plus ancien de ce poĂšme. La question de la prĂ©sence de ce manuscrit grec au sein des murs de l’abbaye tourangelle dĂšs le dĂ©but du haut moyen-Ăąge peut se poser, car la maĂźtrise du grec Ă©tait alors une compĂ©tence trĂšs rare. L’historien Max Ludwig W. Laistner observe qu’au VIII e et IXe siĂšcle, les personnes pouvant encore le lire se comptaient sur les doigts d’une main (Thought & Letters in Western Europe, 1931, p. 238). L’autre hypothĂšse probable serait un usage des papyrus non comme tĂ©moin textuel mais comme matiĂšre premiĂšre. Les auteurs anciens furent probablement victime du manque d’intĂ©rĂȘt pour la culture antique dans l’empire devenu chrĂ©tien. GrĂ©goire de Tours raconte que le commerce des papyrus en Europe au VI e siĂšcle rĂ©sistait encore face Ă  l’arrivĂ©e du parchemin, et il fut mĂȘme utilisĂ© pour les bulles pontificales jusqu’au XI e siĂšcle. Le spĂ©cialiste des manuscrits du Haut Moyen Âge, E.A. Lowe, rĂ©pertorie seulement une poignĂ©e de manuscrits sur papyrus pour la pĂ©riode (Codices Latini Antiquiores). Notre fragment d’origine Ă©gyptienne est d’autant plus prĂ©cieux que la destruction de la bibliothĂšque d’Alexandrie par les troupes arabes Ă©tait survenue quelques dĂ©cennies plus tĂŽt, vers 640.

Bibliographie : P. Gasnault, « Deux nouveaux feuillets de la comptabilitĂ© domaniale de l’abbaye Saint-Martin de Tours Ă  l’époque mĂ©rovingienne », Journal des savants 1995, pp. 307-21 ; S. Sati « The Merovingian Accounting Documents of Tours: form and function », Early Medieval Europe, 9 (2000), pp. 143-61.

128 MARIE LESZCZINSKA(1703 - 1768) Reine de France, femme de Louis XV.

L.A., Versailles 22 aoĂ»t 1745, Ă  son gendre l’Infant Dom PHILIPPE, duc de PARME ; 1 page in-4, adresse « A mon frere, cousin et gendre, l’Infant Dom Phillippe », cachets de cire rouge Ă  ses armes sur soies roses. Belle lettre familiale, aprĂšs le mariage (23 fĂ©vrier 1745) du Dauphin Louis de France avec Marie-ThĂ©rĂšse d’Espagne, fille de Philippe V et sƓur de l’Infant Philippe, duc de Parme, qui avait Ă©pousĂ© en 1739 la fille aĂźnĂ©e de Louis XV, Louise-Élisabeth-Marie.

Elle a eu plaisir Ă  recevoir sa lettre, car elle Ă©tait fĂąchĂ©e de son silence : « J’avois chargĂ© vostre sƓur de vous en gronder. Je luy scait tres bon grĂ© de s’en etre acquitĂ©e. Il est juste que je vous instruise de mes sentimens pour elle, je l’aime de tout mon cƓur, je desire qu’elle soit heureuse, je tacherois d’i contribuer toute ma vie. Il faut vous parler aussi du principal personage sur ce qui la regarde qui est mon fils cela me paroit tenir plus de l’amour que de l’amitiĂ©, et j’en suis enchantĂ©. Dieu veuille que cela dure toujours. De meme je le desire, et l’espere » 

128 bis [MARIE-LOUISE]. – DU ROZOIR Charles.

Éloge de Pie VI, avec l’Histoire religieuse de l’Europe sous son pontificat, accompagnĂ© de piĂšces officielles et de documents authentiques. Paris, Arthus Bertrand, 1825. In-8, demi-cuir de Russie rouge avec coins, chiffre couronnĂ© au centre, dos lisse ornĂ© (Reliure de l’époque).

Édition originale, ornĂ©e d’un portrait lithographiĂ© de Pie VI.

Histoire du pape PIE VI (1775 - 1799), martyr de la RĂ©volution française, du Directoire et du Consulat. AprĂšs avoir assistĂ©, impuissant, Ă  l’entrĂ©e des troupes de Berthier dans Rome en fĂ©vrier 1798 et Ă  la proclamation de la RĂ©publique romaine, le souverain pontife fut contraint de renoncer Ă  son pouvoir temporel et de quitter la Ville Ă©ternelle. RĂ©fugiĂ© en Toscane, il fut capturĂ© par l’armĂ©e française et dĂ©portĂ© dans la prison de Valence oĂč, aprĂšs un interminable pĂ©riple, il succomba d’épuisement.

Un ouvrage Ă©clairant sur l’affrontement que la RĂ©publique française puis NapolĂ©on ont livrĂ©, au-delĂ  de la personne de Pie VI, Ă  la PapautĂ©.

Exemplaire provenant de la bibliothĂšque de Marie-Louise Ă  Parme, reliĂ© au chiffre de l’ancienne impĂ©ratrice des Français.

Quelques rousseurs. Dos un peu noirci.

Provenance : Calvin Bullock (ex-libris).

55 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 200 - 1 500
400 - 500

129 MATISSE Henri (1869 - 1954).

L.A.S. « H Matisse », 14 novembre 1946, Ă  Mary HUTCHINSON ; 1 page in-8, enveloppe. Il lui envoie deux invitations : « Vous y verrez que la sĂ©ance sera trĂšs intĂ©ressante. Je souhaite que vous puissiez remettre votre rendez-vous pour y assister » 

400

500

1 500 - 2 000

L.A.S. « Giu. Mazarini », Rome 1er dĂ©cembre 1636, au baron Giuseppe MATTHEI (Ă  Civitavecchia) ; 3 pages in-4, dont le dĂ©but par un secrĂ©taire (petit trou par corrosion d’encre) ; en italien. Lettre du sĂ©jour romain de Mazarin, avant d’entrer au service de Richelieu

Le dĂ©but de la lettre est Ă©crit par un secrĂ©taire ; puis Mazarin prend la plume pour Ă©crire 17 lignes. Il remercie le baron de son extrĂȘme courtoisie, et de bien vouloir prendre soin du transport de ses biens et de deux chevaux, dont un gris que le cardinal BICHI souhaite prĂ©senter Ă  Monseigneur GIORI. Il ne manquera pas de servir le baron si l’occasion se prĂ©sente. Il promet de le rembourser des dĂ©penses occasionnĂ©es. Dans le post-scriptum autographe, Mazarin renouvelle ses remerciements et annonce que les chevaux sont bien arrivĂ©s. Il a rendez-vous avec le Cardinal [Francesco] BARBERINI...

On joint la fin d’une L.A.S. aux Surintendants (1 page oblong in-12), les priant de « faire payer de bonnes grace » une somme au cardinal Grimaldi.

MANUSCRIT autographe, [fin 1934 ?] ; 16 pages in-4 au crayon, avec ratures et corrections (le dĂ©but manque). Important exposĂ© sur le dĂ©veloppement de la ligne d’AmĂ©rique du Sud et la traversĂ©e de l’Atlantique pour le service postal et pour des passagers, avec un parallĂšle entre l’avion et l’hydravion, et le rĂ©cit de ses traversĂ©es

Pour Mermoz, « l’avion et l’hydravion on chacun leur place dans l’avenir des traversĂ©es aĂ©riennes transatlantiques commerciales :

L’avion au point de vue purement postal

L’hydravion au point de vue purement passagers ».

800 - 1 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 56
On joint un tĂ©lĂ©gramme de Matisse Ă  la mĂȘme (30.XII.1948), remerciements et vƓux. -
130 MAZARIN Jules, cardinal (1602 - 1661).
131 MERMOZ Jean (1901 - 1936) aviateur.
Il faut adopter l’avion (et Ă©carter l’hydravion) pour le service postal, pour la vitesse d’abord, « base fondamentale des traversĂ©es transatlantiques postales rĂ©guliĂšres ».... « Le pilotage sans visibilitĂ© aux instruments reprĂ©sente un progrĂšs considĂ©rable et ses possibilitĂ©s certes sont immenses tout particuliĂšrement dans la brume, les plafonds bas et mĂȘme dans un grand nombre de systĂšmes orageux europĂ©ens [...], mais il existe des temps dans lesquels je ne m’engagerai pas en pilotage sans visibilitĂ© et de nuit ». Quant aux perturbations mĂ©tĂ©orologiques sur l’Atlantique Sud, elles peuvent ĂȘtre trĂšs dangereuses, sans compter « le fameux pot-au-noir », notamment lors de la mousson. « Pour ma part, j’ai eu l’occasion d’en rencontrer deux fois entre Natal et le rocher St Paul dans la zone de l’üle Fernando de Noronha. La premiĂšre fois de jour ce n’était pas une succession de grains relativement espacĂ©s comme ceux du pot-au-noir mais un vĂ©ritable systĂšme cyclonique avec un front de tornade barrant la route d’Est en Ouest sur une distance inapprĂ©ciable parce que trop Ă©tendue, aux nuages collĂ©s Ă  l’eau avec par endroits quelques trombes marines suffisamment caractĂ©ristiques par leur forme pour ne pas les reconnaĂźtre comme extrĂȘmement dangereuses. La mer Ă©tait dĂ©montĂ©e et semblait se soulever comme aspirĂ©e. Pour passer au-dessus, il aurait fallu au moins atteindre cinq mille mĂštres pour trouver le calme. Changeant de route et circulant pendant vingt bonnes minutes vers l’Est, en bordure de ce front sans fissures, j’ai fini par trouver une vague issue qui semblait plus claire et m’y suis engagĂ©. En deux abattĂ©es successives, l’appareil engagĂ© Ă  fond est descendu jusqu’à l’eau. De justesse il s’est redressĂ© sous l’effort dĂ©sespĂ©rĂ© des commandes. En mĂȘme temps nous sommes entrĂ©s dans une vĂ©ritable masse d’eau qui semblait s’écrouler. Pendant un quart d’heure, propulsĂ©s par les rafales de vent dans un vĂ©ritable dĂ©luge, Ă  quelques mĂštres d’une mer dĂ©montĂ©e, Dabry, GimiĂ©, Collenot (et moi) avons trouvĂ© les minutes longues
 Puis peu Ă  peu tout se calma dans une pluie trĂšs dense comme celle des queues de tornade. GimiĂ© put passer le fatidique T.V.B. » Mermoz raconte une autre perturbation qui l’obligea, aprĂšs plusieurs tentatives, Ă  retourner se poser, non sans mal, Ă  Natal. Il n’est pas sĂ»r qu’il aurait rĂ©ussi Ă  s’en sortir par nuit noire et en pilotage sans visibilitĂ©. Il vaut donc mieux, pour ne pas courir au dĂ©sastre Ă  cause des importantes perturbations atmosphĂ©riques, porter l’effort sur les vols transatlantiques de jour. Avec une vitesse de croisiĂšre de 300 km Ă  l’heure de croisiĂšre, « on ira de Port-Etienne Ă  Porto-PraĂŻa en 3 heures ; de Porto-PraĂŻa Ă  Noronha en 7 heures ; de Noronha Ă  Natal en 1 heure 20 ; de Dakar Ă  Noronha en 8 h 45 ; de Dakar Ă  Natal en 10 h. Je pense que voilĂ  la vĂ©ritable sĂ©curitĂ©. Il est prĂ©fĂ©rable de passer 10 h sur l’eau et de jour que d’y rester vingt ou vingt-trois heures »... Mermoz expose alors le dĂ©veloppement des infrastructures des terrains Ă  PraĂŻa, l’üle Maio, Ă  Noronha, Ă  Recife : « La plus longue distance transatlantique sans escale ne sera plus que 2.150 km ». Il veut aussi dĂ©velopper les liaisons radio, notamment avec les bateaux, par un accord entre Air-France et les compagnies maritimes...

Il faut d’abord envisager « la question postale sur la ligne d’AmĂ©rique du Sud [...] C’est la seule susceptible de faire vivre Ă©conomiquement cette ligne malgrĂ© toutes les rĂ©ductions de subventions Ă  envisager », le problĂšme des passagers passant au second plan. « Or pour transporter du courrier, le gros tonnage et le confort sont des Ă©lĂ©ments inutiles et superflus. Il faut tendre simplement sans cesse vers la plus grande vitesse pour une utilisation de puissance et un tonnage limitĂ© Ă©conomique », alors que pour les passagers « la plus grande sĂ©curitĂ©, le gros tonnage et le confort » sont essentiels. « L’avion postal doit en principe ne jamais perdre de temps. Il va sans cesse contre la montre, passe aux escales Ă  toutes les heures du jour et de la nuit, tend toujours Ă  gagner sur un horaire plus ou moins bien dĂ©fini. Le pilote qui voyage avec son radio et le courrier a le droit de risquer davantage, en toute conscience professionnelle et en toute connaissance de son devoir avec une complĂšte libertĂ© d’esprit ». Pour les passagers, au contraire, la sĂ©curitĂ© est primordiale, et coĂ»teuse en personnel et en infrastructures. Pour lui, « les nĂ©cessitĂ©s d’une exploitation de ligne postale sont souvent incompatibles avec celle d’une ligne de transports », et il ne croit pas, sur le parcours de la ligne France-AmĂ©rique du Sud, aux solutions mixtes « qui diminuent la valeur respective des deux formules d’exploitation, en sacrifiant l’une au profit de l’autre »...

L’autre raison d’adopter l’avion au point de vue postal est la question du tonnage. Prendre des hydravions pour assurer Ă  la fois le service du courrier et celui de passagers prĂ©sente de gros risques financiers et de sĂ©curité ; la rentabilitĂ© ne sera pas assurĂ©e, et le moindre accident annulerait tous les efforts. Mermoz donne des chiffres qui montrent l’avantage d’un dĂ©veloppement d’un service postal rapide et rĂ©gulier, qui assurerait un gain de temps d’une vingtaine de jours sur le service normal : « On peut penser que le poids du courrier triplera et quadruplera rapidement. [...] Pour rĂ©aliser une exploitation Ă©conomique il faut des appareils rapides et Ă©conomiques, avec des appareils du type le Comet de Haviland de la course Londres Melbourne qui peut transporter 160 kgs de poste Ă  320 km Ă  l’heure sur un parcours de 3600 km et cela avec moins de 500 chevaux consommant 75 litres d’essence et 1 l. d’huile Ă  l’heure, on peut arriver Ă  une exploitation postale hebdomadaire coĂ»tant moins de vingt cinq millions par an. En doublant la frĂ©quence l’augmentation des frais gĂ©nĂ©raux ne dĂ©passe pas 5 Ă  6 millions. Or si 130 kgs de poste hebdomadaires correspondent Ă  20 millions de recettes annuelles, si en doublant la frĂ©quence on double le courrier, il est facile de se rendre compte que la ligne France AmĂ©rique du Sud peut vivre et peut ĂȘtre assurĂ©e d’une existence normale, mĂȘme si l’on diminue un jour les surtaxes postales »... Cela n’empĂȘchera pas de penser un jour Ă  une ligne de prestige pour les passagers, avec une subvention comme celles accordĂ©es aux compagnies de paquebots...

« Pour le moment, il n’y a qu’un effort Ă  faire. Comme je l’ai dĂ©jĂ  dit il n’existe en ce moment pour moi ni avion ni hydravion sur l’Atlantique Sud. Je suis prĂȘt Ă  prendre l’un comme l’autre sans m’arrĂȘter Ă  une question de formule. J’ai tenu simplement Ă  mettre certaines choses au point Ă  formuler des idĂ©es sur un avenir plus ou moins immĂ©diat ». Puis Mermoz revient sur l’avantage de l’avion qui « a toujours Ă©tĂ© en tĂȘte du progrĂšs aĂ©ronautique. L’avion va plus vite plus haut et plus loin que l’hydravion. Il l’a prouvĂ© dans maintes expĂ©riences par maints records. À l’heure actuelle il n’y a pas d’hydravion capable de battre l’avion quant Ă  la vitesse, le plafond, la charge utile emportĂ©e, le rayon d’action et il faut bien penser que si l’hydravion gagnait en qualitĂ©s techniques, celles de l’avion augmenteraient proportionnellement dans le mĂȘme ordre de grandeur ». En cas d’amerrissage forcĂ©, l’avion offre plus de sĂ©curitĂ© que l’hydravion... « On peut donc reconnaĂźtre Ă  l’avion un rĂŽle important Ă  jouer dans la solution d’un problĂšme qui exige la plus grande charge utile Ă  emporter pour un maximum de rendement Ă©conomique et de vitesse. [...] Je pense d’abord qu’un avion marchant Ă  300 km Ă  l’heure grĂące Ă  sa finesse, Ă  son hĂ©lice Ă  pas variable et d’ici peu Ă  son compresseur a moins de chance de panne et d’incident de vol en 7 ou 10 h. de traversĂ©e qu’en 20 ou 23 h. de vol. Quand l’hydravion fera du 300 km Ă  l’heure, l’avion fera du 400 km. Il restera toujours moins longtemps au-dessus de la mer, et cela, c’est dĂ©jĂ  la premiĂšre sĂ©curitĂ©. DĂšs que l’Ile Fernando-de-Noronha va possĂ©der sa piste de dĂ©part [...], il faudra sept heures pour aller de PraĂŻa Ăźles du Cap Vert Ă  Noronha. Si un avion terrestre bi ou trimoteur est calculĂ© pour voler Ă  pleine charge avec un des moteurs stoppĂ©, je doute fort qu’il ne puisse rejoindre Ă©tant Ă  mi-route l’une ou l’autre de ses escales : au maximum en 3 h 30 de vol. Lorsque les hĂ©lices Ă  pas variable seront dĂ©finitivement au point, pourquoi un trimoteur, ne serait-il pas calculĂ© pour au dĂ©part n’ĂȘtre autre chose qu’un bi-moteur emportant son troisiĂšme moteur stoppĂ© avec une hĂ©lice au pas complĂštement effacĂ© comme secours ? »...

Et il conclut : « La technique aĂ©ronautique fait de tels progrĂšs et les possibilitĂ©s d’avenir sont si vastes que l’on doit se dĂ©tacher de plus en plus de la crainte de venir au sol ou Ă  l’eau malgrĂ© soi. Il ne faut pas prĂ©juger de garantir une sĂ©curitĂ© complĂšte. Il n’y aura des sacrifices Ă  consentir quoi que l’on fasse pour les Ă©viter. Ils sont trop Ă  l’abri des raisonnements et des discussions pour que l’on s’y attarde. Mais avec une infrastructure solidement Ă©tablie, une organisation mĂ©tĂ©orologique et radio goniomĂ©trique solide, si les compagnies de navigation maritime s’intĂ©ressent davantage au sort des traversĂ©es aĂ©riennes transatlantiques, on peut envisager l’avenir avec sĂ©rĂ©nitĂ© ».

Provenance : archives MERMOZ (vente Artcurial 11 octobre 2008, M93).

57 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)

132

[MERMOZ Jean (1901 - 1936) aviateur.

30 tĂ©lĂ©grammes adressĂ©s Ă  Jean M ERMOZ, 13-24 janvier 1933 ; la plupart dactylographiĂ©s avec en-tĂȘte The Western Telegraph Company ou Republica Argentina Telegrafo de la Nacion VƓux et fĂ©licitations pour le premier vol transatlantique de l’Arc-en-Ciel (un trimoteur Couzinet 70) du Bourget le 7 janvier 1933 Ă  Istres, Port-Étienne et Saint-Louis du SĂ©nĂ©gal, d’oĂč il part au matin du 16 janvier pour rejoindre Natal oĂč il arrive le soir mĂȘme, et d’oĂč il repart le lendemain matin pour Rio. Il a traversĂ© l’Atlantique en 14 h 32, en compagnie du constructeur Couzinet, du copilote Pierre Carretier, du navigateur Louis Mailloux, du mĂ©canicien Camille Jousse et du radio Jean Manuel.

On relĂšve les noms d’Antoine de SAINT-E xUPÉRY (« Tiens avant votre dĂ©part vous redire toute mon amitiĂ© mes meilleurs souhaits et regret de n’avoir pu vous dire adieu »..), la marquise de NOAI ll ES , Jacques de SAINT-PIERRE , Edmond

D’O l IVEIRA , le Consul de France GIACHETTI , le Service mĂ©tĂ©orologique d’Uruguay, l’AĂ©ro-Club de France, etc.

On joint 2 télégrammes de Mermoz à sa mÚre lors de son voyage de retour (Dakar et Saint-Louis du Sénégal 16 et 17 mai 1933), et 4 télégrammes reçus par Mermoz (18-23 mai).

Provenance : Aéronautique, Lettres et manuscrits de Jean Mermoz (Artcurial, 13 octobre 2008, M76).

1 000

133

MESSIAEN Olivier (1908 - 1992).

MANUSCRIT autographe signĂ© « Olivier Messiaen », Vingt Leçons d’harmonie (1940) ; 1 f. de titre + 48 pages de musique in-fol. (sur feuillets doubles), et 1 f. de titre + 6 pages de texte in-4.

Importante contribution en musique à l’histoire de l’harmonie musicale, en hommage de Messiaen aux maütres qu’il admire

C’est dans l’étĂ© 1939 que Messiaen commença Ă  rassembler et ordonner ces exercices Ă©crits les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes pour ses cours Ă  l’École Normale et Ă  la Schola Cantorum, dans des styles allant de Monteverdi Ă  Messiaen lui-mĂȘme, et dont il avait dĂ©jĂ  donnĂ© un Ă©chantillon dans Le Monde musical en fĂ©vrier-mars 1937. La publication eut lieu aux Ă©ditions Alphonse Leduc en mai 1940.

Messiaen a composĂ© un projet de page de titre : « Olivier Messiaen / Vingt Leçons d’harmonie / Dans le style de quelques auteurs importants de “l’Histoire Harmonique” de la musique, depuis Monteverdi jusqu’à Ravel. / PrĂ©cĂ©dĂ©es d’une note de l’Auteur et de Remarques sur la rĂ©alisation de chaque leçon en particulier / Prix majorĂ© : 30 francs / Selon une nouvelle mĂ©thode de travail, ce volume sert Ă  la fois au MaĂźtre et Ă  l’élĂšve » 

La Note de l’auteur explique : « Ces leçons sont destinĂ©es aux Ă©lĂšves ayant dĂ©jĂ  terminĂ© “l’apprentissage” du TraitĂ© d’harmonie. Leur difficultĂ© est Ă  peu prĂšs celle des concours d’harmonie du Conservatoire de Paris. Pour inciter l’élĂšve Ă  lire les Ɠuvres des maĂźtres anciens et modernes, Ă  y trouver la source des rĂšgles qu’on lui impose et des licences qu’on lui tolĂšre, elles ont Ă©tĂ© conçues dans le style de quelques auteurs importants de “l’histoire harmonique” de la musique, depuis Monteverdi jusqu’à Ravel. Il ne s’agit point de pastiches, mais de l’étude Ă  quatre voix de diffĂ©rents styles »  Etc. Suivent des remarques explicatives sur chacune des 20 leçons
 Le manuscrit musical est rĂ©alisĂ© Ă  l’encre noire sur papier Ă  16 lignes. Il comprend :

1. Chant donnĂ© (dans le style de Monteverdi) (p. 1-3), ModĂ©rĂ© un peu vif. – 2. Chant donnĂ© (dans le style d’un Passepied de Rameau) (p. 4-5), Vif et gracieux. – 3. Basse donnĂ©e (dans le style des chorals de J.S. Bach) (p. 6), DĂ©cidĂ©, un peu vif. – 4. Basse donnĂ©e (dans le style d’un PrĂ©lude de J.S. Bach) (p. 7-8), Bien modĂ©rĂ©. – 5. Basse donnĂ©e (Ă  3 voix, dans le style des sonates et trio pour orgue de J.S. Bach) (p. 9-10), Bien modĂ©rĂ©. – 6. Chant donnĂ© (dans le style de Gluck) (p. 11), Un peu lent, noble. – 7. Basse donnĂ©e (dans le style des quatuors Ă  cordes de Mozart) (p. 12-14), Gai, modĂ©rĂ©. – 8. Chant donnĂ© (dans le style des quatuors Ă  cordes de Mozart) (p. 15-17), TrĂšs lent et tendre. – 9. Basse donnĂ©e (dans le style de Schumann) (p. 18-19), TrĂšs vif et lĂ©ger. – 10. Chant donnĂ© (dans le style des canons de CĂ©sar Franck) (p. 21-22), TrĂšs lent, expressif et recueilli. – 11. Basse donnĂ©e (style mi-Schumann, mi-Lalo) (p. 23-24), Vif et lĂ©ger. [p. 25 faux dĂ©but grattĂ©]. – 12. Chant donnĂ© (style mi-Chabrier, mi-Massenet) (p. 26-27), PassionnĂ©, presque vif. – 13. Basse donnĂ©e (dans le style de la Sicilienne de FaurĂ©) (p. 28), ModĂ©rĂ©. – 14. Chant donnĂ© (style trĂšs hybride : un peu Schumann, un peu FaurĂ©, un peu Albeniz) (p. 29-31), Presque vif, et lĂ©ger. – 15. Chant donnĂ© (style mi-Franck, mi-Debussy) (p. 32-33), Un peu lent, expressif et recueilli – 16. Chant donnĂ© (style mi-Massenet, mi-Debussy) (p.34-35), Lent et tendre. – 17. Chant donnĂ© (style mi-Chabrier, mi-Debussy) (p. 35-36), BalancĂ©, un peu vif. – 18. Chant donnĂ© (dans le style du PellĂ©as et MĂ©lisande de Cl. Debussy) (p. 37-39), ModĂ©rĂ©, profondĂ©ment expressif. – 19. Chant donnĂ© (Ă  5 voix, dans le style de Maurice Ravel) (p. 40-43), Presque vif, et caressant. – 20. Chant donnĂ© (style trĂšs spĂ©cial, se rapprochant un peu des cantilĂšnes hindoues) [titre primitif biffĂ© : dans le style des PoĂšmes pour Mi de l’auteur] (p. 44-47), ModĂ©rĂ©, avec charme Bibliographie : Peter Hill et Nigel Simeone, Olivier Messiaen (Fayard, 2008), p. 112 - 113 et 550 - 551.

1 500 - 2 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 58
- 1 500

134 MESSIAEN Olivier (1908 - 1992).

MANUSCRIT MUSICAL autographe signĂ© « Olivier Messiaen », Chronochromie pour orchestre (1960). ; un fort volume in-fol. de 4 feuillets et 215 pages (plus 6 titres intermĂ©diaires), interfoliĂ©s de serpentes, reliure de toile noire. Manuscrit d’une des Ɠuvres majeures de Messiaen pour l’orchestre

Commande de Heinrich Strobel pour le festival de Donaueschingen en Allemagne, Chronochromie fut Ă©crite en 1959 - 1960. Le titre primitif en Ă©tait « Postlude », et Messiaen l’avait probablement d’abord conçu comme une conclusion orchestrale au Catalogue d’oiseaux. Sans renoncer Ă  la prĂ©sence des oiseaux, auxquels il ajoute la transcription des bruits de cascades et torrents des Alpes, avec de grandes violences d’effets, Messiaen fait de son Ɠuvre une sorte de synthĂšse de ses recherches rythmiques et chromatiques, et pousse aussi loin que possible les lois de l’orchestration. Se libĂ©rant des formes classiques, Messiaen adopte les pĂ©riodes de la triade de la poĂ©sie chorale grecque selon une structure libre mais complexe de sept mouvements qui s’enchaĂźnent.

Créée le 16 octobre 1960 au concert de clĂŽture du Festival de Donaueschingen par Hans Rosbaud et l’Orchestre du SĂŒdwestfunk, puis au Festival de Besançon par Georges PrĂȘtre avec l’Orchestre National le 13 septembre 1961, et enfin Ă  Paris au Théùtre des Champs-ÉlysĂ©es par le mĂȘme orchestre sous la direction d’Antal Dorati, Chronochromie suscita, lors de ces premiĂšres auditions, un scandale avec de vives rĂ©actions d’une partie du public, dĂ©sorientĂ©e par la nouveautĂ© de l’Ɠuvre et choquĂ©e par sa violence sonore, et une vigoureuse polĂ©mique ; mais elle apparut nĂ©anmoins comme « un des sommets de la musique de ce temps, et d’autre part Ă  la fois comme un aboutissement et une synthĂšse de l’art de Messiaen, et comme un nouveau dĂ©part » (Harry Halbreich). Elle fut publiĂ©e aux Ă©ditions Alphonse Leduc en mai 1963.

Le manuscrit est trĂšs soigneusement notĂ© au crayon noir sur des papiers de 18 Ă  32 lignes. Il est mĂ©ticuleusement annotĂ©, avec de trĂšs nombreuses indications de tempo, de dynamique, de nuance, et les diverses interventions d’oiseaux


La page de titre (on devine le titre primitif Postlude gommĂ©) porte diverses notes au crayon : une explication du titre adoptĂ©, des notes pour la relecture et rĂ©vision de la partition, et la « durĂ©e totale de l’Ɠuvre : environ 35 minutes ».

Suivent deux notes de l’auteur, la premiĂšre Ă©tant une sorte de prĂ©face. « Écrite en 1959 - 1960, sur la demande d’Heinrich Strobel et du SĂŒdwestfunk, la Chronochromie repose sur un double matĂ©riau sonore et temporel. Le matĂ©riau temporel en rythmique utilise 32 durĂ©es diffĂ©rentes, traitĂ©es en interversions symĂ©triques, toujours interverties dans le mĂȘme ordre. Les 36 permutations ainsi obtenues sont entendues soit seules et fragmentairement, soit superposĂ©es 3 par 3. Toutes ne sont pas employĂ©es. Celles qui figurent dans la partition sont indiquĂ©es par des nombres correspondant Ă  leur place exacte dans le tableau gĂ©nĂ©ral des 36 permutations. Le matĂ©riau sonore ou mĂ©lodique utilise des chants d’oiseaux de France, de SuĂšde, du Japon, et du Mexique. Les noms d’oiseaux sont inscrits sur la partition au moment prĂ©cis oĂč ils entrent en scĂšne musicale. Leur pays d’origine est Ă©galement indiquĂ©. Les oiseaux n’ayant pas de nom de pays sont des oiseaux de France. On trouve aussi dans le matĂ©riau sonore des bruits de torrents de montagne, notĂ©s dans les Alpes françaises. Les mĂ©langes de sons et de timbres, trĂšs complexes, restent au service des durĂ©es, qu’ils doivent souligner en les colorant. La couleur sert donc Ă  manifester les dĂ©coupages du Temps. D’oĂč le titre : Chronochromie (du grec Khronos = Temps, et KhrĂŽma = Couleur)

– traduction : Couleur du Temps. L’Ɠuvre comporte 7 parties enchaĂźnĂ©es : Introduction – Strophe I – Antistrophe I – Strophe II – Antistrophe II – ÉpĂŽde – Coda ».

La 2e Note est plus technique : « Toute la partition est notĂ©e en sons rĂ©els et Ă  l’octave rĂ©elle, et cela pour tous les instruments. Il n’y a donc pas d’instruments transposĂ©s – exemple : les clarinettes en si bĂ©mol sonnent comme elles sont Ă©crites, les cors en fa sonnent comme ils sont Ă©crits. Il n’y a pas non plus d’instruments Ă©crits Ă  l’octave infĂ©rieure ou supĂ©rieure », etc.

Suit la Nomenclature des instruments, classĂ©s par familles. « B ois : 1 petite flĂ»te, 3 flĂ»tes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 1 petite clarinette en mi bĂ©mol, 2 clarinettes en si bĂ©mol, 1 clarinette basse en si bĂ©mol, 3 bassons. C uivres : 1 petite trompette en rĂ©, 3 trompettes en ut, 4 cors en fa, 3 trombones, 1 tuba. C laviers, 3 exĂ©cutants : 1 glockenspiel (Ă  clavier), 1 xylophone (Ă  baguette), 1 marimba ; N.B. : les parties de xylophone et de marimba sont difficiles (surtout dans les 2 Antistrophes) et rĂ©clament d’excellents instrumentalistes. C lo C hes : Jeu de 25 cloches donnant tous les degrĂ©s chromatiques [
] (en 2 rangĂ©es de tubes superposĂ©es) – jouĂ© par un seul exĂ©cutant. Per C ussions mĂ©talliques : 1er gong (aigu), 2e gong (mĂ©dium aigu), 3 e gong (mĂ©dium), jouĂ©s par un seul exĂ©cutant ; cymbale suspendue (mĂ©dium grave), cymbale chinoise (grave), tam-tam (trĂšs grave), jouĂ©s par un seul exĂ©cutant. C ordes : 16 premiers violons, 16 seconds violons, 14 altos, 12 violoncelles, 10 contrebasses. L’ÉpĂŽde comporte : 6 1ers violons soli, 6 2es violons soli, 4 altos soli, 2 violoncelles soli. Ces parties devront ĂȘtre confiĂ©es aux chefs de pupitre, les seconds de pupitres leur tournant les pages ».

La partition d’orchestre est ainsi divisĂ©e :

Introduction (p. 1-33) ; Strophe I (p. 34-50) ; Antistrophe I (p. 51-79) ; Strophe II (p. 80-96) ; Antistrophe II (p. 97-152) ; Épîde (p. 153 - 189) ; Coda (p. 190 - 215).

Bibliographie  : Peter Hill et Nigel Simeone, Olivier Messiaen (Fayard, 2008), p. 300 - 309, 314 - 316. Discographie  : Pierre Boulez, Cleveland Orchestra (DG 1993)

59 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
10 000 - 15 000

135

MILHAUD Darius (1892 - 1974).

MANUSCRIT MUSICAL autographe signĂ© « Darius Milhaud », ‘adame Miroir, ballet (1948) ; 1 feuillet de titre et 15 pages in-fol. (34,5 x 27,5 cm).

Musique de ballet pour Roland Petit sur un livret de Jean Genet

C’est pour les Nouveaux Ballets de Roland PETIT que Milhaud Ă©crivit cette musique, sur un livret de Jean GENET, dont ce fut le seul ballet. La chorĂ©graphie fut confiĂ©e Ă  Janine Charrat, dans un dĂ©cor de Paul Delvaux et des costumes de LĂ©onor Fini. La crĂ©ation eut lieu au Théùtre Marigny le 30 mai 1948. Roland Petit dansait le Matelot, avec son reflet Serge Perrault (l’Image) et le Domino (ou la Mort) dansĂ© en alternance par Volodia Skouratoff et LĂ©o

Auer. Ce fut « montĂ© avec beaucoup de soin et de goĂ»t par les Nouveaux ballets de Roland Petit. Un beau dĂ©cor de Delvaux reprĂ©sentait un labyrinthe tout en glaces, un marin s’y perdait, escortĂ© sans cesse par son double, et il se trouvait subitement en prĂ©sence de la Mort » (Darius Milhaud, Ma vie heureuse). La critique salua cette Ɠuvre « trĂšs charnelle, trĂšs trouble, trĂšs attachante », comme « le plus puissant ballet que l’on nous ait prĂ©sentĂ© depuis la LibĂ©ration ».

C’est l’opus 283 du compositeur ; la partition fut aussitĂŽt publiĂ©e chez Heugel.

Ce manuscrit de la « rĂ©duction pour piano » est notĂ© Ă  l’encre noire sur papier Parchment Band de Belwin Ă  20 lignes ; il est signĂ© et datĂ© en fin « Paris 8 Avril 1948 », avec la durĂ©e : « Total 18 minutes » ; un minutage dĂ©taillĂ© figure au dos de la page de titre. La partition comprend cinq numĂ©ros.

I. Entrée et Danses du Matelot devant les Miroirs (p. 1) ;

II. Le Matelot et son Image (Pas de deux), Modéré (p. 6) ;

III. Entrée de la Femme (la Mort) et Danse avec le Matelot (Pas de trois), Modéré (p. 8) ;

IV. Danse de la Mort et du Matelot (p. 10) ;

V. La Mort et l’Image du Matelot (Final), Vif (p. 13).

Bibliographie : Edmund White, Jean Genet (Gallimard, 1993), p. 337 - 338 ; Jean Genet, Théùtre, Bibl. de la Pléiade (Gallimard, 2002), p. 245 - 253.

136 MILITARIA.

9 L.S., 1806 - 1842.

-

300

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 60
- 1 000
800
MarĂ©chal BERTHIER, 2 novembre 1806, Ă  Lannes. CLARKE, duc de Feltre, 13 mai 1808. MarĂ©chal DAVOUT, prince d’Eckmulh, 24 janvier 1812, au gĂ©nĂ©ral LefĂšbvre. GOUVION SAINT CYR, 30 dĂ©cembre 1818, au Comte Rivard de la RaffiniĂšre. MarĂ©chal SOULT, duc de Dalmatie, 21 aoĂ»t 1842. MarĂ©chal VICTOR, duc de Bellune, 10 mai et 2 dĂ©cembre 1822. Jean-Baptiste FRANCESCHI, copie d’une lettre du marĂ©chal Berthier (sur papier Ă  en-tĂȘte d’Oudinot). MarĂ©chal SUCHET duc d’Albufera, copie de lettre Ă  son en-tĂȘte. 400

137 MIRABEAU Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de (1749 - 1791) le grand orateur des débuts de la Révolution.

L.A.S. « Mirabeau fils », [Londres] 28 décembre 1784, à un ami ; 2 pages in-8.

Belle lettre de son exil Ă  Londres, sur sa situation difficile et sur ses Ɠuvres [Dans sa lettre, datĂ©e du mĂȘme jour que la prĂ©face de ses Doutes sur la libertĂ© de l’Escaut, rĂ©clamĂ©e par l’Empereur (Londres, G. Faden, 1784), Mirabeau parle de son travail, de sa maĂźtresse Henriette de NEHRA, et d’un pamphlet de Joseph SERVAN, probablement Questions du jeune docteur Rhubarbini de Purgandis, adressĂ©es Ă  MM. les docteurs-rĂ©gens, de toutes les facultĂ©s de mĂ©decine de l’univers, au sujet de M. Mesmer, & du magnĂ©tisme animal (Padoue, dans le cabinet du Docteur, 1784).]

« Je vois bien que lorsqu’il n’y a ni services Ă  rendre Ă  tes amis, ni mĂ©moires balloniques Ă  demander tu te rappelles tout au plus, le nom de ceux qui t’aiment, et tu n’as pas la plus lĂ©gĂšre dĂ©mangeaison de leur Ă©crire. Mais moi qui brĂ»le la fievre au coin de mon feu, et dont la poitrine, par sympathie je crois, souffre cruellement, je pense Ă  toi parce que je me porte mal, et que tu te portes bien, ce qui fait dans mon ame compensation de plaisir et de peine, de sorte qu’en y joignant l’aimable convalescence de ma compagne [Henriette de NEHRA] qui reprend sa force et sa beautĂ©, je supporte avec une patience dont je suis moi-mĂȘme Ă©tonnĂ© ma situation pĂ©nible. Je m’en veux pourtant de ne t’avoir pas Ă©crit depuis plusieurs jours, et je ne m’absous pas en me disant que tu me dois une rĂ©ponse ; je me dis au contraire que tout autre que le philosophique Toi seroit inquiet de moi ou fĂąchĂ© contre moi. Dans les deux cas je puis te dire : frappe mais Ă©coute. À dater depuis les derniers jours du mois dernier, je suis occupĂ© d’un travail instant, pĂ©nible et nĂ©cessaire qui a tellement rempli mon temps que mes journĂ©es n’y ont pas suffi ; j’ai pris plus de la moitiĂ© de mes nuits, ce dont mon Henriette m’auroit bien dispensĂ©, et je me suis tuĂ© Ă  ce mĂ©tier. Je n’ai plus un corps de fer comme autrefois et quoique je sois de la trempe de ceux qu’un sentiment dĂ©lasse d’un travail, la fatigue d’écrire aprĂšs avoir Ă©crit m’a toujours fait remettre au lendemain, et le repos absolu aprĂšs la besogne m’étoit encore plus nĂ©cessaire le lendemain que la veille. Cela tient Ă  ce que je sens qu’il m’est impossible de t’écrire briĂšvement [
]. Le Docteur ELLIOT a Ă©tĂ© tout aussi dĂ©licat et gĂ©nĂ©reux que tu l’avois prĂ©vu. Nous n’avons pu lui rien faire accepter ; il nous a renvoyĂ© Ă  la mort de mon pĂšre. Quelle que soit ma fortune, je ne pourrai pas payer le service qu’il m’a rendu en redonnant la santĂ© Ă  mon ami ; c’est pour moi le retour du bonheur. J’aime je l’avoue, la mĂ©decine qui arrive et qui chasse la maladie. Comment veux-tu que ces gens lĂ  ne tiennent pas le genre humain bridĂ© Ă  leur service jusqu’à la fin des siecles, quand on voit un d’entr’eux nous rendre avec deux lignes d’écriture l’ĂȘtre chĂ©ri pour qui nous venons de trembler. Bien des superstitions se sont Ă©tablies Ă  moins de frais et sur des raisons plus lĂ©gĂšres. Servant [Joseph SERVAN] vient de faire un livre contre eux qui me paroĂźtroit d’une consĂ©quence fĂącheuse pour la facultĂ© si quelque chose pouvoit l’ĂȘtre. Il me semble que depuis le chapitre de Montaigne et les sarcasmes de Moliere, ils n’ont guĂšre Ă©tĂ© plus rudoyĂ©s. Je te prĂȘterai cela Ă  ton retour ; Ă  quand ton retour ? Car tes quinze jours se prolongent cruellement » 

138 MIRÓ Joan (1893 - 1983).

L.A.S. « MirĂł », 24.VII.1975, Ă  Maurice BRUZEAU ; 1 page in-4 Ă  son en-tĂȘte, enveloppe. Il le remercie pour son article : « Cet article me parait trĂšs juste et avec une claire vision de ma dĂ©marche » 

139 MONET Claude (1840 - 1926).

LAS, Argenteuil 30 mai 1875 ; 3 pages in-8.

Il a reçu la lettre de son correspondant annonçant qu’il pouvait lui « donner 150 F espĂšces [
] mais je ne sais oĂč prendre les 250 autres tellement le moment est mauvais pour moi. Bien certainement vous ne voudrez pas faire de frais inutiles. TĂąches donc Monsieur de pousser jusqu’au bout l’obligeance ». Il l’engage Ă  aller voir RENOIR chez lui. Il sera quant Ă  lui « toute la semaine Ă  Argenteuil », oĂč on le trouvera entre onze heures et midi


140 MONET Claude (1840 - 1926).

L.A.S. « Claude Monet », Fresselines 1er mai [1889, à Gustave GEFFROY] ; 4 pages in-8.

Lors de son séjour en Creuse chez Maurice Rollinat

Il le prie d’aller voir Ă  l’Exposition universelle ou regarder dans le catalogue « s’il y a des tableaux de moi, et surtout s’il y en a un appartenant Ă  Faure [le chanteur Jean-Baptiste FAURE]. Croyez-vous que ce misĂ©rable m’écrit ce matin qu’il me refuse de me prĂȘter un seul tableau pour chez Petit, sous prĂ©texte qu’il en a envoyĂ© beaucoup au Champ de Mars et qu’il ne veut pas dĂ©garnir son appartement. S’il en a envoyĂ© Ă  l’exposition comme je n’ai Ă©tĂ© consultĂ© par personne je ferai tout pour les faire retirer » 

Il fait « un temps Ă©pouvantable et c’est folie Ă  moi de rester encore mais je ne veux avoir aucun regret ni reproche Ă  me faire et je persiste sans aucune chance de rĂ©ussite. Jamais je ne me suis tant rongĂ© et donnĂ© de mal et dire que ce sera pour rien » 

Il ajoute que ROLLINAT lui a « lu hier soir sa derniĂšre chose en prose (la vieille cheminĂ©e) et pour y faire suite (le feu) c’est trĂšs trĂšs bien ».

61 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
600 - 800
700 - 800
1 000 - 1 200
1 200 - 1 500

140 bis MONET Claude (1840 - 1926).

L.A.S. « Claude Monet », Giverny 10 mai 1893, Ă  Gustave GEFFROY ; Ÿ page in-8 Ă  en-tĂȘte Giverny par Vernon, enveloppe.

Il lui rappelle qu’il l’attend « samedi comme vous me l’avez promis », et le prie de confirmer l’heure de son arrivĂ©e.

141 MONET Claude (1840 - 1926).

L.A.S. « Claude Monet », Christiania 13 fĂ©vrier 1895, Ă  SA FEMME ALICE ; 4 pages in-8 Ă  en-tĂȘte de Giverny (3 marques au stylo rouge).

Belle lettre sur son travail en NorvĂšge

Il a reçu ses lettres, mais commençait Ă  se tourmenter. « Je vois que vous avez bien froid aussi mais ce n’est rien Ă  cĂŽtĂ© d’ici ce que vous avez la nuit nous l’avons le jour. Je comprends la joie des patineurs, mais je tremble bien pour le jardin, pour les oignons, pense-t-on bien Ă  surveiller la glace dans le bassin. Ce serait bien malheureux si tout ce qu’il y a de plantĂ© allait pĂ©rir. Je suis du reste aux regrets de m’ĂȘtre absentĂ© Ă  prĂ©sent, car Ă  part la joie d’ĂȘtre avec Jacques [HoschedĂ©, fils d’Alice] et de pouvoir t’en donner de bonnes nouvelles, ce voyage ne me sera d’aucune utilitĂ©, jusqu’à prĂ©sent j’avais pensĂ© pouvoir travailler. Hier encore nous avons voyagĂ© toute la journĂ©e pour cela et vu des choses de toute beautĂ©, mais je vois la chose trop difficile l’installation matĂ©rielle, les pertes de temps d’allĂ©es et venues rendent tout travail impossible. Et comme je trouve inutile de couvrir des toiles pour les planter lĂ , j’y renonce, Ă  la grande dĂ©ception de Jacques. Tout cela me rend d’humeur assez sombre et regrette bien de ne pas ĂȘtre Ă  Giverny oĂč j’aurais pu profiter des belles choses qu’il y a en ce moment, et comme j’ai maintenant assez vu la NorvĂšge il se pourrait que subitement je reprenne le chemin de la France n’ayant aucun goĂ»t pour voir des pays que je ne puis peindre. Du reste je suis trop vieux pour m’embarquer dĂ©sormais pour des pays Ă©trangers, en France tant qu’on voudra oĂč l’on peut se caser et vivre Ă  sa guise et oĂč l’on peut profiter de son temps. Ici manger Ă  une autre heure qu’eux est chose presque impossible, on se couche fort tard et on se lĂšve de mĂȘme. Enfin malgrĂ© l’amabilitĂ© des NorvĂ©giens j’en ai presque plein le dos et tout cela parce que je ne peux pas travailler, que c’est chose impossible. Mais en voilĂ  assez mĂȘme trop tu vas m’en vouloir de me laisser ainsi abattre et dĂ©courager. Heureusement nous nous portons Ă  merveille. [
] prends garde aussi de prendre froid. [
] Dis Ă  Blanche que je l’envie bien de pouvoir de pouvoir travailler qu’elle ne dĂ©courage pas, c’est bon pour un vieux comme moi » 

142

MONET Claude (1840 - 1926).

L.A.S. « Claude Monet », Giverny 21 mars 1899, Ă  François DEPEAUX ; 4 pages in-8 (deuil) Ă  en-tĂȘte de Giverny Importante lettre rappelant les responsabilitĂ©s de Monet auprĂšs des enfants de Sisley aprĂšs la mort de ce dernier

[Monet Ă©crit au collectionneur d’art impressionniste François DEPEAUX (1853 - 1920) pour mettre au point avec lui deux actions en faveur de la postĂ©ritĂ© d’Alfred SISLEY mort le 29 janvier 1899. Sisley, malade depuis plusieurs annĂ©es et sentant sa fin proche, avait demandĂ© Ă  Monet de prendre en charge ses deux enfants qui avaient dĂ©jĂ  perdu leur mĂšre Ă  la fin de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Claude Monet dĂ©cida alors d’organiser une souscription pour rĂ©unir des fonds nĂ©cessaires Ă  l’achat d’une Ɠuvre de Sisley afin d’en faire don au MusĂ©e du Luxembourg. Dans cette lettre, Monet tente aussi de se concerter avec Depeaux pour fixer la date d’une vente des Ɠuvres de Sisley et d’Ɠuvres offertes par d’autres artistes de ses amis pour venir en aide financiĂšrement Ă  ses enfants sans ressources. La vente aura bien lieu le 1er mai Ă  la galerie Petit. Deux ans auparavant, Sisley avait proposĂ© 147 de ses toiles dans cette mĂȘme galerie et avait connu un trĂšs cruel insuccĂšs et le critique et collectionneur, Adolphe Tavernier, ici mentionnĂ©, y avait Ă©tĂ© un des rares acheteurs. ]

Monet, ne pouvant quitter Giverny, avertit Depeaux « 1° que la souscription en vue de l’achat d’un tableau de Sisley pour offrir au Luxembourg devant ĂȘtre close sous peu. 2° Que la vente d’un certain nombre de toiles de Sisley et de dons de ses amis et confrĂšres Ă©tant chose dĂ©cidĂ©e pour la date des 29 -30 avril et 1er mai, il Ă©tait urgent avant d’entamer quoi que ce soit d’autre, de choisir d’abord le tableau Ă  offrir au Luxembourg et ensuite les toiles destinĂ©es Ă  la vente publique. Cela fait il n’y aurait plus qu’à profiter prudemment des offres qui se prĂ©senteront, mais la premiĂšre chose Ă  mon avis serait de faire dĂ©finitivement ces deux choix, et puisque vous ĂȘtes Ă  Paris vous pourriez vous concerter Ă  ce sujet avec M rs Tavernier et [Georges] Viau, ne voulant aucunement prendre de responsabilitĂ©. Bref pour faire de la bonne besogne il faut ĂȘtre bien d’accord et je serais dĂ©solĂ© que l’on puisse me reprocher d’avoir fait manquer une occasion profitable aux enfants. C’est cette considĂ©ration qui me fait dĂ©sirer qu’avant tout ces deux choix soient faits une fois pour toute. M’occupant actuellement de la vente projetĂ©e je voudrais qu’elle soit un succĂšs pour notre cher ami et pour ses enfants j’ai directement Ă©crit aux peintres qui ont montrĂ© de sympathie Ă  Sisley. J’ai dĂ©jĂ  reçu plusieurs rĂ©ponses favorables et j’ai tout lieu d’espĂ©rer que ça marchera Ă  souhait » 

1 500 - 2 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 62
500 - 600
2 000
- 2 500

143 MONET Claude (1840 - 1926).

L.A.S. « Claude Monet », Giverny 12 mai 1899, Ă  François DEPEAUX ; 3 pages et quart in-8(deuil) Ă  en-tĂȘte de Giverny

Il invite Depeaux Ă  venir le voir Ă  Giverny avant sa rencontre avec Georges Viau : « je ne compte pas aller Ă  Paris de sitĂŽt voilĂ  plus de 18 mois que je n’ai touchĂ© un pinceau. Je viens d’en passer 4 Ă  m’occuper des enfants de SISLEY et Ă  la mĂ©moire de leur pĂšre, il est temps que je pense Ă  moi et que je travaille, vous comprendrez donc le dĂ©sir que j’ai de me confiner Ă  Giverny oĂč j’ai aussi bien des devoirs Ă  remplir ». Il a reçu une rĂ©clamation d’un marchand de couleurs « Ă  qui Sisley devait un compte, il serait urgent, il me semble, avant de placer ce qui revient aux enfants, de savoir exactement les quelques dettes restant en souffrance ». Georges VIAU dĂ©sire ĂȘtre « dĂ©chargĂ© de son rĂŽle de trĂ©sorier de la souscription », et Monet aimerait savoir comment la somme sera employĂ©e


144 MONET Claude (1840 - 1926).

L.A.S. « Cl. Monet », Giverny 21 fĂ©vrier 1921, Ă  Gustave GEFFROY ; 3 pages in-8 au crayon, Ă  en-tĂȘte Giverny par Vernon, enveloppe.

Il n’a pas rĂ©pondu Ă  sa bonne lettre, Ă©tant « assez patraque depuis quelques jours [
] Ă©crire est pour moi toute une affaire j’y vois de moins en moins ce qui me rend terriblement malheureux et nerveux ». Mais il tient Ă  dire Ă  Geffroy « toute l’amitiĂ© que je n’ai cessĂ© d’avoir pour vous, ainsi que le regret de ne pas vous voir plus souvent et qui n’est de la faute ni de vous ni de moi ». Il est Ă  sa disposition pour les questions que Geffroy veut lui poser et auxquelles Mme Jean Monet rĂ©pondra pour lui. Il a reçu son livre sur Guys, qu’il ne peut lire pour l’instant ; il est curieux de lire aussi le livre sur Firmin Maillard « que j’ai beaucoup connu jadis » 

145 MONGE Gaspard (1746 - 1818).

L.A.S. « Monge Examinateur des Ă©lĂšves de la Marine », Paris 18 juin 1788 ; 1 page in-4. Il est de retour de sa « tournĂ©e dans les Colleges de la Marine », et aimerait ĂȘtre payĂ© rapidement des 1800 livres « seconde moitiĂ© de mes frais de voyage ».

146 MONTESQUIOU Robert de (1855 - 1921).

26 L.A.S. « Robert de Montesquiou » ou « Robert de M », 1892 - 1913 et s.d., à Adolphe ADERER ; 84 pages in-8 ou in-12.

Échange littĂ©raire Ă©voquant notamment des envois respectifs de livres et le travail de critique d’Aderer au Temps Montesquiou sollicite un article sur son « second volume d’essais, Les Autels privilĂ©giĂ©s »  « Vos drames restreints et concentrĂ©s, Ă©difiĂ©s sur des exceptions sentimentales, sont poignants et palpitants, pleins de pathĂ©tique dĂ©licat, et de dĂ©corative surprise »  Il viendra le voir « en costume de voyage, comme il convient Ă  ceux qui passent, et mĂ» par cette forme supĂ©rieure de l’AmitiĂ© que le doux latin appelle fiducia »  Il remercie d’un « joli compte rendu bien que vos “gens de lettres un peu crottĂ©s et trĂšs timides” m’aient valu quelques mouchetures et quelques moues. Mais c’est le succĂšs paraĂźt-il »  Il remercie d’un mot d’amitiĂ© « dans mon profond deuil d’amitiĂ© » (24 aoĂ»t 1905)
. Il Ă©voque les « fĂȘtes de Douai », ses relations avec les directeur et rĂ©dacteur du Temps, HĂ©brard et Deschamps, des notes Ă  insĂ©rer dans le journal
 Il regrette l’absence d’Aderer Ă  sa confĂ©rence sur Gustave Moreau, etc.

147 MONTHERLANT Henry de (1895 - 1972).

L.A.S., notes et manuscrits autographes, la plupart pour Michel de SAINT-PIERRE ; 12 pages formats divers.

L.A.S. du 23 octobre 1951 : il disait Ă  Daniel-Rops « comme il serait beau que des priĂšres fussent Ă©crites par de grands Ă©crivains, alors que trop souvent elles ont du bla-bla-bla, sinon du vĂ©ritable galimatias. [
] Je n’ai pas souvenir qu’il y ait bcp de priĂšres dans mon Ɠuvre (je ne compte pas les priĂšres de Malatesta, priant Dieu de pouvoir bien tuer le Pape) » ; mais il signale celle de La RelĂšve du matin

Notes et projets divers, souvent Ă©crits au dos de tapuscrits ou lettre reçues : au sujet de ses Carnets ; remarque sur la piĂšce Les Écrivains de M. de Saint-Pierre ; note concernant une crique de Beigbeder sur Malatesta

On joint divers documents, dont des l.a.s. adressées à M. de Saint-Pierre par Robert Merle, Jeanne Sandelion, etc.

400 - 500

63 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 200 - 1 500
800 - 1 000
80 - 100
800
- 1 000

148

MONTHERLANT Henry de (1896 - 1972).

2 L.A.S. « Montherlant », 1950 - 1955, à un journaliste de Montréal ; 2 pages in-8 chaque.

31 aoĂ»t 1950, remerciant d’un article : « Il y a une certaine richesse intĂ©rieure qui, en effet, ne pouvant se montrer tout entiĂšre Ă  la fois, devra prĂ©senter successivement ses diffĂ©rents visages. Et il est trĂšs bien que vous ayez mis l’accent lĂ -dessus dans votre article. Je suis content aussi d’y voir citĂ©s TolstoĂŻ et DostoĂŻevsky (je prĂ©fĂšre de beaucoup le premier au second) » 

22 septembre 1955 : « J’ai fait ce que j’ai pu pour votre livre. Je n’ai pas rĂ©ussi ; je ne puis faire plus. C’est chaque semaine que de jeunes gens m’envoient des manuscrits, sans me demander si je n’ai pas autre chose Ă  faire que de les lire, me pressent de les lire, toutes affaires cessantes, me demandent des rendez-vous, des apprĂ©ciations, des articles, des prĂ©faces. J’ai trouvĂ© votre livre intĂ©ressant, surtout la mort du pĂšre. Vous avez du talent. Mais 9 sur 10 des inconnus qui m’envoient des manuscrits ont du talent » 

On joint un ensemble de 10 lettres autographes (brouillons) , 1939 - 1959, principalement sur des affaires d’édition, au traducteur allemand Berndorf, Ă  Tournier (sur la Rose de sable), Ă  Hamonic, Ă  son avocat M e Rault, Ă . Godemart (sur les offres du Seuil et les droits que Grasset prĂ©tend dĂ©tenir sur ses Ɠuvres), Ă  Roland Laudenbach (sur Le Solstice de juin), Ă  Mlle Duvivier (pour une couverture), Ă  G. Govone (pour la traduction en Argentine de son livre sur Mariette Lydis).

149 MONTHERLANT Henry de (1895 - 1972). – TRÉMOIS Pierre-Yves (1921 - 2020).

Le Cardinal d’Espagne. Gravures de TRÉMOIS (Paris, Henri Lefebvre, 1960) ; in-folio, en feuilles sous couverture rempliĂ©e, chemise et Ă©tui (Ă©tui usagĂ©). Édition originale, illustrĂ©e de 34 eaux-fortes et burins de TRÉMOIS, tirage limitĂ© Ă  250 exemplaires. Un des 200 exemplaires sur grand vĂ©lin d’Arches (ex. n°74), signĂ© par l’auteur, l’illustrateur et l’éditeur ; et enrichi d’un grand dessin original de Pierre-Yves TrĂ©mois, Ă  la plume, sur double page, signĂ© et annotĂ© : « En souvenir du Cardinal d’Espagne, TrĂ©mois juillet 1960 », ainsi que de deux cuivres rayĂ©s : « Le bouffon du cardinal » (p. 59, 41 x 34 cm) et « Cisneros » (p. 159, 27,5 x 24,5 cm), Envoi autographe signĂ© (sur le faux-titre) : « Voici un drame oĂč rien n’est, mĂȘme le tout, oĂč tout est, mĂȘme le rien. Les personnages hĂ©sitent entre ces deux interprĂ©tations de la vie. Montherlant ».

150 MOORE Henry (1898 - 1986).

L.S. « Henry » avec 2 lignes autographes, Much Hadham 13 aoĂ»t 1952, Ă  John ; 1 page in-8 dactyl. Ă  son adresse (trous de classeur en marge) ; en anglais. Sur son travail de sculpteur Il va envoyer les photographies demandĂ©es, ainsi que quelques photographies de nouveaux petits bronzes. Il expĂ©rimente encore la prĂ©sentation de ses bronzes : certains sont modelĂ©s en cire et prĂ©sentĂ©s sur le sol de son jardin. Sculpter en cire prĂ©sente l’avantage de pouvoir rĂ©aliser facilement des formes filigranes sans avoir l’inconvĂ©nient de devoir construire des armatures. Il a beaucoup plus de travail de sculpture qu’à l’accoutumĂ©e, et est en train de commencer le projet d’une trĂšs grande sculpture pour un bĂątiment


1 500 - 2 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 64
120 - 150
300
- 400

151 MOULIN Jean (1889 - 1943) préfet, héros de la Résistance.

L.A.S. « Jean », Chartres 15 janvier 1940, Ă  sa mĂšre Mme Antoine-Émilie MOULIN et sa sƓur Laure MOULIN, Ă  Montpellier ; 2 pages oblong in-12 Ă  en-tĂȘte Le PrĂ©fet, et 1 page et quart in-8 Ă  en-tĂȘte Le Cabinet du PrĂ©fet d’Eure-et-Loir, enveloppe.

Rare lettre familiale

« ChĂšre maman, chĂšre Laure, J’ai reçu hier la lettre de Laure et j’avais prĂ©cĂ©demment reçu de vos nouvelles par Marcelle qui, installĂ©e Ă  S t RaphaĂ«l, m’a tenu au courant ses tribulations et exprimĂ© sa satisfaction d’ĂȘtre dans un beau pays, gratifiĂ© d’un climat agrĂ©able. Comme elle m’a indiquĂ© Ă©galement que la Seine et Oise lui avait accordĂ© un congĂ©, je ne suis pas intervenu Ă  nouveau auprĂšs de l’inspecteur d’acadĂ©mie. Enfin, tout est bien qui finit bien ! Je viens, quant Ă  moi, de m’offrir une bonne grippe qui m’a contraint Ă  garder le lit pendant 5 ou 6 jours, avec au dĂ©but 40 et 3/10 e de fiĂšvre. J’ai Ă©tĂ© aussitĂŽt Ă©nergiquement soignĂ© par l’inspecteur d’hygiĂšne et par Kathleur : ventouses, inhalations, potions, purges, etc
 etc
. et je suis maintenant Ă  peu prĂšs complĂštement rĂ©tabli. Seulement je vais garder la chambre encore deux ou trois jours, sur les conseils du mĂ©decin, pour ĂȘtre absolument Ă  l’abri de toute rechute. D’ailleurs, il fait toujours trĂšs froid dehors et aujourd’hui il y a encore, en plein midi, 5 degrĂ©s au dessus de zĂ©ro. Les cas de grippe sont trĂšs nombreux dans la rĂ©gion. Ils ne sont heureusement pas graves. Je pense que vous ĂȘtes toutes deux complĂštement remises des vĂŽtres et que vous prenez toutes les prĂ©cautions nĂ©cessaires, par ces temps de fraicheur. J’ai Ă©crit au maire d’Avignon pour Jeanne Moureu. EnvoyĂ© Ă©galement un mot Ă  Bellessort pour sa nomination comme secrĂ©taire perpĂ©tuel »  [AndrĂ© Bellessort avait Ă©tĂ© nommĂ© le 11 janvier secrĂ©taire perpĂ©tuel de l’AcadĂ©mie française.]

152 MOULIN Jean (1889 - 1943) préfet, héros de la Résistance.

L.A.S. « Jean », Chartres 14 juillet 1940, Ă  sa sƓur Laure MOULIN, Ă  Montpellier ; 3 pages et demie in-8, enveloppe. Belle et rare lettre de Jean Moulin, moins d’un mois aprĂšs son arrestation par les Allemands et sa tentative de suicide en juin 1940

« ChĂšre Laure, Triste 14 juillet ! Je suis allĂ© ce matin, avec le maire dĂ©poser une gerbe au monument aux morts. Ici, aprĂšs un reflux en masse de gens qui Ă©taient partis vers le sud, il semble que les retours se fassent maintenant plus rares. Et pourtant tout le monde n’est pas rentrĂ©. Il paraĂźt qu’il y aurait des difficultĂ©s Ă  passer la Loire. J’ai reçu hier des nouvelles de ma vieille cuisiniĂšre, Marie, qui Ă©tait partie dans l’Indre et Loire et qui voudrait bien revenir Ă  Chartres. Elle est employĂ©e lĂ -bas dans un hĂŽtel oĂč les employĂ©s de la SantĂ© Publique prennent pension et elle espĂšre rentrer avec ce personnel lorsqu’il sera rapatriĂ©. Je la reprendrai volontiers, quoique Nelly soit trĂšs dĂ©vouĂ©e et se soit donnĂ© du mal pour mettre de l’ordre dans la maison. Mais elle a Ă©videmment beaucoup Ă  faire et elle ne demandera pas mieux que d’ĂȘtre remplacĂ©e. J’espĂšre que tu as de bonnes nouvelles de maman et qu’elle se plaĂźt toujours Ă  S Jean. Peut-ĂȘtre as-tu pu aller la voir depuis. Je lui envoie d’ailleurs un mot par le mĂȘme courrier. As-tu de bonnes nouvelles de St Andiol ? Y es-tu retournĂ©e ? Le jardin doit ĂȘtre bien joli en ce moment avec les rosiers grimpants. À ce sujet, j’ai oubliĂ© de te dire – il y a eu tant d’évĂšnements importants depuis ! – que les graines que je t’avais envoyĂ©es, en sacs, ne sont pas pour le jardin de Maguelonne, mais pour celui de SaintAndiol. Peut-ĂȘtre d’ailleurs, avec toute cette tourmente, ne les as-tu pas reçues encore. Je n’ai reçu qu’hier une de tes lettres datĂ©es du 13 juin (juste un mois). [
] J’ai peur que tu te donnes trop de mal avec tous tes examens, tes hĂŽtes et tes rĂ©fugiĂ©s » 

65 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 500 - 2 000
2 000 - 2 500

153

NADAR Félix Tournachon dit (1820 - 1910)

Photographie avec NOTE autographe signée « N. », 1870 ; papier albuminé, 10,7 x 8,5 cm, monté sur carte à la marque Nadar, 11 x 16,5 cm (quelques légers défauts).

Photographie originale de son ballon Le Neptune, premier ballon Ă  avoir quittĂ© Paris assiĂ©gĂ© le 23 septembre 1870. PilotĂ© par Claude-Jules Duruof, l’un des trois signataires de la Convention des aĂ©rostiers, il s’envole de la Place Saint-Pierre Ă  Montmartre. Le ballon atterrit Ă  cĂŽtĂ© d’Évreux, au chĂąteau de Cracouville, aprĂšs un vol de 100 kilomĂštres.

Au verso, lĂ©gende autographe : « Notre ballon d’observation le Neptune, et notre 1er poste Place S t Pierre Montmartre SiĂšge de Paris 1870. N. »

154 [NAPOLÉON I er].

7 ouvrages en 5 volumes.

REGNAULT WARIN Jean-Joseph Introduction Ă  l’histoire de l’empire Français, ou Essai sur la monarchie de NapolĂ©on. Paris, Paul Domire, 1820. 2 volumes in-8, demi-veau fauve glacĂ©, dos or et Ă  froid (Reliure de l’époque). Édition originale. Portrait de NapolĂ©on ajoutĂ©.

Polygraphe, l’auteur est surtout connu pour ses romans populaires, tel Le Cimetiùre de la Madeleine paru en 1800. Provenance : Dominique de Villepin (ex-libris).

MASSON FrĂ©dĂ©ric NapolĂ©on Ă  Sainte-HĂ©lĂšne. Paris, Manzi, Joyant, 1912. 2 volumes in-4, demi-maroquin vert empire avec coins, piĂšces fauve, tĂȘte dorĂ©e, couverture et dos (Lemardeley-Huser ). Édition originale, richement illustrĂ©e et ornĂ©e d’un frontispice et de 47 planches. Tirage Ă  350 exemplaires, celui-ci un des 50 de tĂȘte sur japon impĂ©rial. Dos passĂ©.

SISMONDI Jean-Charles-LĂ©onard Simonde de Examen de la constitution françoise. Paris, Treuttel et WĂŒrtz, 1815. 4 ouvrages en un volume in-8, demi-veau fauve avec coins, dos lisse ornĂ©, piĂšce de titre de maroquin rouge, tranches mouchetĂ©es (Reliure de l’époque).

Édition originale de cette dĂ©fense de la constitution libĂ©rale des Cent-Jours .

On trouve reliĂ© avec : – PRADT de. Histoire de l’ambassade dans le grand duchĂ© de Varsovie en 1812, par M. de Pradt, archevĂȘque de Malines, alors ambassadeur Ă  Varsovie. QuatriĂšme Ă©dition. Paris, Pillet, 1815. – ROCCA

Jean de. Campagne de Walcheren et d’Anvers, en 1809. [Paris, 1815]. Le titre manque. – ConsidĂ©rations sur la constitution morale de la France. GenĂšve, J.J. Paschoud, 1815. Ex-libris autographe de Mariet, avec liste manuscrite des piĂšces sur le contreplat. Reliure restaurĂ©e, dos et coins refaits, le dos ancien rĂ©appliquĂ©.

Provenance : Dominique de Villepin (ex-libris, BibliothÚque impériale, 19 mars 2008, n° 274).

155 OTTO Louis-Guillaume (1753 - 1817) diplomate.

13 L.A.S. « Louis » « Otto » ou « O », Vienne février 1810-mai 1812, à SA MÈRE Mme OTTO à Paris (2 à sa femme Fanny) ; 35 pages in-4, 6 adresses.

Belle correspondance familiale comme ambassadeur en Autriche [Otto a Ă©tĂ© nommĂ© Ă  Vienne pour nĂ©gocier les conditions du mariage de NapolĂ©on et Marie-Louise.] Nous ne pouvons donner qu’un rapide aperçu de cette intĂ©ressante correspondance.

1810 . – 19 fĂ©vrier (Ă  sa femme). M. de Narbonne va le remplacer Ă  Munich. Il parle des dispositions des Viennois : « La joie est universelle ici, les gens de tous les partis boivent Ă  la santĂ© de NapolĂ©on, [
] l’Ambassadeur est considĂ©rĂ© comme un ange de paix »  – 20 fĂ©vrier. Il espĂšre « que la paix sera bien durable », car sa mĂšre aura appris le « grand mariage qui unira pour longtems les Empires de France et d’Autriche ». Les neiges ont empĂȘchĂ© sa famille de le rejoindre
 – 25 fĂ©vrier (Ă  sa femme). Description de MARIE-LOUISE : « Notre future ImpĂ©ratrice est pleine de talens, grande musicienne et peintre Ă  l’huile. Elle parle 3 ou 4 langues, a infiniment de douceur et de bontĂ©, une belle taille et de la grace »  – 3 avril. RĂ©cit de la brillante fĂȘte qu’il a donnĂ©e : « tous les archiducs et 400 personnes du premier rang y ont assistĂ© »  – 10 juin. Sur ses propriĂ©tĂ©s de Sarcelles, sa femme et sa fille Sophie
 – 27 juin, sur leurs affaires et Sarcelles. – 23 septembre. Il parle de son installation : « il a fallu remeubler Ă  neuf. J’ai ajoutĂ© au grand appartement cinq salons, ce qui me fait une suite de 19 piĂšces [
] je peux faire asseoir Ă  table 400 personnes »  Il a retrouvĂ© avec joie sa femme et sa fille. Il a « 56 ans passĂ©s » et songe Ă  se retirer du monde : « Sarcelles m’offrira un doux repos »  – 23 octobre. Nouvelles de sa famille. 1811. – 1er juin. Sur sa maison de campagne de Weinhauss.– 24 juillet. Nouvelles familiales. – 30 aoĂ»t : arrivĂ©e de son neveu Alexandre. – 26 dĂ©cembre. Au sujet du bail de Mosloy. 1er mai 1812. Il se rĂ©jouit du mariage de sa fille Sophie


800 - 1 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 66
250 - 300
2 000 - 2 500

156 PIEYRE DE MANDIARGUES André (1909 - 1991).

MANUSCRIT autographe, La Motocyclette, 1960 - 1962 ; 134 pages in-4 montĂ©es sur onglets ; reliure de maroquin noir, les plats ornĂ©s d’un dĂ©cor abstrait mosaĂŻquĂ© en veau glacĂ© noir, blanc et rouge et de piĂšces de veau argentĂ©e Ă  la feuille ; doublures, bords Ă  bords, et gardes de veau rouge ; doubles gardes de papier Ă  la main : tranches argentĂ©es sur tĂ©moin ; chemise et Ă©tui (M. de Bellefroid ).

Manuscrit complet de ce roman

PubliĂ© en 1963 chez Gallimard, le roman retrace la rĂȘverie Ă©rotique de la belle amazone RĂ©becca, nue sous sa combinaison de cuir, chevauchant sa Harley-Davidson Ă  la poursuite de son amant, quelque part en Allemagne sur les bords du Neckar. Au retour, elle s’écrase avec sa machine sur un camion.

Le roman a été adapté au cinéma en 1968 par Jack Cardiff, avec Marianne Faithfull et Alain Delon dans les rÎles principaux.

CommencĂ© le 14 mars 1960 et achevĂ© le 14 mai 1962, le manuscrit, au stylo noir au recto de 134 feuillets de papier bleu, prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections, notamment une premiĂšre version de la fin qui a Ă©tĂ© biffĂ©e. On a reliĂ© en tĂȘte le cahier prĂ©paratoire, cahier d’écolier autographe signĂ©, contenant les premiĂšres Ă©bauches, des plans et notes prĂ©paratoires (titre et 10 feuillets).

Plus une L.A.S. de Pieyre de Mandiargues au collectionneur Louis de Sadeleer qui lui acheta directement le manuscrit, accusant réception du paiement, 23 juin 1963. Et une photo de la Harley-Davidson. Belle reliure mosaïquée de Micheline de BELLEFROID

Exposition Les Richesses de la bibliophilie belge, II de la Société des bibliophiles et iconophiles de Belgique, Bruxelles, BibliothÚque Albert I er, octobre-novembre 1966, n° 195. Ancienne collection Louis de SADELEER (ex-libris).

157 PIEYRE DE MANDIARGUES André (1909 - 1991).

MANUSCRIT autographe signé « A.P.M. », [Chagall ], Paris 11 mai 1973 ; 50 feuillets in-4 écrits au recto (quelques rares déchirures sans manque).

Manuscrit complet de son livre sur Marc CHAGALL , publiĂ© chez Maeght en 1975. Citant d’emblĂ©e des critiques de LĂ©ger et Delaunay reprochant Ă  Chagall « d’ĂȘtre un peintre “littĂ©raire’ », Mandiargues donne une longue biographie de Chagall, Ă©maillĂ©e de nombreux aperçus sur son style. « Son pinceau devient une sorte de baguette [...], capable d’enchanter et d’ensorceler les paysages urbains ». Il le proclame « peintre poĂšte par excellence » et qualifie sa peinture de « feux d’artifice du langage poĂ©tique, feux d’artifice de la peinture poĂ©tique ». Il Ă©voque au passage Verlaine, Rimbaud, Cendrars, Germain Nouveau, les surrĂ©alistes mais surtout Éluard qui sut si bien sentir l’art de Chagall et « qui l’a transportĂ© en poĂ©sie mieux que quiconque, Cendrars exceptĂ©. [...] Certains seront-ils Ă©tonnĂ©s [...] si je dis encore que l’érotisme de la peinture de Chagall me paraĂźt aussi Ă©blouissant que celui de la poĂ©sie d’Eluard [...] Bestial et divin Ă  la fois, le sexe selon Chagall, projette l’homme au-dessus de lui-mĂȘme »  AprĂšs avoir dĂ©crit de nombreux tableaux, Mandiargues conclut : « l’art de Chagall, Ă  travers le printemps de l’amour universel, s’est identifiĂ© avec la vie ».

On joint le tapuscrit (58 feuillets in-4), daté du 11 mai 1973, comportant quelques infimes corrections et ajouts.

158 PREVEL Jacques (1915 - 1951).

L.A.S. « Jacques », 11 aoĂ»t 1948, Ă  « Mon tout petit » ; 2 pages in-8. Il est malade et pris en charge par « l’Office publique d’HygiĂšne sociale. Je suis toujours bien faible et fatiguĂ© avec beaucoup de tempĂ©rature. [
] ici les repas sont si mauvais que je ne peux rien manger. J’ai beaucoup maigri ». Il demande de venir le voir, et de lui envoyer des fruits, ainsi que « le Rimbaud qu’Artaud m’avait donnĂ© et la vie fantastique de Mary Baker Eddy ».

67 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
8 000 - 10 000
1 000 - 1 200
400 - 500

159

PRÉVERT Jacques (1900 - 1977).

L.A.S. « Jacques » avec dessin, Ă  Claudy CARTER ; 4 pages in-4 Ă  l’encre bleue. Longue et belle lettre Ă  l’un des amours de sa vie, l’inspiratrice des Feuilles mortes S’il n’a pas encore Ă©crit Ă  son « cher petit [
] c’est que nous avons Ă©tĂ© plongĂ©s nous aussi dans un univers d’une telle vacherie, un des plus sales hivers que j’ai jamais vu de ma vie ». Il attendait pour Ă©crire d’avoir de meilleures nouvelles ; il ne l’oublie pas et pense beaucoup Ă  elle. « Une seule chose heureuse, la petite MichĂšle qui elle aussi a l’air d’une petite mandarine avec des yeux bleus, ou d’une enfant ogresse et douce, comme dans les contes chinois
 et je lui souhaite pour plus tard une petite Ă©pĂ©e de cristal... et qu’elle vive comme dans ces contes oĂč les amoureux s’aiment et se tuent sans se faire du mal. En attendant elle est trĂšs difficile Ă  nourrir
 et la seule vue d’un biberon avec du lait la met en transe. Elle n’aime que dormir, se rĂ©veiller et rire, elle n’aime pas pleurer, ni crier mais quand elle mange c’est un vrai mĂ©lodrame (drame mĂȘlĂ© de musique)
 Pas marrant pour Janine, qui est trĂšs fatiguĂ©e, et mĂȘme trĂšs malade
 Pour moi qui n’ai pu me reposer depuis que j’ai Ă©tĂ© opĂ©rĂ© je suis lamentablement surmenĂ©, par un travail incessant de cinĂ©matographe parlant [
] Je suis tombĂ© dans des piĂšges Ă  con : 1° pas de grands films et autres superproductions 2°
.et qui de ce fait ne rapporte mĂȘme pas d’argent »  Il se plaint de Marcel CARNÉ « qui dĂ©cidĂ©ment “a chiĂ© dans ma malle jusqu’au cadenas
” [
] je ne veux plus travailler avec lui. Quelle fatigue
 et quelle tristesse
 ce petit homme trĂ©pignant sans cesse
 et ces incessantes et dĂ©risoires sautillantes petites colĂšres [
] si certaines choses s’arrangent je travaillerai pour Monte-Carlo, spectacles et ballet
 » Etc.

160

PROUDHON Pierre-Joseph (1809 - 1865).

L.A.S. « P.-J. Proudhon », Sainte-PĂ©lagie 17 dĂ©cembre 1849, [Ă  EugĂšne SUE] ; 1 page et demie in-8 Ă  en tĂȘte du journal La Voix du Peuple

TrĂšs belle lettre de prison Ă  EugĂšne Sue sur Les MystĂšres du peuple

Il a reçu ses livraisons, dont la lecture lui donnera « autant d’instruction que d’amusement. Je compare votre genre de Roman au Magasin pittoresque et au MusĂ©e des familles, oĂč je trouve des histoires de tous les personnages, de tous les lieux et Ă©vĂ©nements cĂ©lĂšbres, plus amusantes Ă  lire que de sĂšches notices. Je trouve, il est vrai, pour la promptitude des recherches, les Atlas, les Voyages, les Chroniques, les biographies, beaucoup plus commodes : mais cela se place sur des rayons, le plus souvent on n’en lit rien, et quand on a lu, non sans une grande fatigue, on oublie tout. Le public connaĂźt mieux le jĂ©suite par le Juif errant, que par toutes les histoires authentiques. Continuez donc : prĂȘchez-nous, cette fois, la patrie, que nous avons oubliĂ©e, que les Romains de 93 ne nous ont pas rendue. Faites-nous connaĂźtre notre nationalitĂ©, notre esprit indigĂšne, que l’histoire nous montre apparaissant çà et lĂ , depuis l’assaut du Capitole, jusqu’au 24 fĂ©vrier, dans nos vieux chroniqueurs, puis dans nos vieux romanciers, de Rabelais, Montaigne, MoliĂšre, La Fontaine, Voltaire, – esprit continuellement offusquĂ© par le biblisme, le classicisme, et le romantisme, qui n’est pour moi que du cosmopolitisme, du panthĂ©isme en littĂ©rature, quand ce n’est pas du plus misĂ©rable Ă©clectisme » 

161 PROUST Marcel (1871 - 1922).

L.A.S. « Marcel Proust », [vers le 25 fĂ©vrier 1909, Ă  Robert de MONTESQUIOU] ; 3 pages in-8. Belle lettre remerciant Montesquiou de l’envoi de son livre AssemblĂ©e de notables (FĂ©lix Juven, 1908). « Pardonnez-moi de proportionner l’expression de ma reconnaissance Ă  mon extrĂȘme fatigue. J’ai retrouvĂ©, dĂšs le premier coup d’Ɠil, avec un plaisir sans mĂ©lange, cette ravissante comparaison tirĂ©e de l’architecte et du jardinier, dans un tout autre genre “celle qui nous a appris Ă  nous raser les sourcils”, tant de choses spirituelles, profondes, merveilleuses d’intelligence et de talent, originales, rien qu’à vous, ne pouvant ĂȘtre que de vous. Comme on voudrait savoir les noms des amatrices de porcelaines (B et LR), de l’acadĂ©micien qui a dit “aide mĂ©moire” et Ganderax m’a coupĂ© ce passage, et l’autre acadĂ©micien (sphinge), de la dame qui a vendu 50 fois sa collection. Car c’est en mĂȘme temps que si fort, si vivant (sans doute est-ce cela qui le rend balzacien) qu’en partageant l’intelligence et en charmant l’inspiration, cela pique encore la curiositĂ© et redonne Ă  ceux qui ne peuvent plus travailler du cerveau, un goĂ»t de sociĂ©tĂ©, sinon de revoir du moins de resonger Ă  ces Dames d’Automne, depuis longtemps fort bannies de mon souvenir » 

Correspondance, t. IX, n° 17, p. 45.

1 200 - 1 500

500 - 600

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 68
3 000 - 4 000

162 PROUST Marcel (1871 - 1922).

L.A.S. « Bunnnn », Mardi [23 mai 1911, Ă  Reynaldo HAHN ; 4 pages in-8 Belle lettre Ă  son ami, Ă  propos du Martyre de Saint SĂ©bastien dansĂ© par Ida Rubinstein [Proust a assistĂ© le 21 mai Ă  la rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale du Martyre de Saint SĂ©bastien de Gabriele D’ANNUNZIO, musique de Claude DEBUSSY, dansĂ© par Ida RUBINSTEIN.]

« Petit Gunimels, Pardonnez-moi monstrueux Ă©goĂŻsme de vous avoir mĂȘlĂ© Ă  mes stupides agitations, mon Ă©tat de santĂ© Ă©tait mon excuse. Et hĂ©las, en revoyant votre lettre j’ai vu la nouvelle de cette mort [Leni Falk, nĂ©e Seligman, niĂšce de Reynaldo Hahn, morte le 22 mai], faisant Ă©vanouir toute cette stĂ©rile agitation auprĂšs des chagrins rĂ©els, de la vie terrible qu’on oublie trop. Depuis quelques jours je ne cessais de penser Ă  votre pauvre petit neveu [Édouard Seligman, frĂšre de Leni, mort en 1907] le sourd muet, Ă  qui je pense souvent, dont je rĂȘve souvent, un des seuls ĂȘtres pour qui je ne puisse pas croire que l’existence est finie et qu’il n’a pas ailleurs une compensation Ă  son incomplĂšte vie. [
]

Cher Buncht, mĂȘlĂ© sans interruption Ă  toute ma vie (je vous avais Ă©crit plusieurs lettres hier).

Tout ce qu’il y a d’étranger chez Annunzio s’est rĂ©fugiĂ© dans l’accent de M e Rubinstein. Mais pour le style, comment croire que c’est d’un Ă©tranger. Combien de Français Ă©crivent avec cette prĂ©cision. Comme je finis toujours par venir Ă  vos opinions j’ai trouvĂ© les jambes de M e Rubinstein (qui ressemble moitiĂ© Ă  Clomenil [la courtisane LĂ©onie de Clomesnil], moitiĂ© Ă  Maurice de Rothschild) sublimes. Cela a Ă©tĂ© pour moi, tout. Mais j’ai trouvĂ© la piĂšce bien ennuyeuse malgrĂ© des moments, et la musique agrĂ©able mais bien mince, bien insuffisante, bien Ă©crasĂ©e par le sujet, la rĂ©clame et l’orchestre bien immense pour ces q.q. pets. Dans le temple du 3 e acte, j’étais persuadĂ© que c’était la marche des Petits Joyeux [chanson d’Aristide Bruant] qu’on jouait. Mais tout Ă  la fin, sous le soleil aux rayons raides, aprĂšs la mort de S t SĂ©bastien, il y a un bel instrument joyeux »  Et il ajoute : « C’est un four noir pour le poĂšte et le musicien. On n’est mĂȘme pas venu dire les noms ». Correspondance, t. X, n° 139, p. 288.

163

QUENEAU Raymond (1903 - 1976).

MANUSCRIT autographe et TAPUSCRIT corrigĂ©, Les Temps mĂȘlĂ©s , [1939 - 1941] ; 188 pages la plupart in-4 ou petit in-4, et 133 pages in-4.

Ensemble des notes et manuscrits préparatoires et du tapuscrit corrigé de ce septiÚme roman de Queneau, suite de Gueule de pierre

DĂšs aoĂ»t 1938, Queneau songe Ă  Ă©crire une suite Ă  son roman Gueule de pierre (1934), d’abord sous forme d’un poĂšme en 24 chants, auquel il va travailler jusqu’en octobre 1938 Ă  Coye-la-ForĂȘt (Oise). Il se remet au travail en juin-juillet 1939, mais la guerre va l’interrompre ; il reprendra la rĂ©daction du livre en janvier 1941, pour l’achever le 3 juillet. Les Temps mĂȘlĂ©s paraĂźtra chez Gallimard en novembre 1941, avec le sous-titre (Gueule de pierre, II ). Les deux romans seront intĂ©grĂ©s avec une suite dans Saint Glinglin en 1948, Les Temps mĂȘlĂ©s Ă©tant fortement remaniĂ©. Pierre Kougard est devenu maire de la Ville Natale ; devant la mairie, se dresse le corps pĂ©trifiĂ© de son pĂšre. Lors des fĂȘtes de la Saint-Glinglin, des touristes dĂ©barquent, dont la vedette de cinĂ©ma CĂ©cile Haye, dont Paul (frĂšre de Pierre) va tomber amoureux. Pierre veut introduire des rĂ©formes, et il arrĂȘte le chasse-nuages de l’inventeur TimothĂ©e Worwass, qui maintenait un ciel pur sur la ville. La pluie diluvienne provoque la dissolution et l’effondrement de la statue. La population mĂ©contente chasse Pierre, et son frĂšre Paul lui succĂšde. Le roman est divisĂ© en trois parties : la premiĂšre est une sĂ©rie de poĂšmes Ă©voquant divers habitants de la Ville Natale ; la seconde, un monologue de Paul ; la troisiĂšme, une piĂšce en cinq actes ou tableaux. Le manuscrit se compose de :

A. PremiĂšre partie (en vers) : feuillets dĂ©tachĂ©s (papier lignĂ© ou Ă  grands carreaux) dans 2 cahiers d’écolier (22 x 17 cm) des Comptoirs français ; le 1er Ă  couverture verte, portant la mention « GDP II (pas net) » (28 pages) ; le 2e Ă  couverture rose, portant la mention « GDP II (net) » (23 pages) Ă  l’encre noire, plus 5 feuillets in-4 et un dactylographiĂ©.

B. DeuxiĂšme et troisiĂšme parties (prose et théùtre). 14 pages in-4 dactylographiĂ©es et corrigĂ©es, suivies de 62 pages autographes Ă  l’encre noire.

C. Un ensemble de 36 pages in-4 Ă  l’encre noire, version primitive de la troisiĂšme partie rĂ©digĂ©e en style romanesque.

D. « Dialogue de Jean et d’HĂ©lĂšne », 9 pages in-4 sur papier vert accompagnĂ©es de 15 feuillets dactylographiĂ©s.

E. Ensemble de notes, plans, Ă©bauches diverses : 9 pages in-4 Ă  l’encre noire et au crayon sur papier gris, et 16 pages de formats divers (in-8 ou in-12).

F. 6 feuillets dactylographiés paginés 1-6 (texte sur les « médians »).

G. Tapuscrit complet (133 ff. in-4), ayant servi pour la composition de l’édition. Il semble avoir Ă©tĂ© rĂ©digĂ© directement Ă  la machine par Queneau lui-mĂȘme, Ă  partir des diverses Ă©bauches manuscrites. Il prĂ©sente des ratures et de nombreuses corrections, avec des passages biffĂ©s. Il est datĂ© en fin (l’indication a Ă©tĂ© rayĂ©e pour la typographie) : « Neuilly, le 3 juillet 1941 ; midi 25 (Ă  ma montre, avance un peu) ».

H. Tapuscrit des poĂšmes La Vieille et Le FantĂŽme (4 ff. in-4), et placard d’épreuve de la revue Mesures (non publiĂ©s, la revue ayant disparu aprĂšs avril 1940).

69 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
6 000 - 8000
4 000 - 5 000

Le dossier des notes et plans est fort intĂ©ressant. On y trouve notamment une chronologie, un tableau des personnages, des indications topographiques, etc. Les notes prĂ©paratoires montrent aussi les hĂ©sitations du romancier lors de l’élaboration de son livre. Ainsi : « Paul convaincu d’inceste. DĂ©missionnera-t-il ou se dĂ©mariera-t-il ? HĂ©sitations » ; et Queneau ajoute, non sans ironie : « CornĂ©lien. Racinien. Eschylien (au moins) ». On trouve aussi sur ces feuillets des jeux sur le langage comme cette variation Ă  partir du mot insecte : « In-Secte. InsectualitĂ©. In-sexualitĂ©. IntellectualitĂ©.

In-Secte : celui qui n’appartient Ă  aucune secte. In-Sexue : pas de sexualitĂ©. In-Texte : ni de texte Ă©crit (intellectualitĂ©).

Un Tel est que tu as lité ».

Des douze poÚmes de la premiÚre partie, onze sont présents dans les cahiers, et dans des versions offrant de trÚs nombreuses et importantes variantes. Le premier poÚme, Le Veilleur, dont on a dans les notes un plan-graphique, figure ici dans une version primitive intitulée Les Douze Quilles de la nuit, trÚs différente :

« Le tans a renversé les douz quilles de la nui

Plus une mintenan ; que le zéro demeure

Dans les orĂšres des chemins de fer

Jusqu’à la correspondance avec le nombre pi » 

La seconde partie est intitulĂ©e L’étoile du nord. Queneau a commencĂ© Ă  taper son texte directement Ă  la machine (sur les 14 premiers feuillets) ; ce qui deviendra un monologue est alors une « Lettre de Paul Kougard Ă  la belle dame ».

Les 14 feuillets dactylographiĂ©s sont corrigĂ©s Ă  l’encre ; puis Queneau va poursuivre Ă  la main Ă  partir de la page 15.

La troisiĂšme partie se prĂ©sente sous la forme de cinq actes ou tableaux (il manque dans ce manuscrit une partie du 4 e et le 5 e), dont on a une version primitive en manuscrit sous le titre « Dialogue de Jean et d’HĂ©lĂšne ». Mais Queneau avait d’abord songĂ© Ă  l’écrire sous forme romanesque. Le manuscrit offre ainsi la version primitive du « VI e livre » sous le titre :

« Les Touristes » : « Harmonieuse comme un cigare et luisante comme un scarabĂ©e, l’auto s’avançait Ă  travers des rĂ©gions pierrouteuses et cailleuses, plus dessĂ©chĂ©es que les feuilles de tabac d’un cigare et sans plus de chair qu’un insecte. Les petites collines se succĂ©daient, petits moutons ; et les routes en serpentin se dĂ©veloppaient sur les pentes de leurs contours. Et Madame Decrumel s’endormit, avec distinction. Le chauffeur faisait rouler sa voiture avec grĂące »  Un autre fragment dĂ©crit une excursion Ă  la Source PĂ©trifiante, un troisiĂšme l’arrivĂ©e en train dans la Ville Natale d’Édouard Dussouchel.

Au bas d’une des pages de ces feuillets Ă©cartĂ©s, on lit cette poignante confession : « Au fond je croyais que quand j’aurais une “situation” je serais heureux. Il n’en est rien. Impuissance et difficultĂ© d’écrire » (Queneau avait Ă©tĂ© embauchĂ© aux Ă©ditions Gallimard en 1938).

Romans, I, (ƒuvres complĂštes, II), BibliothĂšque de la PlĂ©iade, tome II, Gallimard, 2002 (pour Les Temps mĂȘlĂ©s, Ă©d. de Jean-Philippe Coen : p. 997 - 1092, 1409 - 1429, 1670 - 1699, 1744 - 1745).

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 70

164 QUENEAU Raymond (1903 - 1976).

MANUSCRIT autographe, Mon associĂ©, Monsieur Davis (1962) ; 90 pages in-4 ; plus tapuscrits et documents joints. Dossier complet de ce scĂ©nario inĂ©dit d’un film destinĂ© Ă  Bourvil, mais non rĂ©alisĂ© Avec le cinĂ©aste Yves CIAMPI (1921 - 1982), Queneau a prĂ©parĂ© cette adaptation du roman El Socio du Chilien Jenaro Prieto, et il en a Ă©crit les dialogues. C’est BOURVIL qui avait Ă©tĂ© pressenti pour interprĂ©ter le rĂŽle principal, mais, quand il se dĂ©sista, les producteurs abandonnĂšrent le projet ; le film ne fut jamais tournĂ©.

C’est l’histoire du vicomte Louis de LĂ©on, excentrique et amateur de plaisanteries, qui dirige une petite affaire de publicitĂ©, l’A.P. F. (Agence de PublicitĂ© Familiale). Christian Pratter d’Armon, le nouveau mari de son ex-femme, hommes d’affaires prospĂšre et ambitieux, lui aussi dans la publicitĂ©, lui propose de racheter l’A.P. F., qui bat de l’aile. Louis de LĂ©on refuse, au prĂ©texte qu’un richissime Sud-amĂ©ricain, M. Davis, va s’associer Ă  lui. Il avoue Ă  son ex-femme que c’est une blague. Mais entre-temps, il a rencontrĂ© une journaliste, Florence, qui pour parachever la plaisanterie Ă©crit un article sur le mystĂ©rieux M. Davis. L’affaire prend de telles proportions que Louis de LĂ©on va regagner des clients et imposer toutes ses idĂ©es, mĂȘme les plus loufoques, comme les rĂ©clames sur timbre-poste ou la publicitĂ© inaudible. Le succĂšs est tel que Pratter d’Armon se retrouve au bord de la faillite. Mais Louis de LĂ©on est de plus en plus mal Ă  l’aise avec ce double si loin de sa personnalitĂ© simple et joyeuse. La mystification tourne au cauchemar, et quand il avoue la vĂ©ritĂ©, on ne le croit pas. À la fin, voulant tuer M. Davis, Louis de LĂ©on se suicide. Les dialogues de Queneau sont brillants, pleins de plaisanteries exigĂ©es par le caractĂšre du personnage et destinĂ©es explicitement Ă  Bourvil, comme lorsqu’il s’essaye Ă  dire « soutien gorge mes pommes », ou Ă  parler avec l’accent amĂ©ricain. Au fur et Ă  mesure que l’action progresse, le ton devient grinçant, et Louis de LĂ©on sombre dans la folie. L’écrivain rend cette descente aux enfers sans pathos ni grandiloquence, et le suicide final apparaĂźt comme la meilleure plaisanterie de Luis de LĂ©on, faisant passer Davis pour son assassin.

Le manuscrit de travail prĂ©sente deux versions, l’une en et compte 38 pages autographes, 42 pages en partie dactylographiĂ©es avec des bĂ©quets et plusieurs pages autographes, plus 10 pages autographes. Il compte 107 sĂ©quences

S’y ajoute un dossier de plans et notes de travail autographes (11 p. in-4), avec dĂ©coupage et minutage.

« Notes Davis » par Yves CIAMPI (10 p. in-4), remarques sur les personnages, modifications à apporter au scénario, etc.

Tapuscrits : le synopsis (22 p.), plus une version corrigée par Yves Ciampi avec béquets et additions (29 p.) ; la liste des séquences (4 p., manque la 1Úre) ; scénario de travail (environ 130 p. en désordre avec quelques corrections de Queneau) ; découpage (133 p.).

Copies CompÚre dactylographiées ou ronéotées (dos toilés) : tapuscrit du synopsis (double carbone, 51 p.) ; ronéo du synopsis (39 p.) ; scénario (115 p., couvertes au verso de notes mathématiques autographes de Queneau) ; autre version du scénario ronéotée (152 p.) ; version anglaise du scénario (163 p. ronéotées, reliure spirale).

Dossier de correspondance et contrat, 19 lettres par Jean Rossignol (chargé des droits cinématographiques chez Gallimard) et le producteur Jacques Simonnet (Sorafilms), 1961 - 1962.

165 QUENEAU Raymond (1903 - 1976).

MANUSCRIT autographe, [ En passant , 1944] ; 48 pages petit in-4 dans un cahier Student Book.

Manuscrit complet de cette piĂšce en deux actes.

En passant, « un acte plus un acte pour prĂ©cĂ©der un drame », fut publiĂ© en avril 1944 dans le n° 8 de la revue L’ArbalĂšte ; la piĂšce fut créée en avril 1947 au théùtre AgnĂšs Capri, par la compagnie Masques nus, dans une mise en scĂšne de Pierre Gout, devant un dĂ©cor photographique de BrassaĂŻ, en « lever de rideau » du drame de Luigi Pirandello La vie que je t’ai donnĂ©e. La piĂšce de Queneau, se dĂ©roulant dans un couloir de mĂ©tro, prĂ©sente deux actes symĂ©triques, dont les personnages et les pĂ©ripĂ©ties se rĂ©pondent deux Ă  deux. TonalitĂ© poĂ©tique dominante, humour verbal qui Ă©voque le théùtre de l’absurde, cette piĂšce se rattache aux thĂšmes de l’incommunicabilitĂ© et des rĂȘves impossibles.

Le manuscrit, Ă  l’encre noire, comprend 48 pages provenant de deux cahiers, conservĂ© sous une couverture de cahier gris-vert Student Book : le premier acte (25 pages) sur papier lignĂ© (22,5 x 14,6 cm), et le « 2Ăšme tableau » (23 pages) sur papier de cahier d’écolier Ă  grands carreaux (22,5 x 17,6 cm). Il prĂ©sente de nombreuses et importantes ratures, corrections, suppressions et additions, Ă  l’encre ou au crayon, avec notamment une dizaine de pages biffĂ©es ; ainsi que de nombreuses variantes avec la version publiĂ©e, notamment le prĂ©nom de l’hĂ©roĂŻne IrĂšne qui deviendra Odile.

Un feuillet de titre Ă  en-tĂȘte de la nrf prĂ©sente le titre primitif biffĂ© « Un invitĂ© », remplacĂ© par Un passant, avec deux couples de personnages : « Joachim / Le Passant » et « IrĂšne / La Mendiante ».

On joint l’invitation Ă  la gĂ©nĂ©rale et le programme du Théùtre AgnĂšs Capri ; plus une photocopie de la publication en revue.

600 - 800

71 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 000 - 1 200

166 RACINE Jean (1639 - 1699).

La Thebayde ou les FrÚres ennemis. Tragédie (Paris, Gabriel Quinet, 1664) ; in-12 (147 x 90 mm), [7]-70-[1] pp. Maroquin rouge janséniste, dos à nerfs titré, filet doré sur les coupes, large dentelle intérieure, tranches dorées, signet conservé (Trautz-Bauzonnet ).

Édition originale de la premiĂšre piĂšce Ă©crite et publiĂ©e par Jean Racine : La ThĂ©baĂŻde, relatant le mythe grec de la querelle fratricide des deux fils maudits d’ƒdipe pour le trĂŽne de ThĂšbes. ReprĂ©sentĂ©e pour la premiĂšre fois en 1664 au théùtre du Palais Royal par la troupe de MoliĂšre, elle fut Ă©crite en peu de temps et sera remaniĂ©e. Ainsi cette Ă©dition originale contient-elle une centaine de vers qui furent supprimĂ©s dans les Ă©ditions suivantes. TrĂšs bel exemplaire. (État d’usage de la reliure).

Provenance : BibliothÚque Léon Rattier (1913, n°178, ex-libris) ; bibliothÚque Mortimer L. Schiff (1938, n°503, ex-libris).

167 RÉGNIER Henri de (1864 - 1936).

Les Bonheurs perdus (Paris, Mercure de France, 1924) ; in-8, demi-maroquin Ă  coins rouge, dos Ă  nerfs, tĂȘte dorĂ©e, couverture et dos conservĂ©s (Canape).

Édition originale. Un des 25 exemplaires hors commerce sur vergĂ© pur fil Lafuma (n° I). Envoi autographe signĂ© de l’auteur Ă  Armand GODOY : « Ă  M. Armand Godoy / cordial hommage / Henri de RĂ©gnier ».

168 RENÉ I er (1409 - 1480) « le bon roi RenĂ© », duc d’Anjou, de Bar et de Lorraine, roi de Naples et de Sicile, poĂšte.

L.S. « Rene », Aix-en-Provence 10 septembre 1472, à Cicco SIMONETTA ; contresignée « P. Puig » ; 1 page oblong in-4, adresse au verso avec sceau sous papier (quelques légÚres mouillures) ; en latin.

Rare lettre du bon Roi René

Comme roi d’Aragon, de JĂ©rusalem et de Sicile, il Ă©crit Ă  « Ciccho de Simonetis » [Francisco dit Cicco SIMONETTA (1410 - 1480), diplomate, secrĂ©taire et chancelier du duc de Milan Galeazzo Sforza ; il avait Ă©tĂ© le conseiller du Roi RenĂ© Ă  Naples, lors de la lutte entre Aragon et Anjou pour le trĂŽne de Naples], pour lui annoncer qu’il a envoyĂ© Hector Scaglioni (SCALIGER) vers le Duc son cousin et ses chers fils : « Uti ab eodem Hectore latique intelligetis est quoque vobis quedam nri pre explicativens. Rogamus vos magnopre ut et sibi in iis que vobis nostro nome referet fidem firma habere, et rem ita ut spes nostra est et necessitas expostulat commendatam nostro amore suscipere


169 RENOIR Auguste (1841 - 1919).

L.A.S. « Renoir », Essoyes 20 aoĂ»t 1901, Ă  une dame ; 1 page in-8 (2 dĂ©chirures rĂ©parĂ©es au scotch). Il demande Ă  sa correspondante de le « recevoir seul vers le 27 aoĂ»t pour deux jours. Si Ă  cette Ă©poque vous ne pouviez pas je pourrais remettre vers le 15 septembre. Et voilĂ  pourquoi. Il faut que j’aille Fontainebleau pour des portraits le 1er septembre. Je quitterais Essoyes un peu plus tĂŽt pour aller vous voir, ou Ă  mon retour de Fontainebleau vers le 15 ou 20 septembre. Tout va bien Ă  la maison mĂšre, mĂšre et enfant, moi bien portant Ă  part les rhumatismes qui ne bougent pas » 

170 RENOIR Auguste (1841 - 1919).

L.A.S. « Renoir », Cagnes 6 mars 1904 Ă  Jeanne BAUDOT ; 2 pages et quart in-8. Belle lettre Ă  son ancienne Ă©lĂšve [Jeanne BAUDOT (1877 - 1957) a Ă©tĂ© l’élĂšve de Renoir, qui a fait plusieurs portraits d’elle. Elle a Ă©tĂ© la marraine de Jean Renoir, deuxiĂšme fils du peintre, le futur cinĂ©aste. Il a eu beaucoup d’occupations ennuyeuses et a dĂ» aller Ă  Paris « pour en finir. Je vais pouvoir je pense avoir le loisir de mettre quelques couleurs sur des toiles ce que je n’ai pu faire depuis longtemps. J’ai su par votre mĂšre tous vos enthousiasmes et je les ai partagĂ©s de loin. C’est dĂ©licieux quand jeune comme vous l’on peut voir des choses nouvelles et surtout quand comme vous l’on peut les comprendre (je ne dis pas les faire) ne soyons pas trop gourmands. J’étais content de vous voir dans cette AlgĂ©rie si claire dans ce pays oĂč l’on est si loin et si prĂšs, oĂč l’arabe Ă  l’air d’un vieux copain que l’on a toujours connu. Ce roublard gentil, auquel il ne faudrait pas trop se fier cependant, mais tout cela est amusant au possible et rien autre ne peut vous donner les joies de l’AlgĂ©rie. Pour moi du moins et je vois avec plaisir pour vous aussi. Je suis de retour Ă  Cagnes avec toujours le temps changeant. Quel hiver grands Dieux » 

171 RENOIR Auguste (1841 - 1919).

L.A.S. « Renoir », 21 novembre 1904, Ă  Mlle Paule GOBILLARD ; 1 page in-12, enveloppe. « Voulez-vous dire Ă  votre sƓur que quand elle pourra venir elle me prĂ©vienne la veille. Demain si elle vient, ou aprĂšs. [
] Je vous envoie ce mot par un modĂšle gentil ».

800 - 1 000

700 - 800

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 72
1 000 - 1 500
100 - 150
1 000 - 1 500
1 000 - 1 200

172 RENOIR Auguste (1841 - 1919).

L.A.S. « Renoir », Cagnes 8 novembre 1912, [Ă  Mme Maurice GANGNAT] ; 3 pages in-8, en-tĂȘte Les Collettes Cagnes (A.-M.)

Il demande des nouvelles de Philippe en espĂ©rant « que ce rhume de cerveau ne s’étendra pas davantage malgrĂ© cette sale saison que vous avez. Nous nous sommes en pleine douceur de tempĂ©rature dont je profite pour sortir souvent ». Mais il a besoin du conseil de Gangnat pour ses affaires : « ce n’est pas la peine d’avoir des amis si ce n’est pour les mettre de temps en temps Ă  contribution. Mon ami RiviĂšre me fait constamment entrevoir monts et merveilles du CrĂ©dit Foncier Argentin. Je fais peut-ĂȘtre une bĂȘtise, mais je sais que je lui suis agrĂ©able en prenant de ses valeurs. Je lui ai donc Ă©crit Ă  cet Ă©gard puisque le hazard fait que je ne puis avoir de rente Suisse c’est peut-ĂȘtre un avis du ciel »..

173 RÉVOLUTION.

Constitution de la RĂ©publique Française (Paris, Imprimerie du DĂ©pĂŽt des lois, [1795]) ; in-4 de 43 pages, suivies de ff. blancs ; reliure de l’époque en maroquin rouge, cadre de filets dorĂ©s avec le faisceau de licteur surmontĂ© du bonnet phrygien et la devise Union Force et LibertĂ© sur les plats, et le titre en lettres dorĂ©es sur le plat sup., dos ornĂ© de faisceaux et de bonnets phrygiens.

TrĂšs bel exemplaire dans une reliure en maroquin de l’époque aux armes de la RĂ©publique

La Constitution du 5 fructidor an III (22 aoĂ»t 1795) fonde le Directoire. Elle s’ouvre sur la DĂ©claration des droits et des devoirs de l’homme et du citoyen

On joint une mĂ©daille en bronze dorĂ© (diamĂštre 6 cm) dĂ©livrĂ©e Ă  un reprĂ©sentant du Peuple au Conseil des CinqCents, avec le titre Constitution de l’an trois frappĂ© Ă  l’avers.

174 REYNOLDS Joshua (1723 - 1792) peintre anglais.

L.A.S. « Joshua Reynolds », Londres 18 octobre 1783, à John WAMHOPE , « Writer to the Signet » à Edinburgh ; 1 page in-4, adresse avec sceau de cire rouge ; en anglais.

Rare lettre au sujet de portraits impayés

Sir William Forbes l’a invitĂ© Ă  adresser au notaire un mĂ©moire des dettes de feu Lord Errol [James Hay (1726 - 1778)

15th Earl of ERROLL], pour des tableaux peints pour lui : portrait en pied de Lord Errol (105ÂŁ), Lady Errol (25£ 5), rĂ©plique de la feue Lady Errol (idem), modification de la draperie d’un tableau (5£ 5), plus une caisse de transport (10 schillings), en tout 163£ 5
22

175 RIMBAUD Arthur (1854 - 1891).

Une saison en enfer (Bruxelles, Alliance typographique, 1873) ; in-8, brochĂ©. Édition originale du seul ouvrage dont Rimbaud ait entrepris la publication, Ă  compte d’auteur. Une saison en enfer fut tirĂ©e Ă  500 exemplaires environ, il n’y a pas eu de grand papier. Sur ces quelque 500 exemplaires, 425 restĂšrent chez l’éditeur Poot, et ne furent pas diffusĂ©s, Rimbaud n’ayant pu les rĂ©cupĂ©rer, faute d’argent. Il ne put disposer que d’une dizaine d’exemplaires. Le reste du tirage demeura dans la cave de l’Alliance typographique jusqu’à sa redĂ©couverte en 1901 par LĂ©on Losseau. À partir de 1911, le bibliophile belge dispersa peu Ă  peu l’ouvrage sur le marchĂ©. Bel exemplaire, conservĂ© brochĂ© et non coupĂ©, tel que paru. Quelques rousseurs.

176 ROLAND Manon Phlipon, Madame (1754-guillotinĂ©e 1793) l’égĂ©rie des Girondins.

L.A., [Amiens] « Mercredy 21 janvier 1782 » [pour mardi 22 ?, à son mari] ; 4 pages in-4. Belle lettre à son mari

Il y a eu un peu de beau temps pour la fĂȘte : « j’ai respirĂ© l’air dans mon jardin avec plaisir et l’air me paroissoit suave et gracieux » ; mais il pleut : « il rĂšgne je ne sais quoi de sombre et d’épais qui m’abat : j’ai de la lassitude et presque du dĂ©goĂ»t ». Elle se plaint du manque de bois et de la mauvaise qualitĂ© de celui qu’on lui a livrĂ©. Elle vient d’engager une fille : « elle me plaĂźt par un air trĂšs propre et assez doux. [...] Si j’étais vieille comme Sara et que tu fus un patriarche, cela ne serait pas mal choisi ; elle a vingt-cinq ans, de la fraĂźcheur et d’assez jolis yeux. Si elle est d’ailleurs telle qu’on l’annonce on nous la dĂ©bauchera quelque jour pour en faire une femme de chambre ». Elle donne des nouvelles de leur fille, qu’elle allaite et qui va mieux... Elle essaie de lire en anglais : « j’y suis autrement perdue que dans l’italien » ; il lui faut le dictionnaire
 Le jardin est dans un triste Ă©tat et nĂ©cessite des travaux : « N’est-ce pas une puissante raison de hĂąter ton retour ? Tu auras aussi de l’exercice Ă  prendre, si tu veux, autour de mon bois [
] tu pourras t’amuser dans ton bĂ»cher oĂč j’irai te trouver avec ma petite quand il y aura du soleil ». Elle conclut en l’embrassant « tenerissimamente », ayant sa fille au sein gauche, et veut le rassurer sur sa bonne santĂ©, malgrĂ© sa lassitude.

2 000 - 2 500

800 - 1 000

73 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 200 - 1 500
800 - 1 000
5 000 - 6 000

177 ROMME Gilbert (1750 - 1795) mathĂ©maticien, conventionnel (Puy-de-DĂŽme), crĂ©ateur du calendrier rĂ©publicain ; arrĂȘtĂ© aux journĂ©es de Prairial et condamnĂ© Ă  mort, il se suicida. MANUSCRIT autographe, La commune de Riom dĂ©partement de Pui-de-Dome Ă  l’AssemblĂ©e Nationale, [1790] ; 2 pages et demie in-4 avec ratures et corrections. Important discours cĂ©lĂ©brant l’Ɠuvre rĂ©gĂ©nĂ©ratrice de la RĂ©volution et la DĂ©claration des Droits de l’Homme « Messieurs, la commune de Riom qui ne compte son existence politique que depuis qu’elle s’est donnĂ©e constitutionnellement une MunicipalitĂ© patriote, vient vous faire hommage des PrĂ©mices de sa LibertĂ©, en adhĂ©rant solemnellement Ă  tous vos dĂ©crets par ses dĂ©putĂ©s extraordinaires. Elle a tout perdu par les suppressions que votre sagesse a prononcĂ©es et que commandoient les malheurs et le salut de la France ; mais cet Ă©tat de mort ne l’effraye point puisqu’il est une transition inĂ©vitable et momentanĂ©e d’un rĂ©gime justement proscrit, Ă  une renaissance que nous recevons tous des PĂšres de la Patrie, rĂ©gĂ©nĂ©rateurs de la Justice et de la libertĂ©. Trop longtems captifs sous l’opinion de quelques personnes, notre raison Ă©tait obscurcie, nos vƓux Ă©touffĂ©s, notre patriotisme dissimulĂ© ou Ă©garĂ©, nos espĂ©rances et notre confiance trompĂ©es ; les bons citoyens gĂ©missoient de ne pouvoir porter jusqu’au SĂ©nat auguste, leurs sentimens particuliers, et de ne pouvoir mĂȘler leur allĂ©gresse Ă  celle de toute la France, aussitĂŽt qu’ils l’ont sentie. À ces malheurs immĂ©ritĂ©s la calomnie les preventions et l’intrigue ont ajoutĂ© de nouvelles amertumes. Mais votre exemple nous soutient et votre Justice nous console. Vos DĂ©crets ont rĂ©tabli le Peuple dans ses droits, il a mis Ă  sa tĂȘte des Municipaux citoyens, et tous les liens qui l’attachoient Ă  l’erreur ont Ă©tĂ© brisĂ©s. C’est pour le Peuple et par le Peuple que doit se faire la rĂ©gĂ©nĂ©ration du corps politique;  c’est par lui que la vĂ©ritĂ©, la justice et la LibertĂ© triomphent ». Puis, aprĂšs un long passage proclamant l’adhĂ©sion de tous les citoyens de Riom aux principes de la RĂ©volution et Ă  la Constitution : « Pour vous, Messieurs, pleins de confiance dans vos travaux, heureux des espĂ©rances que vous offrez Ă  la France et fiers des leçons que ses vertueux reprĂ©sentans donnent Ă  l’univers, nous recueillons avec empressement tous vos dĂ©crets. Vos Tribunaux et notre corps municipal en ont toujours fidĂšlement suivi toutes les dispositions; et les loix anciennes ont cĂ©dĂ© sans trouble leur empire aux loix nouvelles, qui emanent de votre sagesse. Les bons citoyens se rassemblent pour se pĂ©nĂ©trer des lumiĂšres qui nous viennent de la capitale, et les rĂ©pandre autour d’eux. Un Ă©tablissement patriotique vient de se former et la destination premiĂšre sera de faciliter l’intelligence de notre nouveau code et d’offrir Ă  tout le monde un cabinet de lecture gratuite et choisie. La dĂ©claration des droits va devenir le premier chapitre du catĂ©chisme politique de la jeunesse. Notre contribution patriotique se monte Ă  plus de 100 000  ll quoique le tableau des citoyens actifs n’aille guĂšre au-delĂ  de 1200 et nous devons dire que la MunicipalitĂ© de Riom est la premiĂšre de la province qui ait reçu les dĂ©clarations. Les Ă©tablissemens de charitĂ© viennent de recevoir un accroissement considĂ©rable, par la gĂ©nĂ©rositĂ© d’un vertueux cĂ©nobite qui siĂšge parmi vous dont les opinions honnorent la ville de Riom sa patrie et qui prouve par sa conduite, que les vertus du chretien ne diffĂšrent pas de celles du vrai citoyen. Voila, Messieurs un tableau de nos efforts pour reconquerir notre libertĂ©, et nous rendre dignes de vos regards. »

178 ROUAULT Georges (1871 - 1958).

2 L.A.S. « Georges Rouault », [juin 1907], Ă  Ambroise VOLLARD ; 4 pages in-8, et 1 page in-12 Ă  l’encre rouge avec adresse au verso (carte-lettre).

Sur ses céramiques

Rouault indique tout d’abord au marchand les prix qu’il souhaite pour ses cĂ©ramiques : « Service Ă  thĂ© 200 f, grand vase 200 f », ainsi que les « plaques moyennes », dont une de Clowns : « il y a encore deux assiettes (sanguine), j’arrive Ă  1500 f vous les laissant Ă  un prix mĂ©diocre pour que vous ayez l’ensemble de mes recherches; je ne vous demande pas cette somme immĂ©diatement, et croyez bien que je ne suis pas disposĂ© Ă  refaire un effort semblable de sitĂŽt, du moins pas dans les mĂȘmes conditions de prix, je prĂ©fĂšre de beaucoup faire des aquarelles ou de la peinture, c’est un travail qui n’a plus de prix que j’ai entrepris lĂ  (il y a encore un des gros vases que je tiens Ă  refaire passer Ă  un feu... Maurice Denis est venu l’autre jour et il dĂ©sirait beaucoup mon plat, il a aussi beaucoup aimĂ© l’assiette (sanguine). Comme j’ai fait mes prix Ă  l’avance avec vous (pour les gros vases) et les moyens et le petit, je maintiens les prix que vous m’avez accordĂ©s, mais croyez bien que sans trop me gober je sais ce que j’ai fait et que si vous ne les prenez pas j’en ai le placement assurĂ© dans de trĂšs bonnes conditions sans oublier que j’aurais Ă©tĂ© trĂšs heureux d’en conserver pour moi. [
] Il faudra aussi que les plaques soient prĂ©sentĂ©es encadrĂ©es d’un lĂ©ger filet de cuivre dorĂ©. La dĂ©pense sera minime mais l’effet sera meilleur » 

[9 juin 1907]. Rouault prĂ©cise les prix de ses cĂ©ramiques (rĂ©alisĂ©es avec AndrĂ© METTHEY) : « les plaques figures 200 f pour moi mais 60 f pour Metthey au lieu de 50 que j’avais marquĂ© [...] Si vous revoyez Methey je crois qu’il serait bon qu’il se mĂźt en rapport avec la section d’art dĂ©coratif par lettre au besoin s’il ne peut plus se dĂ©placer de façon Ă  ce qu’il puisse soumettre le plan de ce qu’il dĂ©sire ».

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 74
2 000 - 2 500
1 000 - 1 200

179 ROUAULT Georges (1871 - 1958).

MANUSCRIT autographe, Berceuses du Faubourg de Longues-Peines ; 42 pages in-4 paginées 1-30 et 47-58 (sur papier pelure, avec effrangeures et déchirures à certains feuillets).

Important ensemble de 35 poÚmes, abondamment raturés et corrigés, numérotés I à xx VII et xxxx I à xxxx VIII

L’ensemble porte en tĂȘte les dates « 1898 - 1935 », et le sous-titre (ou titre primitif ?) biffĂ© Stella Vespertina. Rouault a considĂ©rablement travaillĂ© et corrigĂ© son manuscrit, supprimant des vers entiers, en ajoutant d’autres dans les marges ; quelques-uns sont Ă©crits au pinceau et Ă  l’encre de Chine, dont Rouault se sert Ă©galement pour faire des suppressions, qui confĂšrent Ă  ce manuscrit, malheureusement fragile, un graphisme parfois spectaculaire.

Nous citons le début du premier poÚme :

« Sous le ciel lourd et bas des fortifications léthargiques

Noires cheminĂ©es d’usines

Ombre fugitive d’un bastion sur la dune PelĂ©e sombre et aride

LĂ  j’ai errĂ© solitaire

PrĂšs de la ville tentaculaire oĂč je naquis Berceuses mĂ©lancoliques » 

On joint la transcription de ce manuscrit par l’abbĂ© Maurice Morel, sur laquelle Rouault a fait des suppressions, avec un PO Ăš ME autographe signĂ© (GR) de Rouault en remplacement du premier poĂšme (1 page in-4).

Provenance : ancienne collection de l’abbĂ© Maurice MOREL (vente Ferri, 14 dĂ©cembre 2005, n° 127).

180 ROUAULT Georges (1871 - 1958).

MANUSCRIT autographe, Art ; 4 pages in-fol., avec ratures et corrections.

« La grandeur du royaume n’en fait pas la beautĂ© ! mais l’amour avec lequel on l’a créé ! Nous sommes des roisfous plus sages que rois et empereurs vĂ©ritables ! »  Rouault se dĂ©chaĂźne contre Arnold BÖCK l IN : « ModĂšles pris dans les piscines allemandes ! Des tritons Ă  tĂȘtes de douaniers Ă©voluent avec des grosses filles. C’est lourd ! faux ! peint sur du linolĂ©um avec des tons de toile cirĂ©e ignifusĂ©e ! [
] Le moindre soupir de CÉZANNE fait crouler ce Kolossal chĂąteau de cartes ! »  Il cĂ©lĂšbre Chardin, CĂ©zanne ou Corot, vrais crĂ©ateurs qui ne succombent pas aux « sottes et prĂ©tentieuses thĂ©ories » 

Provenance : ancienne collection de l’abbĂ© Maurice MOREL (vente Ferri, 14 dĂ©cembre 2005, n° 113).

181 ROUSSEAU Henri, dit le DOUANIER ROUSSEAU (1844 - 1910).

CARNET autographe, signĂ© en tĂȘte « Rousseau » ; 10 pages dans un carnet in-12, couverture papier cirĂ© noir (chemise dos vĂ©lin et Ă©tui).

Rare et prĂ©cieux carnet de compte de ses tableaux vendus en 1909 et 1910 Sur la premiĂšre page, Rousseau a notĂ© son nom et son adresse « Paris rue Perrel 2 bis » (tache). Puis il a indiquĂ© les nom et adresse de ses acheteurs, avec le sujet et le prix d’une quarantaine de tableaux. En 1909, VOLLARD (6 rue Laffitte) achĂšte 11 tableaux entre 4Ă  et 230 francs : Composition, Surprise, et des Paysages ; Hudes (en fait Wilhelm UHDE, 21 Quai des Tournelles) achĂšte 6 paysages ; Blamme (6 rue Boissonnade) 2 paysages. En 1910, VOLLARD achĂšte 13 tableaux, dont une CrĂ©ation Ă  400 francs et des paysages ; d’OETTINGEN (21 Boulevard Berthier) 5 tableaux, dont des Singes (300 fr.) et des Fleurs (400 fr.) ; Soffici (Ă  Naples) 7 tableaux, dont une Vue de Paris ; Uhde 5 tableaux, dont des Fleurs ; HOETZER, sculpteur, 4 tableaux : des Fleurs (40 fr.), et CrĂ©ation (300 fr.), et deux autres CrĂ©ation le 20 aoĂ»t (200 fr.) et le 30 septembre (300 fr.).

Provenance : ancienne collection Tristan TZARA

182 SADE Donatien Alphonse François, marquis de (1740 - 1814).

Justine ou les Malheurs de la Vertu (En Hollande, Chez les Libraires AssociĂ©s, [Paris, Girouard ?] 1791. 2 tomes rĂ©unis en un volume in-12. Reliure moderne dans le style de l’époque, demi-veau glacĂ© mouchetĂ©, dos lisse, compartiments ornĂ©s, piĂšce de titre de maroquin rouge, titre dorĂ©, frise dorĂ©e sur les coupes, tranches rouges, doublures et gardes de papier tourniquet.

Rare seconde édition du premier livre de Sade

Cette Ă©dition, imprimĂ©e en 1791, soit la mĂȘme annĂ©e que l’originale Ă©ditĂ©e au format in-8 chez Girouard Ă  Paris. Le texte ne diffĂšre avec celui de l’originale que sur le point de l’Avis de l’éditeur. L’ouvrage connut un succĂšs immĂ©diat et sera rĂ©imprimĂ© six fois en dix ans. Dans le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne, Las Cases rapport que NapolĂ©on considĂ©rait Justine comme « le livre le plus abominable qu’ait enfantĂ© l’imagination la plus dĂ©pravĂ©e ». Toutes les Ă©ditions premiĂšres Ă©ditions de cet ouvrage sont recherchĂ©es.

Tome I : 2 ff. n. ch., 339 pp. ; 1 frontispice signĂ© (biffĂ©) gravĂ© par G. Texier d’aprĂšs Philippe ChĂ©ry ; tome II : 1 f. n. ch., 228 pp. Exemplaire bien complet des deux feuillets de l’Avis de l’éditeur et l’Explication de l’Estampe, qui manquent Ă  plusieurs exemplaires de l’originale. Sans les figures.

(Frontispice coupé ras, restauration au 2e feuillet avec quelques lettres suppléées à la main.

6 000 - 8 000

75 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 000 - 1 500
1 000 - 1 500
5 000 - 6 000

183

SADE Donatien Alphonse François, marquis de (1740 - 1814).

Les 120 JournĂ©es de Sodome ou L’École du Libertinage. Par le Marquis de Sade. PubliĂ© pour la premiĂšre fois d’aprĂšs le manuscrit original, avec des annotations scientifiques par le Dr EugĂšne DĂŒhren. (Paris, Club des Bibliophiles, 1904) ; fort in-8 (26,5 x 17,7 cm). Reliure hongroise de l’époque veau vert amande, dos Ă  nerfs ornĂ©, plats richement dĂ©corĂ©s d’une plaque de rinceaux dorĂ©s Ă  larges Ă©coinçons, doublure de veau saumon abondamment ornĂ©e de fers floraux, large roulette florale, gardes de soie grĂšge (dos un peu passĂ©).

Édition originale. Tirage limitĂ© Ă  200 exemplaires numĂ©rotĂ©s, celui-ci 1/5 sur Japon (n° 4). Cette Ă©dition fut publiĂ©e Ă  Berlin en 1904 par Max Harrwitz. EugĂšne DĂŒrhen est le pseudonyme d’un psychiatre berlinois, Iwan Bloch. Texte dans un encadrement vert bronze ornĂ© aux coins, fac-similĂ© hors texte d’une page manuscrite de Sade Ă  la fin du volume.

On a reliĂ© en tĂȘte de volume le prospectus.

Rare exemplaire sur japon de l’ouvrage capital de Sade

184 SAINT-EXUPÉRY Antoine de (1900 - 1944).

MANUSCRIT autographe pour Terre des hommes, [1931] ; 1 page et quart in-4 sur papier jaune. Brouillon trÚs raturé et corrigé pour un chapitre de Terre des hommes

Ce brouillon est une version primitive, trÚs travaillée, avec des reprises, de la conclusion de la premiÚre partie du chapitre VIII, Les Hommes

« Tout au long de ce livre j’ai parlĂ© de ceux-lĂ  qui avaient obĂ©i semble-t-il Ă  une vocation souveraine, et avaient choisi le dĂ©sert ou la ligne, comme d’autres eussent choisi le monastĂšre, mais j’ai trahi mon but si j’ai paru vous engager Ă  admirer d’abord des hommes »  Etc.

185

SAINT-EXUPÉRY Antoine de (1900 - 1944).

DESSIN original avec légende autographe, Roger Beaucaire. Mine de plomb sur papier, 17 x 15 cm.

Le personnage est identifié par un titre sous le dessin. Représenté en pied entre deux fleurettes stylisées, Roger Beaucaire a ses traits grossis, son nez et ses lÚvres proéminents.

À cĂŽtĂ© d’une sĂ©rie de portraits de ses amis dans une veine trĂšs rĂ©aliste (dans un carnet intitulĂ© Les Copains, cf. Dessins, Gallimard, 2006, p. 58-75), Saint-ExupĂ©ry excellait aussi dans la caricature ( idem, p. 132 - 146 et p. 166 - 167). Ce dessin de Roger Beaucaire est inĂ©dit. Plusieurs de ses traits sont Ă  rapprocher d’autres croquis : les fleurs de part et d’autre du personnage sont identiques Ă  celles qui flanquent un autre personnage, Ă©galement croquĂ© au crayon noir (idem, n° 211). Le pantalon bouffant, resserrĂ© aux chevilles, est aussi reconnaissable ailleurs (notamment n° 226).

Passionné par les problÚmes de physique, Saint-Exupéry a échangé avec son ami Roger BEAUCAIRE une correspondance argumentative, notamment sur un problÚme de tonneau « immergé dans un fluide » (voir Pléiade, II, 1025 - 1027).

186 SAINT-SIMON Louis Rouvroy, duc de (1675 - 1755).

L.A.S. « Le Duc de S t Simon », Paris 10 janvier 1728, au Garde des Sceaux (Germain-Louis CHAUVELIN) ; 1 page in-4 (portrait gravé joint).

La lettre accompagne un mĂ©moire de trois pages : « vous verrĂ©s s’il vous plaist par la 4 e que j’ay ajoutĂ©e si j’ay bien eclairci ce que vous avĂ©s jugĂ© qui meritoit de l’estre ». Il a joint la copie de sa lettre au cardinal de FLEURY et Chauvelin jugera « si j’ay bien executĂ© ce que vous m’avĂ©s fait la grace de me conseiller [
] J’envoye l’un et l’autre Ă  M. de MAUREPAS pour les rendre Ă  M. le C[ardina]l a propos d’avoir le tems de les luy faire lire. Je n’ay osĂ© luy mander que je vous en eusse parlĂ© et neantmoins je voudrois bien que vous pussiĂ©s scavoir quand il aura veu M. le C la dessus pour vous mettre en estat de faire en sorte que le C vous en parlast et vous donner ainsy occasion a ce que j’attendray toujours en toutte confiance de l’honneur de vostre amitiĂ© » 

Ancienne collection Alfred BOVET (1887, n° 711).

Les SiÚcles et les jours, n° 237.

1 200 - 1500

1 500 - 2 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 76
1 500 - 2 000 1 500 - 2000

187 SAINTE-BEUVE Charles-Augustin (1804 - 1869).

22 L.S. avec corrections et additions autographes (minutes, 2 non signĂ©es), 1866 - 1868 ; 44 pages in-8 ou in-12. Lettres dictĂ©es Ă  son secrĂ©taire Jules TROUBAT, puis abondamment corrigĂ©es par Sainte-Beuve, Ă  Ernest BERSOT (rĂ©ponse Ă  un article sur la Galerie des AcadĂ©miciens de Vattier), P. Bernay (sur une caricature de Sainte-Beuve), Pierre LAROUSSE (« auteur du Grand Dictionnaire, Ă  propos de l’article Causeries du Lundi communiquĂ© en Ă©preuves »), Camille GUINHUT (rĂ©dacteur de L’ Étendard, Ă  propos de la question romaine), COLINCAMP (sur son article consacrĂ© aux Lundis), BenoĂźt JOUVIN (belle lettre sur la pĂ©rennitĂ© de la littĂ©rature), Louis COMBES (« petite querelle » sur Louis XVI), Jules CLARETIE (au sujet de Victor Jacquemont), Dussieux (sur le scandale d’une Ă©dition tronquĂ©e des MĂ©moires du grand FrĂ©dĂ©ric), Paul MEYER (hommage de Port-Royal, « le moins imparfait de mes Ă©crits »), de GONET (« juge d’instruction, pour recommander le jeune Alfred VerliĂšre, auteur de DĂ©isme & PĂ©ril social, dĂ©tenu sous l’inculpation de sociĂ©tĂ© secrĂšte »), Henri BRISSON (rĂ©ponse Ă  un article sur les dĂ©lits de presse), BARUTEL (Ă  propos des prix de l’AcadĂ©mie), C. RITTER (sur une intervention au SĂ©nat), Louis ULBACH (rĂ©ponse Ă  La Cocarde blanche), Émile EGGER (remerciant pour le « prĂ©cieux cadeau » de son savant confrĂšre), Ernest RENAN (sur David Strauss), FĂ©lix AUVILLAIN (critique de ses vers, par « un ancien Ă©lĂ©giaque »), etc.

188 SAND George (1804 - 1876).

MANUSCRIT autographe signĂ© « G. Sand », RĂȘveries et souvenirs, fragments de journal ; 44 pages in-8. Manuscrit de travail, avec ratures et corrections, d’un article politique sur 1848 et l’Empire, NapolĂ©on III et EugĂ©nie

Cet article a été publié dans le journal Le Temps du 5 septembre 1871, sans le sous-titre « fragments de journal » ; il a été recueilli en 1873 dans Impressions et souvenirs (Michel Lévy, 1873, p. 17-36).

PrĂ©sentĂ© comme un fragment de journal en date de mars 1860, le texte commence par une Ă©vocation de son Ă©tat d’ñme (rĂ©digĂ©e au masculin, comme Ă  son habitude) : « Ces bons vieux amis me demandent en quel Ă©tat est mon Ăąme. S’ils y pouvaient lire Ă  toute heure, ils trouveraient peut-ĂȘtre qu’elle est en Ă©tat de grĂące, comme disent les catholiques ; moi je dis qu’elle n’a plus guĂšre d’état particulier, elle est entrĂ©e depuis longtems dans le chemin oĂč les accidents et les pĂ©rils ne font pas retourner en arriĂšre. – On me trouve trop indulgent pour les choses et pour les gens de ce tems ci. Je ne suis pas si indulgent que l’on croit. J’ai acquis de la patience en proportion de ce qu’il en faut, voilĂ  tout. Ayant traversĂ© beaucoup de choses jugĂ©es, je n’ai pas le goĂ»t de supplicier ce que je condamne, j’aime mieux l’oublier » .

Elle Ă©voque sĂ©vĂšrement la naissance du second Empire : « L’avenir est noir. Ce coup d’état qui, dans les mains d’un homme vraiment logique, eĂ»t pu nous imprimer un mouvement de soumission ou de rĂ©volte dans le sens du progrĂšs, ne nous a conduits qu’à un affaissement tumultueux Ă  la surface, pourri en dessous » . Le peuple est « dans un courant funeste, 48 a Ă©tĂ© pour lui une ivresse et une dĂ©ception. [
] La bourgeoisie avait fait fortune, elle n’aimait plus les rĂ©volutions ; son rĂŽle de 1830 Ă©tait terminĂ©, elle n’avait plus de principes de gouvernement, elle n’avait plus de philosophie Ă  elle, plus d’esprit de caste, elle ne se tenait plus ; Ă  force de vouloir tenir Ă  tout elle ne tenait plus Ă  rien Elle n’était plus voltairienne, elle ne comprenait plus 89 dont elle parlait sans cesse. Enrichie par cette premiĂšre rĂ©volution, elle Ă©tait devenue aristocrate [
] Cette vanitĂ© maladive est devenue maladie mortelle sous l’empire. La bourgeoisie, qui devrait ĂȘtre flattĂ©e d’avoir sur le trĂŽne un parvenu, – l’empereur lui-mĂȘme s’intitule ainsi malicieusement, – ne veut plus ĂȘtre parvenue. Elle se cherche des aĂŻeux, elle se donne des titres, ou tout au moins des particules. [
] Quoique parvenu, l’empereur fait publier es gĂ©nĂ©alogies qui font remonter jusqu’au Cid d’Andalousie la noblesse de la jeune comtesse de Teba. Il n’a pas suffi Ă  Mlle Montijo d’ĂȘtre belle et charmante, il faut qu’elle ait des ancĂȘtres pour ce monarque qui se vante de n’en point avoir et qui se dĂ©juge comme la bourgeoisie ».Puis elle brosse un portrait de la « jeune impĂ©ratrice », avant de constater : « Il n’y a donc plus de bourgeoisie. Cette morte a Ă©tĂ© rejoindre sa sƓur aĂźnĂ©e, la noblesse, sur le registre des mortalitĂ©s historiques. Il n’y a plus que deux classes, celle qui consomme et celle qui produit ; classe riche ou aisĂ©e, classe pauvre ou misĂ©rable » . Et elle tente de comprendre oĂč en est le peuple, et se montre pessimiste : « L’empire, en se fondant sur un plĂ©biscite, a inaugurĂ© le rĂšgne de l’ignorance, sauf Ă  la gouverner par la force quand elle le gĂȘnerait. Le peuple s’est cru roi, mais si son illusion dure encore, elle cessera bientĂŽt, et gare au dĂ©senchantement ! Il sera terrible. La majoritĂ© est en ce moment pour l’empire, elle opprime, elle persĂ©cute, elle insulte ceux qui protestent, et, ce qu’il y a de triste, c’est que ceux qui protestent procĂšdent mal, avec rage ou folie, Le paysan est satisfait, il perd de plus en plus l’esprit de solidaritĂ© avec l’ouvrier des villes. L’ouvrier, en revanche, s’isole du laboureur, le mĂ©prise et ne cherche plus Ă  l’initier Ă  des notions plus Ă©tendues. Le fils de l’ouvrier aspire Ă  devenir un bourgeois »  Etc. Elle croit cependant au « triomphe de la civilisation sur la barbarie » 

1 800 - 2 000

77 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
1 000 - 1 200

189

SARTRE Jean-Paul (1905 - 1980).

MANUSCRIT autographe, [1946] ; 1 page et demie in-4 (quelques légÚres mouillures). Réflexions sur le Juif, pour ses Réflexions sur la question juive (1946).

« Que choisira-t-il ? Rien ne permet de le prĂ©dire puisqu’il est libre. Toutefois la situation le rĂ©duit Ă  cette alternative : il faut choisir de nier sa situation ou de la revendiquer. Et c’est bien en effet l’un ou l’autre de ces partis qu’il prendra : mais il y a mille et mille maniĂšres de refuser, mille et mille maniĂšres d’assumer. Aussi y a-t-il des milliers de “caractĂšres” juifs – Ă  vrai dire on peut en concevoir une infinitĂ©. Car un Juif n’est rien d’autre que ce “projet” pour dĂ©passer une situation intolĂ©rable. Ni race, ni religion : mais un homme libre et qui cernĂ© par la haine ou l’injuste mĂ©pris se jette, au-delĂ  ce mĂ©pris et cette haine, vers ses buts propres. Et s’il choisit de fuir, qui donc oserait le blĂąmer ? Cette fuite n’est pas une lĂąchetĂ©, ni une dĂ©sertion : c’est un essai pour vivre sa vie comme si le problĂšme juif n’existait pas, un effort de toute la personne, qui se manifeste dans le travail comme dans les jeux, dans la solitude et dans la vie sociale, pour supprimer symboliquement en l’homme et hors de l’homme la rĂ©alitĂ© du problĂšme juif. Cette fuite est un martyre, au sens propre du mot, car le Juif qui fuit tente de prouver avec sa chair que la race juive n’existe pas. Ainsi est-il hantĂ© sans rĂ©pit par ce fantĂŽme qu’il veut anĂ©antir et, bien entendu, c’est cette tentative d’évasion qui le constitue comme Juif, car c’est le Juif seul qui peut vouloir s’évader de la situation juive »  Etc.

190 SARTRE Jean-Paul (1905 - 1980).

MANUSCRIT autographe sur le Communisme, [vers 1950] ; 4  pages in-4 sur papier quadrillĂ©. IntĂ©ressantes rĂ©flexions sur le Communisme, l’URSS et la France, la masse et les Ă©lites, la diplomatie et la paix « Ici il faut passer en revue les objections [
] je sais pourquoi on nous dĂ©teste : nous ne pouvons prendre que des compagnons de route. [
] Mais si vous ouvrez les yeux : qui n’a aujourd’hui ne tĂąche infinie. Qui donc veut se borner Ă  restaurer la dĂ©mocratie. [
] C’est que nous ne sommes pas communistes. Cela veut dire 1) recul par rapport Ă  l’URSS. 2) Nous avons Ă  nous forger nos mĂ©thodes [
] 3) Nous ne reprĂ©sentons pas les masses mais le petit bourgeois, l’élite du prolĂ©tariat etc. Cela suppose un hĂ©ritage bourgeois. Sauver des valeurs. Il ne s’agit pas d’un accord opportuniste mais pour une situation qui peut durer longtemps d’une entente qui ne doit pas se rompre. Et aprĂšs ? Eh bien nous changerons et la situation changera. Si nous prenions le pouvoir ? Mais c’est que la situation aurait changĂ©. Si les Comm. le prennent seuls ? [
] C’est que nous aurons Ă©tĂ© battus, nous nous serons laissĂ©s faire. La politique Ă  suivre est claire. RĂ©surrection de l’activitĂ© politique en France. Retour Ă  la souverainetĂ©. [
] Paix en Indochine. Politique de production de richesses. La paix. Il faut trouver une majoritĂ© pour la faire. Qui la fait aujourd’hui ? Le Parti Communiste. [
] On dit c’est pour l’URSS. Mais c’est d’abord pour la France. Alors ?

[
] Ne pas s’opposer aux Comm. en ayant le mĂȘme programme »  Etc.

191 SAUGUET Henri (1901 - 1989).

MANUSCRIT MUSICAL autographe signé « Henri Sauguet », La Rencontre (1948) ; 87 pages in-fol., en un volume broché.

Partition d’orchestre du ballet La Rencontre Sauguet a composĂ© dans l’étĂ© 1948 la musique de son ballet La Rencontre ou ƒdipe et le Sphinx, en un acte, sur un livret de Boris KOCHNO, qui venait de prendre, aprĂšs la dĂ©mission de Roland Petit, la direction des Ballets des Champs-ÉlysĂ©es. Transposant l’épisode de la rencontre d’ƒdipe avec le Sphinx dans l’ambiance d’un cirque de plein air : sur la piste, tel des acrobates, les deux protagonistes s’affrontaient ; Ă  la fin, tandis que le Sphinx, vaincu, se balançait tristement sur son trapĂšze, ƒdipe s’éloignait vers son destin. La crĂ©ation eut lieu au Théùtre des Champs-ÉlysĂ©es, le 8 novembre 1948, dans un merveilleux dĂ©cor et des costumes de Christian BÉRARD (dont ce fut la derniĂšre crĂ©ation), et une chorĂ©graphie de David LICHINE, avec Jean BABILÉE et la jeune Leslie CARON, sous la direction musicale d’AndrĂ© Girard. La partition, d’une durĂ©e de 22 minutes, fut publiĂ©e chez Heugel, et dĂ©diĂ©e « Ă  Boris Kochno et Christian BĂ©rard ». Henri Sauguet l’a enregistrĂ©e avec l’Orchestre d’État de l’URSS. « Le Sphinx, c’était la toute jeune Leslie Caron – dont ce fut la rĂ©vĂ©lation – collant blanc, silhouette serpentine ; ƒdipe – le bondissant BabilĂ©e, visage grave, corps de fauve. La chorĂ©graphie Ă©voquait le jeu des questions et des rĂ©ponses par un enchaĂźnement de poses essentiellement plastiques. [
] La musique Ă©voque, par certains aspects rĂ©pĂ©titifs, la marche d’ƒdipe vers son destin Ă  la maniĂšre d’une “force en mouvement”, comme une machine quasi-infernale ; l’alternance des questions et des rĂ©ponses oppose aux courbes sinueuses, interrogatives du violon la masse triomphante de l’orchestre. À la fin, celui-ci se met Ă  vibrer, pour Ă©voquer les tressaillements du Sphinx, tandis que la flĂ»te marque la marche d’ƒdipe, dĂ©livrĂ©. L’ensemble constitue peut-ĂȘtre le chef-d’Ɠuvre de la musique de ballet de Sauguet » (AndrĂ© Hofmann).

« La partition de M. Henri Sauguet est une de ses meilleures partitions. Expressive et bien rythmĂ©e, colorĂ©e d’une orchestration qui met les thĂšmes en valeur, elle transmet dans le domaine des sons le dĂ©cor de Christian BĂ©rard et la chorĂ©graphie de Lichine, et s’accorde Ă  souhait avec eux pour former un spectacle harmonieux » (RenĂ© Dumesnil).

Roland-Manuel jugeait la partition comme l’une des « meilleures, des mieux conçues, des mieux Ă©crites, des plus clairement agencĂ©es et des plus poĂ©tiquement allusives que nous devions Ă  ce musicien qui a le goĂ»t et le sens du ballet. Sauguet excelle Ă  dĂ©gager le signe musical reprĂ©sentatif de l’image et de l’idĂ©e chorĂ©graphiques ».

Le manuscrit est Ă  l’encre noire sur papier Ă  32 lignes ; il est signĂ© et datĂ© en fin « Coutras, 12 oct. 1948 » ; il a servi de conducteur et porte de nombreuses annotations au crayon rouge ou bleu. L’orchestre comprend : flĂ»te (et piccolo), hautbois (et cor anglais), clarinette, basson, cor, trompette, tuba, timbales, percussion, harpe, piano, et les cordes.

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 78
1 500
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192 SCHLEGEL August Wilhem von (1767 - 1845).

POÈME autographe signé « A.G. Schlegel », Bonn 1821, à Philipp Franz von WALTHER ; 1 page in-4, adresse au verso avec cachet de cire rouge aux armes (manque de papier sans affecter le texte).

PoĂšme de 10 vers latins en l’honneur de son collĂšgue Ă  l’UniversitĂ© de Bonn, le chirurgien et ophtalmologiste

Philipp Franz von WALTHER (1782 - 1849).

« Viro Paeonis et Apollinari

Ph. Fr. a Walther s.p.d. A. G. Schlegel. Te vates medicum poscit collyria lippus. Phoebus amat vates, at genuit medicos » 

193 SCHOPENHAUER Adùle (1797 - 1849) femme de lettres allemande, sƓur du philosophe.

ALBUM de papiers dĂ©coupĂ©s originaux avec manuscrit autographe, signĂ© « A. Schopenhauer », 1826 ; titre et 7 doubles pages oblong in-12 (10,8 x 14,5 cm) ; reliure de l’époque maroquin rouge, cadre de filets dorĂ©s et motifs Ă  froid, Ă©ventails dorĂ©s en Ă©coinçons.

Joli album de papiers découpés

Suite de 7 papiers dĂ©coupĂ©s pour illustrer le poĂšme FrĂŒhlings Einzug de Wilhelm MÜLLER, datĂ©e du 19 janvier 1826.

Wilhelm MÜLLER (1794 - 1827) est un poĂšte allemand, dont Schubert a mis en musique de nombreux poĂšmes, notamment pour ses deux cycles de lieder, Die schöne MĂŒllerin et le Winterreise

Adele Schopenhauer a copiĂ© elle-mĂȘme le poĂšme de MĂŒller sur les pages de droite, et l’a illustrĂ© sur les pages de gauche de ses dĂ©licats papiers dĂ©coupĂ©s Ă  la maniĂšre des silhouettes.

Les compositions ou silhouettes de papier noir brillant, finement travaillĂ©es, sont montĂ©es sur papier rose. AprĂšs la page de titre, la reprĂ©sentation de l’hiver qui s’en va sous la forme d’un homme sauvage avec un traĂźneau illustre la premiĂšre strophe ; plus le printemps, sous la forme d’un garçon ailĂ© qui pousse l’hiver hors de la porte, illustre la deuxiĂšme strophe ; pour la 3 e strophe, une maison aux fenĂȘtres ouvertes, avec une cigogne sur le toit, dans un dĂ©cor campagnard oĂč vivent de petites bĂȘtes ; suit le printemps, marchant sur les nuages et soufflant du cor, au-dessus d’une scĂšne champĂȘtre ; puis une reprĂ©sentation du soleil en jeune guerrier tenant des lances ; enfin, un couple amoureux dans un dĂ©cor champĂȘtre entourĂ© d’un arc de rayons pour la derniĂšre strophe. En fin de volume, la signature « A. Schopenhauer » en lettres minuscules. Goethe avait introduit l’art du dĂ©coupage du papier chez les Schopenhauer, comme Johanna Schopenhauer l’écrivait Ă  son fils le 3 dĂ©cembre 1806. Il avait amenĂ© une silhouette de Runge. Cela a inspirĂ© Johanna Ă  crĂ©er ses propres silhouettes, que Goethe a particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©es. DĂ©jĂ  jeune fille, AdĂšle a acquis un talent trĂšs admirĂ© dans cet art, que Goethe a cĂ©lĂ©brĂ© dans un poĂšme comme « des formations tendres et ombragĂ©es ». Adele Schopenhauer a offert ce petit livre Ă  son amie Julia Kleefeld de Dantzig. Une note de la main de Julia Kleefeld est jointe, dans laquelle elle lĂšgue le livret au conseiller privĂ© C. S. Abegg.

194 STENDHAL Henri Beyle, dit (1783 - 1842).

L.A.S. « De Beyle », Paris 12 mai 1812, « au Chef de Division de la Conscription » ; 1 page in-4 Ă  en-tĂȘte du Conseil d’État

Lettre inédite

Comme « Aud[iteu]r att[ach]Ă© Ă  la S[ecti]on de la Guerre », il renvoie Ă  son correspondant « les deux DĂ©crets et la copie de rapport que vous avez eu la bontĂ© de me confier, et que je n’ai pu vous adresser plutĂŽt, parce que cette affaire n’a Ă©tĂ© mise Ă  l’ordre qu’aujourd’huy » 

195 SUARÈS André (1868 - 1948).

MANUSCRIT autographe, [DerniĂšres notes, vers 1948] ; carnet oblong in-8 (14 x 21 cm), 56 pages irrĂ©guliĂšrement remplies d’une petite Ă©criture.

Précieux carnet inédit, recueil de pensées et réflexions intimes, à la fin de sa vie

Le titre « DerniĂšres notes » a Ă©tĂ© ajoutĂ© d’une autre main sur la couverture.

Sur la premiĂšre page, SuarĂšs a envisagĂ© pour ces notes, un titre et en a exposĂ© le thĂšme : « Titre : SECRETS. Sous ce titre, ponter, dans les Cahiers, mes hypothĂšses, pour moi seul, touchant le plein du fait, ou erreurs, ou prenant le pas sur la preuve. – Deux asymptotes dirigĂ©es l’une vers l’autre, sans pouvoir ses rencontrer par dĂ©finition. Si des vecteurs interviennent, les figures varient. Les vecteurs ne fixent pas tous la position du point d’une courbe dĂ©finie »  Etc.

Et plus loin : « On dĂ©truit l’ordre en le forçant. On dĂ©truit l’art si on le force, – et le droit et le reste. La nature fuit la contrainte. Comprendre la leçon de la libertĂ© » 

Il est aussi question de la mort qui vient : « Tu aimes trop la vie ; qui te l’a permis ? Tu as volĂ© ta part : paie comptant » 

À la fin du carnet, SuarĂšs Ă©voque IsraĂ«l : « IsraĂ«l, Ă  la bonne heure. Et pourquoi pas ? Et d’ailleurs, c’est une rĂȘverie ».

Puis il cite les Ă©crivains russes et Pouchkine, avant de conclure : « Homme de tous les hommes. Un monde qui va de Lhassa Ă  Mexico et aux Andes. Cosmopolite n’a pas de sens : la politique n’entre pas ici. Toute la place est Ă  l’esprit et aux sentiments. [
] La culture de l’éternel est celle de l’intuition ».

1 500 - 2 000

79 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
600 - 800
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1 000 - 1 200

196 SWINBURNE Algernon Charles (1837 - 1909).

L.A.S., The Pines [Putney, Londres] 4 mai 1891, à une dame [Louise CHANDLER MOULTON ?] ; 1 page in-8 ; en anglais.

Au sujet de son ami mort, le poĂšte Philip Marston

[Louise Chandler MOULTON (1835 - 1908) cherchait un Ă©diteur pour publier les Ɠuvres du poĂšte anglais Philip Bourke MARSTON (1850 - 1887) ; elle publiera Ă  Boston en 1892 The Collected Poems de Marston.]

Il serait heureux de lui recommander un Ă©diteur, s’il savait Ă  qui la recommander. Mais comme son propre Ă©diteur lui a catĂ©goriquement refusĂ© un petit livre – toujours inĂ©dit – dĂ©diĂ© Ă  la mĂ©moire de leur pauvre ami Philip Marston, et qui comporte, outre des sonnets et autres poĂšmes Ă©lĂ©giaques Ă©crits par Swinburne immĂ©diatement aprĂšs la mort de Marston, l’hommage de Mr Watts, publiĂ© dans l’AthenĂŠum, elle comprendra que l’influence de Swinburne dans le monde Ă©ditorial est moins que rien


« I should be happy to recommend a publisher to you if I knew of one to recommend. But as my own publisher flatly refused a little book – still unpublished – of my own, inscribed to the memory of our poor friend Philip Marston, & which would have contained besides my sonnets & other elegiac poems written immediately after his death, Mr. Wats’s memorial tribute reprinted from the Athenaeum, you will understand that my influence in the publishing world is rather less than nothing » 

197 TOULOUSE-LAUTREC Henri de (1864 - 1901).

L.A.S. « H. », Arcachon 7 août [1891], à sa mÚre, la comtesse AdÚle de TOULOUSE-LAUTREC ; 1 page in-8.

« Tout va bien. Je suis toujours en bateau, et ai reçu une longue lettre de Papa qui semble dĂ©sirer que je m’occupe directement de Ricardelle au cas ou Jalabert [gĂ©rant du vignoble familial de Ricardelle] viendrait Ă  mourir. Le sujet est gros et demande Ă  ĂȘtre traitĂ© de vous Ă  moi. Je vous ferai voir la lettre, et nous verrons ce qu’il y a Ă  faire ». Il viendra mardi ou mercredi Ă  MalromĂ©.

198 TROTSKI Léon (1879 - 1940) théoricien révolutionnaire et homme politique russe.

P.S. « Л ĐąŃ€ĐŸŃ†ĐșО » comme prĂ©sident du Soviet rĂ©volutionnaire militaire de la RĂ©publique, 9 janvier 1920 ; 1 page in-4 dactylographiĂ©e signĂ©e au crayon bleu, ; en russe. Ordre du Soviet rĂ©volutionnaire militaire de la RĂ©publique : nomination.

199 TURGOT Anne-Robert-Jacques (1727 - 1781).

L.A.S. « Turgot », Paris 11 fĂ©vrier 1776, Ă  M. DU PUY ; 2 pages in-4. Il est passĂ© chez son correspondant : « mon dessein Ă©toit de vous parler des vues que m’a fait naĂźtre la place que laisse vacante Ă  l’AcadĂ©mie des belles lettres feu M r le Duc de S t Aignan mon beau-frĂšre. IndĂ©pendamment de mon goĂ»t pour les lettres, j’ai peut-ĂȘtre quelques titres auprĂšs de cette Academie. Mon pĂšre avoit l’honneur d’en ĂȘtre. J’avois dĂ©sirĂ© dĂšs lors d’y entrer en qualitĂ© d’associĂ©. Dans l’occasion qui se prĂ©sente je serois trĂšs flattĂ© du suffrage des savans qui composent l’AcadĂ©mie. Je vous serai trĂšs obligĂ©, Monsieur, de vouloir bien prĂ©venir de mon vƓu ceux de ces messieurs que vous aurĂ©s occasion de voir et de m’indiquer les dĂ©marches que je dois faire auprĂšs d’eux » 

200 VALÉRY Paul (1871 - 1945).

CARNET autographe, 1903 ; carnet in-12 (13 x 8 cm) de 18 ff., soit env. 29 pages au crayon, cartonnage moire verte. PrĂ©cieux carnet de notes diverses, notamment sur la littĂ©rature À cĂŽtĂ© de schĂ©mas gĂ©omĂ©triques et de problĂšmes mathĂ©matiques, de comptes et situations bancaires, d’adresses (J.K. [Huysmans], Houssaye...), ValĂ©ry a notĂ© de nombreuses pensĂ©es et rĂ©flexions : « j’ai remarquĂ© que l’acquisition de toute connaissance consiste dans l’adoption de restrictions Ă  la marche ou Ă  la nappe imaginative »  ; « Les monologues d’Hamlet durent, dans le vrai, une seconde » ; « Toute entitĂ© n’est qu’une abrĂ©viation, une dĂ©signation d’expĂ©riences possibles »  ; « G. appartient Ă  cette race d’écrivains qui sont agrĂ©ables Ă  lire et qui parfois attachent. Mais si on ferme son livre, il ne ressuscite pas de lui-mĂȘme » ; « Le théùtre est le miroir des masses »  ; « Les beaux vers constituent et dĂ©truisent la poĂ©sie » ; « NIETZSCHE est un Ă©crivain – un Ă©crivain = un homme dont les fureurs font rire, doivent faire rire » ; « La stupiditĂ© des groupes. Les idiots se sentent les coudes »  Notes pour son testament destinĂ©es Ă  MaĂźtre JOSSET : « Je dĂ©sire qu’aprĂšs mon dĂ©cĂšs nos enfants soient Ă©gaux en droits »  Etc. On relĂšve deux croquis d’un plan d’appartement. Provenance : François VALÉRY, fils du poĂšte (13 dĂ©cembre 2007, n° 155).

800 - 1 200

1 000 - 1 200

800 - 1 000

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 80
150 - 200
1 200 - 1 500

201 VERLAINE Paul (1844 - 1896).

POÈME autographe signé « Paul Verlaine », Littérature, [1891] ; 1 page in-8, montée sur onglets sur papier fort en un volume in-8, reliure demi-maroquin rouge.

Publié dans La Revue Blanche de novembre 1891, ce poÚme sera recueilli en 1896 dans Invectives (L. Vanier, 1896) ; Verlaine a noté dans le coin supérieur gauche de notre manuscrit Invectives ; à gauche du titre Littérature, il a inscrit « (Epitre) ».

Le poÚme, en octosyllabes, est composé de 5 quintains. On relÚve une rature et quelques variantes.

Verlaine s’y plaint de ses « confrĂšres mal frĂšres », et de leur silence Ă  son Ă©gard.

« Bons camarades de la Presse Comme aussi de la PoĂ©sie, Fleurs de mufflisme et de bassesse » 

On a joint une longue L.S. de Roger Lhombreaud, Oxford 10 juillet 1951, au sujet de Romances sans paroles

202

VOLTAIRE (1694 - 1778).

L.S. « Voltaire », au chùteau de Ferney 27 août 1768, [à Antoine LE BAULT, conseiller au Parlement de Bourgogne] ; 1 page et demie in-4.

« Je me flatte que vous aurez d’excellent vin cette annĂ©e, et que vous voudrez bien que j’en boive cent bouteilles. Mr. le PrĂ©sident de BROSSES me fait boire la lie du vin de la terre de Tourney ; si vous vendiez votre vin aussi cher qu’il vend le sien, vous feriez une fortune immense. S’il veut vous prendre pour arbitre, vous ĂȘtes un gourmet en fait de procĂ©dĂ©s, j’en passerai par ce que vous ordonnerez. Au reste, si Mr. de Brosses ne veut pas me rendre justice, j’aime mieux souffrir que plaider ; et quoique j’aie beaucoup perdu avec lui dans cette affaire, j’aime mieux mon rĂŽle que le sien » 

On joint la copie par le mĂȘme secrĂ©taire d’une lettre de Voltaire au PrĂ©sident de BROSSES, 19 aoĂ»t 1768 (3 pages et demie in-4).

203 ZOLA Émile (1840 - 1902).

L.A.S. « Emile Zola », Paris 1er septembre 1864, [Ă  Prosper FAUGÈRE] ; 1 page in-8 sur papier bleu Ă  en-tĂȘte Libraire de L. Hachette et C ie, Boulevard Saint-Germain, 77 [Zola, ĂągĂ© de 24 ans, est alors chef de service de la publicitĂ© chez l’éditeur Hachette, qui vient de publier l’édition par Prosper FaugĂšre des MĂ©moires de Mme Roland, provoquant une polĂ©mique avec l’historien Charles Dauban, alors que le journaliste Philippe Dauriac doit leur consacrer un article, dans Le Monde illustrĂ©.]

« En l’absence de M. Templier, j’ai l’honneur de vous faire passer une lettre que nous venons de recevoir et Ă  laquelle nous vous serions obligĂ©s de vouloir bien rĂ©pondre quelques mots. Nous ferons remettre Ă  M. Dauriac une liste des principales inexactitudes que vous avez relevĂ©es dans l’édition de M. Dauban. Mais il serait bon, ce nous semble, que vous fournissiez de votre cĂŽtĂ© quelques renseignements Ă  ce journaliste qui pourrait ainsi Ă©difier le public en connaissance de cause » 

On joint 2 feuillets de dessins Ă  la plume et aquarellĂ©s par DESCAVES en 1915 et 1916 (probablement Victor DESCAVES, 1899 - 1959, fils aĂźnĂ© de Lucien Descaves) : – 5 portraits de poilus ; – soldat mort, avec citation du poĂšme de Victor Hugo : « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie » 

1 500 - 2 000

1 000 - 1 500

81 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
400 - 500

204 ZOLA Émile (1840 - 1902).

RECUEIL de lettres, piĂšces et notes autographes, dont plusieurs signĂ©es, et quelques documents d’une autre main, [Notes sur François Zola], 1868 - 1899 ; 85 pages autographes de formats divers, et 17 pages non autographes, le tout montĂ© sur onglets et reliĂ© en un volume petit in-4 demi-maroquin violet (H. Jacquet-Riffieux).

TrÚs bel ensemble de documents sur François Zola, ingénieur mort en 1847, dont Zola tiendra à réhabiliter la mémoire

François ZOLA (Venise 1795-Marseille 1847) s’était engagĂ© dans la LĂ©gion Ă©trangĂšre en 1830, mais avait dĂ» en dĂ©missionner en 1832, ayant Ă©tĂ© mĂȘlĂ© Ă  une affaire de dĂ©tournement de fonds, qui se solda par un non-lieu. Devenu ingĂ©nieur civil Ă  Marseille, il conçut plusieurs projets d’envergure, dont celui de barrages et d’un canal d’adduction d’eau pour la ville d’Aix-en-Provence, oĂč il s’établit avec sa famille en 1843. Il mourut brusquement, laissant sa famille couverte de dettes. Son fils Ă©crira : « Mon pĂšre passe comme une ombre dans les souvenirs de ma petite enfance » Pendant l’Affaire Dreyfus, Zola prendra la dĂ©fense de son pĂšre, dont la mĂ©moire avait Ă©tĂ© calomniĂ©e.

A. À propos d’une campagne Ă  Aix-en-Provence, 1868 . 5 brouillons de lettres autographes ; et 4 lettres adressĂ©es Ă  Zola. (Nous suivons ici l’ordre chronologique des lettres, et non celui de la reliure.)

[3 aoĂ»t], Ă  REMONDET-AUBIN, directeur du MĂ©morial d’Aix (4 p. in-4). Zola proteste contre le refus du MĂ©morial d’insĂ©rer sa rĂ©ponse Ă  un entrefilet dirigĂ© contre lui-mĂȘme. « En effet, j’ai subi chez vous une barbarie : j’y ai vu mon pĂšre mourir Ă  l’Ɠuvre et y ĂȘtre ensuite lapidĂ© jusque dans sa mĂ©moire »  Il blĂąme vigoureusement le rĂ©dacteur, puis adopte un ton ironique pour reconnaĂźtre que Le MĂ©morial « n’a pas encore essayĂ© d’effacer mon nom de la couverture de mes livres, comme il l’a souvent effacĂ© en parlant du canal Zola » 

[3 aoĂ»t], Ă  LĂ©opold ARNAUD, directeur du Messager de Provence (1 p.). Il le prie d’insĂ©rer le texte de sa lettre au MĂ©morial, oĂč on l’a attaquĂ© « avec grossiĂšretĂ© ».

[12 aoĂ»t], Ă  REMONDET-AUBIN (8 p.). Il relĂšve dans le MĂ©morial une phrase injurieuse : « “M. Zola fils abuse un peu trop de M. Zola pĂšre.” Comment ! vous avez dĂ©jĂ  assez de mes rĂ©clamations ! Mais je commence Ă  peine. Vous n’avez donc compris que si j’ai gardĂ© le silence pendant de longues annĂ©es, c’est que j’attendais d’ĂȘtre fort ; je lutte depuis dix ans, j’ai grandi dans le travail et le courage, j’ai conquis ma position en me battant chaque jour contre la misĂšre et le dĂ©sespoir. Et vous voudriez aujourd’hui m’imposer silence [
] Ah ! vous dites que j’abuse du nom de mon pĂšre, le jour oĂč pour la premiĂšre fois je vous reproche sĂ©vĂšrement votre oubli. Vous manquez de tact, vous manquez de cƓur » 

[14 septembre], au Maire et aux membres du Conseil municipal de la ville d’Aix. « Mon pĂšre, M. François Zola, a dotĂ© d’un canal la ville que vous reprĂ©sentez. Je ne vous rappellerai pas ses longues dĂ©marches auprĂšs du gouvernement, les luttes qu’il eut Ă  soutenir dĂšs le dĂ©but, les succĂšs qu’il avait obtenus lorsque la mort vint le saisir, au moment oĂč il allait rĂ©aliser son projet dĂ©clarĂ© d’utilitĂ© publique »  Pour que le crĂ©ateur du canal qui alimente Aix en eau ne soit pas oubliĂ©, son fils demande quelque hommage Ă  sa mĂ©moire


[AprĂšs le 19 dĂ©cembre], au Maire et aux membres du Conseil municipal de la ville d’Aix. Il a reçu copie de leurs dĂ©libĂ©rations et du dĂ©cret par lequel ils ont donnĂ© au boulevard du Chemin Neuf le nom de François Zola. « Je savais que je ne rappellerais pas les travaux de mon pĂšre, sans que votre gĂ©nĂ©rositĂ© ne s’émĂ»t des retards mis Ă  rĂ©compenser la mĂ©moire d’un homme qui s’est dĂ©vouĂ© aux intĂ©rĂȘts des citoyens que vous reprĂ©sentez. [
] Veuillez croire Ă  ma reconnaissance profonde. Si je ne suis pas un fils de votre ville, j’ai grandi Ă  Aix et je me considĂšre un peu comme son enfant d’adoption. Aujourd’hui, un nouveau lien m’attache fortement Ă  elle » 

Lettres adressĂ©es Ă  Zola sur le mĂȘme sujet par REMONDET-AUBIN (31 juillet 1868), L. MARGUERY (Aix, 1er aoĂ»t 1868 et Dimanche), et Pascal ROUX, maire d’Aix (6 novembre 1868, annonçant la dĂ©cision du Conseil municipal de nommer le Boulevard Zola).

B. Lettres au général de Galliffet et à M. Waldeck-Rousseau, décembre 1899. MANUSCRIT en partie autographe et signé (18 p. in-4, dont 10 de la main de Madame Zola, qui a recopié les deux lettres à Galliffet, au bas desquelles Zola a apposé sa signature, ainsi que la réponse du ministre).

Cet Ă©change de lettres entre Zola et le ministre de la Guerre le gĂ©nĂ©ral de GALLIFFET et le ministre de l’IntĂ©rieur WALDECK-ROUSSEAU, a Ă©tĂ© publiĂ© dans L’Aurore du 19 dĂ©cembre 1899 (le manuscrit a Ă©tĂ© dĂ©coupĂ© pour l’impression et remontĂ©).

9 dĂ©cembre, au gĂ©nĂ©ral de GALLIFFET. « Un rĂ©dacteur du Petit Journal, M. Ernest Judet, au moment oĂč je devais comparaĂźtre devant le jury de Versailles, a publiĂ© deux articles diffamatoires contre la mĂ©moire de mon pĂšre, dans lesquels il a citĂ© de prĂ©tendues lettres du colonel Combe, oĂč mon pĂšre, lieutenant Ă  la LĂ©gion Ă©trangĂšre, et se trouvant en AlgĂ©rie (1832), Ă©tait violemment accusĂ© d’avoir dĂ©tournĂ© une somme, faisant partie de la caisse du rĂ©giment »... Le 3 aoĂ»t 1898, Zola a dĂ©noncĂ© Judet pour faux et usage de faux ; depuis, une ordonnance de non-lieu a provoquĂ© une plainte de Judet contre Zola, pour dĂ©nonciation calomnieuse. L’écrivain, s’estimant victime d’une lĂąchetĂ© politique, demande Ă  voir le dossier de son pĂšre : « Il serait vraiment monstrueux qu’on l’ait ouvert pour un adversaire sans scrupule, et qu’on le referme pour moi, qu’on en refuse la communication au fils de l’homme [
] dont on a violĂ© la sĂ©pulture »  14 dĂ©cembre, Galliffet rĂ©pond que toute communication de dossier est interdite. 16 dĂ©cembre. Galliffet informe Zola, aprĂšs enquĂȘte, que la seconde des lettres de Combe existe bien dans le dossier, et que ce dossier avait Ă©tĂ© remis Ă  un officier du ministĂšre en 1897, dĂ©cĂ©dĂ© depuis


LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 82
5 000 - 8 000

16 dĂ©cembre. Zola soumet Ă  WALDECK-ROUSSEAU sa correspondance avec le ministre de la Guerre. « Nous sommes ici dans l’exception, et dans une exception cruelle, oĂč j’espĂšre avoir pour moi tous les honnĂȘtes gens. Sans doute, je ne demanderais pas Ă  connaĂźtre un dossier secret [
]. Mais je demande Ă  connaĂźtre le dossier de mon pĂšre, qu’un crime prĂ©vu par la loi a rendu public »  Il le prie de porter cette question devant le Conseil des Ministres qu’il prĂ©side, et fait remarquer que l’officier que le gĂ©nĂ©ral ne nomme pas n’est autre que « le colonel Henry » 

C. L’enquĂȘte sur François Zola aprĂšs les attaques d’Ernest Judet, 1899 - 1900. Brouillon de lettre autographe et signĂ©, et notes autographes.

Paris 4 janvier 1900, au gĂ©nĂ©ral de GALLIFFET, Ministre de la Guerre (12 p. in-4). Zola, accompagnĂ© de M e LABORI et de M. Jacques Dhur, a pris connaissance du dossier de son pĂšre et s’est entretenu avec les archivistes de la Guerre. L’absence quasi totale de traces Ă©crites, et les souvenirs de l’un des archivistes de l’aspect qu’avait alors le dossier confidentiel, amĂšnent Zola Ă  soupçonner des vols de documents. Il prie le ministre d’ordonner de nouvelles recherches, en particulier pour savoir s’il existe des traces judiciaires de l’affaire dont on accuse son pĂšre. « Si mon pĂšre a Ă©tĂ© emprisonnĂ©, il a subi certainement un interrogatoire. S’il a fait des aveux, oĂč sont-ils ? Il a dĂ» expliquer sa conduite, oĂč est donc sa dĂ©fense ? »  Il demande en outre Ă  retrouver un projet de fortifications de son pĂšre (1831 - 1840), et Ă  permettre une expertise contradictoire de piĂšces dans le dossier de son pĂšre. « La lettre Combe, particuliĂšrement, est pleine de telles irrĂ©gularitĂ©s, de telles violations des rĂšglements militaires en vigueur en 1832, de tels anachronismes et de tels enfantillages, qu’il me semble impossible qu’elle soit authentique »  Il commente son aspect matĂ©riel, fort suspect, et propose, en outre, une analyse chimique de l’encre, « pour bien fixer la date » 

NOTES autographes, Ă  l’encre ou au crayon (24 p. in-4, et 30 p. in-12). Liste et rĂ©sumĂ© du contenu de lettres et mĂ©moires de son pĂšre concernant des travaux Ă  Marseille (agrandissement du port, projet de dock et de canal maritime), et Ă  Aix-en-Provence (Canal Zola). Notes sur Galliffet et le Canal Zola, sous la monarchie de Juillet (Galliffet avait alors soutenu le projet). Copies de lettres de François Zola Ă  Thiers et Ă  Louis-Philippe, et d’un rapport au sujet des projets de fortifications. Notes sur des machines Ă  terrasser et Ă  transporter des terres. RĂ©fĂ©rences bibliographiques aux publications de son pĂšre. Notes au crayon, probablement prises sur le vif, sur le dossier administratif de son pĂšre, l’aspect de la lettre Combe, et les pistes Ă  suivre. Notes sur les services militaires du colonel Combe, mort au siĂšge de Constantine. Chronologie d’articles de presse, procĂšs et dĂ©marches pour dĂ©fendre la mĂ©moire de son pĂšre, etc.

Exposition Zola, BibliothÚque nationale de France, 2002, n° 5.

Provenance  : collection ÉMILE-ZOLA (vente Artcurial 23 mai 2005, lot A).

205 HALLER Alberto, Iconum Anatomicarum quibus aliquae partes corporis humani, Göttingen, 1781. In folio avec planches d’anatomie gravĂ©es. Ex

206 PÉRAU Gabriel Louis. Description historique de l’hĂŽtel Royal des Invalides. Planches gravĂ©es. In - folio Manque la page de titre.

207 VANDER AA (Pierre).

Les royaumes d’Espagne et de Portugal reprĂ©sentĂ©es en tailles douces trĂšs-exactes, dessinĂ©es sur les lieux-mĂȘmes, qui comprennent les principales villes, forteresses, montagnes, Ă©glises, monastĂšres, maisons Royales, Palais, places publiques, fontaines, habits, ordres des chevaliers, fĂȘtes, mausolĂ©es et autres choses digne de remarque, etc. Avec les cartes gĂ©ographiques tant gĂ©nĂ©rales que particuliĂšres de ces deux royaumes.

Leide Vander AA s.d. (circa 1720)

in-4 oblong relié plein veau dos à nerfs à caissons fleuris Titre-frontispice, 165 vues gravées & 1 dépliante. Reliure usagée, mouillures marginales

83 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
libris (accidents) 200 - 300
200 - 300
3 000 - 5 000

DESSINS & PHOTOGRAPHIES

84
Lot 254 Lot 253 Lot 261 Lot 232 Lot 255 Lot 250
85 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023
Lot 246

208

LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

Photographie « Renée Perle dans la voiture » Circa 1930 - 1932

7,5 x 13,8 cm, sous encadrement

209 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

Photographie « Renée Perle au col de fourrure »

17 x 12,5 cm, sous encadrement

210 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

Photographie « Renée Perle de profil »

15,5 x 11 cm (Ă  vue) sous encadrement

211 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

Photographie « Renée au chapeau blanc »

11 x 17,5 cm (Ă  vue) sous encadrement

212 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

Photographie « Renée Perle sur la plage à Cannes »

8,5 x 14,5 cm (Ă  vue), sous encadrement

213 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

Photographie « Renée hommage à Vermeer »

16 x 11,5 cm (Ă  vue) sous encadrement

214 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

Photographie « Renée Perle de face » 15 x 11 cm (à vue), sous encadrement

215 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

Photographie « Renée Perle au vison » 11 x 8 cm (à vue), sous encadrement

216 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

Photographie « Renée Perle et une amie », circa 1930 10,5 x 7,5 cm ( à vue) sous encadrement

217 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

Photographie « Renée sur les rochers à Ciboure » 11 x 18,5 cm, ( à vue) sous encadrement

Annotation au verso de la main de LARTIGUE, avec la mention « D 6 »

Provenance : Famille de Renée PERLE

218 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

219 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)

Photographie « RenĂ©e, essai pour l’Aiglon » 17 x 11 cm (Ă  vue) sous encadrement

Provenance : famille de René Perle

Photographie « La pause sur le balcon » 23 x 17,5 cm (à vue) sous encadrement

Photographie « Portrait de Madame AgnÚs » 21 x 15 cm, (à vue) sous encadrement

700 -

600 -

700

600 - 800

700 -

900

600 -

800

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 86
700 - 900
800 - 900
800 - 1 000
800 - 1 200
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700
700 - 900
600 - 800
900
700 -
600
- 700
Photographie « Renée à la robe de soie blanche » 22 x 15 cm (à vue) sous encadrement 900
Photographie intitulée « Le pique-nique en Espagne » 11 x 8 cm ( à vue) sous encadrement
220
221 LARTIGUE Jacques-Henri (1894 - 1986)
222 D’ORA ( Dora KALLMUS) (1881 - 1963)

223

ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962)

Photographie « Jeune femme à la sanoformine »

19,5 x 12 cm (Ă  vue) sous encadrement

224

ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962)

Photographie « Madame Camille Belguise »

22,5 x 16,5 cm, sous passe-partout

225 ALBIN-GUILLOT Laure (18779 - 1962)

Photographie « Portrait de femme »

21,5 x 16,5 cm, sous passe-partout

226

ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962)

Photographie « Les gants » Cachet au dos

16,5 x 9 cm sous passe-partout

227 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962)

Photographie « tĂȘte inclinĂ©e »

21,5 x 16 cm, sous passe-partout

228 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962)

Photographie « Portrait de la couturiÚre J. Lanvin »

16,2 x 10,2 cm, sous passe-partout

229 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962)

Photographie « Nu en buste »

23 x 18 cm, sous passe-partout

230

ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962)

Photographie « Etude de nu debout ». Circa 1930. Au recto, signature de l’auteur en bas Ă  droite. 50 x 21,5 cm, sous passe-partout

231 ALBIN-GUILLOT Laure (1879 - 1962)

Photographie « Jardins de Versailles » 45 x 42,5 cm, sous passe-partout

232 CARJAT Etienne, attribué à (1828 - 1906)

Photographie « Emile ZOLA » dédicacée « A mon ami Gaston La Touche »

23.9 x 18,7 cm, montée sur carton (Manques aux angles du support et de la photographie, pliures)

233 DRTIKOL FrantiĆĄek (1883 - 1961).

Photographie d’un portrait de jeune femme Art Nouveau. Circa 1925. 22 x 17,2 cm, sous passe-partout

234 VORISEK Josef (1902 - 1980)

Photographie « Mùts » signée 29 x 28 cm, sous passe-partout

235 SUDEK Josef (1896 - 1976)

Photographie « Sol d’Hiver »

23,2 x 17 cm, sous passe-partout

236 SUDEK Josef (1896 - 1976)

Photographie « Sous bois » 23 x 16,5 cm

237 SUDEK Josef (1896 - 1976)

Photographie. 17 x 23 cm

87 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
150 - 200
150 - 200
150 - 200
150 - 200
250 - 300
700 - 900
500 - 600
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300
-
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150 - 200

238

VETROVSKY Josef (1897 - 1944)

Photographie « Nu aux bras écartés » 11,2 cm x 8,2 cm, sous passe-partout

239 RUDOMINE Albert (1892 - 1975)

Photographie « La brodeuse ». 12.5 cm x 17,5 cm, sous passe-partout

240 RUDOMINE Albert (1892 - 1975)

Photographie « Les mains » 30 x 24 cm, sous passe-partout

241 RUDOMINE Albert (1891 - 1975)

Photographie « La cathédrale », cachet au dos. 29 x 19,5 cm, sous passe-partout

242 STEINER ANDRÉ (1901 - 1978)

Photographie « Peugeot 202 ». Circa 1938. Au verso, cachet de l’auteur 23,6 x 16 cm, sous passe-partout.

243 STEINER ANDRÉ (1901 - 1978)

Photographie « Épaule, Lily, Paris ». Circa 1933.Au verso, cachet de l’auteur. 23,6 x 15,7 cm, sous passe-partout.

243 bis Ensemble de deux photographies : LUKAS Jan (1915 - 2006)

Photographie sans titre (« La priÚre orthodoxe »), signature et annotations manuscrites à la mine. TrÚs légers plis. 29,7 x 24 cm, sous passe-partout.

LAUSCHMANN Jan (1901 - 1991)

Photographie sans titre (« Le village »), signature et lĂ©gendes manuscrites Ă  la mine et Ă  l’encre. 16,4 x 16,2 cm (avec marges), sous passe-partout (adhĂ©sif).

244 PAJOU Augustin, attribué à (1730 - 1809)

Quatre feuilles d’études d’olifant et d’ornements d’aprĂšs l’antique (l’un recto-verso) tirĂ©es des motifs de la colonne Trajane. Plume et encre grise, lavis de bistre sur traits de crayon noir et pierre noire, annotations de l’artiste 18 x 12 cm

(rousseurs et mouillures)

245 DUPAS Jean (1882 - 1964)

Le départ pour la chasse, étude

Dessin Ă  l’encre et fusain, signĂ© et datĂ© 1944 en bas Ă  droite 28 x 42,5 cm, Ă  vue sous encadrement

246 DUPAS Jean (1882 - 1964)

Dame Ă  l’éventail

Dessin Ă  l’encre et fusain, signĂ© et datĂ© 1928 en bas Ă  droite, contrecollĂ© sur papier 45,5 x 36 cm ( dĂ©chirure de la feuille Ă  gauche)

247 DUPAS Jean (1882 - 1964)

Poésie lyrique

Dessin Ă  l’encre et fusain, signĂ©, titrĂ© et datĂ© 07 aoĂ»t 1940 en bas Ă  gauche 43 x 34 cm

248 DUPAS Jean (1882 - 1964)

Nu de dos allongé

Dessin Ă  l’encre et crayon, monogrammĂ© en bas Ă  droite et datĂ© 20 juillet 1928.

32,.5 x 41,5 cm, Ă  vue, sous encadrement.

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 88
60 - 80
100
150
-
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150
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150
200
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200
300
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200
300
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200
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800 - 1 000
800 - 1 000
600 - 800
600 - 800
600 - 800

249 DUPAS Jean (1879 - 1964)

Etude de coiffes

Dessin Ă  l’encre et crayon, monogrammĂ© et datĂ© 24 novembre 1926 en bas Ă  droite 45,5 x 32,5 cm Ă  vue, sous encadrement

250 DUPAS Jean (1882 - 1964)

« Le retour de la chasse »

Dessin Ă  l’encre et au fusain, monogrammĂ© en bas Ă  droite et contrecollĂ© sur carton 41 x 38 cm, sous passe-partout

251 DUPAS Jean (1882 - 1964)

L’Abondance

Dessin Ă  l’encre noire et fusain sur papier, Ă©tude prĂ©paratoire avec commentaire de l’artiste

Signé « Jean Dupas » en bas à gauche et daté 1944, sous passe-partout 20,5 x 26 cm

252 DUPAS Jean (1882 - 1964)

Jeune femme aux arbres rouges

Dessin au fusain, pastel et encre monogrammé en bas à droite et daté « 1932 ». 29 x 22 cm (à vue). Sous encadrement

253 DUPAS Jean (1882 - 1964)

Personnage au lévrier

Dessin Ă  l’encre et aquarelle, monogrammĂ© en bas Ă  droite, contrecollĂ© sur papier 13 x 12 cm

254 DUPAS Jean (1882 - 1964)

Figures allégoriques

Dessin Ă  l’encre, lavis et crayon, signĂ© et datĂ© 1930 en bas Ă  droite 16,5 x 13,5 cm, ( Ă  vue) sous encadrement

255 DUPAS Jean (1879 - 1964)

Deux profils de femmes

Dessin aux crayons, monogrammé en bas à droite, contrecollé sur carton, sous passe-partout

14 x 14 cm

256 DUPAS Jean (1882 - 1964)

La licorne

Dessin sur papier au fusain et encre de Chine, monogrammé en bas à droite, contrecollé sur papier

12,3 x 11,4 cm, sous passe-partout

(LégÚre déchirure en bas à gauche)

257 DUPAS Jean (1882 - 1964)

Femme casquée

Dessin sur papier Ă  l’encre, non signĂ© 16,9 x 14,5 cm

258 DUPAS Jean (1882 - 1964)

Jeune femme à la main levée

Dessin Ă  l’encre, fusain et pastel, monogrammĂ© et datĂ© 1951 au milieu Ă  droite 14 x 12 cm

259 DUPAS Jean (1882 - 1964)

Deux jeunes femmes aux mouettes

Dessin au fusain et encre 19 x 14,3 cm Ă  vue , sous encadrement

260 DUPAS Jean (1882 - 1964)

Portraits, 1932

Dessin Ă  l’encre, lavis et fusain monogrammĂ© en bas Ă  droite 11 x 9,5 cm Ă  vue , sous encadrement

89 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€)
500 - 700
500 - 700
500 - 700
300 - 400
400 - 500
250 - 300
200 - 300
150 - 200
300 - 400
150 - 200
500 - 600
700 - 900

261 DUPAS Jean (1882 - 1964)

La Marseillaise

Dessin à l’encre et au fusain

Monogrammé et daté 1945 en bas à droite

44,5 x 34 cm, sous passe-partout

262 YENCESSE Hubert (1900 - 1987)

Maison dans un sous-bois

Dessin Ă  l’encre signĂ© et datĂ© 1940 en bas Ă  gauche, contrecollĂ© sur carton

20,5 x 26,5 cm, sous passe-partout

263 YENCESSE Hubert (1900 - 1987)

Femme nue allongée

Dessin à la sanguine, signé en bas à gauche et daté 46

19 x 41,5 cm sous passe-partout

264 YENCESSE Hubert (1900 - 1987)

La danseuse Yvonne Meyer Ă  la barre

Dessin au fusain signé en bas à droite , titré et daté 59

36,2 x 22 cm, sous passe-partout

265 YENCESSE Hubert (1900 - 1987)

Jeune homme le bras levé

Dessin Ă  l’encre et aquarelle signĂ© et datĂ© 63 en bas Ă  gauche, contrecollĂ© sur carton

37 x 26 cm, sous passe-partout

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 90
200 - 300
200 - 300
100 - 150
150 - 200
200 - 400
91 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies 10 octobre 2023
Lot 262

CONDITIONS GÉNÉRALES DE VENTE

La SAS AGUTTES (« AGUTTES ») est un opĂ©rateur de ventes volontaires aux enchĂšres publiques, dĂ©clarĂ© auprĂšs du Conseil des Ventes volontaires et rĂ©gi par les articles L.321-4 et suivants du Code de commerce. En cette qualitĂ© AGUTTES agit comme mandataire du vendeur qui contracte avec l’adjudicataire.

Les présentes Conditions Générales de Vente (« CGV ») régissent les rapports entre AGUTTES et les enchérisseurs pour les ventes aux enchÚres publiques et les ventes de gré à gré organisées par AGUTTES.

Les CGV pourront ĂȘtre modifiĂ©es par Ă©crit et/ou oral par AGUTTES prĂ©alablement Ă  la vente du lot, ces modifications seront mentionnĂ©es au procĂšs-verbal de la vente.

I- LE BIEN MIS EN VENTE

Description des lots : Les indications portĂ©es au catalogue engagent la responsabilitĂ© d’AGUTTES et de son expert, sous rĂ©serve des dispositions mentionnĂ©es ci-aprĂšs . Seules les indications en langue française engagent AGUTTES Ă  l’exclusion des traductions qui sont libres. Elles peuvent faire l’objet de modifications ou de rectifications jusqu’au moment de la vente par Ă©crit ou oral. Ces modifications seront consignĂ©es au procĂšs-verbal de la vente, lequel aura force probante.

Aucune autre garantie n’est donnĂ©e par AGUTTES, Ă©tant rappelĂ© que seul le vendeur sera tenu Ă  la garantie des vices cachĂ©s et Ă  la garantie lĂ©gale de conformitĂ©. Un certificat d’authenticitĂ© du lot ne sera disponible que si mentionnĂ© dans la description du lot.

Les dimensions, poids et autres renseignements des lots ainsi donnĂ©s Ă  titre indicatif avec une marge d’erreur raisonnable.

Les restaurations effectuĂ©es Ă  titre conservatoire, n’altĂ©rant pas les caractĂšres d’anciennetĂ© et de style, et n’apportant aucune modification au caractĂšre propre du lot ne seront pas mentionnĂ©es dans le descriptif.

L’absence d’indication d’une restauration, d’un accident ou d’un incident dans le catalogue ou les rapports de condition, n'implique nullement que le lot soit exempt de tout dĂ©faut prĂ©sent, passĂ© ou rĂ©parĂ©. Inversement la mention de quelque dĂ©faut n’implique pas l’absence de tous autres dĂ©fauts.

Les mentions particuliÚres figurant dans le catalogue ont les significations suivantes :

+ Lots faisant partie d’une vente judiciaire à la suite d’une ordonnance du Tribunal Judiciaire honoraires acheteurs : 14.40 % TTC ;

° Lots dans lesquels AGUTTES ou un de ses partenaires a des intĂ©rĂȘts financiers ;

* Lots en importation temporaire : soumis Ă  des frais de de 5,5 % pour les Ɠuvres et objets d’art, de collection et d’antiquitĂ© (20 % pour les vins et spiritueux, les bijoux et les multiples), Ă  la charge de l’acquĂ©reur en sus des frais de vente et du prix d’adjudication, sauf si acquĂ©reur hors UE ;

€ Biens vendus sur le régime général de la TVA (sur la totalité) ;

# Lots visibles uniquement sur rendez-vous ;

~ Lots fabriquĂ©s Ă  partir de matĂ©riaux provenant d’espĂšces animales. Des restrictions Ă  l’importation sont Ă  prĂ©voir.

État des lots : Les lots sont vendus dans l’état dans lequel ils se trouvent au moment de la vente avec leurs imperfections et leurs dĂ©fauts. Les lots Ă©tant des biens d’occasion, aucune garantie ne peut ĂȘtre donnĂ©e sur l’état de ceux-ci. Les rĂ©fĂ©rences Ă  l’état d’un lot dans un catalogue ou dans un rapport de condition ne pourront ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme une description exhaustive de l’état dudit lot. Les descriptions ne peuvent en aucun cas remplacer l’examen personnel du lot comme indiquĂ© ci-aprĂšs. Les rapports de condition seront envoyĂ©s sur demande et Ă  titre indicatif.

Exposition des lots : Les enchĂ©risseurs potentiels sont tenus d'examiner personnellement les lots et les documents disponibles avant la vente lors d’un rendez-vous privĂ© ou de l’exposition publique prĂ©alable Ă  la vente afin de vĂ©rifier l’état des lots. Il est conseillĂ© aux acheteurs de se faire accompagner par un expert du secteur concernĂ© par la vente.

Reproduction des lots : Tous les dĂ©fauts et imperfections des lots ne sont pas visibles sur les photographies des lots reproduites dans les catalogues, en ligne ou sur tout support de communication. Les photographies peuvent ne pas donner une image entiĂšrement fidĂšle de l’état rĂ©el d’un lot et peuvent diffĂ©rer de ce que percevra un observateur direct (taille, coloris, etc.).

Estimations : Les estimations sont fondĂ©es sur l’état des connaissances techniques au jour de l’estimation, la qualitĂ© du lot, sa provenance, son Ă©tat et le cours du marchĂ© au jour de l’estimation. Elles sont fournies Ă  titre purement indicatif et ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme une garantie que le lot sera vendu au prix estimĂ©.

II- LA VENTE

Inscription Ă  la vente : Important : le mode normal et prioritaire pour enchĂ©rir consiste Ă  ĂȘtre prĂ©sent dans la salle de vente. À titre de service, d’autres modes sont possibles qui nĂ©cessitent une inscription prĂ©alable :

- P ar tĂ©lĂ©phone : AGUTTES accepte gracieusement de recevoir les enchĂšres par tĂ©lĂ©phone uniquement pour les enchĂ©risseurs s’étant manifestĂ© avant 18h, le dernier jour ouvrĂ© avant la vente. L’enchĂ©risseur potentiel devra avoir reçu un mail de confirmation prĂ©alable de la part d’AGUTTES pour ĂȘtre appelĂ©.

- Sur ordre d’achat : Toute personne prĂ©alablement enregistrĂ©e et souhaitant enchĂ©rir aura la possibilitĂ© de demander l’enregistrement d’ordres d’achat auprĂšs d’AGUTTES pour son compte. L’ordre devra avoir Ă©tĂ© communiquĂ© par Ă©crit avant 18h, le dernier jour ouvrĂ© avant la vente, et l’enchĂ©risseur devra avoir reçu un email de confirmation de la part d’AGUTTES pour ĂȘtre rappelĂ©. Aucun ordre illimitĂ© ne sera retenu. Si AGUTTES reçoit plusieurs ordres d’achat pour des montants d’enchĂšres identiques, c’est l’ordre le plus ancien qui sera prĂ©fĂ©rĂ©.

- En ligne via les plateformes Live : Une possibilitĂ© d’enchĂšres en ligne est proposĂ©e sur des plateformes permettant de participer Ă  distance par voie Ă©lectronique aux ventes aux enchĂšres, sur inscription prĂ©alable. L’acquĂ©reur via les plateformes Live est informĂ© que les frais facturĂ©s par ces plateformes seront Ă  sa charge exclusive.

La participation aux enchĂšres par tĂ©lĂ©phone, internet ou par ordre s’effectue aux risques et pĂ©rils de l’enchĂ©risseur, AGUTTES ne pourra ĂȘtre responsable en cas non-participation de l’enchĂ©risseur aux enchĂšres pour quelque raison que ce soit, notamment en cas dysfonctionnement ou de dĂ©faut d’exĂ©cution (absence de rĂ©ponse de l’enchĂ©risseur, erreur, interruption ou omission dans la rĂ©ception des enchĂšres). Les Ă©ventuels dysfonctionnement ou d’interruption du service tĂ©lĂ©phonique ou du live, n’empĂȘcheront pas le commissaire-priseur de poursuivre la vente aux enchĂšres, Ă  sa discrĂ©tion.

ProcĂ©dure d’identification des enchĂ©risseurs : AGUTTES se rĂ©serve le droit de demander Ă  tout enchĂ©risseur potentiel de justifier de son identitĂ© et pour une personne morale, un Extrait Kbis de moins de 3 mois, Ă©tant prĂ©cisĂ© que seul le reprĂ©sentant lĂ©gal de la sociĂ©tĂ© ou toute personne dĂ»ment habilitĂ©e pourra enchĂ©rir et de ses rĂ©fĂ©rences bancaires. En cas de manquements aux procĂ©dures d’identification, AGUTTES se rĂ©serve la possibilitĂ© de refuser son enregistrement aux enchĂšres. Tous les lots vendus seront facturĂ©s au nom et Ă  l’adresse du donneur d'ordre.Aucune modification postĂ©rieure ne pourra ĂȘtre faite. L’enchĂ©risseur est rĂ©putĂ© agir en son nom propre et sera seul responsable de l’enchĂšre portĂ©e sauf information prĂ©alable de sa qualitĂ© de mandataire dans les conditions indiquĂ©es ci-aprĂšs. Toute fausse indication engagera la responsabilitĂ© de l’adjudicataire.

Mandat par un tiers : L’enchĂ©risseur disposant d’un mandat devra informer AGUTTES lors de la procĂ©dure d’identification et d’enregistrement et produire copie du mandat et tous autres documents sollicitĂ©s par AGUTTES. Dans un tel cas, l’enchĂ©risseur et le mandant seront solidairement responsables.

Direction de la vente : Le commissaire-priseur dirige la vente de façon discrĂ©tionnaire, en veillant Ă  la libertĂ© et Ă  l’égalitĂ© entre les enchĂ©risseurs, tout en respectant les usages Ă©tablis par la profession. Le commissaire-priseur assure la police de la vente, ce qui lui permet notamment de refuser des enchĂšres ou de retirer un lot sans avoir Ă  en justifier.

Adjudication : Le plus offrant et le dernier enchĂ©risseur sera l’adjudicataire, tous moyens admis confondus (ordre, internet, tĂ©lĂ©phone, sur place, etc.). L’adjudi-

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cation se matĂ©rialise par le prononcĂ© du mot « AdjugĂ© » lequel forme le contrat de vente entre le vendeur et l’adjudicataire.

Chaque lot est identifié avec un numéro correspondant au numéro qui lui est attribué sur le catalogue de la vente.

Il est interdit aux vendeurs d’enchĂ©rir directement sur les lots leur appartenant.

En cas de « double-enchÚre » simultanée reconnue effective par le commissaire-priseur, le lot sera remis en vente, tous les enchérisseurs présents pouvant concourir à cette deuxiÚme mise en adjudication.

RĂ©tractation : Chaque adjudication et enchĂšre portĂ©e est dĂ©finitive et engage celle ou celui qui l’a portĂ©e, Ă©tant rappelĂ© que l’adjudicataire ne peut se rĂ©tracter qu’il soit en salle, au tĂ©lĂ©phone, en ligne ou sur un ordre d’achat.

Transfert des risques et de la propriĂ©tĂ© : Le transfert de propriĂ©tĂ© et des risques entre le vendeur et l’adjudicataire s’opĂšre par le prononcĂ© du mot « adjugĂ© » par AGUTTES. AGUTTES dĂ©cline toute responsabilitĂ© quant aux pertes et dommages que les lots pourraient subir Ă  compter de l’adjudication, l’adjudicataire devant faire assurer les lots acquis dĂšs l’adjudication.

III- EXÉCUTION DE LA VENTE

Commission d’achat : L’adjudicataire devra acquitter en sus du prix d’adjudication, par lot, les honoraires acheteurs calculĂ©s comme suit : - 25% HT + TVA au taux en vigueur soit 30% TTC

Exception : Pour les Livres uniquement bĂ©nĂ©ficiant d’une TVA rĂ©duite : 25 % HT soit 26,37% TTC

Outre le prix d’adjudication et les honoraires acheteur, l’adjudicataire devra rĂ©gler tous impĂŽts et taxes incluant la TVA ainsi que les Ă©ventuels frais de dossier, de manutention et de stockage.

Le paiement des sommes dues devra ĂȘtre effectuĂ© « comptant » par l’adjudicataire, dĂšs l’adjudication. Le paiment est effectuĂ© en euros. Les commissions bancaires Ă©ventuelles ne sont pas dĂ©duites des sommes dues.

TVA : Le taux de TVA est de 20% (ou 5,5% pour les livres). Par principe, les lots non marquĂ©s seront vendus sous le rĂ©gime de la TVA sur la marge. La commission d’achat et les frais annexes seront majorĂ©s d’un montant tenant lieu de TVA, lequel ne sera pas mentionnĂ© sĂ©parĂ©ment dans nos bordereaux. Par exception, et Ă  la demande du vendeur, le rĂ©gime gĂ©nĂ©ral de la TVA pourra ĂȘtre appliquĂ© pour les biens mis en vente par un professionnel de l’UE et Ă  sa demande. Ces biens seront marquĂ©s par le signe €.

Cas de remboursements possibles de TVA :

1- Le professionnel de l’Union EuropĂ©enne, (i) ayant un numĂ©ro de TVA intracommunautaire et (ii) fournissant la preuve de l’export des lots de France vers un autre État membre ;

2- Les non-rĂ©sidents de l’Union EuropĂ©enne sur fourniture (i) d’un document douanier d’export sur lequel AGUTTES figure comme expĂ©diteur (ii) lorsque l’exportation intervient dans un dĂ©lai de 3 mois suivant la date de vente aux enchĂšres ou la date d’obtention du passeport d’exportation.

ModalitĂ©s de rĂšglement : Moyens de paiement lĂ©gaux acceptĂ©s par la comptabilitĂ© d’AGUTTES (les paiements par carte bancaire ou virement Ă©tant vivement recommandĂ©s) :

- Carte bancaire : les frais bancaires, qui oscillent habituellement entre 1 et 2%, ne sont pas Ă  la charge de l’étude ;

- Carte American Express : une commission de 2.95% TTC sera perçue pour tous les rĂšglements. Les paiements par carte Ă  distance et les paiements fractionnĂ©s en plusieurs fois pour un mĂȘme lot avec la mĂȘme carte ne sont pas autorisĂ©s ;

- Paiement en ligne jusqu’à 10.000 € sur https://www.aguttes.c om/paiement/ index.js p ;

- Virement bancaire : provenant du compte de l’acheteur et indiquant le numĂ©ro de facture :

IBAN FR76 3006 6109 1300 0203

BIC CMCIFRPP

Titulaire du compte AGUTTES

Domiciliation CIC PARIS ETOILE ENTREPRISES

178 RUE DE COURCELLES - 75017 PARIS

- EspĂšces : articles L.112-6 et D.112-3 du Code monĂ©taire et financier : (i) Jusqu’à 1000 € pour les rĂ©sidents fiscaux français ou les personnes agissant pour les besoins d’une activitĂ© professionnelle ; (ii) Jusqu’à 15 000 € pour les particuliers qui ont leur domicile fiscal Ă  l’étranger (sur prĂ©sentation de passeport et de justificatif de domicile) ;

- ChĂšque (en dernier recours) : Sur prĂ©sentation de deux piĂšces d’identitĂ©. Aucun dĂ©lai d’encaissement n’est acceptĂ© en cas de paiement par chĂšque. La dĂ©livrance ne sera possible que vingt jours aprĂšs le paiement. Les chĂšques Ă©trangers ne sont pas acceptĂ©s.

Adjudicataire dĂ©faillant : À dĂ©faut de paiement comptant par l’acheteur, le bien pourra ĂȘtre remis en vente sur rĂ©itĂ©ration des enchĂšres Ă  la demande du vendeur conformĂ©ment Ă  la procĂ©dure de l’article L.321-14 du Code de commerce. Si le vendeur ne formule pas cette demande dans un dĂ©lai de trois mois Ă  compter de l’adjudication, la vente sera rĂ©solue de plein droit.

Dans tous les cas l’acquĂ©reur dĂ©faillant sera tenu, du fait de son dĂ©faut de paiement, de payer Ă  AGUTTES :

- Tous les frais et accessoires engagĂ©s par AGUTTES relatifs au recouvrement des factures impayĂ©es (incluant des frais de d’avocat) ;

- Les pĂ©nalitĂ©s de retard calculĂ©es en appliquant des taux d’intĂ©rĂȘt au taux directeur (taux de refinancement ou Refi) semestriel de la Banque centrale europĂ©enne (BCE) en vigueur, majorĂ© de cinq points sur la totalitĂ© des sommes dues ;

- Les dommages et intĂ©rĂȘts permettant de compenser le prĂ©judice subi par AGUTTES (frais, honoraires et commissions d’achat, TVA, stockage, etc.).

AGUTTES se réserve la possibilité de :

- Communiquer le nom et les coordonnĂ©es de l’acquĂ©reur dĂ©faillant au vendeur afin de permettre Ă  ce dernier de faire valoir ses droits ;

- Exercer ou faire exercer tous les droits et recours, notamment le droit de rĂ©tention, sur tout bien de l’acquĂ©reur dĂ©faillant dont AGUTTES aurait la garde ;

- Interdire Ă  l’adjudicataire dĂ©faillant d’enchĂ©rir dans les prochaines ventes organisĂ©es par AGUTTES ou bien de subordonner la possibilitĂ© d’y enchĂ©rir au versement d’une provision prĂ©alable ;

- Procéder à l'inscription de l'adjudicataire défaillant sur un fichier des mauvais payeurs partagé entre les différentes maisons de vente adhérentes.

AGUTTES est en effet adhĂ©rent au Registre central de prĂ©vention des impayĂ©s des Commissaires priseurs auprĂšs duquel les incidents de paiement sont susceptibles d’inscription.

Les droits d’accĂšs, de rectification et d’opposition pour motif lĂ©gitime sont Ă  exercer par le dĂ©biteur concernĂ© auprĂšs du Symev 15, rue Freycinet 75016 Paris.

Retrait et stockage des lots : Un lot adjugĂ© ne pourra ĂȘtre dĂ©livrĂ© Ă  l’acheteur qu’aprĂšs le paiement intĂ©gral du bordereau d’achat, encaissĂ© sur le compte bancaire d’AGUTTES.

Les lots seront dĂ©livrĂ©s Ă  l’acquĂ©reur en personne aprĂšs prĂ©sentation de tout document prouvant son identitĂ© ou au tiers qu’il aura dĂ©signĂ© et Ă  qui il aura confiĂ© une procuration originale et une copie de sa piĂšce d’identitĂ©. Le retrait des lots est rĂ©alisĂ© aux frais et aux risques de l’adjudicataire uniquement.

Les lots qui n’auront pas Ă©tĂ© retirĂ©s le jour mĂȘme aprĂšs la fin de la vente seront Ă  enlever sur rendez-vous par l’acheteur auprĂšs de la personne mentionnĂ©e Ă  cet effet sur la page de contacts qui se situe au dĂ©but du catalogue. Le lieu de dĂ©livrance sera indiquĂ© dans l’email accompagnant l’envoi de la facture. Les frais de stockage applicables sont mentionnĂ©s dans les « conditions particuliĂšres » ci-aprĂšs.

Revente des lots payĂ©s et non rĂ©cupĂ©rĂ©s : Dans le cas oĂč un ou des lot(s) adjugĂ©(s) et payĂ©(s) en cours d'une vente aux enchĂšres n'aurai(ent) toujours pas Ă©tĂ© enlevĂ©(s) par l'acquĂ©reur dans les dĂ©lais convenus dans les « conditions particuliĂšres » ci-aprĂšs et que les frais de stockage, de garde et de conservation applicables en viendraient Ă  dĂ©passer la valeur d'adjudication du ou des lot(s), AGUTTES se rĂ©serve la possibilitĂ© de les vendre afin de se rembourser l'intĂ©gralitĂ© des frais lui Ă©tant dus.

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IV- DROIT DE PRÉEMPTION

L’État français peut exercer sur toute vente publique ou de grĂ© Ă  grĂ© de biens culturels un droit de prĂ©emption. L’État dispose d’un dĂ©lai de 15 jours Ă  compter de la vente publique pour confirmer l’exercice de son droit de prĂ©emption et se subroger Ă  l’acheteur.

V- EXPORTATION

Les formalitĂ©s d’exportations (demandes de certificat pour un bien culturel, licence d’exportation) des lots assujettis sont du ressort de l’acquĂ©reur et peuvent requĂ©rir un dĂ©lai de 4 mois. AGUTTES est Ă  la disposition de ses acheteurs pour les orienter dans ces dĂ©marches ou pour transmettre les demandes au Service des MusĂ©es de France. AGUTTES ne pourra ĂȘtre tenu responsable des dĂ©lais. AGUTTES ne sera en aucun cas responsable du refus ou d’un retard de la dĂ©cision administrative. Le refus de dĂ©livrance d’un certificat ou d’une licence ne pourra en aucun cas justifier ni une absence ou retard de paiement par l’acheteur ni une annulation de la vente.

VI- LOI APPLICABLE ET TRIBUNAL COMPÉTENT

Les actions en responsabilitĂ© civile engagĂ©es Ă  l’occasion des prisĂ©es et des ventes volontaires et judiciaires de meuble aux enchĂšres publiques se prescrivent par cinq ans Ă  compter de l’adjudication ou de la prisĂ©e.

La loi française seule rĂ©git les CGV. Toute contestation relative Ă  leur existence, leur validitĂ©, leur exĂ©cution et leur opposabilitĂ© Ă  tout enchĂ©risseur ayant la qualitĂ© de commerçant sera tranchĂ©e par le Tribunal de Commerce de Nanterre (France). Dans l’hypothĂšse oĂč l’enchĂ©risseur ou l’acquĂ©reur ne serait pas commerçant, cette contestation sera tranchĂ©e par le Tribunal compĂ©tent en application des dispositions lĂ©gales.

Le commissaire du Gouvernement auprĂšs du Conseil des ventes volontaires de meubles aux enchĂšres publiques peut ĂȘtre saisi par Ă©crit de toute difficultĂ© en vue de parvenir, le cas Ă©chĂ©ant Ă  une solution amiable.

VII- DONNÉES PERSONNELLES

Les enchĂ©risseurs sont informĂ©s qu’AGUTTES est susceptible de collecter et traiter les donnĂ©es les concernant conformĂ©ment au RĂšglement GĂ©nĂ©ral sur la Protection des donnĂ©es n°2016/679 du 27 avril 2016 (RGPD) et Ă  la loi « Informatique et LibertĂ©s » n°78-17 du 6 janvier 1978 modifiĂ©e par la loi n° 2018-493 du 20 juin 2018 relative Ă  la protection des donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel.

Les donnĂ©es sont collectĂ©es aux fins de gestion de leurs relations contractuelles ou prĂ©contractuelles (enregistrement Ă  la vente, facturation, comptabilitĂ©, rĂšglements, communication
). Ces donnĂ©es sont constituĂ©es d’informations telles que : noms, prĂ©noms, adresse postale, adresse Ă©lectronique, numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone, coordonnĂ©es bancaires.

Les enchĂ©risseurs sont informĂ©s qu’ils disposent d’un droit d’accĂšs, de rectification, d’effacement, Ă  la portabilitĂ©, d’opposition et de limitation Ă  l’égard de ces donnĂ©es auprĂšs d’AGUTTES. Les demandes doivent ĂȘtre exercĂ©es par Ă©crit Ă  l’adresse : commu nication@aguttes.com . Toute rĂ©clamation sur la lĂ©gislation applicable en matiĂšre de protection des donnĂ©es peut ĂȘtre portĂ©e devant la CNIL : www.cnil.fr

VIII- PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE

AGUTTES est propriĂ©taire de tout droit de reproduction sur son catalogue. Toute reproduction de celui-ci est interdite et constitue une contrefaçon. La vente d’un lot n’implique en aucun cas cession des droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle Ă©ventuellement applicables (reprĂ©sentation et/ou reproduction) sur l’Ɠuvre.

IX- CONDITIONS PARTICULIÈRES

1- Frais de stockage

Le stockage des biens objets d’une adjudication dans le cadre d’une vente aux enchĂšres ou d’une vente de grĂ© Ă  grĂ© qui ne seraient pas enlevĂ©s par l’acheteur Ă  l’expiration d’un dĂ©lai de 15 jours suivant la vente (jour de vente inclus), sera facturĂ© comme suit :

- Bijoux et / ou articles d’horlogerie d’une valeur < 10.000 € = 15 € / jour de stockage

- Bijoux et / ou articles d’horlogerie d’une valeur > 10.001 € = 30 € / jour de stockage

- Autres lots < 1m 3 = 3 € / jour

- Autres lots > 1m 3 = 5 € / jour.

2- Objets mécaniques et électriques

Les objets mĂ©caniques ou Ă©lectriques proposĂ©s Ă  la vente par AGUTTES sont exclusivement proposĂ©s Ă  titre dĂ©coratifs. En tant que biens d’occasion, AGUTTES ne certifie en aucun cas leur Ă©tat de fonctionnement. Nous recommandons aux acheteurs de venir voir les lots lors des expositions publiques avec un expert en la matiĂšre, et de faire vĂ©rifier le mĂ©canisme Ă©lectrique ou mĂ©canique par un professionnel avant toute mise en marche.

3- Montres et horloges

Les articles d’horlogerie que nous vendons sont tous des biens d’occasion, ayant pour la plupart subi des rĂ©parations engendrant le remplacement de certaines piĂšces qui peuvent alors ne pas ĂȘtre d’origine. AGUTTES ne donne aucune garantie sur l’authenticitĂ© et le caractĂšre original des composants d’un article d’horlogerie.

Les horloges peuvent ĂȘtre vendues sans pendules, poids ou clĂ©s et sauf mention expresse contraire, leur prĂ©sence n’est pas garantie. Les bracelets de montres peuvent ne pas ĂȘtre d’origine et ne pas ĂȘtre authentiques.

Les montres de collection nĂ©cessitent un entretien gĂ©nĂ©ral et rĂ©gulier : des rĂ©parations ou rĂ©visions peuvent s’avĂ©rer nĂ©cessaires et sont Ă  la charge de l’acheteur, AGUTTES ne donnant aucune garantie sur son bon Ă©tat de marche. AGUTTES recommande aux acheteurs de faire vĂ©rifier les montres par un horloger compĂ©tent avant chaque utilisation.

Il revient aux acheteurs potentiels de s’assurer personnellement de la condition de l’objet.

4- Mobilier

Sans mention expresse indiquĂ©e dans le descriptif du lot, la prĂ©sence de clĂ©s n’est aucunement garantie.

5- EspÚces végétales et animales protégées

Les objets composĂ©s partiellement ou entiĂšrement de matĂ©riaux provenant d’espĂšces de flore et de faune en voie d’extinction et/ou protĂ©gĂ©es sont marquĂ©s par le symbole ~ dans le catalogue. Le lĂ©gislateur impose de rĂšgles strictes pour l’utilisation commerciale de ces matĂ©riaux, en particulier en ce qui concerne le commerce de l’ivoire.

Les acheteurs sont informĂ©s que l’importation de tout bien composĂ© de ces matĂ©riaux est interdite par de nombreux pays, ou bien exigent un permis ou un certificat dĂ©livrĂ© par les autoritĂ©s compĂ©tentes des pays d’exportation et d’importation des biens. Les acheteurs sont entiĂšrement responsables du bon respect des normes rĂ©glementaires et lĂ©gislatives applicables Ă  l’exportation ou l’importation des biens composĂ©s partiellement ou totalement de matĂ©riaux provenant d’espĂšces en voie d’extinction et/ou protĂ©gĂ©es. AGUTTES ne sera en aucun cas responsable de l’impossibilitĂ© d’exporter ou d’importer un tel bien, et cela ne pourra ĂȘtre retenu pour justifier une demande de rĂ©solution ou d’annulation de la vente.

Si un client estime ne pas avoir reçu de rĂ©ponse satisfaisante, il lui est conseillĂ© de contacter directement, et en prioritĂ©, le responsable du dĂ©partement concernĂ©. En l’absence de rĂ©ponse dans le dĂ©lai prĂ©vu, il peut alors solliciter le service clients Ă  l’adresse serviceclients@aguttes.com, ce service est rattachĂ© Ă  la Direction QualitĂ© de la SVV Aguttes.

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10-31-1510 / CertifiĂ© PEFC / Ce produit est issu de forĂȘts gĂ©rĂ©es durablement et de sources contrĂŽlĂ©es / pefc-france.org

CONDITIONS OF SALE

SAS AGUTTES (“AGUTTES ”) is an operator of voluntary public auctions, declared to the Voluntary Sales Board and governed by Articles L.321-4 et seq. of the French Commercial Code. In this capacity AGUTTES acts as agent of the seller who contracts with the auction winner.

These General Terms and Conditions of Sale (“ GTC ”) govern the relationship between AGUTTES and bidders for public auctions and negotiated sales organised by AGUTTES.

AGUTTES may modify the GTC in writing and/or orally prior to the sale.

I- THE PROPERTY OFFERED FOR SALE

Description of lots: The indications given in the catalogue are the responsibility of AGUTTES and its expert, subject to the provisions mentioned below. Only indications in French are binding on AGUTTES to the exclusion of translations, which are free. They may be modified or corrected until the time of the sale in writing or orally. These modifications shall be recorded in the report of the sale, which shall have probative force.

No other guarantee is given by AGUTTES, it being recalled that only the seller shall be bound by the guarantee against hidden defects and the legal guarantee of conformity. A certificate of authenticity of the lot will only be available if mentioned in the description of the lot.

The dimensions, weights and other information of the lots are given as an indication with a reasonable margin of error.

Restorations carried out as a precautionary measure, not altering the age and style characteristics, and not making any change to the specific nature of the lot, will not be mentioned in the description.

The absence of any indication of restoration, accident or incident in the catalogue or condition reports shall in no way imply that the lot is free from any defect present, past or repaired. Conversely, the mention of any defect does not imply the absence of other defects.

The particular information in the catalogue has the following meanings:

+ Lots forming part of a court-ordered sale following an order of the Court of Justice, fees and expenses: 14.40% incl. tax;

° Lots, in which AGUTTES or one of its partners has financial interests;

* Temporary import lots: subject to a fee of 5.5% fee for works of art, collectibles and antiques (20% for wines and spirits, jewelry and multiples),), to be borne by the buyer in addition to the selling costs and the auction price, unless the buyer is outside the EU;

€ Goods sold under the general VAT regime (for the total);

# Lots visible only by appointment;

~ Lots made from materials from animal species. Import restrictions are to be provided for.

Condition of lots: The lots are sold in the condition in which they are found at the time of sale with their imperfections and defects. Since lots are second-hand goods, no guarantee can be given on the condition thereof.

References to the condition of a lot in a catalogue or condition report may not be considered as an exhaustive description of the condition of said lot. Descriptions may not under any circumstances replace the personal examination of the lot as indicated below. Condition reports will be sent upon request and for information purposes.

Lot exposure: Potential bidders are required to personally examine the lots at a private meeting prior to sale in order to check the condition of the lot. Buyers are advised to be accompanied by an expert in the field concerned by the sale.

Reproduction of lots: Not all defects and imperfections of the batches are visible on the photographs of the batches reproduced in the catalogues, online or on any communication medium. Photographs may not give a fully faithful image of the actual condition of a lot and may differ from what a direct observer will receive (size, colour, etc.).

Estimates: The estimates are based on the state of technical knowledge on the day of the estimate, the quality of the lot, its origin, condition and the market price on the day of the estimate. They are provided for information purposes only and cannot be considered as a guarantee that the lot will be sold at the estimated price.

II- THE SALE

Registration for sale: Important: the normal and priority method to bid is to be present in the sales room. As a service, other modes are possible that require prior registration:

- By telephon e: AGUTTES accepts, free of charge, to receive bids by telephone only for bidders who reported before 6 p.m., on the last business day before the sale. The potential bidder must have received a prior confirmation email from AGUTTES to be called.

- By purchase order: Any person previously registered and wishing to bid will have the option to request the registration of purchase orders from AGUTTES on their behalf. The order must have been communicated in writing before 6 p.m. on the last business day before the sale, and the bidder must have received a confirmation email from AGUTTES to be called. No unlimited order will be accepted. If AGUTTES receives multiple purchase orders for identical auction amounts, the oldest order will be selected.

- Online via Live platforms: The possibility of online auctions is offered on platforms allowing remote participation in auctions electronically, upon prior registration. The purchaser via the Live platforms is informed that the fees charged by these platforms will be borne exclusively by it.

Participation in the auction by telephone, internet or order is carried out at the risk and peril of the bidder, AGUTTES cannot be held liable in the event of nonparticipation of the auction bidder for any reason whatsoever, particularly in the event of malfunction or failure to perform (no response from the bidder, error, interruption or omission in the reception of bids). Any malfunction or interruption of the telephone or live service will not prevent the auctioneer from continuing the auction, at his discretion.

Procedure for identifying bidders: AGUTTES reserves the right to ask any potential bidder to prove its identity and for a legal entity, a Kbis extract less than three months old, it being specified that only the legal representative of the company or any duly authorised person may bid for and its bank details. In the event of non-compliance with the identification procedures, AGUTTES reserves the right to refuse its registration for the auction. All lots sold will be invoiced in the name and address of the client. No subsequent modification may be made. The bidder is deemed to act in its own name and will be solely responsible for the auction brought unless it is informed beforehand of its capacity as agent under the conditions indicated below.

Any false indication shall incur the liability of the auction winner.

Mandate by a third party: The bidder with a mandate must inform AGUTTES during the identification and registration procedure and produce a copy of the mandate and any other documents requested by AGUTTES. In such a case, the bidder and the principal shall be jointly and severally liable.

Sales management: The auctioneer manages the sale on a discretionary basis, ensuring the freedom and equality between all bidders, while respecting the practices established by the profession. The auctioneer ensures the police of the sale, which allows him to refuse bids or to withdraw a lot without having to justify it.

Awarding: The highest and the last bidder will be the auction winner, with all accepted means combined (order, internet, telephone, on-site, etc.). The awarding is evidenced by the pronouncement of the word “Sold”, which forms the sale agreement between the seller and the auction winner.

Each lot is identified with a number corresponding to the number assigned to it in the sales catalogue.

It is forbidden for sellers to bid directly on the lots belonging to them.

In the event of a simultaneous “double-auction” recognised by the auctioneer, the lot will be put back for sale, with all bidders present being able to participate in this second auction.

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Withdrawal: Each auction and bid is final and is binding on the auction winner, it being recalled that the auction winner may not withdraw either in the room, by telephone, online or on a purchase order.

Transfer of risk and ownership: The transfer of ownership and risks between the seller and the auction winner takes place by the word “sold” by AGUTTES. AGUTTES disclaims all liability for losses and damages that the lots may suffer from the date of the award, with the auction winner having to insure the lots acquired as soon as the award is awarded.

III- COMPLETION OF THE SALE

Sale commission: In addition to the auction price, the auction winner shall pay the buyer's fees, per lot, calculated as follows:

- 25% excl. tax + VAT at the rate in force, i.e. 30%

Exception: For books only benefiting from a reduced VAT rate: 25% before tax, i.e. 26.37% including VAT.

In addition to the auction price and the buyer’s fees, the auction winner must pay all taxes and duties including VAT as well as any file, handling, and storage costs.

Payment of the sums due must be made “ in cash” by the auction winner, as soon as the award is made. Payment is made in euros. Any bank commissions will not be deducted from the amounts due.

VAT: The VAT rate is 20% (or 5.5% for books). In principle, unmarked lots will be sold under the VAT on gross margin system. The purchase commission and additionnal costs will be increased by an amount in lieu of VAT, which will not be separately mentioned in our slips.

By way of exception, and at the request of the seller, the general VAT system may be applied for goods offered for sale by an EU professional at its request. These goods will be marked by the € sign.

Possible VAT refunds:

1- The professional of the European Union, (i) with an intra-Community VAT number and (ii) providing proof of the export of lots from France to another Member State;

2- Non-residents of the European Union on the supply of (i) a customs export document, on which AGUTTES appears as sender (ii) when the export occurs within three months of the auction date or the date of obtaining the export permit.

Payment terms: Legal means of payment accepted by AGUTTES’ accounts (payments by credit card or wire transfer being strongly recommended):

- Credit card: bank charges, which usually vary between 1 and 2%, are not borne by the firm;

- American Express card: a commission of 2.95% including tax will be collected for all payments. Remote card payments and split payments in several instalments for the same lot with the same card are not allowed;

- Online payment up to €10,000 to https://www.aguttes.com/paiement/index.jsp ;

- Bank transfer: from the buyer’s account and indicating the invoice number:

IBAN FR76 3006 6109 1300 0203 7410 222

BIC CMCIFRPP

Account holder AGUTTES

Direct debit CIC PARIS ETOILE ENTREPRISES

178 RUE DE COURCELLES - 75017 PARIS

- Cash: Articles L.112-6 and D.112-3 of the French Monetary and Financial Code:

(i) Up to €1,000 for French tax residents or persons acting for the purposes of a professional activity; (ii) Up to €15,000 for individuals who have their tax domicile abroad (upon presentation of passports and proof of address);

- Cheque (as a last resort): Upon presentation of two identity documents. No time limit for cashing is accepted in the event of payment by cheque. Issuance will only be possible twenty days after payment. Foreign cheques are not accepted.

Defaulting auction winner: In the absence of cash payment by the buyer, the property may be put back for sale upon reiteration of the auctions at the request

of the seller in accordance with the procedure of Article L.32114 of the French Commercial Code. If the seller does not make this request within three months of the auction, the sale shall be automatically terminated.

In all cases, the defaulting buyer, due to its failure to pay, shall pay to AGUTTES:

- All costs and incidentals incurred by AGUTTES relating to the collection of unpaid invoices (including legal fees);

- Late payment penalties calculated by applying interest rates at the European Central Bank (ECB) semi-annual key rate (refinancing rate or Refi) in force plus five points on all sums due;

- Damages to compensate for the loss suffered by AGUTTES (purchase costs, fees and commissions, VAT, storage, etc.).

AGUTTES reserves the right to:

- Communicate the name and contact details of the defaulting buyer to the seller in order to enable the latter to assert its rights;

- Exercise or have exercised all the rights and remedies, in particular the right of retention, over any property of the defaulting buyer, of which AGUTTES has custody;

- Prohibit the defaulting auction winner from bidding in the next sales organised by AGUTTES or from making the possibility of tendering there subject to the payment of a prior provision;

- Proceed to the registration of the defaulting bidder on a file of bad payers shared between the different member auction houses.

AGUTTES is indeed a member of the Central Register of prevention of the unpaid of the auctioneers with which the incidents of payment are likely to be registered. The rights of access, rectification and opposition for legitimate reasons are to be exercised by the debtor concerned at Symev 15 rue Freycinet 75016 Paris.

Lot collection and storage: A lot awarded may only be delivered to the buyer after full payment of the purchase slip, collected in the AGUTTES bank account.

The lots will be delivered to the purchaser in person after presentation of any document proving his identity or to the third party appointed by him and to whom he has entrusted an original power of attorney and a copy of his identity document. The lot is collected at the auction winner’s expense and risks only.

Lots that have not been collected the same day after the end of the sale will be collected by appointment by the byer with the person mentioned for this purpose on the contact page at the beginning of the catalog. The place of delivery will be indicated in the email accompanying the invoice.

The applicable storage fees are mentioned in the "Special Terms and Conditions" below.

Resale of paid and non-collected lots: In the event that one or more lots awarded and paid for in the course of an auction have still not been collected by the buyer within the deadlines agreed upon the "Special Terms and Conditions" below and that the applicable storage, custody and preservation costs exceed the auction value of the lot(s), AGUTTES reserves the right to sell the lot(s) in order to be reimbursed for all costs due.

IV- PRE-EMPTION RIGHT

The French State may exercise a pre-emptive right on any public or private sale of cultural property. The State has a period of 15 days from the public sale to confirm the exercise of its pre-emptive right and subrogate itself to the buyer.

V- EXPORT

The formalities of exports (requests for certificate for a cultural good, export license) of the subjected lots are the responsibility of the purchaser and can require a four months delay. AGUTTES is at the disposal of its buyers to guide them in these steps.

AGUTTES cannot be held responsible for delays. Under no circumstances shall AGUTTES be liable for the refusal or delay of the administrative decision. The refusal to issue a certificate or a license may not under any circumstances justify a failure or delay in payment by the buyer or a cancellation of the sale.

VI- APPLICABLE LAW AND COMPETENT COURT

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Civil liability claims brought in connection with voluntary and judicial actions and sales of furniture at public auction are time-barred after five years from the award or takeover.

French law alone governs the GTC. Any dispute relating to their existence, validity, performance and enforceability against any bidder having the capacity of trader shall be decided by the Commercial Court of Nanterre (France).

In the event that the bidder or buyer is not a trader, this dispute shall be decided by the competent Court pursuant to the legal provisions.

The Government Commissioner to the Council for voluntary sales of furniture by public auction may be mandated in writing in case of any difficulty with a view to reaching an amicable solution, if applicable.

VII- PERSONAL DATA

The bidders are informed that AGUTTES may collect and process data concerning them in accordance with the General Data Protection Regulation no. 2016/679 of 27 April 2016 (GDPR) and the French Data Protection Act no. 78-17 of 6 January 1978 amended by Law No. 2018-493 of 20 June 2018 on the protection of personal data.

The data is collected for the purposes of managing their contractual or pre-contractual relations (registration for sale, invoicing, accounting, payments, communication, etc.). This data consists of information such as: surname, first names, postal address, email address, telephone number, bank details.

Bidders are informed that they have a right of access, rectification, erasure, portability, opposition and limitation with regard to such data with AGUTTES. Requests must be made in writing to: communication@aguttes.com Any complaint about the applicable data protection legislation may be brought before the CNIL: www.cnil.fr

VIII- INTELLECTUAL PROPERTY

AGUTTES is the owner of any right of reproduction of its catalogue. Any reproduction of the same is prohibited and constitutes an infringement. The sale of a lot does not in any way imply the assignment of any intellectual property rights applicable (representation and/or reproduction) to the work.

IX- SPECIAL TERMS AND CONDITIONS

1- Storage costs

The storage of goods subject to an auction or a private sale that are not removed by the buyer within 15 days of the auction (including the day of the sale), will be charged as follows:

- Jewellery and / or watches worth < €10.000 = €15 / day of storage

- Jewellery and / or watches worth > €10.001 = €30 / day of storage

- Other lots < 1m 3 = €3 / day

- Other lots > 1m 3 = €5 / day.

2- Mechanical and electrical objects

The mechanical or electrical objects offered for sale by AGUTTES are exclusively offered for decorative purposes. As they represent used property, AGUTTES does not under any circumstances certify their operating condition. We recommend that buyers come to see the lots during the public exposures with an expert in this field, and to have the electrical or mechanical mechanism checked by a professional before any start-up.

Clocks may be sold without pendulums, weights or keys and unless otherwise stated, their presence is not guaranteed. Watch straps may not be original and may not be authentic.

Collector’s watches require general and regular maintenance: repairs or overhauls may be necessary and are the responsibility of the buyer, as AGUTTES does not give any guarantee on its good working order. AGUTTES recommends that buyers have watches and clocks checked by a competent watchmaker before each use. It is the responsibility of potential buyers to personally verify the condition of the item.

4- Furniture

Without express mention in the description of the lot, the presence of keys is not guaranteed.

5- Protected plant and animal species

Objects partially or entirely made up of materials from endangered and/or protected species of flora and fauna are marked by the symbol ~ in the catalogue. The legislator imposes strict rules for the commercial use of these materials, in particular with regard to ivory trade.

Buyers are informed that the importation of any goods made up of these materials is prohibited by many countries, or require a permit or certificate issued by the competent authorities of the countries of export and import of the goods. The purchasers are fully responsible for the proper compliance with the regulatory and legislative standards applicable to the export or importation of goods composed in part or in full of materials originating from endangered and/or protected species. Under no circumstances shall AGUTTES be liable for the impossibility of exporting or importing such property, and this may not be used to justify a request for cancellation of the sale.

If a customer feels that he or she has not received a satisfactory response, he or she is advised to contact the head of the relevant department directly, as a matter of priority. In the absence of a response within the specified time limit, the customer may then contact customer service at serviceclients@aguttes.com, which is attached to the Quality Department of SVV Aguttes.

3- Watches and clocks

The watches and clocks we sell are all second-hand goods, having for the most part undergone repairs resulting in the replacement of certain parts which may not be original. AGUTTES does not give any guarantee on the authenticity and the original character of the components of a clock article.

97 VI- APPLICABLE LAW AND COMPETENT COURT
10-31-1510 / Certified PEFC / This product comes from sustainably managed forests and controlled sources / pefc-france.org

Comment vendre chez Aguttes ?

Selling at Aguttes ?

Rassembler vos informations

Afin de rĂ©aliser une estimation prĂ©cise de vos biens, n’hĂ©sitez pas Ă  nous fournir toutes les informations en votre possession (photos, dimensions, date, signature, caractĂ©ristiques techniques, provenance, Ă©tat de conservation, etc.).

Nous contacter

Pour inclure vos biens dans nos prochaines ventes ou demander conseil, n’hĂ©sitez pas Ă  contacter directement nos dĂ©partements spĂ©cialisĂ©s basĂ©s Ă  Neuilly-sur-Seine. Vous pouvez Ă©galement vous rapprocher de nos reprĂ©sentants locaux, Ă  Aix-en-Provence, Lyon, Bruxelles ou GenĂšve afin de bĂ©nĂ©ficier d’un service de proximitĂ©.

Si vous ĂȘtes disposĂ©s Ă  proposer Ă  la vente un ensemble important comportant plusieurs spĂ©cialitĂ©s, le dĂ©partement Inventaires & collections particuliĂšres est Ă  votre disposition pour coordonner votre projet. Nos estimations sont gracieuses et confidentielles.

Organiser un rendez-vous d’expertise

Pour donner suite aux Ă©lĂ©ments reçus et Ă  une premiĂšre analyse de votre demande, nous dĂ©terminons avec vous le type de vente le plus adaptĂ©. Un rendez-vous s’organise afin d’avancer dans l’expertise et vous donner plus de prĂ©cisions sur nos services.

Nous sommes joignables par e-mail ou par téléphone.

Contractualiser

Les conditions financiĂšres (estimation, prix de rĂ©serve, honoraires) et les moyens allouĂ©s Ă  la mise en vente (promotion, transport, assurance...) sont formalisĂ©s dans un contrat. Celui-ci peut ĂȘtre signĂ© lors d’un rendez-vous ou Ă  distance de maniĂšre Ă©lectronique.

Vendre

Chacun de nos départements organise 4 ventes aux enchÚres par an ainsi que des ventes online AprÚs la clÎture des enchÚres, le département vous informe du résultat et vous recevrez le produit de celles-ci sous 4 à 6 semaines.

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Collect your informations

In order to make an accurate estimate of your property, please provide us with all the information you have (photos, dimensions, date, signature, technical characteristics, provenance, state of preservation, etc.).

Contact us

To include your property in our next sales or to ask for advice, please do not hesitate to contact our specialist departments based in Neuilly-sur-Seine. You can also contact our local representatives in Aix-en-Provence, Lyon, Brussels or Geneva to benefit from a local service. You can also contact our local representatives in Aix-en-Provence, Lyon, Brussels or Geneva to benefit from a local service.

If you are willing to offer for sale an important ensemble comprising several specialities, the Inventories & Private Collections department is at your disposal to coordinate your project. Our valuations are free and confidential.

Organize a meeting for estimate

Based on the information we receive and an initial analysis of your requirements, we will work with you to determine the most suitable type of sale. We will then arrange a meeting with you to discuss the valuation further and give you more details about our services, which you can contact by e-mail or telephone.

Contracting

The financial conditions (valuation, reserve price, fees) and the resources allocated to the sale (promotion, transport, insurance, etc.) are formalised in a contract. This can be signed during an appointment or electronically from a distance.

Sell

Each of our departments organises 4 auctions a year, as well as online sales. Once the auctions have closed, the department will inform you of the result and you will receive the proceeds within 4 to 6 weeks.

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Comment acheter chez Aguttes ?

S’abonner Ă  notre newsletter et nous suivre sur les rĂ©seaux sociaux

‱ S’inscrire Ă  la newsletter (QR code) pour ĂȘtre informĂ© des Temps forts chez Aguttes, suivre les dĂ©couvertes de nos spĂ©cialistes et recevoir les e-catalogues.

‱ Être informĂ© de notre actualitĂ© sur les rĂ©seaux sociaux.

Avant la vente, demander des informations au département

Nous vous envoyons, sur demande, des informations complĂ©mentaires par e-mail : rapports de condition, certificats, provenance, photos... Nous vous envoyons des photos et vidĂ©os complĂ©mentaires par MMS, WhatsApp, WeChat. Chaque lot prĂ©sentĂ© a Ă©tĂ© prĂ©alablement examinĂ© puis dĂ©crit en application du dĂ©cret Marcus (3 mars 1981). La responsabilitĂ© d’Aguttes, selon la lĂ©gislation en vigueur, quant Ă  l’authenticitĂ© du bien prĂ©sentĂ© est engagĂ©e.

Échanger avec un spĂ©cialiste et voir l’objet

Nous vous accueillons pour une visite privée sur rendez-vous. Nous vous invitons systématiquement aux expositions publiques quelques jours avant la vente. Si vous ne pouvez pas vous déplacer, nous programmons une conversation audio ou vidéo pour échanger avec vous.

Enchérir

‱ Venir et enchĂ©rir en salle.

‱ S’enregistrer pour enchĂ©rir par tĂ©lĂ©phone auprĂšs de bid@aguttes.com.

‱ S’enregistrer pour enchĂ©rir sur le Live (solution recommandĂ©e pour les lots Ă  moins de 5 000 €).

‱ Laisser une enchùre maximum auprùs de bid@aguttes.com.

Payer et récupérer son lot

‱ RĂ©gler son achat (virement ou paiement en ligne par carte bancaire recommandĂ©s).

‱ Venir ensuite rĂ©cupĂ©rer son lot ou missionner un transporteur.

Subscribe to Our Newsletter and Follow Us on Social Media

‱ Subscribe to our newsletter (QR code) to keep up to date with the highlights at Aguttes, follow our specialists’ discoveries and receive e-catalogues.

‱ Keep up to date with our news on social networks.

Request the Specialized Departments for Information on a Lot Prior to Sale

On request, we can send you additional information by e-mail: condition reports, certificates, provenance, photos, etc. We can send you additional photos and videos by MMS, WhatsApp or WeChat. Each lot presented has been examined and described in accordance with the Marcus Decree (3 March 1981). Aguttes is responsible for the authenticity of the items presented, in accordance with current legislation.

Talk to a specialist and see the object

We welcome you for a private viewing by appointment. We systematically invite you to public exhibitions a few days before the sale. If you are unable to attend, we can arrange an audio or video chat with you.

Place Your Bid

‱ Come and bid in the auction room.

‱ Register to bid by telephone at the email: bid@aguttes.com.

‱ Register to bid on Live (recommended for lots under €5,000).

‱ Leave a maximum bid at bid@aguttes.com.

Pay and Receive Your Property

‱ Pay for your purchase (bank transfer or online payment by credit card recommended).

‱ Then collect your order or arrange for a courier to collect it.

99 Buying at Aguttes ?
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Nos experts et spĂ©cialistes prĂ©parent actuellement leurs prochaines ventes et se tiennent Ă  votre disposition pour effectuer des estimations gracieuses et confidentielles sur rendez-vous , dans nos bureaux ou Ă  votre domicile. Nos bureaux de reprĂ©sentation Ă  Aix-en-Provence, Lyon, Bruxelles et GenĂšve coordonnent les expertises dans ces rĂ©gions. Nos commissaires-priseurs sont Ă©galement Ă  votre service pour tout inventaire de l’ensemble de vos biens et collections en vue de partage ou de vente.

DÉPARTEMENTS SPÉCIALISÉS SERVICE

Art contemporain

Ophélie Guillerot

Instruments de musique & archets

Inventaires & partages

+33 (0)1 47 45 93 02

‱ +33 (0)7 60 78 10 07 guillerot@aguttes.com

Art impressionniste & moderne

Pierre-Alban Vinquant

Hector Chemelle +33 (0)7 69 02 70 85

‱ +33 (0)7 69 02 70 85 chemelle@aguttes.com

Livres anciens & modernes

Claude Aguttes et Sophie Perrine, commissaires-priseurs

+33 (0)1 41 92 06 44 ‱ perrine@aguttes.com

+33 (0)1 47 45 08 20

‱ +33 (0)7 64 41 09 04 vinquant@aguttes.com

Arts d’Asie

Clémentine Guyot

M

+33 (0)1 47 45 00 90

‱ +33 (0)7 83 19 05 89 guyot@aguttes.com

Arts décoratifs du XXe siÚcle & design

Jessica Remy Catanese

+33 (0)1 47 45 08 22 remy@aguttes.com

Automobiles de collection

Automobilia

Gautier Rossignol

BUREAUX

Neuilly-sur-Seine

164 bis, avenue Charles-de-Gaulle

92200 Neuilly-sur-Seine

Salle des ventes +33 (0)1 47 45 55 55

Aix-en-Provence

Adrien Lacroix

+33 (0)6 69 33 85 94 ‱ adrien@aguttes.com

+33 (0)1 47 45 93 01

‱ +33 (0)7 45 13 75 78 rossignol@aguttes.com

Bagagerie

ÉlĂ©onore des Beauvais +33 (0)1 41 92 06 47 desbeauvais@aguttes.com

B ijoux & perles fines

Philippine Dupré la Tour

Lyon

Les Brotteaux, 13 bis, place Jules Ferry

69006 Lyon

Marie de Calbiac +33 (0)4 37 24 24 28 ‱ calbiac@aguttes.com

Bruxelles 5, avenue Guillaume Macau

1050 Ixelles

+33 (0)1 41 92 06 42

‱ +33 (0)6 17 50 75 44 duprelatour@aguttes.com

Cartes de collection

François Thierry

+33 (0)1 84 20 04 14 thierry.consultant@aguttes.com

Collections particuliĂšres

Sophie Perrine

Ernest van Zuylen +32 487 14 11 13 ‱ vanzuylen@aguttes.com

GenĂšve

CĂŽme Bizouard de Montille +41 79 388 3642 montille.consultant@aguttes.com

+33 (0)1 41 92 06 44

‱ +33 (0)7 60 78 10 27 perrine@aguttes.com

100
+33 (0)1
92 06 44 ‱ +33 (0)7 60 78
AfïŹches, manuscrits & autographes Sophie Perrine
41
10 27 perrine@aguttes.com
+33 (0)1 41 92 06 46 ‱ +33 (0)7 62 02 04 72
obilier, sculpture & objets d’art GrĂ©goire de Thoury
thoury@aguttes.com
Claire
+33 (0)1 84 20 05 67 ‱ +33 (0)7 49 97 32 28 hofmann@aguttes.com Peintres d’Asie Charlotte Aguttes-Reynier +33 (0)1 41 92 06 49 ‱ +33 (0)6 63 58 21 82 reynier@aguttes.com Tableaux & dessins anciens GrĂ©goire Lacroix +33 (0)1 47 45 08 19 ‱ +33 (0)6 69 33 85 94 lacroix@aguttes.com Vins & spiritueux Pierre-Luc Nourry +33 (0)1 47 45 91 50 ‱ +33 (0)7 63 44 69 56 nourry@aguttes.com
Montres de collection
Hofmann

RENDEZ - VOUS chez Aguttes

Calendrier des ventes

28∙ 09

VERRERIE & CÉRAMIQUES DU XXE SIÈCLE Online Only

10 & 11∙10

LETTRES, MANUSCRITS, LIVRES & PHOTOGRAPHIES Aguttes Neuilly

12∙10

LE CABINET DE PHYSIQUE DE MONSIEUR C. Aguttes Neuilly

15∙10

L'AVENTURE PEUGEOT CITROËN DS LA VENTE OFFICIELLE MusĂ©e de l'Aventure Peugeot, Sochaux

17∙10

BIJOUX Online Only

18∙10

CARTES DE COLLECTION Aguttes Neuilly

23∙10

WHISKY « THE ONE & ONLY SALE » Aguttes Neuilly

25∙10

ARTS D'ASIE Online Only

25∙10

GRANDS VINS & SPIRITUEUX Aguttes Neuilly

26∙10

BIJOUX Aguttes Neuilly

08∙11

LA MAISON SÉMONVILLE PAR JOHN COURY & FLORENT MAILLARD Aguttes Neuilly

14∙11

RENDEZ-VOUS CLASSIQUE Online Only

SEPTEMBRE OCTOBRE NOVEMBRE

2023

15∙11

ART IMPRESSIONNISTE & MODERNE Aguttes Neuilly

16∙11

MONTRES Online Only

22∙11

ART CONTEMPORAIN Aguttes Neuilly

101 Ce calendrier est sujet Ă  modifications | Retrouvez toutes nos dates de ventes sur aguttes.com
Albert EINSTEIN (1879 - 1955). Ensemble de revues, livres et plaquettes. (dĂ©tail). Vendu 22 700 € le 25 janvier 2022

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