Fokus Ma Famille

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PANEL D’EXPERTS DURABILITÉ

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Maisons bioclimatiques Une nouvelle tendance se démarque, désormais fondamentale : les maisons passives et bioclimatiques. Miser sur la durabilité pour allier enjeux écologiques et économiques, mais aussi confort de l’occupant.

THIERRY WANTENS.

STÉPHANIE NOURRICIER.

JEAN-FRANÇOIS JACQUES.

Architecte chez 2architectes

Directrice Plate-forme Maison Passive

Responsable Régie Foncière Commune de Watermael-Boitsfort

Comment et quand entamer le changement vers une maison plus durable ? « Dès qu’on entame des travaux dans la maison. Et pour un résultat durable dans le temps, se diriger vers les maisons passives et bioclimatiques doit être un réflexe. Il y a beaucoup de produits sur le marché qui ne le sont pas mais qui le font croire via la publicité. L’architecte vieille à ce que cela soit réellement durable. Il est important d’envisager des travaux dans leur globalité. Beaucoup de personnes se mettent à rénover des parties de leur habitation sans penser à l’ensemble. Ils nous mettent ensuite devant le fait accompli, alors qu’on ne va probablement pas pouvoir garder ce qui a été fait. Les travaux, ça s’étudie et cette étape est souvent négligée. »

« L’ampleur de la tâche en matière de rénovation énergétique des bâtiments est réelle et il devient urgent de s’y atteler sérieusement. Les freins à la rénovation sont parfois purement psychologiques, parfois d’ordre pratique. Il est toujours préférable de demander un audit, ce qui permet de fixer l’ordre des travaux à réaliser : d’abord une enveloppe performante tant au niveau isolation qu’au niveau étanchéité à l’air ; puis des systèmes, qui doivent avoir une faible consommation, qu’il faudra peut-être remplacer. Enfin, la compensation de la consommation résiduelle peut être assurée par une production de renouvelable. »

« Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises opportunités pour changer. On met en place les travaux quand une maison se libère la plupart du temps. On pose un diagnostic en prenant en compte toutes les contraintes qui nous sont imposées. Les changements prennent toujours un peu plus de temps puisque nous sommes une institution publique. En moyenne, cela prend dans les six mois pour tout mettre en place. Tout dépend des travaux à réaliser. Certaines habitations ne devront pas trop être retouchées car il y a déjà du double vitrage ou parce que ce sont des habitations remarquables alors que pour d’autres il y a presque tout qui est à refaire. »

Qu’est-il important de prendre en compte avant de faire le changement ? « Il faut tout d’abord étudier les choses avant de les faire et donc engager un professionnel avec de l’expérience et une connaissance de ce qui existe dans le domaine. L’architecte a du recul, il offre des prestations de service plutôt qu’un produit. Il a donc cette distance et cette indépendance pour conseiller au mieux les maîtres d’ouvrage. Concernant les délais, ce qui prend le plus de temps en ce moment c’est l’obtention d’un permis d’urbanisme et la réception des offres et devis d’entrepreneurs. L’étude en elle-même ne prend pas tant de temps que cela. Quand on prend toute la chaîne en compte, on doit compter aux alentours de neuf mois avant de poser des actes sur chantier. »

« Pour entreprendre des travaux ou des modifications importantes dans son logement, il faut penser la rénovation dans sa globalité et y intégrer une démarche d’amélioration énergétique ! Voici trois postes dont il faut absolument tenir compte : l’augmentation du confort (la température intérieure des logements est plus élevée après rénovation) ; la réduction de la facture énergétique (un bon niveau de performance combine augmentation du confort et baisse de consommation) ; la diminution des émissions de CO2 (sans changement du combustible utilisé, elle est directement proportionnelle à la diminution de la consommation). »

« La dimension environnementale bien sûr. On essaye de choisir des matériaux qui sont plus écologiques. Il faut aussi tenir compte de la situation du bâtiment car ils ont tous leurs particularités. Nous n’avons donc pas de schéma reproductible à chaque fois. On ne va jamais tout démolir pour reconstruire donc on essaye que ce soit l’intervention la plus facile à mettre en place sans gros bouleversement. Les locataires sont très enclins à passer au passif mais malheureusement ils n’ont pas toujours le bagage pour comprendre tout ce qu’ils ont entre les mains. On essaye donc de faire des fiches techniques pour leur permettre d’en savoir plus et d’avoir les outils pour faire les rénovations quand c’est nécessaire. »

Quel retour sur investissement espérer ? « Le retour sur investissement est double pour l’habitant. D’un point de vue énergétique, le retour sur investissement se voit sur la première facture, une maison bien isolée consomme en principe moins. Ce qui a des effets économiques. Cependant, beaucoup pensent qu’ils ne paieront plus rien dès les travaux terminés, alors que le retour sur investissement se fait sur le long terme. L’autre retour sur investissement concerne les matériaux utilisés, plus sains pour la santé. Ça a un réel impact sur le confort et la qualité de vie de l’habitant. Cela permet de vivre mieux sur le long terme et immédiatement après les travaux. »

« L’objectif qui suscite le plus d’appréhensions pour le citoyen, à savoir la réduction de la facture énergétique, montre des résultats très encourageants. On a démontré que l’ajout ‘‘d’isolant’’ ou des ‘‘systèmes plus performants énergétiquement’’, lorsque qu’ils sont intégrés à d’un processus de rénovation global, est largement rentable avec un temps de retour de l’investissement allant de 7 à 15 ans selon les cas. PMP a développé en partenariat avec Bruxelles Environnement une brochure qui aide à y voir plus clair en mettant en avant l’intérêt économique et environnemental de cette démarche (sortie d’ici fin 2020). »

« L’investissement principal est écologique. Nous nous dirigeons toujours vers le durable et l’environnemental. Nous avons estimé qu’il y a un gain de presque 30 % sur la consommation. La rentabilité de notre point de vue se trouve dans les subsides que nous recevons en construisant des maisons passives. Lorsqu’on on ne paye pas 60 % de la construction du bâtiment, on peut investir cela dans d’autres constructions. À vrai dire, nous n’avons pas de réel retour sur investissement au final. Le comportement des locataires joue beaucoup. Ce n’est pas parce que des mécanismes sont mis en place qu’on doit laisser toutes les lumières allumées toute la journée. » TEXTE CÉLIA BERLEMONT


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