FABIENNE BISTER CHRONIQUE
#FOKUSENTREPRENEUR
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AprĂšs moi, qui prendra soin de mon entrepriseâŠ? Entreprendre, câest gĂ©nial et jây ai consacrĂ© une grande partie de ma vie. Jâai adorĂ© redresser et pĂ©renniser lâentreprise familiale, crĂ©er trois autres sociĂ©tĂ©s en Belgique et en France mais vient le temps de passer la main.
P
our une question dâĂąge mais aussi de motivation, dâenvie dâautres challenges. Mes entreprises sont pourtant devenues parties intĂ©grantes de ma vie et je ne peux imaginer quâelles disparaissent quand je mâen vais. Si je commence une nouvelle vie, elles doivent en faire de mĂȘme. Cela nâa rien de nĂ©gatif si jâai envie dâentreprendre ailleurs: on nâest plus au temps oĂč le repreneur familial mourait accrochĂ© au gouvernail en reportant le moment de laisser la place. Le monde des affaires Ă©volue trop vite. Si on ne se sent plus « the right (wo)man at the right place », il faut confier les rĂȘnes Ă quelquâun de mieux adaptĂ© aux dĂ©fis de demain. Câest positif et cette passation de
flambeau se prĂ©pare de maniĂšre aussi professionnelle quâun gros investissement. Ne pas avoir de candidat familial nâa rien dâun drame. En cĂ©dant la marque Bister, jâai vendu mon nom de famille⊠mais uniquement sur des pots de condiments! Je nâai pas vendu mon Ăąme car jâai choisi un repreneur qui partage la plupart de mes valeurs, au niveau des marques, de la qualitĂ© des produits et de la gestion des collaborateurs. CâĂ©tait essentiel Ă mon bien-ĂȘtre et Ă celui de mes entreprises. CĂ©der son « bĂ©bĂ© professionnel », est-ce compliquĂ©? Oui et non. Oui car câest un processus long, plein dâĂ©tapes qui touchent Ă lâĂ©motion,
Ă la nĂ©gociation, au dĂ©voilement de milliers dâinformations, aux finances, au juridique, et⊠à une double vie car il faut faire tourner
CĂ©der son « bĂ©bĂ© professionnel », câest (pas) compliquĂ©. lâentreprise au mieux tout en nĂ©gociant discrĂštement en parallĂšle. Non car câest une Ă©tape quâon a envie de rĂ©ussir, quâon considĂšre comme un dĂ©fi de plus Ă relever, et
quâon prend le temps de prĂ©parer. Disons quâil faut ĂȘtre en bonne santĂ© car câest quand mĂȘme un parcours du combattant. Je pense que chaque vendeur connaĂźt potentiellement les acheteurs avec qui il se sent en mesure de construire un avenir pour son entreprise. Jâai dressĂ© le profil du repreneur idĂ©al, une Ă©tape que je conseille vivement. Puisquâil devait ĂȘtre belge et familial dans mes rĂȘves, jâai Ă©tabli une liste des « concullĂšgues » dans mon secteur au sens large, pas seulement la moutarde, mais les mayonnaises, sauces, etc. Jâai examinĂ© quels dirigeants de ces sociĂ©tĂ©s auraient le temps, lâenvie et les moyens dâassumer la continuitĂ© de mes
entreprises. Je nâai mis que quelques heures avant de dĂ©crocher mon tĂ©lĂ©phone pour appeler le candidat qui, aprĂšs analyse, mâapparaissait comme une Ă©vidence. Dans le fond de lui-mĂȘme, chaque cĂ©dant « sait » quand la bonne personne entre dans la discussion. Celle Ă qui il ou elle a envie de confier son « bĂ©bĂ© » pour quâil reste florissant durant de nombreuses annĂ©es. Ce moment magique oĂč les planĂštes semblent alignĂ©es.
TEXTE FABIENNE BISTER, EX ADMINISTRATEUR DĂLĂGUĂ DE LA MOUTARDERIE BISTER