Les lieux culturels intermédiaires : une identité collective spécifique ? Rapport de recherche

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l'association culturelle en charge du projet] Ă  rembourser ce prĂȘt sous forme de loyer. (CU, PO, SV-AA, CO) [L'association] a investi les lieux depuis sa crĂ©ation, il y a 15 ans, et transforme ce vieux mas en pierres en fabrique de territoire rurale. Ce lieu chargĂ© d’histoires, est passĂ© Ă  travers les siĂšcles par de nombreuses confgurations : de magnanerie Ă  verrerie, corps de ferme ou maison de maĂźtre, et dĂ©veloppe aujourd’hui toutes sortes d’activitĂ©s originales : concerts, rĂ©sidences d’artistes, Ă©changes europĂ©ens, ateliers pour les plus jeunes, tiers-lieu
 (RU, PO, SV-SC) Ancien monastĂšre dont les fondations datent du XIe siĂšcle, devenu plus tard un couvent puis une maison de retraite, le bĂątiment (
) reprĂ©sente une ressource historique et culturelle emblĂ©matique de l’ArdĂšche mĂ©ridionale. En rĂ©habilitant ce patrimoine, le tiers-lieu redonne vie au centre-bourg de la commune et Ă©vite l’étalement urbain. (RU, NA, SC, CO) Le patrimoine industriel est aujourd’hui un patrimoine « Ă  la mode » . [Par des apports sur l’histoire du lieu ou des crĂ©ations artistiques originales visant Ă  la faire revivre, le projet] transcende les frontiĂšres du musĂ©e, du site d’interprĂ©tation ou du seul lieu de mĂ©moire, et tend Ă  donner une seconde vie, artistique, Ă  une friche industrielle encore riche de nombreuses traces du passĂ©, en se nourrissant de ce passĂ©. (RU, MD, AV, CO)

Une bonne partie des lieux – non prĂ©cisĂ©ment identifable au vu des donnĂ©es contenues dans les sites – appartient Ă  une collectivitĂ© territoriale. Celle-ci est trĂšs souvent une municipalitĂ©, qui met l'espace concernĂ© Ă  disposition des initiateurs du projet, au vu de ses visĂ©es d'ouverture vis-Ă -vis des acteurs du territoire local. D'autres projets louent des espaces Ă  des propriĂ©taires qui peuvent ĂȘtre privĂ©s ou publics. Quelle que soit la situation, la question de la libertĂ© et de la pĂ©rennitĂ© du projet renvoie couramment Ă  celle de la propriĂ©tĂ© du bĂąti. Quoique largement minoritaires, des solutions d'acquisition de cette propriĂ©tĂ© par les acteurs du projet apparaissent. Sous un nouveau statut de fondation, un fonds de dotation (
) a Ă©tĂ© créé en juillet 2010 dans l’objectif d’acquĂ©rir [une] grange et la rĂ©nover, puis de faciliter des rĂ©sidences d’artistes. Le statut de fonds de dotation/fondation garantit que la propriĂ©tĂ© et l’activitĂ© resteront toujours dĂ©volues Ă  la promotion d’une activitĂ© culturelle au proft de tous. Les premiers dons et l’engagement manuel de bĂ©nĂ©voles ont permis de nettoyer le bĂątiment et d’éviter sa destruction. Les plans de rĂ©novation ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s conjointement avec des danseurs. Les entreprises choisies pour la rĂ©novation sont sur le territoire local. Des chantiers de bĂ©nĂ©voles complĂštent les interventions des entreprises. Cette grange n’est pas un monument historique, n’a pas de particularitĂ© architecturale, sinon d’ĂȘtre intĂ©grĂ©e dans le village. (PE, DD, SV) [Le lieu] est un ancien atelier mĂ©canique [d'une] usine de ciment et de chaux. (
) Ce dĂ©laissĂ© urbain a repris une activitĂ© grĂące Ă  l’énergie d’une vingtaine de personnes aux compĂ©tences complĂ©mentaires, rassemblĂ©es autour de la volontĂ© de concevoir un lieu de crĂ©ation alternatif et autonome. (
) [Le collectif] se lance maintenant dans une nouvelle aventure : acheter le lieu pour le pĂ©renniser. L’achat se fera au nom d’une association propriĂ©taire (...), dont l’objet est d’empĂȘcher la revente du bien immobilier et de garantir l’usage associatif et artistique du lieu ad vitam aeternam. L’achat s’inscrit dans une volontĂ© globale et un engagement politique qui dĂ©passent les seuls intĂ©rĂȘts du lieu : il propose de concrĂ©tiser une nouvelle maniĂšre d’apprĂ©hender la propriĂ©tĂ©, en affrmant la possibilitĂ© d’une propriĂ©tĂ© d’usage. (CU, PO, SV-AAAV, CO)

22.9 - Des modes de gouvernement Ă  caractĂšre collectif et qui impliquent des bĂ©nĂ©voles Nous avons dĂ©jĂ  pour partie abordĂ© cette double question dans l'approche quantitative du corpus de travail. Sans surprise, elle transparaĂźt clairement dans plusieurs cas de notre Ă©chantillon qualitatif. Elle rejoint celle de l'hypothĂšse d'une esthĂ©tique gĂ©nĂ©rique qui nous semble Ă  l'Ɠuvre dans les lieux intermĂ©diaires. [Le lieu est soutenu] par un important rĂ©seau d'adhĂ©rents et de bĂ©nĂ©voles. Cette porositĂ© entre artistes et citoyens enrichit une rĂ©fexion plus globale sur la vie ensemble et sur la participation Ă  la vie culturelle, dans le respect des droits des personnes, et notamment des droits culturels : droit d'expĂ©rimenter des pratiques, de dĂ©couvrir et de frĂ©quenter des communautĂ©s diffĂ©rentes, libertĂ© d'expression, gouvernance
 Cette rĂ©fexion ne s'arrĂȘte pas aux frontiĂšres de la crĂ©ation artistique et englobe plus largement des questions d'Ă©cologie, d'Ă©conomie sociale et solidaire, de

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