Immobilier commercial - volume 13 numéro 4

Page 21

POINT DE VUE ÉCONOMIQUE

LA PANDÉMIE VA-T-ELLE MARQUER LE DÉCLIN DES CENTRES-VILLES ? RenĂ© VĂ©zina Journaliste

Les quartiers les plus chics de New York perdent des enseignes prestigieuses, et, chose impensable il n’y a pas si longtemps, les loyers n’arrĂȘtent pas de baisser au cƓur de Manhattan. Le prix au pied carrĂ© vient de glisser sous les 700 $, une premiĂšre depuis 2011, au sortir de la prĂ©cĂ©dente rĂ©cession. Certains secteurs souffrent encore plus. Dans le quartier branchĂ© de Soho, par exemple, les prix sont en chute libre. En un an, ils sont passĂ©s de 699 Ă  437 $, un recul de 37,5 %, selon une analyse publiĂ©e sur cnbc.com. De façon gĂ©nĂ©rale, les touristes se font plus rares, et les citadins eux-mĂȘmes frĂ©quentent moins les magasins. Des commerces jadis courus ferment les uns aprĂšs les autres, des rues huppĂ©es comme Fifth Avenue se retrouvent avec des pancartes « À louer », et les propriĂ©taires des Ă©difices n’ont d’autre choix que d’offrir des loyers moins chers. La situation est la mĂȘme d’un bout Ă  l’autre des États-Unis, Ă  Chicago, Los Angeles et ailleurs.

RenĂ© VĂ©zina pratique le journalisme depuis 40 ans. Il a travaillĂ© tant dans les mĂ©dias Ă©crits, comme au journal Les Affaires dont il a Ă©tĂ© le rĂ©dacteur en chef au dĂ©but des annĂ©es 2000, que dans les mĂ©dias Ă©lectroniques, notamment Ă  Radio-Canada, oĂč il a passĂ© 15 ans. Au fil du temps, il est devenu un expert reconnu pour sa couverture des actualitĂ©s Ă©conomiques.

La fermeture, mĂȘme momentanĂ©e, des magasins a dĂ©stabilisĂ© nombre de dĂ©taillants. Cominar n’a pu rĂ©colter que 46 % des loyers qu’elle devait percevoir entre avril et juin. Par consĂ©quent, l’entreprise a dĂ» retrancher 165 millions de dollars Ă  la valeur de son portefeuille de centres commerciaux. Si l’on ajoute les immeubles de bureaux, eux aussi sous pression, la dĂ©valuation atteint 251,5 millions.

LA DÉSERTION DES TOURS DE BUREAUX Le commerce de dĂ©tail n’est pas le seul Ă  pĂątir de la COVID-19. Bien des tours de bureaux se sont elles aussi dĂ©peuplĂ©es. De grandes entreprises encouragent le tĂ©lĂ©travail ; certaines, Ă  com­ mencer par Facebook, indiquent qu’elles entendent y recourir mĂȘme lorsque la pandĂ©mie aura cessĂ© ses ravages. Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, disait en mai dernier qu’il voudrait voir la moitiĂ© de ses quelque 45 000 employĂ©s travailler Ă  la maison sur une base rĂ©guliĂšre d’ici 10 ans. On s’en doute, ce n’est pas simplement par grandeur d’ñme. Accommoder moins de gens dans les bureaux permet de rĂ©duire la superficie Ă  louer et de rĂ©duire la facture de location. Cette tendance s’observe-t-elle aussi au QuĂ©bec ? Si oui, pourrait-elle devenir la rĂšgle plutĂŽt que l’exception ici aussi ? On note dĂ©jĂ  des signes de faiblesse. Le 7 aoĂ»t, Cominar publiait ses plus rĂ©cents rĂ©sultats, frappĂ©s par la pandĂ©mie, et annonçait devoir dĂ©valuer une partie de son actif commercial.

ISTOCK PAR AUSTIN PAZ

IMMOBILIER COMMERCIAL : : AOÛT – SEPTEMBRE 2020

21


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
Immobilier commercial - volume 13 numéro 4 by JBC Média inc. - Issuu