Avant-propos
Avant-propos
La vérité n’est pas démocratique : elle ne se vote pas. Et aucun suffrage ne tient lieu de connaissance. Quoi de plus absurde que de voter sur ce qu’on connaît (par exemple sur la date de la prise de la Bastille, ou sur la rotondité de la Terre) ? Et quoi de plus vain, sur ce qu’on ne connaît pas (par exemple sur l’existence ou non d’êtres pensants en dehors du système solaire) ? La vérité n’obéit à personne, ni à ceux qui la connaissent, ni à ceux qui l’ignorent, et même pas au peuple souverain. C’est en quoi elle est libre, et libère. La vérité n’est pas démocratique ; mais aucune démocratie n’est possible sans un accès au moins partiel (il l’est toujours) à la vérité. Le peuple, pour exercer efficacement sa souveraineté, ne peut se passer de connaissances, sur lesquelles on ne vote pas mais sans lesquelles tout vote serait inutile, voire impossible. D’abord parce qu’il faudra compter les voix, ce qui n’est possible que parce que l’arithmétique n’est pas soumise au vote (s’il fallait voter pour savoir combien font 1 + 1, que resterait-il de l’arithmétique ? Et que resterait-il de la démocratie ?). 5