unique à travers le continent. Pensez-vous aujourd’hui disposer de tels relais en Afrique ? La famille Aponte n’est certes pas aussi connue que la famille Bolloré en Afrique, mais MSC est reconnu dans le monde entier, et donc sur le continent, comme l’un des principaux opérateurs de réseaux intégrés de transports. Notre stratégie industrielle doit résonner avec les attentes des pouvoirs publics africains puisqu’elle consiste à améliorer les infrastructures terrestres, portuaires et ferroviaires. L’influence se bâtit sur la confiance et le professionnalisme dont un opérateur fait preuve dans la gestion d’infrastructures fondamentales dans le développement économique des pays, et donc du continent. Et, dans ce sens, notre vision devrait concorder avec celle des autorités africaines. Cette opération de rachat est intervenue à un moment où BAL connaissait quelques difficultés judiciaires à Lomé et à Conakry, ou contractuelles à Douala. Quelle était l’approche de MSC sur ces dossiers durant les négociations ? Ce sont des problèmes hérités d’une autre époque et qui ont été gérés par le groupe Bolloré. MSC reprend un groupe très bien organisé, selon des standards élevés qui
MSC reprend un groupe très bien organisé, selon des standards élevés qui seront encore renforcés par notre arrivée. seront encore renforcés par notre arrivée. Quant au dossier de Douala, il y a une réalité qui s’impose : celle d’avoir gagné l’appel d’offres en 2020, alors qu’aujourd’hui nous ne disposons toujours pas des clés du terminal. J’espère que la reprise de BAL va nous donner l’occasion de discuter avec les autorités portuaires de Douala pour qu’elles honorent leur partie du contrat et que notre filiale
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JEUNE AFRIQUE – N° 3113 – JUIN 2022
© RENAUD VAN DER MEEREN POUR JA
ÉCONOMIE
Train de la société Sitarail (ex-Bolloré Africa Logisitics) dans la gare de Koudougou, au Burkina Faso.
Terminal Investment Limited (TIL) puisse rapidement reprendre la gestion des quais qui lui revient. Vous parliez plus tôt des relations existant entre les familles Bolloré et Aponte. Est-ce que cela a joué durant les négociations ? Il existe entre nos deux familles une vraie relation d’amitié et de respect qui explique que les discussions se soient passées de manière aussi élégante. Nous avons réalisé en trois mois un travail d’audit, que seule la confiance réciproque a rendu possible. Le travail a ainsi été grandement facilité, je pense pouvoir l’affirmer, du fait que la famille Bolloré n’était pas prête à vendre à n’importe qui, mais bien à celui qui garantissait une continuité dans les activités du groupe. De quand date cette relation ? Nos deux pères se connaissent depuis plus de trente ans et ont conservé, durant cette période, des contacts plus ou moins réguliers, mais toujours constants, notamment lorsque Bolloré possédait également la compagnie maritime Delmas. MSC est depuis très longtemps un client significatif de Bolloré, sur les terminaux, dans le transit. Je connais d’ailleurs personnellement Cyrille depuis de nombreuses années, ce qui nous a permis de mener les négociations en toute confiance, sous l’œil tout aussi confiant de nos pères respectifs.
Il a suffi que nous nous serrions la main lors d’un déjeuner pour entériner l’accord que nous venions de négocier. L’année 2022 a démarré en fanfare pour MSC puisque, en plus de mettre la main sur le premier réseau portuaire d’Afrique, la compagnie devenait en janvier le premier transporteur de conteneurs du monde, en à peine un peu plus de cinquante ans d’existence. Qu’est-ce que cela signifie pour MSC et son fondateur, Il Capitano ? Cela lui a fait évidemment extrêmement plaisir en même temps que cela nous remplissait d’une fierté bien légitime. Nous avons en effet grandi d’une manière fulgurante, grâce à notre vision et au travail réalisé par nos 110 000 collaborateurs à travers le monde, auxquels je dédie cette réussite. Votre croissance a été jusqu’à présent essentiellement organique. Avec cette première opération de rachat externe, inaugurez-vous une nouvelle stratégie ? Absolument pas. Notre force a justement été de croître en interne. C’est notre ADN, et nous devons le respecter. Maintenant, le fait de disposer de liquidités nous permet de réaliser certains investissements, mais toujours corrélés à notre industrie