JA3112 mai 2022 50 CHAMPIONS DE LA TECH + DOSSIER BANQUES

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ÉCONOMIE Facebook, dirigĂ© en Afrique par la Sud-Africaine Nunu Ntshingila (24e), suit la mĂȘme tendance, mĂȘme si son projet de cĂąble 2Africa, prĂ©vu pour faire le tour du continent, est moins avancĂ©. Amazon Web Services (AWS), dirigĂ© en Afrique subsaharienne par l’Éthiopienne Amrote Abdella (19e), ex-directrice rĂ©gionale de Microsoft, poursuit lui aussi son renforcement sur le continent depuis l’annonce, en 2020, de l’ouverture de ses services pour l’Afrique depuis Cape Town, oĂč il emploie dĂ©jĂ  plus de 4000 personnes. Comme pour les start-up, ce classement met aussi en valeur l’intĂ©rĂȘt des investisseurs pour le potentiel des opĂ©rateurs d’infrastructures africains. Premier l’an dernier, Strive Masiyiwa (8e) a poursuivi la restructuration de ses activitĂ©s en crĂ©ant le holding Cassava Technologies pour y loger ses projets les plus innovants (lire pp. 126-128). À la tĂȘte de Teraco Data Environments, le Sud-Africain Jan Hnizdo (15e) devrait, lui, voir son entreprise accĂ©lĂ©rer sa croissance grĂące Ă  la prise de contrĂŽle de l’amĂ©ricain Digital Reality. AnnoncĂ© au

dĂ©but de janvier, le deal, qui valorise le leader africain des data centers Ă  3,5 milliards de dollars, devrait ĂȘtre entĂ©rinĂ© d’ici Ă  la fin de juin. Cette opĂ©ration suit de quelques mois l’acquisition de MainOne, leader des services de connectivitĂ© en Afrique de l’Ouest, par un autre amĂ©ricain, Equinix, pour 320 millions de dollars. L’acheteur, en conservant la NigĂ©riane Funke Opeke (17e) au poste de DG de sa nouvelle filiale, confirme la rĂ©putation de la dirigeante, qui a profondĂ©ment fait Ă©voluer son entreprise créée au dĂ©part pour gĂ©rer un cĂąble sous-marin.

Essor du e-commerce

JA a également voulu souligner la montée en puissance du e-commerce africain. Aux cÎtés des pionniers de Jumia, Jérémy Hodara et Sacha Poignonnec (23es), le Nigérian Onyekachi Izukanne (21e), fondateur de TradeDepot, intÚgre le classement aprÚs le rachat en février de son concurrent ghanéen Green Lion contre un chÚque de 110 millions de dollars.

Le dilemme Flutterwave Dans l’enquĂȘte publiĂ©e le 12 mars sur son mĂ©dia West Africa Weekly, le journaliste nigĂ©rian David Hundeyin, par ailleurs ex-collaborateur de The Africa Report, met en cause, documents Ă  l’appui, la gouvernance de la start-up Flutterwave. AprĂšs avoir levĂ© 250 millions de dollars au dĂ©but de 2022, celle-ci est actuellement la plus importante valorisation du continent (3 milliards de dollars). Les accusations sont sĂ©rieuses et visent son cofondateur et directeur gĂ©nĂ©ral Olugbenga Agboola (surnommĂ© GB dans l’univers de la tech). L’article dĂ©nonce un dĂ©lit d’initiĂ© (le journaliste utilise le terme d’insider trading), du harcĂšlement moral et sexuel Ă  l’égard de plusieurs collaboratrices, ainsi que des pratiques commerciales frauduleuses. Sans nous prononcer sur la vĂ©racitĂ© de ses allĂ©gations, plusieurs Ă©lĂ©ments portĂ©s Ă  notre connaissance nous ont poussĂ© Ă  ne pas inclure l’entrepreneur dans notre classement cette annĂ©e. Cela ne disqualifie en rien la qualitĂ© des services apportĂ©s par la sociĂ©tĂ© et le rĂŽle de locomotive qu’elle a jouĂ© pour la tech africaine ces derniĂšres annĂ©es. La premiĂšre accusation est relative Ă  l’identitĂ© fictive que GB aurait utilisĂ©e en 2016 pour s’arroger 10 % de participation supplĂ©mentaire dans la sociĂ©tĂ© créée avec Adeleke Adekoya et Iyinlowula Aboyeji. DĂ©sormais Ă  la tĂȘte de la sociĂ©tĂ© de capital-risque Future Africa, ce dernier a confirmĂ© le 16 avril auprĂšs du media TechCabal – dont lui-mĂȘme et Flutterwave sont actionnaires – que GB avait bien mentionnĂ©

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JEUNE AFRIQUE – N° 3112 – MAI 2022

NommĂ©e en octobre 2021 CEO de Takealot, la Sud-Africaine Mamongae Mahlare (22e) bĂ©nĂ©ficie, elle, de la performance de la filiale de Naspers, qui pourrait ĂȘtre le premier acteur du secteur Ă  atteindre son point d’équilibre. Et parce que la plateforme d’e-commerce Ă©gyptienne Brimore a levĂ© 25 millions de dollars en fĂ©vrier, son CEO, Mohamed Abdulaziz, figure aussi dans notre classement, Ă  la 28e position. Pour finir, il faut aussi attirer l’attention sur la diversitĂ© des jeunes pousses qui parviennent Ă  lever des fonds : si les reprĂ©sentants de la fintech trustent le haut du panier, les douze derniers mois ont vu la confirmation de l’intĂ©rĂȘt portĂ© au spĂ©cialiste de l’éducation Andela, dont le fondateur occupe le 11e rang, ainsi que la percĂ©e des start-up dans les secteurs de la santĂ©, de la logistique et mĂȘme des jeux vidĂ©o avec, pour la premiĂšre fois pour un Ă©diteur africain, un tour de table de 20 millions de dollars Ă  mettre au crĂ©dit de Lucy Hoffman (29e), cofondatrice de Carry1st.

Ă  ses associĂ©s qu’un certain « Greg », directeur technique de la start-up, devait rĂ©cupĂ©rer 10 % de la sociĂ©tĂ©.« AprĂšs un certain temps, on a compris ce qu’il s’était passĂ©. À ce moment-lĂ , cela n’avait plus d’importance. Nous [Aboyeji et le troisiĂšme cofondateur Adeleke Adekoya] avions dĂ©jĂ  signĂ© des accords, et j’ai dĂ©cidĂ© de passer Ă  autre chose » , a confiĂ© Iyinowula Aboyeji au mĂ©dia nigĂ©rian. En parallĂšle, les jours qui ont suivi la publication de l’article, « Iyin » Aboyeji, sur les rĂ©seaux sociaux, n’a eu de cesse, de dĂ©fendre fermement sa rĂ©putation et celle de sa fintech tout en affirmant par ailleurs ne plus possĂ©der aucune action de Flutterwave. La deuxiĂšme allĂ©gation qui a motivĂ© notre dĂ©cision est liĂ©e au fait qu’Olugbenga Agboola aurait poussĂ© certains de ses collaborateurs et investisseurs Ă  revendre leurs actions Ă  un prix plus bas que le marchĂ©, parfois bien en-dessous de leur vĂ©ritable valeur selon l’enquĂȘte journalistique. Outre les tĂ©moignages avancĂ©s dans l’article de David Hundeyin, un investisseur un temps proche de Flutterwave nous a confirmĂ© auprĂšs de l’existence de ce genre de pratiques. ContactĂ© par Jeune Afrique, le directeur gĂ©nĂ©ral de la licorne n’a pas donnĂ© suite. Dans un mail interne relayĂ© le 20 avril par le site amĂ©ricain TechCrunch, le principal intĂ©ressĂ© a affirmĂ© qu’une partie des accusations contenues dans l’enquĂȘte Ă©tait fausse, tout en admettant que certains des points soulevĂ©s avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© « signalĂ©s, Ă©tudiĂ©s et traitĂ©s par la direction », sans toutefois prĂ©ciser lesquels. Quentin Velluet


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