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POURQUOI
En 2017, j’ai commencé mes premières recherches sur le souffle. J’ai été stupéfiée par ce que j’ai expérimenté. Aujourd’hui, je me sers de la respiration au quotidien. Si cela ne me préserve de rien, respirer m’aide à retrouver l’équilibre plus rapidement. Quand je sens que je vais tomber malade et que mon système immunitaire est affaibli, je respire. Quand je suis submergée par une émotion négative lors d’une conversation difficile, je m’arrête et je respire. Quand mes enfants me tapent sur le système et que je suis prête à leur faire payer mon mal-être, je respire. Quand je sens l’angoisse monter ou que mes idées sont confuses, je respire. En devenant consciente de ma respiration, j’ai fait de mon souffle mon allié. Je ne sais pas si je vais mieux. Cependant, je ne crains plus d’aller mal car, en maîtrisant ma respiration, j’ai récupéré mon pouvoir d’aller vers le mieux. À votre tour !
Depuis la publication de mon livre L’Incroyable Pouvoir du souffle1 et la création de l’Académie du souffle, j’ai reçu des centaines de témoignages de personnes, jeunes ou moins jeunes, qui ont eu la gentillesse de me faire savoir combien réapprendre à respirer avait été salvateur pour eux. Certains voient la qualité de leur sommeil transformée, d’autres parviennent plus facilement à vaincre une addiction, voient des douleurs disparaître, cessent de consommer du sucre, améliorent leurs résultats scolaires, sentent à nouveau la vie circuler en eux. Ce n’est pas un mythe : la respiration est au cœur de notre fonctionnement. Alors évidemment, lorsqu’on la change, notre vie change. Je me souviens du message de Denise, 86 ans, qui, ce sont ses mots, grâce au pouvoir du souffle avait “retiré un pied de la tombe” ! Aujourd’hui, cette octogénaire au cœur de jeune fille sillonne le monde en catamaran en bonne ambassadrice du pouvoir du souffle. Voilà de bons augures !
Julie, atteinte de la maladie de Lyme depuis dix ans
1. Stéphanie Brillant, L’Incroyable Pouvoir du souffle, Actes Sud, “Domaine du possible”, 2021.
Je ne peux pas dire ce que cela modifiera chez vous. Cependant, indéniablement, si vous vous y appliquez sérieusement, vous constaterez des effets. Les bénéfices que vous en tirerez ne seront peutêtre pas là où vous les attendiez. Aussi, le seul objectif en abordant ce livre doit être celui de réapprendre à respirer sainement.
Pourquoi réapprendre à respirer ? Tout d’abord parce que, contrairement à ce que l’on croit, nous ne savons pas bien respirer. Ce constat m’amuse toujours : la majorité des personnes que je rencontre pense qu’il est totalement superflu d’apprendre à respirer puisqu’elles respirent déjà. C’est vrai. Néanmoins, ce n’est pas parce que l’on fait quelque chose qu’on le fait bien… Combien d’entre nous savent nager, sans pour autant être bons nageurs ou bonnes nageuses ? La plupart savent progresser dans l’eau sans couler mais n’utilisent pas la nage de façon efficace. Tout simplement parce qu’ils n’ont pas appris et qu’ils ne s’y sont pas entraînés ! La respiration, c’est pareil. Nous savons tous respirer pour survivre, néanmoins nous pouvons tous améliorer nos fonctions respiratoires pour mieux vivre.
Nous prenons entre 20 000 et 25 000 respirations chaque jour. La respiration est un acte qui se produit de façon automatique, sans que nous ayons à y penser. Elle est influencée par de nombreux aspects : notre psychologie et notre histoire, mais aussi notre environnement, notre posture, nos habitudes. Il nous arrive à tous de mal respirer dans certaines circonstances. Parfois, cela devient des habitudes que l’on traîne pendant des années. Devenues des automatismes, elles mettent, sans que nous en soyons conscients, notre mental et notre corps à rude épreuve.
Lorsque l’on est incapable de se rééquilibrer, on tombe. Le souffle étant un grand vecteur d’équilibre, quand il est prisonnier d’une respiration qui n’est pas physiologiquement saine, il perd toute vitalité. Si nous avons adopté de mauvaises habitudes respiratoires, nous demandons à notre corps de faire plus d’efforts pour nous maintenir en santé et se rééquilibrer, et parfois il n’y arrive plus.
Le déséquilibre est acceptable s’il est momentané. S’il s’installe, il devient dangereux car il s’inscrit comme la référence et devient le nouvel “équilibre déséquilibré”, ce qui crée la nocivité. C’est ainsi que fonctionne l’être humain. Ce qui est répété devient la norme, qu’elle soit saine ou malsaine. Notre cerveau ne fait pas la différence entre ce qui est bon et ce qui est mauvais, il favorise simplement ce qui est connu. Aujourd’hui, la norme est à la respiration chaotique. On respire trop, on respire mal, on ne respire plus et on finit par s’effondrer.
PEUT-ON TROP RESPIRER ?
Trop respirer, c’est respirer trop vite ou avaler de l’air. Si vous respirez de façon haletante, à plus de 14 respirations par minute au repos, ou par la bouche, vous respirez trop. L’une des conséquences est que vous laissez filer le dioxyde de carbone qui n’a pas le temps de faire son travail dans votre corps, notamment celui de favoriser la circulation sanguine : l’oxygénation de vos cellules n’est donc pas optimale et le fonctionnement de votre corps et de votre cerveau est altéré.
Que signifie “mal respirer” ? Cela signifie que, mécaniquement, on ne respire pas selon les règles de l’art : par exemple, trop vite, en apnée ou uniquement par le haut du corps… Résultat : quand la mécanique déraille, la machine défaille.
LE SYSTÈME NERVEUX SYMPATHIQUE : UN MODE “SURVIE”
Le système nerveux autonome navigue entre le mode sympathique et le mode parasympathique. Le mode sympathique est le mode “tension” : notre corps est en alerte, la pupille se dilate, le sang afflue vers les muscles, les organes se mettent en pause afin que toute notre énergie physique puisse se concentrer si nous avons besoin de fuir ou de nous battre. Le mode parasympathique, quant à lui, permet la relaxation. Le mode sympathique est indispensable à notre vie et le stress peut être positif. Néanmoins, si vous passez plusieurs heures par jour dans ce mode “tension” du système nerveux, vous abîmez votre corps et votre mental.
Concrètement, une mauvaise respiration provoque une sursollicitation du système nerveux sympathique, qui est le mode “tension” du système nerveux dédié à notre survie. En conséquence, notre digestion est affectée, notre mental parasité, notre sommeil dégradé, nos facultés de concentration sont réduites et le risque d’inflammation est augmenté. De plus, quand on respire mal, on s’oxygène mal, ce qui multiplie les risques de problèmes cardiovasculaires.
L’APNÉE DE L’E-MAIL
La chercheuse américaine Linda Stone a démontré que 80 % des personnes retiennent leur respiration lorsqu’elles répondent à leurs e-mails ou qu’elles textotent. C’est parfaitement inconscient, bien entendu. En fonction de votre degré de “connexion”, il est probable que vous passiez plusieurs heures par jour en apnée sans vous en rendre compte, ce qui a pour conséquence de suractiver votre système sympathique et entraîne une cascade chimique qui prend en otage le fonctionnement de votre organisme.